Forget all we said Cause we both got split in two - Zelixte
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Calixte M. Webster
LE CLAIR OBSCUR
+ SORCIER DEPUIS LE : 08/04/2013 + PARCHEMINS : 824 + LOCALISATION : Dans l'enceinte de Poudlard, peut-être dans un coin solitaire à boire pour oublier, ou avec ses amis pour faire bonne figure !
Sa fuite m’a étonné sur le coup. J’allais lui appliquer le baume, que j’avais confectionné, sur sa plaie quand après m’avoir assenée tout un tas de phrases aussi douloureuses que des milliers de poignards, elle s’est échappée aussi rapide et fluide que sa condition de louve blessée le lui permettait. Ce qui cela dit en passant, était déjà beaucoup plus rapide que la normale humaine, sorcière ou moldue. Je n’ai pas pu répondre ou évoquer avec elle ce qui me torture à l’heure actuelle et ce depuis presque deux mois maintenant. Deux longs mois où j’ai pu retourner les informations, mes doutes et mes spéculations dans tous les sens. Nous nous sommes vaguement aperçus au bal de la Saint Valentin, quelques jours après notre rencontre fortuite dans la forêt interdite, j’aurais pu lui parler à ce moment, mais nous étions tous les deux occupés, je n’avais pas encore toutes ces idées en tête et je ne suis pas franchement pour faire une scène en plein milieu d’une foule sorcière qui se ferait un plaisir de colporter tout un tas d’ineptie à notre sujet. A la limite, l’aborder avec quelques camarades autour, pourquoi pas, encore que ça ferait déjà du bruit pour rien, car ce n’est pas comme si la populace était au courant de notre amitié passée, ça ferait plus jaser qu’autres choses étant donné que nous sommes plutôt réputés pour nous envoyer de grandioses horreurs à la figure et certaines de nos engueulades sont restées dans les esprits tellement c’était grandiose de saloperie. En fait mon gros problème depuis plusieurs semaines est qu’il faut que j’arrive à l’intercepter : 1) après les cours pour avoir le temps de lui parler tranquillement parce que Merlin sait le nombre de choses que j’ai envie d’aborder avec elle, 2) à un moment où il n’y a personne autour de nous, c’est trop risqué je pense et enfin 3) avant qu’elle ne s’échappe dans la forêt interdite, où je ne peux clairement pas partir à sa recherche.
Je ne sais pas franchement comment elle va réagir à la seconde fois où je vais faire intrusion dans sa vie, mais il est primordial que je lui parle de mes craintes. Son départ précipité m’a laissé dans un flou total et qui me ronge depuis, tous les jours. Je n’ai pas arrêté de penser à ce qu’elle a dit. Je n’ai pas franchement besoin de soucis en plus en ce moment, mes parents se débrouillent déjà assez comme ça pour me pourrir la vie, alors j’aimerais au moins régler cette histoire avec Zephir. Je n’avais pas spécialement prévu de confronter Phi comme je l’ai fait, c’est venu naturellement en fait, je l’ai vu passé, je l’ai suivi, elle m’a senti, on s’est échangé des pics, en fait le schéma relationnel habituel depuis six ans maintenant. Et puis tout a changé, j’ai remarqué son comportement, la douleur ne trompait pas. Malgré nos différents, Phi reste Phi dans une part de mon cœur, sa peine me touche, et les mots sont tombés, j’ai eu envie de l’aider. Je lui ai craché au visage ma tristesse et ma rancœur quant à son comportement à mon égard, elle a contre-attaqué avec tout ce que je ne pouvais pas concevoir : ses sentiments, ce qu’elle a enduré, son point de vu, tout ce que je ne savais pas et qui fait toute la différence à l’histoire. Elle m’a appris des choses que je dois mettre au clair avec elle, que mon père me fasse souffrir est une chose, mais il n’a pas le droit de s’en prendre aux autres, et surtout pas à Phi. Je n’ai pas non plus compris cette histoire de lettre qu’elle m’a claqué au visage, elle a reçu une lettre chaque jour de ma première année, je lui ai écrite chacune de ces lettres dans l’espoir d’avoir un jour une réponse, mais jamais rien n’est arrivé. Le dernier été avant mon entrée à Poudlard, quand Phi est revenu de sa première année, j’ai fini par arrêter, j’ai compris que ce n’était pas les études qui l’empêchaient de me répondre, mais bien un désir de sa part. Les Yaxley ne venaient plus au manoir et je n’avais plus le droit d’aller chez eux, la rupture était totale. Le cœur bien abimé, je me suis enfermé dans ma carapace, rien ou presque n’arrivait à me motiver à redevenir moi, c’est à ce moment-là que j’ai signé le début de la fin de ma vie. Mais si ce que je crains est vrai, si nos pères nous ont séparés parce que c’était mieux pour eux, qu’ils nous ont fait souffrir toujours plus, histoire de nous détruire chaque jour un peu plus, je ne peux juste pas le supporter et pas le cautionner. Il faut que je sache la vérité, j’ai besoin de cette vérité. Mon père me gâche la vie depuis des années, mais j’ai besoin de savoir s’il a réussi à m’éloigner de la seule personne qui avait autant d’importance pour moi.
« Vous pouvez sortir maintenant Mr Webster, je ne suis pas certain que mon cours vous ait passionné au point de rester quelques minutes de plus en ma compagnie. » La voix de mon professeur me fait prendre conscience que je n’ai même pas entendu la cloche annonçant la fin du cours et que mes camarades ont déjà tous déserté la salle. Tellement plongé dans mes pensées que je ne faisais même plus attention au monde extérieur. Je pose mon regard sur l’adulte en face de moi. L’ironie de sa phrase est perceptible, il sait que je ne suivais pas du tout son cours, mais ça ne m’empêche de lui répondre gentiment : « Désolé professeur, vos explications m’ont laissé perplexes. » Un mensonge de plus ne fera de mal à personne après tout. Je range rapidement mes affaires et laisse échapper un bonsoir à mon professeur avant de sortir précipitamment de la classe. Je me lance dans les couloirs la tête toujours dans mes pensées, et c’est là que l’improbable se produit, toutes les conditions se sont réunies au même moment : la fin des cours, la solitude et la fille.
Au détour du couloir je l’aperçois se diriger rapidement vers les escaliers. Pendant plus d’un mois, je n’arrivais jamais à me retrouver dans la même pièce qu’elle, silence radio, plus personne dans mon radar. Je me suis même demandé si elle n’avait pas disparu de Poudlard pendant un temps. Zephir était juste introuvable et comme ce n’est pas une grande sociable, je n’avais personne vers qui me tourner pour avoir des renseignements. Je ne sais même pas si elle a pu aller au marché nocturne, à vrai dire j’espère que non vu tout ce que j’ai pu entendre à ce sujet. Mes parents m’avaient expressément incité à y aller. Soit disant que j’apprendrais pleins de bonnes choses, avec le recul j’ai compris qu’il fallait entendre par là qu’ils auraient voulu que je m’inspire de la pratique des mangemorts qui ont attaqué les noctambules ce soir-là. Comme je ne suis pas réputé pour faire ce que l’on me dit, j’ai décliné l’invitation et je suis resté tranquillement dans mon dortoir. Et pour tout dire, je n’avais pas vraiment la motivation pour sortir et m’amuser. Au final, j’ai évité bien des problèmes j’imagine.
Cela fait maintenant plusieurs jours que j’ai réussi à retrouver sa trace, ça n’a pas été une mince affaire et sa nouvelle coupe de cheveux n’a pas arrangé les choses. Si ça se trouve ça faisait déjà plusieurs semaines que je cherchais la mauvaise fille : les nanas ont vraiment de drôle d’idées de changer de couleur de cheveux aussi radicalement. Bref, pour une fois que je me retrouve seul avec Zephir, je ne perds pas une seconde de plus et ni une ni deux, je me lance à sa poursuite, je fais un bruit monstre, mes chaussures claquants sur les pierres au sol, elle se retourne prestement pour voir ce qu’il se passe, je distingue dans son regard beaucoup de choses et je lui trouve particulièrement mauvaise mine. Mon cœur bat un peu plus vite, il faut qu’on parle c’est indéniable. J’agrippe son poignet pour l’empêcher de s’enfuir, pas trop durement pour ne pas risquer une réaction de sa louve intérieure, mais assez pour l’empêcher de me fausser compagnie. « Phi, accorde moi une seconde, il faut qu’on parle. » Je la regarde une fraction de seconde, elle a l’air tellement fatiguée, et je lance une phrase histoire de l’accrocher un peu et ne pas risquer un esclandre en plein couloir. « J’ai réfléchis à ce que tu m’as dit dans la forêt, toute cette histoire c’est à cause de nos pères, j’en suis sûr, tes phrases ne correspondent pas avec ce que j’ai vécu ! Laisses-moi le temps de t’expliquer. » Je fais une légère pression sur son poignet pour lui marquer ma présence, puis je la lâche doucement, la regardant bien droit dans les yeux, essayant par tous les moyens de savoir ce qu’elle peut penser à cet instant et lui laissant surtout largement le choix de rester ou partir. « S’il te plait… »
@destiny.
Pouet:
Cal Phi
Zephir T. Yaxley
LE GRAND MÉCHANT LOUP
+ SORCIER DEPUIS LE : 01/08/2015 + PARCHEMINS : 113
Selon un adage populaire : « Il faut parfois toucher le fond pour mieux rebondir ». Un extrême peu réjouissant que l'on évite à tout prix. Cependant, le sort, ou le hasard, appelez-le comme bon vous semblera, semblait s'acharner sur Zephir – pour ne citer qu'elle. Naître dans la mauvaise famille, au mauvais moment et être la source même de tous ses maux, voilà qui vous donne une bonne longueur d'avance par rapport au commun des mortels. Toutefois, dans ce qui semblait être sa malchance innée, la jeune héritière avait trouvé un compagnon de choix en la personne de Calixte Webster. Un cœur pur parmi les ténèbres grandissantes. Devenu son phare, la seule étincelle vacillante qu'elle guettait nerveusement dans son quotidien morne et obscur. Ainsi, quand l'infortune les sépara, transformant par la même occasion Zephir en monstre, la jeune femme en devenir se retrouva plongée dans un abysse insondable. Comme coupée de ses sens, elle évoluait à l'aveugle, par tâtonnements successifs. Cette sensation de faire du surplace, avancer pour mieux reculer ; il n'existait rien de plus frustrant. Et quand, par le fruit d'un miracle inexpliquée, elle se retrouvait en pleine lumière, l'étourdissement était tel que Zeph' perdait tous ses moyens.
Alors que, depuis la première fois en sept ans, la louve avait enfin l'occasion de retrouver son meilleur ami d'enfance, elle avait reproduit ce bon vieux schéma destructeur. Un pas en avant : je t'explique et t'avoue enfin toutes mes souffrances ; deux pas en arrière : je te fuis juste après pour mieux t'éviter par la suite. Responsabilité du loup ou de la sorcière ? Ni l'un ni l'autre ne voulait porter le chapeau. Saboter une chance aussi inouïe de réconciliations était la bêtise la plus stupide qu'elle avait faite depuis de longues années. Pas un seul jour ne passait sans qu'elle ne s'en morde les doigts. Cela avait été donc avec timidité qu'elle s'était rendue au bal de la Saint Valentin. Merveilleusement mise en valeur, Zephir espérait secrètement un regard de sa part, un geste et soyons fou : un sourire. Cependant, le manque cruel de galanterie dont avait fait preuve son cavalier l'avait distraite de son but premier. Dès lors, silence radio. Elle l'avait laissé avec ses révélations, cette bombe qui, depuis toutes ces années menaçait d'exploser. La voilà sienne à présent. La question demeurait : qu'allait-il en faire ? Puis, les réels ennuis étaient apparus.
Les problèmes s'entremêlaient dans l'esprit engourdi de la fraîchement brune à la fougue fanée. Ces deux derniers mois avaient été les pires qu'elle ait jamais vécu. Tout avait commencé à la Noël quand, lors du traditionnellement douloureux repas, son père accompagné de Monsieur Webster avaient expérimenté leur nouvelle concoction à son insu. Assommée par les puissants calmants, pas un seul jappement n'avait pu s'extraire de sa carcasse secouée par les spasmes de la transformation. Une torture qu'elle devait se contenter d'endurer en silence. Peu concluant. Voilà la seule et unique bribe de conversation qui lui était parvenue tandis qu'elle tentait en vain de reprendre ses esprits une fois l'expérience passée. S'y était ajouté le hiboux intercepté. Destiné à son jeune demi-frère, Zephir y avait appris les projets matrimoniaux que son père nourrissait pour elle. Si le nom de son promis n'y était pas mentionné, la nouvelle ne l'enthousiasmait guère. Suivi la fameuse confrontation avec le principal concerné puis, le bal de la Saint Valentin où, Elwan Callaghan, l'avait publiquement humiliée en la laissant en plan, vêtue de ses plus beaux apparats alors qu'il se battait avec le cavalier d'une autre. Le défilé ne s'était pas arrêté là, bien au contraire : il venait tout juste de débuter. Ne résidant plus au manoir familial depuis l'incident des fêtes de fin d'année, Zephir avait trouvé refuge dans une auberge sorcière après avoir acheté sa propre potion tue-loup chez son fournisseur habituel. En y repensant maintenant, la jeune femme s'en voulait énormément. Comment avait-elle pu être si crédule ? Croire que son père allait la laisser lui échapper aussi facilement, sans dommages collatéraux d'aucune sorte ? Pure folie. Il ne se passait pas un jour où elle regrettait amèrement sa stupidité. C'est donc suite à cette naïveté qui l'écoeurait au plus haut point que Zephir avait commis l'irréparable : ce qu'elle redoutait avec tant de vivacité depuis le début. Une jeune moldue était morte par sa faute. La chair réduite en lambeaux sous ses crocs acérés. Il n'en fallut pas plus aux autorités pour la conduire en confinement psychiatrique à Sainte Mangouste et enquêter sur ce qu'elle savait déjà n'être qu'une gigantesque machination. Toutefois, ce que son père n'avait probablement pas prévu c'était bien la révélation publique de sa nature lupine. Déshonneur ultime pour la famille Yaxley. Un affront que son patriarche tenta de faire oublier grâce à l'annonce de ses fiançailles avec le détestable Damian R. Beurk. Même sous calmants et incapable de tout mouvements, Zephir avait bouillonné de rage en apprenant la nouvelle. Quand le cauchemar prendrait-il fin ? Les semaines s'écoulant permirent de déterminer qu'il s'agissait d'un regrettable accident comportant de nombreuses zones d'ombre comme la présence de cette moldue à des lieux de son itinéraire d'origine ou encore le contenu suspect de la potion. Relâchée, l'héritière retourna au château. Affrontant les regards pesants relativement bien grâce au cocktail d'opiacés qu'elle suivait encore, la brune n'était plus que l'ombre d'elle-même.
Comme cela lui arrivait souvent ces temps-ci, ce fut la main de son professeur qui la ramena brutalement à la réalité. Un bref sursaut témoigna de l'inattention qui l'avait gagnée durant l'intégralité du cours. Essuyant en silence un simulacre grotesque de reproches de l'enseignant, l'aînée Yaxley se contenta à plusieurs reprises de hocher de la tête ou de le gratifier de lasses excuses. Profondément inquiet par l'attitude du loup-garou, il était un de ceux qui soutenaient la jeune femme suite à cette expérience qui avait dû être traumatisante. Il la libéra finalement, prenant son élève en pitié. Résonnant dans le couloir vide, son soupir emplit l'espace, faisant écho avec cette sensation d'étouffement qui la tiraillait. Il fallait qu'elle s'oxygène. D'un pas tout d'abord lent, Zephir s'avança. Progressivement, répondant à l'appel qui se faisait de plus en plus tonitruant, elle pressa le pas, le regard rivé sur la cage d'escalier quand un élément attira son attention. Elle n'était pas seule dans ce couloir et, en se retournant vers le vacarme, ses prunelles claires accrochèrent une silhouette inespérée. Se sachant seule avec lui, Zephir comprit qu'il ne pouvait que se précipiter vers elle. Un mélange de peur et de joie sincère s'immisça en elle, la consumant avec une telle intensité qu'elle se sentait revivre. Pourtant, sans savoir pourquoi, son corps ne s'arrêtait pas. Il lui fallut l'intervention de Calixte pour la stopper net. Tel un électrochoc, le contact de sa main sur son poignet et ce petit surnom la figea. « Phi, accorde moi une seconde, il faut qu’on parle. » Oubliant presque de respirer, comme fascinée par ce visage tendu qu'elle mourait d'envie de revoir depuis des mois, la louve l'examina sous toutes les coutures, la peur dansant dans ses prunelles. « J’ai réfléchis à ce que tu m’as dit dans la forêt, toute cette histoire c’est à cause de nos pères, j’en suis sûr, tes phrases ne correspondent pas avec ce que j’ai vécu ! Laisses-moi le temps de t’expliquer. » Pour seule réaction, Zephir fronça les sourcils. Elle ne comprenait pas bien où il voulait en venir avec cette affirmation. À ses yeux, il était clair que leur pères avaient un rôle à jouer mais pas dans leur dispute. Quel était l'intérêt, pour eux, de les séparer ? Après tout, n'étaient-ils pas considérés comme les inutiles de leur familles respectives ? À quoi bon prêter attention à leur amitié. Ce fut la supplication de Calixte qui lui dénoua la langue. Avec beaucoup plus de calme que le lion et même une certaine lassitude qui accompagnait tristement chacune de ses phrases, elle prit alors la parole. « Qu'est-ce que tu racontes ? Tu crois vraiment que nos pères se soucient assez de nous pour s'être immiscés dans notre amitié et la détruire ? Et puis... Comment ils auraient bien pu s'y prendre ? » Tout cela ne faisait pas sens pour Zephir qui préférait ne pas chercher plus loin, bien trop préoccupée par d'autres choses.
Un bruit au loin, encore inaudible pour Calixte, l'alerta toutefois. Elle savait, même si ce dernier ne lui en avait touché mots, qu'il ne voulait pas être vu en sa compagnie. Compréhensible après les récents évènements... Leur petite entrevue improvisée allait donc prendre fin dans quelques minutes. Passant une mèche de sa chevelure brune derrière son oreille, Zephir reprit, murmurant presque, comme si les élèves arrivant auraient pu l'entendre. « Tu ne devrais pas te torturer l'esprit avec tout ça... Ils ont fait assez de dégâts pour que tu les laisses encore rentrer dans ta tête. Je doute qu'ils y soient concrètement pour quelque chose. » Cependant, en dépit de toute la logique dont elle pouvait faire preuve pour classer cette histoire, les paroles de Lei l'interpellaient. Par la barbe de Merlin, qu'avait-il bien pu trouvé comme explications qui valaient la peine de se précipiter ainsi vers elle ? Rageant intérieurement d'être si faible face à la curiosité mais surtout face à lui, un léger grognement de mécontentement lui échappa avant qu'elle ne marmonne. « Mais... Admettons que tu aies raison ! Qu'est-ce qui te fait dire qu'ils y sont liés ? » À croire qu'il n'avait pas oublié comment capter son attention et s'assurer sa coopération même sous calmants Lei parvenait à l'interpeller. La bombe qu'il venait de lâcher était monumentale bien que, aux yeux de Zephir, peu probable.
@destiny.
Calixte M. Webster
LE CLAIR OBSCUR
+ SORCIER DEPUIS LE : 08/04/2013 + PARCHEMINS : 824 + LOCALISATION : Dans l'enceinte de Poudlard, peut-être dans un coin solitaire à boire pour oublier, ou avec ses amis pour faire bonne figure !
Ma cavalcade l’a surement autant étonné que moi. Cela fait longtemps que ce n’est pas mon instinct qui a dicté ma conduite comme aujourd’hui. D’habitude, ma tête dirige tout parfaitement, en maître de la situation, j’analyse, puis j’agis. Là, et comme à chaque fois que j’étais avec elle lorsque nous étions enfants, Zephir fait à nouveau ressortir des parties bien enfouies au plus profond de moi depuis des années, et que je laisse rarement échapper. Et surement, aussi bien que je la connaissais à l’époque, et qu’elle me connaissait parfaitement, aussi bien que je me cache et qu’elle se protège, et au vu de ce qu’elle a laissé paraître lors de notre dernière rencontre à l’orée de la forêt, je pense que je peux encore réussir à capter toute son attention comme autrefois. C’est un peu comme de la manipulation quand on y pense, mais Phi a toujours été une petite fille un peu craintive et qui ne se lance pas dans l’aventure sans une bonne raison. Les années ont passé et je sais qu’elle est devenue bien plus forte et indépendant qu’autrefois, mais je reste persuadé qu’elle n’a pas perdu toute sa réserve naturelle.
Je la regarde alors attentivement, essayant de capter ses pensées, la regardant se débattre entre la peur et peut-être une forme de joie. Enfant, j’arrivais toujours à capter le moindre de ses sentiments, aujourd’hui j’y vais avec toute la délicatesse qu’il faut pour ne pas déranger un inféri. Son poignet gracile que je maintiens légèrement, me permet juste d’essayer de recréer le lien fort qui nous liait. J’aimerais retrouver cette entente facile, cette amitié si forte qu’un simple regarde ou un simple geste nous permettait de nous comprendre. Je vois bien qu’à son froncement de sourcils, elle semble septique quant à ce que je lui annonce sur nos pères. En fait ça n’est qu’une partie de ce que je pense commencer à comprendre, mais c’est une bonne entrée en matière pour attiser la curiosité qui n’a pas dû partir bien loin. Je sais qu’elle me détaille, histoire de savoir si je crois à ce que je raconte, je sais aussi qu’elle tente surement de lire en moi, comme avant, mais je sais aussi qu’il existe de gros problèmes entre nous et qu’il ne va pas être simple de se faire confiance tout de suite. Et comme je pouvais m’y attendre, c’est après ma petite supplication qu’elle laisse éclater sa réticence : « Qu’est-ce que tu racontes ? Tu crois vraiment que nos pères se soucient assez de nous pour s’être immiscés dans notre amitié et la détruire ? Et puis… Comment ils auraient bien pu s’y prendre ? » Questions légitimes, je ne peux pas juste lui tendre un verre, sans lui verser du jus de citrouille dedans, elle a besoin d’explications, et c’est justement ce que j’aimerais qu’on ait tous les deux, pour l’instant il faut juste que j’arrive à la retenir assez longtemps pour capter son attention. « J’ai tout un tas de théorie à ce sujet Phi, je suis sûr qu’il y a une explication. Tu ne t’ais jamais demandé pourquoi notre amitié avait éclaté ? » Elle fait un petit mouvement de la tête, me livrant un cours instant son profil que je voudrais à nouveau explorer à loisir, lui racontant à nouveau des bêtises pour la faire rire. Puis elle replace une mèche de cheveux derrière son oreille, signe évident qu’elle réfléchit. Assez rapidement, elle me répond dans un léger murmure. « Tu ne devrais pas te torturer l’esprit avec tout ça… Ils ont fait assez de dégâts pour que tu les laisses encore rentrer dans ta tête. Je doute qu’ils y soient concrètement pour quelque chose. » « Pourquoi tu chuchotes ? » Etonné, je lui ai lancé cette phrase en chuchotant à mon tour. Me trouvant royalement bête de faire du mimétisme sachant en plus pertinemment que nous sommes seuls dans ce couloir, je continue à lui parler de nouveau normalement : « Je sais que c’est difficile à concevoir mais chuchoter ne rend pas la chose moins grave. Tu m’as dit que j’avais arrêté de t’écrire à la mi-novembre, je suis sûr que c’est ce qu’ils ont voulu te faire croire, parce que ce n’est pas vrai. » Je m’arrête là, avec cette phrase je suis sûr qu’elle va avoir envie que je lui explique ce que j’ai en tête. C’est avec un mignon grognement de sa part que je sais qu’elle va m’écouter. J’ai gagné la première manche, celle de retenir assez son attention pour qu’elle m’accorde le temps de lui parler. Et c’est dans un nouveau murmure qu’elle me confirme ce que j’avais déjà compris. « Mais… Admettons que tu aies raison ! Qu’est-ce qui te fait dire qu’ils y sont liés ? » Sa phrase laisse place à une grosse réserve, alors je lâche la première partie des choses que je voulais aborder avec elle. Je lui reprends sa main maintenant que je sais qu’elle ne va ni s’enfuir, ni me bouffer, je veux juste qu’elle sente à travers mon geste que ce que je lui dis n’est pas un mensonge. « Je n’ai jamais arrêté de t’écrire en novembre, tu as peut-être arrêté de recevoir mes lettres mais moi j’ai passé toute ton année scolaire à t’envoyer des lettres. Une par jour pendant plus de dix mois. J’ai toujours attendu une réponse, je pensais que tu étais occupée avec les cours, mais quand l’été est arrivé et que mes parents ne voulaient plus que je vienne chez toi, j’ai pensé que tu m’évitais. C’est là que j’ai été naïf et que j’ai laissé mon père s’installer dans mon esprit, j’aurais dû comprendre que c’était lui qui m’empêchait de te voir. »
Des bruits de pas m’interrompent dans mon explication. Je sens tout de suite la tension envahir la brune à mes côtés, prête à s’enfuir encore une fois, pour ne pas être vu avec moi. Il est hors de question, maintenant que j’ai réussi à l’aborder et que j’ai capté son attention, qu’elle m’échappe à cause d’un idiot d’élève qui a décidé de passer par ce couloir. Je regarde rapidement à droite et à gauche et repère rapidement une porte sur ma droite. Je n’ai jamais fait attention qu’il y avait une pièce près des escaliers du premier étage, alors j’imagine que ce n’est pas une salle importante. La main toujours agrippée à celle de Zephir, je la tire avec moi vers cette porte que j’ouvre rapidement, avant de la pousser littéralement dedans, les deux mains posées sur ses épaules afin d’éviter aucun refus de sa part ou aucun replis stratégique comme elle peut en avoir le secret. Les pas se rapprochent toujours plus. La lumière allumée et la porte fermée, je retiens un instant mon souffle, écoutant à travers la porte que les pas se soient éloignés. Une fois que je ne perçois plus aucun bruit de l’autre côté de la cloison, je reporte mon attention sur la pièce : un placard vide. Je ne sais pas trop à quoi il pouvait servir avant, mais les quelques étagères sont anormalement vides. Je tente de bouger un minimum, mais la pièce est à peine assez grande pour nous accueillir tous les deux. Nous avons assez de place pour bouger légèrement et je suis aussi proche d’elle que je l’étais dans ce couloir, mais la sensation oppressante d’être entouré par quatre murs, donne un aspect un peu plus intime. Tout ce qu’il me faut pour parler avec elle de tout ce que j’ai en tête, sans risquer d’être dérangé. Personne ne viendra nous chercher ici. Je regarde Zephir qui ne semble pas être à son aise, c’est sûr que ça doit lui changer des grands espaces de la forêt interdite, mais ce n’est pas le temps d’en perdre à penser. « Phi regarde-moi, ce n’est peut-être pas évident à croire, mais à qui tu fais le plus confiance : nos pères ou moi ? » Un instant de réflexion plus tard. « Comment crois-tu qu’ils percevaient notre relation ? Inutile et insignifiante, comme tout ce qu’ils n’ont pas décidés d’eux-mêmes. » Je laisse échapper un rire amer, prononcer mes pensées tout haut, les rendent plus présentent, plus tristes également et plus douloureuses. « Surtout que nos sentiments, ils les piétinent à chaque pas qu’ils font. Nos liens étaient trop forts, ça ne les servaient pas. Au début ils s’en fichaient, on n’était que des gamins et on ne se voyait jamais en dehors de nos domaines. Leur dessein pour nous a dû changer à un moment. Alors le meilleur moyen pour qu’on ne soit plus amis, était de nous éloigner, de faire tout pour qu’on se déteste. » Je lui livre petit à petit tout ce qu’il me passe par la tête depuis ces quelques semaines passées à cogiter. J’ai trouvé mes réflexions un peu farfelues moi aussi au début, et puis finalement, quand on y pense sérieusement, rien ne peut plus vraiment m’étonner de la part de mon père. Celui de Zephir est bâti sur le même moule, il n’y a pas de raison que ça soit différent. « Mon père a dû bruler toutes les lettres que je t’envoyais pour que tu penses que je t’avais oublié. Par ce biais, il m’anéantissait un peu plus chaque jour. Je perdais le peu de joie de vivre, l’insouciance que j’avais. Petit à petit ça a laissé place à de la hargne et une envie de me battre. Il m’a modelé à l’image qu’il voulait de moi, même s’il ne s’attendait pas à ce que je fasse du grabuge à Poudlard. » 2ème round : ma réputation.
@destiny.
Pouet:
Cal Phi
Zephir T. Yaxley
LE GRAND MÉCHANT LOUP
+ SORCIER DEPUIS LE : 01/08/2015 + PARCHEMINS : 113
Le palpitant malmené à la vue de cette course entreprise par le fougueux lion, Zephir ressentait enfin quelque chose. Un miracle qui ne s'était pas produit depuis maintenant plus d'un mois. Assommée par les médicaments, elle se complaisait dans cette léthargie cotonneuse qui l'enveloppait au quotidien. La louve impétueuse semblait ne plus être qu'un vague souvenir à présent. Réduite au silence, elle était ensevelie sous des formules chimiques se combinant à merveille pour calmer la bête devenue impuissante. Cette caractéristique pour laquelle tout le monde la reconnaissait à présent n'existait plus, troquée contre un simulacre de paix intérieure plus proche de la mort cérébrale que d'un réel bien-être. Celle-là même qui lui avait apporté liberté, caractère et identité propre.
Interceptée par cette main retenant son poignet, Zephir ne put s'empêcher de lui être reconnaissante. Ce besoin si urgent de lui parler qu'il témoignait la touchait plus qu'il ne pouvait l'imaginer. À de multiples reprises elle s'était laissée aller à la douce torture de l'imaginer aussi proche d'elle, lui expliquant combien elle pouvait lui manquer, son besoin pressant de l'avoir à ses côtés et retrouver leur complicité d'antan. Une petite folie qui l'avait maintenue éveillée quand elle aurait pu sombrer. Ses prunelles éteintes, où la flamme envoûtante de son impétuosité s'était tarie, glissèrent un instant sur la source de son agitation interne. Il lui suffisait d'un simple contact avec Lei pour réveiller sa carcasse fantomatique. Incrédule, elle l'écouta en silence, doutant sincèrement de l'authenticité de cet instant. Les propos de son ami se bousculèrent dans son esprit, saisissant mal les raisons pour lesquelles Calixte pensait une chose pareille. Certes, leur pères étaient deux êtres profondément mauvais aux desseins douteux mais pourquoi, par la barbe de Merlin, iraient-ils perdre leur temps avec une amitié comme la leur. Zephir lui exprima donc ses réserves sur le sujet et sa réponse ne se fit pas attendre. « J’ai tout un tas de théorie à ce sujet Phi, je suis sûr qu’il y a une explication. Tu ne t’aies jamais demandé pourquoi notre amitié avait éclaté ? » Il avait largement eu le temps d'y réfléchir depuis leur dernière entrevue, c'était un fait. Toutefois, toujours un peu sceptique à ce sujet, la louve croyait, naïvement, que la seule source probable de la rupture qui avait eu lieu il y a sept ans de cela, provenait de sa transformation lupine et de la honte qui en résultait. Son père avait été très clair à ce sujet : n'importe quel sang-pur digne de ce nom n'irait pas perdre son temps et risquer d'entacher sa réputation avec un monstre comme elle. Ainsi, s'il y avait un coupable, c'était le père Yaxley et sa propre crédulité. Avant même qu'elle ne puisse lui répondre, un nouvel élément vint titiller la seule partie canine résistant aux drogues : ses sens surdéveloppés. Instinctivement, elle murmura alors les doutes qu'elle continuait d'émettre quand à leur réelle implication dans tout cela. Le caractère urgent de la situation n'aidait en rien Zephir à se détendre et écouter les théories un brin farfelues du lion. À sa première réponse, appliquant son murmure par mimétisme, l'attendrissement la gagna, ayant presque oublié ce sentiment si singulier et enivrant qu'était l'admiration. « Pourquoi tu chuchotes ? Je sais que c’est difficile à concevoir mais chuchoter ne rend pas la chose moins grave. Tu m’as dit que j’avais arrêté de t’écrire à la mi-novembre, je suis sûr que c’est ce qu’ils ont voulu te faire croire, parce que ce n’est pas vrai. » En dépit de l'urgence de la situation, le bruit des pas se rapprochant dangereusement, Calixte avait réussi l'impossible : piquer son intérêt. En soulevant un élément qui lui avait toujours causé beaucoup de peine, y apportant un nouvel éclairage, l'héritier l'intrigua. Tiraillée entre le besoin de s'échapper provoqué par le bruit de pas et la curiosité, elle émit finalement un grognement de mécontentement, signe indéniable qu'elle capitulait. Zephir ne fut donc pas déçue d'avoir, pour une fois, cédé à son instinct. « Je n’ai jamais arrêté de t’écrire en novembre, tu as peut-être arrêté de recevoir mes lettres mais moi j’ai passé toute ton année scolaire à t’envoyer des lettres. Une par jour pendant plus de dix mois. J’ai toujours attendu une réponse, je pensais que tu étais occupée avec les cours, mais quand l’été est arrivé et que mes parents ne voulaient plus que je vienne chez toi, j’ai pensé que tu m’évitais. C’est là que j’ai été naïf et que j’ai laissé mon père s’installer dans mon esprit, j’aurais dû comprendre que c’était lui qui m’empêchait de te voir. » Le contenu de sa réponse la laissa interdite. Alors pendant tout ce temps il n'avait eu de cesse de lui écrire, persévérant chaque jour bien qu'il ne recevait plus de réponses de sa part ? Un profond sentiment de culpabilité fit son chemin, sans difficulté aucune, jusqu'à son pauvre cœur malmené depuis le début de cette entrevue fortuite. Quand il continuait sans relâche de lui écrire, elle avait lâchement abandonné devant son absence de réponse. Elle l'avait lâché la première, résignée à ne plus lui parler, persuadée qu'il avait adopté le comportement prédit par son père.
Assommée par une telle révélation, Zephir n'opposa guère de résistance à ce qui suivit. Bien qu'inconsciemment tendue par le rapprochement significatif des bruits de pas, elle semblait absente, comme si subitement on l'avait extirpée à son enveloppe corporelle. Depuis quelques temps déjà, elle expérimentait souvent cette sensation désagréable ; se retrouvant spectatrice de la scène sans pouvoir intervenir, perdant le contrôle de toutes ses facultés motrices. C'est ainsi qu'elle se retrouva coincée dans un ancien placard, Lei la dominant de sa hauteur, ses mains posées sur ses épaules lui barrant la route. Alors qu'il était occupé à sonder les bruits du couloir qu'ils venaient tout juste de déserter, la panique commençait à gagner la louve éprise de grands espaces. Ainsi bloquée entre le corps de celui qui avait été son meilleur ami et un mur, elle n'avait plus aucune échappatoire : un peu tard pour se réveiller. La maigre distance qui la séparait du corps athlétique du lion semblait dérisoire à présent qu'ils étaient entourés par ces quatre murs. Redécouvrant un semblant d'activité cérébrale et cardiaque, ses prunelles océan rebondissaient frénétiquement contre les parois rocheuses de cette prison provisoire, cherchant un élément réconfortant qui pourrait calmer les palpitations qui malmenaient son cœur. « Phi regarde-moi, ce n’est peut-être pas évident à croire, mais à qui tu fais le plus confiance : nos pères ou moi ? » Dans un sursaut, elle reporta son attention sur lui, accrochant l'ambre de ses yeux avec un désespoir frappant. Le souffle court, trahissant sa panique, Zephir murmura en réponse. « Toi, bien évidemment. » Une évidence qui, en dépit de toutes ces années de querelles, avait toujours été d'actualité. Qu'importe l'éloignement qui les avait déchiré, elle avait toujours eu et aurait toujours confiance en lui. Un lien ineffable les unissait. « Comment crois-tu qu’ils percevaient notre relation ? Inutile et insignifiante, comme tout ce qu’ils n’ont pas décidés d’eux-mêmes. » À ses paroles, un souvenir lointain, oublié, lui revint avec une vivacité frappante. Bien avant que son existence ne soit bouleversée par cette nuit de pleine lune, la jeune héritière avait intercepté quelques bribes d'un échange musclé entre son père et son défunt oncle. Comme très souvent, elle était le sujet de leur dispute à l'exception que cette fois-ci le second fils Webster s'y était immiscé. Oscar, son unique défenseur dans cette famille aux exigences implacables, tentait de convaincre son aîné qu'il devait laisser sa fille continuer de fréquenter Calixte, ce dernier pouvant lui apporter beaucoup plus qu'il ne l'imaginait. Face à la soudaineté de cette réminiscence de ce souvenir, Zephir en avait perdu toute faculté d'expression, laissant son ami continuer son raisonnement. « Surtout que nos sentiments, ils les piétinent à chaque pas qu’ils font. Nos liens étaient trop forts, ça ne les servaient pas. Au début ils s’en fichaient, on n’était que des gamins et on ne se voyait jamais en dehors de nos domaines. Leur dessein pour nous a dû changer à un moment. Alors le meilleur moyen pour qu’on ne soit plus amis, était de nous éloigner, de faire tout pour qu’on se déteste. » Ce fut au tour de Zephir d'émettre un léger son amer, bien loin du rire, à l'évocation des possibles desseins nourris par leur paternels respectif. Compte tenu des récents évènements qui avaient secoué son existence, il ne faisait aucun doute que Rory Yaxley avait depuis toujours manipulé sa fille pour l'amener plus ou moins exactement où il voulait. Ainsi, même quand elle était devenue un monstre, souillant ce nom tant respecté, il avait trouvé un moyen de rétablir l'ordre, la transformant à nouveau en sa marionnette docile, droguée et à présent liée de force à cet infâme Beurk qu'elle avait toujours eu en horreur. « Les desseins de mon père à mon égard sont très clairs... Surtout maintenant. » articula-t-elle difficilement, la gorge nouée par le dégoût que lui inspirait les incidents de ces derniers mois. Zephir accueillit donc avec ce qui ressemblait vaguement à de la colère les nouveaux propos de Lei, toujours aussi écoeurée par les machinations de leur géniteurs. « Mon père a dû bruler toutes les lettres que je t’envoyais pour que tu penses que je t’avais oublié. Par ce biais, il m’anéantissait un peu plus chaque jour. Je perdais le peu de joie de vivre, l’insouciance que j’avais. Petit à petit ça a laissé place à de la hargne et une envie de me battre. Il m’a modelé à l’image qu’il voulait de moi, même s’il ne s’attendait pas à ce que je fasse du grabuge à Poudlard. » Un sujet brûlant : le comportement de Calixte depuis son entrée à Poudlard. L'un comme l'autre possédaient des griefs quand aux changements significatifs qu'avait subi leur personnalité. Bien que motivées par les agissements de son père, Zephir ne cautionnait guère ces modifications, les jugeant nocives.
En dépit de son état comateux quasi-permanent, la jeune héritière parvint à rassembler un semblant de force, portée par leur présente conversation, pour prendre la parole et enfin exposer sa vision des choses. « Ah ça pour te modeler à son image, il a réussi ! Pendant ces six années tu t'es comporté exactement comme il le voulait, devenant un manipulateur sournois et arrogant. Guère plus évolué intellectuellement parlant que tous ces autres suffisants sang-purs et fiers de l'être. Quand je te voyais te pavaner comme ça, calculateur et provocateur, réplique exacte d'Alexius, tu m'inspirais autant de dégoût et de haine, surtout après les années qu'on avait passées ensemble. À ta façon, et sans même t'en rendre compte, tu es devenu sa marionnette. » Un bref soupir transperça ses lèvres à demi-closes, le regard baissé, incapable de l'affronter surtout d'aussi prêt. Malgré toute la colère que pouvait faire émerger les souvenirs de ces années passées, le ton de la jeune louve restait neutre, endormi par les puissantes doses qui lui avaient été administrées plus tôt dans la journée. Grâce à son état actuel, Zephir était toutefois capable d'avoir un certain recul sur la situation, seul résultat positif. Elle reprit, son murmure emplissant le silence de la pièce exigüe. « Tu n'es toutefois pas le seul à avoir été manipulé par ton père. On est tous les deux leur instrument car après tout, comme tu l'as si bien dit : ils se fichent pas mal de nos sentiments. Je suis moi-même tombée dans le panneau. J'ai cru que ma nouvelle nature me permettrait d'être libre, pouvoir enfin me construire ma propre identité. C'est comme ça que tout comme toi, je me suis laissée consumer par ma rage et que je suis devenue un monstre de foire puis tout ça m'a rattrapé. Il suffit de voir où j'en suis arrivée à présent. Une fois de plus c'est lui qui gagne. Il n'a peut-être pas le bonheur de m'administrer lui-même les drogues qui m'assomment, me rendant inoffensive mais il a compensé ça en m'annonçant mes fiançailles avec ce troll miteux de Beurk. » La simple évocation de son nom lui en avait donné des frissons de dégoût, réveillant vaguement un sentiment jadis si puissant qu'il la consumait dangereusement. Après s'être brièvement remise de l'épreuve que cela représentait pour elle : mettre des mots sur ce qui la tourmentait ; Zephir conclut tristement. « C'était sûrement ça qu'ils cherchaient à faire : nous éloigner l'un de l'autre pour qu'on n'ait plus toute notre force quand leur plan prendrait réellement forme. » Mission accomplie. Elle avait même décidé d'arrêter de compter les points, leur victoire étant trop humiliante. Mentalement et physiquement épuisée, elle s'appuya de son mieux contre la paroi dans son dos, la tête inclinée pour ne pas buter contre l'étagère mais surtout affronter le regard de Lei. Elle ignorait s'il s'agissait du sujet de leur conversation, du temps qui s'était écoulé depuis leur dernière entrevue ou encore l'effet de ses médicaments mais une sensation nouvelle et quelque peu désagréable avait élu domicile dans sa poitrine, comprimant un réseau de muscles invisibles reliés à son cœur.
@destiny.
Calixte M. Webster
LE CLAIR OBSCUR
+ SORCIER DEPUIS LE : 08/04/2013 + PARCHEMINS : 824 + LOCALISATION : Dans l'enceinte de Poudlard, peut-être dans un coin solitaire à boire pour oublier, ou avec ses amis pour faire bonne figure !
J’avais pensé qu’elle opposerait une certaine résistance à se faire embarquer dans un placard sans autre forme de procès. Je n’ai pas été violent, certes, je l’ai doucement tiré derrière moi pour atteindre cette fameuse pièce inconnue, afin de nous éviter des soucis supplémentaires, mais je pensais tout de même qu’elle résisterait un peu plus. Après tout notre relation n’est pas particulièrement au beau fixe en ce moment, même si elle me semble plus stable depuis notre dernière entrevue. J’ai l’impression que Zephir a changée pourtant. La dernière fois, dans la forêt interdite, elle était incisive, sur la défensive, elle avait des propos aussi blessants que les miens, je n’ai pas été très tendre non plus, mais on fonctionne comme ça depuis Poudlard. Pourtant là je la trouve presque molle, elle suit sans rien dire, elle répond à peine. Elle me laisse la mener comme si c’était naturel, alors qu’elle a plutôt la réputation d’être sauvage et libre.
Une fois à l’intérieur du placard, je fais attention aux bruits de pas, afin de ne pas être découvert – ce n’est déjà pas évident de nous voir ensemble pour le reste de Poudlard, alors coincés dans un si petit endroit pourrait vraiment porter à confusion, je n’imagine pas les ragots après ce genre de scène - et quand ils se sont assez éloignés pour n’être plus qu’un faible bruit sourd qui pourrait s’apparenter à n’importe quel autre son, je reporte mon attention sur la jeune femme que je tiens toujours pas les épaules. Elle semble paniquer littéralement. Ses yeux ricochent à droite à gauche, en haut, en bas, ils ne se posent pas une seule seconde, elle cherche manifestement un point d’encrage, du réconfort. Je tente de la détendre et de la ramener au moment présent, avec moi, mais ma voix l’a fait sursauter. J’enlève prestement mes mains de ses épaules, anticipant une réaction violente de sa part. Pas qu’elle me fasse peur, loin de là. Zephir était ma meilleure amie avant tout ce que je suspecte et que je veux lui faire partager, et quelque part, elle trônera toujours à une place très importante pour moi dans mon cœur. Malheureusement, depuis quelques années, on est loin de la Phi et du Lei de notre enfance. Sa nature lupine est bien présente entre nous deux, je le sais, elle le sait, je n’ai pas peur, je prends juste mes précautions. Après tout, elle a bien réussi à me griffer la dernière fois. Je me rappelle toutefois son expression quand elle a vu qu’elle avait réussi à me faire du mal. Plus jamais je ne veux voir ce regard à nouveau dans ses yeux en me contemplant. Alors je fais simplement attention. Mais son attitude est bien loin de celle qu’elle avait en février. Elle accroche mon regard. Ses yeux azurs me lancent toute la panique qu’elle peut ressentir. J’ai d’abord l’élan de vouloir la prendre dans mes bras et la réconforter, comme je le faisais enfant, puis je me ravise, ne sachant pas vraiment comment elle prendrait mon geste. Phi était craintive et avait un cruel manque de confiance en elle à l’époque, ce qui n’est plus le cas de ce que j’ai pu entendre, je n’étais pas toujours mieux, alors nous nous soutenions. A nous deux, nous étions plus forts et on s’était jurés de réussir à passer au-dessus de tous les problèmes qui s’érigeraient dans nos vies. Il y a toujours un pas immense entre ce qu’on imagine enfant, les désirs illusoires et naïfs que l’on a, et ce qu’il se passe dans la réalité, en grandissant.
Je pense d’abord qu’elle n’a pas entendu la question que je lui ai posée - question qui parait sans importance mais qui est lourde de signification, dans quel camp se trouve-t-elle maintenant -, je vais pour la reformuler quand elle me surprend. Sa voix aussi frêle et à peine audible que le murmure d’une douce brise d’été se fait entendre : « Toi, bien évidemment. » Ces trois mots sont comme un cadeau, un trésor précieux qui fait accélérer quelque peu les battements de mon cœur. La joie se repend dans mes veines, cela fait tellement longtemps que je n’ai pas eu le plaisir de ressentir cette liesse. Tout ne va pas s’arranger en un jour, en une discussion ou deux, on ne répare pas un fossé comme le nôtre si facilement, on ne pourra pas effacer les sept dernières années qui se sont écoulés, mais rien que le fait de savoir qu’il y a un infime espoir pour qu’on arrive à se reparler calmement, à défaut de retrouver notre amitié passée est déjà un exploit. Ragaillardi par cette évidence, je prends un peu confiance et lui déballe ce que j’ai sur le cœur depuis ces dernières semaines. J’ai besoin de savoir, j’ai besoin de comprendre, j’ai besoin d’être sûr que ça ne vient pas d’elle, que nos parents sont des démons, nos démons, et j’ai besoin de découvrir la vérité pour essayer de réparer les dégâts. J’observe attentivement ses réactions pour déterminer ce qu’elle sait, ce qu’elle découvre. Au début elle semble un peu effacée, puis à un moment, je l’entends laisser échapper un léger son amer. Elle exècre autant que moi nos parents, c’est indéniable. Je m’arrête un instant dans mes explications intrigué par le son qu’elle vientt de produire. Elle en profite pour poser sa petite pierre à l’édifice. « Les desseins de mon père à mon égard sont très clairs... Surtout maintenant. » Si seulement sa phrase pouvait sembler un peu moins vraie. Depuis la mort d’Alexius, de nouveaux plans ont germés dans l’esprit tordu de mes parents. Ils me les dévoilent petit à petit, et je ne peux pas dire que je sois ravi. Plus les jours passent et plus j’ai l’impression d’être dépossédé de ma vie. Je n’ai pas franchement envie d’aborder ces sujets sensibles avec Zephir. On commence tout juste à réussir à se retrouver dans la même pièce sans s’étriper verbalement, ce n’est pas franchement la franche rigolade, alors les révélations personnelles seront pour plus tard.
Je reviens alors sur le terrain des lettres. Ce sujet qui m’a tant fait douter depuis notre dernière rencontre. Et petit à petit ma langue se délit et une fois de plus je lui livre un peu trop de choses. Comme autrefois, j’éprouve cette facilité à lui parler de tout. Je ne pensais juste pas déclencher une telle réaction. Toujours dans un murmure presque inquiétant, elle se lance dans une longue diatribe. « Ah ça pour te modeler à son image, il a réussi ! » Sur le coup je reçois ces propos comme une gifle : violente et acérée, malgré la neutralité de son ton. Un mélange d’incompréhension et de douleur doit se peindre sur mon visage à cet instant. « Pendant ces six années tu t'es comporté exactement comme il le voulait, devenant un manipulateur sournois et arrogant. » Ça me fait mal de l’entendre me dénigrer comme ça. Elle n’a pas beaucoup parlé depuis le début de la conversation, mais là elle se lâche complètement. Et elle continue dans un flot de parole continu comme si elle retenait toute cette rancœur depuis déjà un moment. « Guère plus évolué intellectuellement parlant que tous ces autres suffisants sang-purs et fiers de l'être. » Et là ça me fait tiquer. Elle se méprend totalement. Elle n’a pas du tout compris quel jeu j’ai joué toutes ces années. « Quand je te voyais te pavaner comme ça, calculateur et provocateur, réplique exacte d'Alexius, tu m'inspirais autant de dégoût et de haine, surtout après les années qu'on avait passées ensemble. À ta façon, et sans même t'en rendre compte, tu es devenu sa marionnette. » Je laisse échapper un rire franc, mais qui reste quelque peu amer, au moment où elle s’arrête de parler. Si j’avais été la réplique d’Alexius, mes parents ne m’auraient certainement pas fait endurer tout ce que j’ai vécu jusque-là, ils n’auraient pas besoin de me formater à l’heure actuelle, de me trouver un mentor pour devenir un peu plus comme eux. Un faible soupir passe la barrière de ses lèvres et elle regarde le sol comme s’il était source du plus grand réconfort. Ce n’est pas franchement dans ses habitudes de ne pas se poster en conquérante pourtant, ni de sembler si éteinte d’ailleurs. Je tente alors de lui expliquer « Tu sais Phi, je suis bien loin de ce que tu viens de décrire. Si j’avais été plus comme mon frère, rien n’aurait été pareil, on ne serait même pas devenu amis toi et moi, mes parents n’auraient pas été obligé de faire ce qu’ils ont fait. Manipulateur et arrogant, oui c’est sûr, jouer aux durs et récolter des retenues ça les faisait pleurer d’imaginer que je pouvais ternir leur si parfaite famille en entachant ma réputation. J’avais enfin une réaction de leur part, j’ai toujours voulu qu’il me considère comme leur fils, tu le sais mieux que personne. Maintenant, je commence à douter que ce soit un bien pour moi. Tu ne sais pas tout ce qu’il s’est passé depuis qu’on ne se parle plus. Tu as fait le choix de m’écarter pensant que tu étais la seule à souffrir, mais je pense que je ne t’en veux plus pour ça, quelque part, j’ai compris qu’on s’était tous les deux laisser avoir. Et à vrai dire, depuis quelques mois, j’ai moi-même l’impression d’être la simple marionnette de mon père. Mais tu n’as pas le droit de me juger sur ce que tu crois savoir car c'est beaucoup plus compliqué. » Comme si elle n’avait pas pris en compte mes paroles, elle continue aussi lentement, de manière presque mécanique, avec une voix toujours atone : « Tu n'es toutefois pas le seul à avoir été manipulé par ton père. On est tous les deux leur instrument car après tout, comme tu l'as si bien dit : ils se fichent pas mal de nos sentiments. Je suis moi-même tombée dans le panneau. J'ai cru que ma nouvelle nature me permettrait d'être libre, pouvoir enfin me construire ma propre identité. C'est comme ça que tout comme toi, je me suis laissée consumer par ma rage et que je suis devenue un monstre de foire puis tout ça m'a rattrapé. Il suffit de voir où j'en suis arrivée à présent. Une fois de plus c'est lui qui gagne. Il n'a peut-être pas le bonheur de m'administrer lui-même les drogues qui m'assomment, me rendant inoffensive mais il a compensé ça en m'annonçant mes fiançailles avec ce troll miteux de Beurk. » Je reste interdit un instant, mon cerveau a été endommagé en entendant la dernière nouvelle, comme s’il ne voulait pas synthétiser l’information au risque de la rendre plus réelle. Tout son laïus m’a fait plaisir, pour la première fois depuis sept ans, on partage nos sentiments, on se parle intimement comme avant, j’aime ça, j’aime beaucoup moins ce qui nous pousse à discuter à nouveau. Une pauvre phrase arrive finalement à passer mes lèvres, sa tirade a été longue, j’ai un peu tiqué sur les drogues, mais je reste totalement bloqué sur une seule donnée : « Tu as dit Beurk ? » Je suis presque aussi dégouté de prononcer ce nom que sa signification littérale. Je déteste ce type au plus haut point et il est juste impensable que mes oreilles aient bien entendu ce que Zephir a dit. Il doit y avoir une erreur, où je ne m’appelle plus Calixte Webster. « C'était sûrement ça qu'ils cherchaient à faire : nous éloigner l'un de l'autre pour qu'on n'ait plus toute notre force quand leur plan prendrait réellement forme. » Elle conclue sa tirade comme si de rien n’était, comme si je n’étais pas intervenu par moment, comme si elle faisait un simple monologue. Comme lasse, je la regarde appuyer son dos contre la paroi du placard et incliner un peu plus encore la tête. Vexé qu’elle semble tout bonnement m’éviter, je m’approche d’elle – si cela est encore possible dans cet endroit si confiné - je pose les doigts de ma main droite sur son menton pour le relever vers mon visage et plante mes yeux dans les siens de manière à éviter toute nouvelle retraite. « Change pas de sujet Zeph’. On parle de Beurk ? Damian Beurk ? C’est un malentendu, j’ai du mal comprendre, tu parles de Durk ou Muque ? Pas Beurk ! » Je comprends assez rapidement que je ne me suis pas trompé, mes oreilles ne m’ont pas fait défaut, il s’agit bien du type que je déteste particulièrement. Ma réaction est immédiate et mal contenu tellement j’ai en horreur cette information. « Le Damian Beurk ? Le type qui m’a pourri mon enfance avec ses réflexions à deux noises et ses insultes minables ? Celui qui suivait mon frère comme son ombre, comme s’il était un héros ? Le Damian Beurk que mes parents ont désigné comme mentor pour que je devienne un beau salop comme lui ? Je ne peux pas croire une chose pareille ! » Je suis écœuré ! Tellement que je ne contrôle plus mes mots et que tout ressort comme un boumerang. Mon pouls s’est considérablement accéléré et je sens la colère s’insinuer lentement en moi. Nos parents ne pouvaient pas trouver pire comme punition. Plutôt mourir ou finir à Azkaban que finir ma vie avec un être comme lui et je suis persuadé que ça n’a pas changé non plus du côté de Zephir. Tout comme moi, elle l’a toujours détesté, enfin à l’époque elle le détestait. Un petit pincement vient étreindre mon cœur à la pensée douloureuse qu’elle pourrait aimer un homme comme Beurk. Ce n’est pas possible, elle n’a pas pu changer au point d’aimer ce minable petit prétentieux qui se croit mieux que tout le monde. Les mariages arrangés sont vraiment une bien belle mascarade. Nos parents se croient obligés de faire les plus belles alliances sur le dos de leurs enfants, au détriment de leur bonheur. Des fois je me dis que j’aurais été bien plus heureux en étant moldu ou sang-mêlé. « Moi qui me pensait malheureux avec la fille Black, j’ai l’impression que nos pères se sont surpassés avec toi ! Il est hors de question que tu épouses ce petit minable qui se croit tout permis sous prétexte qu’il est né Beurk et qu’il est sang-pur ! C’est un malade ce type ! Je ne peux pas l’imaginer poser ses sales pates sur toi ! » Un gout amer se repend dans ma bouche et je sers furieusement les poings. Je suis tellement énervé que je me redresse d’un coup rapide, envoyant ma tête valser contre une étagère. Je grogne de mécontentement et de douleur. Je lève ma main pour frotter l’endroit qui a cogné le bois et je jure entre mes lèvres de la tournure que prend cette conversation. « Tu ne vas peut-être pas apprécier, vu qu’on ne peut pas dire que nous soyons encore amis, mais moi vivant, tu ne deviendras jamais Mme Beurk. Merlin sait tout ce qu’il pourrait te faire et il est hors de question que je laisse faire ! »
@destiny.
Pouet:
Cal Phi
Zephir T. Yaxley
LE GRAND MÉCHANT LOUP
+ SORCIER DEPUIS LE : 01/08/2015 + PARCHEMINS : 113
On pouvait dire que Calixte avait bien choisi son moment pour lui parler. Les élèves de Poudlard savaient, qu'ils s'en soucient ou non, que Zephir T. Yaxley n'avait plus de lupin que le nom et qu'elle était à présent devenue inoffensive grâce à ses nombreuses visites à l'infirmerie. Ordre du département de la sécurité magique et du contrôle des créatures. Devenue un brave petit toutou obéissant, quelque part, elle y trouvait son compte. Une triste consolation que de faire taire la bête innocente pour apaiser sa conscience tourmentée par le meurtre involontaire qu'elle avait commis. La double culpabilité rongeait ce que les drogues n'avaient pas éteint. Réduire au silence le loup et avoir ôté la vie. De façon incessante, véritable montagne russe émotionnelle, Zephir reportait ses remords sur l'un puis l'autre, les deux s'opposant diamétralement. Ainsi, pouvoir focaliser son attention sur un sujet différent, inédit, que pouvait être les raisons pour lesquelles son amitié d'antan avec Lei s'était éteinte lui faisait quelque part plaisir. Se retrouver coincée dans un placard où elle pouvait sentir jusqu'au souffle chaud de son camarade : moins.
Si Zephir n'avait dans un premier lieu opposé aucune résistance à Calixte quand il l'avait entraîné dans cet espace confiné, être bel et bien enfermée dedans fit naître la panique qu'on pouvait attendre d'elle dans pareille circonstance. Calmée par la présence rassurante du lion, elle demeurait toutefois toujours en proie à une certaine panique. Ces quatre murs lui rappelaient une vague de souvenirs disparates, tous plus désagréables les uns que les autres. Dans une tentative désespérée de réconfort, ses doigts oblongs vinrent timidement accrocher un pan de l'uniforme débrayé de son ami d'enfance. Un geste qu'il ne devait probablement pas avoir perçu tant ses mouvements pouvaient être délicats et subtils, conservant leur caractère surnaturel. C'est alors qu'il débute les explications auxquelles il avait fait allusion dans le couloir, la raison même de leur conversation. Une entrevue, Zephir en était déjà consciente, qui allait être bien plus douloureuse et personnelle que la précédente. De son côté, la louve étant absente, toute l'animosité qui aurait pu y avoir était écarté du tableau, il ne restait plus qu'à composer avec l'attitude qu'adopterait le fils Webster. Certes leur précédente conversation avait été agitée, bien que riche en confidence, toutefois, il demeurait encore le spectre des sept années passées qui planaient sur leur relation. Si elle voyait son état actuel comme une chance de tout mettre à plat et tenter une nouvelle entente, Calixte, lui, devait probablement en avoir encore un vif souvenir. Attentive à ses explications, elle le laissa donc s'exprimer, préférant ne pas tout de suite partager les éléments que cela faisait ressurgir dans son esprit. Anormalement silencieuse, du moins comparé à sa réputation fougueuse, l'héritière préférait attendre qu'il ait terminé pour intervenir. Elle avait tristement constaté que s'animer, ne serais-ce que pour participer à une conversation lambda, était devenu une source d'épuisement. Toutefois, pour lui, en souvenir de leur lien passé et dans l'espoir de regagner son amitié, Zephir se devait d'intervenir. Elle ne résista donc pas à glisser une petite remarque avant qu'il ne finisse ses explications, provocant cette fois-ci une réelle réaction de sa part. Aborder un tel sujet, anesthésiée ou pas, elle se devait de prendre la parole. Après tout, l'attitude de Calixte depuis son entrée à Poudlard était ce qu'elle avait perçu à l'époque comme la raison de leur rupture. Le voir se comporter comme tous les autres sang-purs alors qu'elle avait connu un tout autre jeune homme l'avait choquée. Elle savait, tout au fond d'elle-même, que ce n'était pas lui. Ce masque grotesque était une insulte à sa réelle personnalité. De façon très maladroite, elle lui exposa donc son point de vue et la réaction du principal concerné ne se fit pas attendre. « Tu sais Phi, je suis bien loin de ce que tu viens de décrire. » Oh ça, elle n'en avait que trop conscience. C'était bien une des raisons pour lesquelles elle s'était montrée si dure envers lui durant toutes ces années. Sa façon, plus que maladroite, certes, de lui faire comprendre qu'elle n'aimait pas ce masque et espérait désespérement faire ressortir le vrai Calixte, son Lei. « Si j’avais été plus comme mon frère, rien n’aurait été pareil, on ne serait même pas devenu amis toi et moi, mes parents n’auraient pas été obligé de faire ce qu’ils ont fait. Manipulateur et arrogant, oui c’est sûr, jouer aux durs et récolter des retenues ça les faisait pleurer d’imaginer que je pouvais ternir leur si parfaite famille en entachant ma réputation. J’avais enfin une réaction de leur part, j’ai toujours voulu qu’il me considère comme leur fils, tu le sais mieux que personne. » Encore un élément connu de la brune. Tout comme lui, Zephir avait usé de son comportement provocateur pour montrer à son père qu'elle était indépendante, avait son propre caractère et qu'il devait l'accepter avec. Toutefois, tous deux savaient pertinemment qu'un tel miracle était bien loin d'arriver. « Maintenant, je commence à douter que ce soit un bien pour moi. Tu ne sais pas tout ce qu’il s’est passé depuis qu’on ne se parle plus. Tu as fait le choix de m’écarter pensant que tu étais la seule à souffrir, mais je pense que je ne t’en veux plus pour ça, quelque part, j’ai compris qu’on s’était tous les deux laisser avoir. » Fronçant les sourcils à cette remarque, elle sentit un puissant désir de s'exprimer qu'elle comprima. Comment, par la barbe de Merlin, pouvait-il affirmer qu'elle avait fait le choix de l'écarter ou encore qu'elle pensait être la seule à souffrir. Pas une seule seconde la louve n'avait eu de telles pensées égoïste. « Et à vrai dire, depuis quelques mois, j’ai moi-même l’impression d’être la simple marionnette de mon père. Mais tu n’as pas le droit de me juger sur ce que tu crois savoir car c'est beaucoup plus compliqué. » Ce fut là sa chance de lui faire comprendre le réel but de ses précédentes paroles, lui montrer que non, il n'était pas tout seul dans cette histoire, que tout comme lui elle avait eu recourt à un masque sans pour autant que cela ne change ce qu'elle était profondément. Cependant, à la fin de son discours, Zephir comprit qu'elle s'était mal exprimée. Il suffisait de voir son expression interdite. Quelque chose semblait l'avoir choqué, comme s'il découvrait un élément. « Tu as dit Beurk ? » Entendre ce nom prononcé dans la bouche de Calixte était pire que de le faire elle-même. Elle se contenta de pousser un léger soupir, pensant naïvement qu'il était déjà au courant. Après tout, l'annonce était parue dans le Daily Bugle et devait être probablement sur toutes les bouches des sang-purs. Après le scandale dont elle avait été la source, son père n'avait rien trouvé de mieux pour réhabiliter l'image des Yaxley. Elle finit donc par conclure, se reculant légèrement, honteuse rien que de penser qu'elle allait porter ce patronyme infâme.
Bien qu'elle le sentit se rapprocher, contrainte à l'immobilité, Zephir ne redressa la tête qu'au contact électrisant de ses doigts sur son menton. Calixte avait toujours eu ce don avec elle. Quelque soit son état d'esprit, il parvenait à capter toute son attention d'un simple geste ou avec seulement quelques mots. Accrochant une fois de plus son regard, son cœur se figea l'espace d'un instant pour repartir de plus belle. À cette proximité exacerbée, la louve sentit naître en elle un besoin criant de contact avec le lion. Détaillant à loisir les traits de son visage mature, elle fut brutalement ramenée à la réalité. « Change pas de sujet Zeph’. On parle de Beurk ? Damian Beurk ? C’est un malentendu, j’ai du mal comprendre, tu parles de Durk ou Muque ? Pas Beurk ! » Pourquoi semblait-il si surpris par la nouvelle ?! Ne se tenait-il pas au courant des évènements du monde sorcier ? Se pouvait-il que ses parents l'aient éloignés de cet « évènement » ? Dans quel but ? Tant de questions tournoyaient dans son esprit qu'elle n'eut pas le temps de réagir et se retrouvait à nouveau assaillie par ses paroles. « Le Damian Beurk ? Le type qui m’a pourri mon enfance avec ses réflexions à deux noises et ses insultes minables ? Celui qui suivait mon frère comme son ombre, comme s’il était un héros ? Le Damian Beurk que mes parents ont désigné comme mentor pour que je devienne un beau salop comme lui ? Je ne peux pas croire une chose pareille ! » À chaque fois qu'il prononçait ce nom, Zephir sentait un mélange de rage et de dégoût l'envahir. Cependant, un élément la fit tiquer. Mentor ? Qu'est-ce que c'était encore que cette histoire ? Incapable de tenir sa langue plus longtemps, elle s'exclama alors. « Attends ! C'est quoi cette histoire de mentor ? Depuis quand c'est le cas ? Et... Par pitié, arrête de prononcer ce nom ! C'est déjà assez dur de vivre avec chaque seconde sans qu'en plus je doive t'entendre le prononcer en ma présence... » Voilà encore un bon point qu'elle avait trouvé aux drogues : elles lui permettaient d'oublier la chose, ne serais-ce que pendant quelques heures, Zephir avait encore le sentiment illusoire d'être libre. Le luxe d'oublier volontairement venait de s'envoler. Calixte était la toute première personne avec qui elle évoquait le sujet. C'était d'ailleurs bien le seul à qui elle pouvait en parler. Tous deux avaient une histoire particulièrement douloureuse avec le fils Beurk. L'un comme l'autre avaient été tourmentés par lui durant leur enfance, ce qui, pour la jeune femme, n'avait fait que la pousser un peu plus dans les bras du fils Webster. « Moi qui me pensait malheureux avec la fille Black, j’ai l’impression que nos pères se sont surpassés avec toi ! Il est hors de question que tu épouses ce petit minable qui se croit tout permis sous prétexte qu’il est né Beurk et qu’il est sang-pur ! C’est un malade ce type ! Je ne peux pas l’imaginer poser ses sales pates sur toi ! » La colère que témoignait Calixte était touchante et réconfortante. Elle lui permettait de se laisser aller à croire qu'après tout ils pouvaient encore être amis. Il suffisait de voir dans quel état il se mettait rien que d'y penser. Ne le quittant plus du regard, un très maigre sourire, presque imperceptible illuminait les traits de la louve avant de muer en une inquiétude plus affichée. À son tour elle se redressa, se rapprochant très légèrement du lion qui venait de se cogner sous l'effet de la rage. Zephir en avait presque oublié que lui aussi était promis à une fille de sang-pur qu'elle n'appréciait guère. « Tu ne vas peut-être pas apprécier, vu qu’on ne peut pas dire que nous soyons encore amis, mais moi vivant, tu ne deviendras jamais Mme Beurk. Merlin sait tout ce qu’il pourrait te faire et il est hors de question que je laisse faire ! »
Ses propos lui firent l'effet d'une claque monstrueuse. Elle n'avait là que la confirmation de ce qu'elle craignait. En dépit de la douleur que cela avait provoqué en elle, Zephir décida d'occulter ce sentiment, chose pour laquelle elle était devenue particulièrement douée ces derniers temps. D'un geste plein de précautions elle leva la main jusqu'à l'endroit où il venait de se cogner et l'y déposa délicatement. Ses prunelles océan accrochées à celles ambrées de Calixte, on pouvait y lire la timide naissance d'une étincelle, réminiscence d'un passé lointain. Tout aussi doucement, sa main glissa sur la joue du lion impétueux et s'y arrêta, espérant de la sorte focaliser son attention sur elle. « Lei... » souffla-elle avec une tendresse qui faisait ressurgir des souvenirs d'enfance où elle pouvait à loisir se blottir dans ses bras. Ce moment hors du temps, sa main posée sur sa joue, leur corps éloignés de seulement quelques centimètres et ses prunelles plongées dans les siennes avait quelque chose de magique, presque irréel. Zephir décida cependant d'y mettre fin, sentant son cœur se tordre une nouvelle fois et vint doucement attraper sa main, s'éloignant de son visage avant de reculer très légèrement. « Je n'ai aucune raison de ne pas apprécier, d'être vexée ou de m'énerver car, contrairement à toi, pour moi tu resteras toujours mon ami. » Elle accompagna ses propos d'un petit sourire teinté de tristesse avant de reprendre. « Je sais que ces sept années n'ont fait que prouver le contraire mais si j'agissais comme ça avec toi c'était justement parce que je tenais trop à toi pour t'abandonner. Il est clair que je m'y prenais mal mais toi comme moi on sait pertinemment que j'ai toujours eu beaucoup de difficultés à exprimer ce que je ressens. Pas une seule seconde j'ai voulu t'abandonner. J'étais juste révoltée de voir cette attitude que tu adoptais, ce masque que tu portais pour attirer l'attention. Je voulais croire que le vrai Calixte, le Lei que je connaissais si bien était toujours là, au fond, derrière ce grotesque comportement que tu adoptais. Je t'en voulais d'avoir choisi de te comporter ainsi mais pas une seule seconde je n'ai voulu renoncer à notre amitié, pas même aujourd'hui. » Zephir y croyait, naïvement elle voulait espérer qu'une amitié était encore possible entre eux. Peut-être pas celle qui les unissait par le passé mais tout de même.
L'espace d'un instant, ne supportant plus de soutenir son regard -principalement en raison des palpitations que cela lui provoquait- elle tourna la tête dans un profond soupir et reprit le sujet si pénible de ses fiançailles. « Ça ne m'enchante pas plus que toi d'être promise à ce mec... Je savais que mon père allait arranger un mariage mais si j'avais su que c'était avec lui, je pense que j'aurais fait ou dit quelque chose quand j'en avais encore la possibilité. » Incapable de se résoudre à prononcer son nom, même sa simple évocation par un pronom l'écoeurait au plus haut point mais il fallait qu'elle comprenne quelque chose, un élément qui l'intriguait. « Mais... Je pensais que tu étais au courant. Tout le monde l'est ! Mon père en a fait une annonce publique dans le Daily Bugle. Sa façon à lui de laver le scandale du mois dernier. Tu ne t'es pas tenu au courant ? Personne ne t'a rien dit à ce sujet ? » Zephir avait du mal à y croire. La logique aurait voulu que le patriarche Webster tienne son fils informé de la chose. Après tout, il était de notoriété publique de Calixte et Damian se haïssaient alors pourquoi se priver du plaisir d'annoncer une telle chose à son fils. Quelque chose lui échappait... Cela faisait-il parti d'un plan d'une plus grande envergure ou s'était-il privé du plaisir volontairement pour que le choc de l'entendre de la bouche de Zephir soit plus grand ? Elle allait en avoir le cœur net.
@destiny.
Calixte M. Webster
LE CLAIR OBSCUR
+ SORCIER DEPUIS LE : 08/04/2013 + PARCHEMINS : 824 + LOCALISATION : Dans l'enceinte de Poudlard, peut-être dans un coin solitaire à boire pour oublier, ou avec ses amis pour faire bonne figure !
Le choc avait été plus que violent pour moi, un véritable raz-de-marée émotionnel alliant un saut périlleux cardiaque, un arrêt respiratoire, une contraction viscérale et un cerveau en bouilli : l’espace d’un instant l’incrédulité me figea, faisant rapidement place à veine tentative de se convaincre du contraire, pour arriver à une haine farouche envers le monde entier. Vous connaissez la légende de David et Goliath ? J’ai été aussi terrassé par ce nom que Goliath par la fronde de David : brutal, rapide et anesthésiante nouvelle. Le coup de l’avoir pour mentor n’était pas encore assez ancré en moi, comme une marque au fer rouge, je n’avais pas encore digéré l’information qu’il fallait en plus de cela découvrir qu’il était devenu le fiancé de Zephir, ma Phi ! L’impensable, l’irréalisable se produisait sous mes yeux. Une fois qu’il avait eu terminé ses études, je pensais être un peu libéré de sa désagréable habitude de me tourmenter. Je savais que j’étais amené à le recroiser par le biais d’Alexius, après tout ils étaient comme le feu aux dragons ces deux-là, toujours à comploter par derrière, mais tout cela me paraissait supportable puisque la nature même de ce lien devenait épisodique. Je ne pensais pas en arriver à ce cas de figure présent. Oh ça non, j’étais loin de m’imaginer que nos parents étaient aussi perfides et emplis de sadisme à notre égard. Ce type exécrable et dénué de bonté a bien réussi son coup. Il doit finalement faire preuve d’un minimum de jugeote. Il a réussi le combo gagnant de devenir à la fois le fiancé et le mentor des deux gamins qu’il prenait un malin plaisir à tourmenter pendant leur enfance. Répugnant, c’est la seule pensée que j’ai de lui à leur actuel l’imaginant jouir de ce nouveau statut. Il doit se délecter du coup tordu qu’il vient de nous jouer. Répéter son patronyme autant de fois, ne m’a pas aidé à digérer plus facilement la nouvelle. A vrai dire je crois plutôt que si les mots étaient doués de pouvoir, ce nom m’aurait lacéré la bouche tellement je le crache avec dégout. « Attends ! C’est quoi cette histoire de mentor ? Depuis quand c’est le cas ? Et… Par pitié, arrête de prononcer ce nom ! C’est déjà assez dur de vivre avec chaque seconde sans qu’en plus je doive t’entendre le prononcer en ma présence… » Et je crois qu’il me fait autant de mal qu’à Zephir. Ce nom sonne comme du poison à mes oreilles, depuis toujours et à jamais. Il ne m’apporte que des problèmes, des petites contrariétés et des grands désagréments. La mort d’Alexius ne m’a pas libéré de ses manigances. Au contraire, je me retrouve à devoir supporter ses conseils avisés et expérimentés, la bonne blague bien calculée de mes parents ! Ma colère se déversait avec violence quand inévitablement, lorsqu’on se retrouve à déchainer ses émotions dans un lieu si étroit, je me suis cogné assez fortement contre une des étagères. Ce coup aussi bien accidentel que brutal ne m’a pas empêché de continuer à parler. C’est la petite main blafarde de Zephir qui m’arrête dans mon élan.
Je la sens se poser à l’endroit exact où je viens de me cogner, capturant toute mon attention au passage, allant de la sensation de son contact sur ma tête, du regard plongé dans le mien et me coupant dans mon récit quelque peu démesuré. Ses beaux yeux bleus que j’avais toujours admirés tant ils me paraissaient purs et m’apportaient du réconfort à l’époque, laissent entrapercevoir de nombreuses émotions. Aussi doucement qu’elle avait amorcé un contact entre nous, sa main glisse le long de ma joue telle une plume caressante et me coupe le souffle un bref instant, unique instant où se mêle la joie de retrouver une intimité tant regrettée et le souvenir de la violente perte de notre amitié passée. « Lei… » Sa voix se fait caressante, comme une voile sur la mer et la sensation de bienêtre familière me reprend. Les souvenirs sont encore bien présent à mon esprit, les journées passées allongés l’un contre l’autre à se confier nos plus tendres secrets, les heures à trottiner dans les bois de nos domaines respectifs savourant une liberté précaire mais si salvatrice, les minutes qui me gonflaient le cœur de la joie de l’anticipation en attendant son arrivée. Sa main continue sa descente retrouvant la mienne aussi naturellement que lors de nos balades enfantines. Elle brise ce moment suspendu hors du temps en reprenant la parole. « Je n’ai aucune raison de ne pas apprécier, d’être vexée ou de m’énerver car, contrairement à toi, pour moi tu resteras toujours mon ami. » Sur le coup je ne comprends pas, puis je me rappelle ma dernière phrase. Je me rends compte que j’ai été maladroit dans mes propos et que je l’ai d’une certaine façon blessée. Notre relation actuelle est tellement floue pour moi. Je m’accroche à sa main toujours dans la mienne, et entremêle mes doigts au sien afin de garder le contact entre nous. « Ce n’est pas le problème Zeph, dans mon cœur tu resteras toujours ma meilleure amie. D’ailleurs pendant les jours comme celui-ci, je rêverais de pouvoir encore t’avoir à mes côtés, envers et contre tout, comme avant. Mais une part de moi se méfie, te perdre m’a trop fait souffrir, je ne supporterais pas de revivre ça une seconde fois. Alors je ne sais plus très bien comment définir notre relation. » Ma voix a un ton de repentir. Son sourire me renvoie la tristesse que j’ai dans le cœur. Vaillamment, elle continue de parler. « Je sais que ces sept années n’ont fait que prouver le contraire mais si j’agissais comme ça avec toi c’était justement parce que je tenais trop à toi pour t’abandonner. Il est clair que je m’y prenais mal mais toi comme moi on sait pertinemment que j’ai toujours eu beaucoup de difficultés à exprimer ce que je ressens. Pas une seule seconde j’ai voulu t’abandonner. J’étais juste révoltée de voir cette attitude que tu adoptais, ce masque que tu portais pour attirer l’attention. Je voulais croire que le vrai Calixte, le Lei que je connaissais si bien était toujours là, au fond, derrière ce grotesque comportement que tu adoptais. Je t’en voulais d’avoir choisi de te comporter ainsi mais pas une seule seconde je n’ai voulu renoncer à notre amitié, pas même aujourd’hui. » Chaque mot employé, chaque nouvelle phrase me brise un peu plus le cœur. Nous n’aurions jamais dû être séparés, nous n’aurions jamais dû en arriver à ce lien boiteux et destructeur, pourtant nous en sommes arrivés là aujourd’hui. Nos parents ont bien réussi leur coup, ils ont réussi à nous persuader du désir de rupture de l’autre et naïvement nous ne nous sommes rendu compte de rien. Ils ont réussi à briser la seule chose qui nous importait plus que notre propre vie si misérable soit-elle, à démantibuler l’amitié qui nous liait aussi étroitement qu’un filet du diable en action, à piétiner le semblant d’amour que nous parvenions à effleurer du doigt et à broyer les traits de caractère qu’ils exécraient en nous. Je ressers de nouveau mes doigts autour des siens, à la fois comme si je m’accrochais à une bouée de sauvetage et comme si je voulais lui faire passer mille sentiments. « Je suis toujours là Phi, mais tout comme toi, j’ai dû changer pour m’en sortir. Permets-moi d’être sceptique et de douter de tes propos, même si je sais que tu les penses. Je sais que tu n’as pas reçu toutes les lettres que je t’avais envoyées, mais pendant tes premiers mois à Poudlard tu as fait le choix de ne pas me répondre. J’ai compris que tu avais été manipulé par ton père, après tout je ne suis pas le mieux placé pour parler avec mon propre père, mais je ne peux pas m’empêcher de penser que tu pourrais recommencer. Je vais être sincère avec toi, si je t’offrais à nouveau mon cœur, j’ai peur que tu le piétines de nouveau. On ne retrouvera peut-être jamais le lien qui nous unissait à l’époque, mais je me battrais pour toi. Je ne peux pas concevoir l’idée que tu deviennes sienne, pas avec lui. » Je la regarde tourner la tête et soupirer profondément. Je sais que la conversation n’est pas des plus agréables, mais elle est importante, et surtout j’ai envie qu’elle me comprenne, j’ai besoin d’être honnête avec elle. « Ça ne m’enchante pas plus que toi d’être promise à ce mec… Je savais que mon père allait arranger un mariage mais si j’avais su que c’était avec lui, je pense que j’aurais fait ou dit quelque chose quand j’en avais encore la possibilité. » Je rie nerveusement et de frustration face à la situation. « Mais… Je pensais que tu étais au courant. Tout le monde l’est ! Mon père en a fait une annonce publique dans le Daily Bugle. Sa façon à lui de laver le scandale du mois dernier. Tu ne t’es pas tenu au courant ? Personne ne t’a rien dit à ce sujet ? » Pour détendre un peu l’atmosphère, je tente un semblant d’humour. « L’ironie de la situation pourrait presque être drôle, tu ne trouves pas ? Nos parents ont encore œuvrés contre nous. Tu ne trouves pas ça comique que tu sois fiancée à la même personne qui est sensée me servir de mentor. Cruel destin… » Mais son regard rivé au mien et reflétant tant d’incompréhension me pousse à revenir à un ton plus formel. Alors je réponds simplement, ne cherchant pas à masquer quoi que ce soit, ce qui est loin d’être facile pour moi. Ces dernières années, je n’ai pas été beaucoup moi-même, j’ai même par moment du mal à savoir qui je suis vraiment. Mais avec Zephir, tout parait simple… Comme avant… « J’ai arrêté de me tenir informer ces derniers temps, mais j’aurais dû m’abstenir aux vues des nouveaux évènements. Si j’avais su je serais venu te parler plus rapidement. » Je la regarde attentivement. Ma raison me souffle de ne pas trop aborder de choses avec elle, mais mon cœur me crie de tout lui révéler. Ma conscience craint de sombrer à nouveau alors que mes sentiments me poussent vers elle. Du plus longtemps que je m’en souvienne, Zephir a toujours été la gardienne de mon âme, elle a été le petit oasis de légèreté qui me donnait des ailes et me poussait tous les jours à devenir quelqu’un de meilleur. L’équation est facile, depuis qu’elle ne fait plus partie de ma vie, j’ai arrêté d’être celui que je devenais grâce à elle au profit d’un être plus sombre. Je n'en suis pas très fier, mais ça m’a permis de survivre. « Ce n’est pas simple ces derniers mois. Depuis la mort d’Alexius ma vie est encore plus compliquée que lorsque nous étions enfants. Mes parents me tiennent au creux de leurs mains. C’est le chaos et certains jours j’ai du mal à gérer. » J’ai envie de tout lui déballer sur un plateau en argent, de lui exprimer mes craintes terribles qui s’accumulent un peu plus chaque jour, mes doutes qui me rongent de l’intérieur et ma peine si révélatrice de mes blessures. Tous ses sentiments qui sont profondément ancrés en moi depuis quelques années, qui s’accumulent sans relâche et dont je n’arrive pas à me débarrasser. Toute cette colère latente et ce dégout de moi aussi. J’aimerais aussi pouvoir lui parler de tout ce que mes parents me font subir, me répandre sur les sévices endurés, sur l’indifférence de ma sœur, sur mes fiançailles pénibles et l’inquiétude de devenir comme mon père. Je sais qu’elle me comprendrait, comme je sais aussi qu’elle m’apporterait son soutien, nos familles se ressemblent. Je me bats depuis plusieurs années pour tout masquer et refouler tous les sentiments qui m’assaillent, mais me retrouver prêt d’elle rend tout cela beaucoup plus compliqué. Elle a toujours su me décrypter. Pourtant, je me force à garder le tout secret et à continuer notre conversation normalement, ma main toujours agrippée à la sienne. « Par contre, je ne comprends pas ce que tu veux dire quand tu parles du scandale du mois dernier ? » J’ai la mauvaise impression de me faire l’effet d’un ermite. Tout ce qu’elle m’apprend en cinq minutes me fait presque oublier pour quelles raisons je suis venu l’aborder au départ.
@destiny.
Pouet:
Cal Phi
Zephir T. Yaxley
LE GRAND MÉCHANT LOUP
+ SORCIER DEPUIS LE : 01/08/2015 + PARCHEMINS : 113
DDe l'entendre de la bouche de Calixte, la vérité était plus grinçante. Tout l'aspect malsain qu'elle possédait déjà n'en était qu'exacerbé quand il ne faisait que prononcer ce nom infâme. Se représentant la situation comme une violente poussée d’urticaire dont elle ne pourrait atteindre la zone pour se soulager de cette continuelle démangeaison, Zephir était parfois prise de moments d'absence. Une technique comme une autre pour tenter de s'échapper de ce quotidien qui l'engloutissait. Toutefois, cette méthode n'était pas infaillible. Très souvent il lui arrivait de reprendre conscience dans un violent sursaut, réduisant en miettes le moindre objet alentour, le palpitant agité, les pupilles dilatées et en sueur comme si l'on venait de la tirer brutalement d'un mauvais rêve. Elle se réveillait d'une douce léthargie seulement pour entrer dans le cauchemar. À présent qu'elle avait mis Calixte au courant, ces bouffées de panique n'iraient pas en s'arrangeant, elle en avait parfaitement conscience. Cependant, peu lui importait combien elle sombrerait encore, il lui était devenu tout simplement impossible de cacher la vérité plus longtemps. Surtout pas à Lei. Depuis cette fameuse nuit en forêt où le dialogue avait été restauré, Zephir s'était jurée de tout lui dire. Une entreprise complexe mais qu'elle s'efforçait d'appliquer. La jeune louve n'avait cependant pas conscience qu'elle se censurait elle-même, occultant volontairement les nouveaux sentiments qu'elle nourrissait à son égard. Il suffisait de voir avec quelle douceur et précaution elle venait de poser sa main sur le haut du crâne de son meilleur ami impétueux. Ses prunelles azures brillaient d'une pâle lueur qu'il était le seul à attiser. Son corps entier lui hurlait de prolonger le contact, de l'intensifier mais la peur contraignait Zephir. Agitée, elle mettait ses tremblements et les tambourinements de son myocarde sur le coup du confinement et des aveux. Le simple fait qu'il plonge son regard dans le sien lui extirpait chirurgicalement toute conscience du moment présent. Il n'y avait qu'eux. Moment suspendu dans le temps similaire et à la fois si différent de ceux qui avaient ponctués son enfance.
S'obligeant à rompre le contact, elle tenta de reprendre tant bien que mal le fil de leur conversation. Aussi loin que sa mémoire lui permettait de remonter, Zephir n'avait pas souvenir d'instants plus douloureux que celui qu'ils vivaient à présent. Partagée entre la triste euphorie de retrouver celui qu'elle avait perdu depuis des années et la cruelle constatation que plus rien n'était comme avant la plombait. Calixte fut cependant celui qui donna le coup de grâce. « Ce n’est pas le problème Zeph, dans mon cœur tu resteras toujours ma meilleure amie. D’ailleurs pendant les jours comme celui-ci, je rêverais de pouvoir encore t’avoir à mes côtés, envers et contre tout, comme avant. Mais une part de moi se méfie, te perdre m’a trop fait souffrir, je ne supporterais pas de revivre ça une seconde fois. Alors je ne sais plus très bien comment définir notre relation. » Voyant là tout espoir réduit à néant, un très faible sourire dont la tristesse s'écoulait sans aucune retenue étira timidement ses lèvres. Douloureuse confirmation que ses craintes étaient bel et bien confirmées. Incapable d'imaginer un scénario où son Lei aurait encore confiance en elle et l'appellerait de ce surnom qui, systématiquement, lui provoquait des arythmies cardiaques, Zephir tenta tout de même de se justifier comme elle put. « Je sais que ces sept années n’ont fait que prouver le contraire mais si j’agissais comme ça avec toi c’était justement parce que je tenais trop à toi pour t’abandonner. Il est clair que je m’y prenais mal mais toi comme moi on sait pertinemment que j’ai toujours eu beaucoup de difficultés à exprimer ce que je ressens. Pas une seule seconde j’ai voulu t’abandonner. J’étais juste révoltée de voir cette attitude que tu adoptais, ce masque que tu portais pour attirer l’attention. Je voulais croire que le vrai Calixte, le Lei que je connaissais si bien était toujours là, au fond, derrière ce grotesque comportement que tu adoptais. Je t’en voulais d’avoir choisi de te comporter ainsi mais pas une seule seconde je n’ai voulu renoncer à notre amitié, pas même aujourd’hui. » Il avait raison sur toute la ligne. Leur pères étaient derrière tout cela. Maintenant que les deux rejetons embarrassants de la famille étaient grands, à quoi bon garder cette amitié ? Il suffisait que ça dégénère et compromette leurs plans. Hors de question pour ces deux manias de l'ordre et du contrôle. Zephir ne s'étonnait même plus de toutes les machinations mises en place par le père Yaxley. Malgré tout, de toutes les horreurs qu'il avait pu lui faire subir, celle-ci était de loin la seule à lui provoquer des élans de rage incontrôlables. Une chance que le loup soit endormi... Rappelée à l'ordre par la main de Calixte serrant la sienne, elle sentit ses joues timidement s'empourprer et captura à nouveau son regard. « Je suis toujours là Phi, mais tout comme toi, j’ai dû changer pour m’en sortir. Permets-moi d’être sceptique et de douter de tes propos, même si je sais que tu les penses. Je sais que tu n’as pas reçu toutes les lettres que je t’avais envoyées, mais pendant tes premiers mois à Poudlard tu as fait le choix de ne pas me répondre. J’ai compris que tu avais été manipulé par ton père, après tout je ne suis pas le mieux placé pour parler avec mon propre père, mais je ne peux pas m’empêcher de penser que tu pourrais recommencer. Je vais être sincère avec toi, si je t’offrais à nouveau mon cœur, j’ai peur que tu le piétines de nouveau. On ne retrouvera peut-être jamais le lien qui nous unissait à l’époque, mais je me battrais pour toi. Je ne peux pas concevoir l’idée que tu deviennes sienne, pas avec lui. » Un nouveau coup de massue. Cette fois-ci, Calixte lui brisait bel et bien le cœur. Rassemblant ses forces pour ne surtout pas craquer face à lui, elle détourna finalement le visage dans un soupir douloureux. Bien qu'elle appréciait son honnêteté, apprendre qu'il ne lui faisait plus confiance et était réticent à retrouver leur amitié passée parvint à l'anéantir pour de bon. Zephir se surprenait même à être nostalgique du temps où ils affichaient une haine féroce l'un envers l'autre. Aussi extrême et destructeur que ce lien pouvait être, il les maintenait dans une certaine dynamique. À quoi se raccrocherait-elle à présent ? Maintenant qu'elle avait tout perdu et même si Calixte lui assurait qu'il se battrait pour elle, c'était à son tour de douter de la véracité de ses propos. Au nom de quoi se démènerait-il ? Si leur amitié n'était plus, s'il ne pouvait plus lui faire confiance, pourquoi la protéger ? Avec la volonté de très vite mettre fin à toute cette douloureuse conversation, elle enchaîna le plus rapidement et avec un détachement simulé. « Ça ne m’enchante pas plus que toi d’être promise à ce mec… Je savais que mon père allait arranger un mariage mais si j’avais su que c’était avec lui, je pense que j’aurais fait ou dit quelque chose quand j’en avais encore la possibilité. Mais… Je pensais que tu étais au courant. Tout le monde l’est ! Mon père en a fait une annonce publique dans le Daily Bugle. Sa façon à lui de laver le scandale du mois dernier. Tu ne t’es pas tenu au courant ? Personne ne t’a rien dit à ce sujet ? »
Ce fut le petit rire nerveux et les paroles de Calixte qui reportèrent son attention sur lui. Les yeux humides, elle le fixa sans afficher la moindre émotion. « L’ironie de la situation pourrait presque être drôle, tu ne trouves pas ? Nos parents ont encore œuvrés contre nous. Tu ne trouves pas ça comique que tu sois fiancée à la même personne qui est sensée me servir de mentor. Cruel destin… » Zephir n'avait pas le cœur à rire, surtout pas quand il était question du fils Beurk. La situation était complexe et pénible, comment pouvait-il le prendre à la légère ? Heureusement, son ton se refit plus sérieux. Sa réponse réussit cependant à la décevoir. « J’ai arrêté de me tenir informer ces derniers temps, mais j’aurais dû m’abstenir aux vues des nouveaux évènements. Si j’avais su je serais venu te parler plus rapidement. » C'était bien pire que ce qu'elle avait imaginé. Son père n'était en rien derrière tout cela. Calixte avait délibérément choisi de ne pas se mettre au courant. Sceptique quand à sa dernière phrase, elle détourna un bref instant le regard en haussant les sourcils. Quand ils se retrouvaient réduits à discuter dans un placard à balais, Zephir estimait légitime d'avoir des doutes. Toutefois, aussi soudainement que la tristesse s'était abattue sur elle, les nouvelles paroles du lion attirent irrémédiablement toute son attention. « Ce n’est pas simple ces derniers mois. Depuis la mort d’Alexius ma vie est encore plus compliquée que lorsque nous étions enfants. Mes parents me tiennent au creux de leurs mains. C’est le chaos et certains jours j’ai du mal à gérer. » Elle n'avait pu que tristement constater la perte de contrôle de Calixte, son laisser-aller, l'alcool, la tendance à s'isoler de tous et cette détresse qui irradiait de lui à tout instant. Ses yeux azurs rivés sur son visage, Zephir tenta de le décrypter, de retrouver cette ancienne habilité qu'elle avait à l'exercice. Il ne lui disait pas tout. Il cachait des éléments, passait sous silence tellement plus. À ainsi l'inspecter, elle fut prise d'une pulsion si violente qu'il lui fallut légèrement reculer en arrière pour ne rien en faire. Le puissant désir de soudain l'étreindre l'avait envahit, lui hurlant de retrouver ses bras et lui apporter du réconfort. Un geste qu'elle ne pouvait décemment pas se permettre, surtout après les paroles de Calixte. Craignant de se faire rejeter, elle resta donc clouée sur place avec ce pénible tiraillement, cette nostalgie du passé où sans raison aucune elle pouvait se jeter dans ses bras, retrouver son réconfort et sa chaleur. Une époque révolue dans laquelle elle se réfugiait un peu trop souvent. Presque inconsciemment, sa main serra un peu plus celle de Calixte. C'était sa façon à elle de lui dire « Je suis toujours là. Je ne t'abandonne pas. ». Si Zephir ne pouvait plus l'étreindre, l'aider à surmonter tout cela comme elle en avait eu l'habitude, elle pouvait au moins lui faire sentir sa présence d'une façon ou d'une autre. Avec la volonté de le lui prouver, ses réflexions furent coupées par la nouvelle phrase de Calixte. « Par contre, je ne comprends pas ce que tu veux dire quand tu parles du scandale du mois dernier ? » Presque immédiatement après ses paroles, sa main quitta la sienne, croisant les bras sur sa poitrine comme pour se protéger. Une mauvaise habitude qu'elle avait pris depuis l'accident. Le regard rivé au sol, ses yeux s'embrumèrent dangereusement. Cette perte de contrôle soudaine à la simple mention du scandale mettait Zephir dans un état de panique proche de la crise de nerfs. La respiration difficile, elle s'assit sur le rebord d'un seau retourné, recroquevillée sur elle-même. Dans une tentative désespérée de contrôle, elle ferma les yeux avec force, laissant une larme s'échapper et rouler sur sa joue blafarde. Il lui fallait se préparer mentalement à annoncer la nouvelle. Non seulement il s'agissait de Calixte mais en plus, en lui exposant les faits, Zephir était rongée par la peur de le décevoir ou pire encore : de le faire fuir.
Rassemblant les dernières onces de courage qu'il lui restait, elle amorça un début de phrase. « Je... » Sa voix se brisa douloureusement, réalisant ce qu'elle s'apprêtait à faire. Dans une seconde tentative où elle inspira un grand coup, elle fut enfin capable de faire une phrase entière. « J'ai tué une moldue... » Le morceau venait d'être craché. Lâché dans l'air, atteignant les oreilles et la conscience de Calixte, ils devenaient réels. Comme si après l'accident et ce mois passé à Sainte-Mangouste, Zephir réalisait enfin l'atrocité de ses actes. Avec une boule d'appréhension au ventre, lui paralysant les cordes vocales, elle releva les yeux vers lui, craignant de lire l'horreur sur son visage. Elle ne fut capable de soutenir son regard qu'une fraction de seconde, sentant les larmes revenir au galop. Il lui fallait se concentrer sur quelque chose de neutre comme... Ses chaussures. Inspectant le détail des lacets glissant sous puis sur le cuir, elle avait un élément de réconfort, une distraction partielle qui lui permettait de ne pas perdre le contrôle. Ce fut grâce à cela qu'elle reprit la parole pour un peu mieux expliquer la terrible révélation qu'elle venait de faire. « C'était il y a un mois... Depuis que mon père m'a banni je loge dans des auberges ici et là en campagne et j'avais choisi un coin reculé cette fois-ci. Tout était prêt. J'avais acheté la potion dans une boutique du Chemin de Traverse, comme d'habitude... » Zephir fit une pause dans son récit. Revivre ainsi le déroulé des évènements ravivait sa mémoire et permettait à des souvenirs bien enfouis de refaire surface, nouant un peu plus sa gorge alors qu'elle s'apprêtait à poursuivre. « J'ai pas tout de suite compris... Quand j'ai vu le sang sur ses mains. Ajouta-t-elle dans un souffle, la voix cassée, emplie des larmes qui ne demandaient qu'à s'exprimer. J'ai d'abord cherché où j'avais pu me blesser. Il y en avait partout... » souffla-t-elle en fixant cette fois-ci ses mains. Elle pouvait revoir tout ce sang, la noirceur envoûtante qu'il prenait après quelques heures. En retournant ses mains face à elle, Zephir reprit péniblement. « C'est en regardant mes pieds nus que j'ai vu un bras. Il était si blanc... Presque... Irréel. C'était comme si tout ça n'était pas réel. » s'excusa-t-elle d'une voix tremblante qui ne laissait plus transparaître que l'horreur, bref aperçu de l'état de panique qui l'avait progressivement gagné dans ce bois à la découverte du cadavre. « Elle avait encore les yeux ouverts et me fixait avec cette expression... Elle n'arrêtait pas de me fixer... » Elle revoyait encore ses prunelles figées, imprégnées d'effroi qui l'accusaient en silence. Inlassablement, elles répétaient la même question sans fin : « Pourquoi ? ». Cette vision l'avait hantée des nuits durant jusqu'à ce que les médicaments ne parviennent à la reléguer dans les abysses de son subconscient. Les yeux clos, elle essuya quelques larmes qui avaient entrepris la conquête de son visage quand elle reprit. « Après ça j'ai perdu la notion du temps. Je ne suis revenue à moi que quand un membre de la police magique m'a forcé à avaler un morceau de chocolat. Ils avaient déjà emporté le corps. Ils m'ont posé toutes ces questions auxquelles j'étais incapable de répondre. Finalement, quand ils ont vu que tout ceci me dépassait, ils m'ont confié à l'unité psychiatrique de Sainte-Mangouste. » Un léger soupir l'anima, se redressant très légèrement bien qu'elle gardait cette position prostrée, se défendant d'accusations invisibles. « Les cocktails de drogues, tranquillisants et autres me permettaient de traverser les journées sans crises post-traumatiques. Ils avaient réussi à faire taire le loup. Un silence terrifiant. Je me suis retrouvée seule avec moi-même, avec mes vieux démons... » Une sensation qui perdurait encore et qui, malgré l'allègement des prescriptions, n'avait pas encore permis à la bête de se réveiller. Zephir était alors prise de violents accès de panique durant lesquels la peur viscérale de ne plus retrouver son identité la transformait en furie. « Pendant que j'occupais mes journées à dormir, la police a seulement été capable de déterminer que la vendeuse qui m'avait donné la potion ne travaillait pas dans cette boutique, qu'un portoloin avait conduit la moldue sur les lieux et que la potion tue-loup n'en était pas une. Ils n'ont cependant pas pu déterminer si j'avais été droguée ou non. Je suis donc encore sous haute surveillance au cas où l'on voudrait à nouveau me piéger et utiliser le loup à des fins obscures. » Longs et douloureux, les avoeux n'avaient pas permis d'éliminer le poids pesant sur sa conscience et sa poitrine. Bien au contraire. Il n'avait rendu l'accident que plus réel, lui faisant revivre l'horreur du moment. La découverte macabre et le parallèle inévitable avec la mort de son regretté oncle. Prostrée, Zephir avait repris sa fixation sur les lacets des chaussures de Calixte, voyant dans cette contemplation intense une façon comme une autre d'atténuer la réalité. Elle lui laissait de la sorte une façon d'encaisser le coup. Cela faisait beaucoup pour une seule entrevue. Associée à l'éventuel jugement qu'il émettrait, la jeune Yaxley fut submergée par la terreur de déceler de la méfiance dans ses prunelles ambrées. Tout en se redressant légèrement, elle ponctua par un ironique. « Voilà pourquoi mon père a annoncé les fiançailles. Il doit se dire que maintenant que le monde sorcier me voit comme un monstre, je dois également penser la même chose de moi. Épouser cet avorton devrait être, selon lui, ma façon de me racheter une réputation et une identité. C'est amusant quand on y pense... Il m'a reniée, bannie du domaine familial et il aurait un semblant de considération pour moi en voulant que j'épouse cet homme qui me donnerait la sensation de ne pas être un monstre. » Un très faible rire forcé lui échappa avant de mourir, étranglé par la douleur dans laquelle toute cette machination faisait baigner son âme. Durant quelques secondes le silence se fut et Zephir se redressa enfin après avoir passé une main sur son visage, s'assurant que pas une larme ne s'y était frayé un chemin. Le sourire triste et forcé accroché pour ne pas perdre la face, elle tenta de détourner l'attention. « Enfin... Rien de bien extraordinaire non plus. » Zephir n'avait jamais aimé être le centre de l'attention, qu'on se préoccupe trop d'elle. Même avec Calixte elle avait toujours tenté de diminuer l'impact des sévices de son père pour ne pas l'inquiéter. Après tout, lui aussi avait ses propres problèmes, il venait de lui confier qu'il traversait une période difficile.
@destiny.
Calixte M. Webster
LE CLAIR OBSCUR
+ SORCIER DEPUIS LE : 08/04/2013 + PARCHEMINS : 824 + LOCALISATION : Dans l'enceinte de Poudlard, peut-être dans un coin solitaire à boire pour oublier, ou avec ses amis pour faire bonne figure !
La situation ne pouvait pas être plus ambivalente. Déjà rien que le côté absurde du contexte aurait pu être discuté. Après tout, nous retrouver après six années à nous pourrir mutuellement, Zephir et moi, dans ce tout petit placard à peine assez grand pour nous deux était un miracle en soit. Un petit miracle qui pourrait presque être gênant pour n’importe qui d’autres vu notre position, mais qui me semble si vital à moi qui ai tant attendu ce moment, qui ai tant rêvé de pouvoir me retrouver de nouveau si proche de ma meilleure amie. Et puis à côté, il y a notre discussion, ou plutôt toutes ces révélations intimes qui se déversent et s’accumulent et font ressurgir à la fois des émotions enfouies et à la fois sortir des nouvelles qui ne sont pas forcément très agréables.
Je lui déverse tout ce que j’ai gardé en moi, tout ce qui m’a pesé pendant toutes ces années et toutes mes interrogations actuelles. Je me sens pulluler de millions d’émotions qui se veulent aussi contradictoires que complémentaires et qui me laissent dans un état quelque peu perturbant. J’ai l’impression d’à la fois m’excuser et de me défendre, d’expliquer mes réactions, mon comportement ces dernières années, et de me dédouaner de ce qu’il s’est passé. J’ai le sentiment aussi d’essayer par tous les moyens possibles de la convaincre de mon raisonnement, de la bassesse de nos parents et de la noirceur totale qui nous entoure. Je n’arrive pas à savoir si je suis soulagé de pouvoir enfin lui parler, de manière ouverte, sans colère froide ou si je suis écœuré de ce qu’il nous ait arrivé, de la manière dont notre amitié a été manipulé. Honnêtement, je suis perdu, j’ai l’impression de me perdre un peu plus chaque jour dans les méandres d’une vie que je ne maitrise pas et qui m’échappe toujours un peu plus. La dernière fois que nous avons parlé avec Zephir, ses révélations m’ont fait grandement réfléchir. Pour une fois dans ma vie et parce que l’accumulation des faits contre mes parents commençait à être un peu trop significative, je me suis lancé dans une recherche de la vérité. L’élément déclencheur a été Zephir, son état, ses propos, mes sentiments toujours présents pour ma meilleure amie, ces sentiments trop longtemps bridés, mais finalement je pense que j’aurais fini par en arriver à ces prémices de révolte. Je ne sais pas encore comment je vais faire, dans quoi je m’engage, mais je sens que plus les mois passent et plus la pression se fait pesante sur mes épaules. Je crois qu’avant je me voilais tout simplement la face. Mes parents me détestaient, oui, mon père prenait plaisir à me battre, pourquoi pas, après tout ce n’est pas comme si c’était rare chez les sang-pur, enfin j’imagine, mais je pense que je n’ai jamais été au-delà, je n’ai jamais voulu voir en face la vérité et après tout, je n’étais que le bon à rien de deuxième fils, Alexius avait la place centrale dans notre dynamique familiale, je ne m’en étais pas rendu compte, mais je commence à me dire que finalement il n’avait peut-être pas la meilleure place, son seul avantage était qu’il semblait aimer cette vie.
Toute ma vie j’ai voulu trouver un minimum de reconnaissance de la part de mes parents, quoi de plus normal pour un enfant, la place de cadet n’est pas toujours évidente, mais je n’aurais jamais imaginé que leur haine était ma plus grande force et protection face à leurs idéaux arrêtés. Depuis la mort de mon frère, j’ai commencé à réaliser l’ampleur de leur vision, le rôle que nous, leurs enfants, avons à jouer dans l’échiquier géant de leur vie où je ne figure qu’à la place du vulgaire pion qui il n’y a pas encore si longtemps était la caricature du sacrifié de début de partie. Pourtant je me suis mieux accroché qu’un filet du diable et j’ai contrecarré beaucoup de choses en eux, les poussant certainement à tendre de plus en plus à la violence pour me soumettre. Je commence à me rendre compte que ma vie ne m’appartient pas et cette constatation me révulse. Pourtant, je ne sais pas quoi faire pour changer cette orientation. Mes parents sont assez malins pour m’astreindre à leurs exigences. Ils ont compris depuis quelques temps, que la souffrance physique ne m’atteignait plus, avec la multitude de blessure endurée, j’ai appris à gérer la douleur, à me murer dans mon esprit, à ériger une barrière mentale, un cocon douillet qui me permettait de me cacher loin du présent et ainsi d’éviter de penser aux nouvelles blessures, nouveaux traitements et nouvelles cicatrices, pur mécanisme de défense pour ne pas virer complètement fou. Depuis quelques mois, et par pur sadisme afin d’être sûr de faire de moi leur marionnette, ils ont mis en place une nouvelle tactique : l’attaque psychologique. Ils ont réussi à trouver une faille en moi, ils ont réussi à appuyer là où mes valeurs sont ancrées et si loin des leurs : l’amitié, l’amour… Tout ce qu’ils ne connaitront jamais et tout ce que je pensais être ma force, me permettant de tenir dans des moments plus difficiles, et qui deviennent mon talon d’Achille. Ethan, Lumen… Mes parents ont menacés mes amis si je n’acceptais pas tous leurs désirs.
Et Zephir qui réapparait dans le terrain déjà bien miné de ma vie. Son comportement me renvoi à mes propres incertitudes comme un boomerang bien lancé, m’assommant avec la violence de l’impact. La colère laisse place à l’inquiétude, en passant par l’amertume, le regret, la culpabilité, l’incompréhension et la sensation de m’y prendre comme le manche de mon balai volant. Sa détresse remonte jusqu’à moi et coule dans mes propres veines. J’essaie de garder le contact avec elle, cherchant à capter son regard, à lire au travers de ses deux iris bleutés, m’accrochant à sa main, à la chaleur de sa peau… Pourtant, moi qui me suis toujours targué d’être fin orateur, j’ai l’impression de m’enfoncer à mesure que les mots franchissent la barrière de mes lèvres. Mon cœur prend le dessus sur mon esprit, mes émotions se déversent et ma tête ne filtre plus les informations : c’est l’effet que Zephir a toujours eu sur moi, elle m’a toujours permise d’être moi uniquement. Grace à elle, j’arrivais à penser ne serait-ce qu’un instant, que je ne suis pas qu’un vulgaire minable. Les mots franchissent mes lèvres et je constate impuissant à la blessure qu’ils exercent sur mon ancienne meilleure amie : ses soupirs sont douloureux, sa manière de détourner le regard est criante de vérité, sa prostration également, si loin de la battante qu’elle se vante d’être dans les couloirs du château… Mon cœur se sert, je ne sais plus quoi faire pour me sortir de cette passe et surtout j’ai l’impression que plus le temps passe, plus je m’embourbe dans ma propre merde. Plus mes explications sortent, adoptant tour à tour des tons et des inflexions différentes, plus j’ai le sentiment d’être le pire idiot de la terre. Ses yeux humides me frappent de plein fouet, sa déception à mon égard me poignarde en plein cœur me clouant sur place, asséchant ma bouche et anéantissant mes sens. Comme anesthésié, je finis par lâcher dans un flot sentimental et penaud la vérité qui m’écorche un peu plus chaque jour « Ce n’est pas simple ces derniers mois. Depuis la mort d’Alexius ma vie est encore plus compliquée que lorsque nous étions enfants. Mes parents me tiennent au creux de leurs mains. C’est le chaos et certains jours j’ai du mal à gérer. »
J’ai envie de lui hurler à la figure que j’ai besoin d’être sauvé, que je sombre, que ma vie m’échappe et que je me fais l’effet d’être un naufragé à la dérive et victime des pires blessures anéantissant le peu de force qu’il me reste. Je sens que je perds pieds, et que prochainement je finirais par lâcher prise et m’autoriser à me soumettre à mes parents. Je n’arrive plus à me battre, je n’arrive pas à trouver la force, la conviction, la ressource, la solution à tous mes problèmes. La petite pression exercée par sa main qui se trouve toujours dans la mienne me rattache un peu au moment présent et m’empêche de m’enliser dans mon introspection personnelle et maladive. Je réprime tout ce que j’aimerais lui dire, pour me rapprocher d’elle et pour me soulager moi. Je lâche alors une nouvelle phrase en réaction à ce qu’elle a dit plus tôt et surtout pour changer lamentablement de sujet. « Par contre, je ne comprends pas ce que tu veux dire quand tu parles du scandale du mois dernier ? » Sa réaction se fait de manière immédiate et impulsive. Elle lâche ma main et croise ses bras sur sa poitrine dans une attitude de défense. La violence corporelle qu’elle me renvoi me fait mal à un point que je ne pouvais imaginer et qui me glace instantanément. Je l’observe attentivement river son regard au sol, respirer difficilement et amorcer une attitude de replis, s’asseyant sur le rebord d’un seau retourné.
L’atmosphère vient de changer du tout au tout, laissant entrer un vent de désespoir s’insinuer dans ce maudit cagibis. Toujours immobile, attendant la suite, ne comprenant pas vraiment son comportement, je sens un frisson remonter le long de mon dos quand j’entends sa petite voix se briser à l’évocation d’un simple « Je ». Je perçois de la tension et je ne sais pas quoi faire, après tout, je ne suis pas la personne la plus légitime à ce stade de notre relation pour jouer le rôle du confident. Rapidement, elle inspire un grand coup et reprends la parole lâchant la bombe la plus monumentale du monde sorcier et scellant ainsi un avenir « J'ai tué une moldue... ». Je me répète cette phrase plusieurs fois comme pour essayer d’y desceller un sens caché, mais rien ne me vient, les mots ont un sens propre et inaltérable. J’ai. Tué. Une. Moldue. L’étau ressert un peu plus ma poitrine, je retiens mon souffle attendant une suite à cette révélation, une explication, des détails, quelque chose qui ne me laisse pas dans un effroi ambiant et une incompréhension totale. Je l’aperçois relever son visage vers moi, prenant ainsi conscience que mon regard avait dérivé à mesures que mon cerveau essayait de trouver une explication à cette déflagration. J’aperçois que brièvement ses yeux se noyer de larme avant qu’elle ne baisse de nouveau son regard vers le sol. Son attitude de soumission totale, de détresse monumentale me glace. Je reste figé, je ne sais pas si je suis en droit de lui en demander plus, si ma place est légitime, ici à ses côtés, si j’ai le droit de la soutenir ou si je dois juste partir et la laisser là. Mon corps ne répond plus, mon cerveau ne prend plus de décision, seule la phrase de Zephir résonne en moi en écho constant et effrayant. Une bouffée d’oxygène qui reste bloquée dans ma poitrine, contraignant mes poumons dans un étau et me laissant en suspension dans le temps et dans l’attente de la suite des évènements. « C'était il y a un mois... Depuis que mon père m'a banni je loge dans des auberges ici et là en campagne et j'avais choisi un coin reculé cette fois-ci. Tout était prêt. J'avais acheté la potion dans une boutique du Chemin de Traverse, comme d'habitude... » La pause qu’elle fait dans son récit doit me faire autant de bien qu’à elle. Les informations fusent dans ma tête, je ne sais pas quoi penser, tous mes repères semblent s’émousser, mes sens sont en éveil et je ressens toute la détresse de mon amie.
J’aime à croire que Zephir n’a pas tant changé que ça, qu’elle est restée la petite fille de mon enfance et que la bête en elle n’a pas pris le dessus au point de la rendre destructrice, mais un doute germe inévitablement en moi et que je ne peux réfréner. « J'ai pas tout de suite compris... Quand j'ai vu le sang sur ses mains. J'ai d'abord cherché où j'avais pu me blesser. Il y en avait partout... » Son souffle, son comportement, son ton, toute son attitude me crie au visage qu’elle n’a pas prémédité son geste et quelque part, je suis soulagé de le constater. J’aimerais pouvoir me gifler mentalement d’avoir pu avoir des sombres pensées à l’égard de Zephir, mais après tout, que sais-je encore d’elle à l’heure actuelle ? Son regard est loin figé sur ses mains, comme si elle revivait la scène. Tant d’émotions passent, s’écoulent par tous ses pores, que j’ai moi-même le sentiment de vivre cette scène apocalyptique avec elle. « C'est en regardant mes pieds nus que j'ai vu un bras. Il était si blanc... Presque... Irréel. C'était comme si tout ça n'était pas réel. » Je pourrais presque voir ce bras d’un blanc macabre moi aussi tellement l’horreur de la situation monte entre nous. Je n’ose plus bouger, quelque part, Zephir me livre certainement son plus grand et honteux secret, à moi, son plus vieil ami et aussi celui avec qui elle a le plus lutté. Elle semble m’avoir complètement occulté, perdu dans ses sombres pensées, revoyant sans aucun doute possible la jeune fille derrière ses prunelles, de jour comme de nuit, à tout instant, lui faisant revivre un moment qu’elle aurait préféré oublier à jamais. Je connais ce sentiment et pourtant mes problèmes me semblent tellement insignifiants par rapport à ce qu’a vécu Zephir… Seule… Dans la découverte de…
Perdu, je n’avais pas remarqué qu’un flot de larmes sinuait sur ses joues. Elle les essuie machinalement et à cet instant, j’aimerais tant être ses mains afin de chasser le négatif et la tristesse, et laisser fleurir de nouveau le sourire sur son beau visage. Elle continue son explication et je me perds dans ses paroles, ne réussissant à capter que quelques mots tellement je suis concentré sur son corps qui me crie toute la détresse qu’elle peut contenir. « J’ai perdu la notion du temps… incapable de répondre… unité psychiatrique de Sainte-Mangouste… cocktails de drogues, tranquillisants… faire taire le loup… seule avec moi-même, avec mes vieux démons… » Autant de mots que je reçois comme des coups de poignard. Un goût de bile arrive dans ma bouche, je suis écœuré et frustré de ce qui lui ai arrivé. Je n’arrive pas à la voir comme un monstre, j’aime à croire que je la connais encore assez pour savoir qu’elle n’a pas tué volontairement. Zephir a toujours eu un cœur bon, et ce n’est pas le loup en elle qui aura raison de cette bonté d’âme. Je le sais et je lui ferais croire en ses valeurs. J’essaie de me concentrer un peu plus sur ce qu’elle me dit, l’écoutant me parler de l’enquête et des éléments me font tiquer sérieusement, le portoloin, la potion… Tout à son attitude prostrée, Zephir en revient au fils Beurk. La douloureuse constatation de sa culpabilité et de la haine qu’elle doit éprouver envers elle-même exercent un déclic en moi. « Voilà pourquoi mon père a annoncé les fiançailles. Il doit se dire que maintenant que le monde sorcier me voit comme un monstre, je dois également penser la même chose de moi. Épouser cet avorton devrait être, selon lui, ma façon de me racheter une réputation et une identité. C'est amusant quand on y pense... Il m'a reniée, bannie du domaine familial et il aurait un semblant de considération pour moi en voulant que j'épouse cet homme qui me donnerait la sensation de ne pas être un monstre. » Une énorme bouffée de colère me submerge en un clin d’œil à l’égard de son paternel que je ne pouvais déjà pas sentir de toute façon. Son léger rire forcé qui s’étrangle rapidement au cœur de ses émotions me fait réagir instinctivement, me faisant plier les jambes, mon cœur se serrant d’empathie si brulante.
Mes genoux touchent le sol sans bruits, je me retrouve de ce fait à sa hauteur. En parallèle, Zephir se redresse légèrement. Instinctivement, mes mains, mon buste se tendent vers elle. Au moment où elle glisse sa dernière phrase qui me déchire le cœur tant elle dénigre et minimise toute cette histoire et elle par la même occasion. Je me retrouve le torse plaqué à ses genoux et j’attrape d’une main la sienne qui vient de refouler ses dernières larmes. « Phi… » Je pose délicatement sa main sur sa cuisse et une fois libre, je pose les deux miennes sur ses joues avec douceur, afin de relever son visage vers le mien et de pouvoir plonger mon regard dans le sien, afin de donner du sens à ce que je vais lui dire. « Phi tu n’es pas un monstre… » Pas de faux semblants, pas de sourire, pas de belles paroles, pas de jeux entre nous, pas maintenant, pas comme ça, pas après ça… Toute mon attitude lui crache ma loyauté et la certitude que j’ai, que je viens d’énoncer et que je vais lui marteler. « Je t’interdis de penser une seule seconde que tu es un monstre, je te connais assez pour deviner ce qui traverse tes pensées. » Je caresse lentement et affectueusement ses joues, balayant les larmes qui y ont coulés. J’aimerais pouvoir effacer les doutes qui se sont installés sur ses traits si familiers. Il n’y a que mes mains qui bougent, j’ai trop peur de la faire fuir comme la dernière fois si je suis trop brusque. « Je suis sûr que c’était un coup monté. Et écoute-moi avant de t’emporter. Ça ne te parait pas juste bizarre que ta réputation soit entachée et que quelques jours après les fiançailles avec Beurk soient annoncées ? » L’évidence m’est apparu aussi claire que la lune se reflétant sur la surface de l’eau du lac. Ça ne peut pas juste être une coïncidence, nos parents ne font pas place au hasard, jamais, ils maitrisent toujours tout, allant jusqu’à écraser leur progéniture pour atteindre leurs objectifs. « C’est un coup de ton père… » Je marmonne cette injonction, baissant un instant mon regard, quittant celui de mon amie en laissant errer mes pensées. L’accusation est certes brutale, mais en même temps elle est à la hauteur de la perfidie de Mr Yaxley : tellement logique. « Il faut qu’on réagisse… » Je relève mon visage en prononçant ma phrase et axe le sien dans ma direction pour capter de nouveau son regard. « Regard-moi Phi, il faut qu’on trouve une solution... » Son attitude, ses révélations, ma propre existence en ce moment, le tout est bien trop lourd pour moi. Alors impulsivement, instinctivement, je glisse mes mains de ses joues à ses épaules et dans un élan du cœur, je l’enlace, entourant son corps frêle de mes bras puissants. Je retrouve avec plaisir son odeur, la sensation de ses cheveux contre ma joue. Mon cœur s’emballe un instant du bonheur de pouvoir retrouver ma meilleure amie. Moment suspendu dans le temps qui me fait un bien fou et qui me raccroche à l’infime espoir que nous arriverons à retrouver ce qui nous a été arraché des années plus tôt. Dans un murmure, je lui glisse avec toute la volonté et la détermination qui m’habite, la serrant toujours contre moi : « On va y arriver Phi… Ensemble »
@destiny.
Pouet:
Cal Phi
Zephir T. Yaxley
LE GRAND MÉCHANT LOUP
+ SORCIER DEPUIS LE : 01/08/2015 + PARCHEMINS : 113
En analysant la relation que partageaient Calixte et Zephir, on pouvait constater que c'était dans l'adversité que les deux jeunes gens se retrouvaient. Ils étaient mutuellement le pilier l'un de l'autre, le moteur, l'énergie sans laquelle ils sombreraient. Ce besoin réciproque transparaissait clairement aujourd'hui. Si lors de leur jeunesse la situation semblait moins préoccupante, les sévices qu'ils subissaient les avaient tout de même poussés l'un vers l'autre. Le réconfort, le sentiment d'exister aux yeux d'un individu était source de bien-être. Pas étonnant que même encore aujourd'hui, Lei était tel un soleil vers lequel elle tentait toujours de se tourner, petit tournesol dans l'âme. Un astre qui perdait de son éclat et de sa chaleur mais tout de même vital. Il avait cependant fallut attendre sept longues années pendant lesquelles la situation avait clairement dégénérée pour voir une trêve se profiler. Une reddition qui avait été complexe et continuait de faire des vagues entre eux. L'un comme l'autre cherchaient à se défendre, s'expliquer, rejeter la faute sur leur paternel respectif ou encore s'excuser de ce malentendu et de leurs comportements qui n'étaient, en fin de compte, qu'un appel à l'aide désespéré. Zephir voulait tout oublier. Aller de l'avant. Faire table rase du passé pour tout reprendre à zéro. Projet auquel Calixte semblait ne pas adhérer compte tenu de sa façon de remuer le couteau dans la plaie, lui rappelant de diverses façons qu'il ne pourrait plus lui faire confiance comme avant, que leur relation ne serait plus la même. Dépassant toutes les injures et bassesses qu'avait pu lui siffler son père, les mots de Lei constituaient la chose la plus douloureuse qu'elle ait eu à encaisser jusqu'à présent. S'il n'était plus là pour elle et qu'elle ne pouvait pas l'aider, Zephir finirait inéluctablement par devenir le jouet de Yaxley senior. À quoi bon continuer de se battre quand la seule personne qui rendait votre existence supportable vous rejette ? Car oui, toutes ses paroles elle le ressentait de cette façon : une mise à l'écart.
Toutefois, il fallait bien l'admettre, Calixte faisait un effort en lui confiant une infime portion de ses problèmes. Bien consciente qu'il ne s'agissait là que de la partie émergée de l'iceberg, la louve voulait en savoir plus. Constater que chaque jour la santé mentale de son ancien meilleur ami se dégradait à vitesse grand v la rongeait. Impuissante, elle assistait à sa descente alors qu'il y a quelques années de cela elle aurait pu lui venir directement en aide. Chaque partie de son être lui hurlait d'établir le contact, de briser la glace. Tout pouvait commencer par un contact physique. Seul geste qu'elle s'autorisait à l'égard de Calixte : glisser sa main dans la sienne. Le prendre dans ses bras lui semblait étrangement déplacé. À moins qu'il s'agissait de sa propre retenue, de cette barrière qu'elle dressait inconsciemment entre elle et lui : une protection contre ses propres sentiments. Depuis toujours, avec Zephir, tout passait par le regard et les gestes. C'était sa façon à elle de communiquer, transmettre ses émotions. Les mots n'avaient jamais été son fort. Incapable d'exprimer correctement son ressenti, l'héritière Yaxley préférait faire passer le message autrement. Moins ambigüe et plus authentique, elle savait que Lei pouvait la comprendre. Plus jeune ils n'avaient pas besoin de mots pour communiquer, un simple regard leur suffisait. Aujourd'hui, malheureusement, il fallait verbaliser les choses, les expliquer dans le détail. Il aurait pourtant fallu une simple étreinte à la louve pour qu'elle lui transmette combien toute cette situation la meurtrissait. Cependant, en dépit de toute sa bonne volonté, le contact fut rompu. La simple évocation de l'accident avait réussi à la fermer hermétiquement.
Le traumatisme était encore trop frais pour qu'elle puisse en parler avec un calme relatif. Replongeant péniblement dans ses souvenirs, les flashbacks lui revenaient avec une telle violence qu'elle était projetée sur la scène. Condamnée à revivre encore et encore ce cauchemar jusqu'à la fin de son existence tourmentée, Zephir pouvait ajouter cette funeste matinée à la iste de ses traumatismes. Entre la vision de son oncle démembré par la bête qui lui avait donné une seconde vie, toutes ses transformations sous potions expérimentales du père Yaxley et Webster et à présent cela, la louve commençait à avoir une belle petite collection. C'était bien sûr sans compter les nombreuses brimades de son paternel et des élèves de Poudlard. Jusque là, Zephir avait su endurer, la tête haute et fière de qui elle était devenue. Une attitude et une certitude qui étaient remises en question. Prostrée, évitant soigneusement tout contact visuel et physique avec Calixte, elle se protégeait de son jugement et de ce monde qui la malmenait depuis le début. Ce fut donc avec beaucoup de douleur qu'elle revécut les événements pour lui, pour lui expliquer son malêtre toujours plus croissant de jour en jour. Un appel à l'aide, une perche tendue vers celui qui représentait tout son univers. Plus que jamais elle avait besoin de sa douceur, du Lei qu'il était il y a sept ans de cela. Ce même Lei qu'elle savait caché sous cette carapace de bad-boy séducteur et arrogant. Ce grotesque personnage que Zephir avait instantanément méprisé. Elle lui en voulait terriblement d'avoir osé étouffer et brider le vrai Calixte, celui qu'elle aimait tant et qui réapparaissait progressivement pour son plus grand plaisir. C'était ce même Calixte qui était le seul être vivant sur cette terre en droit d'entendre sa version des faits. Le monde sorcier avait peut-être eu vent de l'histoire mais si la jeune Yaxley devait le raconter avec ses propres mots à quelqu'un, c'était bien à lui.
La bombe fut lancée. Impossible de revenir en arrière, de reprendre la douloureuse confession. Il allait falloir assumer, aussi douloureux que cela puisse être. Un bref regard lancé dans sa direction et son cœur se serra en constatant de l'impact qu'avait eu ses mots. Des explications étaient de rigueur. À son rythme et en dépit de la pénibilité de la tâche, Zephir entreprit donc le récit cauchemardesque de cette matinée où elle avait un peu plus basculé dans l'horreur. Les flashbacks se faisaient toujours plus violents et intenses, ravivant des souvenirs enfouis par les drogues. Par chance, la présence de Calixte conjuguée à sa dose journalière parvenaient à ne pas anéantir complètement sa santé mentale. Mettre des mots sur la situation rendait les choses si réelles qu'elle en avait le tournis. Ce fut donc par une tentative désespérée que la Yaxley se permit un brin d'humour peu convaincant qui provoqua une réaction inattendue chez son ancien meilleur ami. Quand elle sentit le contact de son torse contre ses jambes, son cœur manqua un battement, lui coupant le souffle par la même occasion. Perplexe, ses deux iris bleus s'accrochèrent à cette silhouette si familière dont la proximité était à la fois rassurante et source de gêne. « Phi… » Ce simple surnom, la façon dont il avait été soufflé associé à la délicatesse de ses gestes acheva mentalement Zephir. Elle n'avait pas la force de le repousser, de se protéger de toutes les émotions inconnues l'assaillant depuis leurs retrouvailles. Qu'il l'appelle ainsi et retrouve ce contact avec elle semblait si naturel. C'était comme si ces sept années tumultueuses n'étaient qu'un mauvais rêve. À le voir ainsi, elle retrouvait le Lei qu'elle avait laissé en rentrant à Poudlard, celui qu'elle connaissait si bien et qui savait exactement quoi faire et quoi dire. « Phi tu n’es pas un monstre… » Ces simples paroles provoquèrent un ras-de-marée de sentiments contradictoires. Ses beaux yeux océan se remplirent à nouveau de larmes tandis qu'un sourire traduisant à merveille soulagement et douleur illumina enfin son visage marqué. Il était le seul à pouvoir la faire sourire dans un moment pareil. Entendre ces mots de sa bouche était une véritable délivrance. Même si le doute persistait en elle, que Zephir s'en voulait atrocement, ne pas être cataloguée de monstre par Calixte suffisait à la délivrer d'un poids. Après tout ce qui s'était passé entre eux, toutes les horreurs qu'ils s'étaient jetés au visage avec les années, le retrouver, constater qu'il était toujours là, il n'y avait rien de plus beau.
Captivée par ce nouveau contact avec Lei, Zephir était absorbée dans la contemplation de son visage. Depuis qu'ils côtoyaient tous deux le château, l'adolescence avait fait son chemin, apportant avec elle transformations physiques. Si l'héritière avait, au plus grand regret de son père, gagné en formes féminines, grâce et beauté naturelle, Calixte, lui n'était plus le jeune garçon frêle. À distance, elle avait observé non sans une certaine curiosité sa transformation. Grand, fort, athlétique et dégageant un charisme fou, il était encore plus beau que son meilleur ami d'enfance. Difficile donc de refouler encore et toujours une attirance grandissante qui avait été présente depuis le début. À présent qu'elle pouvait l'observer sans vergogne, Zephir s'en donnait à cœur joie. Les traits du pré-adolescent de ses souvenirs s'étaient métamorphosés, donnant naissance à un visage aux proportions frisant la perfection. Elle lisait les marques de l'inquiétude et de la peine qui s'étaient déjà frayés un chemin sur ce visage séraphin alors que ses prunelles ambrées brillaient toujours de la même intensité en dégageant simultanément une douceur à vous faire fondre. La louve perçut sans réellement les entendre ses paroles, son regard avait échoué sur le rubis de ses lèvres si envoûtantes, subtilement mises en valeur par cette barbe de quelques jours qui ajoutait une note un peu sauvage au tableau. Les mots « C’est un coup de ton père… » attirèrent cependant son attention. Elle captura à nouveau son regard de ses prunelles humides et se contenta d'une petite mimique approbatrice mais résignée. Sans vraiment s'en convaincre, elle était également arrivée à la même conclusion que Calixte. Toute cette affaire avait la patte de son paternel. Un coup aussi tordu et malsain ne pouvait être orchestré que par lui. Cependant, contrairement à son meilleur ami, elle voyait mal comment réagir et contrattaquer. « Regard-moi Phi, il faut qu’on trouve une solution... » Reportant son attention sur lui, sa voix cassée par l'émotion encore bien présente, Zephir marmonna. « Je vois mal ce qu'on peut faire contre lui. Il a montré par ce coup là qu'il avait une longueur d'avance... » La jeune louve aurait bien continué son explication mais le geste de Calixte la coupa net. N'ayant pas tout de suite compris ses intentions quand ses mains glissèrent sur ses épaules, son cœur fut le premier à réagir. Quand leur torses entrèrent en contact, le pauvre palpitant déjà malmené de l'héritière s'arrêta net avant de repartir de plus belle dans une course effrénée. Ce geste qui la démangeait tant, voilà que Lei se le permettait. D'abord figée, ses bras croisés et coincés contre le torse de son ami, elle finit par se détendre. Timidement, ses mains frêles glissèrent contre ses flancs et se posèrent dans son dos. Il suffisait de le voir en chemise pour constater de la carrure imposante de Calixte mais là, par cette étreinte, Zephir était amenée à le toucher, découvrir cette musculature qu'elle ne lui connaissait pas. Ce mélange entre anciennes sensations -celle de sa peau, de son odeur, de sa présence- et les nouvelles -sa musculature et sa puissance- lui donnaient le tournis. Et, comme si cela ne suffisait pas, il l'acheva de ces simples mots. « On va y arriver Phi… Ensemble. » Ensemble. Lei et Phi. Ensemble. Les larmes lui remontèrent si vite aux yeux qu'elles glissaient déjà sur ses joues rosies par ce contact nouveau. Afin d'étouffer les petits sanglots qui l'animaient, Zephir vint enfouir son visage dans le cou de Calixte, respirant à pleins poumons son odeur. C'était comme si depuis toutes ces années elle était restée en apnée et pouvait enfin reprendre son souffle. Projetée des années en arrière, lentement ses yeux se fermèrent et elle profita de l'instant présent. La timidité oubliée, elle laissa aller ses mains à la découverte de ce dos si peu familier. Chaque creux, chaque muscle malmenaient son cœur tandis qu'elle en redemandait toujours plus. Son corps tout entier lui hurlait de partir à la découverte de celui de Lei, explorer tout ce qu'elle ne connaissait pas et prolonger encore et toujours le contact. Après quelques instants, les mots lui brûlant le palais, elle se jeta enfin à l'eau. « Tu me manques, Lei. » Étranglés par l'émotion, elle n'avait pas pu les garder plus longtemps. Avec toujours beaucoup de douceur et de précaution, Zephir enchaîna, appréciant d'avoir le visage caché dans son cou sans quoi il aurait pu y lire sa gêne. « Tu me manques tellement... Je ne peux pas y arriver sans toi. C'est un miracle que j'ai pu tenir aussi longtemps mais là ça devient trop dur. » Tout en contrôlant sa force, elle resserra un peu plus son étreinte, cherchant quelque part à se fondre en lui, glissant à son tour à genoux au sol pour pouvoir mieux l'enlacer. « Et de savoir que pour toi aussi les choses ne sont pas faciles... Ça m'achève. J'ai envie de t'aider mais je ne sais pas quoi faire. » Afin de donner plus de poids à ses paroles, elle se décolla très légèrement de lui. Inévitablement, sa joue frôla la sienne, provoquant une nouvelle accélération de son cœur déjà plus que malmené. Leur visages à seulement quelques centimètres l'un de l'autre, elle pouvait sentir son souffle chaud contre sa peau, lui donnant des frissons qui remontèrent jusqu'à la base de son crâne. Zephir tenta de capter son regard malgré ses joues écarlates. « Dis-moi quoi faire... » Le ton de sa voix était désespéré. Constater son impuissance face au désarroi de Calixte était le pire de tous les supplices. Cherchant à attirer son attention, le voyant quelque peu absent, elle vint glisser sa main sur sa joue, la caressant de son pouce et souffla timidement. « Lei... ? »
@destiny.
Calixte M. Webster
LE CLAIR OBSCUR
+ SORCIER DEPUIS LE : 08/04/2013 + PARCHEMINS : 824 + LOCALISATION : Dans l'enceinte de Poudlard, peut-être dans un coin solitaire à boire pour oublier, ou avec ses amis pour faire bonne figure !
Ma réaction avait été instinctive, uniquement régit par le cœur, délaissant mon cerveau complètement embourbé dans les méandres des révélations de mon amie. Si j’étais honnête avec moi-même, je pourrais même ajouter que la détresse poignante et la sincérité si bouleversante dont avait fait preuve Zephir, m’avaient totalement ébranlé au point de me tourmenter. Depuis tout gamin, depuis notre première rencontre, Zephir a su pénétrer ma carapace, s’insérer dans mon cœur et me toucher à l’âme. La savoir mal me torture, la sentir mal m’achève, comme un arbre dans un désert aride je me sens diminuer jusqu'à être proche de l'anéantissement. Alors, malgré nos différents, malgré tous les non-dits qui restent encore entre nous, malgré toutes ces années que nous avons perdu et qui ont entaché notre si belle amitié, les vieux réflexes ressurgissent car les sentiments ne se sont jamais estompés, ils ont été mis en veille, mais ils n’ont jamais disparu complètement, une amitié si forte ne peut pas disparaitre comme si elle n’avait jamais existée.
Me retrouver à sa hauteur, à genou, mon torse contre ses jambes frêles, a fait bondir mon cœur, enflammant mes sens. D’abord précautionneux, j’ai murmuré mes premières phrases, captant son attention, entrant en contact avec son corps, petit à petit pour ne pas l’effrayer. Ses yeux s’emplissant de larmes m’ont serré le cœur un instant, je les chasse de ses joues par des petits mouvements tendres continuant de lui parler doucement, me perdant un peu dans mes réflexions à propos de son père. Un soulagement évident se transmets de son corps au mien, notre connexion ressurgit comme autrefois et cela m’apaise et me fait vraiment du bien. Ce n’est qu’en lançant mon injonction sur notre révolte que je me rends compte en reposant mon regard sur elle, qu’elle ne semble plus m’écouter, perdue dans ses propres pensées, faisant certainement écho aux miennes. Délicatement, je fais basculer sa tête, que je tiens toujours entre mes mains, vers moi et lui intime de me regarder car la valeur de l’impact de ma phrase est primordiale. « Je vois mal ce qu’on peut faire contre lui. Il a montré pour ce coup là qu’il avait une longueur d’avance… » Sa façon de me murmurer d’une voix cassée par l’émotion sa reddition, couplée à notre si longue animosité me pousse à combler la distance qui nous sépare encore, comme si nos vies en dépendaient. C’est dans un élan de passion mal contrôlé et qui ne demande qu’à s’épandre depuis sept ans maintenant, que je laisse mes mains glisser lentement et délicatement le long de ses épaules, ses bras, pour finir ma course dans son dos et c’est là que je l’enlace avec détermination et délicatesse. Légèrement confus par l’instant présent mais toutefois sur de moi, je lui murmure à l’oreille avec une fougue sincère « On va y arriver Phi… Ensemble » De simples mots séparément, mais mis bout à bout, dans les circonstances actuelles, en souvenir de notre amitié passée et autant pour la convaincre, elle, que pour me rassurer, moi, ils prennent tout leur sens.
D’abord un peu inquiet de la réaction que peut avoir Zephir, je suis rapidement soulagé quand je la sens se détendre entre mes bras et enfuir son visage au creux de mon cou. Rapidement des petites larmes gouttent sur ma peau nue et je l’entends exhaler une longue inspiration. Je n’ose pas bouger, lui laissant tout le contrôle de la situation. J’ai du mal à réfléchir convenablement, je suis complètement paumé. Je suis heureux de la sentir contre moi, je suis inquiet pour notre avenir, j’ai peur de nos parents, mais pour l’heure, la sensation de nos deux corps collés m’embrouille au point de me faire oublier tout le reste. Lentement, je sens ma meilleure amie se détendre et poser ses deux paumes contre mon dos, approfondissant naturellement notre étreinte. Elle laisse ses mains glisser sur mon dos, de part en part, comme pour s’assurer que ce n’est pas un rêve. J’ai envie de lui hurler à l’oreille que je ne m’en irais plus jamais, que ma vie dépend de la sienne, que je ne suis rien sans elle… « Tu me manques, Lei. » Son émotion me submerge instantanément. J’ai la sensation que nous sommes connectés comme nous l’étions autrefois, envers et contre tout, comme si rien d’autre ne comptait au monde. Toujours le visage enfoui dans mon cou, je sens ses lèvres me chatouiller la nuque à mesure que ses paroles défilent me procurant un petit frisson de bien-être : « Tu me manques tellement… Je ne peux pas y arriver sans toi. C’est un miracle que j’ai pu tenir aussi longtemps mais là ça devient trop dur. » Chaque mot, chaque phrase me retourne le cerveau, j’ai l’impression qu’elle exprime exactement les pensées qui me hantent depuis tant d’années. Doucement, elle ressert son étreinte autour de moi comme pour se fondre un peu plus en moi, comme si en ne faisant plus qu’un nous pourrions aborder le monde plus facilement. Elle se laisse glisser au sol ce qui nous permet d’approfondir notre enlacement. Je sens mon cœur s’emballer et ma respiration se saccader découvrant des sensations nouvelles. La sentir de nouveau contre moi me perturbe autant que ça me ravie. Mes bras toujours dans le milieu de son dos, se resserrent en réponse à l’étau de ses propres bras. Nous communiquons sans nous parler, comme autrefois. « Et de savoir que pour toi aussi les choses ne sont pas faciles… ça m’achève. J’ai envie de t’aider mais je ne sais pas quoi faire. » Sa voix qui résonne sous son torse me fait frissonner une fois de plus mais je n’ai pas le temps de réellement prendre conscience de ce qu’elle m’a dit, un peu trop perdu par tout ce qu’il se passe depuis quelques minutes. Je la sens bouger contre moi, elle se recule légèrement, délogeant son visage que j’appréciais tant sentir contre mon cou et le laissant glisser inévitablement contre ma joue. Aussitôt, on se retrouve face à face, les yeux dans les yeux dans une attitude tout ce qu’il y a de plus intime. Je me suis déjà retrouvé dans des situations similaires avec des femmes mais jamais je n’ai jamais ressenti le submergement d’émotions que je n’arrive même pas à m’expliquer. Je peux sentir son souffle léger se répercuter contre mes lèvres, j’essaie de deviner dans ses yeux ce qu’elle peut bien penser mais je ne sais pas vraiment ce que j’espère y trouver. Lentement, je laisse mes yeux dériver sur son visage, essayant de graver en moi tous les infimes détails qui ont changé depuis que nous sommes mômes, en commençant par ses cheveux… J’ai du mal à me faire à leur couleur, mais ce n’est qu’une futilité après tout, elle n’en reste pas moins la même que dans mon souvenir, aussi belle, délicate et pleine d’appréhension que lorsque nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Ses yeux sont toujours aussi lumineux, l’inquiétude y perce légèrement mais je suis perdu dans ma contemplation : ses pommettes hautes, son mignon petit nez, ses lèvres pleines et rosies qui bougent en rythme…
Sa main délicate se pose sur ma joue et son pouce se faisant caressant me ramène quelque peu à me concentrer sur ce qu’elle me dit. Ses joues écarlates et l’éclat dans ses yeux me resserrent le cœur d’un sentiment de bonheur et de bien-être. « Lei… ? » Sa petite voix douce et hésitante me fait réagir de nouveau instinctivement, je réduis le cours espace qui nous sépare et je pose délicatement mes lèvres sur son petit nez rougit et légèrement humidifié par les larmes. Le contact est bref mais se fait caressant, comme pour chasser la petite interrogation qui se cache dans son regard. Après tout, je ne sais plus très bien de quoi elle vient de me parler et si elle m’a posé une question… Je me recule ensuite pour retrouver la délicatesse de ses prunelles et leur reflet me fait vaguement prendre conscience de l’intensité du moment. Mon cœur gonflé de sentiments intimement mélangés je ressers ma poigne autour d’elle qui était d’abord un peu hésitante. Mon bras gauche se glisse horizontalement pour englober sa taille, ma main s’accrochant au tissu de son vêtement comme seul point d’ancrage, et mon bras droit remonte du milieu de son dos à sa clavicule droite, enlaçant de ce fait tout son dos en une seule étreinte ferme. Je loge ma main un peu plus haut, au niveau de l’échancrure de son cou afin d’avoir un contact étroit avec sa peau, glissant le début de deux doigts sous son haut juste pour m’assurer que je ne rêve pas cet instant magique. Je plonge ensuite mon visage dans son cou, nichant mon nez dans sa chaleur et avec une grande inspiration, je me délecte de la sensation de retrouver de nouveau son parfum si familier et à la fois si différent de mes souvenirs, cette effluve qui m’a tant manqué. J’ai l’impression de faire une cure salvatrice, de me régénérer comme je n’ai jamais pu le faire ces dernières années, de retrouver une sensation de plénitude comme il me manquait tant de ressentir et surtout d’entendre de nouveau la mélodie révélatrice de mon cœur apaisé jouer des notes rassurantes. Resserrant mes mains autour de son corps, la gauche froissant toujours le vêtement de mon amie au niveau de sa hanche et la droite se crispant quelque peu sur son trapèze, je murmure tout contre sa peau : « Toi aussi tu me manques Phi… » La vie me semble soudain moins sombre. De pouvoir verbaliser cette vérité que j’ai écarté de mon esprit depuis tant d’années, de savoir qu’elle ressent la même chose que moi et que, même si le présent n’est pas forcément tendre avec nous, de savoir que l’avenir nous tend ses bras a quelque chose de rassurant. Ça ne va pas être facile, je sais que l’on va devoir travailler sur nous, qu’on ne pourra pas effacer tout ce que l’on s’est dit en sept ans, que les blessures resteront toujours, mais ne dit-on pas que le temps panse les blessures ? Je suis d’ailleurs bien placé pour le savoir, les cicatrices resteront mais bien soignées elles ne seront qu’une légère entaille dans notre relation. « Je ne sais pas comment on va faire Phi, mais il faut qu’on trouve… » Je murmure contre sa peau, tout proche de son oreille, je sens ma respiration s’apaiser et se calmer, je pourrais presque souhaiter rester dans cette position toute ma vie si mes genoux ne commençaient pas à me chatouiller de la posture inconfortable dans laquelle ils se trouvent. Je m’assoie lentement, accompagnant son corps de mes bras surs, je m’adosse au mur de cette petite pièce, bien trop étroite pour se sentir véritablement à l’aise, mais suffisamment pour créer une ambiance rassurante pour nous deux. Je repli mes jambes dans une position qui cale Zephir entre elles et après une dernière inspiration dans son cou, je m’écarte un peu d’elle pour plonger dans son regard humide. Je laisse glisser mes mains sur son corps, je n’ose rompre le contact de peur de la voir s’envoler et de me réveiller en sursaut dans mon lit, anéantissant ce rêve merveilleux. J’exerce une légère pression sur ses épaules sans trop savoir pourquoi et j’attrape avec toute la délicatesse dont je suis capable son visage et la force imperceptiblement à poser sa tête sur mon torse dans une position de repos, dans une position intime, pour retrouver notre étreinte. « Je ne supporte pas de te voir dans cet état… » Mes doigts continuent de voler sur son visage, finissant leur course sur ses joues que j’essuie de nouveau délicatement du bout des doigts effaçant respectueusement les larmes qu’elle a versé pour nous. Mon index dévale ensuite le sillon sous son nez et marque un temps d’arrêt sur sa lèvre supérieure. J’observe avec attention mon doigt voleter sur sa lèvre inférieure et finir par se soulever, pendant que mes yeux remontent aux siens, vers ce visage tendu vers le mien. L’instant est suspendu dans le temps.
A cet instant précis, je me rends compte que notre relation vient de prendre un nouveau départ… Une fois de plus… Dans la bonne direction je l’espère… Et surtout pour la dernière fois… A deux… A jamais…
@destiny.
Pouet:
Cal Phi
Zephir T. Yaxley
LE GRAND MÉCHANT LOUP
+ SORCIER DEPUIS LE : 01/08/2015 + PARCHEMINS : 113
Depuis toujours, Calixte avait été le seul homme avec qui elle s'était sentie si proche. On lui avait connu quelques relations mais jamais rien de bien sérieux ou d'aussi intime que l'amitié qui s'était installée entre elle et le fils Webster. Ce lien indéfectible qui les unissait pouvait paraître ambiguë à l'époque mais Zephir était encore trop jeune pour comprendre le concept de l'amour. Pouvoir partager des moments aussi simples que celui qu'ils avaient à présent lui suffisait. Du moins en ce temps là. Sans savoir exactement de quoi il s'agissait, la louve sentait que quelque chose avait changé. Cette évolution, ce tout petit détail qui rendait leur étreinte si spéciale. S'agissait-il tout simplement du bonheur de leurs retrouvailles ? Probablement, oui. Voilà une explication satisfaisante qui avait l'avantage de la conforter tout en restant dans un domaine familier et confortable. De quoi d'autre pourrait-il être question ?! Plus ou moins rassurée par cette perspective, elle pouvait plus naturellement se laisser aller.
La tâche était d'autant plus facile que ce type de contact leur était très naturel il y avait sept ans de cela. Après tout ce temps et les événements compliqués qui avaient agité leur vies respectives, Calixte était une bouffée d'air frais, la lumière du phare après un voyage agité en mer. Elle pouvait enfin rentrer à la maison, retrouver ses bras à la puissance réconfortante et prendre une brève pause avec le monde extérieur. Ce fut d'ailleurs dans cet état d'esprit qu'elle se laissa tout naturellement aller contre lui. Toutes les sensations revenaient amplifiées. Plus son corps entrait en contact avec le sien et plus le besoin irrépressible de le redécouvrir se faisait pressant. Peu importe combien elle multipliait les découvertes en parcourant son dos, ses épaules ou encore ses bras, l'envie grandissait, se muant en monstre à la soif intarissable. Il lui en fallait encore et toujours plus. Comment diable allait-elle pouvoir endurer son quotidien si ce moment ne venait à se répéter ? C'est prise à la gorge par la menace d'un nouvel éloignement qui aurait raison de sa santé mentale qu'elle lança cet appel à l'aide. Les confessions glissaient entre ses lèvres : soupir de soulagement.
Avouer enfin combien son existence avait été vide sans lui enlevait un poids sur sa poitrine. Calixte à ses côtés, Zephir se sentait pousser des ailes. Plus rien ne semblait impossible. Il avait cette force cachée : emplir son cœur d'espoir. Dans des temps pareils, trouver le bonheur en étant en paix avec soi-même semblait inaccessible. Il ne lui restait plus qu'une option : le fils Webster. Durant des années il l'avait aidée à être en paix avec son identité. La tâche était certes plus ardue à présent mais sa simple compagnie suffisait à l'apaiser quand les médicaments avaient échoué. Alors, pourquoi pas ? Toutefois, malgré sa présence réconfortante, le doute demeurait toujours en son sein. Et si Calixte ne voulait plus de son amitié ? Et si, comme il le disait, tout retour en arrière était impossible. Soudain submergée par une vague d'inquiétude, elle tenta de capter son regard en murmurant ce petit surnom qui réchauffait instantanément son cœur. Sa réaction fut immédiate et à la fois inattendue. Les joues de Zephir s'empourprèrent un peu plus plus à ce rapprochement inédit tandis que dans sa poitrine elle frisait l'attaque. Comment et pourquoi provoquait-il de telles réactions avec des gestes si anodins ? Un mystère sur lequel s'abattait le voile de l'appréhension d'un monde nouveau. Ses mains glissant sur son corps ne l'aidèrent en rien à être en paix avec toutes ces sensations qui se bousculaient. Le contact sur sa hanche la crispa tout en la détendant. Quand on savait les marques qu'elle possédait de part et d'autre de son bassin, l'on pouvait comprendre la réserve de Zephir à ce qu'on touche cette partie de son anatomie. Cependant, quand il s'agissait de Calixte, les choses étaient différentes. Il était son exception. Le fait que son autre bras l'encercle de la sorte en venant glisser un doigt contre sa peau réussit à complètement la détendre tandis qu'une vague de frissons parcourait son échine. À de nombreuses reprises, durant ces sept années, la jeune louve s'était surprise à jalouser les jeunes femmes qui avaient habité les bras de son meilleur ami. Ce contact qu'il avait avec elles, l'ainée Yaxley en rêvait. Maintenant qu'elle pouvait l'avoir, elle se trouvait un peu sotte, les bras ballant, interdite face au désordre de son cœur. Ce fut ses paroles murmurées, salvatrices, qui provoquèrent le déclic. « Toi aussi tu me manques Phi. » Poussée par un élan d'affection, Zephir s'autorisa l'impensable. Encerclant à nouveau son corps de ses bras, elle vint loger sa main gauche sur la nuque de son meilleur ami pour caresser du bout des doigts la naissance de ses cheveux. Son bras droit, lui, glissa sur son bassin avant de remonter le long de son échine pour s'arrêter à mi-parcourt, se refermant sur la chemise blanche. « Je ne sais pas comment on va faire Phi, mais il faut qu’on trouve…. » Cette situation avait quelque chose d'irréel, comme si ce placard possédait des propriétés inconnues de tous. Avant même qu'il n'effectue le moindre mouvement, Zephir se permit un geste qu'en temps normal elle n'aurait pas osé faire. Le visage de Calixte dans son cou, elle tourna légèrement la tête pour déposer ses lèvres contre sa joue dans un tendre mais bref baiser. La sensation d'apaisement qui l'envahit à ce geste fut instantanément remplacée par l'envie d'en avoir plus. Une tentation qu'elle ne put apaiser car elle se sentit bientôt partir en avant, soutenue par son meilleur ami. Fermement accrochée à lui, Zephir ne se sentait pas prête à relâcher sa prise.
Blottie contre le torse de son meilleur ami, elle se laissa docilement faire. A présent installée tout contre lui, ses bras décérèrent doucement leur étreinte avant de relever les yeux pour capturer son regard. Ce moment hors du temps, si parfait et fragile pouvait voler en éclats à tout instant. Un élève étourdi, le concierge de l'école ou encore un esprit du château pourraient très facilement les découvrir dans cette position plus que... Délicate. Sa main gauche posée sur son torse, ce fut sa tête qui la rejoignit très vite, aidée par l'intervention de Calixte. En dépit des médicaments qui avaient pour but d'anestésier ses sens lupins, elle se retrouvait envahie par tout ce qui caractérisait le fils Webster. Son odeur brute et à la fois si douce emplissait ses narines, allant jusqu'à lui faire tourner la tête. Bercée par le rythme de son cœur et de sa respiration, Zephir eut un bref soupir de plaisir quand elle sentit ses doigts courir le long de son visage. Tel un signal d'alarme inconscient, la louve cherchit à capturer le regard ambré de son ami au contact de ses nouvelles caresses. Le souffle coupé, tout s'était arrêté autour d'eux. Elle pouvait encore sentir cette sensation ennivrante, celle-là même qui l'avait poussée, sans trop savoir pourquoi, à relever la tête. Son doigt sur ses lèvres. Alors qu'une autre alerte se faisait imperceptiblement sentir, Zephir avait décidé de ne pas y prêter attention et rapprocha lentement son visage du sien. Attirée comme un aimant par ses lèvres à l'aspect si accueillant, elle remonta en même temps sa main jusqu'à sa nuque. Tout chez Calixte lui inspirait la tendresse. Ce fut à seulement quelques centimètres de ses lèvres que le signal d'alarme s'intensifia, devenant omniprésent. Il y avait un groupe de cinq élèves dans le couloir juste derrière la porte. Zephir se retrouva alors figée, bien plus proche qu'elle ne l'avait jamais été de Calixte. Le contact de son souffle contre sa peau lui faisait tourner la tête et la mettait extrêmement mal à l'aise. Elle réalisait ce qui avait manqué de se produire. L'irréparable avait été évité. Si au final la scène ne dura pas plus d'une minute, elle lui sembla durer une éternité. A peine eurent-ils tourné et entamé la descente des escaliers que Zephir se recula comme elle put et bafouilla, tentant de dissimuler sa gêne. « On devrait y aller... C'est bientôt l'heure du repas et si je manque mon rendez-vous avec l'infirmière je vais avoir des problèmes. » Excellente excuse pour ne surtout pas prolonger ce moment dont le dénouement l'effrayait au plus haut point. La nouveauté et l'inconnu n'étaient pas son fort.
@destiny.
Calixte M. Webster
LE CLAIR OBSCUR
+ SORCIER DEPUIS LE : 08/04/2013 + PARCHEMINS : 824 + LOCALISATION : Dans l'enceinte de Poudlard, peut-être dans un coin solitaire à boire pour oublier, ou avec ses amis pour faire bonne figure !
La sensation de bien-être et d’apaisement qui m’envahie au moment même où je sens le corps de Zephir tout contre le mien est si délicieux que je crois que j’aurais pu me mettre à pleurer si j’avais encore assez de larmes en moi, mais ça fait bien longtemps que j’ai appris à les garder pour moi. Le contact est électrisant, un bonheur immense submerge mon cœur qui a été tant malmené ces dernières années. Je la sens se crisper puis se détendre imperceptiblement quand je laisse glisser doucement mes mains sur elle pour l’enlacer plus étroitement, pour la sentir au plus près de moi. Le contact avec sa peau est comme salvateur, faisant éclater le nœud qui persistait en mon sein depuis notre séparation il y a maintenant six ans, et je sens que pour elle c’est la même chose, j’en suis sûr. Je ressens ce petit frisson de bien-être que je partage intensément. Je ressens cette joie immense qui fait palpiter mon cœur au rythme du sien que je sens tambouriner sauvagement dans sa poitrine. Toutes les tensions sont en train de s’envoler, comme si nous volions au-dessus de nos corps, au-delà de tous nos problèmes, comme si ensemble rien ne pouvait plus nous arriver. Je me délecte du contact avec le nacré de sa peau : la pulpe de mes doigts posée délicatement au niveau de sa hanche et de sa clavicule, mon nez qui chatouille doucement la courbure de sa nuque, se nichant dans sa chaleur, dans son odeur… Je ne suis que sensation, savourant chaque seconde, chaque instant qu’elle me laisse approfondir. J’ai rêvé de ce moment des milliers de fois mais rien n’égale les émotions qui m’envahissent et le sentiment de plénitude dans lequel je me trouve. Nos sentiments font échos… Littéralement… Comme avant…
Je pourrais lui crier toute la détresse que j’ai ressentie quand nous avons cessé de nous parler, mais il n’y a qu’un simple murmure qui sort de mes lèvres, un chuchotement chargé de nombreuses émotions, reflétant toute la sincérité de mon aveu, de mon manque d’elle… Je n’avais jamais pris le temps de me poser sur mes sentiments, Phi m’a manqué à un point que je n’avais pas soupçonné, le poids des mots à cet instant est criant de vérité, ma meilleure amie m’a manqué plus que je ne voulais bien me l’admettre et je sens que la séparation a été aussi dure pour elle que pour moi. Je sens ses mains se mouvoir tranquillement dans mon dos. Sa main gauche se glisse sur ma nuque entamant des petits mouvements attendrissants et qui me noud les tripes un instant tellement sa caresse n’est que pure merveille. Son autre main quitte ma hanche pour remonter jusqu’au milieu de mon dos. Sentir sa main se crisper dans le tissu de ma chemise me fait réagir instantanément. Mon cœur palpite encore de manière incertaine, ma respiration s’arrête un instant et une nouvelle phrase passe la barrière de mes lèvres. Nous resserrons notre étreinte au même moment et délicatement je sens ses lèvres se poser sur ma joue dans un baiser aérien et tout en légèreté, comme la caresse d’une plume. Le sentiment d’apaisement qui m’envahie instantanément est prodigieux, je ne saurais même pas décrire toutes les sensations que je peux ressentir tellement tout est confus.
Je l’emporte avec moi afin de nous installer plus confortablement et nous nous retrouvons blottis l’un contre l’autre, agrippé l’un à l’autre plus précisément comme si la terre risquait de s’écrouler à nos pieds et que la seule façon de s’en sortir était de nous tenir étroitement. Et puis dans un élan naturel et dans une parfaite coordination, nous desserrons notre étreinte, nous éloignant légèrement tout en restant dans notre bulle de connexion pour avoir juste le plaisir de plonger dans le regard de l’autre. Ses yeux expriment tant de choses, leur douceur me transperce de part en part et j’y lis tout ce que doit refléter mon propre regard en ce moment. La décharge émotionnelle est tellement forte que je capture son visage frêle et le pose sur mon torse, à côté de sa main qui avait déjà élu domicile là. Mon esprit est apaisé de retrouver la sensation de son corps contre le mien et je sens une sensation nouvelle tourbillonner en moi. Sa présence, si proche, si palpable m’électrise toujours un peu plus. La sérénité m’envahie mais à la fois la crainte que ce ne soit qu’un rêve fait toujours battre mon cœur un peu plus vite et me pousse à le palper de partout afin de m’assurer qu’elle est bien là, ici et maintenant, avec moi. J’explore son visage, ses joues, son nez, j’essaie de graver cet instant dans le marbre, dans les profondeurs de ma mémoire, pour pouvoir me repaitre chaque seconde où je serais loin d’elle de toutes les sensations que j’ai éprouvé. Je l’entends exhaler un soupir de bien être qui propulse mon cœur un peu plus dans sa cavité. Je finis ma course sur sa lèvre supérieure au moment où je murmure une nouvelle phrase trahissant toutes mes pensées. Elle relève la tête au même moment, captant par son mouvement mon regard. Nous restons quelques secondes à nous regarder… Intensément… Tout passe par les yeux, nous exprimons tout ce que nous n’arrivons pas forcément à dire avec des mots, tout ce qui dépasse les mots, tout ce qui n’a pas de mot pour être décrit. Toujours calé contre le mur de ce si petit cagibi, je sens Zephir se rapprocher lentement de moi, alors que je ne croyais pas cela humainement possible tellement notre proximité est déjà grande. De nouveau électrisé par sa main brulante contre ma nuque, je me perds peu à peu dans la chaleur de son regard, m’enivrant de son odeur, de sa présence tout simplement. Mon amie m’a manquée… Tellement… Bien trop… Je perçois rapidement son souffle venir percuter mes lèvres et l’instant d’après je la sens se figer, son expression change, l’ambiance entre nous change et elle marmonne maladroitement : « On devrait y aller… C’est bientôt l’heure du repas et si je manque mon rendez-vous avec l’infirmière je vais avoir des problèmes. » La réalité me revient en pleine face comme un bon direct du droit, j’avais presque oublié le temps d’un instant où nous étions. Un pincement au cœur et un doute imperceptible mais pourtant bien présent viennent se nicher de nouveau en moi. Je repose mes deux mains sur son visage et dans un élan de désespoir je lance d’une voix mal assurée et gorgée d’émotions : « Promets-moi que tu n’oublieras pas ce qu’il s’est passé ici, je ne peux pas te perdre de nouveau. » Et comme deux zombis un peu amorphes et totalement déconnectés du monde réel, nous nous levons tant bien que mal, dans cet espace réduit et autant gêné l’un que l’autre je dirais par la charge émotionnelle qui est palpable dans l’air nous osons à peine nous regarder. Elle amorce un mouvement et la main sur la poignée, je pose la mienne sur son avant-bras et dans un énième murmure je lui dévoile une dernière supplique. « On se revoit vite… J’ai besoin de toi Phi… » Et je la regarde partir doucement, les épaules voutées, le dos tendus…