Il rougissait. Oh oui ! Il rougissait. C’était tellement charmant et mignon que Seb aurait pu en glousser s’il avait été une de ces dindes de greluche. Vous savez, ce sous genre humain qui a des nichons et des ovaires et qui donc est encore plus pénible quelques jours pendant le mois. Sans être foncièrement macho ou sexiste, Seb regardait toujours les femelles comme des êtres qui avaient l’art de lui foutre les nerfs en pelote. Ce qui n’était jamais bon, parce qu’il n’avait que la moitié d’un flegme britannique. Du coup, ça le soulait très – trop – vite.
Bref, Sebastian était comblé par ses rapides progrès. Oui, oui. Il voyait ça comme des progrès. Et le fait que son élève accepte l’aventure qu’il lui offrait – oulalalaaaa quelle aventuuuure, fumer un pétard ! Attentiiiooooon !!! – lui donnait l’impression d’être capable de s’envoler. Du coup, il prit un air bête et sautillant, comme s’il tentait vraiment de s’envoler, suivant Chris et surtout son coup de hanche – RRrrrRRR – du regard.
Il chassa une énième pensée salace en se concentrant du mieux qu’il pouvait. Il pensa à une classe… Qui finit par se remplir de Chris. Et changea son fusil s’épaule pour penser à la salle des profs, aux réunions, tout ça quoi. Où à chaque fois, un écossais blond venait se glisser. C’était pire que de jouer à « où est Charly ? ». Du coup il abandonna le focus sur l’école pour penser à un truc qui calme. Le fait que sa grand-mère, roumaine certes, mais allemande d’adoption, ait choisi d’appliquer à la lettre une des plus grandes passions allemandes : le naturisme. Il coupla ça avec sa passion toute teutonique également de porter des chaussettes dans ses sandales. Voilà. C’était bon. Il était calmé (et vous aussi hein. Avouez !).
Sebastian marcha d’un pas tranquille dans la rue, allumant sa cigarette magique en plein milieu des sorciers. La plupart, de toute façon, ignoraient ce que c’était. Et en prime, il se mit à chanter, à voix douce, plutôt mélodieuse, d’un des derniers titres à la mode.
Il fredonnait ça avec une légèreté frivole, sans même penser au sens des paroles. Ou au moins, il eut la naïveté de le croire.
Oh mais il est encore là ce bon vieux jardin. Quelle bande de nigauds de le laisser à l’abandon. Enfin tant mieux pour nous.
Il fit un petit clin d’œil moitié amusé, moitié coquin, avant de retirer son sac et de le poser au sol, son fessier le rejoignant très vite. il sortit sa baguette magique de sa poche de jean, visiblement magiquement étirée, et d’un léger coup du poignet, sans prononcer un mot, releva quelques mauvaises herbes le long du passage.
Voilà. On sera tranquille au cas où d’autres vilains garnements auraient la même idée que nous.
avec la tranquillité perfide du serpent prêt à mordre, il utilisa son sac comme oreiller, après un cri manifestement outré de Brigitte qui avait été oubliée là dedans.
Oh désolé ma belle. Viens prendre le soleil.
Et il fuma tranquillement, lançant des coups d’œil à Chris, à qui il tendit sa clope, avec un clin d’œil qui tournait à la provoc’ pure.
Chris, lui, était bien moins à l'aise que son prof, en bon né-moldu qui passait encore pas mal de temps parmi les siens il connaissait cette odeur et le fait que la plupart des moldus aussi. Et quand on était encore étudiant, certes en dernière année, ça le faisait pas. Bref, il se sentit de suite plus à l'aise une fois à l'abri du jardin abandonné, relevant le nez pour observer la météo, voire prévenir une brusque averse écossaise grâce à son hérédité. Quand il baissa de nouveau le regard, sans doute pour faire part de ses passionnantes observations, il fut totalement pris de court par l'allure du germain dans le jardin, allongé au soleil avec sa mangouste qui gambadait autour de lui en explorant les herbes folles. Des garnements, hm ? … Chris se serait pas tout à fait décrit comme ça actuellement. Les rougeurs dans le cou étaient revenues puissance dix mille, et il se pencha pour attraper la « cigarette », n'osant pas vraiment s'asseoir à son tour.
Rester assis lui avait toujours paru être une activité très dangereuse pour sa santé – le côté hyperactif – mais là, ça prenait un tout autre sens. Il tira sur le joint, qui l'auréola de sa généreuse fumée. Avec tout ça, c'était presque plus visible qu'il rougissait, hm ? Comme à chaque fois qu'il était mal à l'aise, Christopher se mit à parler. Et parler. Et parler.
« Ma mère fume de l'opium. Elle trouve que ç'fait cool, j'crois. »
Aouch ! Est-ce que quelqu'un a rappelé l'accent écossais de Chris dans la conversation ? Effet conjugués de ce qu'il fumait, de ce qu'il avait bu et de son malaise, ça résonnait encore plus écossais qu'une cornemuse.
« En fait, ça la rend surtout aigrie quand elle en a plus. Mais moins aigrie qu'avant quand même. »
Non, le passage « mon père est mort au fait » n'était pas encore arrivé sur le tapis. Il restait un rien de contrôle sur ce qu'il disait, mais c'était vraiment un rien. Il foudroya du regard la mangouste qui avait l'air intéressée par ce qu'il fumait, et il préféra repasser le joint à Sebastian, que sa bestiole respecterait sans doute plus que lui. En tout cas il espérait, il ne voulait pas voir de mangouste défoncée pour la première fois de sa vie, surtout pas avec un collier vaudou autour du cou. Et enfin, la lumière se fit dans le petit esprit étriqué de l'écossais, toujours planté sur ses jambes interminables face à Sebastian, les cheveux blonds noyés de soleil, et l'air franchement pris de court.
Bah ma mère, dans son appart, y a une pièce réservée à l’herbe. Rien de moldu là dedans. Pousse magique. Pour ça que je charge peu parce que sérieux, si tu fais pas gaffe, avec elle, une seule clope et t’as l’impression d’avoir fumé un cigare en fait. Limite c’est criminel. J’préfère fumer de plus petites quantités pendant plus longtemps perso. Après c’est une question de gout hein. Et les gouts et les couleurs, y en a pour tout le monde.
Et hop. Comment caser une allusion de plus. Non mais on sait jamais. Peut-être qu’il finirait par réagir avant que ne vienne le Ragnarok. Ouai, non. Ça c’était viking. Pas scottish. Ce qui était tout à fait dommage selon l’avis de Sebastian qui trouvait que Loki aurait été son dieu Totem. Et pour Chris… hummm… Svaðilfari. Par exemple.
L’idée lui arracha un rire et il récupéra sa cigarette, hilare. Totalement à l’aise avec lui-même et avec Chris, il passa tranquillement une main sous son t-shirt pour toucher sa peau, profitant du moment pour laisser les rayons du soleil chatouiller un peu de son ventre. Les yeux clos, il laissa échapper un mince « hummmmm » appréciateur du moment. Sa Mangouste vint coller ses moustaches à sa joue pour voir ce qui le mettait en joie. Alors il détourna son visage vers elle et lui murmura quelque chose dans un français tout droit sorti d’Haïti. Brigitte regarda plusieurs fois vers Chris d’un air étonné, passa ses pattes sur son visage et disparut en sautillant dans un fourré en émettant des petits cris qui redoublèrent les rires de Sebastian.
Elle est d’une pudeur confondante parfois cette petite.
Bah pour le coup de la pudeur, Sebastian tenait carrément du côté germain. Genre à 200%. En gros, la pudeur, c’était nul, c’était moche, c’était con et ça servait à rien qu’à emmerder les pauvres pores de la peau qui était infiniment trop couverte en permanence. S’il ne trainait pas constamment à poil comme sa grand-mère – sa mère avait au moins la correction de foutre un peignoir sur son dos quand il était là – il était tout à fait à l’aise avec son corps et n’avait aucun problème à se foutre torse nu si l’envie lui prenait.
Chose qu’il était prête à faire quand Chris le destabilisa en osant enfin poser une question. Ok, ça tournait encore autour du pot mais il y avait du progrès. Alors Sebastian rouvrit les yeux, tranquillement, et le regarda. Il était infiniment près et loin à la fois. Il était beaucoup trop grand. Son sourire s’élargit, il croisa ses jambes et avec un air d’ado fouteur de merde, il lança un :
Et si je te réponds que oui ?
Alors ça, c’était une scène qu’il avait déjà vécu à plusieurs reprises. Dans beaucoup de cas, ça c’était très bien terminé. Du genre à oilpé dans les secondes qui avaient suivi. Mais il avait eu aussi droit à un coup de poing – c’était un moldu, forcément – une fuite, les jambes à son cou, le type avait déguerpi si vite que, dans 20 ans, quand Sebastian assisterait au triomphe de Usain Bolt, il criera à tout le monde qu’il a fait des avances à son père. Il y avait eu aussi ce sorcier dans les Andes qui avait tenté de l’ensevelir sous des pierres – sont susceptibles ces Chiliens, c’est pas imaginable ! – et un autre l’avait envoyé à l’hôpital pendant trois semaines après l’avoir bombardé de sortilèges pourris. Sauf que comme il posait la question, Sebastian imagina qu’au pire, bah… il s’enfuirait hein. Dommage.
Tu veux pas t’assoir plutôt ? Tu me caches le soleil. Et puis si tu tombes dans les pommes, tu te feras moins mal.
Et... Et rien. Christopher battit vaguement des cils, presque étonné lui-même d'avoir trouvé la solution de cette fort difficile énigme. En mode automatique, il s'assit donc comme lui avait suggéré le teuton, l'esprit vaguement vide, les jambes croisées en tailleur, le coude appuyé sur un genou, et le menton lui-même posé sur le poing. Fort pensif. Il commenta néanmoins, de mauvaise grâce et uniquement à cause de sa susceptibilité exacerbée :
« J'vais pas tomber dans les pommes. »
Non, mais il avait le droit d'être un peu surpris non ? Surpris, oui. Curieux à ce point-là, ça l'inquiétait vachement plus. Il fixa donc son regard sur son jeans, parce que regarder l'allemand à ce moment-là n'allait rien arranger. Reviens à toi Christopher. Tu n'as pas 14 ans, et d'ailleurs, les chefs de clan écossais en devenir même à 14 ans, ne devraient pas réagir comme ça. Il aurait dû juste lui filer un coup de poing dans le nez, même. Ça aurait tout réglé comme par... magie. Haha. Il étendit le bras pour récupérer la clope des doigts de Sebastian, les plaques rouges ayant manifestement élu domicile pour un moment à la fois dans son cou et sur ses joues. C'était vraiment une plaie. Si sa barbe avait bien voulu pousser – comme elle le faisait sur tous les autres mecs de sa famille d'ailleurs, c'était quoi c'te génétique pourrie ?! –, il n'aurait pas été dans une situation comme celle-là.
… Enfin peut-être que si, mais enfin il ne se serait pas senti aussi con à s'embraser du visage à ce point-là. Il souffla la fumée droit devant lui, tenta un coup d'oeil vers l'allemand étalé au soleil comme... comme une espèce de gros chat pendant la saison des amours. Non, mais c'était pas possible. Il grogna un truc en écossais, une phrase assez malpolie dans laquelle il maudissait ses ancêtres, qui, les pauvres n'y étaient strictement pour rien – et auraient probablement beaucoup réprouvé. Son esprit, peu habitué à s'exercer sur les relations sociales et les sous-entendus que les humains s'amusaient à coller dans toutes les situations où ils se côtoyaient, tournait à plein régime. C'était affolant. Pourquoi venir le chercher, lui, hein ? Il avait rien demandé, il portait juste un maillot de foot et... Oh, non, c'était vraiment beaucoup trop compliqué de communiquer avec ses semblables. Il passa une main dans ses cheveux, les ébouriffant dans tous les sens.
« Je... J'suis pas vraiment sûr de... »
De comment terminer cette phrase, par exemple. Pour commencer.
Sebastian resta un long moment sans rien dire. C’était plutôt positif qu’il ne l’ait pas frappé hein ? Oui. Vraiment. Et qu’il s’assoit aussi. Ok. Ils pouvaient discuter. Discuter… AH AH AH AH ! La bonne blague. L’excellente blague même.
Bah quoi ? Tu me plais. C’est con que tu sois mon élève en fait. Vraiment. Et un peu gênant mais t'as quoi ? 19 ? 20 ans ? ça va. Au moins t'es majeur !
Il lui laissa la clope. Entre l’alcool et ce qu’il avait déjà fumé, il préférait arrêter. Sinon, il risquait de déconner. Sebastian inspira un grand coup, cherchant à rassembler ses idées.
Sa main, celle qui était la plus éloignée de Chris, caressa du bout des doigts l’herbe un peu trop haute. Puis avec le dos de la main. Il arracha un bout d’herbe et en respira l’odeur, les yeux fermés. Il prenait son temps, laissant aussi à Christopher le libre arbitre de se tirer, d’assumer, de finir sa phrase, de faire ce qu’il voulait. C’était un allemand à moitié. L’autre moitié avait le flegme anglais, son calme absolu même dans l’adversité. Il lui suffisait d’une tasse de thé pour arriver à faire le point. Non. Il déconnait. Il lui suffisait d’une pinte en fait.
Bref, le temps s’écoulait tranquillement, sans gêne aucune pour le beauuuu professeur. De temps en temps, Brigitte sortait d’un buisson, jamais deux fois le même, et regardait ce qu’il se passait avant de disparaitre avec un signe de la main de la part de son humain. Visiblement, non, il n’en avait pas fini.
Soudain, d’un mouvement souple des épaules, il se redressa, sans même l’ombre d’un effort. Il s’approcha un peu, croisant ses jambes en tailleur. A une distance raisonnable de Chris, mais juste assez près pour que ça perturbe leur notion d’espace vital. C’était un jeu de provoc’ pure, le tester, voir sa réaction, quitte à s’en prendre une. Tant pis. Il acceptait le risque. Mais il ne manœuvrait pas habillement – comment ? Qui a hurlé « à la hussarde ? » - depuis un moment maintenant pour ne pas tester davantage.
T’es pas sûr de quoi alors ? Hummm ? Tu n’as jamais testé. Sinon tu serais certain que oui. Ou que non.
Alors, sans lui laisser le temps de répliquer, il s’avança brusquement, s’arrêtant net quand il fut nez contre nez avec Chris, poussant juste à peine ses lèvres pour effleurer celles de l’étudiant. Il se recula d’une fraction de centimètre, attendant un choc qui tardait à venir. Alors il passa sa main sur la nuque de Chris pour être plus libre de continuer, penchant à peine son visage pour l’embrasser de nouveau. Toujours un effleurement, mais plus présent, qui durait un peu plus. Puis il se recula. Encore une fois dans son espace vital. Il avait un sourire en coin, pas trop triomphal encore.
Alors ? Un soupçon de réponse ?
Oh il était parfaitement prêt à recommencer encore s’il fallait. Parce qu’il avait la certitude que s’il ne lui mettait pas un stop définitif maintenant, il avait largement toutes ses chances. Il fallait juste ne pas lui laisser trop d’espace de manœuvre.
Oui, joie dans les chaumières, Chris était majeur depuis certes peu de temps – et n'avait pas franchement l'impression de l'être puisqu'étant toujours scolarisé à Poudlard et l'heureux détenteur d'une famille franchement rétrograde. Enfin là de suite, il aurait peut-être préféré être mineur et pouvoir se planquer derrière cette excuse-là, parce que Chris était ce genre de gars qui n'aime pas prendre de responsabilités, fussent-elles d'allumage involontaire. C'était bien involontaire, hein ? … Ouais, ça l'était. Malgré une pratique intensive de plusieurs sport d'équipe, le Poufsouffle ne s'était jamais posé la question de sa sexualité auparavant. Genre, normal quoi, pff comment-peut-on-bien-avoir-des-doutes-hahaha. Ouais ben encore un grand coup de genou cosmique dans les parties des certitudes les plus établies. Inutile de préciser le degré de rouge qu'il atteint quand l'ex Serdaigle se mit en tête de l'embrasser – c'était pas la peine, c'était bien trop voyant. Et il y avait bien une partie de son cerveau qui était en train de faire la remarque – ok, légèrement en hurlant – qu'il fallait se réveiller, mordre dans le doute, et se tirer en courant, tout-de-suite. Le seul souci avec ce plan c'est que le reste du cerveau avait buggué et l'on n'y entendait que le hurlement du vent sur les Lowlands écossais. Ça laissait Chris totalement vulnérable. Manifestement franchement perturbé maintenant, un rien excité sur les bords, avec un soupçon de curiosité maladive, et une pincée de panique à l'état pur, il releva les yeux sur Sebastian, se mordant légèrement les lèvres.
« J'suis pas très habitué à pas être sûr. »
Bah oui, quoi, la vie de Christopher était construite sur des certitudes absolues, pas forcément vraies – encore qu'il faisait très bien semblant d'y croire mordicus, lui – donc c'était extrêmement flippant de toutes les perdre en même temps. Quoique, en même temps ; nan il pensait quand même toujours que les écossais étaient les meilleures personnes au monde juste parce qu'ils étaient écossais, ça allait encore. Ses yeux glissèrent, pas tellement subtilement – mais nous avons déjà évoqué le peu de subtilité extrême dont était affligé Chris – sur les lèvres de Sebastian, et il rougit de nouveau, tout à fait perdu à la cause des gens pâles pour un petit moment.
« J'crois que ça s'rait mieux que j'y aille. »
Oui Chris, mais pour y aller, il faudrait encore se lever et marcher. Et ? … Et non, il n'en fait rien, restant assis en face de ce satané allemand. Apparemment, l'idée de dire au revoir avant de mettre les voiles lui avait traversé l'esprit, puisqu'il se pencha vers Seb pour déposer ses lèvres sur les siennes, genre, très doucement. Chris accusait fermement l'espèce de sentiment chaud, plaisant et dérangeant à la fois, qui lui donnait des frissons et qui s'était tapi dans le creux de son estomac.
Oh, il parle encore. Il LUI parle encore. La bonne nouvelle. Son sourire, encore mince, s’élargit à peine. Sa main toujours posée sur sa nuque, sans aucune pression, ne bouge pas, malgré l’envie qu’il a d’aller la fourrager dans les cheveux du sportif. Dans un excès de galanterie – ou alors, plutôt, pour être honnête, parce qu’il ne savait foutrement pas comment gérer cet aspect-là des choses – il ignora superbement ces rougeurs délicates et nuancées (ouai, ouai… Bon, pas très nuancées mais il est à moitié allemand alors de toute façon ses yeux ne les perçoivent pas), se contentant de se plonger dans ses yeux.
Mais qu’il était tentant ce petit moineau. On aurait dit un oisillon au bord du nid, prêt à faire son premier grand plongeon. C’était à la fois terriblement excitant et inquiétant. Sebastian était un être aguerri concernant sa sexualité. Mais faire l’éducation d’un autre, ça ne lui était jamais arrivé. Et le coup du challenge, c’était un coup à lui foutre une pression de malade. Il chassa bien vite cette idée, laissant à Chris le loisir d’en finir maintenant, ce qu’il comprendrait assez bien.
D’ailleurs, il lui annonçait qu’il devrait partir. Sans bouger. Marrant. Il avait fait la même chose. C’était trop mignon. Chris ne bougea pas. Sebastian encore moins. S’il voulait partir, qu’il le fasse. Mais hors de question que lui l’aide à s’enfuir.
Et avant qu’il comprenne ce qui se passait – Allo ? Cerveau ? Oui bonjour, service après vente, il semblerait que le cerveau de Sebastian se soit mis aux abonnés absents ? On fait quoi ? Désolé, la base VPS n’a pas été mise à jour. Veuillez attendre un reboot automatique, relancer une sauvegarde manuelle ou bien attendre qu’il se mette en mode instinct. OK merci – Seb se fit embrasser.
Et si pendant un court instant (quoi ? 10 secondes ? Sérieux ?), il ne bougea pas, il sentit monter en lui une boule, un grognement victorieux. Il aurait bien dit que le lion en lui allait rugir de bonheur mais en fait, le lion, c’était le symbole de ces péteux de Griffondor, qu’il détestait autant que Serpentard. Du coup, il se contenta de ne pas rugir. De sentir ses lèvres, douces et chaudes, se presser délicatement contre les siennes. Ah ! Merveille des merveilles ! Douceur suprême. Délice divin. Joie dans les chaumières. Sebastian se sentait conquis par ce test-là. Il n’aurait pas pu rêver meilleure tournure des évènements.
Alors, avec une délicatesse un peu forcée pour ne pas traumatiser Christopher, il le guida de nouveau, de sa main sur la nuque, accroissant un peu plus la pression de ses lèvres. Les siennes s’écartèrent à peine, laissant la place pour que sa langue vienne musarder autour de la barrière, pour l’instant infranchissable, de la bouche de l’écossais.
Sérieux, comment faisait il pour rester aussi calme et maître de lui ? Il avait l’impression de… Bah que c’était Noël en fait. Il avait envie de sauter partout, de chanter et de rire comme un dément. Ce crétin de joueur de quidditch lui avait juste foutu le cerveau en bouilli. Il aurait tapé avec sa batte qu’il aurait fait moins de dégâts.
Sa main libre se posa sur la joue brulante de Chris. Ok, bon à savoir, quand les gens rougissaient, ils prenaient 42°C de plus dans la gueule. Sympa pour eux. Mais Sebastian ne voulait pas déjà en avoir fini. Sa main, de la joue, glissa contre son cou. Alors il se recula enfin, ses yeux cherchant ceux de Chris, avant de lui donner un petit coup de nez sur le sien.
La main sur la nuque de l’écossais relâcha la pression et retomba, alors qu’il murmurait, avec un demi-sourire – alors qu’intérieurement, c’était le bicentenaire de la Révolution française ! ça explosait de partout ! -
Je comprends pourquoi Brigitte a tant apprécié ton cou.
Il y aurait bien posé les lèvres mais ça aurait fait trop d’un coup. Et puis là, s’il commençait, il ne voyait absolument pas comment il aurait pu s’arrêter en si bon chemin.
Tu veux rentrer au château alors ?
Voilà. Il avait une porte de sortie s’il voulait. Et Seb, lui, il avait besoin d’un bain de glaçons de toute urgence.
Christopher déglutit contre les doigts de l'allemand, hésitant franchement entre admettre que ça lui plaisait grave, et se barrer en courant – ce qui semblait compromis. Il n'avait aucune espèce d'habitude de ce genre de gestes. Les filles avec qui il était sorti à Poudlard ne mettaient pas la main sur le cou des gens comme ça et n'avaient de toute façon en aucun cas les doigts assez longs pour que ça fasse cet effet-là. Il regarda Sebastian à travers ses cils, enfin dans les yeux, se foutant totalement de la couleur de son teint. Il se foutait un peu moins du fait qu'il ne soit pas sûr que son cœur de grand sportif tienne le choc d'autant de battements à la milliseconde. Ok il était officiellement très mal – et au moins un peu attiré par les hommes. La tuile. A tous les coups c'était à cause du collier vaudou de la belette. Bah, évidemment, à quoi ça aurait pu être dû d'autre ?
La main glissa de son cou, et il eut un petit rire nerveux au compliment de Sebastian, aussi teuton que le type lui-même. Ouais, il en doutait pas, il y avait juste jamais pensé avant, en fait. C'était dingue, tous ces trucs auxquels il ne pensait jamais avant que ça lui tombe dessus. Limite, s'il n'avait pas une confiance en lui-même taillée dans le marbre, se serait-il dit qu'il ne pensait vraiment pas beaucoup. Il passa vaguement sa langue sur ses lèvres. Les filles piquaient pas non plus autant qu'un prof allemand mal rasé, c'était définitif. Et beaucoup trop d'idées fusaient dans l'intellect de Chris, qui du coup prit le parti de la fuite – sans toutefois bouger de place.
« Ouaip, ça s'rait bien. »
Il n'était pas tout à fait paniqué – disons que la curiosité prenait vachement de place dans son comportement à l'heure actuelle. Mais l'écossais se connaissait relativement bien et savait pertinemment que si les choses allaient au-delà de ce qu'il pouvait supporter à l'heure actuelle, il allait foutre le camp. Il n'avait pas été réparti à Gryffondor malgré sa grande gueule et son côté fonceur parce qu'il était beaucoup trop prudent pour pouvoir prétendre au rouge et or. Par contre, niveau loyauté à ses idées, on s'approchait dangereusement de la monomanie la plus crasse. Dans le genre borné, Christopher faisait honneur à sa famille, et on ne parlait même pas niveau rancune – 'fin certains membres de sa famille, dont lui, étaient toujours scandalisés dès qu'il s'agissait de Marie Stuart, et s'ils étaient confortablement murgés, entonnaient des chants en son honneur. C'est dire le niveau.
« C'est pas du tout que... Mais faudrait pas... enfin voilà. »
Ce qu'il y a de reposant, avec Christopher, c'est qu'il est très compréhensible lorsqu'il tente de s'expliquer parfois. Il se leva un peu brusquement, semblant se rendre compte de la proximité de Sebastian, et passa la main une énième fois dans ses cheveux.
« T'viens ? »
Bon, il faisait pas la gueule, c'était toujours ça...
Bon, bon, bon. Sebastian inspira du mieux qu’il pouvait. C’était déjà bien qu’il n’ait pas fait d’apnée en attendant de se prendre un pain dans la gueule. Parce que vu la tronche que tirait Christopher, il s’y attendait franchement. Mais non. Aucun choc. Aucune douleur. Ni aucune dent qui saute. Et vous n’imaginez pas à quel point c’est désagréable, ne serait ce que pour le bruit, une dent qui saute. D’ailleurs Seb était un sorcier aguerri dans le recollage de dents sur soi. Un sort bien utile quand on était gay et qu’on avait tendance à adorer les mecs un peu trop hétéros pour son propre bien.
Il le vit simplement se relever. Ah. Ok. C’était un stop. Pas méchant certes, mais un stop. Et une pointe de déception dans les pensées de Sebastian. Bon « pointe » était un très doux euphémisme. Il manqua de peu de lui dire « désolé mais quand on laisse un mec vous embrasser, faut prendre conscience de quelque chose ». Mais lui-même se souvient de sa première expérience en la matière. Et autant dire que Marcus Aurelius, sorcier italien de passage à Poudlard pour un trimestre se souvenait de sa triple fracture du pied quand Sebastian avait eu la glorieuse idée, non pas de laisser choir mais de balancer volontairement tous les bouquins qu’il tenait dans ses mains sur le pied du beau rital. Vous avez vu un Serdaigle faire voler des livres ? Non. Bah voilà. Maintenant c’est fait. Bon, au final, cette histoire avait vite dégénérée dans tous les sens du terme. Le duel magique parce que môôôsieur le romain était susceptible avait fini en queue de poisson et à la place ils avaient fini par se réconcilier au lit. Ou plutôt sous les gradins du terrain de Quidditch, pendant un match soporifique (parait il) gagné 500 à 40 entre Serdaigle et Serpentard. Autant dire que Sebastian avait franchement bringué toute la soirée après ce moment d’anthologie.
Il se releva avec précaution, récupéra son sac et siffla Brigitte qui sortit du fourrée, toute joyeuse, avant de se planter devant Chris, debout sur ses pattes arrières. Elle émit un cri, passa ses mains sur son visage plusieurs fois mais Seb siffla de nouveau. La Mangouste semblait mécontente de ne pas aller farfouiller sur Chris – visiblement pour vérifier si l’odeur de son Humain planait dessus ou non – mais monta quand même sur le jean pour se fourrer sur l’épaule de Sebastian. Debout dessus, elle semblait fière de dominer le monde, rien que ça.
Le sorcier, vaguement inquiet et mal à l’aise, tenta un discret sourire.
ça va aller quand même ? Si tu veux rentrer seul… je comprendrais.
ok. Cette fois c’est lui qui était mal à l’aise. Il ne savait pas trop comment agir en fait et il regardait Chris en se demandant s’il voulait s’enfuir ou si vraiment il voulait qu’il l’accompagne. Il dégagea l’espace entre les deux cottages et s’y engouffra le premier, attendant le jeune homme d’un air un peu penaud.
On... on va se revoir ? En dehors des cours je veux dire ?
En réalité, le batteur n'avait pas voulu réellement mettre un stop à Sebastian, c'était juste que lorsqu'on le coinçait un petit peu trop, il avait des réactions légèrement... Brutales. Et encore dans la situation présente la surprise était telle – et ses réactions totalement étranges et encore non recensées – que franchement, il avait fait dans le soft. Pas de hurlement dans un patois écossais incompréhensible au commun des mortels, pas de mise à mort particulièrement douloureuse pour avoir sali l'honneur d'un chef de clan – et les écossais s'y connaissent en mise à mort sale, sorciers ou pas ! Il regarda de ses yeux fauves la mangouste dominer le monde, avec un léger sourire amusé. La perspective de la bestiole fière d'elle-même était suffisante pour le moment pour repousser l'introspection – et autant dire que c'était pas l'activité préférée du Pouffy. Il suivit Sebastian vers la sortie du jardin, se glissant entre les herbes folles en essayant de ne pas accrocher son précieux maillot du Bayern. Est-ce qu'il était trop ébouriffé pour sortir comme ça dans la rue de Pré-au-Lard ? Non, ne pas se poser cette question. De toute façon il était perpétuellement ébouriffé, ça ne changerait pas grand-chose. Les rougeurs étaient en train de se faire la malle, puisque l'allemand était sorti de sa proximité immédiate, et Chris reprenait progressivement son teint d'écossais.
Il tourna vers Sebastian un regard un rien vexé, le retour de la susceptibilité estampillée Carmichael :
« Oui ça va aller. Je ne vais pas m'évanouir ou me mettre à hurler. Ça serait arrivé avant. »
Non mais sans blague ? Ok il rougissait beaucoup trop pour un chef de clan, d'accord, on lui avait déjà signalé – et dans le patois s'il vous plaît – mais il avait tout le caractère qu'il fallait pour ça merci bien ! Et il n'allait pas tomber dans les pommes parce qu'un allemand lui faisait de l'oei... Oh. Mais c'était quoi cet air de labrador battu abandonné au milieu de la rue ? … Chris ne pensait vraiment pas avoir mérité ça, ni dans cette vie ni dans une autre.
« J'pas dit que j'voulais rentrer seul, j't'ai même d'mandé de venir. Puis euh... »
Rapide rétrospective en arrière. Chaleur, regard qui frise un peu, un soupçon de « non mais j'peux pas faire ça quand même » et une curiosité... dévorante. Un peu plus et il comprendrait enfin comment Benedict – alias monsieur « pourquoi ? » – fonctionnait. Flippant...
« Euh ouais ? Ç'peut s'faire. »
Ouaiiiiis voilà. Il pourrait toujours dire qu'ils parlaient de foot, c'était crédible. La Mannschaft, tout ça... Il prit la direction du château, les mains glissées dans les poches de son jeans, et essayant, avec un succès suspicieux, de garder la tête vide.
« T'connais bien l'Angleterre alors ? Et Pré-au-Lard ? Mais sérieusement, pourquoi prof ? C'pas un peu, genre, le pire métier du monde ? »
Chris avait beau être un petit con bagarreur et trop fonceur, il avait au moins la décence de reconnaître qu'il était effectivement un petit con bagarreur et trop fonceur. Et lui, il aurait jamais eu la patience de s'occuper de gens comme lui.
Rho !!! Mais qu’il était susceptible. Sebastian le percevait à peine mais sentait que, visiblement, il ne lui faudrait pas trop tirer sur la corde. Avec sa (dé)veine, il était capable d’être tombé sur un possessif voire un jaloux. En plus dans le mille Keller. Comme d’hab quoi. Plus britannique que germain pour le coup, il opta pour un silence diplomatique, de crainte de ne froisser davantage le jeune écossais.
Ecossais dont le teint faisait agréablement le yoyo. Sebastian évita, là encore dans un souci de diplomatie, de ne pas en rire, ni même en sourire.
Ne se prenant pas un vent définitif, le professeur, tout content, sautillait presque en prenant le chemin de Poudlard. Pourtant il tentait de prendre une démarche pleine de… de noblesse, d’allure, de calme serein, de… Non, il était à la limite de faire des roulades en se disant qu’il avait une chance de le revoir, autrement que dans un procès pour tentative de détournement d’élève. C’était quand même grave de tomber directement sur un élève. De surcroit aussi… Pffff. Bref. Maintenant qu’il avait gouté à ses lèvres, ses pensées vagabondaient joyeusement sur le chemin, avec lui. La mangouste avait mis une main devant ses yeux, attirant les regards curieux et amusés des rares personnes croisées. Ok. Repéré d’emblée. Fallait s’en douter.
Du coup, il sursauta presque quand Chris lui parla et se prit les pieds dans un caillou. Il se rattrapa comme il pouvait et se maudit intérieurement d’avoir l’air aussi con.
Ouai… ouai non en fait. Je connais bien Londres et le Cornwall. Mais sinon, le reste pas trop. Et puis Poudlard et ses alentours immédiats. En fait, tu sais, les gens, ils voyagent à travers le monde mais au final, tu leur demandes ce qu’il y a autour de chez eux et ils sont pas foutu de se souvenir du château en ruine local. Bah c’est la même chose pour moi. Et puis j’ai quitté l’Angleterre j’avais 6 ans. Hormis passer mes étés en Cornouailles et à Londres, donc, bah… je venais jamais.
Il sifflota une chanson, murmurant les paroles en souriant. Et en lançant des regards à Chris. Aucune chance qu’il comprenne mais quand même. Ça l’amusait follement de le provoquer de la sorte.
Puis il reprit, avec un air innocent :
Oh mais Pré Au Lard n’a pas beaucoup de secrets pour moi. J’y ai passé des journées entières. J’évitais de rentrer pendant les vacances donc j’avais quartier libre. Autant te dire que les passages secrets, les escaliers farceurs et autres sont mes meilleurs amis. A part un tableau à la con qui m’en voudra surement toujours.
Il garda un instant le silence avant d’avouer.
J’aurais peut-être pas dû choisir d’être prof en fin de compte. Parce que ça va me compliquer la tâche pour te draguer.
Ils étaient arrivés devant le château. Sebastian avait pris soin de ne pas regarder Chris pour le laisser rougir à sa guise. Lui regardait la façade avec une joie et une nostalgie manifeste.
Nos plus belles années se passent toujours ici j’ai l’impression.
Il rentra, tenant la porte à Chris. Il savait où se trouvait l’entrée de la salle commune de Pouffesouffle. Ne tenant pas à froisser la susceptibilité scottish, il s’abstint de proposer de l’y raccompagner. Mais, avec un sourire, il avança dans un endroit qu’il connaissait puis, Chris l’ayant – naïvement, le pauvre chou – suivi, il le poussa gentiment contre le mur, profitant qu’il n’y avait personne et d’être dans une alcove. Oh ! Sa main sur sa poitrine. Oh les battements de cœur. Le sien même se mit en concert pour le coup, troublé qu’il était. Et ce fut plus fort que lui. Il ne pouvait pas faire autrement. Chris n’avait rien fait mais ce cou était simplement une provocation complète. Il y posa ses lèvres avant de remonter sur la bouche du joueur de Quidditch, profitant du fait qu’il n’aurait le temps de faire son introspection que seul et surement ce soir. Là, il était encore faible et vulnérable. Il avait presque honte d’en profiter de la sorte. Et il se recula bien vite.
Merci pour ce fantastique accueil Chris. à bientôt alors.
Ses yeux pétillaient de joie, maintenant qu’il se tenait à trois bons mètres de lui. Il avait les mains dans ses poches, visiblement peu désireux de se montrer plus insistant. Pour l’instant.
Ok, non. En aucun cas il n'était censé réagir comme ça et d'ailleurs surtout pas dans l'enceinte de l'école où – nom de Nessie – n'importe qui pouvait passer. Imaginons que Benedict passe. Ben et sa grande gueule. Le cauchemar sur terre, les enfers invoqués dans sa vie, une mauvaise idée mais genre la taille king size, 'fin un truc horrible et affreux quoi ! Mais non, il se contenta de se laisser complaisamment coincer contre le mur, calant ses grandes jambes pour ne pas gêner Sebastian – alors que franchement, ce hussard d'allemand méritait-il autre chose qu'un coup de pied bien placé ? se demandait avec désarroi la partie de caractère toute écossaise de Chris. Il eut même l'obligeance d'ouvrir la bouche pour se laisser embrasser, sans même penser à un argument au cas où un Serpentard menant de sombres desseins ou un Gryffondor faisant une vaillante ronde – #vivelesclichés – se pointerait. Parce que la sensation chaude, un rien liquide, ronronnante comme un gros chat et réconfortante comme un rayon de soleil étalé sur du parquet blond faisait son grand retour, lui coupant légèrement la respiration – et définitivement toute pensée. Ok, il était mal.
« Euh... Ouais, de rien. A plus tard. Et euh... merci, bonne journée. »
Il fit demi-tour et remonta les vénérables et antédiluviens couloirs de Poudlard en se demandant d'où sortait ce « merci ». « Merci », sérieusement ? Merci de foutre un bordel pas possible de une dans sa respiration et son rythme cardiaque – et il était sportif, merde, c'était grave ! –, dans ses cheveux – ok à peine plus que d'habitude – et dans ses petites certitudes bien ancrées ? Ah non, ça, pas merci non. Et en plus il allait avoir cours avec. Cours auquel Benedict assistait avec passion – on n'imaginait pas à quel point le Serdaigle pouvait être pénible à vouloir tout savoir et Chris l'avait plusieurs menacé de lui refaire le portrait s'il ne cessait pas tout-de-suite de poser des questions sur les moldus en se prenant pour une mitraillette verbale. Chris n'avait aucune idée de comment il allait bien pouvoir gérer tout ça, donc il eut une de ses réactions par défaut : il alla choper son balai après avoir profité de sa grande taille pour bousculer quelques personnes au passage et partit s'entraîner à latter des Cognards. Peut-être bien qu'il imaginait la tête d'un certain allemand dessus par moment. Après tout c'était bien plus sain de vouloir lui refaire le portrait qu'autre chose, non ? …
Sebastian finit par filer, un peu comme s’il avait un éruptif au cul. C’était ça ou il allait essayer de le bécoter pour le reste de la journée. Voire plus. Non pas plus que la journée. Plus que le bécoter. Encore que… c’était négociable. Tout à fait perturbé, et maintenant qu’il était arrivé, assez mécontent de lui-même, il alla dans ce qui allait devenir son appartement pour ces prochains mois. C’était celui dévolu au prof d’étude des Moldus. Aussi il se doutait bien que la déco allait être très particulière. Il y était allé une fois. Non, non ce n’est pas ce que vous croyez. Rien de répréhensible. Enfin pas… relationnellement. Simplement le prof lui avait confisqué un objet avec lequel il jouait en cours – quand on sait comment vivent les moldus, le cours de ce prof était particulièrement chiant et avait tendance à provoquer la narcolepsie – et il tenait à le récupérer. Du coup, il avait envoyer son hibou de l’époque foutre un dawa pas possible avant de rentrer dans ledit appart. Le prof n’avait du voir des moldus que sur des gravures du moyen age. Il en avait toujours été persuadé avant. Et ça s’était confirmé.
Bref. Il redoutait un peu de découvrir où il allait vivre. Et puis en plus, ses lèvres lui rappelaient un peu trop bien ce qu’il venait de faire. Il y avait aussi l’odeur de Chris qui semblait flotter autour de lui. Brigitte, qui le suivait en sautillant et en reniflant systématiquement toutes les armures – jusqu’à ce qu’il entende un couinement, ce qui laissait présager que l’une d’elle n’avait pas apprécié que la Mangouste tente de lui faire pipi dessus – s’amusait beaucoup.
Il passa la langue sur ses lèvres, lui rappelant un peu plus le goût de son futur élève. Fichtre. Il n’aurait jamais dû le laisser filer. Non. Il aurait dû être peut être plus subtil et lui proposer de venir voir sa collection personnelle de maillots de foot. Ou un truc du genre.
Poussant la porte, Sebastian fut surpris du vide incroyable. Les meubles étaient là – et en 10 ans, ils n’avaient pas changé ! ARGH ! – mais aucun signe de déco. Oh purée. Il allait mettre ce qu’il voulait. D’un coup de baguette magique, il ouvrit sa malle, qui dévoila 4 grandes malles. A ces sortilèges de Réduction. Quel soulagement. Alors, de son sac il sortit le walkman et mit [url= https://www.youtube.com/watch?v=fJ9rUzIMcZQ]une musique. [/url] De gestes d’habitués, il déploya ses dons. Habits qui allaient se mettre seuls dans le placard – y compris de chaudes chaussettes – balai volant dans un coin, cours déjà prévu dans un autre. Soudain des papiers roulés commencèrent à trembler.
ça vient, ça vient. Le meilleur pour la fin voyons.
Dans la chambre, il colla quelques tentures tibétaines, apaisantes malgré leurs belles couleurs chatoyantes. Elles changeaient en fonction de la luminosité. C’était fabuleusement beau à ses yeux.
Et enfin il put sortir, manuellement, sans magie aucune, les rouleaux qui sautillaient sur place.
Chut. Chut. J’arrive.
Il en déploya un qui, avant même qu’il ait fini, vint se coller au mur.
Non mais… Pas là. Freddy ! PAS LA ! Non. J’ai dit non.
Le poster de Freddy Mercury sembla mécontent et une langue de papier apparut pour se tendre vers lui en postillonnant des confettis.
Très mature, vraiment.
Mais avec un peu d’autorité, Sebastian parvint à placarder ses posters de Queen, des Village People et divers autres artistes. Il avait enchanté leurs portraits, pas de façon toujours très réussie, il faut bien l’avouer. Mais quand même. C’était cool.
Et au milieu de son installation, il repensa à Chris. Se demandant ce qu’il penserait de son coin. Avec un soupir, Sebastian finit par s’installer sur un sofa. Il ne pourrait pas le chasser de ses pensées comme ça. Alors il finit par s’installer confortablement sur le canapé pour soulager… Sa conscience.