Ni les rayons du soleil, ni le brouhaha qu’avaient fait mes camarades de chambre pour se préparer n’avaient réussi à me tirer du lit, ni même la main que je supposais, après coup, être celle de Clarence lorsqu’il m’avait secoué. Je m’étais contenté de grogner et de marmonner un truc incompréhensible : « mmHmm, mhhmmmmm » et qui pourtant était très clair pour moi, dans mon esprit embrumé et ensommeillé : « Ouais, une petite minute encore et j’arrive. » Je ne savais même pas s’il avait insisté ou s’il avait finalement lâché l’affaire parce qu’il savait que de toutes façons, je finissais toujours par me lever, surtout lorsque l’on commençait la semaine par Defense Contre les Forces du Mal. Mais là, je devais avouer que je trouvais le pourtour du visage de Morphée séduisant. Il arborait des traits qui m’étaient familiers et j’avais plus que jamais envie de rester lové dans ses bras, quelques instants encore.
Le rêve pris une tournure un peu étrange, et ce fut la fièvre au front et le feu aux joues que je me réveillais en sursaut. J’avisai le dortoir d’un regard paniqué. Fort heureusement, il était vide. Mais depuis combien de temps ? Une douche froide ! Il me fallait une douche froide ! Je me précipitai dans la salle de bain, déserte elle aussi. Après une douche glacée, je m’habillai à la hate, enfilant mon uniforme. « Fichtre ! Mais qu’est ce que j’ai foutu de ma cravate bleu et argent ! » Pas le temps de la chercher, j’étais déjà bien assez en retard. Tant pis. J’enfilai ma robe de sorcier par-dessus sans prendre le temps de rentrer ma chemise dans mon pantalon, j’attrapai mon sac et ma baguette magique traversai la salle commune en courant, puis dévalai les escaliers de la tour de Serdaigle à la hâte en manquant de me casser la figure deux ou trois fois, ou plus. Je ne les ai pas comptées.
Les couloirs étaient déserts. Palsambleu ! Je n’avais jamais été aussi en retard ! J’arrivais devant la salle de classe à bout de souffle et ouvris la porte à la volée.
« O’Carley ! Vous avez vu l’heure ! »
Tout le monde était déjà installé, mais je trouvais tout de même assez d’air pour m’excuser : « Oui !... Je sais. Pardo…nnez-moi !... Monsieur… Je…j’ai été retenu par… par Peeves ! » Et en plus avec un mensonge éhonté. Peeves avait bon dos, mais il faisait un alibi plus que crédible et bien pratique dans ces cas-là. J’étais débraillé, tout pouvais laisser à croire que l’esprit frappeur m’avait vraiment agressé. Je le paierais sans doute plus tard, mais qu’importe. Tous les regards étaient rivés sur moi. Je m’abstins de croiser celui de Clarence, même si je sentais le sien plus que celui de tous les autres.
J’avais la chance d’avoir une tête de premier de la classe, les notes qui allaient avec et en plus, j’étais l’un des chouchous du professeur. Ce n’était pas faute de l’avoir travaillé au corps, mais ce n’était pas dans le but de me faire bien voir… enfin si, un peu. Mais pas que. Ma passion pour cette matière était réelle, et je n’avais jamais raté aucun cours jusqu’à ce jour. Bon, certes, j’étais à moitié débraillé et… « Je suis désolé Monsieur, ça ne se reproduira plus. »
« Ca va pour cette fois ! Installez-vous, et en silence ! » « Ouf ! » Je fermai la porte derrière moi. J’avisai la seule place de libre qui restait, et bizarrement c’était à côté de Chris. « Salut ! » dis-je en me posant à côté de lui, avec un léger sourire. Autant faire profil bas et ne pas tout de suite tâter de la mauvaise humeur écossaise. Je n’osais d’ailleurs le regarder pour l’instant afin de vérifier son humeur du jour. « Ouvrez votre manuel à la page…. »
« Qu’est ce que j’ai raté ? » demandai-je à voix basse au batteur pouffy, tout en ouvrant mon livre, les yeux rivé sur le professeur, faisant mine d’être parfaitement attentif. Je n’avais pas écouté le numéro de la page. J’étais toujours essoufflé, fatigué, et ça se voyait sur ma tête.
Après le petit-déjeuner qui avait vu la table des Pouf se faire envahir – si, envahir, avec une sauvagerie mêlée de férocité même – par un prof et sa mangouste, les 7ème année des jaunes et noirs avaient donc pris la direction de la salle de cours de DFCM. Chris, en chemin, se faisait la réflexion que pourtant il aurait parié, mais genre, vraiment parié que c'était Potions d'abord. (Enfin vu l'intérêt qu'il portait à son emploi du temps, ça n'était pas très étonnant qu'il soit paumé dans le temps.) Un peu dépités par l'humeur très changeante dont le batteur faisait preuve depuis qu'il s'était levé, même pour un lundi matin, ses petits camarades de classe se mirent « hors de portée de batte » comme ils le disaient. Et Chris était très content d'avoir un bureau pour lui tout seul – sauf qu'il avait bien remarqué qu'il avait raison, plus tôt, et que Benedict n'était pas en vue. Où était cet imbécile heureux ? D'accord, il pouvait se permettre de rater quelques cours – large même –, mais c'était pas une raison. Et surtout Benedict se serait fait écarteler vivant plutôt que de rater la DCFM – la passion de ce garçon pour les forces du mal et tout ce qui s'y rapportait était malsaine, disait depuis bien longtemps Christopher. Et qui débarqua au début du cours, essoufflé, les cheveux en bataille et l'air de sortir tout droit d'un placard – haha – ou de son lit ? Benedict. Chris étrécit les yeux avec une expression prédatrice, et se détendit en entendant l'explication sur Peeves ; si une troupe de Serpentards ou de Gryff mal dégrossis s'étaient amusés à enfermer Ben dans un placard pour voir combien de temps il mettrait à en sortir, inutile de préciser qu'ils auraient connu la fureur de l'écossais dont on emmerde les potes.
Chris avait une façon d'interpréter la légendaire loyauté des Poufsouffles toute personnelle – par contre le côté doux, ça il avait totalement zappé. Il observa le Serdaigle s'installer à côté de lui, répondant à son sourire par automatisme :
« 'lut. Peeves hein ? T'sûr ? C'pas plutôt ton oreiller qui a réussi à t'assommer avant que Clarence te traîne hors du pieu ? »
Gentiment moqueur, le batteur ouvrit son manuel et celui de Benedict tant qu'il y était, haussant des épaules avec un air suspicieusement dégagé.
« Oh pas grand-chose. Nouveau prof d'études des moldus, il a l'air sympa. L'a une bestiole marrante, tu la verras ptêt pendant son cours. Tu t'rappelles qu'on a étude des moldus c't'aprèm, hein ? »
Christopher s'inquiétant de savoir si Benedict connaît son emploi du temps. Si ça n'était pas totalement inédit, il y aurait eu de quoi en rire. En réalité, ça ne pouvait qu'être inquiétant pour la santé mentale du Poufsouffle. En temps normal il savait pertinemment que Ben, oui, connaissait son emploi du temps par cœur – ce qui n'était pas le cas de Chris on aura fini par le comprendre. L'écossais laissa le prof discourir un peu sur le sujet du jour et qui ne l'intéressait pas plus que ça – comme tout ce qui n'avait pas trait au Quidditch.
« Alors, tu t'es promené c'te nuit j'en conclus ? T'as trouvé des trucs utiles ? »
Benedict O'Carley
+ SORCIER DEPUIS LE : 02/01/2016 + PARCHEMINS : 1057 + LOCALISATION : Serdaigle, 7ème année, Poudlard
«Ouais ! Enfin… » répondis-je avec un léger sourire lorsque Chris me demanda confirmation au sujet de mon agression par Peeves. Mais l’écossais n’était pas dupe et il avait presque vu juste à propos de mon oreiller. « Ouais, quelqu’un l’a encore ensorcelé. Ca devient agaçant à la fin. » dis-je en jouant le jeu. Je me retournai vers Clarence, puisque justement, Chris en parlait, lui adressai un grand sourire, puis chuchotais à Chris, avec le sourire : « Il ne m’a pas réveillé. » Ou peut-être qu’il avait essayé, mais de toute évidence, ça n’avait pas marché.
Sans que je n’eu rien besoin de demander, Chris m’ouvrit mon livre à la bonne page. Etais-je encore en train de rêver ? J’avisai mon livre, la main du poufsouffle, puis le dévisageai avec un air d’autoroute. « Pince-moi ! » lachai-je, au débotté. Non parce soit j'étais toujours en train de dormir, soit il y avait vraiment quelque chose de louche. Avais-je dormi plus d’une journée ? On était mardi ? Ou alors j’avais vraiment une mine épouvantable, et il avait pitié de moi. Ouais, ça devait être ça !
« Ah oui, c’est vrai que c’est aujourd’hui qu’il devait arriver. » le nouveau professeur d’étude des moldus. « Il ressemble à quoi ? Une bestiole marrante ? » demandai-je, non sans une certaine appréhension. J’en profitai pour rentrer ma chemise dans mon pantalon. « Je croyais que c’était un prof d’étude des moldus, pas un prof de soin aux créatures magiques. » dis-je en passant une main dans mes cheveux. Essayer de les remettre en place était peine perdue. J’avais moins de réticence envers les animaux qu’envers les plantes, mais je n’étais jamais très à l’aise en leur présence. Rien que le fait de devoir me rendre à la volière me rendait nerveux si les hiboux avaient le malheur d’être un peu agités.
Je sortis distraitement ma plume de mon sac et un encrier, sans vérifier au préalable de quelle encre il s’agissait. Oui, parce que j’en avais plusieurs. Dont une invisible. Et devinez quoi ? Je m’étais trompé de pot. « Oui, je me rappelle. » dis-je en fronçant les sourcils, dévisageant Chris avec un regard suspicieux. « J’ai l’air d’avoir subit un sortilège d’oubliettes ou bien… ? » Ce n’était pas la première fois que j’avais la tête dans le c… le matin, même si c’était la première fois que j’étais en retard à ce cours là, il est vrai. D’ailleurs, le cours d’étude des moldus et celui d’histoire de la magie étaient souvent propices à quelques assoupissements de ma part, lorsque j’avais peu dormi la nuit. Mais là, nous avions cours de potion ensuite, un trou en début d’après-midi et étude des moldus juste derrière. En théorie, je n’allais pas faire de sieste aujourd’hui. Hormis si le nouveau prof se montrait profondément ennuyeux. Ne jamais dire jamais après tout !
En revanche, que Chris se rappelle à quelle heure nous avions ce cours était surprenant. « Je t’ai pas vu de la journée hier. Tu t’es entraîné ? » Il avait l’air un peu fatigué lui aussi. Il n’avait pas l’air d’avoir de marque au visage, donc il ne s’était probablement pas pris un cognard… à moins que… Bon certes, j’avais passé une bonne partie de l’aprèm à faire des plans avec Nocturnus après avoir fini de rédiger mes parchemins pour tous les cours de la semaine. « Je sais que c’est important pour toi le quidditch, mais si tu veux avoir une chance d’avoir tes ASPICs, il faudrait que tu révises un peu quand même. Je veux bien t’aider, mais je peux pas les passer à ta place. »
Le prof me lança un regard noir. Je me tus un instant. Il était temps d’être un peu attentif à ce qu’il racontait. C’était quoi le sujet du jour ? Les inferris ? Intéressant ! Je pris quelques notes avant de m’apercevoir que l’encre disparaissait à vue d’œil. « Fichtre ! » Je fouillai dans mon sac à la recherche d’un encrier normal. Je ne le trouvais pas. J’avais du l’oublier, ou le faire tomber dans le dortoir. « J’peux t’emprunter de l’encre ? La mienne est… » Je dégageai mon bras de ma feuille pour lui montrer un parchemin complètement vierge. C’était à se demander ce que je foutais avec de l’encre invisible.
« Ouep. On a découvert un nouveau passage avec Noct’. Il conduit à Pré-au-lard. » Ce n’était pas le premier. Mais celui-ci conduisait « Chez Honneyduckes. Faudra qu’j’te montre ! On a failli se faire chopper par Scoledario. Il s’en est fallu d’un cheveu. Mais on a réussi à lui échapper de justesse grâce au sort de Papipa. » Ce fameux sortilège espion que nous avions mis au point, le Patronus Pictural Patrouilleur.
Christopher afficha un petit sourire en coin qui voulait tout dire. Un oreiller ensorcelé, hein ? Bah oui, bien sûr. C'était tellement des Serdaigles de faire ce genre de petit blague hyper drôle. Quoique, les Serdaigles avaient bien dans leurs rangs l'inventeur fou alias Nocturnus, alors des oreillers ensorcelés, pourquoi pas ? … Il s'intéressa vaguement à ce que le prof racontait, mais les Inferis n'avaient pas l'heur de faire partie de ses passions, et donc son attention fluctuante sauta bientôt sur Benedict qui continuait à discourir. Enfin à poser des questions, en fait, et plutôt... ennuyantes. Comment ce mec faisait pour être agaçant sans même le vouloir ? Bah c'était sans doute parce qu'il était irlandais.
« Hmm bah. J'sais pas trop. Blond, plutôt carré, genre gardien t'vois ? J'ai pas trop regardé. »
Non, et il n'avait absolument pas remarqué les yeux bleus avec des cils qui lui donnaient une expression absurdement douce, les lèvres bien dessinées qui l'empêchaient un petit peu de réfléchir normalement, le début de barbe qui piquait juste ce qu'il fallait, et la taille de ses mains. Noooon. Il tenta de détourner l'attention de Benedict en commentant à propos de ses cheveux :
« P'tain on dirait les miens. L'est vachement réussi ce sortilège sur oreiller, j'peux avoir la recette ? Sa bestiole, c't'une mangouste, elle est gentille. Elle devrait être suffisamment grosse pour que t'aies pas les foies. »
Si Christopher était une grande gueule franchement pénible par moment, qui avait la taquinerie lourde, il essayait au maximum de ne pas se foutre de la phobie de Ben pour les plantes et les choses qui remuaient. En fait, il avait arrêté après une superbe crise d'angoisse que lui avait piqué le Serdaigle suite à une blague, ok, pas forcément drôle. Chris s'était excusé platement, et avait soudainement capté l'ampleur de la phobie de son ami. Depuis, eh bien, il faisait profil bas sur la question – sauf quand c'était vraiment trop ridicule. Il haussa des épaules avec un détachement feint :
« Nan j'précise au cas où. Et oui j'me suis entraîné ce week-end, trop si t'écoutes mes coéquipiers. On s'est un peu engueulés, comme d'hab, veulent pas jouer comme j'le dis mais c'moi qui ai raison au final. Et oui je sais faut que je bosse. T'es disponible quand ? »
Cette question fut suivie d'un petit temps de silence parce que le prof venait errer dans leur zone après avoir bien remarqué qu'ils étaient en train de papoter de tout autre chose que les Inferis. Chris se pencha sur son parchemin avec un air passionné, caressant sa joue avec sa plume de corbeau. Son regard fauve glissa sur le parchemin de son voisin quand il fut question de son encre.
« Sérieusement Ben pourquoi tu te balades toujours avec ce genre de trucs ? T'es agent secret ou quoi ? J'te comprendrai jamais totalement, tu le sais ça ? »
Ce disant, il glissa son pot d'encre vers son ami, parce que oui, évidemment qu'il lui prêtait son encre. C'était assez simple ; Ben avait besoin de quelque chose, si c'était dans les cordes de Chris, il fournissait. Chris ne comprenait foutrement pas ces quelques élèves qui s'amusaient à faire courir la rumeur que le Serdaigle était raciste du sang comme pas permis suite à son malheureux incident en 5ème année avec la magie noire. Non, Benedict n'était pas raciste du sang, voyons, il était juste beaucoup trop curieux pour son propre bien, et incroyablement stupide par moment pour quelqu'un d'aussi brillant. C'était néanmoins un avis que Chris gardait précieusement pour lui. Il n'avait pas spécialement envie que Benedict devienne la coqueluche de l'école parce que tout le monde se rendrait compte en même temps qu'il était formidable ; nan Chris voulait égoïstement le garder pour lui – et quelques autres.
« Un passage secret ? … Cool. J'veux bien voir ça. T'aurais eu l'air malin à te faire choper par lui. T'sais que tu dois te montrer plus prudent ?... »
Christopher observa alors une pause dans ses paroles, ce qui signifiait en général qu'il cherchait le moyen de dire quelque chose sans vexer son interlocuteur. C'était rare, et jamais bon signe.
« Tu sais avec tes... antécédents, t'f'rai mieux de pas trop t'faire remarquer. Je suis pas sûr qu'ils restent cools avec toi s'ils se rendent compte de tes p'tites virées. »
Benedict O'Carley
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Je ne dupai pas Christopher, et mon sourire fit écho au sien puisque ce n’était pas vraiment le but recherché. J’essayai d’écouter ce que racontait le prof d’une oreille, tout en étant particulièrement attentif aux réponses du poufsouffle, au sujet du nouveau professeur. Blond, carré… ? « Ah ouais ? » Chris avait obtenu l’ascendant sur le prof de DCFM. Enfin…. Trente secondes. « Il est jeune alors ? » Je détournai les yeux du professeur pour lancer un regard en biais à Chris : « Pour quelqu’un qui n’a pas trop regardé… » sous-entendai-je, accompagné d’un sourire angélique, bien-sûr. Je dissimulai d’ailleurs très bien mon intérêt en faisant mine de m’en amuser. Ou pas très bien en fait. Mais peut importait. Entre Chris et moi c’était comme ça. On adorait se charrier mutuellement et je le taquinais bien-sûr. N’allez pas croire que je tirais déjà des conclusions hâtives. C’était sans doute un truc normal chez les sportifs, entre eux : un batteur qui reconnaissait un mec bâtit comme un gardien, il n’y avait rien de bizarre là dedans. Hormis l’attitude étrangement aimable de Chris, ce matin. (Beh oui, tu parles ! Et la marmotte, dans tout ça ? Vous y pensez à la marmotte ?) « C’est un joueur de quidditch connu ou bien ? » demandai-je en plaisantant. Ca expliquerait sans doute pourquoi il était si… stupéfait ?
Il me rendit la monnaie de ma pièce en se moquant de mes cheveux. « Je pensais que tu l’avais déjà. » répondis-je du tac au tac. Pour un mec qui avait toujours une coupe de cheveux approximative, il pouvait bien parler ! « Tu demanderas ça à Nocturnus. Il le fait bien celui-là. Bon, il le réussi pas à tout les coups, après les filles se plaignent. L’autre jour Clarence a du temporiser parce que figure toi que cette furie de Poppy, une fille de la classe de Noct’, est sortie de son dortoir complètement hystérique parce que son oreiller avait massacré son brushing ! Et en plus, pour le coup, Noct’ n’y était pour rien. Pour une fois. Et puis, c’est pas son genre de s’en prendre aux autres sans raison. Là, d’après Clarence, ça avait plutôt l’air d’une histoire de vengeance puérile. Bref…Je n’y étais pas. C’est lui qui m’a raconté.» J’étais bien trop occupé à étudier d’autres sortilèges bien plus complexe que de perdre mon temps à ensorceler des oreillers.
« Une mangouste ? …ah ! Ca va ! » dis-je avec un sourire contrit. Effectivement, c’était pas trop gros encore. Mais c’était plutôt vif comme bestiole. J’avais le temps de me préparer psychologiquement, mais j’espérais intérieurement qu’il ne la laisserait pas se balader librement dans la classe. Ca ferait beaucoup trop de choses à surveiller ! Mais ça pourrait être pire Benedict ! Ca pourrait être une plante ! Je m’étais déjà tapé la honte du siècle l’année dernière à cause de ce maudit snargalouf, alors si je pouvais éviter de passer une fois de plus pour le plus grand trouillard que la terre aie connue... Et dire que mon père travaillait avec des dragons… Et puis… je rêvais ou Chris me ménageait ? Je lui lançai un regard suspicieux. « C’est trop aimable ! »
« C’est ne notoriété publique ça ! » qu’il s’engueule avec ses co-équipiers. « Ils se sont vengés sur toi en t’envoyant des cognards en pleine tête ? » Benedict, ou l’art de tourner autour du pot ! Mon investigation fut interrompue par le professeur qui avait décidé de faire un tour dans les rangs tout en énumérant les particularités sinistres de ces revenants dont peu de sortilèges pouvaient venir à bout. De quoi vous refiler la chair de poule.
Un sourire étira mes lèvres à la remarque de Chris. « Justement, le propre de l’agent secret, c’est de rester… ‘secret’ » dis-je en mimant les guillemets avec mon index et mon majeur. « C’est pour notre projet avec Noct’. On sait jamais, tu imagines si un prof, ou quelqu’un de mal intentionné venait à tomber dessus ? » J’avais déjà plus ou moins expliqué à Chris que je m’amusais à faire un plan du château de Poudlard avec ce cher Morguelune. Il nous avait d’ailleurs quelques fois accompagnés dans nos explorations plus ou moins épique, dont une s’était soldée par une retenue collective lorsque nous avions été surpris par le concierge dans le grand hall en pleine nuit, en revenant de la forêt interdite.
Je plongeai ma plume dans l’encre de Chris pour réécrire les quelques notes que j’avais déjà prises par-dessus l’encre invisible, tout en continuant de bavarder : « T’inquiète. Ca risque rien. Je sais ce que je fais. Et puis je ne suis pas une heure de retenue près. Ce ne sera pas la première fois. » Je ne réagit pas à la dernière remarque de Chris, listant avec application ce qui pouvait détruire ou repousser les inféris. Ses mots avaient fait mouche et heurté ma susceptibilité. Autant j’arrivais à faire abstraction des qu’en dira-t-on des autres, autant, cela me touchait quand cela venait de Chris. Je savais qu’il disait ça sans aucune méchanceté. Je savais pertinemment qu’il avait raison. « Ce soir ! Après le cours d’étude des moldus. Si tu n’as pas entraînement bien-sûr. » J’avais tout à coup perdu mon air mutin et ma mine réjouie, recouvrant tout le sérieux de l’élève studieux que j’étais sensé être. Pour Chris qui me connaissait suffisamment, ce n'était pas bon signe, même s'il ne savait pas toujours lire entre les lignes.
Chris eut une fugace expression franchement bizarre, qui ressemblait foutrement à celle qu'il adoptait quand un cognard le frappait de plein fouet pendant un match. Ça ne dura fort heureusement qu'un quart de seconde avant qu'il hausse des épaules. Il n'avait pas l'air tout à fait dégagé, mais en tout cas, c'était l'impression qu'il voulait donner.
« Nan c'pas un ancien joueur j'te l'aurais dit plus tôt tu penses bien. »
Et sans doute sans avoir peur de passer pour un mec qui s'intéressait d'un peu trop près aux autres mecs – mais cette réflexion ne lui vint absolument pas à l'esprit. A la place, il voulut à toute force changer de sujet, et s'empara donc d'autorité des engueulades des Serdaigles entre eux – alors que sincèrement, c'était un sujet dont il se fichait totalement. Il avait déjà assez à faire avec les histoires des Pouffys – on a peine à imaginer toutes les embrouilles qui peuvent se passer dans une seule et même maison.
« Cette Poppy m'est jamais trop revenue, puis de toute façon il me semble bien qu'elle est de Londres, alors c'pas très étonnant qu'elle... »
Il se tut deux minutes le temps de laisser le prof passer, et reprit une fois la menace éloignée :
« Soit chiante. »
Outre l'argument avancé assez souvent par Benedict « c'est chiant les filles ». Chris roula des yeux à l'évocation de ses coéquipiers :
« L'gardien a un peu essayé de m'assommer avec le souaffle à un moment, du coup j'y ai collé un coup de batte et maintenant paraît qu'il va plus droit quand ils le lancent... M'enfin faut avouer que lancer un truc sur un batteur fallait bien s'attendre à ce que je le cogne avec la batte non ? Bref, ils sont partis au bout d'une heure et après j'ai vraiment pu m'entraîner. »
« Vraiment pu m'entraîner », cette expression résumait bien à quel point la petite mine de Chris était justifiée ce matin-là. Autant dire que le Poufsouffle avait dépensé toute sa considérable énergie à s'entraîner, et que ce lundi matin, oui, il était particulièrement fatigué et donc pas concentré sur ses cours. (Ok, ça c'était tout le temps.) Il n'arrivait absolument pas à fixer son esprit sur les – peu nombreuses et fort difficiles – façons de tuer un Inferi. Son esprit était envahi d'un saleté d'allemand et du dessin de ses lèvres, de figures de Quidditch, et d'une horrible envie de dormir. Mais Chris ne voulait pas dormir si c'était pour faire ces rêves étranges, réconfortants et angoissants à la fois. Il jeta un regard fatigué à Benedict, remarquant que l'habituel sourire de son ami s'était légèrement évanoui. Le Poufsouffle savait très bien d'où ça venait ; il avait encore une fois parlé trop vite... Oh, il avait essayé d'amener les choses en douceur, mais voilà : Carmichael n'était pas un champion de douceur. Il n'avait pas de tact, c'était comme ça, même quand il essayait, ça foirait. Il poussa le coude de Ben pour qu'il le regarde, lui fit un sourire d'excuse ; Chris ne supportait pas que Ben lui fasse la tête. Ça le rendait chafouin, même.
« En fait, je voulais m'entraîner, mais c'p'têt pas une bonne idée. Donc ouais, ce soir ça me va. Faudrait vraiment qu'on revoit les Métamorphoses, je galère tellement... T'as les annales des examens des années précédentes ? »
Allez expliquer à Chris, vous, que des examens ça n'est pas comme un pari sportif et qu'il ne faut pas faire de probas sur les sujets qui vont sortir... Parce qu'il a le crâne dur ! Chris allait reprendre la parole quand une Poufsouffle agacée par leur bavardage incessant se retourna vers lui et lui fit signe de fermer sa grande gueule. Le batteur soupira et leva les yeux au ciel.
Benedict O'Carley
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Je m’amusai de la tête que fit Chris en parlant du nouveau prof d’étude des moldus, mais je n’étais pas suffisamment réveillé, ni en état d’interpréter quoi que ce soit de plus, et quand bien même, j’étais à mille lieues d’imaginer ne serait-ce qu’un dixième de ce qu’il pouvait bien se passer dans sa tête à cet instant précis. Qui aurait cru que Chris pouvait s’enticher aussi vite d’un prof de sexe masculin ? « Ah bon ! »
J’esquissais un sourire complice lorsqu’il mentionna les origines de la jeune serdaigle. Du Carmichael tout craché ! Personnellement, je me serais juste contenté de une, c’est une fille, de deux c’est une petite écervelée superficielle, un peu pimbêche sur les bords et à mon humble avis, cela suffisait à expliquer pas mal de choses. Sur la finalité de la chose, nous étions de toute façon d’accord. Elle était chiante. Je lui adressais un autre sourire pour toute réponse.
Je me retins de pouffer de rire en imaginant un souaffle voler de travers. « Tu n’as pas du y aller de main morte ! » Je connaissais le tempérament sanguin de l’écossais, je n’avais qu’à le piquer un peu sur les Montrose Magpies qu’il partirait au quart de tour. Son sale caractère n’était pas une légende et ce n’était pas la première fois qu’il s’embrouillait avec son équipe. « Ca doit être ça alors. T’as l’air fatigué ! A moins que tu aies passé une dure soirée sans moi hier soir et que tu ne t’en es pas encore remis. » dis-je avec un air mutin. C’était pour le chambrer naturellement. Je savais qu’il ne fallait pas trop pousser toutefois. Nous étions en cours tout de même. Et si moi je pouvais me permettre de me faire expulser, ce n’était pas le cas de Chris. Donc, autant le ménager. « Je plaisante, hein ? » précisai-je. Au cas où. J’aurais tout le loisir de le provoquer ouvertement après les cours.
Et au jeu de la provocation, nous étions super forts, tous les deux. Bon, certes, ses propos étaient d’avantage un conseil bienveillant d’un reproche ou une provocation. Ce qui était surprenant du reste, de sa part. C’était rare. J’en avais conscience. J’avais de la chance d’être dans ses bonnes grâces et même si nous passions notre temps à nous embrouiller, j’avais beaucoup d’estime pour lui. J’avais mal réagit et je me considérais déjà comme le dernier des imbécile de me vexer pour si peu. J’étais plutôt détaché sur plein de sujets, mais celui-ci demeurait sensible. Afin de ne pas m’étaler sur mon trouble passager, j’avais préféré ramener nos bavardages à ses révisions. Mais de toute évidence, ce n’était pas une réussite. Son coup de coude amical m’indiqua qu’il m’avait tout de même grillé. J’avais presque honte. Quel crétin je fais ! Je levais les yeux sur lui et sa moue d’excuse me troubla bien d’avantage. Je retrouvai mon grand sourire Colgate, manquait d’éclater de rire et détournai aussitôt les yeux afin de masquer ma gêne. « Ca va, fait pas cette tête là ! » Manquait plus que je rougisse !
« Tu t’es entraîné tout le week-end, ça va ! Ce soir, tu peux bien faire une pause un peu. La métamorphose, ouais… » Je n’eu pas le temps de finir ma phrase qu’une élève de sa maison se retourna vers nous et s’insurgea contre Chris, si bien qu’elle m’en coupa presque le sifflet. C’était à moi d’habitude qu’on demandait de la fermer. J’arquai un sourcil et sans même prendre le temps de réfléchir, je rétorquai aussitôt : « Hey ! Tu pourrais être plus polie Addams ! » surtout que c’était moi qui était en train de causer, de quel droit s’en prenait-elle à Chris ? « Toi aussi la ferme O’Carley ! Vous êtes chiants tous les deux ! On n’entend plus le prof ! »
« Addams ! Voudriez-vous faire part à la classe de ce que vous avez de si passionnant à raconter à vos voisins de derrière ? » La jeune fille afficha une moue outrée.
Je jetai un regard complice à Chris.
Lancé de dé : 1 : Addams est gênée, elle s’excuse platement devant le professeur et nous jette un regard noir en se retournant sur son parchemin 2 : Addams est trop énervée et elle nous balance au professeur 3 : Addams ne nous balance pas, mais fait une allusion éloquente à nos bavardages.
Ca sentait mauvais et des points en moins cette histoire. Sympa Addams ! Vraiment ! Le prof nous interrogea du regard et je me levais aussitôt de ma chaise pour prendre la parole : « C’est vrai monsieur. Je disais justement à Christopher que cette forme de magie était terrible car quiconque sait manier un tel sortilège serait capable de se créer une véritable armée de morts vivants que peu de sorciers seraient en mesure de pouvoir combattre et… »
« Ca va, merci O’Carley, on se passera de votre avis. D’ailleurs puisque le sujet semble particulièrement vous intéresser, vous me rédigerez tous, pour la semaine prochaine, un parchemin de cinquante centimètres sur l’usage de cette magie et les manières de la combattre, avec des exemples précis. »
Je sentis une nouvelle fois tous les regards peser sur moi et des chuchotements de désapprobation. Oops !
Dernière édition par Benedict O'Carley le Dim 28 Fév - 22:27, édité 1 fois
Daily Prophet
LE MAITRE DU JEU
+ SORCIER DEPUIS LE : 13/11/2009 + PARCHEMINS : 1569
« J'y vais jamais d'main morte, t'me connais maintenant non ? … » répondit le Poufsouffle avec un léger sourire en coin.
Il lui fit, comme Ben l'avait prévu, les gros yeux en entendant parler d'une soirée de folie où il n'aurait pas été convié. Comme si c'était le genre de Christopher de ne pas emmener Benedict à une soirée – ou des Pouffys en général d'organiser une soirée retournant tout dans leur coin. Tout le monde était beaucoup trop sage à 20 ans dans cette école, c'était sans doute dû au fait d'avoir des gamins de 14 ans dans les pattes. En tant que frère aîné, et même s'il ne le montrait pas trop, Chris avait conscience qu'il se devait de montrer l'exemple et tous ces trucs un peu galères. Il bousculait souvent les 1ère année avec son comportement à l'emporte-pièce mais il ne les aurait jamais entraînés dans des galères hors de leurs préoccupations. Tout le monde savait qu'on était loin d'être terminé à 14 ans. Il répondit juste à l'affirmation du Serdaigle comme quoi il plaisantait d'un « hmhm » concerné et eut un sourire amusé devant son trouble manifeste. Il connaissait son Serdaigle depuis le temps et croyait à peu près suivre son raisonnement à ce moment-là. Sauf qu'avant qu'il ait le temps de le provoquer à son tour d'un « t'es trop chou O'Carley », Addams éprouva le curieux désir de suivre le cours sans être impliquée dans leur bromance. Et s'en prit à Christopher, ce qui était une très curieuse idée quand l'irlandais était dans la zone. En effet, il y avait plusieurs cas de figure où Benedict devenait insupportable ; quand il avait une idée derrière la tête qui lui permettait de discourir sans s'arrêter pendant longtemps, quand il « était sur un coup » et quand quelqu'un s'en prenait à Chris et qu'il l'entendait. Dans vos dents, les théoriciens du « Benedict est un affreux sang-pur raciste ».
Avant que Carmichael, bien au courant de cette propension de Benedict de s'enflammer à ce genre de situations, ait eu le temps de penser à ouvrir la bouche, le mal était fait. Ben avait toujours été plus rapide que lui à parler – une question d'habitude sans doute, et quand on sait que Chris parle déjà pas mal...
Le Poufsouffle, au courant qu'il n'était pas de bon ton de se faire remarquer quand on avait des notes tout juste moyennes, fit le dos rond alors que le prof se mêlait de l'intermède, baissant les yeux vers sa plume de corbeau. Et eut juste une grimace outrée à cette histoire de parchemin. 50 cm ?! Il voulait leur mort ? Déjà avec les devoirs normaux il ne s'en sortait pas ! Il allait lui falloir une garde rapprochée de Serdaigles pour venir à bout de cette saloperie de devoir supplémentaire ! (Tiens il était pas Serdaigle le nouveau prof ?... Ok, on se posera cette question plus tard, à un moment approprié, ou bien jamais par exemple. Jamais paraissait être une option acceptable pour sa santé mentale. »
La congrégation de Poufsouffles et de Serdaigles semblaient s'être transformée en un tribunal de la honte, et sitôt que le prof eut tourné les talons, Chris en profita pour pousser un long soupir. Ça allait encore empiéter sur ses entraînements, cette histoire. Et il avait un besoin VITAL de s'entraîner, surtout ces derniers temps. Il glissa un regard en coin à Benedict, arrivant à articuler discrètement malgré ses dents serrées. S'agissait de pas en remettre une couche...
« Je compte sur toi pour m'aider sur ça aussi... »
Et puis il se décida enfin à suivre le cours, ne tenant pas à aggraver son cas.