Le cerveau humain et sa capacité a oublier les choses qui n'ont plus d'importance avait toujours fasciné Zephir. Malheureusement, certains événements qu'elle aurait voulu qu'on oublie étaient encore très présents dans les esprits. Comment oublier que votre voisine du cours de potion était un loup-garou sanguinaire capable des pires atrocités à chaque pleine lune ? Elle-même, dans pareille situation, serait incapable de dissimuler une certaine crainte. Depuis des mois maintenant, la jeune héritière avait été obligée de vivre avec les moqueries, regards et menaces de ses camarades. Les élèves s'étaient répartis en plusieurs clans. Il y avait d'un côté ceux qui étaient hostiles au loup, ceux qui le toléraient et enfin les curieux. De toute évidence, les plus compliqués à gérer étaient ses détracteurs. Surtout les serviteurs du mage noir. Avec les doses de ses médicaments qui avaient diminuées, sa partie animal avait refait surface. Un changement brutal qui avait perturbé la jeune femme. Elle avait fini par se faire au silence qui, dans un premier temps, s'était avéré angoissant. A présent "complète", la bête était plus animée que jamais. Il lui fallait éviter consciencieusement tout élément susceptible de l'énerver pour ne pas s'attirer d'ennuis.
Pour être parfaitement honnête, il n'y avait pas que ses détracteurs qu'elle fuyait. Calixte faisait partie de la liste. Son meilleur ami d'enfance était bien loin de correspondre au profil mais Zephir l'évitait pour une toute autre raison. Les rapports entre les deux jeunes sorciers avaient toujours été tendus depuis leur arrivée au château et leur récente réconciliation s'était faite à pas de loup. Une méfiance légitime d'autant plus qu'ils ne pouvaient décemment pas revenir à leur relation initiale en si peu de temps. Cependant, la situation, d'un côté comme de l'autre, devenant de plus en plus insupportable, ils avaient essayé de trouver un refuge dans leur amitié passée. Technique qui aurait pu marcher s'ils ne s'étaient pas retrouvés coincés dans un placard microscopique où leur corps ne pouvaient que se toucher. C'était là, installée contre lui que Zephir comprit. Quand ses lèvres s'étaient retrouvées à seulement quelques centimètres des siennes et qu'elle avait senti son cœur s'emballer. Quand elle s'était rendue compte que tout ce dont elle avait eu envie c'était de l'embrasser. Non. Impossible. Elle ne pouvait pas être comme toutes ces filles qu'elle avait vu tourner autour de Calixte. Elle valait mieux que cela. C'était donc à contre cœur qu'elle avait pris la décision de l'éviter. Avec une application démesurée elle faisait tout pour ne plus croiser son chemin, évitait ses regards et allait même jusqu'à se désister dès qu'il tentait de l'aborder en privé. La moindre tentative de rapprochement de sa part était fermement rejetée par Zephir. Elle ne pouvait pas laisser cet absurde sentiment envahir son cœur et son esprit. Pas maintenant et certainement pas avec Calixte. On aurait pu croire qu'elle avait tout simplement peur que ses sentiments ne soient pas réciproques mais il n'en était rien. La louve refusait d'admettre qu'elle était capable d'éprouver une chose comme l'amour. On lui avait toujours dit et répété que c'était un signe de faiblesse.
Ce n'était pas comme s'il était sa seule préoccupation. Soupçonnée par certains d'avoir rejoint les rangs des mages noirs, elle avait, comme tous les autres étudiants, subit les interrogatoires. Cependant, encore fragile de son précédent incident, Zephir et le loup n'avaient pas eu une réaction adaptée quand, suite à un entretien de plus de deux heures avec un auror absolument odieux, ils avaient craqué en revenant en cours. A nouveau victime de rumeurs, moqueries et préjugés, le sort de crache-limaces était parti tout seul. Ce qui lui avait valu une bonne heure et demie de retenue. Une nouvelle qu'elle accueilli par une flopée d'insultes et qui, sans surprise, rallongea sa peine d'une heure. C'était donc d'un pas lent, le visage fermé et le regard mauvais, qu'elle se rendit un dimanche matin en direction de la salle de retenue. Habituée aux lieux, elle y avait ses habitudes. Avant de passer la porte, elle retira la capuche cachant sa nouvelle chevelure blonde et rangea sa pomme dans la poche ventrale du sweat. Les habitudes ne se perdent pas. Preuve était qu'elle aurait pu faire le trajet de la porte à sa place les yeux fermés. Une explication plausible au fait que la blonde impétueuse n'avait pas remarqué que sa chaise était occupée. Quand ses yeux se posèrent sur les chaussures de l'intrus, un léger grognement de mécontentement lui échappa. Tout en relevant les yeux elle amorça un « Dis donc avorton... » qui mourut dans sa gorge à l'instant où elle aperçut son visage. Calixte. Pourquoi ?! Il la suivait ou quoi ? Zephir resta interdite face à lui. Première fois depuis leur entrevue dans le placard où elle le fixait droit dans les yeux sans ciller. Sa présence ici était tellement surréaliste qu'elle avait du mal à se croire éveiller. Ce fut la remarque cinglante du professeur qui la ramena à la réalité.
Sans le moindre mot, elle s'installa à une autre place, tout au fond de la salle. Rester coincée entre quatre murs pendant deux heures et demie en sa présence n'allait tout simplement pas être possible. Comment pourrait-elle l'éviter s'il tentait de lui parler d'une quelconque façon ? Elle n'avait plus aucun échappatoire. Le regard accroché sur la surface abîmée de la table, Zephir tentait d'analyser ses options quand le plan parfait la frappa. Si elle jouait la carte du malaise elle pourrait échapper à cette torture. Sans compter qu'elle avait son bonus "Je suis un loup-garou qui a encore besoin de médicaments quand je sens que ça va pas". Le plan parfait. La jeune Yaxley prépara donc lentement les choses. Concentrée, elle faisait défiler dans sa tête les souvenirs les plus douloureux et pénibles qu'elle avait en stock. Pas très compliqué en soi. Puis, quand elle fut suffisamment submergée par un mal-être poignant, à la limite de la nausée, elle se leva. Chancelant entre les tables, elle s'approcha d'un professeur. Ce dernier lui accorda à peine un regard, soupirant longuement avant de marmonner. « Qu'est-ce qu'il y a Mademoiselle Yaxley ? » Accrochée aux bords du bureau, le teint livide, elle articula difficilement, la mâchoire serrée comme si elle s'apprêtait à vomir d'un instant à l'autre. « Je me sens pas bien, Monsieur. J'ai besoin d'aller à l'infirmerie, s'il-vous-plaît... » Dans un nouveau soupir qui lui donna assez d'énergie pour se redresser, le professeur l'examina avant de balayer la salle des yeux. Il allait rendre son verdict et décider, ou non, d'abréger le calvaire de Zephir. Restait plus qu'à croiser les doigts.
@destiny.
Calixte M. Webster
LE CLAIR OBSCUR
+ SORCIER DEPUIS LE : 08/04/2013 + PARCHEMINS : 824 + LOCALISATION : Dans l'enceinte de Poudlard, peut-être dans un coin solitaire à boire pour oublier, ou avec ses amis pour faire bonne figure !
Les dimanches matins sont censés être un temps de repos salvateur, permettant aux pauvres élèves que nous sommes de nous ressourcer avant d’entamer une nouvelle semaine. La punition était donc doublement pénible : une retenue, un dimanche matin ; le combo parfait pour flinguer en une phrase l’espoir fugace de ne pas être trop emmerdé. Mais bon, ma confrontation avec Elias Keynes dans les toilettes du cinquième étage avait été mémorable, comme n’importe qui aurait pu s’en douter quand il était question de nous deux, ensemble, enfermés dans un endroit insolite qui plus est. Alors concrètement, je n’avais pas de raison de me plaindre de l’étendu de la sanction. La retenue était justifiée et à priori, les retenues n’étaient jamais faites pour convenir aux désidératas des élèves. Et puis, surtout que celle dont j’ai écopé n’est sans doute rien en comparaison de ce qui m’attend très certainement au manoir. Mon père a été formel, la prochaine fois que j’emprunte un chemin de traverse, que je ne reste pas le parfait petit héritier sang-pur qu’ils veulent faire de moi et que je ne respecte pas leurs exigences, la sentence sera terrible. Je suis bien plus inquiet de ce qu’il pourra inventer que de ce que mes professeurs peuvent penser de moi. Après tout, ce n’est pas la première retenue que j’obtiens et mes professeurs ont déjà un avis certainement très arrêté sur ma petite personne, une de plus de changera pas grand-chose. Je me suis juste un peu calmé ces derniers mois, alors que mon père, lui, gagne en intensité à chaque fois que je le vois, et ça ce n’est pas une bonne nouvelle. Par moment j’ai l’impression qu’il se fait plus incisif pour garder la main sur moi, mais je n’arrive pas bien à saisir ce qu’il craint de moi, j’ai toujours été insignifiant pour ma famille. Il pourrait en arriver à me tuer, d’ailleurs je suis persuadé qu’il aimerait le faire, depuis des années, mais le poids des conventions pèse sur ses épaules et la perfection l’empêche de réaliser son rêve de m’exterminer.
Je ne sais pas si nos professeurs sont perturbés par les événements touchant le monde magique en ce moment, mais la retenue n’est d’ailleurs pas très contraignante : trois fois trois heures, temps de travail personnel surveillé dans une salle de cours avec d’autres détenteurs d’une punition. Ma situation familiale n’est pas des plus enviables et stables en ce moment, c’est d’ailleurs la base de notre rivalité avec Keynes et aussi les fondements de mon instabilité émotionnelle des derniers temps. Mon esprit vagabonde souvent d’une inquiétude à une autre, essayant tant bien que mal de continuer à avancer, en essayant de trouver des solutions à des problèmes qui me semblent encore insurmontables à l’heure actuelle et qui s’amusent à s’accumuler à mesure que le temps passe, comme si les précédents n’étaient pas encore suffisamment affligeants. Il y a des jours où je me demande même comment c’est possible que j’arrive encore à me maintenir à flot dans les cours et avoir des bonnes notes. Je bénis les capacités intellectuelles que j’ai développé enfant, ça me sert bien pour l’instant et ça m’évite d’avoir besoin de beaucoup travailler. Du coup, ce temps de travail, six heures de temps à tuer, n’est finalement pas du temps perdu. Même, je trouve que c’est plutôt une punition qui tombe à point nommée, me poussant de ce fait à rattraper mon retard dans mes devoirs à rendre. La fin de l’année approche, les professeurs de Poudlard se donnent le mot pour recueillir une multitude de devoirs et j’ai été un peu trop débordé pour vraiment faire quelque chose consciencieusement.
C’est ainsi que je planche sur un sujet de métamorphose, un dimanche matin, dès 9h et que je suis contraint de rester assis sans bouger jusqu’à l’heure du repas, dans un silence religieux. Je suis arrivé en même temps que mon professeur, il m’a expliqué que nous serions cinq élèves ce matin mais que j’étais le premier car j’étais également celui qui avait écopé de la retenue la plus longue. Il m’a ordonné de m’assoir et de trouver une occupation et qu’il ne voulait pas entendre un mot sortir de ma bouche jusqu’à ce que les trois heures se soient écoulées. Ce que j’ai fait sans poser de question. Je suis coutumier des retenues avec lui, et comme à chaque fois, il nous laisse faire ce que bon nous semble dans le mesure où nous sommes silencieux. Pendant ce temps il corrige des copies. C’est toujours mieux que de nettoyer les trophées avec le concierge ou de récurer les chaudrons avec le professeur de potion, et puis aujourd’hui, avoir du temps pour mes devoirs n’est pas du luxe. Heureusement que je ne suis qu’en sixième année, car sincèrement, même si je ne suis pas un mauvais élève, je ne sais pas concrètement comment j’aurais réussi à passer mes A.S.P.I.C. vu le peu de temps que je passe en ce moment sur mes études. Je n’arrive jamais à rester concentrer longtemps, mes pensées papillonnent et beaucoup trop de sujets d’inquiétude viennent parasiter mon attention. Du coup, c’est entièrement concentré sur la technique de métamorphose de Barnabel Le Magnifique que le premier élève fait son apparition. Je le regarde un instant, juste le temps de repérer le fait que c’est un garçon que je ne connais pas et en ce jour de weekend, les élèves n’étant pas obligés de revêtir leur uniforme, je ne prends pas la peine de réfléchir à quelle maison il pourrait bien appartenir. Je repose les yeux sur mon parchemin et ne prête même pas attention aux autres arrivants quand ils arrivent les uns après les autres. Ce n’est que lorsque je sens une présence au-dessus de mon pupitre que je relève mon regard et au moment où je pose les yeux sur le visage qui me prend de haut que sa voix retenti dans la pièce « Dis donc avorton… ». Voix qui s’arrête aussi vite qu’elle a commencé. Ses yeux s’agrandissent et en un instant je sens une tension apparaitre. Je remarque tout de suite qu’elle se fige en remarquant que c’est moi qu’elle vient d’interpeller et ses prunelles azurs me ramènent en mémoire un flash-back très puissant. Toutes les sensations me reviennent en vague : son regard intense, son odeur sucrée et sauvage à la fois, la chaleur de sa peau… Et je réentends mon aveu « J’ai besoin de toi Phi… ». C’est la première fois que nous nous retrouvons aussi près l’un de l’autre depuis l’épisode du placard. Ce n’est pas faute d’avoir essayé de la voir, à de multiples reprises même, mais j’ai le désagréable sentiment qu’elle a cherché à m’éviter. Je sais bien qu’il nous sera peut-être impossible de retrouver notre complicité d’antan, mais je pensais que nous arriverions à nous parler… Plus régulièrement… La situation pourrait donc être totalement gênante, mais je n’ai pas le temps de lui dire un mot, qu’elle se déplace déjà rapidement vers le fond de la salle de retenue pour s’installer suite à la remarque acerbe de notre professeur qui ne supporte vraiment pas le bruit. Je ne peux m’empêcher de la suivre du regard par-dessus mon épaule tellement je suis sous le choc. C’est peut-être ma chance ! A la fin de la retenue, nous aurons une discussion. J’en ai besoin. Il faut à tout prix que ça marche. J’ai maintenant deux heures devant moi pour élaborer le plan parfait pour être sûr qu’elle ne puisse pas m’échapper de nouveau. Adieu métamorphose, Bonjour Zephir ! Il faut que je trouve un sujet de discussion qui l’obligera à me parler.
Depuis que nous avons recommencé à communiquer, j’ai encore plus de mal à me trouver loin d’elle. Je ne supporterais pas une deuxième rupture. Mon amie me manque. Totalement focalisé sur sa présence, je ne manque pas de repérer quand elle se lève de sa chaise et retraverse la pièce vers le professeur. Son attitude chancelante me fait immédiatement penser au pire, comme l’autre nuit dans la forêt interdite, où elle était si pâle, si mal en point, où sa plaie n’était pas belle à voir. Je ne manque pas l’échange qui s’entame face à moi et les autres élèves non plus. « Qu'est-ce qu'il y a Mademoiselle Yaxley ? » « Je me sens pas bien, Monsieur. J’ai besoin d’aller à l’infirmerie, s’il-vous-plaît… » Mon professeur est visiblement contrarié d’être dérangé dans sa besogne. Zephir, elle, s’accroche au bureau, s’empêchant de tomber, sa voix étant aussi légère qu’un murmure. Je me retiens de me propulser pour aller l’aider. Et quand mon professeur l’examine attentivement et détourne la tête vers la salle, je comprends. Je baisse aussitôt la mienne, faisant mine de trouver mon parchemin bien plus intéressant que ce qu’il se passe au bureau. Bien entendu, je suis le seul à ne pas regarder, enfin, à faire semblant de ne pas regarder, tout le monde profite de la distraction évidemment. Et c’est là que tout se met en place. « Mr Webster ? » Dans une attitude nonchalante, d’une lenteur calculée faignant la surprise et arborant l’air un peu hagard que l’on peut avoir quand on a été interrompu lors d’une concentration intense, je lance « Oui Monsieur ? » Mon ton est le plus lèche-cul qui soit, mais après tout, si ça peut aider mon plan, pourquoi s’en priver ? « Approchez, j’ai besoin de vous. » Je repose ma plume sur mon parchemin comme si j’étais un peu déçu de m’arrêter en si bon chemin, je me lève alors tranquillement et tout en m’approchant je réponds « Tout ce que vous voudrez professeur. » Je fais attention à ne pas regarder mon amie, j’entends d’ici les rouages de son cerveau prendre petit à petit la mesure de ce qu’il va, j’espère, se produire. « N’en faites pas trop non plus, veuillez accompagner Mlle Yaxley à l’infirmerie et revenez ensuite finir votre retenue. » Bingo ! « Très bien. » Je hoche la tête pour accentuer mon assentiment d’une manière qui se veut totalement dénuée d’émotion alors qu’à l’intérieure c’est l’euphorie la plus totale. Zephir ne peut pas m’échapper. Je me tourne alors vers la jeune femme. Je lui lance un regard et un petit sourire, et dirige ma main vers la porte dans un mouvement signifiant que je la laisse passer devant moi. « Tu veux de l'aide ou ça va aller ? » A nous deux Phi !
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Cal Phi Prof
Dernière édition par Calixte M. Webster le Mer 26 Oct - 23:08, édité 1 fois
Zephir T. Yaxley
LE GRAND MÉCHANT LOUP
+ SORCIER DEPUIS LE : 01/08/2015 + PARCHEMINS : 113
Installée depuis son poste de garde, au fond de la salle, Zephir avait une vue imprenable sur les victimes du système éducatif sorcier. En habituée des lieux, elle s'étonnait toutefois de ne pas retrouver ses habituels compagnons d'infortune. Dans d'autres circonstances, la louve se serrait distraite en jouant à « Quelle peine pour quelle connerie ? », cependant, un seul et unique détenu retenait son attention : Calixte M. Webster. Ledit voleur de place. Connaissant le personnage, elle savait pertinemment qu'il était, lui aussi, un habitué des lieux. Son infortune, joueuse qui plus est, avait décidé de ne lui laisser aucun répit. Le regard rivé sur la surface gravée de sa table, Zephir évitait consciencieusement les petits regards que l'héritier lui lançait par dessus son épaule. Si elle s'était obstinée à l'ignorer pendant des semaines entières ça n'était certainement pas pour craquer maintenant. Il fallait tenir bon, peu importait combien intérieurement elle mourrait d'envie de renouer le lien. Sa marche de manœuvre était très maigre. Confinés entre quatre murs, l'un comme l'autre étaient déjà en train d'échafauder un plan à des visées radicalement opposées. Elle ne pouvait décemment pas lui permettre d'arriver à ses fins, surtout pas aujourd'hui. Plus déterminée que jamais, un angoisse pesante la pressant à trouver une solution, elle fut soudain frappée par un éclair de génie. Pour une fois c'était sa condition qui allait lui permettre de s'en sortir. Etre un loup garou aux yeux de tous n'avait pas que des points négatifs finalement.
Une fois le plan en place il ne manquait plus qu'à l'exécuter pour que tout se déroule à merveille. Bien qu'on lui avait appris à canaliser ses pensées et émotions, Zephir fit tout l'inverse. Un à un elle fit tomber tous les barrages mis en place pour se protéger d'elle-même et du loup puis ouvrit les vannes de ses souvenirs. Il en fallait très peu. En quelques minutes elle avait déjà l'effet voulu. Blême, nauséeuse et tremblante, elle se dirigea difficilement jusqu'au bureau du professeur et demanda à sortir. Tout se déroulait à merveille jusqu'à ce qu'il commence à balayer la salle des yeux. Quelque part elle se doutait qu'il ne pouvait pas la laisser partir seule à l'infirmerie mais elle avait tout de même eu un petit espoir. Tout son plan reposait à présent sur le nom qui allait être énoncé. Le seul qu'elle redoutait d'entendre fut celui qui perça l'air de son injustice. Webster. Un très faible soupir de résignation perça ses lèvres tandis qu'elle gardait la tête baissée, cramponnée au bureau du professeur. À la simple énonciation de son nom, Zephir sentait un malaise d'une toute autre nature l'envahir. Les mains moites, l'estomac noué, la bouche pâteuse. Comment, par la barbe de Merlin, allait-elle se débarrasser de lui ?
Ne prêtant plus réellement attention à la scène qui se déroulait autour d'elle, la jeune héritière avait le cerveau en pleine ébullition. Certains réfléchissent mieux sous pression, hé bien on pouvait clairement dire que ça n'était pas son cas. Du moins pas une réflexion poussée et élaborée. Zephir c'était plus du style à foncer dans le tas et réfléchir après. Pas très adapté à la situation, vous vous en doutez bien. Ainsi prise au piège, elle sentait la panique progressivement monter. Il était tout bonnement impensable qu'elle se montre faible face à Calixte et encore moins face à une assemblée d'inconnus qui la jugeraient pour le moindre faux pas. Prendre les choses en main et avec fermeté, voilà la seule et unique option s'offrant à elle actuellement. Au regard accompagné d'un sourire de son camarade, elle ne broncha pas, reportant son attention sur la porte. Il fallait encore, pour l'espace de quelques secondes, jouer la jeune femme frêle et nécessitant plus que tout un petit voyage à l'infirmerie. Un art difficile à maitriser celui de la tromperie. Arrivée face à la porte, la remarque de Calixte dans son dos lui fit lever les yeux au ciel dans un léger soupir d'exaspération. « Tu veux de l'aide ou ça va aller ? » Certes il était également dans un rôle mais Zephir suspectait qu'il y prenait un plaisir certain à se montrer si prévoyant et même pire : attentionné envers elle. Cette simple perspective l'écoeurée. Mécanisme de défense disproportionné pour ne pas s'avouer flattée qu'il fasse ainsi attention à elle. Compliqué l'esprit d'une lycanthrope, n'est-ce-pas ?
Une fois à l'extérieur, Zephir fit deux trois pas toujours un peu chancelante, laissant le temps à Calixte de refermer la porte avant de retrouver une démarche normale. Son pas se fit pressé et sûr, prenant la direction des escaliers. Elle comptait bel et bien passer par l'infirmerie, extirper un petit carré de chocolat magique à Ebony pour finir par filer dans la forêt interdite et passer le reste de sa matinée à l'ombre d'un arbre avec les sombrals pour spectacle. Cependant, tout ce beau petit programme ne pouvait avoir une chance que si, et seulement si, son ancien meilleur ami se décidait à la laisser tranquille. Pour y parvenir, Zephir ne voyait que la froideur. Plongée dans ses pensées et nourrissant sa détermination, elle ignorait ainsi toutes éventuelles paroles ou tentatives du jeune homme jusqu'à ce qu'elle soit assez loin de la salle de retenue pour pouvoir s'exprimer sans qu'on les entende. Brutalement elle s'arrêta et fit volte face, laissant sa chevelure blonde sauvage virevolter dans les airs. Son regard azur se plongea, non sans une certaine appréhension, dans celui ambré de Calixte et lâcha. « Voilà ce qu'on va faire. Je vais me rendre seule à l'infirmerie car bon, pour que mon histoire tienne la route c'est le passage obligé. En attendant ça va te laisser disons une bonne demie-heure de battement où tu vas pouvoir faire ce que bon te semble avant de retourner à ta peine. Voilà. Donc moi j'y vais, fais ce que tu veux. » Son ton se voulait aussi froid que possible mais une chose était certaine : le fait de replonger son regard dans le sien, être à nouveau seule avec lui et bien qu'à une distance respectable l'un de l'autre, Zephir sentait la différence. Pourquoi avait-il fallu qu'ils se retrouvent seuls dans ce satané placard pour que tout dérive ? La voilà à présent prise en plein désarroi, atteinte d'une passion naissante pour la plus improbable des victimes : Calixte. Tout était bon pour se préserver et l'écarter par la même occasion. Tout.
@destiny.
Calixte M. Webster
LE CLAIR OBSCUR
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La situation est particulièrement risible je trouve. Zephir passe son temps à m’éviter depuis quelques semaines, depuis notre dernière discussion dans le placard. Et j’ai beau essayer de me refaire la scène dans son ensemble, je n’arrive pas à voir ce que j’ai bien pu faire pour revenir à cette relation qui pourrissait depuis plusieurs années. Elle en arrive même à sembler exécrer ma présence dans la même pièce qu’elle, ce qui n’était pas arrivée depuis quelques temps. J’avoue que je suis un peu étonné de son comportement, et déçu aussi. Je pensais que nous avancions dans une même direction, je pensais retrouver mon amie, pas faire pire qu’avant. Alors, la voir se démener pour échapper à cette retenue juste pour ne pas me voir me fait un électrochoc puissant. S’il faut à nouveau que je la contraigne pour lui parler, je le ferais, comme dans la forêt, comme dans le placard. J’ai touché du doigt sa vulnérabilité, sa détresse, j’ai effleuré l’amie qui me manque tant, et je reste persuadé que nous sommes les victimes de nos parents. Même si je dois y passer toute une vie, je ferais toujours en sorte d’essayer de rétablir cette connexion que nous avions gamins.
Je suis loin d’être bête et en comprenant ce qu’elle s’apprêtait à faire, à savoir fuir comme d’habitude, j’ai rapidement analysé la situation. En feignant de me désintéresser de la mise en scène de la serpentarde, je devenais forcément le candidat idéal pour notre professeur pour l’accompagner à l’infirmerie. Classique, tellement prévisible et ça n’a pas loupé ! Notre surveillant du jour vient de me fournir sur un plateau d’argent l’excuse parfaite pour moi et l’obligation pour elle, de nous retrouver seule à seul. C’est avec une joie contenue pour maintenir le rôle que je dois endosser que je la laisse me précéder pour sortir. Pour faire bonne figure face aux autres personnes présentes dans la salle de retenue, je n’hésite pas à lui montrer ma sollicitude et lui demande si elle veut de l’aide. Cette question n’est pas particulièrement anodine, je m’inquiète sincèrement pour elle. Et même si, je sais que pour cette fois, elle joue un rôle de malade pour me fuir, je sais aussi que depuis quelques temps, elle va profondément mal. Et c’est ce que j’aimerais qu’elle m’explique. J’aimerais tellement qu’elle se confie à moi de nouveau, comme autrefois, comme lorsqu’il n’y avait plus aucun secret entre nous.
Une fois dans le couloir du château, l’atmosphère change radicalement une fois que j’ai refermé la porte. Zephir arrête de tituber et se lance d’un pas rapide vers les escaliers. Il ne lui aura pas fallu plus de quelques secondes pour reprendre son attitude distante avec moi. Je lui emboîte le pas et me cale sur son rythme. Il est hors de question que nous n’ayons pas une discussion, l’occasion est trop belle et je ne veux pas retourner en arrière ! « Zephir ? » Aucune réponse, aucune réaction, elle fait complètement abstraction de ma présence. J’accélère alors pour me retrouver à son niveau et tonne un peu plus fort : « Zephir Théonie Yaxley, tu comptes m’ignorer encore longtemps ? » Son patronyme a un effet fou sur elle, je sais qu’elle ne l’apprécie guère et sa réaction se fait instinctive. Brusquement elle s’arrête et me fait enfin face. Je peux voir beaucoup de tension circuler dans son regard et son ton froid ne m’aurait pas dérangé plus que ça, si ça n’émanait pas d’elle. « Voilà ce qu’on va faire. Je vais me rendre seule à l’infirmerie car bon, pour que mon histoire tienne la route c’est le passage obligé. En attendant ça va te laisser disons une bonne demi-heure de battement où tu vas pouvoir faire ce que bon te semble avant de retourner à ta peine. Voilà. Donc moi j’y vais, fais ce que tu veux. » Mon amie est un paradoxe et une énigme a elle toute seule. Sa voix est glaciale, ne souffrant d'aucune forme de protestation et la posture de son corps essai de me renvoyer tous les signaux d'une distance qu'elle met en place depuis plusieurs jours. Pourtant, c'est son regard qui attire toute mon attention. Son regard azur où j'ai l'impression de percevoir bien plus d'intensité que du reste de sa personne. Je reste immobile, craignant de la voir détaller comme les dernières fois où j'ai essayé de lui parler. « Alors c’est comme ça que ça va se passer entre nous ? Tu décides et j’obéis ? Tu penses vraiment que ça peut fonctionner ? Tu crois vraiment que je ne vais rien dire alors que je te retrouve enfin ? » J'essaie de livrer toute la sincérité de mes sentiments dans les mots employés. Mes phrases sont ironiques, pour la faire réagir, et à la fois totalement juste. J'ai envie de la confronter, de comprendre ce qu'elle attend de moi. Je croyais que nous étions d'accord après notre dernière discussion, que nous pourrions avancer de nouveau dans la même direction. « Et justement Phi, ce que je veux, moi, c’est parler, avec toi. » J'ai envie de m'approcher d'elle, mais la lueur dans son regard me retient. Je n'arrive pas à comprendre son changement d'attitude, sa manière d'éluder toutes mes tentatives de discussion et ses esquives continuelles. Je fais toutefois un pas vers elle, afin de m'imposer par ma carrure et d'être certain d'avoir sa pleine attention. Je ne peux pas encore la toucher, mais j'arrive tout de même à sentir son parfum si particulier. « Tu m’évites depuis quelques temps. Et ne me sort pas je ne sais quel mensonge, je te connais et je sais que depuis l’épisode du placard tu as tout fait pour m’éviter. Pourquoi ? Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? » J'ai l'impression de sentir un changement dans son attitude, mais je saurais pas dire quoi. Son visage est toujours blême. Mon inquiétude bouleverse toutes les bonnes résolutions que j'avais prise pour approcher en douceur mon amie, mais c'est plus fort que tout, quand il est question de Zephir, plus rien ne compte autour. Je fais un nouveau pas vers elle, lentement, mon regard toujours planté dans le sien, et doucement je lève ma main droite et pose délicatement la pulpe de mes doigts sur son visage. « Tu es toute pâle Phi, tu vas bien ? »
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Cal Phi Prof
Zephir T. Yaxley
LE GRAND MÉCHANT LOUP
+ SORCIER DEPUIS LE : 01/08/2015 + PARCHEMINS : 113
Depuis de nombreuses années, Zephir était motivée par une seule et même chose : avoir le contrôle total de sa vie. Pouvoir dont elle avait été dépourvue dès sa naissance. Manipulée par son père afin de correspondre exactement à cette image qu'il se faisait d'elle, tendrement influencée par son défunt oncle qui voyait en elle la rédemption et finalement, dominée par la bête transformant son existence pour le meilleur et pour le pire. Oui, la jeune Yaxley n'avait pas connu de répit. Elle avait toujours été l'objet de quelqu'un d'autre. Cependant, sa vision des choses s'était transformée avec le temps. À vrai dire il avait fallu d'un seul événement pour qu'elle change d'avis : son entrée à Poudlard. Elle en avait presque oublié que c'était le loup le fautif. Si son oncle était mort, que Calixte n'allait plus jamais lui adresser la parole et qu'on allait la traiter de monstre pour le restant de ses jours elle avait au moins la chance d'être libre ! Le moins qu'on puisse dire c'était que l'animal était doué. En écartant en partie son père il avait réussi à la convaincre qu'elle avait toutes les cartes en main. Zephir constatait seulement maintenant, six ans après, la supercherie. Impossible d'être rancunière contre une partie d'elle-même. La jeune louve n'avait d'autre choix que d'accepter les choses telles quelles et faire au mieux. Difficile quand tout le monde sorcier vous pointe du doigt en reculant, murmurant sur votre passage et vous cataloguant de meurtrière. Les médicaments aidaient bien à faire abstraction mais maintenant que le traitement devait se substituer à une thérapie, ça devenait plus compliqué. Zephir n'avait pas envie de parler. Elle n'avait jamais été très douée pour se confier et encore moins pour parler de ses émotions.
Imaginez donc le désarroi dans lequel elle se trouvait actuellement. Torturée par une passion naissante pour son ancien meilleur ami avec qui elle venait tout juste de recréer des liens. Il n'y avait pas pire cauchemar. Elle qui avait toujours réussi à éviter ce sentiment d'impuissance dans lequel pouvait vous plonger l'amour, voilà qu'elle en devenait prisonnière. Une fois qu'on avait conscience de cela on pouvait aisément comprendre sa réaction. Quitte à perdre Calixte, elle préférait que ce soit volontairement plutôt qu'en lui avouant sa flamme, vulnérable et pathétique. Quoi de mieux que de l'éviter ? C'était, selon elle, la meilleure des solutions mais sans compter sur la persévérance du lion. Une véritable sangsue. Elle comprenait mieux pourquoi le choixpeau l'avait envoyé chez les Gryffondor, plus têtu et borné tu meurs ! Il allait lui falloir toute la détermination du monde pour le maintenir loin d'elle.
Elle était plutôt bien partie, si on lui demandait son avis. Mettre dès le début autant de distance entre eux et ne répondre à aucune sollicitation c'était puissant, ça faisait passer le message de façon claire et nette. Enfin, c'était sans compter sur lui. Zephir aurait dû se douter qu'il ne lâcherait pas l'affaire aussi facilement. Il avait également l'avantage de très bien la connaître, peut-être un peu trop même. « Zephir Théonie Yaxley, tu comptes m’ignorer encore longtemps ? » Entendre son patronyme lui faisait toujours l'effet d'une bombe à laquelle elle se devait d'avoir une réaction, peu importe le mécanisme d'évitement qu'elle avait pu mettre en place juste auparavant. Immédiatement elle s'arrêta pour lui faire face, son regard plongé dans le sien. Heureusement que le loup détenait une partie d'elle sinon Zephir aurait complètement fondu, incapable de faire bonne figure. Il fallait être incisif. « Voilà ce qu’on va faire. Je vais me rendre seule à l’infirmerie car bon, pour que mon histoire tienne la route c’est le passage obligé. En attendant ça va te laisser disons une bonne demi-heure de battement où tu vas pouvoir faire ce que bon te semble avant de retourner à ta peine. Voilà. Donc moi j’y vais, fais ce que tu veux. » Il fallait qu'elle pose ses règles, qu'elle tente au minimum de se montrer forte et convaincante. Elle savait très bien que Calixte refuserait de s'y plier mais il lui était impensable de tout de suite lui donner l'avantage. Quoi de mieux que d'appuyer ses paroles froides d'un regard qui se voulait impassible. C'était bien le seul élément qu'elle peinait à réellement contrôler. Voilà pourquoi elle l'avait si longtemps évité, il lui suffisait de la fixer dans les yeux un instant pour déceler que tout ceci n'était pas réel. Il la connaissait trop bien pour se laisser berner par tous les artifices qu'elle déployait. « Alors c’est comme ça que ça va se passer entre nous ? Tu décides et j’obéis ? Tu penses vraiment que ça peut fonctionner ? Tu crois vraiment que je ne vais rien dire alors que je te retrouve enfin ? » Malgré son assurance, Zephir voulait tenir bon. Elle devait. Hors de question d'aller lui manger dans la main comme avant. Si par mégarde elle relâchait sa garde elle se retrouverait prise au piège. Impensable pour cette louve à l'égo et à la fierté boostée par un manque de confiance criant. Elle devait reprendre le contrôle et se faire plus venimeuse encore. « Donc c'est moi qui dois obéir et toi qui décides ? C'est ça que tu me proposes ? S'il-te-plaît, Calixte, qui crois-tu berner ? Je ne suis plus la pauvre petite fille frêle et timide d'il y a dix ans. Tu ne peux plus faire de moi ce qu'il te plaît. Alors, un conseil, oublie- moi. Ok ? Je n'ai rien à te dire et il ne va rien se passer entre toi et moi. » Cette dernière phrase la secoua plus qu'elle n'avait pu l'imaginer. Elle tenta de garder une image forte, presque cruelle mais même si son corps et son ton renvoyait distance et froideur, son regard lui brillait déjà. Lui balancer ça à la figure alors qu'il tentait de se montrer proche d'elle, de la conforter et de montrer son soutien était une véritable torture. La dernière chose dont elle avait envie c'était bien de lui faire du mal et voilà qu'elle se réduisait à cela dans le simple but de ne pas se ridiculiser elle-même. « Et justement Phi, ce que je veux, moi, c’est parler, avec toi. » Cette phrase, en réponse à ce qu'elle avait pu lui balancer à la figure un instant avant, l'achevait. Pour toute réaction, Zephir soupira longuement en détournant un instant le regard. Elle ne pouvait pas l'affronter. Il avait toujours le don de la pousser dans ses derniers retranchements en dépit de toutes les barrières qu'elle pouvait dresser en chemin. À peine rassemblait-elle la force nécessaire à se jeter à nouveau dans l'arène qu'il attaquait, plus sournoisement cette fois-ci. Se rapprochant d'elle d'un pas, Zeph' sentit son cœur manquer un battement. Instinctivement elle croisa les bras, tentant de contrôler la débâcle d'émotions qui la traversait à l'instant même. « Tu m’évites depuis quelques temps. Et ne me sort pas je ne sais quel mensonge, je te connais et je sais que depuis l’épisode du placard tu as tout fait pour m’éviter. Pourquoi ? Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? » Touché et presque coulé. Calixte avait mit le doigt là où ça faisait mal. Blêmissant à vue d'oeil, Zephir était dos au mur. Comment pouvait-elle s'en sortir ? Son cerveau était littéralement vidé, branché en mode survie mais sans qu'aucun ordre n'aboutisse. Figée, osant à peine le regarder, le cœur battant à tout rompre, elle le vit s'approcher un peu plus. Un bref « S'il-te-plaît, Calixte, arrête. » perça ses lèvres sans que ça n'ait d'effet sur lui. Progressivement, elle retrouvait cet état dans lequel il l'avait plongé. Aussi malléable qu'une guimauve, Zephir le laissa poser ses doigts sur sa joue. « Tu es toute pâle Phi, tu vas bien ? » Aucune réaction. Elle était littéralement pendue à ses lèvres. Bien qu'elle avait gardé les bras fermement croisés sur sa poitrine, la louve ne transpirait plus cette froideur teintée d'agressivité. Calixte était en train de l'amadouer. Il ne lui fallut cependant pas bien longtemps pour le constater et réaliser dans quelle position elle se trouvait. Immédiatement, ses joues devinrent pourpre et elle se recula brusquement avant de lui tourner le dos. Elle porta l'espace d'un instant ses doigts à l'endroit où il l'avait touché et soupira longuement pour essayer de se calmer.
Déterminée à paraître forte, Zephir prit son courage à deux mains et se tourna à nouveau face à lui. Les joues toujours teintées de rouge, visiblement bouleversé par le bref instant de tendresse qu'ils avaient pu partager, elle voulait paraître fâchée. Il en allait de sa survie. « C'est justement pour ça que je ne veux plus avoir affaire avec toi ! Tu me prends pour qui, hein ?! Je n'ai rien à voir avec toutes les cruches que tu as pu mettre dans ta poche aussi facilement alors arrête ton cirque ! Jouer de ta gueule de minot pour essayer de me duper... Tu devrais avoir honte, Webster. Je ne suis plus ton jouet alors change de disque et laisse tomber la fausse considération. » Des paroles violentes et un ton agressif qui, elle l'espérait, auraient de l'impact sur lui. Même si Zephir n'en pensait pas un mot, elle avait essayé d'être un brin convaincante. Quoi de mieux que des mots percutants pour faire passer un message. Décroisant les bras, elle recula à nouveau de quelques pas, le toisant avec le plus de froideur possible. Une tâche qui s'avérait extrêmement compliquée pour elle. Lui parler ainsi, l'accuser d'un tel comportement lui fendait le cœur. Elle n'avait qu'une seule envie c'était de s'enfuir en courant et se laisser aller. Toujours faire bonne figure, l'enseignement de son père refaisait surface. « Je ne veux plus te voir. » Conclu-t-elle d'une voix tremblante, trahissant sa détermination. Zephir avait conscience d'avoir merdé quelque part. Elle y était allée trop fort, trop vite ou peut être n'étais-ce pas crédible. Qui sait ? Une chose demeurait sûre : elle venait de se trahir. Impossible de rester là dessus et laisser la balle dans le camp de Calixte. Dans un dernier regard, elle tenta de lui faire passer le message de son sérieux. Malheureusement pour elle, son état psychologique était tel que plus rien à part une profonde tristesse ne transparaissait. Zephir n'eut d'autre solution que de prendre ses jambes à son cou. Elle le dépassa donc et prit la direction de l'infirmerie, retenant au mieux l'humidité débordante de ses yeux azurs.
@destiny.
Calixte M. Webster
LE CLAIR OBSCUR
+ SORCIER DEPUIS LE : 08/04/2013 + PARCHEMINS : 824 + LOCALISATION : Dans l'enceinte de Poudlard, peut-être dans un coin solitaire à boire pour oublier, ou avec ses amis pour faire bonne figure !
J'ai du mal à réellement comprendre tout ce qu'il se passe avec Zephir. Quand nous étions môme et à partir du jour où nous sommes devenus amis, entre elle et moi, tout était simple. Il suffisait d'un regard entre nous pour nous comprendre. D'ailleurs, c'est à peu près la seule chose que j'arrive encore à déchiffrer dans son comportement. Son regard est comme un livre ouvert pour moi, enfin, tout du moins il l’était autrefois, et maintenant, j'essaie d’y retrouver ce que j’arrivais à deviner lorsque nous étions petits. Je suis persuadé qu’elle évite de me regarder pour cette même raison, craignant de me laisser y lire ce qu’elle cache et redoute de dévoiler. Il fut un temps où il n’y avait aucun secret entre nous, mais depuis sa morsure, depuis que nos pères ont œuvrés contre nous, depuis ces six dernières années où le dialogue a été rompu, nous avons cumulé tous les deux de multiples secrets. Et si les siens sont à la hauteur des miens, je peux comprendre qu’elle ne veuille pas me laisser lire en elle au risque d’y découvrir des sujets bien sombres. Pour autant, je ne peux me résoudre à la laisser me filer entre les doigts. Surtout pas après avoir entraperçue ma meilleure amie derrière ce masque de froideur qu’elle peut arborer depuis toutes ces années à Poudlard.
Le mois dernier, dans ce placard étroit, j’ai pu ressentir de nouveau cette force qui nous lie, cette amitié qui me tient à cœur. J’ai pu tenir dans mes bras cette amie qui m’a tant manqué et je ne veux pas la laisser s’échapper de nouveau, je ne peux pas, je ne tiendrais pas... Son évitement me fait du mal et la confronter me parait être une bonne idée. Je n’hésite d’ailleurs pas à jouer de ses faiblesses en utilisant son patronyme comme arme redoutable pour capter son attention. Pour autant, je ne pensais pas qu’elle poserait ses règles comme si je n’étais qu’un vulgaire inconnu missionné par notre professeur pour l’accompagner à l’infirmerie. Je sens bien qu’elle tente de garder contenance, mais qu’ai-je fait depuis la dernière fois, pour que nous retournions à notre mode de fonctionnement des dernières années que je pensais loin dernière nous et dont ne me satisfait plus du tout ? Je tente alors de la confronter, de lui verbaliser le ridicule de la situation, mais sa réplique se fait immédiate et douloureuse. « Donc c'est moi qui dois obéir et toi qui décides ? C'est ça que tu me proposes ? S'il-te-plaît, Calixte, qui crois-tu berner ? Je ne suis plus la pauvre petite fille frêle et timide d'il y a dix ans. Tu ne peux plus faire de moi ce qu'il te plaît. Alors, un conseil, oublie- moi. Ok ? Je n'ai rien à te dire et il ne va rien se passer entre toi et moi. » L’oublier ? Sérieusement ? Comment peut-elle ne serait-ce qu’envisager une chose pareille. Elle pense réellement que je suis capable d’un tel exploit quand on sait comme elle me manque et comment ma vie est minable sans elle ? Mais je n’arrive pas à lui exprimer tout ça, ça serait trop violent, trop soudain, trop intense, trop tôt. Je ne peux pas lui cracher à la figure comme elle me manque, comme je me sens vide quand elle n’est pas là. Je ne me sens plus légitime d’avoir le droit de requérir sa présence, sa gentillesse et son épaule sur laquelle m’apitoyer. « Et justement Phi, ce que je veux, moi, c’est parler, avec toi. » Il n’y a que cette simple phrase qui sort de ma bouche, criante de sincérité. Je l’entends soupirer et mon ventre se noue en réponse.
J’approche d’un pas et je la vois croiser les bras sur sa poitrine dans une attitude de défense. Je sens que quelque chose d’important se joue entre nous en ce moment alors je lâche la seule chose qui me semble correcte à cet instant et je lui demande directement pourquoi elle m’évite. Ma phrase semble avoir un impact sur elle puisque je la vois littéralement se figer et pâlir en quelques secondes, devant moi. « S'il-te-plaît, Calixte, arrête. » Ce murmure me chavire le cœur. Sa voix mélodieuse me manque, ses chuchotements qu’elle me glissait à l’oreille lorsqu’enfant nous partagions tous nos secrets. L’inquiétude m’étreint alors. Je n’ai jamais trouvé que Phi était frêle, au contraire, pour moi elle était forte, elle était mon ancrage. Toutefois, sa vulnérabilité et sa tendresse se sont envolées au moment où le loup a pris possession d’une partie de son être. Je le sais, je le sens. Alors, la voir si mal, prête à défaillir à tout moment me laisse à penser qu’elle ne va pas bien et une angoisse intense prend racine au plus profond de moi. Oubliant toute la retenue dont je m’étais astreint pour ne pas la brusquer, je la rejoins et pose délicatement mes doigts sur sa joue m’inquiétant ouvertement de son état. Nous restons figés un instant dans cette position, Zephir croisant toujours les bras autour d’elle dans cette attitude protectrice. Comme j'aimerais qu'elle se défasse de cette attitude avec moi, comme avant. Seuls mes yeux bougent, parcourant chaque centimètre de sa peau laiteuse et mes doigts en savourent le contact chaud. Puis l’instant d’après, je vois ses pommettes se teinter de rouge, mon amie se détourne de moi et je l’entends exhaler un soupir. Son rejet est évident et le constater me fait l’effet d’une claque brutale. Mais je n’ai pas le temps de réfléchir plus longtemps que déjà elle se reposte face à moi et dans une attitude de nouveau maitrisée, elle me lance toute sa hargne. « C'est justement pour ça que je ne veux plus avoir affaire avec toi ! Tu me prends pour qui, hein ?! Je n'ai rien à voir avec toutes les cruches que tu as pu mettre dans ta poche aussi facilement alors arrête ton cirque ! Jouer de ta gueule de minot pour essayer de me duper... Tu devrais avoir honte, Webster. Je ne suis plus ton jouet alors change de disque et laisse tomber la fausse considération. » Son ton me transperce, ses paroles acerbes m’entaillent aussi finement que pourrait le faire un des sorts de mutilation de mon père. Chaque mot s’insinue en moi et me fait un peu plus de mal que le précédent. L’incompréhension, la douleur, le doute, se disputent la première place dans ma tête. Je ne comprends absolument rien de ce qu'il se passe, depuis quand il est question de jeu entre nous ? Je n'ai jamais été autre chose que sincère avec elle, toujours. Même quand nous nous envoyions des pics acerbes au visage ces dernières années, ce n'était que ma rancœur et ma douleur qui s'insinuaient dans chacun de mes mots.
Zephir entame un mouvement de recul et relâche enfin ses bras. Elle ne peut pas partir comme ça. ça ne peut pas se terminer comme ça ! « Phi, je… » « Je ne veux plus te voir. » Les mots soufflent comme un tourbillon dans ma tête. Avec ce ton qui ne laissait aucun doute à la conclusion de notre entretien, je reçois l’information comme un puissant coup de batte de quidditch. Je suis soufflé, figé, inerte, je n’arrive plus vraiment à penser. Je. Ne. Veux. Plus. Te. Voir. Mon cœur saigne, mes poumons se replient sur eux-mêmes, mon estomac se tord et mes genoux faiblissent. J’aurais presque pu la croire, j’aurais presque pu renoncer à elle, à nous, mais c’est le moment qu’elle choisit pour planter son regard dans le mien dans une attitude qu’elle veut certainement revêche, pourtant je n’arrive à y lire que de la détresse. Elle me ment. Alors l’espoir rejaillit en moi, ce fol espoir qu'elle pourrait de nouveau se cacher derrière un masque et que tout ceci ne serait qu'une mascarade. Je n’ai pas le droit d’abandonner maintenant. Au moment où elle me dépasse pour s’éloigner de moi, je lui glisse de ma voix la plus calme possible. « Je ne vais pas te courir après si c’est ce que tu souhaites, mais Phi… » Je m’arrête de parler, elle ne prend même pas la peine de s’arrêter pour m’écouter, elle continue, regardant droit devant elle, comme si je n’étais pas là. Je lui emboîte alors le pas, avec la vague impression de rejouer lamentablement la scène du début. Je ne sais plus bien ce que je suis sensé faire, je n’arrive pas à la comprendre. « Phi arrête, écoute moi. » Je tente de garder contenance, mais à vrai dire la situation m’échappe complètement et j’ai le mauvais pressentiment de perdre de nouveau ma meilleure amie. Une frisson remonte le long de ma colonne vertébrale et un sentiment de malaise m'envahi. J’ai toujours regretté qu’elle n’ait pas le courage de me dire en face qu’elle ne voulait plus de moi après son entrée à Poudlard, je lui en ai terriblement voulu pour ça. Mais finalement, à cet instant précis, la regarder me rejeter avec ce déchirement dans les yeux est tout simplement insupportable. Une multitude d’émotions m’envahit et je sens mon corps petit à petit me faire défaut. Mes jambes me paraissent bien molles et il n’y a certainement que l’adrénaline qui les pousse à me maintenir encore debout. Il faut que je me batte pour elle. Le souffle court, l’inquiétude bouillonnant en moi, j’attrape son poignet et glisse ma main dans la sienne, agrippant avec force ses doigts graciles. Je m’arrête et d’une pression douce mon emprise sur elle l’a fait ralentir. Et dans un flot libérant toute mon anxiété, je lui livre ce qu’il y a de plus sincère en moi. « Je ne sais pas ce qui a changé Phi et même si ça me déchire que tu me rejettes encore… Je te pardonne… Il doit y avoir une raison… Je le vois dans tes yeux que ça te fait du mal… Je ne comprends pas pourquoi tu nous infliges ça, mais je respecterais ta volonté. Je veux que tu saches que mes sentiments pour toi ne changeront pas. Je ne comprends pas ton histoire de cruches, de jouet et de manipulation. Ça n’a jamais été comme ça entre nous. Je… » Je ne parviens pas à capter son regard alors je ne sais pas vraiment si elle m’écoute et comprends ce que j’essaie de lui dire. Je n’arrive même plus vraiment à réfléchir à la meilleure façon de la retenir pour qu’elle me revienne. Je sais juste qu’elle m’échappe et que je ne sais pas quoi faire pour empêcher ça. Alors dans un dernier élan émotif je lui lâche ce que je m’étais refusé de lui avouer avant d’être sûr de nos envies communes, au risque de me faire piétiner le cœur une seconde fois. « Je t’ai toujours aimé et je t’aimerais toujours, Phi… Tu resteras toujours ma meilleure amie… »
@destiny.
Pouet:
Cal Phi Prof
Zephir T. Yaxley
LE GRAND MÉCHANT LOUP
+ SORCIER DEPUIS LE : 01/08/2015 + PARCHEMINS : 113
Mentir. Depuis sept longues années cela avait été le seul et unique mécanisme de défense qu'avait pratiqué Zephir. Comme le règlement de Poudlard lui interdisait toute altercation physique, elle n'avait pas trouvé mieux pour faire taire les mauvaises langues et tenter de se protéger. Une attitude qui ne faisait pas l'unanimité, surtout auprès de ses amis d'enfance. Son changement radical de personnalité choquait, interpellait. Il s'était forcément passé quelque chose. Oui, mais quoi ? Impossible de demander à la jeune femme qui s'était refermée comme une huître, persuadée qu'elle serait abandonnée de tous si la vérité venait à éclater. Il n'y avait d'autres solutions que d'écouter Yaxley senior. Se cacher dans le mensonge, renier tout ce qu'elle avait été avant sa transformation et tout oublier. Y compris Calixte.
Aujourd'hui encore, alors qu'elle avait cette chance de renouer les liens, de se rapprocher à nouveau de lui, Zephir n'avait pas trouvé mieux que de lui mentir. Au final, sa nature lupine lui avait été bénéfique. Si lors de cette chasse à la licorne tout s'était déroulé comme prévu, son oncle serait encore là, elle ne serait jamais devenue un loup-garou et elle aurait probablement réalisé bien plus tôt la véritable nature de ses sentiments pour Calixte. Une nouvelle désastreuse qui aurait signé la fin d'une longue et belle amitié. Persuadée qu'elle aurait essuyé un échec cuisant, la jeune femme se serait détournée de son meilleur ami sans aucune explications, refusant de se ridiculiser de la sorte. De ce point de vue, la situation actuelle était moins dramatique. L'éloignement entre eux s'était étiré durant des années, ponctué d'insultes et de ressentiments. C'était une excuse en or pour celui qui voudrait à nouveau couper les ponts.
L'amour. Sans surprises, voilà le motif de départ de Zephir. Cette fameuse entrevue dans le placard avait fait ressurgir tous ses sentiments si bien enfouis. L'affection qu'elle avait pour lui durant leur enfance s'était progressivement mutée en attirance. Oh bien sûr, compte tenu de la tension qu'il y avait entre eux, impossible de l'admettre. Elle l'avait donc observé en secret, se donnant l'excuse de chercher la meilleure pique possible ou de récolter des informations sur lui alors que tout ce qu'elle faisait c'était d'apprendre à mieux connaître ce nouveau Calixte. Année après année elle le regardait grandir, mûrir, se transformer en cet homme au physique flatteur, un brin rebelle. Pourtant, Zephir n'était pas dupe. Elle avait constaté ses nombreuses escapades loin de la foule. Elle aussi savait lire dans son regard. La détresse. Combien de fois s'était-elle retenue de venir à sa rencontre, d'effacer le passé en le prenant dans ses bras. Un geste que le loup lui avait interdit. Aujourd'hui encore c'était lui qui menait la danse. Hors de question de paraître faible, de se dévoiler ainsi à un homme qui avait le pouvoir de lui réduire le cœur en miettes. Elle n'avait donc pas d'autres solutions que de lever la tête, lui cracher les pires horreurs au visage et vite déguerpir pour pleurer dans un coin.
L'exercice était loin d'être facile en dépit de toutes les heures de préparation qu'il lui avait fallu. Impossible de continuer à jouer le jeu. Il aurait remarqué son changement d'attitude et elle aurait été incapable de résister très longtemps. Il lui suffisait de repenser à l'incident du placard pour se sentir submergée d'une envie irrésistible de sentir son corps contre le sien. L'attirance était si forte qu'une fois face à lui elle oubliait tout le reste. Si Calixte l'ignorait, s'il laissait courir ses doigts sur son visage en toute innocence, Zephir n'avait qu'une envie : sceller ses lèvres aux siennes. Envie réfrénée par la surprise qu'elle lirait dans son regard. Non, même si c'était la pire chose qu'elle aurait à faire de sa vie, elle préférait abandonner la bataille. Elle ne trouva rien de mieux que de lui lancer un « Je ne veux plus te voir. » avant de déguerpir au plus vite, craignant qu'il lise toute la détresse de son regard. Plus que quelques minutes et elle pourrait craquer en paix. Plus que quelques minutes et elle pourrait laisser le loup lui faire oublier. « Je ne vais pas te courir après si c'est ce que tu souhaites, mais Phi... » Cette phrase, cette simple petite phrase avait anéanti toute sa ligne de défense. Elle sentait déjà sa gorge se nouer, les larmes lui brûler les yeux. Comment tiendrait-elle jusqu'au premier abris qu'elle trouverait ? Surtout quand Calixte la suivait, ne voulait pas abandonner si facilement. Comment pouvait-elle lui en vouloir ? Il se battait pour eux. « Phi arrête, écoute moi. » Malgré son envie de mettre fin à tout cela au plus vite, la combativité de son meilleur ami la faisait douter. Et si elle s'était trompé ? S'il se battait si férocement pour elle justement car il éprouvait la même chose à son égard ? De dangereuses suppositions que le loup s'empressa de tuer dans l'oeuf avant qu'elles ne fassent naître un quelconque espoir. C'était beaucoup trop dangereux de se baser sur des « si ». Ce fut qu'en elle sentit sa main glisser dans la sienne pour qu'elle s'arrête que Zephir revint à la dure réalité.
Les yeux rivés sur leur mains unies l'une à l'autre, elle tentait de profiter de ce dernier instant de douceur entre eux. C'était leurs adieux. Les derniers moments qu'ils partageraient. Elle avait déjà les souvenirs de leur enfance mais celui-ci était précieux par sa fragilité. Mêlé à la fermeté de sa prise, elle pouvait également sentir toute la douceur qu'il y avait dans ce geste. Le contact de sa peau, le moindre détail de sa main venait s'ancrer en elle. « Je ne sais pas ce qui a changé Phi et même si ça me déchire que tu me rejettes encore… Je te pardonne… Il doit y avoir une raison… Je le vois dans tes yeux que ça te fait du mal… Je ne comprends pas pourquoi tu nous infliges ça, mais je respecterais ta volonté. Je veux que tu saches que mes sentiments pour toi ne changeront pas. Je ne comprends pas ton histoire de cruches, de jouet et de manipulation. Ça n’a jamais été comme ça entre nous. Je… » Elle refusait de lui accorder un regard. Geste égoïste qui était une simple préservation de son égo. Zephir savait pertinemment qu'à l'instant où elle lèverait les yeux vers lui, les larmes commenceraient à couler. Il fallait se montrer forte, sûre de sa décision. Après tout, c'était pour le mieux. Elle faisait ça pour eux, pour éviter un déchirement encore plus grand et douloureux. C'était un sacrifice pour un plus grand bien. Voilà ce qu'elle aimait à se répéter pour justifier ses actes. Malheureusement, les mots qui suivirent firent voler tout cela en éclats. « Je t'ai toujours aimé et je t'aimerais toujours, Phi... » Instantanément, son visage se releva et elle vint capter son regard, les yeux brillants d'espoir. Partageait-il vraiment ses sentiments ? Étais-ce là la déclaration dont elle avait espéré ? C'était trop beau pour être vrai. « Tu resteras toujours ma meilleure amie... » Amère déception. A ce simple ajout, Zephir vit tous ses espoirs se briser en mille morceaux. Écoeurée d'y avoir cru, elle retira vivement sa main de la sienne, brisant le lien de douceur qui s'était établi entre eux. Comment osait-il la faire ainsi passer du paradis aux enfers ?! Elle était furieuse. Se fichant à présent qu'il la voit dans tous ses états, elle siffla, la voix tremblante de colère. « Comment oses-tu ? Comment oses-tu jouer avec mes sentiments de la sorte ?! Tu dis m'aimer et la seconde d'après je suis ta meilleure amie ? Non mais tu te fous de ma gueule ou quoi ? » Sous le coup des émotions, ses larmes coulaient sans interruption sur sa peau blême. Elle venait d'avoir confirmation. Calixte ne voyait en elle qu'une simple amie. Rien de plus. Il n'y aurait rien de plus entre eux. A quoi bon continuer de garder la face ? Tout était fini. « Tu vois, c'est exactement de ça dont je te parlais. Tu n'en as peut-être pas conscience mais tu joues avec moi. Avec tes belles paroles, tes gestes doux et ta gueule d'ange. Quel effet tu crois que ça me fait, hein ? » Pour illustrer ses propos, elle se rapprocha alors de lui, posant ses doigts sur son visage. Leur corps étaient à nouveau si proches qu'elle pouvait sentir son cœur battre contre sa poitrine, son odeur se déployait en elle. Zephir luttait contre elle-même. Ils étaient à nouveau propulsés dans ce petit placard où plus rien n'existait à part eux. La pulpe de ses doigts parcourut avec douceur ses joues, glissant lentement sur sa mâchoire pour atteindre la commissure de ses lèvres sur lesquelles son regard s'attardait. Finalement, après quelques secondes, elle osa enfin le regarder. « Comment tu crois que je me sens quand tu me touches ainsi, quand tu me regardes de cette façon ? Quand ton corps vient se presser contre le mien, que tu caresses ma nuque, le bas de mon dos, quand tu me murmures que je te manque... » Le cœur serré, les larmes se remirent à couler sur ses joues alors qu'elle s'attarda à nouveau sur ses lèvres qui l'appelaient avec une force inouïe. Incapable de supporter plus longtemps un tel contact entre eux, elle se dégagea doucement, reprenant une certaine distance entre eux pour souffler. « C'est justement parce que je ne serais jamais rien de plus que ta meilleure amie que je dois m'éloigner de toi... » Voilà, c'était dit. La bombe avait été lancée, Zephir n'avait plus qu'à attendre l'explosion.