Lorsque l’on voit Néron Lestrange pour la première fois, il est difficile de lui donner un âge précis. Abordant tatouages et piercings, ses longs cheveux noirs et sa veste en cuir lui donnent l’air d’être un jeune homme, et non pas un simple adolescent de quinze ans. Il est difficile aussi de savoir ce qu’il pense, tant son visage pale peut paraître inexpressif par moments. Tout semble l’indifférer et se tenant fier et droit, il donne l’air d’être ennuyé de tout. Pourtant, Néron observe le monde qui l’entoure. Avec son regard d’un bleu profond souligné par un trait d’eye-liner, l’adolescent jauge les clients présents dans le pub. Un établissement mal fréquenté où l’on ne demande jamais l’âge des consommateurs même s’ils ont l’air jeune. Un pub miteux à l’entrée de l’allée des embrumes un endroit où l’on évite de s’arrêter si l’on a rien à y faire. La bière n’est peut-être pas de très bonne qualité, néanmoins elle a la capacité de vite enivrer. L’esprit déjà embrumé par l’alcool, il esquisse un mince sourire en voyant un nouveau client entrer dans le pub. Cet homme attire tout de suite son attention. Il n’est ni beau ni laid, néanmoins l’inconnu dégage un certain charisme, un certain mystère.
Néron s’imagine sa vie, tout en le regardant s’installer sur le tabouret à côté du sien et commander une boisson. Il est âgé très certainement d’une trentaine d’année, et semble avoir les traits tirés. Ses vêtements laissent supposer que ses moyens financiers sont limités. Quel genre de métier peut-il bien exercer ? Sans doute une profession marginale. Croisant son regard, l’adolescent détourne le sien pour fixer l’étagère où s’entassent les alcools du pub. Il est rare que Néron Lestrange ne soutienne pas le regard de quelqu’un. Mais avec cet homme-là et dans un tel lieu mieux vaut ne pas tenter le diable. Après tout, il n’a toujours pas le droit de se servir de la magie en dehors de Poudlard, si jamais il devait avoir à se défendre. La magie noire ne l’effraie pas. Pourtant, s’il lui arrivait quelque chose son seul moyen de défense serait ses poings. Pas très efficace contre un maléfice. Sa baguette est de toute manière restée chez sa sœur aînée Eileen, c’était la condition qu’elle lui avait imposé pour le laisser vaquer à ses occupations. Pour pouvoir s’échapper l’espace de quelques jours à Londres, Néron a prétexté rester avec sa sœur, soit disant effondrée par la disparition de son fiancé et sa fausse couche. En réalité, celui-ci ne reviendra jamais. Il le sait bien, les morts ne reviennent pas vous hanter. Et ce n’est pas en étant six pieds sous terre dans une forêt qu’il causera le moindre souci à Eileen. Tué de sang-froid certes, mais Fabio Vintencelli l’avait amplement mérité. Une vie pour une autre, celle de son enfant contre celle de son époux, responsable de la mort de ce petit être qui n’était même pas encore né, ni même totalement formé. Les fausses couches semblent poursuivre les femmes de la famille Lestrange. Sa mère elle-même avait perdu plusieurs enfants parfois à un stade avancé de la grossesse, avant de parvenir à donner la vie au bout de huit longues années ponctuées d’échec à son deuxième et dernier enfant : Un fils tant attendu, qui serait là pour transmettre le patronyme à son tour lorsqu’il serait en âge de se marier et de devenir père.
Londres est une ville que Néron affectionne tout particulièrement. Flâner dans les rues est sans conteste son activité préférée. Là-bas, personne ou presque ne semble le remarquer. Chez les moldus, il est un inconnu. Un jeune de plus, très probablement un peu perdu pour avoir un look pareil. Grand et élancé, son physique peut porter à confusion. Bien qu’il ait mué très tôt et qu’il aborde déjà une voix d’homme à quinze ans, Néron n’a en rien le corps d’un homme adulte. Quelques formes se discernent sur son corps osseux, une courbe de poids qui n’a pas réussi à suivre une croissance allant trop vite. Ses hanches rappellent à s’y méprendre celles d’une adolescente, à mi-chemin entre une d’enfant et une femme. Ses longs cheveux noirs amincissent encore plus son visage, aux joues pourtant déjà creusées et accentuent sa pâleur naturelle d’Anglais. Lorsque l’on regarde Néron Lestrange, on ne saurait dire s’il est beau ou non tant ses traits peuvent sembler féminins. Une chose est sure, viril n’est pas l’adjectif qualifiant le mieux ce drôle d’éphèbe.
L’aiglon porte sa bière à ses lèvres, jetant un œil au ciel par la fenêtre crasseuse du pub. Le temps est gris, maussade même. Un temps plutôt banal lorsque l’on vit en Angleterre, même en plein mois de juin. Il sera bientôt vingt heures. La nuit ne va pas tarder à tomber, et d’ici deux heures il devra quitter le tabouret sur lequel il a passé une bonne partie de son après-midi. Eileen ne l’attend pas. Elle sait bien que son jeune frère est imprévisible et que parfois, celui-ci passe ses nuits dehors, dieu seul sait où. C’est le prix à payer pour s’assurer que son cadet gardera le silence. Les clients de ce pub n’ont à première vue rien de bien extraordinaire. La plupart d’entre eux –et Néron ne fait pas exception- sentent l’alcool à plein nez. Pourtant ces visages communs et parfois vulgaires et emplis e laideur fascinent le Lestrange, qui se prend pour un naturaliste du dix-neuvième siècle. Une fois rentré chez lui, il renseigne scrupuleusement chaque détail dans un petit carnet noir. Pourquoi ? Lui-même ne le sait pas. Mais observer l’être humain et tenter de le comprendre est une chose excitante. Venant d’un adolescent de quinze ans, c’est un passe-temps plutôt surprenant.
Son regard se pose de nouveau sur son voisin, sur cet homme énigmatique aux traits émaciés et aux manches de veste râpées. Sentant de nouveau son regard pesant, il esquisse un nouveau sourire « Bonsoir. » Simple courtoisie, propre aux gens ayant été bien élevés. Peut-être le moyen aussi d’engager une conversation avec cet être qui a su, contrairement aux autres âmes présentes, capter son intérêt piquer au vif sa curiosité.
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Dernière édition par Néron Lestrange le Ven 5 Sep - 14:26, édité 2 fois
Une gorgée d'alcool qui lui brûle la gorge. Il a envie d'une cigarette.
Il a fini tard, ce soir. Il n'a donc pas rejoint Finn, comme ils ont l'habitude de faire depuis longtemps. Ils passent tous leurs étés ensembles depuis vingt ans et celui-ci n'est pas une exception, mais lorsque l'expérimentation garde votre serviteur MacNair au Ministère jusqu'en soirée, celui-ci s'abstient d'aller chez son meilleur ami. Il a besoin de manger, de se détendre, de chasser un peu peut-être aussi. Il n'a jamais complètement compris toutes les pulsions derrière le sexe, derrière la séduction, mais ces besoins se font parfois sentir même chez lui et il sent travailler tout cela au creux de son ventre depuis quelques temps. Ce n'est pas très important. Il s'en passera encore un peu.
Alors ce soir, il est sur l'Allée des Embrumes. Il y traîne souvent et personne ne s'en étonne. Personne ne se soucie de lui. Il va bien dans ce décor, avec ses cernes marqués, ses habits usés et ses yeux noirs. Le bar où il est entré n'est pas bien reluisant, mais l'alcool y est peu cher et le propriétaire fait un fish'n'chips pas du tout mauvais. Plutôt bon, même, le secret le mieux gardé de cette rue pourrie. C'est d'ailleurs ce qu'il attend qu'on lui serve, assis à côté d'un homme qu'il ne connaît pas. Il l'a bien remarqué, en entrant, et a soutenu son regard sans s'étonner que l'autre ne le lui rende pas. Il ne met pas à l'aise, Marlowe MacNair, et sa nature hautaine le place naturellement au-dessus des autres, sans qu'il se pose de questions. N'empêche qu'il l'intrigue. Avec ses cheveux longs, ses piercings et ce visage fin, presque féminin. Pourtant, quand l'autre lui adresse la parole, c'est une voix bien masculine qui passe ses lèvres. Marlowe l'observe comme on observerait une créature surnaturelle, un phénomène inconnu, et il lève son verre pour saluer l'autre homme. Une gorgée de l'alcool, encore. Son propre sourire s'esquisse. Dans son visage pâle et méfiant, quelque chose semble tomber, changer subtilement. Il joue.
« N'êtes-vous pas un peu jeune pour traîner ici ? » La demande est goguenarde. L'homme a l'air jeune, c'est un fait, mais jamais il ne l'imaginerait si jeune. Il lui donne la vingtaine, pas plus, un 20 ans bien sonné. La lueur d'amusement qui danse dans ses yeux semble en faire disparaître l'ombre, momentanément, accompagne la malice de sa voix rauque. Il n'est pas sérieux. Le plat de fish'n'chips, chaud, odorant et très généreusement garni, atterri devant lui. Son appétit se réveille, lui qui mange si peu et qui de toute façon ne voit aucune nourriture le remplumer un tantinet. Faut dire que l'odeur est alléchante et que le tabac sorcier, le sien en tous cas, n'atténua pas ses sens. L'envie de cigarette se fait encore plus forte. Il en roulera une tantôt. Il sort sa baguette pour dédoubler la fourchette qui accompagne l'assiette, avant de ranger sa fidèle arme pour mieux s'attaquer à la nourriture. Un regard coulé de côté. « Servez-vous. » Il se sent généreux, ce soir, que l'autre en profite. Il ne peut pas garantir que cela durera toute la soirée.
Il parle enfin, de sa voix rauque et peu rassurante. C'est ainsi que l'imaginait Néron, et le brun n'est pas surpris le moins du monde. Il hausse un souricil, face à sa question : Trop jeune ? Aurait-il donc une idée de son âge véritable ? Néanmoins, le ton employé laisse penser que c'est une taquinerie, et non pas une affirmation « Non, j'ai dix neuf ans. Je suis toujours à Poudlard, à Serdaigle. Je ne suis encore qu'un élève, mais je suis assez grand légalement pour faire ce qu'il me plaît sans rendre de comptes à personne. De toute manière, personne n'osera s'en prendre à moi. Ou alors, cette personne signerait son arrêt de mort. » Personne ne veut avoir de problème avec la famille Lestrange. Cette famille influente, au sang si pur et à la réputation si sombre. Ce n'est un secret pour personne qu'ils sont des partisans du seigneur des ténèbres, qu'ils sont une famille de sorciers prônant l'idéologie du sang-pur. Aucun sorcier avec un minimum de lucidité ne prendrait le risque de chercher la confrontation avec un Lestrange. L'allée des embrumes était un endroit qu'il affectionnait tout particulièrement. Moins peuplée que le chemin de traverse, elle avait sa propre librairie avec des livres bien plus intéressants que ceux proposés chez Fleury & Bott. Les sorts ménagers ne l'intéraissaient guerre. Par contre en apprendre plus sur d'obscures maléfices... En bon Serdaigle érudit, il achetait en moyenne un livre par semaine durant ses vacances scolaires. Étudier, encore et toujours, sans répit. C'était le seul moyen de satisfaire son père, pour qu'il ne soit pas encore plus déçu que son héritier ne soit pas allé à Serpentard.
Se tenant fier et droit sur son tabouret, il esquisse un sourire en voyant la fourchette déboulée par son voisin. « Merci. » Le fis'n'ships ce n'est pas un plat que l'on mange souvent chez les Lestrange. Les mets sont souvent bien plus raffinés, la viande est de première qualité et les légumes sont de première fraîcheur. Sa mère bien entendu ne cuisine jamais car ce n'est pas digne de son rang; c'est donc leur elfe de maison Lizzie qui s'occupe de nourrir la famille Lestrange depuis de nombreuses années. Depuis combien de temps la créature est-elle au service de sa famille ? Sans doute une bonne vingtaine d'années. Pour survivre vingt ans chez les Lestrange, il faut du courage. Néron qui en est un souhaite tout de même partir assez vite du manoir. Fuir son père et son autorité, ne plus avoir à croiser le visage triste de sa mère au quotidien... Autant rester à Londres avec le monstre de froideur qu'est sa sœur aînée. L'adolescent prend une frite. A quinze ans, on est toujours affamé, et bien qu'il ait terminé son propre fish and ships il y a peut être vingt minutes de cela, il ne dit jamais non à de la nourriture.
Levant les yeux vers son voisin de table, il esquisse un nouveau sourire après avoir terminé d'avaler ses quelques frites glanées. Il est peut être temps de se présenter de manière officielle, en espérant que son interlocuteur ne fuira pas. Mais à vrai dire, l'homme ne semble pas être du genre à fuir devant quelqu'un. Quelque chose dans ses yeux laisse supposer une certaine arrogance, celle dont font preuve tous les gens racés, tous les enfants issus d'une famille au sang-pur « Je m'appelle Néron. Néron Lestrange. Et vous ? » Quelles sont les intentions de son voisin de table à son égard ? On ne donne pas sans attendre quelque chose en retour. Jamais. Son patronyme, MacNair, laisse supposer qu'il fut un jour un étudiant de Serpentard. Raison de plus pour l'aigle de se demander ce qu'il attend en échange d'une gentillesse qui sonne faux. Passant une main dans ses longs cheveux bruns, il observe de nouveau rapidement le bar. « Vous êtes seul vous aussi ou bien quelqu'un va vous rejoindre pour vous tenir compagnie ? » Il était plus qu'évident que présentement, Marlowe était seul. Mais peut-être attendait-il quelqu'un. Ou quelque chose. Buvant une gorgée de bière, Néron cherche ensuite dans sa poche son paquet de cigarettes sorcières. Le gout du tabac l'apaise. Des questions, toujours des questions. On reconnait bien là le caractère curieux d'un Serdaigle, toujours à la recherche de réponses. Un jeune homme qui veut tout savoir, même ce qui ne le regarde pas forcément. Un jeune homme qui observe, scrute, tente de comprendre le comportement humain. Finalement devenir psychiatre plus tard pourrait être une option envisageable...
Il retient un rire quand l'autre se défend sur son âge et sa majorité. Ridicule. On dirait lui-même quand il avait ce même âge et que Finn et lui sortaient dans les bars avec l'assurance qu'on les laisserait tranquille. Amusant, en fait. Son sourire devient encore plus moqueur, au fur et à mesure que les mots s'enchaînent, mais il n'oppose aucun commentaire, absorbé par sa nourriture.
Il le mange en silence, sans regarder l'autre homme à côté de lui. Parce qu'il est peut-être un gamin, mais il est un homme, comme il le lui a confirmé. C'est déjà cela. La chasse n'est pas entamée, pas encore, mais sa curiosité est déjà piquée. Encore plus lorsque son interlocuteur se présente, sans plus de cérémonie, et lui confirme le sous-entendu de danger qu'il y aurait à le contrarier. Un Lestrange. Bien sa chance. Il a vaguement connaissance qu'il y a une dame Lestrange, il se souvient déjà avoir croisé ce regard bleu glacier à quelque part, mais il ignorait que la famille avait un héritier aussi jeune. Cette présentation est tellement typique de tous les sang purs qu'il en rirait, s'il n'était pas friand du même genre d'affirmation de sa filiation. « Marlowe MacNair. » Il n'a jamais eu de honte à décliner son nom de famille, synonyme de sang pur autant que de sang sale. Que de folie. Puis, il serait bien ridicule qu'un Lestrange ose dire quoi que ce soit par rapport à cela... personne n'est de toute façon bien sain, dans cette histoire de pureté. Son verre est vide et il le pousse donc du bout des doigts sur le bar, jusqu'à frapper contre un autre verre abandonné. Le barman comprend le message et le ressert, profitant qu'il mâche pensivement une bouchée de poisson dégoulinant de gras. Il lui faudrait s'adjoindre la compagnie d'un elfe de maison, au lieu de laisser sa maison s'ensevelir sous la poussière et sa cuisine abandonnée parce qu'il est incapable de faire bouillir de l'eau pour un thé. Une gorgée de son verre pour nettoyer sa bouche. Le Lestrange ne le laisse pas tranquille.
Que lui veut-il, au juste ?
Patiemment, après tout il n'a pas encore de raison d'être impatient, Marlowe le regarde et le détaille. Sans gêne. Sans même penser qu'il est déplacé. Il a tous les droits. Ses yeux tombent sur le paquet de cigarettes que le jeune homme vient de sortir tout en lui demandant ce qu'il en est de sa compagnie. L'envie de fumer vient de revenir furieusement, elle qui avait été cachée sous l'envie de se sustenter. « Seul. » Peu de discussion, ce soir, MacNair.
Il sort son paquet de papier à cigarettes et sa blague à tabac, étale ses affaires sur le comptoir pour se rouler quelques cigarettes pour la soirée. Ça lui rappelle à quel point il déteste le goût du tabac, mais combien aussi il en a besoin en quelque sorte. Il devra régler cette dépendance idiote, un jour. « Cela dit, votre compagnie me va. Le tabac s'émiette sur le papier, il roule patiemment et lèche le papier pour bien le sceller. Pour un Serdaigle, vous me semblez pas trop emmerdant. » Il ricane un peu, alors que le qualificatif s'élève. Une autre cigarette est terminée, parfaitement roulée. « Barman, sers-nous ce que tu as de plus fort. En double. » Ses yeux ne se sont même pas levés pour parler à l'homme, qui s'affaire rapidement avant de faire glisser vers eux deux verres emplis d'une mixture noire, sirupeuse, à l'odeur d'alcool écœurante. Parfait. De quoi embourber sa gorge avant de fumer pour finir de s'encrasser. Marlowe termine de rouler ses cigarettes avant de prendre son verre. Il le lève, pour trinquer, le sourire toujours aux lèvres. « Au sang. » Trinquer au sang. Au sang pur. Au sang qui coule.
Pas trop emmerdant pour un Serdaigle ? Cette remarque lui fait pincer les lèvres. Même s'il n'était pas à Serpentard comme son père l'aurait voulu, il y avait tout de même eu hésitation lors de sa répartition. Il avait reçu l'endoloris, de la main de son propre père, mécontent que son héritier ne suive pas la tradition familiale. Mais désormais, Néron était fier d'être un Serdaigle. Il avait bien vite compris que la véritable élite, ce n'était pas les vipères contrairement à ce que tout le monde pensait, mais bel et bien les Serdaigle. S'ils étaient bien souvent qualifié d'intellos, et à raison, eux étaient certains de réussir leurs examens. De sortir de Poudlard avec d'excellents résultats à leurs ASPIC, et donc ils étaient en quelque sorte certains de réussir à entrer à peu près à n'importe quel poste haut placé durant leur vie d'adulte. Quand on sort de Serdigle on est assuré d'être embauché n'importe où, si les résultats sont bons. Et ce n'est certainement pas à Serdaigle que l'on tolère l'échec. Lui-même préférerait se donner la mort plutôt que d'échouer. Ce n'est pas le cas des Serpentard. Si eux aussi veulent réussir, jamais ils n'auront le courage d'avouer qu'ils ont lamentablement échoués. Non, un Serpentard qui échoue plutôt que de devenir une sorte de kamikaze préfère se terrer, s'auto-détruire même. C'était peut être le cas de son voisin. MacNair, un nom de mangemort, une famille de sorciers tout aussi purs et consanguins que la sienne. Une famille où la folie est présente, tout autant que chez les Lestrange. « Serdaigle est une bonne maison. J'ai failli aller à Serpentard. Mais finalement, je suis mieux chez les érudits. ça me permet de mieux me concentrer sur mes études. A Serpentard, même si l'on veut réussir, on ne se focalise pas forcément sur la réussite scolaire. Pourtant sans diplôme, on va nulle part. »
La vois de son voisin s'élève pour commander deux verres d'alcool fort. Le plus fort que le Barman de cet établissement miteux est en stock. Surpris, le Lestrange hausse un sourcil tout en le voyant rouler ses cigarettes. Lui n'a pas la patience pour ça, et préfère les acheter déjà toutes faites. Il semblerait qu'il veuille trinquer à la pureté de leur sang. « Au sang. » Néron observe la mixture présente dans le verre encrassé. Un liquide noir et épais, rappelant effectivement quelque peu du sang. L'odeur lui pique déjà le nez. S'il boit se verre, il finira bien vite ivre. Il sent déjà ses joues s’empourprer quelque peu, au bout d'une après midi passée à boire sur ce comptoir. Il faudrait qu'il soit capable de rentrer chez sa sœur après ça. Ou bien, il irait louer une chambre au chaudron baveur. S'il y parvenait. Tout en portant le verre à ses lèvres, l'adolescent retient une grimace en sentant l'alcool lui bruler la gorge. C'est bien plus fort qu'une bière. Bien plus fort que le whisky pur feu même. Après avoir vidé son verre d'une traite, se disant qu'après tout il allait sans doute finir ivre mort, le brun s'esclaffe. « C'est pas pour les femmelettes ça ! Qu'est-ce que c'est au juste ?. » Jamais il n'avait gouté un tel alcool. Reprenant sa cigarette pour prendre une grande bouffée de nicotine en fermant les yeux, l'adolescent sourit de nouveau. Il a chaud, à n'en pas douter c'est la faute de l'alcool. Son blouson de cuir glisse le long de ses épaules, laissant apparaitre ses tatouages et ses bras fins, bien que tout de même musclés. Être fort, c'est indispensable lorsqu'on est batteur dans une équipe de Quidditch. Le Lestrange affichant désormais un sourire béat se penche vers son voisin pour murmurer : « On se dit tu Monsieur MacNair ? On est du même rang toi et moi. Tu sais sans doute ce que ça signifie d'être un héritier. Ce que ça fait de venir d'une famille de dégénérés au sang pur. D'avoir un nom qui a un goût de folie et dont pourtant tu n'as pas honte.... »
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HRP: prends pas peur de mon rythme de réponse J'ai juste rien d'autre à faire pour le moment, vu que je suis encore en vacances pour quelques jours :)
Par fierté, il boit sans sourciller le verre, mais la gorge semble lui arracher, ainsi que tout l’œsophage pendant qu'il sent distinctement le liquide descendre. Il ne se fera jamais à ce truc immonde, au goût presque de pétrole (autant que sa texture), et qui pourtant se finit presque de façon sucrée. Mais toujours de façon horrible. Il se retient de tousser, il a l'impression que tout l'alcool est collé contre les parois de sa gorge, et fixe seulement un œil rieur sur son camarade. Camarade, déjà. Lui qui ne pensait pas s'enivrer ce soir vient de passer de l'autre côté de la barrière, avec ce verre qui suffirait à étourdir un hippogriffe. Ce qu'il y avait dans ce verre ? Un haussement décontracté des épaules. « Aucune idée. Il y a certaines questions qu'il vaut mieux ne pas poser. »
Une cigarette se glisse entre ses lèvres et il l'allume du bout de sa baguette. Une bouffée salvatrice. Le goût pimenté, il prend toujours le tabac le plus épicé, se fond enfin sur sa langue et il sent un poids supplémentaire s'élever de sur ses épaules. Ses yeux glissent le long des bras du Lestrange, pendant que celui-ci retire son blouson de cuir, avant de revenir à la cigarette qu'il vient d'allumer. Le barman ne se soucie pas qu'ils fument à l'intérieur, parce que de toute façon, un peu plus de crasse ou un peu moins... Cet endroit n'est pas à une cigarette près. Les dessins des tatouages, brièvement aperçus, flottent devant lui. Il n'ose pas encore l'examiner plus profondément, mais cette fois, sa curiosité est totalement piquée. Les sorciers se tatouent, se percent, s'enivrent, fument, mais il y a toujours quelque chose de fascinant dans ces manifestations qu'ils partagent avec les moldus. On lui propose de se tutoyer. Pourquoi pas, après tout. Nouveau haussement des épaules, alors qu'il se retient de s'écarter du jeune homme qui s'est approché bien près de lui pour lui murmurer sa proposition : « Si tu le désires. » Marlowe se fait un devoir de rester poli en toutes circonstances, de rester bien élevé, surtout avec les étrangers. Les inconnus. Mais comme le souligne l'autre, Néron et lui ne sont pas tout à fait des étrangers, non ? Sans doute sont-ils cousin, à un certain niveau, comme toutes les familles de leur noble rang. Et puis, cette proximité annihile toute possibilité d'être des étrangers.
Ce que raconte Néron fait étrangement écho à ses pensées – il ne peut s'empêcher d'être d'accord avec lui et se retourner son visage vers le sien. Ils sont bien trop proches, mais il ne sursaute pas, ne sourcille pas, se retient de toutes ses forces. D'ici, il peut mieux voir les yeux clairs du Lestrange, ainsi que les détails de son visage atypique. Pas même l'ombre d'une barbe. Un visage lisse comme celui d'une femme, sans pourtant en être un. « Et d'honorer cette folie jusque dans ses pires ombres. » Lui aussi a murmuré, et sa voix rauque s'est presque perdue tant elle est basse. Une bouffée de sa cigarette, la fumée qui s'élève au-dessus d'eux, formant un nuage blanchâtre. Un sourire léger, à l'image du personnage qu'il joue toujours avec ceux qu'il ne connaît pas. Et pourtant, sa phrase était sérieuse. Très sérieuse.
Marlowe se détourne de Néron et se lave la bouche avec son verre d'alcool moins fort, rassuré par ce goût. Apaisé. « J'aurais fait un mauvais Serdaigle. Rien ne m'intéressait. Tout me semblait... inférieur. Les professeurs n'enseignaient rien de valable, de niveau suffisant, pour rattraper la masse des cancres et des imbéciles. Une bouffée de sa cigarette. Le diplôme est une étape, mais loin d'être une nécessité. On fait sa baguette sur des choses bien plus dures. Plus vraies. » Plus cruelles, plus noires, plus douloureuses, mais aussi meilleures. La nostalgie du MacNair rejoint les années de bonheur avec Finn, avant qu'il rencontre sa minable de Gryffondor, mais aucunement les cours et ce qu'il y a appris. Il en a appris plus en étant ce qu'il est, en naissant dans sa famille, qu'à l'école. Mais sa remarque n'est pas haineuse, surtout pensive.
Dernière édition par Marlowe MacNair le Sam 27 Sep - 23:44, édité 1 fois
Ne voyant aucune alliance à son doigt, Néron hausse un sourcil. Si cet homme n'était toujours pas marié ni père à son âge, c'était bien étrange. Lui même savaient que ses parents cherchaient activement à le fiancer à une jeune fille bien comme il faut. Ils cherchaient la belle fille parfaite, pourtant Néron était loin d'être le beau fils idéal. Il avait un visage d'ange, et son nom apporterait un certain prestige à la demoiselle. Mais mis à part ça ? Son tempérament colérique et violent ses parents se gardaient bien de le cacher au reste de la haute société. Néron est un bon élève. Il a tout pour plaire: pur, beau, intelligent et sportif. Il veut entrer dans l'équipe en tant que batteur cette année. Il fait partie du club de Musique à Poudlard aussi. Regardez comme notre fils est intelligent. C'est sa plus grande qualité, et il vous fera de beaux petits enfants au sang bien pur, bien comme il faut. Par contre, on ne peut pas vous garantir que sa descendance sera saine d'esprit. Le sang pur, à tout prix. C'était la seule chose qui avait de l'importance. Il était venu au monde pour ça. Tout comme Marlowe certainement. Ils étaient l'enfant de deux gens qui ne s'aiment pas forcément, mais qui pourtant copulent ensemble pour le bien de la lignée, pour que le sang reste pur.
La bière fait passer le goût âpre de l'alcool trop fort qu'on lui avait servi. Il l'écoutE parler vaguement de Poudlard. Pas intéressé par les cours ? Comment étai-ce possible ? Choqué, l'adolescent trop érudit prends une nouvelle longue bouffée de nicotine. Poudlard était avant tout une école. Un endroit où étaient envoyés les jeunes sorciers pour étudier. Il avait bien entendu comme tout bon rejeton de mangemort qui se respecte, étudié quelque peu le sujet de la magie noir avant d'entrer à Poudlard. « Merde ! Tu peux pas dire à un Serdaigle que l'école c'est chiant, surtout quand c'est le meilleur de sa classe. Tu veux que je crève d'une crise cardiaque ? J'ai pas prévu de mourir sur le sol crasseux d'un pub. »
Pas prévu de mourir tout court d'ailleurs. Il se trouve bien trop jeune pour être déjà enterré six pieds sous terre. Il n'était en rien pressé d'être dévoré par les vers et autres bestioles rampantes. « Ma baguette, j'ai du la laisser chez moi. C'est la condition que m'as imposé ma sœur chez qui je loge en ce moment. La baguette à la maison, et j'ai le droit de faire ce que je veux sans qu'on me pose de question, et nos parents n'en sauront rien. Tu l'as peut être connue d'ailleurs, à Poudlard. T'est vieux comment ? » Un sourire taquin. Juste pour se venger. Marlowe mérite bien d'être légèrement asticoté par un jeune adolescent, après qu'il ait failli lui faire avoir une crise cardiaque. « Je déconne, t'est pas encore un vieux con, t'as encore de la marge. » Dans un geste légèrement confus à cause de l'alcool, Néron jette son mégot dans un verre avec un vieux fond de bière, surement présent sur le comptoir depuis un moment. « T'est pas marié à ce que je vois. Il n'y a donc pas de Madame MacNair. » La vie de célibataire, c'était peut être bien dans un premier temps. Mais à force, on a l'air négligé et fatigué, comme Marlowe. Une femme, un elfe de maison... Peu importe, mais il faut bien que quelqu'un s'occupe de vous. Quand on est un sorcier de sang pur, on ne s'abaisse pas à faire des tâches ménagères qui ne sont pas dignes de son rang. « Ou alors, il n'y a plus de madame MacNair. En fait, ça expliquerait en partie ton air blasé. »
Il éclate de rire, cette fois. Sincèrement. L'air scandalisé de Néron est magnifique, sa réaction à son non-amour de Poudlard également. L'autre s'en était presque étouffé dans sa cigarette ! Il a le rire éraillé, mais vrai, sonore, identique à celui qui se faisait entendre dans les couloirs de l'école de magie. Presque aussi franc que celui qu'il a avec Finn. Indéniablement, on peut quelque peu percevoir une personnalité sensiblement attachante chez Marlowe, quand il laisse sa carapace un tantinet. Juste assez. Son commentaire est tout aussi rieur, tout aussi malicieux et railleur : « Certains se contentent de peu. »
Il le taquine. Il l'embête. Il chasse réellement, peut-être. Mais ce jeune homme l'amuse déjà. Il l'amuse et ses yeux noirs détaillent cette fois avec plus de franchise les tatouages qui s'étalent sur les bras du Lestrange. Ses cheveux longs, noirs. Il a toujours préféré les hommes très... très hommes, dirons-nous. Très virils. La barbe, les poils, la sueur, les voix bourrues, les muscles développés, tout ce qui dénote une masculinité quasi exacerbée, contrastant avec sa silhouette osseuse. Mais Néron n'est... pas mal. Il ose à peine se l'avouer, alors que son esprit porte brièvement attention à ce qu'il raconte sur sa baguette qu'il a laissé chez sa sœur – quelle drôle d'idée, d'ailleurs. Les Lestrange sont définitivement des gens fort étranges. Un clin d’œil quand il effleure son âge d'un commentaire un peu cynique, tout aussi taquin que ceux dont il le gratifie depuis le début de la soirée. « Trop vieux pour toi. » À peine la trentaine, pourtant. Les sorciers vivent longtemps, il n'est pas vieux. De toute façon, ce n'est pas un sujet de conversation sérieux. Si l'autre a dix-neuf ans et lui trente-deux, ce n'est en rien honteux. À noter qu'il n'a pas parlé de la sœur. La dame Lestrange. Il se souvient bien des yeux de glace, mais pas à Poudlard. Ailleurs, sans doute. Peu importe. C'est une femme, toute Lestrange qu'elle soit, elle ne représente donc à peu près rien dans sa petite vie.
Néron revient à la charge – une charge différente. Surpris cette fois, l'expérimentateur lève sa main et observe son annulaire nu comme s'il le voyait pour la première fois. Non, pas marié. Et encore assailli de questions. Voilà le problème avec les Serdaigle : ils veulent tout savoir et ne savent pas se taire. Un claquement de langue presque agacé, une gorgée d'alcool, une bouffée de cigarette. Un détachement exemplaire – blasé, comme il l'avait si bien dit, le gamin. « Ça ne m'intéresse pas. Seule sa mère aimait à lui rappeler parfois les devoirs d'un héritier, mais ce n'était pas très important. Sa mère n'était pas importante. Il l'avait toujours perçue comme une quantité négligeable, à l'image de son paternel. Donc non. Pas de madame MacNair, pas de veuf MacNair. » Pas plus d'héritier MacNair. Il écrase sa cigarette sur le comptoir et prend le visage de Néron dans sa main, son menton, le forçant à le regarder. Le geste impérieux, la poigne ferme. Il n'est pas menaçant. Pas encore. Il est près, très près, ils s'effleurent même. Il parle si bas que sa voix se perd, mais l'autre peut lire sur ses livres autant que les mots atteignent ses oreilles. Il est le seul à l'entendre. « Et puis, Néron... qu'est-ce qui est si urgent, dans le mariage ? Dans la reproduction ? Tu n'es pas prêt à crever sur le sol de ce bar, mais ce serait bien plus excitant qu'une vie rangée avec un pot de fleurs dans laquelle tu te videras une fois par mois dans l'espoir qu'elle enfante une descendance masculine. N'est-ce pas qu'il y a plus ? » La question est rhétorique – il attend une seconde, sourit, relâche le visage du Serdagle et s'allume une nouvelle cigarette. Sans regarder ce visage dans lequel ses ongles ont creusé, brièvement, de petits croissants rougeâtres qui disparaissent déjà. Parce que cette image lui en fait imaginer d'autres.
Sa poigne est froide, dure, autoritaire. En temps normal, Néron lui enverrait sans réfléchir son poing dans la figure, jubilant en sentant l'arrête nasale craquer sous ses phalanges. Mais étrangement, l'adolescent ne le fait pas. Ce sont peut être les yeux noirs de Marlowe, ou sa voix glaciale qui l'en dissuade. Ses propos sont vrais, le mariage finalement chez les sang-pur, c'est simplement le faire une fois de temps en temps avec sa femme pour espérer la mettre enceinte d'un garçon. Les yeux pâles du Lestrange habituellement si vifs perdent en intensité. Il passe délicatement une main sur sa joue par réflexe lorsque Marlowe lâche prise. « J'aime les femmes. Enfin je crois. C'est vrai que ça m'enchante pas mais je me suis fait une raison. Et parfois, j'y pense, parce que je sais qu'un jour, fatalement, ça arrivera. » Les femmes. Les hommes. Ou bien les deux. Il n'en sait rien. Il n'est pas sûr. A l'adolescence, on se pose tous des questions à un moment ou a un autre, pour savoir si l'on est comme tout le monde. Pour savoir si l'on est normal. Il a déjà penser aux hommes. Observer discrètement le corps nu de quelques camarades, par curiosité. Pour savoir s'il était comme eux. Au niveau de sa fierté masculine, rien de bien exceptionnel à première vue, il se situait dans la moyenne, voir peut être un peu au dessus. Par contre au niveau de ses formes, il avait bien vite compris qu'il était bien plus mince que les autres garçons. A part quelques muscles dans ses bras, rien de très masculin, ni très viril. Toujours pas le moindre signe de barbe, alors que son acné était déjà passée et que sa voix avait déjà mué. ça prendrait peut-être plus de temps à venir pour lui. Mais après tout, qu'est-ce qui définie un homme ? Faut-il obligatoirement être une montagne de muscles pour en être un ? Il était loin de ressembler à un guerrier celte. C'était sans doute les vieilles origines Françaises de la famille Lestrange qui s'exprimaient chez lui. Une peau lisse, des traits délicats, androgynes. Un corps frêle, des longs doigts élégants. « En fait, je sais pas vraiment ce que j'aime. »
Se confier ainsi à un inconnu n'est pas une chose que fait normalement Néron. Surtout en ce qui concerne ses doutes sur sa sexualité. Habituellement, il préfère rester silencieux, distant. Marlowe par certains aspects lui rappelle son père. Un homme qu'il n'osera sans doute jamais défier par respect mais aussi par crainte. Une petite voix au fond de lui crie au Lestrange de fuir. Que traîner avec un homme ayant le double de son âge ne lui apportera rien de bon. Qu'il y a à l'intérieur du MacNair quelque chose de dangereux, une bête qui sommeille. Déglutissant doucement, de nouveau parfaitement calme voir légèrement effrayé, il boit une gorgée de bière pour se remettre les idées en place. « Qu'est-ce que tu attends de moi ?» un Serdaigle n'aime pas rester dans le brouillard. Tout savoir, même ce qu'il ne vaudrait mieux pas savoir par moments. La connaissance et la curiosités peuvent finalement s'avérer dangereuses par moments. Le gamin futé sait bien que l'homme a quelque chose derrière la tête, il le devine par instinct. Mais quoi ? Qu'est-ce que Marlowe Macnair peut bien lui vouloir ? « Vas-y, crache le morceau. J'aime pas ne pas savoir.»
Il aime les femmes. Mais bien sûr, Un reniflement de mépris ponctue cette affirmation du Serdaigle, qui soliloque sans qu'il l'écoute réellement. Quel intérêt y a-t-il à aimer les femmes? Ces créatures fades, sans personnalité palpable, vénales dans les meilleurs cas, idiotes pour leur totalité. Néron aime les femmes parce que c'est ce qu'il doit aimer, tout comme Marlowe feint de s'y intéresser pour la même raison. Ne vient-il pas, le Lestrange, tout juste de dire qu'il ne savait pas ce qu'il aimait ? Une confession dangereuse à faire à un homme comme le MacNair, qui n'est pas un enfant de choeur et pourrait faire ce qu'il désire d'une information aussi chaude au sujet d'un jeune héritier de sang pur. Mais il ne commente pas. Il continue simplement de boire son verre, de fumer sa cigarette, en observant son reflet déformé dans l'alcool fort. Il boit de grosses gorgées, il voit le fond du verre, mais il ne fait aucun signe au barman pour demander à ce que le verre soit à nouveau rempli. Il attend, simplement, que soit l'autre parte, soit qu'il parle à nouveau. Et ça ne manque pas. Quand je vous parlais du problème des Serdaigle.
Cette fois, cela dit, il n'a aucune réponse à fournir à son interlocuteur. Lui-même ne sait pas ce qu'il attend de Néron – ou s'il le sait, son esprit n'ose pas encore le formuler de façon claire.
Finalement, il se décide. Il se lève de sa chaise, range ses cigarettes fraîchement roulées et sa blague à tabac, et se dirige vers la porte qui mène à l'extérieur du bar côté ruelle – parce que l'Allée des Embrumes a ses ruelles encore plus crasseuses et non recommandables. « On va fumer dehors. » Tiens ? Étrange commentaire, étrange pensée. Comme s'il se souciait soudainement de la santé des lieux et de ne pas enfumer cet endroit. C'est loin de cela, cela dit, vous vous en doutez. Ce n'est pas une suggestion, mais bien un ordre. Il n'aime pas qu'on lui désobéisse. Marlowe sort, Néron le suit. La porte du bar, lourde, se ferme derrière eux, alors que la chaude nuit humide et grise de Londres les enveloppe. Le temps est mauvais, lourd. Il va pleuvoir. Peu importe.
L'homme prend une bouffée de sa cigarette, pensif. La jette au sol, l'écrase de son son soulier, avant de prendre celle de Néron et de lui faire subir le même traitement sans prendre garde à une quelconque protestation. Avant de glisser soudainement sa main sur la nuque du jeune homme, pour en tenir fermement les longs cheveux soyeux, et d'écraser ses lèvres sur les siennes. Sans douceur, sans tendresse, sans avertissement non plus. Un baiser qui n'est pas innocent, presque animal, violent. Sa langue qui force la bouche de l'autre, comme un nouvel ordre, et sa main qui empêche sa tête de se reculer, de fuir, d'échapper à ce traitement désagréable qu'il lui impose. Le goût de leurs cigarettes s'échangent, les vapeurs d'alcool, de nourriture grasse, et finalement de sang quand Marlowe termine le baiser d'une morsure franche. Ses dents ont entaillé la lèvre de Néron, le sang coule sur son visage blême, et il trouve ça magnifique. « C'est ça que je veux. »
Il a encore le choix. Encore le choix de partir, de fuir. Comme pour le lui indiquer, la main sur la nuque est descendue, est revenue au corps de Marlowe. À Marlowe qui observe Néron en attente d'une réponse, d'un commentaire, de quelque chose. S'il part, il ne dira rien. S'il lui fait des problèmes, il saura régler le tout. S'il reste... la nuit est noire. Surtout, elle est encore jeune.
Fumer dehors ? L'érudit hausse un sourcil. Pourquoi sortir, alors qu'ils fument à l'intérieur depuis tout à l'heure ? Sans doute parce que Marlowe ne veut pas parler en public. Téméraire, et ce malgré un danger potentiel, l'adolescent suit Marlowe dans une ruelle crasseuse jouxtant le bar. Il n'a pas sa baguette. S'il doit se défendre, il devra seulement compter sur sa force physique, à vrai dire plutôt faible. Sauf lorsque les tares liés à la consanguinité des Lestrange ressort. Dans ses moments de colère, Néron fait preuve d'une force et d'une rage hors du commun, si bien qu'il serait capable de tuer Marlowe de Sang froid. Personne ne viendrait l'arrêter ici, dans cette sombre ruelle de l'allée des embrumes. Pas comme à Poudlard, où généralement, on le sépare de force de sa victime. Tuer quelqu'un. Ce n'est pas une chose anodine. Etait-il vraiment prêt ? Pourrait-il vivre avec ça ? De ses grands yeux bleus, il l'observe. Il ne semble pas lui vouloir de mal.
Le MacNair écrase sa cigarette, puis la sienne, qu'il lui arrache des mains. Peut importe, ce n'est qu'un détail, même si pour le moment le jeune Lestrange n'en voit pas l'intérêt. Seul dans cette ruelle face à un inconnu, il se sent démuni. A la merci de Marlowe, qui sans prévenir saisit fermement sa nuque. En une fraction de seconde, le corps frêle du Lestrange se retrouve collé à l'un des murs, avec le corps de l'homme contre lui. Ses lèvres contre les siennes. Merde. Un soupir franchit ses lèvres pulpeuses pour s'écraser contre celles, impitoyables, de l'homme qui l'embrasse de manière sauvage. Animale. Brutale. Le souffle lui manque, et timidement, ses mains se posent sur son torse. Son corps réagit, son esprit ne cherche pas à savoir si ce qu'il est entrain de faire est bien ou mal. Ce n'est pas un baiser tendre. C'est une éteinte qui signifie qu'il attend bien plus de lui qu'un simple baiser volé dans une ruelle. Difficilement, le Lestrange retient un gémissement en sentant ses dents mordre sans la moindre douceur sa lèvre inférieure. Haletant et tremblant il porte une main à sa lèvre blessée. Pas de doute, ce gout métallique si familier, c'est bel et bien du sang. Son propre sang, qui s'étale sur ses doigts. « C'est ça que je veux. »
Réfléchissant à toute vitesse et de manière confuse, encore tremblant le Lestrange ne voit que trois choix possible. Le frapper, et ainsi s'attirer de très gros ennuis qui ne seraient bon pour personne. Fuir, s'il en avait la possibilité. Mais est-ce que le MacNair allait le laisser partir maintenant ? Se sentant pris au piège, passant une main dans ses longs cheveux noir l'aiglon se redresse. Dans la vie, on ne peut pas dire que l'on aime pas tant que l'on a pas goûté. Et pour l'instant, son corps semble plutôt aimer ça, malgré la douleur. Ou alors, est-ce la douleur qui l'attirait ? Peut-être un mélange des deux au final. De toute manière, s'il voulait être sur, il fallait aller jusqu'au bout. Il était désormais trop tard pour revenir en arrière. « On va chez toi ?» C'est plutôt évident. Il ne pouvait décemment pas rentrer chez sa sœur avec Marlowe et faire... des choses, sur le canapé du salon. Ils ne pouvaient pas vraiment non plus prendre le risque de se rendre dans un hôtel, aussi miteux soit-il. Deux hommes, une seule chambre ? Demain tout le Londres sorcier parlerait de ça. Deux hommes, au sang-pur, ensemble. Deux héritiers et donc deux familles d'influence bafouées : Les terribles MacNair et les très riches Lestrange. Non, ce genre de déviances doit rester cachée, pour le bien de tous.
Jetant un dernier regard à celui qui allait être son amant, Néron esquisse un sourire et pousse la lourde porte en bois, allant payer sa consommation au bar. Une fois ses affaires rassemblées et sa veste remise, il attend patiemment a demi assis sur l'un des tabourets. Son cœur bat à tout rompre, comme jamais. Même lors de ses premières expériences en compagnie d'une fille, et c'était pourtant une demi vélane, Néron n'avait pas ressenti une telle envie un tel désir. L'esprit troublé et la lèvre en sang, il observe Marlowe régler sa note. Celui-ci semble être étonnement calme. De son côté, le regard troublé du Lestrange le trahi. Le Barman regarde sa lèvre fendue, mais ne pose pas de question. Tant mieux, il ne vaut mieux pas attirer l'attention. C'est un jeu dangereux qui démarre entre les deux hommes. Un jeu où l'un et l'autre pourraient connaître une fin tragique, digne des plus grands drames théâtraux. Eros et Thanatos. L'érotisme et la mort... C'est ce qui semblait les définir tous deux. Mais pour le moment, il était bien plus question d'érotisme. Le Serdaigle savait en théorie comment les choses allaient ce passer. Avec ce baiser, il était évident qu'il jouerait le rôle de la femme cette nuit. Il appréhendait, se demandait s'il allait avoir mal, s'il allait aimer ça, s'il allait aimer cette douleur qui lui avait tant plu quelques instants plus tôt. Frémissant d'avance, il se lève lorsque Marlowe range sa bourse. Des centaines de questions lui brûlent les lèvres, mais il ne peut bien entendu pas les lui poser dans un tel endroit, en pleine rue.
Il y a cet instant de flottement. Un instant délicieux, en suspends, une attente qui vibre dans l'air et jusque dans son ventre. Marlowe ne s'en rend pas compte, mais son cœur bat vite, trop vite. Il est un animal nerveux, un animal en chasse qui sent le goût du sang, qui sent sa proie et qui est prêt à bondir dessus. Il attend que l'autre se décide – et le poids s'enlève de ses épaules, brusquement, quand il lui demande s'ils vont chez lui.
Un horrible sourire, un terrible sourire, orne les lèvres du MacNair. Il suit patiemment Néron au bar, pour régler les consommations, sans même sourciller devant le prix exigé. Il règle le tout avec le même air décontracté qu'il affiche tout le temps, comme si tout glissait sur son dos à l'image des plumes d'un canard. Il a une image à conserver et il le fait avec minutie. Ses manches râpées, son allure quelque peu négligée, ce sourire dérangeant sous sa tignasse en bataille, tout est calculé. À égalité avec les sorcières qui se pare de fourrure et de diamants pour charmer, il se pare de misère pour mieux se cacher. Le barman ne dit rien, ne commente pas, et il sait que tout ce qui a pu se passer ici ne passera pas cette porte en même temps qu'eux. Certains savent se taire. Savent qu'il vaut mieux se taire, plutôt. Les gallions tintent, il range sa bourse et les deux hommes ressortent du bar sans plus attendre. C'est le Serpentard qui mène évidemment la marche, ils vont chez lui après tout, et son expression nonchalante ne change pas quand il tend son bras à Néron pour qu'il le prenne.
Il le tient fermement et transplane jusque devant son domicile. Une maison qui ne paie pas de mine, au bord d'un cap où la mer est déchaînée. Le temps est encore plus lourd, ici, et les embruns salés remontent jusqu'à eux. Ils ne sont pas si loin que cela de Londres, à la limite possible du transplanage en fait. Le plus loin possible du domaine MacNair, dont il héritera un jour.
Marlowe gravit les marches et ouvre la porte d'un coup de baguette, pénétrant dans le manoir pour ensuite refermer la porte derrière son camarade. Tout est poussiéreux, non entretenu, et une odeur métallique flotte dans l'air, parfum mêlé à celui du bois vermoulu. Quelques chandelles s'allument et chassent les ombres, sans réchauffer le hall néanmoins. Le MacNair se retourne poliment vers Néron. « Puis-je te proposer un dernier verre ? Pour se détendre. » Peut-être peut-on sentir une pointe d'ironie dans son ton, mais il semble néanmoins sincère. La tension qui se dégage du plus jeune des deux sorciers est telle que lui-même peut la sentir, la flairer, les sens aux aguets comme il l'est. Il jette son veston usé sur la patère, restant en chemise, et fait son chemin jusqu'au salon, où les chandelles s'illuminent d'elles-mêmes. Un peu plus rangé, mais à peine. Il se sert un verre de whisky, ainsi qu'un pour le Lestrange, n'ayant pas vraiment écouté sa réponse et ayant décidé qu'il prendrait un verre. Pas qu'il ait quelque chose contre les personnes qui se débattent, ou quoi que ce soit, mais... pas dès le début, voulez-vous.
Ses yeux glissent sur les tatouages exposés sur la chair blanche. Encore cette curiosité qui revient. A-t-il des cicatrices? Des tatouages plus cachés? Des piercings intimes? Toutes ces suppositions enflamment son imagination et il donne le verre d'alcool au jeune homme, sans le regarder dans les yeux. Il regarde ses bras. « En as-tu d'autres? » Il le verra bien lui-même, il se meurt de lui enlever ce vêtement pour admirer tout ce corps, mais la question a passé ses lèvres tout de même.
Le transplanage remue le jeune Serdaigle. Sans trop savoir pourquoi, il supporte ce moyen de transport très mal. Ainsi il sait déjà que le moment venu il ne passera sans doute pas son permis. A quoi bon si c’est pour être malade à chaque fois ou presque ? Autant prendre le réseau de cheminées, le magicobus ou même son balai pour se déplacer. Tenant son ventre nauséeux prenant quelques instants pour reprendre ses esprits il emboita le pas au MacNair. La demeure est impressionnante, bien qu’en ruine. Avec un peu d’entretien, le vieux manoir aux allures de maison hantée pourrait sans doute paraitre presque aussi luxueux que celui des Lestrange. Mais après-tout, peut-on vraiment imaginer Marlowe dans une demeure somptueuse ? Non, même cette bâtisse délabrée et livrée aux quatre vents fait partie intégrante du personnage. Les Macnair sont pourtant fortunés. Sans doute moins que sa famille mais tout de même, ces gens ne sont pas dans le besoin. Marlowe est intriguant. Héritier de la famille et pourtant si nonchalant. Néron pour sa part ne pourrait pas s’imaginer entacher ainsi son nom de famille. Un Lestrange se doit d’exhiber sa fortune, se doit d’être fier pour imposer d’emblée sa condition sociale. Le sang est pur et le tintement des gallions dans les bourses bien remplies les caractérisent en plus de leur physique atypique. L’adolescent d’ailleurs n’échappe pas à la règle. L’allure maladive à cause de la peau pâle et de la faible constitution, les cheveux noirs de jais et des yeux clairs. Il est le portrait craché de son père, en plus efféminé, avec des traits moins épais. « Puis-je te proposer un dernier verre ? Pour se détendre. » Hochant la tête, l’adolescent murmura « Avec plaisir, le transplanage ça me remue toujours un peu. »
Les bougies s’allument au fur et à mesure qu’ils avancent. Retirant sa veste de cuir tout comme son hôte, s’avançant vers un vieux canapé élimé il observe la décoration. Ou plutôt, l’absence de décoration. L’odeur lui rappelle celle de chez l’une de ses grandes tantes, une vieille femme vivant seule en compagnie de chats et d’un elfe de maison tout aussi sénile que sa maîtresse. Une maison qui n’est pas forcément très bien entretenue, c’est plutôt étrange quand l’on considère que Marlowe est encore assez jeune pour se rendre compte de ces choses-là. Pourquoi Marlowe n’as-t-il donc pas un elfe de maison pour les corvées ménagères ?... Toutes les familles de sang-pur ont un serviteur. Il lui en faudra un aussi, lorsqu’il se décidera à quitter le domicile parental pour vivre sa vie d’adulte. Il héritera un jour du grand manoir, mais en attendant… Il faudra bien que quelqu’un fasse le ménage à sa place. Cirer le parquet et récurer les sanitaires n’est pas digne de sa condition de sang-pur. Ni de celle de la femme qu’il épousera, une femme qui sera tout aussi pure que lui. En attendant, le jeune Lestrange ne s’offusquait aucunement de la condition des elfes de maison, se montrant même bien souvent cruel avec celle servant la famille depuis maintenant une vingtaine d’années.
Un sourire maladroit et naïf s’étale sur le visage pâle du jeune homme en guise de remerciement pour le verre. Il peut sentir le regard de l’homme sur son corps encore juvénile. « En as-tu d'autres? » Comprenant que celui qui allait être son amant dans un futur proche parlait de ses tatouages il hocha la tête « Sur les deux bras, des poignets aux épaules. » Le haut de ses tatouages était caché par son tee-shirt. Voyant cela comme une invitation à le retirer, il s’exécuta laissant apparaître sa peau diaphane. Tout en buvant une gorgée de whisky pour tenter de se calmer, il laissa Marlowe l’observer. Plutôt grand et fin, Néron n’était à première vue pas très musclé. Cependant quand on y regardait de plus près, on pouvait discerner une musculature fine. Mieux vaut avoir de la force, surtout lorsque l’on prétend au poste de batteur. « J’ai que ceux-là, pour le moment… Mais je pense en faire d’autres. » En regardant attentivement les motifs ornant la peau pâle de l'aiglon, on pouvait discerner un espace laissé volontairement libre sur son avant bras gauche. Il avait tenu à garder ce morceau de canevas vierge, pour un jour accueillir la marque des ténèbres. C'était son destin, et il savait bien qu'en toute logique il aurait à la porter un jour lui aussi. A coup sur, ce serait un drôle de mélange, la plupart de ses autres tatouages étant très clairement moins sérieux. Surtout ce Koala portant une veste en cuir et buvant une bouteille de Whisky. Il était incapable de se souvenir comment il était bien arrivé là. Sans doute, justement, à cause de l'alcool. La respiration s’accélère. Le cœur bat à tout rompre, menaçant de quitter la poitrine. Pourtant, ce n’est pas la première fois que quelqu’un le voit torse nu. Il s’est déjà dénudé devant d’autres garçons, notamment dans les vestiaires. Mais cette situation n’a rien à voir. Marlowe et lui ne vont pas se déshabiller pour revêtir une tenue de Quidditch, ou pour aller prendre une douche après un entrainement. Et ça, l’aiglon en est conscient. Il sait très bien ce qui l’attend. Ou du moins, il pense le savoir.
L’homosexualité, personne n’en parle chez les Lestrange. C’est un sujet tabou, quelque chose qui n’a pas lieu d’être dans une telle famille ne tolérant pas la moindre déviance. Et pourtant… Tout ce qu’il en connait, ce ne sont que les fameux « on dit ». Il n’a pas la moindre expérience, du haut de ses quinze ans. Du moins, pas avec un homme. Il a déjà gouté aux plaisirs de la chaire avec une femme, en compagnie d’une sublime demie-vélane légèrement plus âgée que lui. Mais… Ce n’est sans doute pas la même chose, lorsque l’on est intime avec un homme. A la vue du comportement de Marlowe, Néron savait qu’il tiendrait sans doute le rôle de la femme ce soir. Une position de soumission peu habituelle pour lui d’ordinaire si fier et arrogant. Ses sentiments étaient partagés. D’un côté nauséeux d’appréhension mais de l’autre curieux de découvrir cette chose pourtant interdite. Jugeant bon de se rapprocher un peu plus du brun, levant ses yeux maquillés de noir vers lui, le Lestrange entreprit de déboutonner les trois premiers boutons de sa chemise, de manière assez lente et hésitante. Prenant une autre gorgée de Whisky tout en glissant doucement ses doigts sur le torse de son homologue, il murmura en rougissant légèrement « Je l’ai jamais fait avec un mec. »
Il valait mieux que Marlowe soit au courant. Coucher avec un puceau c’est peut-être –même sans doute- différent. A la vue de son jeune âge il n’y avait rien d’étonnant à ça. Le fait qu’il ait déjà eu un rapport sexuel à quinze ans était déjà surprenant. Alors s’il avait expérimenté avec un autre garçon ?... La question était ridicule. A cet âge-là, on découvre à peine la vie intime. Pourtant, il avait affirmé être âgé de dix-neuf ans. Être déjà un adulte légalement, quelqu’un sachant presque s’assumer seul sans avoir besoin de ses parents. La vérité, c’est qu’il n’est qu’un gamin un peu perdu, ayant sans doute choisi la mauvaise personne pour faire ses expériences… Contre toute attente, le MacNair l’attirait. N’ayant absolument aucune idée de son type d’homme, Néron s’étonnait lui-même. Jamais il n’aurait pensé se retourner sur quelqu’un comme lui. Sur quelqu’un d’aussi négligé en apparence, se rapprochant plus du Sans domicile fixe que du sang-pur. Mais sous ses airs louches, on pouvait tout de suite voir qu’il dégageait un certain charme bien qu’il ne soit ni beau ni laid, en tout somme plutôt ordinaire. Tout comme Néron, que l’on qualifierait bien volontiers de mignonne plutôt que de beau garçon. Tous les deux n’allaient à première vue pas du tout ensemble. Et pourtant, il semblerait que le hasard soit d’humeur joueuse ce soir-là…