Tu ouvres l’enveloppe et tes yeux parcourent la lettre. Tu sais de qui elle est. Tu reconnaîtrais cette écriture entre mille. C’est celle de celle qui est ta mère. Vous ne vous êtes pas revus depuis que tu as été viré de la maison ce soir-là des années plus tôt mais vous avez gardé contact. Ton cœur s’accélère alors qu’elle te promet de te dire la vérité si tu viens au rendez-vous qu’elle te propose. Elle veut te voir, te parler avant de tout te dire. Tu prends immédiatement ta plume pour lui répondre et envoies ta petite chouette adorée lui porter ton parchemin. Tu ne cherches même pas à cacher ton identité de sorcier auprès d’elle. C’est ce que tu es et tu en es fier. Alors à quoi faire comme si tu étais un moldu en écrivant sur leur papier et en attendant que la poste passe. Ta chouette est bien plus rapide.
Eden traversait le château à la recherche de Seila. Il avait envie de parler à sa petite sœur. Il voulait aussi voir Mona. Il espérait qu’une fois au moins elle accepterait de lui parler. Encore plus cette fois, il avait envie de lui dire à elle aussi. Seila savait presque tout de sa vie après avoir quitté sa maison. Ce n’était aucunement le cas de Mona qui refusait toujours de lui parler. Il avait espéré qu’elle lui adresse de nouveau la parole au fur et à mesure du temps. Mais il devait se faire à l’idée que cela être bien plus dur que prévu. Et pourtant, il en était vraiment proche. Peut-être trop et que c’était pour cela qu’elle lui en voulait tellement. Ils n’auraient pas été proches, peut-être ne lui aurait-elle pas autant fait la tête ? Cette situation brisait un peu plus le cœur d’Eden de jour en jour.
Tu te retrouves face à elle. Après tant d’années, c’est si étrange. Elle a vieilli, ses cheveux sont désormais grisonnants. Mais de vous deux, tu dois être celui qui a le plus changé. La fois dernière qu’elle t’a vu, tu avais quatorze ans, tu n’étais qu’un ado. Avec tes vingt-sept ans révolus, tu es devenu un homme. Tu lis dans son regard un semblant de tristesse. Elle ne t’a pas vu vieillir. La faute à qui ? Elle aurait pu se battre pour toi mais elle ne l’a pas fait. Tu ne lui en veux plus autant qu’avant sinon jamais tu n’aurais été la voir. Les silences qui ponctuent vos retrouvailles en disent long. Tu ne sais pas trop si tu es heureux de la revoir ou pas. Mais elle reste ta mère et au plus profond de toi, tu es heureux de la revoir enfin. Au fur et à mesure que la conversation avance, les sourires se font plus présents, plus vrais. Dire qu’il aura fallu treize ans pour que vous vous reparliez enfin en face à face. Tant de temps gâché à cause de lui…
Il la vit au loin et se dirigea vers elle pour lui faire sa proposition. Il n’avait pas envie qu’ils se voient dans le château. Lorsqu’il se retrouvait en compagnie de Seila, il préférait que ce soit à l’extérieur de Poudlard. Cela leur permettait d’être vraiment des frères et sœurs loin des regards des autres camarades. Rien ne les empêchait de voir leur propre famille eux aussi. Et pourtant s’en fichait de ce que pouvaient penser ses élèves au sujet de la relation qu’il entretenait avec ses sœurs, il n’avait jamais caché qu’il était leur frère à quiconque. Mais au moins, s’ils étaient à Pré-au-Lard, il n’était plus du tout professeur. « Salut ! Comment tu vas ? » Il se tenait face à sa cadette. « Ca te dit une petite après-midi entre frères et sœurs samedi prochain ? » Il marqua quelques instants de pause avant de reprendre. « Et si tu arrivais à convaincre Mona ce serait parfait. » L'espoir fait vivre dit-on... Il avait envie de les avoir toutes les deux pour une fois. Et puis, à l’extérieur, ce serait peut-être plus simple pour parler. Le fait que Seila ait un rôle de médiateur le serait aussi même s’il n’avait pas envie de lui imposer ça.
La conversation vient enfin sur le sujet qui fait que tu es présent ce jour-là. Peut-être que si elle te l’avait demandé sans cette promesse de vérité tu serais venu, mais tu n’en es pas pleinement convaincu. Non, c’est le fait qu’elle te parle de ton père qui fait que tu as fait le déplacement. Tu es pendu à ses lèvres attendant avec une impatience palpable le nom. Ce nom qui est tout pour toi. Tu as envie de savoir qui il est. Il est ton père, il est donc logique que tu es envie de le connaitre. Ca ne fait pas très longtemps que tu as pris cette décision mais maintenant que tu as une vie stable, il est temps de se plonger dans le passé pour toi. « Wilson. » Le nom tombe. Ton visage s’éclaire alors que tu serres ta mère dans tes bras dans un geste de tendresse. Tu es conscient que ça ne doit pas être simple pour elle. Après tout, en te disant ça, elle se remémore des erreurs qu’elle a pu faire à l’époque. Vous continuez la conversation, elle te parle un peu de lui, de qui il est, de ce qu’il faisait à l’époque. Tu lui en es reconnaissant. Elle aurait pu juste te mettre le nom dans une réponse mais elle te parle de lui. A l’entendre, il a l’air sympathique.
Eden est à Pré-au-Lard au point convenu avec Seila. A l’intérieur des Trois Balais, il y a quelques élèves de Poudlard. C’est pour cette raison que le professeur de botanique a choisi une place au fond à l’abri des regards indiscrets. Alors que Seila arrive, il remarque qu’elle est suivie par sa petite sœur. Le cœur du grand frère bondit dans sa poitrine. Elle a réussi. Un sourire éclaire encore plus son visage. Il espère juste qu’elle ne fera pas de mauvais esprit parce que lui n’en a jamais fait. « Salut vous deux ! Je suis vraiment content que vous soyez venues. » Ca ne s’adresse pas à Seila, elle lui avait déjà promis de venir quelques jours plus tôt. Non, c’est pour Mona tout ça. Il ne sait pas ce que ça va donner. Mais elle est là, c’est déjà un bon début non ?
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Dernière édition par Eden A. Wilson-Grey le Mar 19 Jan - 19:56, édité 1 fois
❝ TU ES DE MA FAMILLE DE MON ORDRE ET DE MON RANG ❞
J'avais réussi. Enfin. Après tant de conversations, tant de stratagèmes, j'avais réussit à la faire changer d'avis. C'était on ne peut dire un miracle de Noël avant l'heure. Un jour que je devrais marquer d'une pierre blanche tant l'évènement et la surprise était importante. Si je n'avais pas été en mauvais terme avec mon père depuis le jour où il a voulu me faire exorciser de force, il aurait pousser un alléluia. Mais il n'était pas et heureusement d'ailleurs sinon il serait mort d'une crise cardiaque s'il avait vu la moindre parcelle de magie à l'œuvre. Lui qui nous interdisait de faire de la magie à la maison pendant les vacances scolaires n'aurait pas fait long feu à Poudlard. Je bénissais intérieurement le directeur de ne pas avoir instauré les rendez-vous entre professeurs et parents dans l'année. Sans qu'il ne sache, Dumbledore en faisant cela avait sauvé la vie de mon père et de tous les antis-magie. Mais ce n'était pas le sujet. Non. Ce qui me rendait aussi folle de joie et de mon soupire de soulagement était la décision de Mona de m'accompagner au rendez-vous familial qu'avait organisé Eden notre grand frère, au trois balais. Enfin décision. J'étais pratiquement certaine qu'elle m'avait dit oui pour ne plus qu'elle m'est dans les pattes avec ce sujet de conversation. C'était que je l'avais pourri en ne parlant que de ce sujet depuis qu'Eden m'avait proposé cet après-midi entre frères et sœurs. Je me rappelais encore de la dernière phrase que m'avait dite Eden avant que la cloche ne sonne annonçant l'heure de retourner à l'intérieur du château. C'était que depuis ce qu'il s'était passé à Pré-au-lard le château instaurait de nouvelles règles. Des couvres feu avec des rondes plus présentes pour les professeurs et les préfets de l'école. Des sonneries de ce type pour qu'on n'entre à l'intérieur du château alors que le parc n'était pas un danger. C'était comme ça et pas autrement et je m'y pliais. Mais la n'était pas le sujet encore. Je me rappelais du regard emplit d'espoir d'Eden quand il m'avait soufflé un « Et si tu arrivais à convaincre Mona ce serait parfait. » même si je sentais dans ses mots qu'il n'y croyais pas vraiment. J'avais sentis mon cœur se serrer. Il devait se sentir encore plus mal que moi que l'une de sa famille lui refuse de lui parler. Et ce n'était pas faute d'avoir essayé mais le résultat était toujours le même. Mona refusait de lui parler. Ça ne me surprendrait pas qu'elle saute son cours pour ne pas être dans la même pièce qu'Eden. Elle était blessée. Rancunière comme l'était papa. Et Eden en payait le prix et accessoirement moi aussi. Ça me faisait mal de voir ma sœur et mon frère ne plus s'entendre. Je me rappelais enfant qu'ils étaient proche comme l'était un grand frère avec sa petite sœur. Ses souvenirs là me manquaient. Et me brisait le cœur quand je voyais l'indifférence que faisait preuve Mona à l'égard d'Eden. Ce n'était pas faute de lui avoir dit que ce n'était pas de son propre chef qu'il était partit de la maison à ses quatorze ans. Je suis sur qu'elle acceptait ce fait que c'était notre père qui l'avait mis à la porte. Non. Ce qu'elle refusait de pardonner était qu'Eden ne lui avait pas dit en revoir. Le même au revoir qu'il avait fait à moi. Et cette rancœur n'avait pas quitté ma sœur quand je lui avais dis avoir retrouvé Eden et qu'il travaillait à Poudlard. Encore moins quand j'avais vu Eden se précipiter vers elle après sa répartition à Poufsouffle et qu'il avait eu un rejet. Son premier rejet.
Des pas me sortirent de mes pensées nostalgiques. Mon regard navigua des buches de bois qui brulaient dans la cheminée mise à disposition dans notre salle commune pour se poser sur une tête blonde. Un sourire naquit mes lèvres quand celle-ci se dirigea vers moi. Mona m'avait dit oui après de nombreux refus. Et j'étais plus que fière de ce coup et surtout contente. Je savais qu'aujourd'hui allait être une bonne journée même si je savais que les premières paroles entre eux deux n'allait pas être vraiment cordiales. Mais avec le temps ça s'arrangea. J'étais certaine qu'on reviendra du trois balais, là où m'avait donnez rendez-vous Eden, ensemble. Tous les trois. Avec le sourire aux lèvres. La naïveté me perdra un jour. Mais toujours est-il que j'étais contente qu'elle soit la et je ne pu m'empêcher de le lui faire remarquer. « Je vais surement le répéter mais je suis vraiment contente que tu as changer d'avis. » Note à moi-même, je voyais bien que Mona se retenait de partir en courant dans la direction opposé. Elle m'avait juste dit oui pour que j'arrête de l'embêter avec ça même si j'espérais sincèrement qu'elle avait changé d'avis car son grand frère lui manquait énormément. L'espoir aidant, on sortit du château après avoir quitter ensemble la salle commune des poufsouffles. Mes yeux s'habituèrent rapidement aux rayons de soleils qu'offrait aujourd'hui le temps. J'avais dis que c'était une belle journée, je n'avais pas tord. Malgré le soleil présent, je resserrais mon écharpe aux couleurs et armoiries de ma maison autour du cou. C'est qu'il ne faisait pas encore chaud pour sortir en débardeur. Mais même ça ne fit pas disparaître ma joie d'allez à notre rendez-vous. Et encore moins la route pour allez à Pré-au-Lard ni la mine que faisait Mona. Elle y mettait certes du sien mais je savais qu'elle aurait préférer trainer avec ses amis plutôt que passer son après-midi en famille. Mais elle changera d'avis quand elle connaîtrait toute l'histoire. J'en étais certaine.
On arriva bien vite à Pré-au-Lard. Le village sorcier commençait doucement à renaitre suite à l'attaque des mangemorts pendant le marché nocturne. Un frisson parcourra mon dos quand on passa devant l'endroit où j'avais été avec Eden. Mon cœur se serra au souvenir de ne pas avoir trouvé Mona quand l'attaque éclatait. Eden et même Mona me disait qu'elle n'avait rien eu et que je devais passer à autre chose. De tourner la page. Mais je ne pouvais pas. Pas encore en tout cas. Accélérant le pas, on tourna au prochain virage pour arriver non loin du pub. Lui aussi avait beaucoup souffert d'après les rumeurs qui courraient. Certes, la propriétaire avait restauré son établissement mais on ne pouvait difficilement passé à côté des traces laissé par les attaques. Ma tête se tourna vers Mona un instant pour lui dire ses quelques mots réconfortants « Tu verras, ça va bien se passé. Tu ne regretteras pas d'être venu. » Je le disais aussi pour moi mais j'ignorais ce fait. Je savais qu'en entrant dans l'établissement que j'allais sans doute jouer le médiateur entre eux mais je le ferais avec plaisir si ça pouvait les rapprocher. Les faire parler. Respirant un bon coup, j'entrais en compagnie de ma petite sœur au Trois Balais. Mes yeux scuta la salle à la recherche d'Eden que je retrouvai bien vite installé à une table se trouvant au fond du bar. Un sourire apparu sur mon visage quand je vis les yeux d'Eden se poser sur ma personne un instant avant de se poser sur Mona. Je ne lui avais pas dis que j'avais réussis à convaincre Mona de venir avec moi à son rendez-vous. Déjà, parce que j'étais pratiquement certaine que j'irais seule au trois balais, Mona avait changé d'avis que la veille. Et aussi pour lui faire la surprise. Surprise qui était bonne vu le sourire qu'ornait le visage d'Eden quand on s'approcha de sa table. Sa voix me parvient à mes oreilles quand j'enlevais mon manteau pour le poser sur ma chaise. « Salut vous deux ! Je suis vraiment content que vous soyez venues. » Message qui s'adressais plus à Mona qu'à moi-même. Lui faisant la bise, j'enlevais mon écharpe autour du cou en lui répondant quelques mots. « Salut Eden, tu vas bien ? Désoler pour le retard mais on a du allez à Pré-au-Lard à pied il n'y avait plus de calèches quand on est arrivé. A qui la faute hein ? » Je tirais légèrement ma langue en direction de Mona. Si elle n'avait pas marché comme une limace on serait venu bien longtemps à l'avance au Trois Balais. « Mais on est enfin là. Tous les trois et c'est le plus important. » Mais même ça n'allait pas ruiner notre après-midi et encore moins la joie que je pouvais lire dans le regard d'Eden quand il regardait Mona. Sourire qui était contagieux vu que mon visage s'éclaira d'un sourire quand je m'installais sur une des chaises en regardant Mona se mettre aussi loin que possible d'Eden. Bon. Ce n'était pas encore gagner mais je ne désespérais pas. L'espoir fait vivre. Et j'étais plus que décidée de sortir de ce bar avec ses deux là proche. Aussi proche qu'ils l'avaient été dans notre enfance. Foi de Grey, Mona reparlera à Eden. Naïveté et espoir faisait un mauvais mélange..
Mona L. Grey & Eden A. Wilson-Grey & Seila R. Grey
Le matin de la journée tant redoutée arriva bien trop vite au goût de la jeune fille. Il avait l'air de faire beau, pourtant. Bien qu'un peu froid, pensa-t-elle en rentrant un orteil frileux sous la couette. Elle ronchonna aussi un peu, pour faire bonne mesure. Juste pour faire valoir son envie de rester au lit, sa désapprobation par rapport à ce qui l'attendait aujourd'hui. Résignée, elle finit par se lever. Après tout, elle n'avait pas le choix, elle l'avait promis à sa grande sœur. Parfois, il lui arrivait de regretter certaines de ses promesses. Tranquillement, la jeune sorcière s'agenouilla devant son lit, comme tous les matins. Et comme tous les matins, elle fit sa petite prière. Une bonne manière, sage et pieuse, de commencer la journée. Aujourd'hui, dans sa prière, Mona insista particulièrement sur le pardon. Elle demanda à Dieu de lui accorder la force de pardonner. Elle s'excusa par avance devant le Seigneur pour cette rancune tenace. C'était un péché, elle le savait. Presque le seul qu'elle ne se soit jamais autorisé. Le seul pour lequel elle plaidait pour sa pauvre humanité imparfaite. Elle avait été si profondément trahie, blessée... Comment pardonner? Elle n'était pas si forte... Elle n'avait pas la recette...
Se levant doucement, elle laissa un regard vide errer sur son lit. Elle était comme perdue dans ses pensées. Perdue, oui, c'était le mot. Peut-être Seila plaçait-elle de vains espoirs en elle? Sa grande sœur adorée qui espérait tellement réunir la fratrie... Tout en faisant le lit, Mona essaya de se remémorer son enfance avec Eden. Les souvenirs étaient flous, vagues... Tout cela était si loin... Elle avait été si petite, si jeune... Si confiante... Son frère... Elle se rappelait qu'il adorait lui lire des histoires. C'était la partie facile de ces souvenirs, ceux qui revenaient le plus rapidement. En général, elle se contentait de ça. Il lui lisait des histoires, et un jour il est parti. Sans un mot. Il l'avait laissée tomber. Mince alors. Encore ces fichues larmes qui se pointaient. La blessure était encore douloureuse dans son petit cœur de petite fille. Elle s'essuya la joue et Angelo se frotta contre elle. Elle le prit dans ses bras, ce gros matou-peluche qui était toujours là quand il fallait avec ses griffes immenses et sa fourrure de nounours. Il lui lécha les larmes et elle esquissa un sourire. Oui, elle n'allait pas laisser son frère détruire encore une fois son sourire. Ça aussi elle s'en souvenait. Quand elle avait appris qu'il était parti, elle en avait pleuré pendant des jours. Même Seila n'avait rien pu faire. Pauvre Seila. Elle lui avait mené la vie dure, quand même. Sa grande sœur qui semblait parfois si triste, si seule. Sa grande sœur qui détestait aller à l'Eglise, mais qui savait prendre sur elle. Sa grande sœur courageuse. Bien plus courageuse que la version miniature, en tous cas. Et maladroite. Le sourire de Mona s'affirma alors qu'elle rejoignait la salle commune. Oui, maladresse et Seila, c'était une évidence qu'il n'était pas nécessaire de souligner!
Et Eden alors, qu'est-ce qu'elle se rappelait de sa personnalité? Les enfants sont égoïstes, tout le monde le sait. Ils ne font pas beaucoup attention aux autres. Et Mona n'avait pas échappé à la règle. Mais elle avait bien remarqué, retenu certaines choses, non? Comme elle rejoignait sa sœur, Mona se mit à réfléchir, à creuser un peu plus sérieusement ses vagues souvenirs. Eden... que savait-elle de lui, au fond? Il restait peu de photos de lui, à la maison. Papa les avait toutes jetées. Il en restait une dans la chambre de Mona, parce qu'elle avait vraiment insisté, pleuré pour la garder. Maman avait cédé. Eden... elle ne se rappelait pas s'être un jour disputée avec lui. C'est qu'il devait être patient, alors? Sûrement, puisqu'il était aussi professeur.
En bas des escaliers, Seila l'attendait. Mona la rejoignit d'un pas mesuré. Presque à contrecœur. Elle avait comme l'impression que sa sœur allait l'emmener au purgatoire. Avec le sourire, en plus. Un sourire rayonnant. Mona fit la moue avant même que sa sœur ne s'exprime.
« Je vais surement le répéter mais je suis vraiment contente que tu as changer d'avis. »
"Hum... Moui... si tu le dis..."
Peu convaincue, Mona suivit Seila jusqu'à Pré au Lard. Si cette dernière lui parlait, Mona ne lui répondit pas. Elle était perdue dans ses pensées, ses appréhensions. C'était à peine si elle remarquait l'air frais l'absence de nuages. Elle allait revoir son frère. Elle allait être obligée de l'écouter, de communiquer avec lui. Elle l'avait promis à Seila. Elle n'en avait absolument pas envie. Plus elles approchaient, plus Mona ralentissait. Rattrapée par son jeune âge, la jeune fille joyeuse et optimiste se transforma peu à peu en ado boudeuse. Elle était rarement ainsi. Mais il faut croire qu'il suffit de rassembler les bonnes circonstances. Devant les Trois Balais, Mona fit une pause. Elle rassembla son courage. Ne le trouva pas. Chercha encore un peu. En ramassa des miettes. Et entra. Elle repéra tout de suite Eden. Peut-être parce que Seila était déjà en train de se diriger vers lui. Mona la suivit en trainant des pieds. Légèrement. Juste pour la forme. Ses sentiments se livraient une bataille sans merci, en elle. Son amour pour son frère, toujours aussi intact. C'était son grand frère, après tout. La douleur de l'abandon sans explication. La rancune, pour les mêmes raisons. L'admiration, qu'il était beau son grand frère, tout le monde l'appréciait à l'école. La colère, juste comme ça, pour le plaisir. La tristesse, elle avait peur de craquer et de pleurer, là tout de suite. Et la peur. Qu'allait-il se passer à présent? Qu'allait-elle faire? Seigneur, aidez-moi à passer cette épreuve...
« Salut vous deux ! Je suis vraiment content que vous soyez venues. »
Le regard d'Eden perça Mona d'une manière qu'elle avait du mal à définir. Elle s'assit loin de lui sans répondre et lui lança un regard noir. Pensait-il vraiment que cela allait être si facile? Seila s'excusa de leur retard (ah bon, elles étaient en retard?) et Mona se rappela la promesse qu'elle lui avait faite. Faire des efforts. Bon, OK... Prenant sur elle-même, elle grinça :
"Bonjour Eden."
Voilà, elle avait fait son effort! Elle lança un regard à Seila, lui signifiant qu'elle aurait du mal à en faire plus, qu'elle était déjà à la limite de la torture. Puis elle s'enfonça dans sa chaise, attendant la suite. Parce que bien sûr, ça n'était pas fini...
Tu sais au plus profond de toi que ça ne va pas être simple. Tu le sais depuis des jours. Mais c’est le jeu, c’est comme ça que ça se passe. Tu as tout tenté pour qu’elle vienne et tu restes persuadé que Seila réussira à la convaincre. Elle a toujours su trouver les mots justes, chose que tu n’arrives pas à faire lorsqu’il s’agit de ta plus jeune sœur. Et pourtant, tu aimerais lui dire à quel point elle représente tout pour toi, à quel point ça te brise le cœur qu’elle ne te parle plus. Tu veux que tout cela s’arrange mais tu n’es pas sûr que ce que tu vas leur annoncer ce jour là aura cet effet. Ca t’empêche même de dormir. Tu sais qu’il n’y aura aucun problème avec Seila mais avec Mona, c’est une autre histoire. Mais il faut tenter, de toute façon, tu n’as personne d’autre avec qui le partager alors autant que ce soit avec elles deux. Elles sont ta seule famille après tout, elle l’était encore il y a quelques semaines de ça.
Eden était assit à une table des Trois Balais en attendant patiemment que ses sœurs arrivent. Ses sœurs ? Sa sœur ? Il ne le savait pas encore, ça allait être la petite surprise. Il espérait juste qu’elle ne serait pas mauvaise. Mais il essayait de ne pas penser à l’éventualité que Mona leur fasse faux bond. Autant le dire, ça le décevrait énormément, mais c’était la vie. Si elle ne réussissait pas à lui pardonner il ne pouvait pas la forcer à le faire.
Tu t’entrainais devant ton miroir comme un gamin cherchant à séduire une camarade pour la première fois. Tu tournais tes phrases dans tous les sens à la recherche de celle qui sonnerait le mieux. Pas simple. Tu avais l’impression que rien n’allait. Tu ne pourrais tout de même pas leur annoncer ainsi, ce n’était pas assez bien. Tu en aurais bien parlé à des collègues mais tu préférais que ce soit elles qui l’apprennent en premier. Il y avait de sacrés pipelettes parmi le personnel et il y avait une seule chose que tu ne désirais pas, qu’elles apprennent la nouvelle par quelqu’un d’autre que toi au détour d’un couloir.
C’est alors qu’elles arrivent. Le professeur sourit en voyant la personne qui suit Seila. Il n’aurait jamais cru que ce jour arriverait et il est heureux. Il n’a aucune idée de comment la suite va se dérouler mais au moins elle est là et c’est le principal. Parce qu’il avait envie qu’elle aussi soit au courant et qu’elle n’apprenne pas la nouvelle par un autre intermédiaire comme ça avait été le cas pour son départ précipité. « Salut Eden, tu vas bien ? Désoler pour le retard mais on a du allez à Pré-au-Lard à pied il n'y avait plus de calèches quand on est arrivé. A qui la faute hein ? » Il ne peut s’empêcher de sourire à cette remarque et en voyant sa cadette faire une grimace à la plus jeune. Au moins, il y a encore un véritable lien entre les deux et c’est peut-être le principal. « Mais on est enfin là. Tous les trois et c'est le plus important. » C’est le cas de le dire, c’était vraiment le plus important ce jour-là. Il pourrait l’inscrire d’une croix sur le calendrier comme la première fois qu’il était véritablement réuni avec sa famille. Restait à voir comment tout cela allait se terminer. Mais il y croyait, l’espoir fait vivre dit le proverbe…
« Bonjour Eden. » Et ben, c’était pas gagné… Il dut faire un énorme effort pour ne pas faire une grimace de déception, il était heureux qu’elle soit là même si le contraire n’était pas vrai. Il voyait qu’elle faisait d’énormes efforts pour se contenir. Déjà le fait qu’elle soit là devait en être un. Le brun se demandait ce qu’avait bien pu dire Seila pour convaincre la benjamine de venir. « Qu’est-ce que vous voulez boire ? » Qu’elles ne lui répondent pas un whisky pur feu parce que sinon il allait refuser ! Il fallait bien lancer la conversation à un moment et c’était toujours un moyen simple de débuter. Il y eut un léger silence, il ne savait pas quoi dire. C’est étrange comme c’est dur de trouver la bonne façon d’amener un sujet de conversation, encore plus quand on est dans une situation délicate avec quelqu’un.
« Si je vous ai faite venir toutes les deux, en plus de passer un moment en famille –c’était la base après tout- c’est parce que j’ai une nouvelle à vous annoncer. » Attention, suspense… Peut-être que Seila s’en doutait, après tout, ils en avaient déjà parlé mais ce n’était certainement pas le cas de la plus jeune de la famille.
❝ TU ES DE MA FAMILLE DE MON ORDRE ET DE MON RANG ❞
Les Trois Balais. Le célèbre pub sorcier de Pré-au-Lard. Malgré l'attaque qui s'était déroulée lors du marché nocturne dans le village sorcier, il y avait encore du monde dans les ruelles. Peut-être grâce à la surveillance renforcée qu'avait mise le ministère de la magie sur le village pour que les habitants se sentent en sécurité. Surtout que Dumbledore, l'un des plus puissant des sorciers, avait aussi mis du sien à la protection du village sorcier. Ou alors c'était que Pré-au-Lard restait Pré-au-Lard. Un village animé, populaire, bruyant par moment et qui faisait la fierté de ceux qui tenaient des boutiques dans le village sorcier. Probablement, mais une chose est sure, à chaque pas que j'avançais en compagnie de Mona, ma petite sœur, on rencontra du monde. Elle, vu sa démarche, devait s'en moquer qu'il y avait du monde ici. Elle était bien trop perdue dans ses pensées pour remarquer que des sorciers se baladaient eux aussi. Et il y avait de quoi vu qu'elle faisait un effort surhumain pour m'accompagner à notre rendez-vous familial fixé au pub sorcier. Et qui dit famille dit Eden, notre grand frère dont Mona ne pardonnait pas que du jour au lendemain, il n'était plus dans notre maison. D'avoir été en quelques sortes abandonnées par son frère, ce que je comprenais parfaitement. Moi aussi, je n'avais pas vu Eden quand il a été chassé de notre maison par mon père. Mais contrairement à ma petite sœur, il avait pu me dire en revoir. Ce que je ne lui avais pas dit pour son propre bien rajoutant ainsi sa rancœur face à notre frère. Mais, je ne perdais pas espoir, je savais qu'un jour au l'autre Mona allait pardonner à Eden et qu'on retrouverait notre famille d'avant. Et si le destin le voulait bien, ça sera en fin d'après-midi qu'on repartira tous ensemble comme la fratrie heureuse qu'on fut avant. Je l'espérais vraiment et ma niaiserie ne faisait que croître mon espoir de revoir Mona dans les bras d'Eden.
Cet espoir ne me quitta pas quand on s'installa à la table qu'avait réservée Eden aux Trois Balais. Encore moins quand je vis le sourire ravi qu'abordait Eden en ayant vu que j'avais convaincu notre petite sœur de venir. Ni quand j'entendis Mona prononcer un « Bonjour, Eden. » d'une voix peu enthousiaste. Difficile e croire que la plus religieuse de nous trois ne respectaient pas cela, mais je la comprenais. J'espérais qu'elle le faisait aussi pour elle malgré que je connaisse la rancune tenace qu'avait la benjamine de notre famille. Une qui était moulée dans du béton et que seul un marteau-piqueur pouvait détruire. Et j'espérais grandement que notre frère soit cette machine. Il le fallait. Je me souvenais encore des paroles du prêtre de notre paroisse concernant le pardon. Il disait qu'il fallait pardonner son prochain, que ce n'était pas une faiblesse de tourner la page mais une force. Difficile e croire que la plus religieuse de nous trois ne respectaient pas cela, mais je la comprenais. Il était difficile de pardonner quand on ne savait pas la raison de la douleur et quand il était question de sentiment humain. Mais Mona était forte, elle était courageuse et intelligente et serait pardonner à Eden. Il fallait juste que je sois patiente, c'était pour la bonne cause.
La voix de mon frère me sortit de mes pensées. « Qu’est-ce que vous voulez boire ? » Au moins, il avait compris qu'un silence pesant et gênant s'était installé entre nous et que Mona n'allait pas faire des efforts pour briser tout ça. Elle m'avait promis d'être présente, une promesse qu'elle avait amplement tenue malgré son air boudeur qui ne quittait pas son visage depuis notre départ de Poudlard. Et c'est tout. C'était à nous les aînés de combler tout ça. Du moins plus Eden vu que c'était lui qui nous avait conviés. Un sourire flotta sur mon visage tandis que mon regard parcourra le bar. Il restait encore des traces de l'attaque des mangemorts, mais l'ambiance était toujours là. Intact. Ce qui faisait du bien aux cœurs des sorciers et des sorcières qui s'étaient aussi installé dans le bar sorcier de Pré-au-Lard. Une de mes mains s'amusa avec une de mes mèches de cheveux quand je reviens poser mon regard sur le professeur de botanique. Il attendait patiemment une réponse à sa demande polie de savoir ce qu'on voulait boire. Et vu que Mona n'était pas prête à ouvrir une nouvelle fois la bouche, c'était à moi de m'y coller. « Un soda de branchiflore pour moi. Et Mona, je crois bien qu'ils font ta boisson favorite ici. » Le rôle du médiateur m'allait parfaitement même si je souffrais en silence de ce rôle. Ce n'était pas facile pour moi d'être au milieu des deux personnes qui me sont le plus chères à mon cœur. Mais je le faisais, car j'aimais mon frère et ma sœur. Et je savais qu'un jour à l'autre, on sera de nouveau réunis. Oui. J'y croyais dur comme fer. Je croyais encore au sourire admirateur qu'avait Mona quand ils étaient enfants quand elle s'amusait avec Eden. Je croyais encore aux rires de Mona quand Eden la prenait sur ses épaules pour être plus grande que moi ou quand il lui chatouillait les côtes. Oui, je voulais encore voir Eden ébouriffer ses cheveux blonds quand Mona faisait une chose de bien. De les voir ensemble côte à côte lire une histoire dans leur monde. Ou de nous voir ensemble allongés sur l'herbe à profiter du beau temps. Oui, je voulais revoir ses deux êtres ensembles qui débordaient d'amour familial l'un pour l'autre. Je voulais retrouver ma famille, un souhait que partageait aussi Eden et surement au plus profond d'elle ma petite sœur. Mais pour ça, il fallait qu'Eden trouve les bons mots pour panser la plaie au cœur qu'avait Mona ce qui n'était pas gagné vu sa rancune légendaire. Si j'avais le choix entre sa rancune ou ma maladresse, je ne savais pas si je choisirais ma maladresse. Une de mes mains s'amusa avec une de mes mèches de cheveux quand je reviens poser mon regard sur le professeur de botanique.
Des rires attirèrent mon attention. Plusieurs sorciers et sorcières étaient attablés à une table et riaient. Même en ne les connaissant pas, on pouvait sentir la bonne ambiance qui régnait à leur table. Ce qui était loin d'être le cas à notre table, vu la mine boudeuse qu'abordaient Mona et le regard encourageant d'Eden. Et pas besoin d'être divin pour savoir que l'une se retenait à grande peine de filer le coup d'ici. Heureusement que le permis de transplaner ne faisait pas en deuxième année sinon on n'aurait plus vue la tête blonde de Mona à notre table. Et sans doute Eden le savait vu qu'il brisa une nouvelle fois le silence qui s'était installé à notre table. « Si je vous ai fait venir toutes les deux, en plus de passer un moment en famille. » ah car il y avait une autre raison pour laquelle il nous avait conviés toutes les deux ? Avant que j'ouvre la bouche pour le questionner à ce sujet, il reprit la parole. « c’est parce que j’ai une nouvelle à vous annoncer.. » Plantant au passage un beau suspens. C'était du tout Eden ça. Annoncer sans trop en dire. C'était comme si on était dans le brouillard. Du moins, Mona l'était plus que moi. Sa nouvelle ne pouvait être que ce qu'il m'avait parlé de notre excursion à Bibury. Un sourire s'étira peu à peu sur mes lèvres quand je me souvenais de ce qu'il m'avait raconté là-bas. Qu'il avait envoyé un hibou à notre mère pour savoir l'identité de son père biologique. Et elle avait peut-être répondu à sa demande ? Une joie certaine s'afficha sur mon visage vu que Mona me jeta un regard interrogateur me demandant en silence pourquoi je bougeais toute seule sur ma chaise. « Maman t'as répondu, c'est ça ? » demandais-je en fixant du regard mon frère. Si c'était ça, l'autre raison pour laquelle Eden nous avait conviées, j'étais heureuse. « Elle t'a donné la réponse que tu voulais ? » Pas sûr que Mona le prendra bien qu'Eden cherche son père biologique et que j'étais mise à la confidence. Elle pourrait le prendre comme un nouveau signe d'abandon. Qu'il voulait combler ce vide, qu'il cherchait des réponses et que peut-être après les avoir retrouvés allait s'attacher à cette autre famille qu'il avait. Et peut-être préférer celle-ci plutôt que notre famille. Ses questions, je me les étais posé, mais je connaissais Eden pour savoir qu'il ne nous mettra pas de côté au profit de personne qu'il ne connaissait pas. Mais Mona elle, était blessée. Une fois et la connaissait faisait tout pour ne pas l'être à nouveau. Il va falloir qu'Eden joue avec des pincettes pour le révéler à notre petite sœur. Derrière nous, Madame Rosmerta la propriétaire du pub faisait le tour pour prendre les commandes et n'allait pas tarder à venir à la nôtre.