Suite au marché de Noël, Erin se changeait les idées comme elle le pouvait. Cassie était à l'infirmerie, Ethan était occupé et l'annonce de la suppression des cours pour les deux semaines à venir avait achevé de la rendre folle. La rouge et or n'était pas exactement une élève modèle, mais, hormis son besoin d'apprendre, la jeune femme avait besoin de se tenir occupé. C'était encore plus vrai en ce moment. Erin avait donc passé la journée la plus ennuyeuse qu'il soit : grasse matinée jusqu'à onze heure environ, douche d'approximativement quarante cinq minutes, déjeuner arrosé de jus de citrouille en baillant aux corneilles, écriture d'une lettre larmoyante à ses parents, lecture d'un roman que lui avait conseillé son père et … et à présent, Erin s'ennuyait ferme.

Elle avait vaguement décidé de revêtir sa tenue d’entraînement et d'attraper son balais volant, histoire de. Histoire de sentir l'air rafraîchir sa peau, histoire de réveiller ses muscles engourdis. Histoire, surtout, de ne pas ressasser, de se changer les idées.
Son entraînement sauvage avait commencé par ce qui devait être une petite foulée. Un second tour du stade de Quidditch suivit, un troisième, un quatrième … Erin sentait les battements de son cœur s’accélérer. Ses joues, elle le devinait aisément, devaient commencer à rougir sous l'effort et les quelques mèches folles qui s'échappaient de sa queue de cheval étaient collées à ses tempes par la sueur. Un tableau fort peu charmant, mais la demoiselle préférait se concentrer sur sa course plutôt que de focaliser son attention sur l'inquiétude qui la saisissait dès qu'elle songeait à son amie. Erin, habituellement souriante, joviale et toujours prête à se mettre dans le pétrin – et à y entraîner les autres – jusqu'au coup, parvenait avec difficulté à oublier la peur qui lui serrait le ventre depuis qu'elle savait que des mangemorts s'étaient tenus si près du château, depuis qu'elle savait que le monde sorcier était en danger. C'était si proche, si concret ! Pour la première fois depuis longtemps, la demoiselle aurait voulu se terrer chez elle – chez ses parents. D'y emmener tous ses amis et de ne plus poser le moindre petit orteil dehors.

Malheureusement, les choses n'étaient pas aussi simples que cela.

Erin, en se rendant compte que les pensées qu'elle voulait fuir l'avaient poursuivies jusque là, jusqu'au stade de Quiddtich qu'elle aimait tant, jusque dans sa course, avait pilé net. La demoiselle s'était courbée, avait posé les mains sur ses genoux et s'était concentrée sur sa respiration haletante. Elle avait attendu que les battements de son cœur se calment un petit peu, elle avait fermé les yeux et s'était allongée sur la terre battue qui faisait office de sol au terrain de Quidditch. De minces rayons de soleil perçaient à travers la couche nuageuse qui surplombait le château, courant avril, et Erin se surprit à sourire. Être juste là, allongée dans la terre sous un soleil pâle et frileux lui suffisait, dans l'immédiat. Être seule lui apportait une tranquillité qui manquait à Poudlard, depuis quelque peu … mais il n'allait pas non plus falloir que les choses ne deviennent trop tranquilles. Hors de question qu'Erin ne finisse pas s'ennuyer ferme en attendant la reprise des cours ! Elle souffla. Il ne lui fallait qu'une distraction, au final … Qu'une toute petite chose sur laquelle concentrer sur attention. Peut être qu'un élève aurait besoin de son aide pour quelque chose, n'importe quoi !

Oui, peut être … mais je doute que tu trouve cet élève en faisant la crêpe sur le sol du terrain de Quidditch, Erin !