"Rat-Boratoire" Appartement de Jig, Chemin de traverse, 1981
N'allez pas croire que cette profession d'expérimentateur était un poids pour lui, bien au contraire, il prenait un malin plaisir à expérimenter ses plus noirs désirs. Isolé dans les ténèbres et les feuilles de ses livres, Jig s'amusait et s'occupait sans cesse avec de nouvelles découvertes. D'ailleurs, la veille du jour où je vous écris ces mots, notre sorcier avait réussi à concocter un sortilège qu'il avait baptisé pulsacolor. Cette recette faite maison, n'avait pas grande utilité pour le commun des sorciers. Néanmoins, c'est en ensorcelant son phonographe que sa création décupla tout son pouvoir. L'appareil musical était maintenant capable de lancer divers salves de couleur qui baignait la salle dans une mer teintée. Ce véritable raz-de-marée psychotrope se transformait sans cesse selon les notes et changements de mesures que produisait l'appareil musical. Pour pimenter ses journées, Jig s'extasiait et hurlait ses humeurs depuis le parvis de son laboratoire. Dernièrement, il avait la fâcheuse tendance à insulter ses congénères, « CONS-DÉGÉNÉRÉS !». Il faut croire que la boutique de Barjow et Beurk attirait d'avantage les premières années de Poudlard que le trou sombre de Jig. Désolé, chers lecteurs et lectrices, vous n'aurez pas le plaisir d'assister à un tel spectacle aujourd'hui, pour le plus grand plaisir des voisins du chemin de traverse. Car aujourd'hui, c'est au sous-sol que Jig est enterré. A l'abris des regards, et des passants, Jig prépare sa salle. Cette pièce ne vient pas dénaturer le charisme transcendantal de sa voisine du dessus. On retrouve le barda habituel de Jig : Livres, cendres et poussière pullulent sur le sol de pavés de la grande cave. L'endroit vient toutefois dénoté avec le rez de chaussée sur certains objets peu conventionnels qui habitent le lieu. Des queues de trolls était pendus au plafond, provoquant une odeur nauséabonde. Peut-être que Jig les avait parsemées ici dans le but d'éloigner de possibles malfrats qui viendraient lui voler ses échantillons de sang de licorne posaient dans le coin de sa caverne. On retrouve également l'ouvrage d'Emerett Picardy marquait par de nombreux marques-pages, ainsi que d'autres livres à propos de créatures sauvage, cosmos et autres savoirs scientifiques. C'était certain, Jig préparait quelque chose ici. Faisant les cents pas autour de la table qui était au centre de la piaule, Jig ruminait sans cesse, des vises et écrous gravitaient en lévitation autour de sa tête, tel un astre sombre, la paille capillaire éparpillait sur son crâne s'agitait pour faire tournoyer ses différents éléments qui nageaient dans les airs. La table au centre de ce sous-sol avait une forme rectangulaire et était sombre. Fait d'un alliage de bois et de fer elle semblait ressemblait à une de ces tables que les moldus utilisent dans les hôpitaux pour tenter de soigner leurs semblables. On notera tout de même une différence : l'instrument de travail de Jig était doté de quatre sangles disposées dans ses coins. Quelques urnes et réceptacles entouraient l'étrange meuble central, disposaient aux côtés d'une mallette fraichement achetée dans une des boutiques de l'allée des embrumes. L'allure décidée, Jig s'avança vers cette dernière avec le sourire au coin des lèvres. Il rangea sa baguette dans sa poche intérieur de sa blouse salie puis ouvrit à l'ancienne cette valise mystérieuse. Avec son regard braqué vers les profondeurs de l'objet, Jig eut un petit rire qui accéléra la rotation des morceaux de métal qui tournaient toujours autour de lui. Les instruments était classés par tailles, allant de la simple tige jusqu'à la fine scie aiguisée en argent. Il contempla sans un mot l'intérieur de la mallette qui semblait bien plus profonde par rapport à l'extérieur peu épaisse qu'elle dégageait. Tout était presque prêt, pour la future expérience qui attendait Jig. Il ne manquait plus que le clou du spectacle, le premier rôle de l'opéra qui aurait lieu dans quelques jours : la personne qui s'allongera sur la table pour nous livrait tous ses secrets. Contemplant son chef-d'oeuvre inachevé, Jig roula une cigarette en un claquement de doigt et pris une grande respiration de son calumet personnel. Il ferma les yeux, et quitta la pièce en rêvant de son succès à venir. La mallette se ferma derrière lui, les vis et écrous tombèrent sur le sol pendant qu'il montait les escaliers pour retourner à l'étage.
***
Il se réveilla difficilement... Il prit soin de rabattre sa tignasse blonde avec un jet d'eau afin d'être d'avantage présentable. Le teint pâle et les cernes violettes marquaient les effets secondaires de sa potion personnelle. Il avait certes réussi à flotter paisiblement quelques heures la veille, il souffrait maintenant de terribles maux de tête et sa fatigue l'avait cloué au lit toute la journée. Il savait que ce rendez-vous était crucial pour la suite de l'expérience, mais il était faible et exténué. Il goba rapidement des œufs brouillés avec un verre de whisky pur feu, puis s'habilla avec sa tenue d'enterrement. Il devait passer inaperçu aujourd'hui, son visage blafard n'allait pas l'aider, c'est pour cela que cette longue veste carrée sans vie aller être son camouflage. A l'abris des regards connus, le rendez-vous avait été fixé dans l'Auberge Ensorcelante de Bannockburn. Exilés en Ecosse Jig et son complice seraient sûrs de ne pas croisés un quelconques membres du ministères ou un journaliste un peu trop curieux. « Morgan… t'as intérêt à assurer mon gaillard, j'ai vraiment pas l'humeur à perdre mon temps. » C'est ce que grommela Jig en sortant un morceau de papier sur lequel était noté le nom du chasseur de loup-garou. Ce jeunot intriguait beaucoup Jig, les informations qu'étaient remontées jusqu'à ses oreilles semblaient de bonne augure, il en restait pas moins perplexe. Il avait en plus l'impression de faire un bond de dix années en arrière, quand il se préparait à affronter les jeunes écervelés de Poudlard dans une salle de classe. Leur première entrevu avait été rapide : ce fut quelques phrases et regards échangés la veille de la terreur au marché de Pré au Lard. Morgan lui avait laissé une impression correcte, c'est d'ailleurs pour cela que Jig lui avait envoyé un hibou pour la rencontre. Mais il n'était plus si sûr, les impressions du moment s'évaporent rapidement, et les jugements peuvent être faussés, Jig le savait très bien. Il laissa au fond de son laboratoire ses dernières angoisses. Il prit quelques notes, et du tabac et transplana. Les pierres brumeuses, le ciel gris et l'odeur pestilentiel des moldus ne trompaient pas, Jig était bien à Bannockburn. La devanture de la bâtisse qui se tenait fièrement devant Jig était encombrée de divers sacs de voyages empilaient sur plusieurs mètres de hauteur, Jig la reconnue au premier coup d'oeil, l'auberge ensorcelante l'attendait les bras ouverts. « Merde, j'suis en retard»
Morgan tournait et retournait le petit bout de parchemin entre ses doigts. Il n’était toujours pas sûr que c’était la bonne chose à faire. Aller à ce rendez-vous avec un mangemort, après le massacre de Pré-au-Lard, durant lequel il avait laissé libre court à ses pulsions, sans raisons apparentes et pour quoi ? Boire un thé ? L’homme, Jig Fawks, avait un service à lui demander. Génial. Morgan finit de vider sa flasque de whisky lentement, le liquide puissant brûlant à peine sa gorge, de plus en plus habituée… Et en plus, il risquait de s’y rendre légèrement éméché. Ce type allait le détester… Mais est-ce qu’il avait envie de se faire bien voir ? Est-ce qu’il avait envie de se faire voir seulement ? Morgan soupira et rangea la flasque dans la poche intérieure de sa veste. Pourquoi se posait-il encore ces questions alors qu’il était déjà dans la rue, loin de son appartement et prêt à transplaner ? Après l’épouvante de Pré-au-Lard, les gens de leur espèce avaient tout intérêt à se faire oublier. Lui le premier. Evidemment, personne ne l’avait vu, ou du moins identifié. Et Morgan ne risquait pas de regretter d’avoir mutilé et torturé cette fille. Au contraire, savoir qu’il avait agi comme un monstre, qu’il méritait le mal qui lui arrivait, n’était qu’une petite piqure plutôt délectable. En revanche il n’avait aucun intérêt à se faire attraper. Ce Jig Fawks non plus. Voilà pourquoi, probablement, il lui avait donné rendez-vous dans une auberge d’Ecosse. A Bannockburn, plus précisément. Morgan venait de transplaner juste devant et se courba aussitôt. L’alcool qui se trouvait dans son estomac le lui retourna après le petit voyage subi. Vraiment malin, il n’avait plus qu’à vomir sur les chaussures de son compagnon.
Finalement, il pénétra dans l’auberge, rajusta la capuche de son hoodie noir sur sa tête et fit profil bas jusqu’à la réception. Là, il prononça simplement le nom de Fawks, sans même regarder qui l’accueillait et fut surpris d’entendre « Vous êtes le premier. Quelle ambiance désirez-vous pour patienter ? » Morgan cligna des yeux quelques secondes – quel était cet endroit ? – avant de répondre, toujours sans relever la tête « Quelque chose de propre, d’ordonné. Est-ce que… Faites… Des rayonnages. Rangés. » C’était la première chose à laquelle il avait pensé, alors que sa tête et sa vue n’étaient plus les êtres les plus dignes de confiance. Au moins, assis dans un espace parfaitement ordonné, il aurait les idées claires, il pourrait se concentrer sur des petits détails, il aurait même de quoi compter, s’occuper, si son compagnon était inintéressant. « Allez Morgan, tu peux faire ça, » s’intima-t-il quand la porte derrière lui se referma. La femme, puisque c’en était une, l’avait introduit dans cette petite pièce au centre de laquelle trônait deux fauteuils en cuir noir qui se répondaient de la plus symétrique des façon, de part et d’autre d’une table carrée sur laquelle étaient alignés deux verres. Autour, des étagères, des livres, des bocaux de toutes sortes, des instruments métalliques, tous alignés bien sagement. Morgan n’était même pas sûr d’en connaître la moitié… Il aurait de quoi se distraire, définitivement. Il s’assit donc dans un des fauteuils, s’emparant du verre déraisonnablement, et, comme l’aubergiste le lui avait dit, il n’eut qu’à imaginer l’hydromel dans son verre pour que ce dernier ne se remplisse. La porte s’ouvrit plus tard, Morgan faisait tourner son verre entre ses doigts, sa capuche désormais baissée. Il ne prit même pas la peine de lever les yeux vers le nouveau venu, occupé à fixer le liquide sombre dans ses mains. « Il y a quatre cent cinquante-quatre livres, cent quarante-sept bocaux, et cent soixante-douze objets divers et variés qu’on peut classer en cinq catégories sur ces étagères. Et si je le sais, c’est parce que vous êtes en retard, Jig Fawks, » lâcha simplement le garçon. « Est-ce que j’aurai le temps de vous détailler tout ça avant que vous m’expliquiez pourquoi vous avez requis ma présence ? » Demanda-t-il ensuite, et il leva la tête avec un petit sourire nonchalant qui avait quelque chose d’insolent. Puis il se ravisa, se refermant. Il n’était pas sûr d’avoir envie de pourrir l’ambiance vu l’air du nouveau venu. Surtout s’ils devaient rester ici pour un moment. « Un verre ? »
Dernière édition par Morgan B. Marlowe le Mar 1 Sep - 21:47, édité 9 fois
À peine Jig eut franchi le seul de l'entrée qu'un elfe de maison lui tirait déjà sa jambe. « Quest-ce qu'il y a ?! » Aboya-t-il sur la créature sale en la faisant reculer d'un spasme de jambe. « Maître.. », « Je n'ai aucune envie d'être ton maître, et ton phrasé m'intéresse guère, dis-moi juste où m'attend mon camarade ! » « Premier étage, salle des centaures, monsieur... » Les derniers mots de l'elfe sortaient de sa bouche et Jig était maintenant au bout du couloir pour grimper les escaliers. Les ronflements énergiques de la montre qui dormait dans la poche du manteau en cuir de Jig présageaient que le retard se faisait sentir. Jig manqua de trébucher sur un tapis persan, il jura à ce dernier de le transformer en pagne de troll s'il venait encore se mettre sur sa route. Il accélérait le pas et dévisageait les étiquettes qui surplombées les portes des salles venant emprisonner de part et d'autre l'immense couloir de l'étage. Jig se fichait bien que son acolyte de soirée patiente longtemps avant son arrivée, ce qu'il craignait d'avantage c'était bien qu'il décide de s'en aller avant qu'il ait pu le rencontrer. Ce qui aurait complètement annihilé le plan que prépare Jig depuis de nombreuses semaines. Un membre de l'unité de capture de loup-garou est rare. Qui plus est, il fait partie du clan des mangemort, ce qui, d'ordinaire, serait peu envisageable. Si la destinée de Jig était que cette expérience soit un échec, ainsi soit-il ! Dans ses mots, on pourrait tout de même dire que cela ferait bien chier ! Trêve de divagation, après ce long carnaval de tapis et de portes, Jig était arrivé en face de la salle des centaures. Il poussa machinalement la porte. Comme prédit par la montre, l'autre mangemort avait fait preuve de plus de ponctualité. Assis un peu plus loin, le jeune sorcier semblait s'amuser avec son verre et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'avait pas l'air de s'intéresser à Jig qui venait de pénétrer dans la pièce. Jig ne fit pas attention très longtemps à la gestuelle infantile de son semblable, il préféra se diriger rapidement vers le fauteuil qui l'attendait pour ne pas perdre d'avantage de temps. « Il y a quatre cent cinquante-quatre livres, cent quarante-sept bocaux, et cent soixante-douze objets divers et variés qu’on peut classer en cinq catégories sur ces étagères. Et si je le sais, c’est parce que vous êtes en retard, Jig Fawks. » lacha simplement le garçon .« Est-ce que j’aurai le temps de vous détailler tout ça avant que vous m’expliquiez pourquoi vous avez requis ma présence ? » Déjà que l'arrivée de Jig fut pimentée par l'entrevu d'une de ces créatures esclaves ignobles, et qu'ensuite ces satanés tapis folkloriques avait essayé de l'assassiner, cette phrase crétine prononcée par ce vil et ignorant sorcier fut la goutte d'eau qui fit déborder le chaudron en ébullition ! « Je vous félicite mon garçon ! Vous qui avez fait le choix, de votre plein gré, de monter une telle immondice décorative, vous avez su combler votre ennui en comptant des cadavres littéraires qui séjournent sur les étagères ! BRAVO ! » C'est bien ce sourire narquois que lâcha Margan qui calma l'ardeur de Jig. Ce bambin n'était pas plus impatient que Jig était à l'heure, il voulait juste agacer son aîné ! Jig soupira de mépris, il posa dans un coin de la pièce son manteau et siégea sur son trône de cuir. « Un verre ? » « Non merci, j'ai eu le temps de siroter un whisky pur feu avant mon départ » lui lança Jig à titre de revanche. Cette salle caméléon intriguait suffisamment Jig pour qu'il ne daigne dire un mot sur ce qu'il préparait. Peut-être que derrière cette peau recyclée et variable qui recouvrait les murs se cachaient des oreilles curieuses et des globes oculaires vicieux. Cette possibilité ne plaisait pas énormément à Jig. Ce qui le convainquit après un long silence de sa part, de se lever brusquement. Il ne prêtait plus à attention à Morgan, qui devait toujours être là à attendre. Jig déambula autour des sièges en marmonnant divers formules tout en faisant des gestes d'incantation avec son bras armé de la baguette. Quand il eut fini sa danse burlesque, il se rassit sur son siège, fier de sa chorégraphie. « Au moins, on est vraiment incognito maintenant ! Si des fouineurs peuvent observer et écouter aux travers de ses murs, il ne verront que deux sorciers parler de chairs féminines en buvant d'innombrable verres de Scotch pur feu !» Maintenant que le trompe-oeil était en place, Jig sortit ses parchemins et attaqua la conversation. « Morgan, si je vous ai contacté pour que l'on se voit aujourd'hui, c'est parce que j'aimerais faire des expériences dans mon laboratoire sur un loup-garou. Il semble que dans les mœurs actuelles, les cobayes humains soient encore peu acceptés, j'ai donc besoin de votre aide ! » Tout en englobant son interlocuteur dans ses phrases, Jig l'observait attentivement, il voulait s'assurer que le jeune mangemort allait le suivre, et qu'il n'allait pas être un fardeau à porter. « Se procurer un loup-garou vivant, c'est dans vos cordes ? » « Comment envisagez vous d'amener le loup-garou dans mon appartement ? » « Pour la suite des opérations et le déroulement des expériences , je préférerai que l'on voit en temps voulu. » Dans l'agitation de la conversation, Jig saisit finalement le verre qui trainait sur la table. Il se transforma en une grande peinte de bière au beurre au premier coup d'oeil du sorcier. « Dites-moi Morgan, vous pensez qu'il est possible de confectionner une baguette avec du poil de loup-garou ? ».
Le nouveau venu s’assit immédiatement en face de Morgan, guère démonté par sa petite approche suffisante, et le jeune mangemort s’en arracha à son verre brutalement. L’homme qui lui faisait désormais face n’était plus tout jeune, pour ne pas dire antique, mais il émanait de lui une aura qui captiva immédiatement l’ancien Serdaigle. Ce type n’avait pas l’air net, génialement pas l’air net. Il représentait un peu le genre de personnes pour lesquelles Morgan pouvait se fasciner des heures. Le fait qu’il se moque à moitié de lui avec une grandiloquence non retenue ne le rebuta d’ailleurs pas le moins du monde. Au contraire, la perspective de passer un moment avec cet être capable de lui renvoyer la balle avec autant de courtoisie le réjouit presque. « Non merci, j'ai eu le temps de siroter un whisky pur feu avant mon départ » Bon… Peut-être que ça, c’était moins réjouissant. Parce que ça lui rappelait que sa flasque était vide. Mais cette pensée funeste fut, heureusement, vite occultée par une nouvelle bizarrerie de son compagnon. Morgan dut même siffler son verre (pour la forme, mais oui, mais oui) en le voyant se lever d’un bond pour s’agiter tout autour de la pièce. Il avait peut-être fait une bêtise en choisissant pareil décor ? L’homme était déjà devenu fou, pensa même le garçon, jusqu’à ce qu’il identifie quelques marmonnements comme des sorts de camouflage ou d’insonorisation. Ah, certes. « Au moins, on est vraiment incognito maintenant ! Si des fouineurs peuvent observer et écouter aux travers de ses murs, il ne verront que deux sorciers parler de chairs féminines en buvant d'innombrable verres de Scotch pur feu !» Certes-bis. « Pas contre les innombrables verres de Scotch, » répondit simplement Morgan dans un souffle désincarné, le regard fixé sur Fawks comme s’il voulait le déshabiller. Enfin, non, surtout pas. Vraiment pas même. Mais d’un point de vue scientifique et… Bref, Morgan repensa très fort à son verre pour le remplir de nouveau, quitte à se brouiller les idées pour de bon.
Il jeta un coup d’œil aux parchemins que venait de sortir l’autre mangemort mais comme les explications les accompagnaient et qu’il avait désormais besoin de se concentrer à cause de la quantité non négligeable d’alcool qui circulait à présent dans ses veines et autour de son cerveau, il se pencha plutôt vers Fawks et ce qu’il entendit ne le déçut pas le moins du monde. « Morgan, si je vous ai contacté pour que l'on se voit aujourd'hui, c'est parce que j'aimerais faire des expériences dans mon laboratoire sur un loup-garou. Il semble que dans les mœurs actuelles, les cobayes humains soient encore peu acceptés, j'ai donc besoin de votre aide ! » Non, en fait, c’était un euphémisme que de dire que Morgan n’était pas déçu du voyage. Jig Fawks venait de lui offrir son cadeau de noël en avance et pour les dix ans à venir. Et encore ! Expérimenter sur un être humain ! Le retranchement ultime des petites analyses quotidiennes et inlassables de Morgan. Et sur un monstre qui ne méritait rien de moins que d’être éviscéré sur une table en inox avec un truc un peu pointu et rouillé s’il négociait bien. « J’en suis ! C’est oui ! » Répondit-il à demi-conscient de parler, tant ses yeux brillaient et son imaginaire galopait déjà à deux milles à l’heure. En fait, si Morgan était du genre expressif physiquement, il aurait été en train de danser sur la table. Il dut toutefois contenir son extase naissante pour répondre à la foule de question qui suivirent, toutes plus sérieuses les unes que les autres. Morgan remerciait à présent Fawks pour ses sortilèges multiples. « Je préfère nettement les voir mort mais en trouver un vivant à disséquer ensuite est largement dans mes moyens. Je régule souvent les retours de traque. Si nous faisons cela au petit matin, j’aurais pu le neutraliser et l’emmener dans une des cages du ministère. Avec un sort de désillusion et attaché à un balai… C’est comme ça qu’on les soustrait aux moldus quand on n’a pas de véhicules magiques alloués par le département ! » S’emporta le jeune homme avec de grands mouvements de mains, oubliant momentanément sa boisson. L’idée le réjouissait un peu plus à chaque seconde. Ses perspectives… Tout ! « Pour la suite des opérations et le déroulement des expériences, je préférerai que l'on voit en temps voulu. » Morgan acquiesça avec virulence. « La prochaine pleine lune a lieu à la fin de cette semaine et mon chef doit se rendre chez un particulier pour capturer un loup, c’est moi qui vais réguler son retour et disposer du malheureux ! Je peux le soustraire à leurs yeux en accablant mon partenaire qui n’est qu’un arriéré inculte et benêt ! » Reprit-il avec frénésie. Il en avait presque l’eau à la bouche, lui qui passait parfois pour un dingue, lorsqu’en crise il pouvait se montrer féroce et cruel à souhait. Puis Fawks posa une question qui lui certifia une bonne fois pour toute ; aussi étrange que pouvait être cet homme, d’une manière ou d’une autre ils allaient s’entendre. « Dites-moi Morgan, vous pensez qu'il est possible de confectionner une baguette avec du poil de loup-garou ? » Les yeux de l’ancien Serdaigle étincelèrent. « Elle risque d’être une source d’ennuis infinis et du pire caractère mais ça vaut toujours le coup de l’écorcher pour récupérer quelques touffes ! » A présent, le garçon visionnait très bien le corps allongé sur la table d’opération qu’il imaginait, soumis à un tas d’expériences toutes plus désagréables les unes que les autres. « Est-ce que vous êtes intéressé pour cette pleine lune ou devrons-nous attendre le mois prochain ? »
« Elle risque d’être une source d’ennuis infinis et du pire caractère mais ça vaut toujours le coup de l’écorcher pour récupérer quelques touffes ! » Jig ne s'attendait pas à autant d'émoi suite à une telle proposition. Il ne pouvait dissimuler son enthousiasme à la vue de tant d'intérêt pour son projet scientifique. La conversation s'accélérait et déjà Jig se baladait dans les coulisses de son esprit. Il voyait sur sa table, le loup-garou se débattre, tirant de toutes ses forces maladives sur les sangles pendant que des échantillons de peau et de sang lui seraient prélevés. L'expérience se transformait en un spectacle macabre sous le regard de Jig qui était prêt à mordre l'homme mi-animal pour tester ses capacités de résistance. L'idéal dans une pareille situation serait bien que le loup-garou soit un de ses sangs de bourbe ! Il pourrait alors faire des clichés de ses expériences pour l'envoyer à sa famille moldu ! Avec un ton jovial et pragmatique il dirait : « Madame, je vous envoie une photo de votre fils, ou de votre fille, comme vous le voyez, il ou elle se porte à merveille, son poil est reluisant et ses réflexes affirment leur fonctionnement ». Ou encore avec plus d'autorité « Monsieur, je vous contacte car j'ai observé que votre fils manifeste un grand relâchement ses derniers jours ! ». Ces nombreuses idées ne faisaient qu'attiser l'agitation qui se mélangeait à l'ivresse du sorcier. Jig peinait beaucoup à maintenir dans son corps cette violente frénésie qui le possédait d'avantage, il ne voulait pas perdre la face devant son invité, pas maintenant. Il s'efforçait d'écouter avec le plus d'attention possible, sans montrer ce tumulte qui vivait sous son crâne. « Est-ce que vous êtes intéressé pour cette pleine lune ou devrons-nous attendre le mois prochain ? » Jig ne s'attendait pas à ce que les opérations s'enclenchent avec une telle rapidité, mais de toute évidence il ne pouvait qu'approuver une telle suggestion « C'est une question réthorique ? Evidemment ! Cette pleine lune serait parfaite ! J'ai hâte que nous puissions manipuler notre... » L'exclamation de joie de Jig fut interrompu par un verre, qui était à ce moment rempli d'un étrange mélange violet alcoolisé, se projetant sur le parquet de la salle. Le bougre avec ses mouvements décuplés fit voltiger sur plusieurs mètres le réceptacle qu'il avait posé quelques secondes plus tôt sur l'accoudoir du siège. « Hum… Une des bestioles du rez-de-chaussé ramassera ça quand nous partirons… Cette pleine lune me va à ravir mon garçon ! »
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Ce jeune mangemort avait réussi convaincre Jig, même si ce dernier ne cessait de le dévisageait, il semblerait que Morgan ne serait pas un des membres de la secte des exécrables cossards. Quelques zones d'ombres titillaient tout même Jig. Dans ces quelques instants d'absences où son esprit contemplait son succès future et la prochaine torture, Morgan avait mentionné un éventuel client et un collègue du ministère qui seraient dupés. Jig bien qu'à demi conscient à ces instants ne put passer à côté de ses propositions risquées qu'avait suggérées le jeune insouciant. Jig reprit rapidement ses allures froides et statiques qu'il occupait jadis lorsque ses élèves s'adressaient à lui. Il devait briser le doute et savoir précisément ce qu'il allait se passer, bien qu'il était assurément de nature improvisateur il ne voulait pas prendre de risque tant que le lycanthrope n'était pas scellé dans son laboratoire. « Morgan, j'espère que vous savez ce que vous faites, je m'en fiche que vos mains se salissent dans le cambouis du ministère ou que votre clientèle se fasse mépriser. Par contre, il est évident que si mon nom se retrouve sur un des rapports de ses fouineurs ministériels et que vous me trahissez sous quelque forme, j'annihilerai tout ce que vous chérissez le plus jusqu'à ce que vous me suppliciez de vous achever. » Un jingle ringard aurait pu rendre cette réplique hilarante et la foule poufferait de rire. Seulement, Jig ne clignait pas des yeux, il était froid est sa jovialité qu'il avait quelques minutes auparavant s'était évaporée. Il n'était pas question qu'un puéril capotage de Morgan entraîne Jig. D'autant plus que le Big Brother politique avait décuplé ses tentacules depuis les attaques de Pré au Lard pour surveiller ce genres d'agissements peu orthodoxes. Quand l'ambiance s'apaisa, Jig eut un sourire, il contemplait la pièce, avec dédain, tout était si propre et si rangé qu'il en eut un frisson dans le dos qui le fit hennir comme un cheval enrhumé. Il regarda le garçon, on pouvait distinguer une once d'admiration pour ce jeune sorcier, sa détermination avait réussi à conquérir le vieux Jig.