Au départ, Louison avait été surprit. Ce n'était pas tous les quatre matins qu'il recevait une lettre du Ministère de la Magie, après tout. Encore moins du bureau des aurors. Le jeune homme, pas très en forme, fatigué et inquiet, avait ouvert la missive qu'un bel hiboux lui avait apporté avec une pointe d'appréhension … mêlée à une curiosité qui le caractérisait bien. Qu'est ce qu'on lui voulait, bon sang ?! On ne pouvait plus faire sa vie tranquillement ? Il avait fait quelque chose de mal ? Il devait quitter Poudlard, le Royaume Uni et le monde sorcier, tout ça dans les trois jours à venir ? Pourquoi ?!
Finalement, ce n'était pas exactement ça. La chef des Aurors voulait le rencontrer, lui, Louison Alan O'Caroll. Bibliothécaire de Poudlard, né moldu en plus de ça. Pourquoi ? Il n'était pas sur de bien le comprendre. Une certaine Miss Croupton lui faisait part de son désir d'échanger avec lui suite à l'incident qui s'était produit aux Trois Balais, lors du marché nocturne. Là encore, le premier mot qui vint à l'esprit de Louison fut « pourquoi ? ». Il n'avait pourtant rien fait de répréhensible … Il soupira, continua sa lecture. La missive aurait pu être pompeuse et chercher à lui en mettre plein la vue – ou à le ridiculiser, lui, simple bibliothécaire. Mais Letha Croupton faisait preuve, dans sa façon de s'exprimer, de simplicité. Louison ne ressentait pas la moindre impression de jugement. Miss Croupton lui proposait un entretien directement au Ministère dans les jours à venir ou lui laissait la possibilité d'échanger par lettre avec elle avant de convenir d'un rendez-vous s'il le préférait. C'était une attention que Louison jugea délicate.
Il répondit cependant qu'il serait bien présent au Ministère. Qu'il serait présent dès le lendemain si cela lui convenait – bien qu'il ne comprenait pas réellement les intentions du Ministère. Il suffit à Louison d'une brève entrevue avec la direction pour qu'on lui accorde sans le moindre soucis son après midi du lendemain.
***
Il traversa rapidement le parc de l'école, frissonnant quelque peu. Le temps n'était pas au beau fixe et les quelques gouttes de pluies qui tombaient sur son visage irritaient quelque peu sa peau brûlée qui avait encore un bout de chemin à parcourir avant d'être parfaitement cicatrisée. Le jeune homme s'était appliqué le baume qu'Ebony lui avait conseillé avant de partir. Il nota mentalement qu'il devrait lui toucher un mot à propos de la décoction de châtaigne dont lui avait parlé Zelena en refermant la grille du château derrière lui. L'instant suivant, Louison avait transplané.
Londres moldu, St Martin's Lane. Le petit coin de prédilection de Louison, à Londres, était sans aucun doute Covent Garden et ses alentours. Le quartier, en plus d'être animé et agréable, avait l'avantage d'être tout proche de l'entrée du monde sorcier – et de l'entrée visiteur du Ministère de la Magie. Il y avait, dans St Martin's Lane, un petit renfoncement duquel Louison sorti ni vue ni connu avant de s'enfoncer dans la ruelle, avant de déboucher sur une altère plus passagère. On le dévisagea quelque peu – ce à quoi Louison répondit par un sourire faussement ravageur.
« Une photo, peut être, très chère ? »
Il s'éloigna, remonta rapidement les quelques rue vers Charing Cross, tourna à droite dans une petite rue déserte dans laquelle se tenait une cabine téléphonique rouge, solitaire – et plus en état de marche pour des raisons qui devaient rester obscures aux yeux des moldus. Louison soupira. Cette entrée était décidément bien étrange – et quelque part, il aimait ça. Sans décrocher le téléphone, le jeune homme composa le code. 62442. La voix de l'hôtesse résonna immédiatement dans la cabine, lui demandant son nom et le motif de sa visite.
« Louison O'Caroll, j'ai rendez vous avec Miss Croupton. »
Il y eu encore un petit instant d'attente, et un badge argenté tomba dans la cabine. Louison le ramassa avec un petit sourire et lu les quelques mots qui y étaient inscrit : « Louison O'Caroll, j'ai rendez ». Ricanement moqueur. Fichus sorciers pas même capables de décomposer une phrase pour la synthétiser. Aaaah, lala ! L'instant suivant, il était dans le hall d’accueil du Ministère. Bien, bien … Faire sérieux, maintenant.
Il se dirigea vers le point d'accueil, se présenta à la personne présente. Une ravissante sorcière, rousse et longiligne. Tout ce qu'il aimait. Louison prépara son petit sourire avant d'y aller.
« Bonjour … Louison O'Caroll, bibliothécaire à Poudlard. J'ai … je dois voir Miss Croupton, s'il vous plaît. J'ai rendez-vous. » Il en profita pour décrocher un clin d’œil à la demoiselle, qui grimaça. Elle lui fit signe d'attendre un petit peu plus loin, lui précisant que Miss Croupton serait là d'un instant à l'autre.
« Merci ! Dites-moi, vous seriez disponible pour un petit café, une fois que j'aurai réglé … que j'aurai vu Miss Croupton ? - Avec un bibliothécaire ?! - Juger les gens sur leurs métier, tout de même … et puis c'est une situation très intéressante, bibliothécaire ! - Bin voyons ! Allé, libérez la place, y'a du monde qui attend derrière vous. »
Et il se retrouva à attendre cette Miss Croupton seul dans son coin. Sans la moindre option de café pour la fin de l'après midi. Damned.
Trouver son chemin est une affaire personnelle, une affaire de lectures, de rencontres, de famille quelquefois, d’amitié le plus souvent.
Depuis le marché nocturne, Letha a bien du mal à dormir la nuit. Elle voit les forces du mal approcher à grand pas dans son pays, patrie qu'elle est en charge de protéger. Si elle n'est pas capable d'assurer la sécurité d'un marché nocturne, comment peut-elle seulement garantir celle de tout le pays en permanence ? Depuis, elle écoute donc les bruits de couloir, les rumeurs qui vont bon train autant au ministère que dans les rues de Londres. La dernière en date ? Un bibliothécaire brûlé qui fait des siennes. Louison O'Caroll. Un jeune homme assez anodin, un né moldu de 25 ans. Il n'a pas fait grand-chose finalement. Il a juste refuser d'être soigné à l'hôpital pour préférer les soins de l'infirmière de Poudlard. Elle n'a jamais entendu de mal de Ebony Lancaster, mais ignore totalement la réputation qu'elle se balade. Mais qu'importe ? Là n'est pas la question. Letha se demande ce qui pousse vraiment ce bibliothécaire à refuser des soins. Elle lui a écrit une lettre pour lui proposer de discuter. Il a répondu positivement très rapidement, tout en disant qu'il était disponible le lendemain. Letha a tout simplement accepté. Mais qu'est-ce qui lui prend de s'intéresser à un cas aussi banal que celui-là ? Question qui a brûlé les lèvres de sa secrétaire durant des heures. Puis, celle-ci la posa enfin, quelques minutes à peine avant qu'il n'arrive. « Pourquoi lui donnez vous cette importance ? » Letha lève les yeux vers elle et arque un sourcil. Selena a toujours été particulièrement hautaine. Elle fait très clairement une différence entre les métiers, mettant les bibliothécaires et autre au plus bas de l'échelle sociale. Comme si être passionné par les livres est une chose ingrate... Letha ne comprend pas vraiment ce raisonnement. Elle écrase sa cigarette dans le cendrier sous le regard de la secrétaire, mêlé entre surprise et admiration. C'est Selena qui a choisit de travailler sous ses ordres et non l'inverse. Ce n'est pas la chef des aurors qui a recruté son employée, mais bien quelqu'un au dessus encore. Le directeur du département ? Peut être. « Vas dont gérer la salle d'attente plutôt que de m'importuner avec tes questions. Mr O'Caroll devrait arriver d'une seconde à l'autre. » Et Selena obéit tout simplement. A t-elle seulement un autre choix ? Bien sûr que non, elle tient trop à son travail pour risquer de se mettre à dos sa patronne. D'un coup de baguette, Letha nettoie le cendrier et range son bureau qui se trouve sous les dossiers.
Elle jette alors un œil à sa montre à gousset, accoudée au portait photo. C'est l'heure ! L'heure de voir cet étrange personnage, de savoir enfin à quoi il ressemble ! Est-il brun, roux, blond ou autre ? Petit ? Grand ? Gros ? Avec des lunettes ? Elle se pose toujours un tas de questions. Inutile de vous préciser qu'elle est assez curieuse par nature et qu'elle aime savoir à qui elle a affaire avant de lui parler. Pourtant cette fois-ci, elle a fait l'impasse là-dessus. Elle sort donc de son bureau d'un pas assuré, se dirigeant vers une pièce un peu plus loin où se trouve le point d'accueil. Elle salue quelques uns de ses employés, des aurors pour la plupart : des apprentis comme des confirmés, ou même des jeunes recrues. Les gens ne s'imaginent pas à quel point cela peut être grand le bureau des aurors. Ils ont beau être l'élite des duelistes, beaucoup de personnes tentent leur chance et ne réussissent pas. Puis, il n'y a pas que des aurors, il y a des employés ménagers et tout ce qui concerne l'administration : les archives, le secrétariat et bien d'autres choses en somme. Un peu comme un commissariat moldu. « Mister O'Caroll ? » L'appelle t-elle en arrivant dans la pièce. Quelqu'un un peu en retrait tourne aussitôt la tête. Le visage recouvert de cloques, il n'est pas vraiment beau à voir. Letha aurait presque mal pour lui. Et sur le coup, elle a honte, vraiment. Comment ne pas l'être à cet instant précis ? Toutefois, elle ne recule pas. Elle n'a pas fait tout ce chemin pour prendre peur devant lui. Elle n'a pas rejoint l'ordre, bosser comme une folle pour devenir chef des aurors et partir en fuyant en découvrant que son travail n'est pas aussi bon qu'elle ne le pensait jusqu'à là. Mais elle peut arranger les choses, ou tout du moins se rattraper. Il lui faut de nouveaux aurors, de meilleurs éléments aussi. Et aussi remplir les rangs de l'ordre. Même si elle n'en est pas à l'origine, elle se dit qu'elle peut bien ramener deux ou trois membres. « Bonjour ! » Dit-elle en tendant la main pour le saluer. Elle le gratifie ensuite d'un large sourire pour l'accueillir comme il se le doit. « Suivez-moi, mon bureau est par ici à seulement quelques pas. C'est bien plus calme qu'ici pour entamer une discussion, vous ne pensez pas ? » Bizarrement, elle trouve qu'il fait plus âgé que son âge, tout en faisant précisément ses 25 printemps. Mmh. Il existe des personnes qu'on caractère d'adulte enfant. Ça doit être le cas avec Louison. Toutefois, sur le chemin, elle pose une question tout en fronçant les sourcils : « Est-ce que vous me permettriez de vous tutoyer ? Je dois avouer qu'avec le peu de différence d'âge qu'il y a entre vous et moi, ça me perturbe de m'adresser à vous de cette façon. » Autant être franche. Cela vaut mieux. De plus, elle sait que le tutoiement instaura directement une zone de confiance. Alors, elle n'hésite pas vraiment. Il s'agit d'une de ses premières interrogations. Elle ouvre finalement la porte de son bureau et invite Louison à y entrer.
Elle lui indique donc un siège et s'installe juste en face. « J'espère que ma secrétaire ne t'as a pas trop agacé. Je la trouve assez peu tolérante sur quelques sujets. Malheureusement, elle était déjà là quand j'ai pris mes fonctions de chez des aurors et elle fait un assez bon boulot. Je n'ai donc pas de réel motif pour la renvoyer. » Elle hausse légèrement les épaules. Elle est passée tout naturellement au tutoiement sans vraiment savoir si Louison serait d'accord. Elle jette un regard alentour, se rendant compte qu'elle n'a toujours pas proposé au jeune homme de lui offrir quelque chose à boire pour le mettre dans une ambiance moins formelle. « Tu voudrais quelque chose à boire ? De l'eau ? Du thé ? Du café ? Ou autre ? On devrait bien trouver ce que tu voudra. » Elle est sincère, vraiment. Elle attend un instant sa réponse avant de reprendre la parole : « Tu dois te poser pas mal de questions et me trouver étrange non ? Pour ma part, j'ai rarement l'occasion d'envoyer des lettres. Ou disons que je le fais quasiment jamais, sauf à mes proches bien entendu. » Elle a l'impression de dire des anneries à la seconde. Mais qu'importe. Il faut aller droit au but et s'il la juge un peu délurée, voire complètement stupide, elle aura au moins essayé. « Tu dois savoir que je gère la sécurité de notre pays et que la dernière fois, j'a complètement merdé au marché nocturne. Du coup, j'ai décidé de réagir. Les mangemorts, tout ça, c'est flippant. J'aimerais les savoir enfermés à Askaban. Mais pour cela, il faut que je pose des questions à des témoins, mais aussi que je m'assure que tu es en bonne santé. Je ne le fais pas par devoir, ni encore par obligation, mais bien parce que j'ai envie de le faire. » Elle espère avoir été claire et surtout qu'elle ne lui ferait pas peur. Elle est un peu comme ça : directe, franche et ne se rend pas forcément compte toujours qu'elle manque simplement de tact. Mais elle n'a pas le temps pour le manipuler, le brosser dans le sens du poil. Il lui faut des informations rapidement et maintenant...
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Ven 7 Aoû - 11:40