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 He felt his whole life turn, like a river suddenly reversing the direction of its flow, suddenly running uphill. [Dolohov's family puis les jumeaux]

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He felt his whole life turn, like a river suddenly reversing the direction of its flow, suddenly running uphill. [Dolohov's family puis les jumeaux] Empty
Message Sujet: He felt his whole life turn, like a river suddenly reversing the direction of its flow, suddenly running uphill. [Dolohov's family puis les jumeaux]   He felt his whole life turn, like a river suddenly reversing the direction of its flow, suddenly running uphill. [Dolohov's family puis les jumeaux] Icon_minitimeMer 29 Mai - 22:26



Tout est blanc. Blanc propre. Si blanc que ça m’éblouit. Même les individus qui tourbillonnent frénétiquement autour de moi ne me paraissent qu’une nuée blanche. Une masse. Je ne me sens pas à ma place, mais ce n’est pas le même mal être que d’habitude. Là, ce n’est pas ma timidité la fautive. J’ai envie de fuir cet endroit maudit ; je n’accepte pas la raison qui m’y a emmené. Je la renie de tout mon corps, je sens que j’essaie de me convaincre que c’est faux. Et pourtant je suis là, éblouit pas la blancheur immaculée de cette pièce irréelle, à attendre mes parents. Je jette un regard en biez à la jeune fille blonde à côté de moi. Ma sœur se tient bien droite, et je ressens un élan de fierté en l’observant. Elle est tellement plus courageuse que moi. Elle m’a toujours paru parfaite. Droite, gentille, et pure. Elle est à sa place ici, le blanc est sa couleur. Ce qui renforce ma culpabilité. Je m’étais promis de la protéger, de l’empêcher de tomber dans les griffes de l’un ou l’autre des fronts de cette guerre future. Ses aînés avaient déjà fait assez de mal, chacun choisissant un camp opposé – dire que j’avais choisi était un grand mot – et je voulais la garder libre, seule maître de son avenir. J’ai peur d’être en train d’échouer, comme tout ce que j’ai entrepris.
A nouveau, la dernière image que j’ai d’Alix. Si j’avais réussi à la convaincre … Je ferme les yeux. Encore un échec, et celui-là a failli coûter la vie de mon autre sœur. Je ne peux pas laisser cette erreur se reproduire. Je sais que je dois veiller sur Beverly. Cet hôpital me le rappelle. Plus d’erreur. Je ne suis pas à ma place ici, parce que je suis loin d’être blanc et innocent. C’était mon devoir de l’aider. J’aurais pu la sauver … Ça ne se reproduira plus. A nouveau, mes yeux se posent sur ma sœur. Ma petite sœur. Elle est pour moi un ange, une sainte. Si je croyais en la religion catholique, alors je verrais en elle la résurrection de la Vierge. Je ne veux pas que la société l’atteigne. La rende impure. Et je me sens ému. J’ai envie de lui dire combien je suis fier d’elle. Je voudrais la mettre en garde contre les dangers. Contre la manipulation. Je veux lui montrer qu’on peut rester intègre malgré la situation. Je voudrais la rassurer, lui dire que tout n’est pas perdu. Je voudrais lui dire de vivre sa vie comme elle l’entend. Lui montrer tout l’amour que je ressens pour elle. Mais les mots ne sortent pas, je n’ose pas lui parler, à peine la regarder. Une fine barrière invisible nous sépare. Nous ne sommes plus du même monde. Je ne mérite pas son monde. Finalement, je glisse ma main dans la sienne, réconfort et soutien face à ce qui nous attend.
Au même moment, nos parents passent la porte. Elle d’abord. Toujours très propre sur elle, vêtue et maquillée à la perfection, je la sens tout de même affaibli. Quelque chose dans sa démarche plus voûtée, ou dans les petits plis autour de ses yeux qu’elle n’a pas réussi à cacher. L’annonce de l’accident fût pour elle un choc. Malgré tout, elle est quand même sa fille …. Lui ensuite. Il marche droit, essayant de dégager de la puissance. Mais ses tics le trahissent. Il n’a pas la prestance, l’assurance de celui qu’il tente d’être. Il n’a toujours qu’été une marionnette dans les mains de grand-mère. Tous deux arrivent à notre hauteur. Elle a accéléré en nous voyant, des petits pas précipités, quelques mèches lui tombent devant les yeux, mais elle ne voit que nous. Elle nous embrasse sur les deux joues, et je sens qu’elle voudrait nous prendre dans ses bras. Puis il arrive, la repousse et me sert la main froidement. Elle recule honteuse, se recoiffe précipitamment et je vois le rouge lui monter aux joues sous son fond-de-teint impeccablement étalé. Sans plus de cérémonie, il nous emmène vers les ascenseurs. Quatrième étage : Pathologie des sortilèges.
- Alex n’a pas pu venir. Nous informe-t-elle dans l’ascenseur.
Je ne réponds rien mais grince des dents. Logique, il est content de ce qui lui est arrivé.. Monsieur a renié les jumeaux de sa famille, comme il nous l’a fait comprendre depuis longtemps. Le silence est pesant. Elle nous donne encore le numéro de sa chambre, mais j’étais déjà allé m’en informer dès mon arrivée. Apparemment, elle est seule dans sa chambre. Ils l’ont demandé pour son bien-être. A ce stade, le mensonge est si gros qu’ils auraient eu mieux fait de ne rien dire. La culpabilité, l’inquiétude et un mélange d’autres sentiments, me rendent distant. Et irrité. Tout me dérange, et mes yeux sont si emplis de haine que je vois qu’elle évite mon regard peureusement. Enfin, les portes s’ouvrent. Une jolie infirmière nous attend et nous guide vers la chambre. Elle nous parle, nous donne des informations anodines sur ma sœur. Elle cherche la discussion, mais nous sommes tous très froid. En fin de compte, peut-être que Bev lui parle. Je n’y prêtre pas attention. Je vois la porte, j’ai peur de ce que je vais découvrir derrière. L’infirmière nous demande de rester calmes, de ne pas dire de choses qui pourraient provoquer des réactions. Elle nous parle de son instabilité, ce qui ne fait que m’irriter encore plus, et j’ouvre brusquement la porte blanche. Elle est là. Moi en fille, allongée sur un lit simple. Inondée par le soleil qui entre par la fenêtre entre-ouverte. Elle relève la tête, et je me précipite vers elle, oubliant ma gêne et ma culpabilité. Je me sens déchiré de la voir là. Étrangement, c’est comme si j’y étais moi aussi. Je me rappelle du soir de son agression. J’avais passé une étrange et mauvaise soirée. Une sorte de souffrance intérieure. Un psychiatre nous ressortirait une théorie sur les liens entre jumeaux, mais je n’y crois pas une seconde.
- Salut Nono, quoi de beau ?
Ils m’ont rejoint et je sens leurs deux regards choqués dans mon dos. Mais Noélyse n’est pas malade. Elle est en guérison, et je ne vais pas la ménager pour ça. Elle ne le souhaiterais pas. Ils s’approchent, et la salut aimablement. Elle s’autorise même une bise, ce qui nous laisse, Bev et moi, le souffle coupé. Qu’est-ce qui leur prend ? Cette agression leur a-t-elle fait comprendre qu’ils tenaient réellement à leur fille, et qu’il était temps de recoller les morceaux ? L’espoir est doux, mais malgré ce que je voudrais croire, je reste sur la défensive. Espérer fait trop souvent chuter.

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