docteur j'rigole pas, faut que vous fassiez quelque chose pour moi, n'importe quoi, prenez un marteau et pétez-moi les doigts, je sais pas, parce que là je peux vraiment plus. Δ Fauve
La rage. Il faut croire que c'était le traît de caractère désignant certainement le mieux le jeune Lestrange. Ce matin, Néron s'était levé de bonne humeur. La journée aurait pu continuer ainsi s'il n'avait pas croisé Phèdre. S'il n'avait pas croisé la blonde, son chaudron ne lui aurait certainement pas explosé en pleine figure lors du cours de potion, il n'aurait pas eu une interrogation surprise en métamorphose, il ne se serait pas brûlé en se renversant du thé sur ses précieux bijoux de famille qui devraient d'ici quelques années fournir un héritier mâle à sa lignée, il ne se serait pas lamentablement ramasser dans les escaliers en descendant au terrain de Quidditch. Il n'aurait pas non plus envoyé un cognard maladroit sur le gardien, assommé et donc incapable de jouer demain contre le match les opposant à Poufsouffle. A cause de lui, ou plutôt à cause de Phèdre car tout ça était bien entendu de sa faute, ils allaient devoir faire appel au remplaçant, une fille de septième année qui n'y voyait pas à deux mètres sans ses lunettes. Comment arrêter un but, quand on ne voit même pas le bout du manche de son balai ? La préfète était sans nul doute la bête noire du Lestrange. A chaque fois qu'il la croisait, il était certain de passer une mauvaise journée. S'ils perdaient contre les jaunes et noir demain, ce serait de sa faute, et non de la sienne. Il fallait espérer qu'il envoie de bons cognards pour mettre les adversaires hors d'état de nuire. Et vu ses nerfs... C'était bien parti pour. Le match se terminerait sans doute en boucherie s'il ne faisait rien pour se calmer d'ici là.
Toujours dans sa tenue de Quidditch bleue aux couleurs de sa maison, voilà que le tatoué vole pour se détendre, une cigarette au coin des lèvres. Le tabac. Une sale manie qu'il avait prise lors de l'été dernier, lors de ses sorties à Londres. C'était la faute de son ex, lui aussi fumeur. Au début, il ne fumait qu'après avoir fait l'amour avec lui. Mais au fur et à mesure... L'habitude s'était installée et ne l'avait plus quitter. Il savait bien qu'en théorie, il n'avait pas le droit de fumer à l'école. Et pourtant, ça ne l'empêchait pas de s’approvisionner en tabac à pré-au-lard lors des week end de sortie. Bien entendu, personne mis à part son meilleur ami n'était au courant que cette nouvelle lubie était due à une aventure avec un homme étant bien trop vieux pour un adolescent de seize ans. L'on pouvait voir le numéro six et son nom, Lestrange, brodés au dos de sa robe. Il la portait fièrement depuis son intégration dans l'équipe en ce début d'année scolaire. Il avait pour l'instant et ce malgré son jeune âge fait preuve d'un talent tout particulier pour viser là où il faut. Et surtout, pour frapper très fort.
Divaguant dans ses pensées tout en fumant paisiblement, le brun ne se rendit pas immédiatement compte de la trajectoire prise par son balai. « Oh non putain ! » Tentant de changer sa direction, celui-ci réussit à éviter une première attaque visant à le désarçonner. Premier réflexe de survie élémentaire pour un sorcier : sortir sa baguette. C'est tout de suite moins simple quand la branche d'un arbre fou furieux manque de vous faire tomber de votre balai. Regardant avec un désespoir certain sa baguette tomber au sol, Néron eut tout juste le temps de mettre un bras devant son visage pour limiter les dégâts d'une autre branche. Sa baguette au sol, il ne lui restait plus que sa batte de Quidditch. Fonçant en piquet vers la branche qui venait de l'attaquer, voilà que le Lestrange qui maintenant était bien énerver hurlait à pleins poumons contre ce pauvre arbre, envoyant des coups de batte dans la branche. Vengeance. Et surtout, passer ses nerfs contre un être végétal.
I'm waking up to ash and dust, I wipe my brow and I sweat my rust, I'm breathing in the chemicals, This is it, the apocalypse Δ Imagine Dragons
Zephir n'avait jamais aimé le Quidditch. Une fascination et un engouement qui lui étaient parfaitement étrangers et cela depuis bien des années. Comparant ce sport aux jeux du cirque, l'héritière Yaxley aimait grossir le trait pour se donner une bonne raison de ne pas y mettre les pieds. Toutefois, la raison principale de son boycott était toute autre. Sa nouvelle nature, liée de toute évidence à la terre, ne lui donnait guère d'aisance dans les airs. Condamnée à rester sur le plancher des vaches, sa maladresse sur un balais ne la rendait que plus véhémente envers tous ceux qui maîtrisaient cet art. Ainsi, quand certains de ses camarades étaient allés se détendre en observant l'entraînement au stade, elle avait préféré s'attarder dans les serres. Une occupation plus proche de ses racines et qui ne lui apporterait aucune frustration, ou presque. N'ayant jamais parfaitement maîtrisé cette matière qui, pourtant, lui tenait à cœur, Zephir s'évertuait à une pratique assidue de la discipline. Si elle voulait devenir éleveuse de dragons, la botanique était un art indispensable à sa survie et celle de ses créatures.
Ce fut seulement quand, sous les directives de son professeur, Zephir parvint à confectionner un baume cicatriciel et anti-inflammatoire qu'elle s'autorisa à quitter les lieux. Remontant le parc à pas lents, ses prunelles voyageaient d'un élément à l'autre jusqu'à ce qu'elles n'accrochent un événement qui aurait pu paraître surréaliste pour un simple mortel mais qui, ici, était d'une banalité déconcertante. Un joueur de Quidditch de l'équipe des aigles bleus et argents, à en juger par sa robe, s'était dangereusement rapproché du saule cogneur. On pouvait clairement décerner l'agitation gagnant l'arbre doté d'une volonté propre à la venue de l'importun. Plutôt amusée par le spectacle, Zephir se stoppa dans sa progression. Curieuse de découvrir le dénouement de cet égarement, elle resta statique, esquissant un léger rictus d'amusement, le premier depuis plusieurs mois. Comme quoi, la misère des uns peu faire le bonheur des autres. Quand les branches de l'arbre s'animèrent enfin il était déjà trop tard pour le Serdaigle. Sa baguette n'eut pas le temps de lancer le moindre sort qu'elle se retrouva immédiatement au sol, laissant son possesseur à la merci du géant querelleur. Cependant, et contrairement à toute réaction normale, le jeune homme ne se laissa pas intimider et sorti sa batte avant de descendre en piquet pour attaquer l'arbre. Une scène des plus étonnante, même de la part d'un sorcier. Toutefois, quand elle réussit à apercevoir le nom inscrit en lettres d'argent, la témérité ou la stupidité – tout dépendait du point de vue – du sorcier fit sens. Le fils Lestrange. Connu de tous pour son impétuosité et sa rage, il était déjà moins étonnant de le voir tenter le tout pour le tout.
Le doute fit cependant son chemin dans l'esprit contemplatif de Zephir. Alors qu'elle l'observait se démener comme un forcené, hurlant à pleins poumons, un détail lui revint. Depuis l'entrée du jeune homme à Poudlard, l'oeil lupin de la Yaxley avait noté quelques éléments troublants. La constante rage de Néron et sa sensibilité accrue à l'approche de la pleine lune l’amenèrent à un rapprochement peut-être un peu trop hâtif : il était un loup-garou. N'ayant jamais connu de personne partageant sa malédiction, Zephir ne pouvait donc se baser que sur sa propre expérience. Ses propres crises de rage, sa violence constante, les extrêmes dans lesquels elle pouvait tomber avec une facilité déconcertante et son côté irascible dès que l'on approchait de la pleine lune. Cella ne pouvait pas être une simple coïncidence. Néanmoins, avec le soucis premier de protéger son secret, la jeune louve se contentait de rassembler les informations. Pour le coup, Néron lui donnait là une raison supplémentaire de croire à ses supputations bien que l'aisance dont il faisait preuve sur un balais la laissait perplexe. Partagée, elle finit par s'avancer de quelques mètres, restant à une distance confortable de la scène. Baguette en main, d'un mouvement de poignet elle attira celle de Néron à elle puis, criant assez fort pour qu'il puisse l'entendre et couvrir ainsi les craquements provoqués par les branches en mouvement du saule, elle lui demanda. « Besoin d'un coup de main peut-être ? J'ai quelque chose qui devrait t'être déjà plus utile ici. » Respectant tout à fait le besoin qui semblait viscéral de se défouler, elle préférait tout de même lui donner une alternative, le combat finirait très vite par finir par un bras ou une jambe cassée sans parler de son balais...
Accueil
Lun 9 Fév - 6:51