"Je ne sais pas pour vous mais, au début de ma vie, il n’y avait que deux sortes de personnes dans mon univers : celles que j’adorais et celles que je détestais. Mes meilleurs amis et mes pires ennemis. Ceux pour qui je suis prêt à tout donner et ceux qui peuvent aller crever." ~ Demain, j'arrête.
« Lys ! » Les yeux bleus de la jeune fille roulèrent vers le plafond quand ses lèvres framboisine se délestèrent d'un soupir las. Incapable qu'elle était de rappeler son binôme à l'ordre lorsque ce dernier avait préféré se perdre dans les méandres de ses pensées distraites, elle le fustigea enfin d'une oeillade courroucée. Le toisant d'abord sans piper mot, lèvres pincées, et se dire qu'il eut été préférable qu'il ne s'applique autant sur leur devoir plutôt qu'à dessiner en coin de parchemin. « Par Merlin, tu m'écoutes ? » Lysander, un peu débonnaire, une moue lasse et rêveuse, acquiesça à peine ni même ne daigna relever ses yeux ambrés sur la concernée. Appliqué qu'il était à tracer à l'encre noire ce qui put ressembler à deux équipes de Quidditch adverses, le quidam finit par arquer un sourcil de fausse connivence. « Ouais. » mentit-il éhontément, mué dans une volonté de feindre l'intérêt afin qu'elle ne lui fiche la paix. Mais la demoiselle n'en démordit pas, ravala son courroux afin de se draper d'un peu plus de cynisme, et releva sa tête blonde pour mieux le darder de haut. « Donc tu es d'accord pour que l'on parle en première partie de la traîtrise du Troll Vodka-Citron prenant d'assaut les ivrognes du bar, et d'enchaîner ensuite sur les conséquences sur la culture moldue, en particulier sur la mauvaise musique du genre Pink Floyd ? » La Gryffondor ourla sa lippe d'un rictus victorieux, croisant derechef les bras sur sa poitrine quand satisfaite de son attaque mesquine, elle demeurait convaincue d'ainsi attiser l'attention de son binôme. Mais le jeune homme tiqua à peine, ne s'efforça que peu à l'écouter et, lorsque enfin son cerveau daigna accorder un ersatz d'intérêt à ses palabres incohérentes, la toisa d'un air sceptique. « Qui est assez con pour boire de la vodka-citron ? » Question de goût. Lui la préférait pure pourvu que la qualité s'invite au creux du verre. La jeune fille maugréa avec vigueur, attirant de concert des « shhhht ! » perçant la bibliothèque trop sereine qui n'invoquait que des murmures. Lysander s'en amusa par ailleurs, dessina un sourire taquin en coin de lippe, et non content de percevoir l'irritation irradier de la jeune fille, s'amusa à enfoncer le clou. « Shht, Anna. Tu vois pas que t'empêches tout le monde de bosser ? » « Lys tu as... Tu es... Oh et arrête de rire hein ! » Elle claqua son livre usé avant de se lever d'un bond à peine gracile, quand le garçon la darda d'un amusement complice. Comme à l'accoutumée, elle lui pardonnerait ses faux affronts, s'en amuserait du bout des lèvres demain avant de reprendre 'bon allez on bosse cette fois, et sois sérieux'.
Ainsi se retrouva-t-il seul à sa table, toujours concentré sur son parchemin vierge de toute rédaction intelligible mais bien empli de dessins et autres griffonnages, barricadé derrière d'imposants ouvrages qu'il n'avait pas même choisis. Au moins faisait-il figure d'élève studieux quand il n'en était rien, du moins aurait-il pu en donner l'impression si son regard brun n'avait pas aperçu non loin de lui une silhouette fort familière. Lysander hésita alors quelques secondes, conscient que perlaient sur sa lippe quelques aveux délicats envers Calixte, mais le geste précéda la pensée. Roulant une boule de papier dans sa paume, le né-moldu la jeta en direction de son ami afin d'attirer son attention. Et dès lors que leurs regards se croisèrent les deux quidams affichèrent un grand sourire quand Lysander lui fit signe d'approcher et de s'asseoir face à lui.
« Ca fait combien de temps que t'es là ? » Oh il ne s'agit guère d'un reproche ou autre curiosité déplacée au contraire. Lysander avait parlé avec le timbre du défi complice ; c'était à qui avait passé le plus de temps au sein de cette foutue bibliothèque poussiéreuse, supporter les regards réprobateurs des élèves studieux, courber la nuque sur un parchemin toujours vierge, et s'amuser distraitement à rouler une plume entre les doigts à défaut de s'en servir pour travailler. « Bon bref c'est pas important. » renchérit-il derechef lorsqu'il se remémora que, s'il lui semblait être ici depuis une éternité, en vérité Lysander n'y était que depuis trente petites minutes. Rien qui ne puisse présupposer à un semblant de victoire futile. « Faut que j'te parle. T'as une minute où t'es trop occupé ? » Bref signe de tête envers la demoiselle que Calixte dut quitter afin de rejoindre son meilleur ami, par la grâce d'une boule de papier. Et malgré ce sourire de connivence ourlant les lèvres amusées de Lysander, ce dernier ignorait comment aborder le sujet épineux des anciennes relations revenant bien trop à la charge.
Calixte M. Webster
LE CLAIR OBSCUR
+ SORCIER DEPUIS LE : 08/04/2013 + PARCHEMINS : 824 + LOCALISATION : Dans l'enceinte de Poudlard, peut-être dans un coin solitaire à boire pour oublier, ou avec ses amis pour faire bonne figure !
La fin des vacances annonce inévitablement le dur retour aux joies des projets à rendre. Bien sûr je ne suis qu’en sixième année, je ne peux pas vraiment dire que je croule sous les devoirs vu comment les septièmes années semblent trimer sur la pile faramineuse qui est la leur, mais bon je ne peux pas dire que les projets m’aspirent particulièrement. Même à Dix-neuf ans, nos professeurs semblent prendre un malin plaisir à nous imposer un partenaire, comme si nous n’étions pas assez grands pour choisir la personne qui ferait de ce moment de travail vraiment long et pénible, un instant de joie partager, ou alors c’est exactement à cause de ça... ça doit être plus drôle de nous voir trimer que de savoir qu’on s’éclate. En plus, je me vois toujours affubler d’un binôme quelque peu détonnant et dans la majorité des cas pas vraiment aidant. Une année, je suis devenu le binôme de Vilhelm Ljungström, ce type m’a collé toute l’année, s’immiscent régulièrement dans mes conversations, ne comprenant pas qu’il n’était jamais le bienvenu. J’ai passé un an à essayer de m’en débarrasser mais ce n’est qu’après qu’il est découvert ma relation avec sa cousine qu’il m’a enfin lâché les basques. Bon, au final, j’admets qu’il avait raison dans sa mise en garde, mais depuis le début de l’année, je ne sais plus trop quoi penser de lui.
« Caliiiixte, j’y comprends riiiiiien ! » La voix trainante et qui se veut enjôleuse retenti une nouvelle fois à mes oreilles. Je soupire légèrement, plus vite j’aurais terminé, plus vite la torture sera finit. Parce que oui, comme très souvent, je me retrouve avec une fille qui n’a rien dans le cerveau à part certainement l’idée de mes lèvres sur les siennes. Sa petite main se pose finement sur mon biceps et le sert un peu trop, comme pour tâter la marchandise, quel désastre ! « Tu peux me réexpliquer, je suis toute perdue ! » Sa voix haut perchée et suintante de séduction vraiment très mal utilisé, et ses yeux qui se veulent implorante, à cause de ses petites minauderies elle arrive à ramener mes pensées sur notre devoir. « C’est pourtant pas compliqué, je pensais que pour passer en sixième année, on devait savoir ces choses-là. » Petit sourire en coin pour masquer mon insulte à demi-mot. Rebecca Ferlow n’a jamais été l’étincelle sortant d’une baguette après un sort. Je lui prends notre parchemin des mains, j’irais plus vite à le rédiger tout seul, mais je m’amuse tout de même à l’embrouiller un peu plus. « Tu devrais peut-être chercher dans ton livre les propriétés de la saponaire et de la digitale, je suis sûr que ça nous servira pour notre devoir ! » Ma naïve partenaire tombe rapidement dans le panneau et s’empare du premier livre lui tombant sous la main : « Tu crois ? » Occuper quelqu’un est la meilleure des armes pour se retrouver un peu tranquille et travailler efficacement sans être dérangé toutes les trente secondes. « Bien sûr, je ne me permettrais pas de me moquer de toi Beckie, je peux t’appeler Beckie ? » La flatterie est la seconde arme contre les dindes glousseuses et un peu trop encombrantes. Son petit hochement de tête appréciateur me fait sourire. « En plus, la saponaire sent divinement bon, il faudrait que tu en sentes un jour… » Laisser trainer un peu cette dernière phrase en suspens, jouer un peu du regard, et à coup sûr la petite proie va se laisser berner dans les illusions d’un rendez-vous qui n’aura jamais lieux. Des fois user de son charme a du bon, mais je n’arrive toujours pas à comprendre comment ça peut marcher à chaque fois que je me retrouve à devoir éconduire une fille qui s’accroche telle une brebis galeuse. Elle se met rapidement à l’ouvrage.
Je laisse vaguement mon regard traversé la pièce et je remarque rapidement l’arrivée de Lysander dans l’enceinte de la bibliothèque. Il traverse le lieu jusqu’à l’a table qu’à atteint Anna, son binôme. A le regarder, il me fait l’effet d’un condamné attendant le terrible et effrayant baiser du détraqueur, ne remarquant rien autour de lui. Je rigole un peu de son attitude, j’ai un avantage. Contrairement à lui, c’est toujours moi qui mène la danse, Lys, lui, se contente de subir la cadence imposée du quadrille désespérément tout en y ajoutant de temps à autre des petites enjambées rythmant la chorégraphie.
« Caliiixte, tu m’écoutes même paas… » Rebecca et sa voix agaçante me font l’effet d’un moustique énervant qu’on rêverait de voir écraser contre la vitre : insupportable ! L’écarter d’une main n’était pas suffisant visiblement. J’attrape une de ses mains et la serre fortement, je lui lance un regard grave, proche de l’horreur : « Beckie, j’ai une mission de la plus haute importance pour toi, c’est indispensable pour la suite de notre devoir ! Il faut que tu trouves tout ce que tu peux sur les fils d’or ! Sans ça, je crois qu’on ne terminera jamais ! » La flatterie c’est une bonne technique, mais user de l’idiotie de l’autre est beaucoup plus efficace. Je lui lance un de mes sourires qui se veut le plus sincère, elle m’observe un moment, puis ne lisant certainement pas de trace de mensonge sur mon visage, me fait un petit hochement de tête avant de reprendre son livre : trop facile ! Je souffle intérieurement, j’espère simplement que cette diversion la tiendra un peu plus en activité, loin de moi… Et alors que j’allais me remettre à rédiger notre devoir qui bien sûr ne contiendra aucunes données sur la saponaire, la digitale ou les fils d’or, une boule de parchemin vole jusqu’à mon encrier et rebondit sur ma feuille dans un petit saut rigolo. D’un mouvement vif, je relève la tête et braque mon regard dans celui de mon Bro’ ! Qui d’autre que lui aurait pu s’amuser à lancer une boulette en pleine bibliothèque ! Partageant un sourire complice avec lui, je ne me préoccupe même pas de signaler mon absence à mon binôme que je suis déjà en face de Lys qui attaque direct : « ça fait combien de temps que t’es là ? » Sa voix est joueuse, je m’engouffre dans la brèche, heureux de m’amuser un peu. « Beaucoup plus longtemps que toi Bro’, et pourtant je suis sûr de ne pas avoir ta tête d’inféri ! La bibliothèque ça te réussit pas, tu devrais la fuir comme la peste ! » Il ne réagit même pas à ma taquinerie, élude ma pic d’un clignement de l’œil et attaque direct à la suite : « Faut que j’te parle. T’as une minute où t’es trop occupé ? » Ton un peu trop sérieux dans la voix de mon ami, ce qui n’inaugure en générale rien de bon et qui nécessite ma pleine attention. Je me lève rapidement, remballe mes affaires sans un regard pour mon binôme et avant de tourner les talons je lui lance comme un claquement de fouet : « Je m’en vais, je crois qu’il vaut mieux que je termine seul, je mettrais ton nom et le rendrait au prof au prochain cours. Salut. » Sur ce je rejoins mon ami, un peu soucieux de le voir comme ça. Je m’affale sur la chaise en face de lui, laissant mon sac sur la table et le regarde dans les yeux : « J’suis tout à toi ! Tu viens d’me sauver la mise, Rebecca est vraiment insupportable ! Mais ça ne va pas toi ? Tu voulais me parler de quoi ? » Je laisse passer une demi-seconde, le regardant attentivement, avant de dire une dernière phrase et de le laisser décider : « Tu veux peut-être qu’on se trouve un endroit plus tranquille ? »
"Je ne sais pas pour vous mais, au début de ma vie, il n’y avait que deux sortes de personnes dans mon univers : celles que j’adorais et celles que je détestais. Mes meilleurs amis et mes pires ennemis. Ceux pour qui je suis prêt à tout donner et ceux qui peuvent aller crever." ~ Demain, j'arrête.
« Beaucoup plus longtemps que toi Bro’, et pourtant je suis sûr de ne pas avoir ta tête d’inféri ! La bibliothèque ça te réussit pas, tu devrais la fuir comme la peste ! » Pour sûr, le dynamisme rafraîchissant de Calixte se heurtait à la léthargie de son meilleur ami. Mais était-ce sa faute si le travail et le sérieux nuisaient à la santé de Lysander ? A n'en pas douter, ce dernier pouvait clamer sans gêne être allergique à l'encre et au papier, et de couver une maladie incurable dénommée 'flemmingite aiguë' lorsqu'il s'agissait de faire ses devoirs avec assiduité. Lysander préférait de loin l'action à la réflexion, ce qui faisait de lui un élève brillant en pratique mais piètre cancre lorsqu'il s'agissait de poser la théorie sur le papier. La pauvre Anna en avait aujourd'hui fait les frais, laissant là Lysander face à sa feuille blanche (Enfin. Blanche mais joliment illustrée de dessins ici et là), préférant laisser vagabonder ses pensées que les canaliser dans le but de les rendre constructives. Bref, il ne pouvait nier avoir besoin d'air frais, quoique son teint pâle était malgré lui intrinsèquement lié à la 'nouvelle' que le Gryffondor se devait d'annoncer à son camarade. Ainsi haussa-t-il les épaules comme il continuait sa courte diatribe, se demandant si Calixte n'était pas plus affairé avec la gente féminine plutôt que disposé à l'écouter avec sérieux. Voilà, par ailleurs, ce qui différenciait les deux garçons : tous deux frondeurs et tempétueux, ils nourrissaient un véritable penchant pour les conneries invoquant des heures de colle, un amour certain pour les festivités, mais différaient dès lors qu'il put s'agir de demoiselles. Calixte demeurait le séducteur invétéré, quand Lysander préférait fuir toute forme de contact un peu trop rapproché. Une dichotomie qui ne nuisait cependant pas à leur amitié et qu'ils avaient appris à gérer, ne cherchant guère à se juger l'un l'autre. Néanmoins les affaires de 'cœur' (ou dirions-nous de corps, pour l'aspect plus charnel de la chose) n'avaient jamais empiété sur leur amitié ; ainsi Lysander ne s'étonna-t-il pas vraiment lorsqu'il vit son meilleur ami se lever afin de réprouver et abandonner la pauvre Rebecca, laquelle le toisa de ses grands yeux humides. Le né-moldu ne put s'empêcher de lisser sa lippe d'un rictus amusé, presque mesquin, à la vue de ce spectacle, et eut même pour la jeune fille un geste de salutation provocateur. Sans doute bouillonnait-elle de l'intérieur. Peut-être pensait-elle que Gainsborough en pinçait tant pour son meilleur ami, qu'il ne pouvait s'empêcher de se l'accaparer. Après tout, le binôme était inséparable, et si l'on voyait bien souvent Calixte en bien belle compagnie, Lysander n'avait pas eu de petite amie depuis une certaine Filomène. Laquelle avait fini par perdre la mémoire juste après leur rupture. Curieux, n'est-ce pas ? Mais, loin de ces commérages faussés ou supposés, Lysander n'y prêtait guère attention et préférait se consacrer à l'amitié plutôt qu'aux affres de l'amour, bien moins intéressants à son sens.
« J’suis tout à toi ! Tu viens d’me sauver la mise, Rebecca est vraiment insupportable ! Mais ça ne va pas toi ? Tu voulais me parler de quoi ? » Il ouvrit la bouche, prêt à répondre quelque chose, n'importe quoi pourvu que ce soit constructif. Quoique Lysander ne sut où commencer ni comment en parler. Mais fort heureusement, Calixte le coupa derechef, ce qui permit à son ami de réfléchir au moins à une entrée en matière. Ou pas. La délicatesse ne faisait guère partie de ses qualités, après tout. « Tu veux peut-être qu’on se trouve un endroit plus tranquille ? » « Nan, pas besoin. » Lysander haussa les épaules nonchalamment, mais dès lors que ses yeux accrochèrent les figures curieuses alentours, il put y lire la haine (oui, la haine. Pensez-vous que les étudiants studieux sont pacifiques et calmes ? Certainement pas. Ils seraient prêts à vous arracher la glotte à l'instant où vous oserez éternuer en pleine bibliothèque.) de ceux qui les fustigeaient de leurs regards noirs, mécontents de les entendre parler à trop haute voix. Alors le jeune homme se ravisa, et tout en se levant et en rangeant ses affaires, conclut brutalement. « Si, en fait. Sinon je vais finir par leur faire bouffer leurs bouquins et les plumes avec. » cracha-t-il alors, remonté contre ces paires d'yeux inquisitrices. Ainsi le binôme quitta-t-il les lieux, au grand soulagement de tout le monde.
« Putain ça fait du bien de pouvoir ouvrir sa grande gueule quand on veut. » Les deux garçons traversaient le couloir lorsque Lysander ne dissimula pas sa satisfaction d'être enfin sorti de ce sanctuaire chiant à mourir. Sans trop savoir où ils se dirigeaient cependant, le binôme marchait d'un pas prompt et assuré, malgré la courte hésitation de Lysander quant à ses aveux. Autant ne pas tourner autour du pot néanmoins ; après tout le duo terrible était bien connu pour sa spontanéité parfois un peu rustre. « Y a cette fille... » Et afin de couper court à tout sourire complice ou regard appuyé de Calixte, lequel pourrait penser qu'il parlait là d'un coup de foudre ou qu'importe, Lysander s'empressa de rajouter : « T'emballes pas, c'est une de tes ex. Cette fille s'est jetée sur moi comme la faim sur le monde et franchement ça m'a mis sur le cul. J'veux dire, Majkalena est jolie et fun, mais c'est une tigresse, cette nana. » Il ne lui laissa guère le temps de placer un mot, parla vite et bien afin de cracher ses aveux et sa culpabilité. « On s'est embrassés. C'est pas allé plus loin. Fallait que je t'en parle parce que je veux pas que tu te fasses des idées. » Et par 'idées', Lysander songeait 'trahison de leur amitié'. Quel genre d'ami sortait avec l'ex de son camarade et s'en accommodait sans regret ? Car le né-moldu, quant à lui, préférait encore se faire chasseur d'Enormus à Babille plutôt que de perdre son meilleur ami. Ainsi avait-il parlé, vite et presque bien, préférant se confier sur ce qu'il s'était passé quelques jours plus tôt, afin que les rumeurs ne reviennent pas amplifiées et déformées auprès de Calixte. En effet et depuis ces derniers jours, d'aucuns affirmaient avoir vu Majkalena tourner un peu trop auprès de Lysander, lequel ne repoussait pas la demoiselle au contraire. Ou du moins, par lorsqu'il ne s'agissait pas de contact un peu trop tactile.
Calixte M. Webster
LE CLAIR OBSCUR
+ SORCIER DEPUIS LE : 08/04/2013 + PARCHEMINS : 824 + LOCALISATION : Dans l'enceinte de Poudlard, peut-être dans un coin solitaire à boire pour oublier, ou avec ses amis pour faire bonne figure !
Loin de moi l’idée d’insinuer qu’entre nous il était rare d’avoir des conversations sérieuses. Nous étions complices depuis tant d’années, je pense qu’il est certainement celui qui me connait le plus sous cette apparence que je me donne. Caractère loin de moi sur certains points mais si proche de mon goût de liberté d’un autre. Ma santé mentale commence à se fragiliser, mais il me faut maintenir le cap, je ne dois pas perdre maintenant, même si je rêverais d’une vie plus simple, d’un endroit tranquille où je pourrais juste être moi. Lys’ me fait un peu cet effet-là, cet effet dévastateur et nourricier de tranquillité et de liberté. Mais si je lui raconte tout, arrivera-t-il à me pardonner tous mes mensonges, arrivera-t-il à comprendre ma vie et mes décisions, arrivera-t-il à ne pas voir ça comme une trahison ? J’essaie d’écarter toutes ces questions qui me rongent en plus du reste, même si dernièrement elles reviennent en boucle dans ma tête. L’air grave de mon ami me fait bondir tout de suite et me permet d’échapper à la torture de travailler avec mon binôme, qui se rapproche plus d’un animal en rut que d’une nana sympa et intelligente. Après avoir lu au travers de sa question, une envie profonde de me livrer certainement des choses importantes, j’écarte d’une main Rebecca, comme s’il s’agissait que d’un vulgaire moucheron gênant et irritant, et reporte toute mon attention à mon meilleur ami, lui proposant même une retraite dans un endroit plus tranquille, loin des oreilles indiscrètes et des regards assassins des forcenés qui avaient élu domicile dans l’antre du livre et de la poussière. « Nan, pas besoin. » Il hausse les épaules comme pour insinuer que ma question était idiote et futile, pourtant je l’observe rapidement parcourir la salle du regard, un sourire grandissant au coin de mes lèvres au fur et à mesure que sa tête pivote. Je laisse échapper un petit ricanement quand je le vois se lever d’un bon, ranger ses affaires et revenir sur sa décision « Si, en fait. Sinon je vais finir par leur faire bouffer leurs bouquins et les plumes avec. » Je me lève à mon tour, attrape mon sac et le suis, tout en prononçant tout de même une petite phrase bien sentie : « Je veux bien t’aider à les tenir pendant que tu fais ça, mais je crois savoir qu’ils sont dans leur droit de te détester, tu es en train de profaner leur lieu de culte Bro’ ! » Avant de refermer la porte de la bibliothèque derrière moi, je perçois un ouf collectif provenant de l’intérieur, ils doivent tous être en train de nous insulter de profanes ou bien d’autres choses encore pour les avoir perturbé dans leur petite jouissance personnelle. « Putain, ça fait du bien de pouvoir ouvrir sa grande gueule quand on veut. » J’éclate de rire devant l’air absolument soulagé de mon meilleur ami qui ne cache pas sa joie. Il n’a jamais été un bon théoricien mais je crois que plus le temps passe et plus il exècre cette pièce et ce qu’elle connote. Je le suis donc d’un pas décidé dans le couloir du quatrième étage. Il ne semble pas trop savoir où nous allons alors pour engager la conversation et savoir ce qu’il me cache et ce qui semble tant l’ennuyer, je lui pose directement la question : « Bon maintenant, tu me dis ce qu’il se passe ? Tu as des problèmes Lys’ ? » Je l’observe s’arrêter d’un bon et lâcher enfin le fond du problème. « Y a cette fille… » Un sourire narquois prend place sur mon visage. Depuis l’affaire Filomène, Lysander n’avait plus vraiment parlé de fille, de fille au sens petite amie et non juste comme la bonne pote du type de Calypso par exemple. J’allais pour le taquine un peu quand il ruine tous mes espoirs en une phrase, concise et qui ne sonne clairement pas positivement à mes oreilles. « T’emballes pas, c’est une de tes ex. » Cette remarque me fait l’effet d’une douche froide et Merlin sait combien j’en ai pris pour apaiser la douleur de certaines de mes blessures. Depuis quand nous abordions de façon sérieusement le sujet de mes ex ? Depuis quand tout cela n’était pas juste une franche rigolade entre nous deux ? « Je me dédouane direct des plans foireux que font mes ex pour essayer de se rapprocher de moi ! » Et comme pour m’empêcher de continuer à l’arrêter dans ses phrases, il commence à sortir toute une suite de mot, le plus rapidement possible, sans reprendre son souffle, espérant peut-être se décharger de ce poids de cette façon ou m’empêcher de tout comprendre, je ne sais pas très bien. « Cette fille s’est jetée sur moi comme la faim sur le monde et franchement ça m’a mis sur le cul. J’veux dire, Majkalena est jolie et fun, mais c’est une tigresse, cette nana. » « Majkaquoi ? » Je manque de m’étouffer avec ma salive en entendant ce nom franchir ses lèvres… Pourquoi il a fallu que ce soit ce nom parmi tous les autres qui franchisse la barrière de ses lèvres ? « On s’est embrassés. C’est pas allé plus loin. Fallait que je t’en parle parce que je veux pas que tu te fasses des idées. » « Il faut que tu me promettes une chose Lys’, c’est important. » Je regarde mon ami dans les yeux et pose mes mains sur chacune de ses épaules, rendant le moment surement un peu trop solennel, mais j’ai un besoin viscéral de lui faire passer ce message. « Ne la laisse plus s’approcher de toi, Lys’. Je veux dire, ne va surtout pas croire que je développe une quelconque jalousie, je m’en fiche comme de ma première chaussette. Majka est comme la peste sur le monde, ce n’est pas un fléau que tu aimerais approcher, je t’assure. » Je m’arrête un instant pour reprendre mon souffle et essayer de trouver les mots qui le toucheront. « Cette fille c’est un poison qui s’insinue lentement en toi, elle parait avenante d’un premier abord, pourtant elle tisse sa toile telle une veuve noire attendant sa proie et inévitablement tu te laisses prendre au piège. » J’essaie de lire sur son visage ce qu’il peut penser, afin de savoir si ce que je lui dis est suffisant où s’il faut que j’en rajoute une couche. La panique fait accélérer mon pouls et je sens ma respiration se faire plus difficile, il faut qu’il comprenne, il faut qu’il se protège… « Elle a envoyé sa sœur à Sainte Mangouste ! Tu te rends compte ! A Sainte Mangouste, j’ai entendu mes parents en parler ! Elle pratique la légilimencie sur Séraphina, sur moi peut-être à un moment ou sur toi actuellement ! C’est une belle manipulatrice ! » Mes paroles se déversent en un flot continu, comme une vague recouvrant une belle plage de sable blanc. Mon angoisse parle pour moi et j’espère que mon ami le comprendra, percevra la portée de mes mots et qu’il fera attention à lui. J’ai beaucoup trop de soucis actuellement pour perdre mon meilleur ami. « Je préfère te prévenir, je n’ai pas envie qu’il t’arrive un truc ! Je m’en remettrais pas Lys… » Ma dernière phrase est dite dans un murmure, murmure relevant d’un bel euphémisme lorsqu’on voit que je secoue Lysander comme un prunier afin qu’il percute et que chaque mot s’insinue bien dans tous les pores…
"Je ne sais pas pour vous mais, au début de ma vie, il n’y avait que deux sortes de personnes dans mon univers : celles que j’adorais et celles que je détestais. Mes meilleurs amis et mes pires ennemis. Ceux pour qui je suis prêt à tout donner et ceux qui peuvent aller crever." ~ Demain, j'arrête.
La mine soudain blême de son ami vint avertir Lysander de sa bévue ; d'abord persuadé que Calixte fut offensé par ses révélations, le né-moldu habituellement peu avare de paroles corrosives et franches hésita à lui révéler toute l'affaire. La façon dont elle l'avait séduit, sa véhémence à la repousser sans cesse, leur rapprochement impromptu et cette pugnacité ronronnant en Majkalena qui pourtant ne lui avait guère déplu au contraire. Néanmoins le jeune homme ne pipa mot, se refusant ainsi de rejeter sur la demoiselle une faute qui lui était pourtant imputable puisque ce fut bien elle qui lui vola un baiser. Mais parce qu'il fut celui qui le recueillit sans réellement se débattre, Lysander pensa à juste titre qu'il était inutile de rejeter l'erreur sur l'un ou sur l'autre, préférant jouer les gentlemen maladroits et endosser ses responsabilités. Il subsistait pourtant cette culpabilité tenace lui martelant les entrailles et vociférant tout contre sa raison qu'il n'était pas convenable de s'éprendre de l'ancienne petite amie de son plus proche camarade, discours que Lysander avait par ailleurs tenu à Majkalena sans que cela n'inquiète ni ne trouble la vipère. Discours qu'il tiendrait de toute évidence auprès de Calixte, avec assurance et détermination... du moins lorsque ce dernier aurait achevé sa diatribe. Car sitôt les aveux de Lysander avortés, son meilleur ami ne tarda guère à empoigner ses épaules afin de mieux soutenir son regard sombre. Et à l'instant, le né-moldu ne put s'empêcher de s'imaginer une Beckie passant par là, toisant les deux garçons de ses yeux hagards avant de s'enfuir en courant dans un flot de sanglots, pleurant sur son amour perdu (encore eut-il fallu qu'elle l'ait trouvé, mais passons) vivant une amourette avec son meilleur ami. Un sourire amusé ourla dès lors le coin de sa bouche, lequel ne put être gommé aisément tant l'attitude étrange de Calixte pouvait prêter à rire. Sans doute était-il en train de théâtraliser la situation pour mieux la dédramatiser, prompt à déblatérer des blagues et des facéties. Ainsi Lysander ne sut vraiment demeurer sérieux de prime abord, écoutant néanmoins ce que son ami avait à lui dire. « Ne la laisse plus s’approcher de toi, Lys’. Je veux dire, ne va surtout pas croire que je développe une quelconque jalousie, je m’en fiche comme de ma première chaussette. Majka est comme la peste sur le monde, ce n’est pas un fléau que tu aimerais approcher, je t’assure. » Ce rictus en coin de lippe ne daigna pas s'estomper alors que le Gryffondor pouvait s'imaginer aisément la suite : Calixte lui confierait sans nul doute qu'elle était comme toutes les filles. Volubile et lunatique, à renâcler pour un rien et sortir les griffes à l'approche de la moindre demoiselle pouvant l'alpaguer. Un discours typiquement masculin, probablement machiste mais simplement bon enfant. Pourtant, la suite de la diatribe le fit bien vite déchanter. « Cette fille c’est un poison qui s’insinue lentement en toi, elle parait avenante d’un premier abord, pourtant elle tisse sa toile telle une veuve noire attendant sa proie et inévitablement tu te laisses prendre au piège. » Alors Lysander fronça les sourcils, abandonna son sourire pour d'avantage de scepticisme comme il comprit combien Calixte s'avérait être sérieux. Et comme il se remémora l'approche subtile de Majkalena, ses sourires, ses gestes caressants, cette offensive licencieuse qui l'avait écoeuré et intrigué à la fois, se dit que son ami n'avait peut-être pas tort. Sans doute s'était-il laissé avoir par les charmes de la vipère l'ayant bercé par la subtilité de ses mots, alors même qu'il demeurait un garçon ardu à manipuler. « Elle a envoyé sa sœur à Sainte Mangouste ! Tu te rends compte ! » « Quoi ? » souffla Lysander, aussi interloqué par les révélations de Calixte que sa faculté à le secouer à chaque grande envolée lyrique. « A Sainte Mangouste, j’ai entendu mes parents en parler ! Elle pratique la légilimencie sur Séraphina, sur moi peut-être à un moment ou sur toi actuellement ! C’est une belle manipulatrice ! »
Lysander recouvra une moue sérieuse, blêmie par les aveux de son ami. Il se remémora son don de légilimencie exercé sur lui, combien cela avait marqué la demoiselle et combien elle avait appris de lui. Bien trop, et contre son gré. Le jeune homme déglutit alors difficilement lorsqu'il comprit que la vipère s'était peut-être jouée de lui, pour une raison plus qu'évidente à présent : blesser Calixte à travers sa personne. Sans doute était-ce pour cela qu'elle s'obstinait à le séduire, car après tout il n'était pas ce genre de garçon qu'elle approchait habituellement. Trop sauvage et jamais enclin à la lubricité pour qu'elle ne s'intéresse à ce qu'il était, vomissant ces attitudes lascives tout en se drapant dans une assurance patentée. Inaccessible et réfractaire au péché de chair. L'antithèse même de tout ce que Majkalena pouvait apprécier chez un jeune homme, ce qu'elle avait probablement apprécié chez Calixte. « T'as sans doute raison. » siffla-t-il alors à son ami, glissant son murmure d'un timbre absent au sein du flot de paroles de l'intéressé. Car ce dernier ne relâcha pas la bride et, dans un élan d'inquiétude et de détermination, acheva son laïus non sans le toiser d'un air grave : « Je préfère te prévenir, je n’ai pas envie qu’il t’arrive un truc ! Je m’en remettrais pas Lys… » « J'ferai gaffe. C'est promis. » Un sacerdoce pour un silence, lorsque désireux d'abattre l'atmosphère trop sérieuse plombant leurs têtes, Lysander ne put se retenir de plaisanter quelque peu : « La seule chose qui peut m'arriver, là, maintenant, c'est de voir ma tête se faire éjecter à force de me faire secouer comme un prunier. Et j'te jure qu'elle me sert, parfois. » Le Gryffondor corrobora sa boutade par une tape qu'il donna sur l'épaule de son meilleur ami comme il reprit sa marche, évitant à peine les déambulations de leurs camarades dans les couloirs car préférant jouer des coudes. « J'étais plus ou moins au courant pour son don, mais je savais pas pour sa frangine. Et ouais, j'avais pas pensé au fait qu'elle voulait sans doute t'atteindre à travers moi. Te rendre jaloux peut-être, va savoir ce qu'il y a dans la tête de ce genre de fille. » Les palabres du jeune homme n'invoquaient ni déception ni aigreur au contraire ; il parla avec la force de la sérénité, persuadé que ses dires purent être une vérité. Après tout s'il demeurait le garçon inaccessible et, par découlement logique, peu demandé par la gente féminine, Calixte était à ses antipodes. Ce genre de mâle attirant les donzelles qui, fatalement, finissaient obsédées par son image, son parfum, sa présence. Une sournoiserie n'était donc guère à exclure de la part de Majkalena, afin de reconquérir son amant d'antan. Et bien que Lysander fut quelque peu pincé dans sa fierté, il se sentait délesté d'un danger imminent, ce qui insuffla en lui un certain soulagement. « De toutes façons, j'vais te dire un truc. Tu passes avant tout, hors de question qu'une nana se mette entre nous. Puis on sort pas avec les ex de ses potes. Ca devrait être dans le code civil, ce genre de lois. » acheva-t-il d'un timbre amusé, quoique véritablement sérieux dans ses propos.
Calixte M. Webster
LE CLAIR OBSCUR
+ SORCIER DEPUIS LE : 08/04/2013 + PARCHEMINS : 824 + LOCALISATION : Dans l'enceinte de Poudlard, peut-être dans un coin solitaire à boire pour oublier, ou avec ses amis pour faire bonne figure !
La lassitude de devoir supporter une année de plus une greluche sans cervelle pensant qu’à mon cul avait laissé place à l’amusement quand Lysander m’avait interpellé dans la bibliothèque. Mais aussi rapidement que ce sentiment avait supplanté le précédent, l’ascenseur émotionnel avait continué dans son ascension quand j’avais vu sa mine contrariée et vu le ton employé pour me demander du temps, il était indéniable que mon meilleur ami avait des questions et l’inquiétude vient se mêler à l’afflux de sentiments déjà bien présent. La taquinerie a fait un petit saut dans mon esprit, un court instant cependant, quand il aborda le sujet des filles, sujet hyper sensible pour mon ami qui avait du mal à voir le sexe opposé autrement que comme succube avide ou bonne copine. Problématique si vous voulez mon avis. Mais je n’eue pas franchement le temps de m’appesantir dessus, car déjà je manquais de m’étouffer en entendant la suite. Le coup de grâce était arrivé, l’ascenseur était arrivé au sommet et je ne suis pas certain qu’il pourra redescendre un jour. Cette saleté de Majkalena s’en était prise à mon meilleur ami et il était hors de question que tout ceci reste impuni. La vile manipulatrice avait joué de son charme, mais si Lysander avait de sérieux problème dans ce domaine, et s’il n’arrivait pas forcément à se débarrasser des sangsues, c’était une affaire mienne, connaissant parfaitement la routine et m’amusant d’avance des insanités que je pourrais lui jeter au visage pour qu’elle s’éloigne de mon meilleur ami, de sa sœur et de moi. Et s’il fallait utiliser la manière forte, je ne me priverais pas pour me servir de ma baguette, même si combattre une fille n’est pas très galant, dans son cas, elle reste à jamais une emmerdeuse bien trop intelligente et méprisable dans ses actes pour que je me soucis des convenances. Je me battrais corps et âme pour mon salut et celui de mes proches !
Déferlant comme un flot de rage, d’inquiétude, de surprise et surtout pour lui faire bien comprendre le problème, mes mots franchissent la barrière de mes lèvres sans vraiment s’arrêter, sans vraiment que je réfléchisse très sérieusement à ce que je dis. Mon cœur parle pour moi, et chaque inflexion de voix, chaque intonation est inévitablement accentuée par une petite secousse de mon ami. Je ne fais guerre attention au prunier que j’effeuille avec force, je suis juste attentif à ce qu’il comprenne bien mes propos, à ce que chaque mot glisse dans son cerveau et y reste coller à jamais. L’apparente décontraction et son air amusé devait cesser de suite, tout comme ce petit sourire que je connaissais si bien et qui ornait dès lors sa bouche. Je parlais avec véhémence, crachant toute ma peur et surtout ma colère contre elle. Celle de m’être fait avoir et celle d’essayer de subtiliser mon meilleur ami. Et puis après un moment, un froncement de sourcil, une infime réaction du début d’un doute, vient rapidement prendre la place de ce sourire taquin que je lui connais tant. Il semble réfléchir, alors je pose l’estocade suivante afin de ne pas perdre un instant pour le faire réagir. La petite phrase de trop, celle sur Seraphina et Sainte Mangouste. Un quoi ? incrédule et stupéfait laisse partir définitivement l’allure amusée de Lys, je sais que je suis arrivé à ce que je cherchais. Il blêmit, il semble soucieux, il réfléchit, mais je sais aussi qu’il me croit sur paroles, j’ai toujours semblé honnête avec lui… Une boule de remord vient me mordre légèrement les entrailles. S’il savait tout ce que je lui cache, tout ce qui me ronge de l’intérieur… « T’as sans doute raison. » Son murmure faiblard et absent me fait automatiquement raffermir ma prise sur ses épaules et libérer un flot d’émotions contenue en moi, le bousculant sur chaque mot prononcé : « Je préfère te prévenir, je n’ai pas envie qu’il t’arrive un truc. Je m’en remettrais pas Lys… » Ma voix se fissure légèrement vers la fin, ne me permettant pas de terminer ma phrase. Et à lui d’essayer de soulager l’angoisse qui m’avait vrilles les tripes à l’évocation de Majka : « J’ferais gaffe. C’est promis. » Une seconde passe puis il poursuit. « La seule chose qui peut m’arriver, là, maintenant, c’est de voir ma tête se faire éjecter à force de me faire secouer comme un prunier. Et j’te jure qu’elle me sert, parfois. » Je le lâche comme piqué par un insecte, je n’avais même pas vraiment fait attention à mon attitude quelque peu étrange. Sa façon à lui de détendre l’atmosphère pesante qui avait envahi notre espace vitale en l’espace de quelques instants. Il me donne une tape sur l’épaule avant de reprendre notre chemin dans le couloir. Il marche droit devant lui, ne feignant même pas la plus petite intention d’éviter les élèves sur sa route, préférant jouer des coudes. Je me cale sur son rythme, l’écoutant. « J’étais plus ou moins au courant pour son don, mais je savais pas pour sa frangine. Et ouais, j’avais pas pensé au fait qu’elle voulait sans doute d’atteindre à travers moi. Te rendre jaloux peut-être, va savoir ce qu’il y a dans la tête de ce genre de fille. » Les dernières phrases me font tiquer. Majka et moi c’est une relation haineuse, je ne crois pas qu’un jour elle réussira à me faire changer d’avis. Je ne sais même pas comment il a pu en arriver à cette conclusion. Ce n’était un secret pour personne que Lysander n’était pas un type à sauter sur tout ce qui bouge. Et de même manière, Majka n’était pas réputée pour ressentir des sentiments amoureux réels. Il me faudra lui soutirer des informations et bien la menacer pour qu’elle arrête de tourner autour de mon meilleur ami. Ce n’est pas forcément le bon moment pour elle de retrouver une place dans ma vie, celle-ci étant déjà bien chamboulée, mais Lys’ passait avant beaucoup de choses. « Je ne sais pas ce qui te fait penser ça, mais Majka a bien trop de choses à faire pour essayer de manipuler un type qui a percé son secret. Elle n’a pas de raison de me rendre jaloux, notre histoire est terminée depuis longtemps et il n’y pas de risque pour que je retourne vers elle. Ce qu’il faut découvrir, c’est pourquoi elle a décidé de jeter son dévolu sur toi ? » « De toutes façons, j’vais te dire un truc. Tu passes avant tout, hors de question qu’une nana se mette entre nous. Puis on sort pas avec les ex de ses potes. Ça devrait être dans le code civil, ce genre de lois. » Lysander ne semble pas avoir rien écouté de ce que je viens de lui dire, mais un petit sourire vient tout de même fleurir mes lèvres en écoutant son timbre amusé et frivole parler de lois. « Toi au pouvoir et le Bro’Code en serait un fondement ! Mais tu sais Lys’, le problème n’est pas qu’elle soit une de mes ex, tu pourrais sortir avec une d’entre elles que je suis certain que la nana serait mieux avec toi qu’avec moi. Bon je t’épargnerais les écervelés et les glues, mais sinon il y en a eu des très biens, mais juste pas faite pour moi. Là on parle de Majkalena, on parle du diable personnifié, il est donc hors de question qu’elle se rapproche de toi. Même à moi, elle me fait peur ! »
Nous continuons à évoluer rapidement dans le couloir, chacun dans ses pensées, je le suis sans vraiment savoir où il veut aller. Le connaissant, il doit marcher sans but, pensant me suivre quelque part. Et vu que je suis la personne qui lui ai proposé un autre endroit, il serait normal que je sache où l’on va. Pourtant je n’ai qu’une idée en tête : TOUT lui avouer. Nous descendons d’un étage, nous cognons dans quelques élèves imprudents qui ne nous ont pas vu arrivés et qui se dégagent prestement de notre chemin en nous voyant. Et quand nous arrivons prêt de la porte que je lorgne depuis quelques secondes, je l’ouvre de ma main droite et j’attrape mon ami de la gauche avant de le pousser sans ménagement dans la pièce. Je referme d’un claquement rapide la porte derrière nous et n’osant croiser son regard tout de suite, je fixe mes pieds, le corps toujours tourné vers la porte d’entrée avant de lancer rapidement avant de changer d’avis ce qui sonnera peut-être comme la dernière conversation avec mon meilleur ami : « Il faut que j’t’avoue des choses Lys’ ! J’suis pas celui que tu penses connaitre… Enfin pas que… Je te cache des choses… J’suis désolé… Tu as été honnête avec moi avec Majka, je dois faire pareil, pour notre amitié… » Ça y est le coming-out est commencé. Je ne peux plus retourner en arrière, je ne sais pas ce qu’il résultera de cette conversation, j’espère simplement qu’il ne me rejettera pas. Je me tourne doucement, fixant toujours le sol et après avoir pris une grande inspiration je relève le visage pour le regarder dans les yeux, je lui dois au moins ça. Et dans un pauvre élan de courage et de peur également, je me lance confusément dans un récit un peu chaotique de ma vie, l’estomac dans la gorge, le coeur au bord des lèvres, un nœud à la place des intestins, mes orteils qui me brûlent de courir loin, un cœur affolé par ce que ma tête a décidé d’avouer, la bouche sèche comme un désert de sable, les mains moites et les jambes à la limite de me laisser tomber : « Je t’ai menti depuis le début Lys’, je t’ai menti sur moi, sur ma personnalité, sur mon comportement, sur ma famille, je ne suis pas totalement celui que tu crois connaitre, j’ai des lourds secrets, je n’ai jamais voulu t’en parler pour me protéger et un peu aussi pour te protéger. J’espère que tu ne m’en voudras pas, je n’ai jamais triché sur notre amitié, enfin peut-être un peu au début, mais depuis des années maintenant tu es ce qui me permet de garder la tête hors de l’eau… Je t’ai menti quotidiennement et ça m’a toujours couté mais comment expliquer toutes les cicatrices que j’ai sur le corps, comment te dire qu’à chaque retour de vacances les nouvelles plaies sanguinolentes que je transporte ont été faite par mon père, que ma famille me déteste par ma simple existence, que depuis la mort de mon frère tout est pire, que je suis maintenant fiancé, que j’ai l’impression que ma vie n’est plus qu’une énorme blague et qu’ils veulent faire de moi un parfait mangemort alors que je déteste l’idée de devoir torturer ou tuer quelqu’un. Je ne maitrise plus rien et j’ai l’impression que mon cerveau exploser et en plus de ça, j’ai l’impression d’être tout seul pour gérer ça, alors que c’est moi qui est voulu cette solitude, je me suis mis à boire pour oublier, je deviens un véritable déchet et surtout je ne supporte plus de te mentir en face comme si c’était normal… » Je lâche son regard rapidement afin de ne pas voir sur son visage les émotions qu’ils pourraient éprouver maintenant : déception, haine, incompréhension... Après avoir une fois de plus débiter tout un tas de paroles sans forcément réfléchir, laissant à nouveau mon cœur parler pour moi - ce qui était un peu trop fréquent ces derniers temps – je regarde l’enfilade d’armures qui se dresse à nos côtés, ne trouvant pas vraiment de réconfort au silence qui nous entoure, le trouvant plutôt à la limite de la crise d’angoisse et de la peur panique. Un silence que j’aimerais qu’il brise avec l’une de ses blagues dont il a le secret et qui me réchaufferait immédiatement le cœur. Et avant qu’il régisse, je murmure une dernière phrase, espérant qu’il arriverait à me comprendre : « Je suis sincère quand je dis que je m’en remettrais pas si je te perds Bro’. » [
"Je ne sais pas pour vous mais, au début de ma vie, il n’y avait que deux sortes de personnes dans mon univers : celles que j’adorais et celles que je détestais. Mes meilleurs amis et mes pires ennemis. Ceux pour qui je suis prêt à tout donner et ceux qui peuvent aller crever." ~ Demain, j'arrête.
Il lui était étrange d'évoquer la gente féminine lui tournant potentiellement autour ; comme une inversion des rôles, le bagout de don juan en moins. Bien sûr Lysander n'était pas un ignare des plaisirs charnels, pas plus qu'il ne pouvait fermer les yeux sur l'attirance naturelle qui s'opérait parfois entre lui et une demoiselle, néanmoins le sujet demeurait à ses yeux un tabou. Sorte d'écrin qu'il rechignait à ouvrir, préférant évoquer les amourettes de son meilleur ami qui lui, les accumulait à la force de son charisme et de sa personnalité. Et ce deal tacite ne lui convenait que trop ; ne pas parler de ses idylles inexistantes mais orienter le sujet vers Calixte et ses déboires, Calixte et ses péripéties, Calixte et ses groupies. Ainsi atteignaient-ils le quota habituel des conversations d'adolescents : beaucoup de filles, pas mal de sport, un peu de culture pour ne pas atrophier le cerveau. Aujourd'hui en revanche Majkalena s'imposait au centre de leurs pensées : Lysander envisagea la demoiselle comme un probable danger mais ne put s'empêcher de penser à elle par le prisme de pensées positives. Elle, si belle et si énigmatique, avait su capter ce quelque chose en lui que nulle autre ne sut atteindre. Calixte quant à lui s'inquiétait des funestes répercussions que la vipère pourrait avoir sur son meilleur ami, et tout en lui scandant des mesures de sécurité lui soufflait son affection indéfectible. Les deux garçons étaient, de toute évidence, liés par une amitié des plus solides drapée de bienveillance fraternelle. Deux frères certes différents mais complémentaires. Aussi lorsque Calixte manifestait son inquiétude par le biais de gestes ou de paroles impromptus, Lysander ne put qu'en comprendre l'essence et fut touché par son anxiété affectueuse. Il ne développa néanmoins guère sur le sujet, prompt à plonger dans ses pensées et reprendre sa route qui ne menait nulle part.
Jusqu'à ce que la main de son ami ne le saisisse soudain et ne le pousse vers une salle désertée, sous couvert de quelques offuscations soufflées du bout de sa langue. Ne comprenant pas l'attitude étrange de Calixte, Lysander se laissa aller à l'étonnement, toisa son ami d'un regard déconcerté dès lors qu'il en passa le seuil, mais recouvra bien vite son attitude nonchalante. Traits patentés de sa personnalité, indissociables de son passif de mauvais garçon. Alors affublé d'un sourire taquin – puisque persuadé qu'il s'agissait là d'une blague ou d'une mise en scène complice – le né-moldu se hissa sur une table afin de s'y asseoir. Ses yeux chocolat vissés sur son ami qui, lui, regardait ailleurs sans jamais croiser ses pupilles, Lysander souffla de concert : « Hey doucement. Je sais que je suis à ton goût, mais j'suis pas ce genre de mec. » Boutade glissée afin d'alléger l'atmosphère étrangement lourde, mais qui ne trouva pas l'écho recherché à l'oreille de Calixte. Ce dernier ne semblait pas même l'avoir entendu, lorsque le regard fuyant et la mine blême, il cherchait des mots qui rechignaient à venir. Autant de signes précurseurs éveillant l'inquiétude du né-moldu, lequel fronça alors les sourcils comme il perdit son humour. Car la voix éraillée de son ami vint dores et déjà trahir le sérieux de son long laïus, un monologue aux airs austères et dont les sombres paroles firent blêmir un peu plus l'interlocuteur. Ainsi parlait Calixte, d'une seule traite comme par crainte de changer d'avis une fois les vannes ouvertes, relatant sur la vie factice qu'il put jusque là vendre à son meilleur ami. Mais quelle fut la stupeur qui vint envahir le né-moldu lorsque, pétri d'honnêteté et de phrases choc, le soliloque de son ami lui explosa en pleine face.
Je t'ai menti. Combien de fois avait-il buté sur ces mots revenant tel un refrain dans le discours de Calixte. Lysander déglutissait difficilement, encaissant d'abord sans comprendre, vrillant ses yeux sombres sur la peau pourtant couverte de son ami. A la recherche de traces et de plaies. Attitude déplacée et indiscrète, mais attitude tellement humaine. Une vague d'horreur et de consternation s'insuffla alors en Lysander, empoignant son estomac et ses poumons, glissant vicieusement en ses veines bleues. Puis, par un procédé mué par son amitié indéfectible, voilà qu'il éprouva de la colère. A l'encontre de sa famille, de cette injustice. Dégoût envers le monde et envers eux, surtout. Ces adultes soi-disant bien pensants, instillant la peur en leur progéniture par quelques moyens barbares. La gorge sèche et la langue muette, il l'écouta parler comme il se sentit pâlir. Et quand bien même il se rendit compte que les mensonges avaient tissé leur toile autour de leur amitié, Lysander n'éprouva pas même une once de courroux ni d'indignation envers Calixte. Puisque son cauchemar évoqué du bout de la lippe souleva le cœur de son ami, lui qui n'entrevoyait que trop les horreurs proférées par sa famille. Quand bien même la perspective de le savoir un jour mangemort lui arracha un frisson écoeuré, il ne put se permettre de ressentir à l'encontre de son ami un ersatz de ressentiments.
Puis le silence s'installa, encart mortuaire les frappant de plein fouet. Lui, avait besoin de digérer les aveux et de poser des images sur sa confidence. Ce qu'il avait pu subir, ce qu'il subissait encore, ce qui le bouffait de l'intérieur et qui lui empoisonnait la vie. Alors le regard de Lysander se posa ailleurs, déconcerté et terne comme il plongea dans ses pensées. Jusqu'à ce que Calixte ne l'extirpe de ses songes et ne l'empoigne par la véracité de ses mots, attrapant de passage les pupilles de son ami coulant à nouveau sur son visage lugubre. « Je suis sincère quand je dis que je m’en remettrais pas si je te perds Bro’. » Quelques secondes muettes, le temps que Lysander ne gratte quelques mots. Puis enfin il sauta à terre, entrouvrit la bouche, la referma encore. Puis après un trop long moment d'attente se décida à parler, la mine blême comme prêt à laisser tomber la guillotine. Ambiance mortifère. « J'espère au moins que ta fiancée est agréable à regarder. »
Cette façon que Lysander avait de s'acharner à insuffler un peu d'humour au creux de cette peine partagée. Le garçon ourla ses lèvres d'un sourire complice, quoique chagriné par les aveux de son camarade, comptant bien lui témoigner de son amitié encore solide et sincère. « T'aurais dû m'en parler avant, tu peux pas garder ce genre de choses pour toi. » Conseil bienveillant mais qu'il ne mit jamais en pratique. Après tout l'infâme inceste dont il fut victime eut débuté alors même qu'il connaissait Calixte. Mais comme il n'ignora pas cette moue coupable voilant le visage de son ami, Lysander s'empressa de le rassurer. « Je sais de quoi je parle... Les trucs dégueulasses comme ça, plus tu les gardes et plus tu pourris de l'intérieur. » Confidences trop retenues, mais confidences tout de même. « Et tu peux pas non plus rester chez tes parents. J'te laisserai pas y retourner. » dégoisa le Gryffondor avec force et conviction, cette lueur presque menaçante s'embrasant dans l'âtre de ses yeux bruns.
Calixte M. Webster
LE CLAIR OBSCUR
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La bombe était lancée, mes secrets avaient volés en éclat et ma vie pouvait prendre un tournant à cet instant même. La sensation de plénitude qui devrait m’envahir après avoir partagé toute ma souffrance avec mon meilleur ami ne laisse qu’un trou béant en moi, accompagné d’une multitude de questions : Comment va-t-il réagir ? Va-t-il me comprendre ? Me pardonner ? M’aider ? Va-t-il au contraire me détester ? M’abandonner ? Mon cœur ne cesse de faire une course folle dans sa petite cavité, une course avec lui-même, une course dont l’arrivée n’a que deux options : la chute ou le soulagement. Et je sens une boule se former dans ma gorge m’empêchant de prendre de vraies respirations. Depuis longtemps je voulais lui avouer et ce jour est enfin arrivé. Il n’y a que de l’angoisse qui court dans mes veines à cet instant, une angoisse grandissante à mesure que les secondes passent. Dans un acte désespéré et pour lui faire bien comprendre que je ne lui ai pas menti pour m’amuser, je lâche dans une complainte désespérée une dernière phrase : « Je suis sincère quand je dis que je m’en remettrais pas si je te perds Bro’. » Puis je m’arrête de parler, ne sachant plus quoi ajouter de plus à cette misère personnelle, à cette douloureuse constatation que sans lui je ne survivrais pas à cet enfer. Lysander est bien plus qu’un meilleur ami, il est bien plus que ce qu’a été mon frère de son vécu et ce qu’est ma sœur pour moi en ce moment. Nous ne partageons peut-être pas le même sang, nous avons aussi des familles aux antipodes l’une de l’autre, il est né-moldu, je suis né sang-pur, mais au final ce n’est pas cela qui importe. Il a toujours été le seul avec qui je pouvais être moi, ou en partie du moins, le seul que je peux aimer sincèrement et qui semble m’aimer en retour. Le surnom Bro’ n’est pas arrivé par hasard entre nous, il révèle simplement une très forte amitié. Il me comprend, m’aide à avancer. Le perdre sera bien plus difficile à supporter que n’a été la mort de mon frère cet été. Surtout que son décès a eu de graves répercussions sur ma vie, et pas vraiment en bien vu mon état actuel. Toutefois, j’attends toujours la réaction de mon ami, toujours muet. Un blanc s’installe entre nous, glacial et angoissant, faisant un peu plus palpiter mon pauvre cœur amoché et meurtri. La peur s’accroche à moi prête à m’anéantir sur place, telle la lèpre vicieuse et douloureuse. J’ai mis six ans à avouer mes problèmes à Lysander, si je perds mon meilleur ami, je crains de ne pas réussir à garder les pieds sur terre. Il est mon point d’ancrage, celui qui me permet de rester dans la réalité, sans lui je risque de finir par devenir fou et laisser mes parents faire de moi leur parfaite petite marionnette. Je ne supporte plus de gérer toute cette angoisse tout seul. Je regarde mon meilleur ami, toujours silencieux, essayant tant bien que mal de déceler dans son attitude comment il va réagir, la stupeur se lit dans sa posture. Il est aussi pâle qu’un mort, sa bouche s’ouvre et se ferme sans proférer un seul son, ne sachant certainement pas comment réagir à mon aveu et à cette foule de confidences pas franchement joyeuses. Et puis sa toute première phrase suite à ma confession retentie, dans la salle des trophées, tel un murmure lugubre. « J’espère au moins que ta fiancée est agréable à regarder. » Je tente de rire à sa tentative de détendre l’atmosphère bien trop pesante qui s’est installée entre nous, rire bien vite étranglé dans ma gorge. Je reste interdit et sur la défensive. Lysander a tendance à faire dans l’humour quand l’ambiance est difficile à gérer pour lui, mais aujourd’hui je ne peux pas l’aider à affronter ça, j’ai besoin que ce soit lui qui m’aide à gérer mes angoisses et trouver la bonne chose à faire. Piteusement et pour le faire parler un peu plus, avant de m’enfuir en courant et de rester sur une pauvre défaite, je lance d’une voix incertaine sans parvenir à finir une phrase complète : « C’est tout ce que tu as… » Un petit son étranglé accompagne majestueusement ma minable petite tentative pour lui répondre. Un doux sourire s’ourle sur les lèvres de mon meilleur ami qui reprend la parole : « T’aurais dû m’en parler avant, tu peux pas garder ce genre de chose pour toi. » La culpabilité s’écrase sur mes épaules et se fige instantanément sur mon visage, au même moment que le soulagement envahi mon cœur. Ma raison me dit de faire attention, mais je sais pertinemment que le ton de mon ami n’est en aucun cas une condamnation. D’une voix toujours un peu incertaine je tente de reprendre : « Si tu savais… » Ne sachant pas vraiment comment en dire plus. « Je sais de quoi je parle… Les trucs dégueulasses comme ça, plus tu les gardes et plus tu pourris de l’intérieur. » « Ça fait des années que je voulais t’en parler. Mais je pensais pouvoir gérer seul, je n’avais pas envie… » Je m’arrête un instant, essayant de trouver les bons mots pour lui expliquer. Et puis en posant mon regard sur lui, je me rends compte que c’est Lys’, que je n’ai pas besoin de prendre de pincette avec lui, je n’ai pas besoin d’être un autre, je peux juste être moi et lui dire avec n’importe quel mot. Tant que c’est sincère, il comprendra. « Je n’avais pas envie de te mêler à toute cette histoire. Mes parents sont des tirants pro sang-pur et depuis que je suis né, ils se sont mis ne tête de m’écarter de leur vie. Dans leur idéal parfait, ils voulaient seulement deux enfants, un garçon pour l’héritage et une fille pour les alliances familiales. Moi je ne servais à rien. Mon père a commencé à me battre pour que j’arrête de poser trop de questions, ils s’arrangeaient pour me faire passer pour malade afin que je ne vienne jamais ou presque aux évènements mondains. Tu peux t’imaginer que comploter avec un né-moldu et devenir le bad boy que tu connais, mais que j’étais loin d’être à l’époque, ne leur a pas particulièrement plus, et pour une fois j’existais à leurs yeux. Les sévices ont redoublés, mais au moins j’avais la sensation d’être reconnu. Sentiment malsain je sais, mais petit je ne voulais que l’amour de mes parents. Au début, je me suis servie de mon amitié avec toi, mais bien vite tu m’as ouvert à un autre monde et j’ai compris que mes parents n’étaient ce que je voulais suivre comme exemple. Je ne suis pas tout à fait l’homme que je suis à Poudlard et je ne suis plus totalement celui que j’étais avant d’arriver ici, la seule chose que je peux te dire, c’est qu’avec toi, j’ai rarement joué un rôle. Je n’ai pas voulu te raconter, car si mes parents l’apprennent ils seraient capables de vouloir t’exterminer afin que ce qu’il se passe au sein de ma famille ne soit pas rendu public. Mes parents n’ont rien de gentil. Toutes les marques que tu as déjà vues sur moi sont l’œuvre de mon père. Ma mère ne dit rien pour arrêter ça. Ma sœur se complet dans le fait d’être la petite préférée. Et... » Je m’arrête pour prendre un semblant de respiration, mais j'ai envie de reprendre rapidement, je lui dois toutes les explications possibles et surtout j’ai envie d’enfin tout partager avec lui. « Et tu peux pas non plus rester chez tes parents. J’te laisserai pas y retourner. » Sa phrase dite avec force et conviction me surprend légèrement. Il la dite avec véhémence, son regard brillant de la lueur menaçante qu’il arbore généralement sur le terrain de quidditch. Il est sérieux, pourtant je suis obligé de le contredire. « Si seulement c’était si simple Lys’, si je pouvais juste partir loin, mais leur emprise sur moi est bien plus présente depuis la mort d’Alexius. Ils seraient capable de me trouver n’importe où je me trouve, je suis leur héritier maintenant, ils ne vont pas me lâcher si facilement et risquer de détruire leur petit monde parfait. » Je réfléchis un instant à sa dernière phrase. J’aimerais pouvoir m’imaginer dans un autre monde, loin de tous ces problèmes, un endroit où je pourrais juste être moi et être aimé pour la personne que je suis. J’observe attentivement mon ami et l’embrasement de ses yeux. Il croit en sa dernière phrase et je sais d’avance qu’il fera tout pour m’aider et me dissuader d’y retourner. Mais il ne sait pas de quoi ils sont capables, ma punition serait terrible et surtout il pourrait en mourir, et je ne me le pardonnerais jamais. Et dans une dernière phrase où se mêle deux sentiments bien distincts, soulagement et inquiétude, j’essaie de lui faire comprendre l’essentiel : « Tu ne peux pas faire grande chose, mais savoir que tu me soutiens c’est déjà énorme pour moi. »
@destiny.
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Encore désolée pour ma longue absence, j'espère maintenant que ma réponse te conviendra, Calixte fait peine à voir XD Pleins de bisous pailletés