Bientôt la lune serait pleine, dans deux jours précisément. Merylin le ressentait au plus profond d’elle, dans ses tripes, sa chaire et ses os…Elle tentait d’éclipser cette réalité trop présente en se noyant sous le travail. Elle s’occupait bien sûre des petits malades mais pour occuper son temps libre au lieu de rester à leur chevet et discuter comme elle avait l’habitude de la faire, elle le passait dans son bureau à travailler sur des cercles de transmutations. L’alchimie quel art fascinant et prenant, elle faisait partie de la petite centaine de sorciers qui s’intéressait encore à cet art délaissé il y a de cela des siècles pour manque de résultats… Merylin pourtant croyait en l’alchimie mais elle avait trop peur de s’en servir, trop instable et dangereux. La magie alchimique était fondée sur un principe d’échange différent de la magie qui passait par une baguette. La baguette puise dans l’énergie du sorcier, trop de puissance dans le sortilège peut fatiguer le sorcier, le faire s’évanouir au pire. L’alchimie, elle, ne s’utilisait pas à l’aide d’une baguette, mais à l’aide de cercles magiques qui pouvaient se comparer à une magie plus ancienne, celle des runes. Le principe d’échange était bien plus violent et dangereux pour l’alchimie, car qui voulait beaucoup devait donner beaucoup en échange et s’il n’avait rien d’autre que son corps à offrir…C’est pour cela que l’utilisation des cercles de transmutations avait formellement interdit à la fin du XVII siècle. Quiconque se servait de cette magie passait la fin de sa vie à Azkaban pour sûre et les livres d’alchimie ne se vendaient plus et avaient été enlevés depuis longtemps des bibliothèques. Pourtant il y en avait tant dans celle du manoir Flamel que parfois Merylin en empruntait pour s’occuper. Et là elle en avait tout particulièrement besoin. Ses lunettes sur le bout de son nez, elle lisait distraitement.
Concrètement, elle venait de passer sa journée dans l’infirmerie sans sortir une seule fois. Elle ne s’était même pas rendue dans la grande salle pour le petit-déjeuner et le déjeuner. Elle n’avait pas faim et elle ne voulait voir personnes pour l’instant. Par bonheur le dernier patient qu’elle avait était parti ce matin. Elle lui avait dit au revoir avec un grand beau et faux sourire lui souhaitant une bonne journée. Le jeune homme l’avait remercié et était parti le cœur léger. Les élèves aimaient bien Merylin, elle arrivait bien à remplir son rôle de garde malade, mieux qu’elle ne le pensait en tout cas. Elle savait détecter les élèves qui faisaient semblant et les dissuadait assez facilement de recommencer à faire la comédie et les autres elle prenait aussi bien soin d’eux que les patients qu’elle avait eu lors de son internat à Sainte Mangouste. Ses soins qu’elle leur prodiguait ne lui apporterait pas la gloire ni le succès mais tout ce qu’elle voulait au fond c’était de pouvoir les soulager de leur douleur et de simplement rendre service aux gens, leur éviter des souffrances inutiles. Il devait être à peu près cinq heures de l’après-midi quand la jeune femme leva la tête de ses bouquins poussiéreux. Elle laissa ses livres d’alchimie et ses parchemins grands ouverts pour se diriger vers sa salle d’eau. Elle but un peu d’eau de l’évier et soupira en apercevant ses mains…Ses ongles avaient repoussés, encore. Elle les avait coupé ce matin, avec un soupir elle se saisit de sa lime à ongle et retourna dans ce qui lui servait de chambre et de bureau se trouvant au bout de l’infirmerie. Il y avait aussi tous les médicaments et potions de soins dans une grande armoire de verre. Elle s’assit son fauteuil et commença à se limer les ongles. Autour d’elle régnait un tel chaos que même Merlin n’y retrouverait pas son propre chapeau pointu. À part Merylin personne ne pouvait s’y retrouver, au moins, comme elle le disait, elle était sûre que personnes ne pourrait la cambrioler. Une fois finit elle s’approcha de sa table ou trônait son repas de midi que lui avait apporté un elfe de maison reprenant celui qu’il avait laissé au petit-déjeuner. Elle se força à manger un bout de pain et ressentit au moment même la faim qui grondait dans son estomac vide. Rapidement elle termina son déjeuner et retourna à ses livres, s’assurant auparavant qu’aucun élève n’avait demandé à la voir.
Plongée dans sa lecture elle ne vit pas l’heure passer et elle qui voulait pourtant se présenter au dîner pour ne pas que sa disparition attire l’attention oublia complètement. Quand elle s’en rendit compte elle jura pour elle. Il était huit heures et demi du soir quand elle entendit des pas dans le couloir, le repas avait commencé depuis déjà trente minutes, était-ce un élève malade qui venait la voir ? Elle tendit l’oreille. Visiblement la personne était seule, elle n’étendait qu’un seul bruit de pas et elle ne parlait pas. Ne pouvent compter sur son ouïe elle décida de se servir de son odorat, elle ferma la yeux et huma l’air. Elle ne saisit la fragrance ce mystérieux promeneur qu’au moment ou elle franchit la porte de l’infirmerie. Delilah Rosebury officiellement professeur de soins aux créatures magiques et collègue, officieusement une amie depuis peu. Un peu affolée, elle observa son reflet dans un petit miroir rond…Ce n’était pas beau à voir, des jolies cernes violacées sous ses yeux et ses pupilles plus dilatées que la norme, pas encore trop non plus pour que cela soit remarquable au premier regard mais plus l’heure avancerait plus lune serait haute. Elle arrangea ses cheveux et ses vêtements. En dessous de sa blouse aujourd’hui elle portait un short en vichy, un collant noir en laine en dessous, des bottes beige et une chemise blanche avec des bretelles qu’elle n’avait pas eu le temps de remettre. Elle sortit de son bureau l’air distrait faisant mine de ranger un livre au fond de l’infirmerie. Elle aperçu Delilah à quelques lits d’elle et pris un air faussement surprise. Merylin était plutôt bonne comédienne, avec le temps…
« Oh Delilah ! Quel bon vent t’amènes ? Quelque chose ne va pas ? » Elle observait sa collègue d’un regard à la fois interrogateur et concerné.
La vie allait bon train au château. Il y avait toujours quelques incidents qui pouvaient jeter des ombres au tableau, mais rien n'est jamais tout noir ou tout blanc. Je donnais mes cours et je devais avouer que même mes classes spéciales non obligatoires avaient la cote. J'avais donné, quelques jours plus tôt, une classe ouverte à toutes les années, sur les licornes. Je ne croyais pas qu'il y aurait foule à cette classe, mais contrairement à ce que j'avais pensé, j'avais eu une dizaine d'élèves devant moi, prêts à écouter, à apprendre et à participer activement. Il fallait dire que le sujet était plutôt attirant. Les licornes étaient plutôt rares, préférant restées loin du bruit et de toute agitation. Je m'identifiais à ces créatures, d'une certaine façon. Je préférais le calme de l'extérieur du château que le bruit qui y régnait, j'étais de nature calme a la base, j'aimais la simplicité, l'air frais, vous voyez le genre. Bon je ne suis pas une sauvageonne préférant rester seule tout le temps non plus. J'apprécie la présence de mes élèves et de mes collègues. J'aimais passer du temps avec eux, prendre une bieraubeurre aux Trois Balais, discuter en salle des profs. Je suis une adulte normale qui a besoin d'un peu de paix de temps à autre.
Ce jour-là, je n'avais pas de cours à donner et j'avais passé la première partie de la journée à corriger des copies de parchemin sur les niffleurs. Faire de la correction était plutôt répétitif et ennuyeux. J'essayais donc toujours de tout faire d'un coup, histoire de ne pas étirer la souffrance plus qu'il ne le fallait. Pour ensuite pouvoir vaquer à d'autres occupations que la correction. J'étais donc allée à la grande salle pour manger mon repas du soir. C'est là que j'ai remarqué quelque chose d'étrange. En général, je passais mes repas à papoter avec notre infirmière, Merylin. Elle n'était pas passée de la journée à aucun des repas de la journée. Avait-elle seulement mangé quelque chose de toute la journée. J'imaginais que l'un de ses patients devait avoir besoin de tout son temps pour lui permettre de guérir. J'imaginais le pire, mais je n'avais entendu parler de rien. Généralement, quand un élève était blessé, assez souvent en cours de défense contre les forces du mal, grâce à ma chère Fox, ou bien durant des match de quidditch. Aucun match n'avait eu lieu et les enseignants de l'école se passaient le mot pour savoir qui était blessé, si blessé il y avait.
Je me suis donc dit que, pour être une âme charitable avec une femme que j'appréciais beaucoup, j'allais aller vérifier par moi-même comment elle allait. Il fallait dire que si elle n'avait pas mangé de la journée, je présumais que me voir arriver avec un petit encas lui ferait le plus grand bien. Je me suis donc rendue aux cuisines pour y ramasser quelques sandwichs, deux gourdes de jus de citrouille et quelques victuailles de plus pour bien apprécier un petit pique-nique improvisé de fin de journée. Les elfes de maison mirent ces multiples encas et bien plus dans un panier des plus mignons, je ne comprenais pas d'où il le sortait d'ailleurs. Bref, je suis partie avec mon petit chargement digne d'une partie de campagne du 18e siècle pour me rendre au deuxième étage, à l'infirmerie. Je me marchais tranquillement, les couloirs étant vides d'élèves et de professeurs qui avaient tous terminé leur journée. Ce calme me fit n certain bien, ça e changeait des couloirs bondés d'élèves. Cette frénésie faisait du bien et me motivait, voir ces jeunes désirant en apprendre plus me donnait des ailes. Par contre, à la fin de la journée, se retrouver entre adulte faisait du bien.
Je suis finalement rentrée dans l'infirmerie d'un pas joyeux et tout sourire. J'avais hâte de voir la jeune femme et de lui apporter un petit quelque chose à manger. Voyant la salle des lits vide, je me suis dit que la brunette devait être dans son bureau, ce qu'elle même me confirma en en sortant quelque secondes plus tard. Je vis son regard curieux sur moi alors qu'elle me demandait quel bon vent m'emmenait. J'ai lâché un petit gloussement amusé avant de prendre la parole, voulant la rassurer joyeusement.
« Oh tout va bien t'en fais pas. Ce serait plutôt à toi que je devrais demander ça. Je ne t'ai pas vu dans la grande salle de toute la journée alors je nous ai apporté un petit encas, si ton estomac en sent le besoin bien sûr. »
J'ai exhibé mon panier joyeusement en sourcillant avec amusement. J'ai regardé à l'intérieur avant de relever la tête vers mon amie. Si elle n'en voulait pas, j'avais pour projet de manger quelques-uns de ces sandwichs.
« Au menu, on a des sandwichs, du jus de citrouille et quelques grignotines. T'es intéressé ? Tu me raconteras ta journée en même temps. J'ai présumé que tu n'avais pas mangé. »
J'ai regardé la jolie brune, souriant joyeusement, en attendant de voir si je m'étais trompée ou non. Et puis, si je m'étais trompée, j'allais manger en papotant avec elle dans l'infirmerie.
Delilah était pourtant à quelques mètres d'elle mais Merylin pouvait sentir son parfum et celui des aliments qui se trouvaient dans son panier. Elle devait penser que l'infirmière n'avait pas mangé un bout de la journée, son attention avant même qu'elle n'en dit un mot à ce sujet la toucha. Un fin sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme tandis qu'elle observait son ainée et amie d'un regard emplie de gratitude. Les personnes attentionnées étaient de plus en plus rare en ce monde, autant chez les moldus que les sorciers. Être lycanthrope n'aidait pas dans le monde magique, elle s'était déjà fait insulter et menacer simplement pour ce qu'elle était...Rapidement elle chassa ces sombres souvenirs de son esprit et son regard reconnaissant se posa de nouveau sur Delilah. Elle avait l'air d'une personne qui avait passé une bonne journée, qui avait eu une bonne nuit de sommeil. Sans doute Merylin ne dormirait pas cette nuit, ou alors une heure par-ci une heure par-là mais pour encore soixante-douze elle ne pourrait profiter d'un repos dont elle avait pourtant besoin. Elle laissa échapper un léger soupir en y repensant mais il fut couvert par la réponse de sa collègue.
« Oh tout va bien t'en fais pas. Ce serait plutôt à toi que je devrais demander ça. Je ne t'ai pas vu dans la grande salle de toute la journée alors je nous ai apporté un petit encas, si ton estomac en sent le besoin bien sûr. »
La bonne humeur de Delilah désarmait un peu la jeune femme, elle avait passé la journée enfermée dans son bureau pour éviter tout faux pas à l'encontre de ses patients et se montrer sous un mauvais jour, et maintenant elle était là si heureuse si normale...Merylin ne pouvait que l'envier de son état, elle ne pouvait pas en dire de même de son état et cela empirerait au fur et à mesure que la lune s'élèvera dans le ciel. La lune ne sera pas tout à fait pleine ce soir mais les symptômes de la lycanthropie sont accrus à l'approche de celle-ci. Il suffisait d'un mot de travers de la part de sa collègue pour la remettre sur les nerfs comme elle l'avait été toute la journée. Elle ne voulait pas s'emporter pour rien mais elle savait très bien que cela se faisait sans qu'on lui demande vraiment son avis. Pour rien au monde elle n'aurait souhaité dire des choses qu'elle ne pensait pas à Delilah, elle était tellement...tellement compréhensive à l'égard de Merylin, elle ne la jugeait pas. Aussi, il fallait se rendre à l'évidence, c'était car elle ne savait pas, répétait une petite voix au fond d'elle. Même si la jeune Flamel avait perçu qu'elle n'avait rien de grave au premier coup d’œil elle fut rassurée de l'entendre le lui confirmer. Si elle allait bien ? Hum, si aller bien était de ne plus dormir, d'être dans un état de nerf et d'excitation tel qu'elle pouvait passer du rire au larme, de la colère à fureur en un claquement de doigt et de passer sa vie à couper ses ongles dans ce cas Merylin allait parfaitement bien. Pourtant c'était délicat de s'en inquiéter, l'infirmière devait le reconnaitre et puis elle était la seule à remarquer son absence et sans doute manquer leur petit papotage du midi. Merylin reposa ses yeux sur le panier de la jeune femme et simplement à l'odeur pouvait déjà deviner ce qu'il s'y trouvait. Cela avait l'air fort bon mais malheureusement la jeune femme avait copieusement déjeuner et assez tard dans l'après-midi. Pourtant elle ne pouvait pas dire non à sa collègue, il était assez rare qu'on lui prépare des piques-niques improvisés alors ce ne sera cette fichue pleine lune en approche qui viendra gâcher ce moment entre amies. Et puis manger un petit bout pour la nuit ne lui ferait pas de mal, elle ne se réveillerait pas le lendemain matin, affamée.
« Me voilà rassurée, en te voyant arriver je me suis inquiétée. Qui sait ? Travailler avec des créatures magiques n'est pas le métier le moins dangereux du monde magique...Oh, moi ? Tout vas bien dans l'ensemble, j'ai simplement très peu dormi et je n'avais pas si faim alors j'ai préféré préparer des onguents et renouveler mon stock de potions pour le mois. C'est vraiment attentionnée de ta part Delilah, je ne sais pas quoi dire...»
Son regard passait du panier à la jeune femme, elle avait été franche avec elle, elle n'avait aucune idée de comment réagir face à cette marque d'amitié et d'attention. L'air amusée elle exhiba son panier sous mon regard curieux. Les elfes en avaient fait trop pour nous deux, mais elle avait toujours respecté cette politique des cuisines de Poudlard 'mieux vaut trop que pas assez' répétait l'elfe qui lui apportait ses plats quand elle ne quittait pas l'infirmerie. En y repensant un sourire amusée se plaqua sur ses lèvres.
« Au menu, on a des sandwichs, du jus de citrouille et quelques grignotines. T'es intéressé ? Tu me raconteras ta journée en même temps. J'ai présumé que tu n'avais pas mangé. »
*Jackpot* pensa Merylin ayant tout à fait deviné chaque aliment qui se trouvait dans le panier. Elle marqua un temps de réflexion, ou allait-elle manger ? Pas sur les lits, hors de questions, elle se battait déjà avec les élèves qui mangeaient dans l'infirmerie quand ils venaient rendre visite à leur camarade malade, alors elle ne ferait pas de même. Elle ne voyait pas d'autre endroit que la table dans ses quartiers ou plus simplement son 'bureau'. Elle n'avait pas spécialement envie que sa collègue pénètre dans son intimité sachant qu'il y avait des livres d'alchimie grands ouverts sur son bureau, des potions en préparation, un bordel indescriptible de choses des trucs et de machins en tout genre...
« Parfait, je n'en demandais pas mieux ! J'ai déjeuner assez tard donc je n'ai pas une faim de loup mais je grignoterais bien un bout en ta compagnie. Oh tu sais aujourd'hui je n'ai rien fait de particulièrement fascinant...Nous n'allons pas manger au milieu de l'infirmerie ? Suis moi.»
Merylin entraina sa collègue dans son bureau tout en pensant que plus vite ce petit pique-nique serait expédié moins elle risquait de montrer à quel point elle n'allait pas si bien qu'elle ne le disait. Elle déplaça quelques affaires de sa table encombrée pour faire de la place et sortir les victuailles du panier.
« Excuse moi pour le chaos qui règne dans mon bureau, si j'avais su que je recevais quelqu'un ce soir j'aurais fait un brin de ménage...Tu sais je n'ai pas eu une journée très passionnante, je me suis occupée d'un élève qui a quitté l'élève en fin de matinée, et le reste de l'après-midi j'ai lu en surveillant l'avancement de la préparation de mes potions et puis c'est tout... et toi ?»
Ma mère disait toujours que la meilleure façon d'avoir un homme, c'est de le prendre par l'estomac. Mon père racontait qu'il n'est réellement tombé sous le charme de ma mère que lorsqu'il a goûté sa légendaire tarte aux fraises. Bien sûr, il disait ensuite qu'il n'était pas réellement sérieux, mais il y a toujours un fond de vérité dans chaque parole, même si ce n'est pas toujours pensé à 100 %. Pour avoir eu droit à la tarte de ma mère, ils devaient déjà se voir depuis un petit moment. Disons seulement que l'essai de la tarte a été le dernier coup de marteau sur le clou pour l'enfoncer complètement. Pourquoi je parle de l'estomac de mon père qui n'a pas pu résister à la cuisine de ma mère ? Eh bien, seulement parce que j'avais l'impression de faire la même chose avec Merylin. Non pas que j'essayais de la faire tomber dans mes bras ! Elle n'est pas réellement mon type. Elle est gentille et tout, aucun problème. Disons seulement que je préfère une certaine virilité...bien visible. En fait, le seul point commun entre les deux situations est que j'essaie de rapprocher quelqu'un de moi en le prenant par l'estomac. Je n'avais pas papoté avec ma copine de toute la journée et bon, j'avais besoin d'une discussion féminine au moins une fois par jour.
J'ai supposé qu'elle n'avait pas mangé, mais je n'en savais rien en fait. Je ne l'avais pas vu aux heures habituelles de repas, mais dans son cas, il est souvent possible que son horaire varie à cause des élèves qui peuvent arriver à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit avec des symptômes sortant de je ne sais où. Donc bon, elle pouvait aller aux cuisines n'importe quand pour se rassasier. Je me trouvais donc là, panier à la main et le sourire aux lèvres face à ma collègue et amie dans le milieu de son infirmerie. En l'écoutant parler, je me rendais compte qu'elle n'avait pas tort. Je pouvais me blesser en travaillant et ce n'aurait pas été la première fois. J'ai déjà reçu un coup de patte d'hippogriffe qui m'a disloqué l'épaule ou bien je me suis fait brûler par un crabe de feu. Tout est possible. Disons que le cours que je donne est un peu plus risqué que le cours d'Histoire de la magie, n'en déplaise à Shane. Je l'ai écouté parler de sa journée et je lui ai souris. Je voyais complètement ce dont elle parlait, je faisais un peu la même chose que Merylin, à plus petite échelle avec les créatures vivant dans la forêt interdite. Ma collègue m'aidait même assez régulièrement pour concocter des onguents. J'ai hoché la tête pour lui montrer ma compréhension avant de prendre la parole.
« Un simple merci fera l'affaire. Et peut-être une bierraubeurre à la prochaine sortie à Pré-au-Lard. »
Je fis un clin d’œil amusé à l'infirmière alors que je voyais son air soucieux. Était-ce seulement le lieu du pique-nique qui la chicotait comme ça. Je savais assez bien qu'elle n'aimait pas que les élèves mangent dans les lits alors je ne nous voyais pas trop le faire nous-mêmes. Si ça ne tenait qu'à ça, on pouvait bien manger sur le sol, assises sur des serviettes pour ne pas salir les lits autour de nous. Je ne tenais pas à me prendre la tête avec un détail du genre. Cependant, elle s'est ressaisi assez rapidement, semblant trouver une solution à je ne sais quel problème. Ma collègue avait décidé que nous allions aller manger dans son bureau et je l'ai suivie jusque-là. Son bureau était assez encombré et ça me plaisait. Il y avait de la vie dans son lieu de travail. Je préférais ce genre de bureau que ceux trop rangés qui semblent ne servir que de façade pour rencontrer des gens qui ont le même genre de lieu de travail. Je devais surtout avouer que mon bureau ressemblait pas mal à celui-là. Mais bon, peu importait l'état de mon bureau, j'ai regardé la jeune femme débarrasser son bureau et j'y ai posé mon petit panier.
J'ai écouté la jeune femme s'excuser de l'état de son bureau et je ne pus que rire en l'entendant. J'aurais moi-même des excuses à faire si elle venait me voir dans mon bureau. J'ai balayé l'air de la main pour éloigner ses propos. Il n'y avait aucune excuse à faire. Et puis, c'était moi qui ne l'avais pas averti avant de débarquer à l'infirmerie. Alors trêve d'effusion et je voulais passer un bon moment. Peu importait l'état du rangement.
« T'excuses pas, mon bureau est dans le même état. Et puis, ça montre que tu travailles. »
Alors que je parlais, je me suis mise à sortir les victuailles de mon panier pour les installer sur le bureau fraichement dégagé par ma collègue. J'ai empilé les sandwichs sur une serviette, j'ai posé à côté de la pile deux verres vides et une bouteille, bien bouchée, de jus de citrouille. Ma journée ne semblait pas avoir été plus glorieuse que la sienne maintenant que j'y pensais. J'ai déplacé mon panier sur le sol alors que je prenais place sur la chaise face au bureau de Merylin.
« Ça n'était vraiment plus glorieux que toi. J'ai corrigé des devoirs toute la journée, je n'en voyais pas le bout. Et puis je ne t'ai pas vu aux repas alors je me suis dis que pour bien finir la journée j'allais aller voir si ta journée avait été meilleure que la mienne. On a eu des vies ennuyeuses à ce que je comprends. »
Tout en parlant, j'ai débouché la bouteille de jus de citrouille et je nous ai servi deux verres. J'en ai tendu un à ma collègue avant de lever le mien joyeusement.
« À notre journée ennuyeuse mais productive. »
Sur ces belles et joyeuses paroles entraînantes, j'ai pu une bonne gorgée du jus de citrouille que les elfes de maison m'ont donné aux cuisines