NOM : Black, un nom qui en dit long sur tes origines. PRÉNOMS : Faye est ton premier prénom. Est-ce qu'il désigne quelque chose en particulier ? Est-ce ta mère ou ton père qui l'a choisi ? Tu n'en sais rien. Tu n'as jamais posé la question et il y a des choses qui t'importent plus. Cora est ton deuxième prénom, tu l'aimes bien, il est doux et tout simple, il te fait penser à un endroit calme et paisible, un endroit où personne ne pourrait plus rien te reprocher. Pourtant, sur lui non plus tu ne sais rien. Tes parents ne sont pas du genre à répondre à des questions qu'ils ne jugent pas pertinentes, alors à quoi ça t'avancerait de leur demander ? Tu es déjà assez rejetée comme ça. ÂGE : voilà dix-neuf ans que tu es née, voilà dix-neuf ans que ton avenir et tes choix ont été écrits, et dix-neuf ans que tout le monde a toujours tout choisi à ta place. Mais est-ce que ça en valait seulement la peine ? ANNÉE : tu nages actuellement en plein dans ta sixième année, plus qu'une année et demi et on te poussera dans le grand bain. ÉTAT CIVIL : tu te le demandes encore. À quoi pensait ta mère en te casant avec cet idiot de Webster ? Certes, il est de sang-pur, et plutôt bel homme par-dessus le marché, mais tu es loin, très loin de l'apprécier, et c'est un sentiment partagé. Mais malgré ce que les autres peuvent en dire ou en penser, malgré ce que toi et lui pouvez en dire ou penser, vous êtes bel et bien fiancés. PURETÉ DU SANG : toutes ces histoires de sang pur ou de sang souillé, tu t'en fiches complètement. Pourtant, la famille Black est une des grandes familles de sang-pur qui persistent, alors tu fais de ton mieux pour ne pas les décevoir encore une fois, et tu fais ce que l'on te demande de faire. MAISON SOUHAITÉE : tu aurais dû aller à Serpentard, c'est là qu'on t'avait envoyée à ta naissance, là où il était écrit que tu irais. Pourtant, tu as terminé à Gryffondor sans même avoir toutes les qualités des élèves de cette Maison. Si tu étais destinée à ne pas aller chez les verts-et-argent, au moins aurais-tu pu aller à Serdaigle ou même à Poufsouffle, le choc pour ta famille en aurait été moins violent. Mais non. C'est à en croire que le sort se moque de toi. ORIENTATION SEXUELLE : pour ça, tu n'as pas eu peur de faire trop d'écarts et tu restes à peu près dans les normes, c'est déjà pas mal pour quelqu'un qui n'a rien en commun avec sa famille si ce n'est le nom et la couleur des cheveux. Tu es donc une hétérosexuelle. PARTICULARITÉ : tu n'en as aucune et tu ne cherches pas à en avoir. Tes amis t'ont toujours dit que tu n'en avais pas besoin pour être quelqu'un d'unique. Et unique, tu l'es largement. Alors tant qu'à faire, autant l'être davantage en n'ayant rien en plus que ce que tu possèdes déjà.
   

✎ Votre personnage trouve par hasard dans un couloir les réponses du prochain devoir de potions, que fait-il ? Tricher, c'est mal. C'est ce que les gens avisés ne cessent de répéter, et toi, tu le penses aussi. Si tu trouvais ces fameuses réponses, tu serais sûrement tentée, mais qui ne le serait pas, d'une part ? Ensuite, s'il advenait que tu fraudes pour un simple devoir de Potions, tu n'aurais plus aucune estime de toi-même, et c'est sûrement cela qui te ferait reculer. Bien sûr, tricher une ou deux fois à un examen, ce n'est pas bien grave, tout le monde doit l'avoir fait au moins une fois dans sa vie et tu doutes fort être l'exception à la règle - quoique tu l'as toujours été, alors pourquoi pas ? Et puis, personne ne le saurait. Voilà ce que se serait dit quelqu'un qui n'est pas... toi. Mais toi, justement, tu n'arrives pas à penser comme ça. Tu ne le montres pas parce que tu te dois d'être forte et courageuse, autant pour la gloire de ta Maison que pour celle de ta famille, mais dans ton coeur, il y a ce petit côté brisé qui te fait souffrir quand tu y penses, cette minuscule blessure qui, d'après toi, te rend plus forte et que tu t'efforces de ne pas laisser cicatriser. Pourquoi es-tu si difficile à comprendre ? Pourquoi est-ce que la complexité semble être ta marque de fabrique ? C'est pourtant ça qui t'as rétrogradée, ça qui a fait que tes parents ont honte de toi, que les autres te dévisagent dans la rue et que tu n'arrives même pas à te faire respecter de tes propres frère et soeur. Pourtant, tu sais que si tu trichais à cet examen, ça voudrait dire que tu as touché le fond. Parce que si tu n'es pas capable de réussir un simple contrôle de Potions sans tricher, alors tu n'es plus capable de rien. Personne ne le saurait ? Si, toi. Et d'un certain côté, c'est ça le plus dur.
   ✎ Votre personnage tombe sur une première année malmenée par des septième année au détour d'un couloir, que fait-il ? Tu fais tout, absolument tout pour paraître "normale" aux yeux des autres. Normale dans ton cas s'apparentant à la froideur, la majesté et les sourires narquois qui caractérisent ta lignée. Pourtant, il y a des choses que ton inconscient refuse que tu changes, des choses qui, en plus de ne pas te laisser indifférente ou ne pas t'amuser - comme le seraient tes parents, Nika ou Caïn dans cette situation - ont le don de te mettre hors de toi. La maltraitance des plus jeunes par les plus vieux, le bizutage et tout ce qui y touche de près ou de loin en fait partie, et même si tu ne cherches jamais la bagarre, tu te serais sûrement jetée entre les bourreaux et leur victime, quitte à terminer à l'infirmerie juste après, à se faire des ennemis ou à salir un peu plus le nom des Black. Certains appelleront ça du courage, de la bonté ou de la bienveillance ; d'autres de la stupidité, de l'inconscience et un comportement indigne d'un sang-pur. Toi, ça te fait juste mal. Mal de voir qu'il y a des choses en toi que tu n'arrives pas à changer, mal de voir que tu ne pourras jamais atteindre les espérances de ta famille. Mal de voir que tu resteras sûrement toujours la déception de cette même famille.
   ✎ Le professeur de métamorphose a injustement punit votre personnage à la place d'un autre élève qui se moque de lui, comment réagit votre personnage ? Qui rira bien rira le dernier. Voilà ce que te crie ton for intérieur. Tu ne diras rien parce que tu ne veux pas être mal vue par les autres pour avoir cafté, alors sur le moment, tu te contenteras d'un regard noir et de promesses sombres et silencieuses. Mais tu n'oublies jamais, et un jour ou l'autre, d'une manière qui correspondra à ton humeur, l'élève en question le regrettera amèrement. La rancune est peut-être la seule caractéristique qui te rattache encore - du moins, c'est ce que tu penses -, à ta fratrie, alors tu la cultives avec beaucoup de soin et d'attention, cette rancune qui t'anime, même si elle a beau ne pas être une très grande qualité, tu es heureuse de pouvoir constater que tu n'es pas totalement reculée des autres membres de ta famille.
   ✎ Amour, richesse, célébrité ou sagesse : qu'est ce qui intéresse le plus votre personnage ? Cela fait longtemps que tu as cessé de t'accrocher à des rêves que tu sais vains. L'amour ? Tu en ries doucement quand les autres t'en parlent. Tu ne pourras jamais vivre avec quelqu'un que tu aimeras et qui t'aimera, alors pourquoi se torturer avec ça ? Ne pas y penser reste la meilleure chose à faire, alors tu t'en tiens à ça. Si tu dois partager le reste de ta vie avec l'autre Webster, autant ne pas trop se faire d'illusions sur "et si j'avais eu le choix". La richesse, tu l'as déjà, ta famille ne manque pas d'argent et même si tu n'es pas l'enfant bien-aimée de M. et Mme. Black, ils ne t'ont jamais privée d'argent, alors pour ça, tu ne t'en fais pas trop. Quant à la célébrité, ton nom fait de toi quelqu'un de connu, même si Nika et Caïn doivent avoir plus la cote que toi. Tu ne cherches pas vraiment à te faire connaître. Ceux qui savent qui tu es de par ton nom savent aussi que tu es l'héritière déchue de la famille, celle qui ne rentre pas dans la case qu'on lui a attribuée, le vilain petit canard. Et ce genre de réputation ne t'avantage pas particulièrement. La sagesse n'est pas forcément ton principal atout, mais si tu devais faire un choix, ce serait celui-là sans aucune hésitation. D'abord par élimination, et puis parce que tu es largement plus sage que ton petit-frère ou ta petite-soeur, ça non plus ça n'a jamais joué en ta faveur. Mais qu'importe, tu fais avec, puisque tu y es bien obligée.
   

PSEUDO : Maë. ÂGE : 15 ans. PRÉSENCE : 5j/7 minimum. AVATAR : Lily Collins. COMMENT AS-TU DÉCOUVERT LE FORUM : sur le TopSite Obsession. UN PETIT MOT POUR LA FIN : KEURKEURLOVE  

Tu es seule, il fait noir, il fait froid, et tu as peur. Tu serres ta peluche tout contre ton coeur, recroquevillée sur toi-même. Tu n'aimes pas ta chambre. Tu ne l'as jamais aimée. Trop calme, trop solennelle, pourvue d'une ambiance glaciale, tu l'as toujours trouvée beaucoup trop grande pour une petite fille de presque deux ans. Ta capacité à réfléchir vient à peine de s'enclencher que déjà tu te poses trop de questions. Et tu n'as jamais la réponse. Tu sais que tu devrais être heureuse d'avoir autant d'espace pour toi toute seule mais justement... tu es seule, tu le ressens. Et tu détestes ça. Tu as hâte que ta mère accouche, tu espères que ce sera une fille, comme ça vous pourrez jouer à la poupée ensemble. Peut-être même que si tu rassembles suffisamment de courage, tu essaieras de demander à Père de la faire dormir à côté de toi, une fois qu'elle n'aura plus besoin que Mère veille sur elle sans arrêts. Jusqu'à présent, ça a toujours été tes regards apeurés contre le regard terne et menaçant de ton géniteur. Tu ne comprends pas pourquoi il réagit aussi indifféremment en ta présence. Pourtant, ta génitrice a commencé à te parler des traditions des sang-purs, de leurs idéaux, des choses qu'ils prônent et celles qu'ils bannissent. Tu n'as pas tout très bien enregistré, mais comme pour une gamine de deux ans tu es plutôt débrouillarde, il te semble avoir compris que le premier né d'une famille de sang-pur est l'héritier de cette même famille, et que par conséquents, il a un rôle important et bien précis à jouer durant le reste de sa vie. Perpétrer la lignée Black, dans ton cas, et faire en sorte que les autres sorciers de la "Haute société" te regardent avec respect. Mais pour cela, faut-il déjà que ton père daigne t'accorder un semblant d'attention, ce qu'il ne semble pas décidé à faire. Pour la énième fois de la journée, tu revois son regard sévère se poser sur toi. Ses yeux sombres te regardent sans vraiment te voir, semblant te jauger comme on le ferait d'un produit de choix. « À ton avis, Blue : pourquoi est-ce que Père me déteste-t-il ? Tu crois que j'ai fait quelque chose de mal ? » chuchotes-tu à ta peluche de luxe, dont la chaleur et la proximité te réconfortent quelque peu. Tu es contente que Blue soit là, s'il n'avait pas existé, tu aurais été seule. Complètement seule. C'est ta mère qui te l'a offerte, cette petite peluche au pelage de soie turquoise, pour fêter ta toute première année dans ce monde. Ton paternel était contre, il avait prétexté en râlant que les grands sorciers ne dormaient pas avec des peluches la nuit, mais même si ta mère se pliait à ses exigences sans ciller, elle avait quand même réussi à le faire accepter de te laisser garder ce petit dauphin soyeux.

Certains enfants prononcent "papa" ou "maman" comme premier mot. Les parents sont touchés, ils pleurent, le disent à tout le monde et le font répéter encore et encore, inlassablement à leur petit bébé. Toi, Faye Cora Black, tu as prononcé "Blue", comme premier mot. Le nom de ta peluche bien-aimée. Il n'y a eu personne pour en parler, personne pour en faire des tonnes. Ta mère t'aime, c'est évident, mais son éducation plus que stricte fait qu'elle ne peut pas être aussi maternelle que ce qui aurait été nécessaire pour ton bonheur. Ton père ? C'est à peine si ses prunelles opaques prennent la peine de se poser sur toi lorsque tu fais trop de bruit, alors qu'il travaille et que toi, tu joues à la poupée. À ce moment-là de ta vie, tu es loin d'être une enfant à plaindre, tu vis dans une maison plus que confortable, avec des gens plus que respectables et tu as tout ce dont tu as besoin. Tu fais quelques caprices, de temps en temps. Toujours à ta mère, tu as très vite compris que remuer ciel et terre pour attirer l'attention de ton père ne sert plus à rien. Tu n'es pas quelqu'un de hautain ou de méchant, mais même ta mère semble avoir ses limites. Alors au lieu de t'en imposer, elle te cède tout, elle t'offre tout ce que tu désires pour ne plus t'entendre pleurnicher. Tu te plais à penser qu'elle fait cela parce qu'en bonne mère, la vue de sa fille malheureuse l'insupporte, mais au fond de toi, malgré tout l'amour qu'elle s'efforce de t'apporter, tu sais bien qu'elle te cède tout parce qu'elle veut la paix. Elle a beau t'être plus accessible que Père, elle n'en reste pas moins une jeune femme élevée chez les Black.

Tu as très vite cessé tes caprices après avoir compris que ça n'arriverait pas à attirer l'attention de ton père et que ta mère commençait à en être lassée. Elle a beau s'éloigner de plus en plus de toi au cours de sa grossesse, tu ne peux t'empêcher de reconnaître qu'elle a du coeur, même si ça ne te suffit plus. Elle s'est efforcée, pendant tout ce temps, de combler le manque d'amour qui se faisait ressentir du côté paternel, alors qu'elle-même n'en possédait qu'une toute petite dose, et sûrement pas assez pour partager avec deux enfants. Tu ne penses pas du tout à Nika, qui a vu le jour durant cette nuit froide et silencieuse - ou presque - où tu te posais tant de questions. L'arrivée de cette nouvelle tête n'a fait que confirmer tes craintes : la vie chez les Black est loin d'être agréable, ou tout du moins, elle l'est pour certaines personnes ; pas pour d'autres. Père n'a pas tardé à jeter son dévolu sur sa seconde fille, semblant totalement oublier la présence et les projets qui avaient été donnés à sa première. L'héritage ? Il n'est devenu qu'un doux souvenir au fur et à mesure que Nika grandissait et que les sourires satisfaits de Père s'enchaînaient. Cela t'a souvent surpris de voir cet homme si sévère et strict s'accrocher à quelque chose avec autant d'intensité. Si les regards entre lui et toi avaient toujours été relativement rares, avec l'arrivée de Nika dans la famille, ils furent carrément inexistants. C'est simple : le patriarche avait littéralement oublié ta propre existence, alors même que tu étais sa première fille et que tu représentais des espoirs particuliers pour l'avenir. Ton père a-t-il tout de suite vu que tu ne serais pas comme un membre de la très célèbre famille Black se doit d'être ? Est-ce pour cela qu'il a préféré nommer sa seconde fille plutôt que son aînée au rand d'héritière légitime ? Peut-être bien, sûrement même, mais ce qu'il ne sait pas, c'est qu'après cette annonce, tu as été brisée. Tu ne t'es plus sentie chez toi, ta soeur monopolisait toute l'attention de ton père, et ta seule consolation était le fait que ta mère soit bien obligée de te garder auprès d'elle, puisque Nika ne semblait plus lui appartenir.



Plus les années passent et plus Nika ressemble à ton père. Elle prend ses habitudes auprès de lui, adopte ses manières et sa façon de penser. C'est simple : la seconde fille de la famille Black devient petit à petit la chose du patriarche. Elle te fait penser à une étoile naissante : pas encore tout à fait lumineuse mais qui brillera de mille feux quand elle aura assez mûri. Mais les étoiles ne sont pas tes astres préférés. Elles te paraissent froides, distantes et inaccessibles, alors tu te mets à penser comme ta mère et le comportement de plus en plus affirmé de Nika commence à te faire peur. Tu te souviens de quelques petits bons moments passés en sa compagnie, quand elle était encore trop jeune pour s'être éloignée radicalement de toi. Tu te souviens de l'avoir rattrapée quand elle faisait un mauvais pas, du temps où elle apprenait à marcher, tu te rappelles aussi de la fois où tu l'as portée en la prenant par la taille pour l'aider à attraper un jouet posé sur une étagère trop haute pour elle. Mais le temps et l'éducation de Père ont lentement mais sûrement fait leur oeuvre et ta petite-soeur à qui tu aimais sourire et que tu aidais et protégeais comme le fait une grande-soeur devient trop indépendante pour que tu puisses de nouveau t'en approcher. Elle commence à refuser que tu l'aides à quoi que ce soit, autant pour les petites choses du quotidien que pour le reste, et son regard qui brillait autrefois de l'innocence de l'enfance s'emplit petit à petit de mépris et d'une supériorité que tu détestes voir. Nika s'éloigne de toi et malgré tous tes efforts, tu ne peux rien y faire.

Lorsque tu es âgée de trois ans et que Nika tient tout juste debout sur ses deux jambes, ta mère met au monde un dernier enfant. Un petit garçon, cette fois. Caïn Junior. Très vite, lui aussi remarque que son aînée d'un an n'est pas la plus accessible de ses deux soeurs alors la plus grande et le plus petit des Black commencent à se rapprocher, marquant ainsi distinctement la ligne rouge séparant les deux camps formés à l'intérieur même de la fratrie des bruns. D'un côté Caïn Senior et Nika et de l'autre Erel, Faye et Caïn Junior. Quand Nika n'est pas en train de s'entretenir avec Père ou qu'elle ne se repose pas, on laisse les trois enfants jouer ensemble. Mais celui qui ne remarque pas que le lien qui unit ces mêmes enfants est loin d'être "normal" pour des frère et soeurs est un idiot. L'ambiance est lourde et pesante. Tu voudrais poser des questions à Nika sur ce qu'elle et Père font dans le bureau de ce dernier, mais la seule fois où tu t'y es risquée, tu t'es bien vite fait remettre à ta place par ta propre petite-soeur. Elle t'avait répondu avec un ton tellement sec et un regard tellement perçant que ça t'avait fait froid dans le dos. C'est ce jour-là que, comme avec ton père, tu avais cessé de t'accrocher à ta soeur, te contentant donc de Caïn et de Mère. Malgré toi, tu remarques très vite que quelque chose cloche chez toi, que tu te mets toi-même à l'écart des quatre autres membres de la famille. Tu n'es pas comme eux, tu ne penses pas comme eux et tu n'agis pas comme eux. Il y a un truc de travers chez toi, un truc de cassé. Voilà comment tu te sens aux yeux de tous. Comme un jouet cassé qu'on n'aurait pas la capacité - ou l'envie, et c'est plus ça - de réparer. Même la différence de caractère entre toi, Caïn et ta mère s'affirme de jour en jour. Bien sûr, ça te fait peur, mais tu sais que tu ne peux rien y faire. Tu es née comme ça et tu le resteras toute ta vie. Tu ne te sens jamais concernée quand le sujet de la magie noire ou de la pureté du sang est employé le soir, à table - le seul moment de la journée où vous êtes tous ensemble. Tu essayes de l'être, pourtant, mais ton toi intérieur semble refuser que tu agisses contre tes idéaux, alors, sous les yeux de tous, tu creuses encore plus le fossé qui te sépare d'eux. Un fossé que tu ne pourras jamais reboucher, et qui fera de toi la déception de la famille Black, un titre qui fera couler tes larmes et baisser davantage ton honneur.

Tu as très vite remarqué que tu étais différente de tes parents et même de ton frère et de ta soeur. Tes géniteurs n'ont fait qu'affirmer ce sentiment d'abandon qui emplissait ton coeur. Nika a hérité de l'honneur de la famille et de l'attention de Père, même Caïn, que tu as longtemps pensé dans le même cas que toi, a hérité de quelque chose, quelque chose de petit mais qui a quand même su faire la différence : le prénom du patriarche. Et toi ? Tu es la première née, tu étais censée avoir tout. Mais non. Tu n'as rien. Tu n'es rien. Voilà ce que tu as toujours pensé. N'être rien de plus qu'une pièce en trop dans un jeu d'échec. Une pièce inutile, qui n'a rien à faire là. Une pièce d'un autre jeu, qu'on aurait malencontreusement mélangée. Tu as le sentiment de ne pas être de ce monde, de cet univers. Pire : tu aurais aimé ne pas y appartenir. Malheureusement tu y appartiens, et même si tu ne t'y sens pas à ta place, tu es obligée de t'y accommoder et de te plier aux attentes de tous. Tu t'efforces de faire bonne figure pour ne pas tomber plus bas encore mais au fond de toi, tu te sens terriblement décalée. Le besoin de protéger ceux qui te sont chers, même si tu n'es pas particulièrement proche d'eux, l'envie de sourire sans arrêts pour faire sourire les autres, tout ça, tu ne le tiens que de toi-même. Ces traits de ton caractère n'appartiennent à personne, pas même à ta mère. Toi aussi, tu te sens comme une étoile. Mais une étoile en plein jour. Savez-vous à quoi ressemble une étoile en plein jour ? Bien sûr que non, puisqu'elles sont invisibles.



« Ohé Faye, t'es avec nous ? » Clignant rageusement des paupières pour chasser les larmes qui menacent de couler le long de tes joues pâles, tu lèves les yeux vers tes interlocuteurs. « Oui oui, bien sûr, excusez-moi. Je... j'étais perdue dans mes pensées. » lâches-tu en regardant tes nouveaux amis d'un air absent. Tu n'en reviens toujours pas. Gryffondor, mon Dieu mais pourquoi le sort s'acharne-t-il sur toi de cette façon ? Qu'as-tu fait de si terrible pour mériter une telle humiliation ? Une Black chez les rouges-et-or ? Tu avais été à deux doigts de d'exploser de rire en disant que la blague était très drôle et que tout le monde avait très bien joué cette scène, pourtant, là tout de suite, tu avais juste envie de prendre tes clics et tes clacs et de partir loin, très loin d'ici. En parler à Caïn, ou même t'en parler toute seule, qu'importe, tant que tu ne restes pas à cette table. Tu es sûre qu'à l'heure qu'il est, tes parents et tous les gens importants liés à ta famille sont au courant que le premier enfant des Black a été réparti ailleurs qu'à Serpentard et, qui plus est, dans la Maison ennemie aux verts-et-argent ! Tu aurais peut-être préféré terminer chez les blaireaux, qui sait, ça serait peut-être mieux passé ? Tu t'efforces de ne pas y penser, de ne pas te dire que tu vas passer les sept prochaines années chez les Gryffondors, à ruminer tes différences en secret et à te demander pourquoi il a fallu que tu naisses Black. Tu tentes de prendre sur toi, de te dire qu'en fin de compte, ce n'est pas si grave, que tout le monde a toujours su que tu n'étais pas comme Nika ou comme les autres, que ça te ferait même plaisir que ton père porte de l'attention sur ton cas. Lui, c'est sûr, il doit être fou de rage contre toi, quoique tu ne l'as jamais vu en colère. Il garde son calme et son visage de marbre en toutes circonstances, et ce n'est pas la répartition de sa fille détestée dans une Maison différente que celle des serpents qui va le faire sourciller. Toujours est-il que désormais, il faut que tu te prennes en main.

Tu te souviens encore des mots du choixpeau magique que l'on avait posé sur ta tête, quelques minutes auparavant : « La première née des Black, n'est-ce pas ? Hum, tu n'es pas comme eux, c'est évident. Plus sensible, avec un caractère plus prononcé et une défiance que tu t'efforces de cacher. Malgré tes efforts pour paraître aussi parfaite que possible aux yeux de ton père, tu as conscience que tu ne vis que dans l'ombre de ta cadette et tu lui en veux pour ça, tu es jalouse. Tu n'as pas un caractère très fort, il est seulement indépendant. Tu veux protéger ta famille, tu en ressens le besoin. Ce sont de belles qualités, mais qui n'ont pas leur place chez les Serpentards. Tu te laisses faire trop facilement, tu n'oses pas donner ton avis ou participer à une conversation. La loyauté et la discrétion sont les principales caractéristiques des Poufsouffles, pourtant, tu ne serais pas à ta place chez eux. Tu es travailleuse et tu fais tout pour réussir. Mais tes motivations sont de briller aux yeux de ton père et d'ainsi parvenir à surpasser ta jeune soeur, même si tu ne te l'avoues pas à toi-même, je ne peux donc pas t'envoyer chez les Serdaigles. Il ne nous reste plus que... » Ton coeur battait la chamade, tu avais vu de très loin ce qui allait arriver, et toi qui avais hâte qu'il en finisse au plus vite avec tout son baratin, tu n'étais plus si pressée que ça d'être répartie. Pourtant, il semblait que le moment soit venu. « GRYFFONDOR ! » Il y a eu plus de regards choqués et un silence gêné dans toute la salle qu'autre chose, même si certains rouges-et-or qui avaient compris que la situation ne jouait pas en ta faveur tentaient de combler le silence en poussant des cris et en applaudissant de manière exagérée. Dépitée, toute tremblante d'humiliation et de déception, toi, la jeune Faye Cora Black, première du nom, tu t'étais dirigée vers ta table en traînant des pieds.

Du coin de l'oeil, tu remarques quelques vipères qui croisent ton regard troublé. Ils te montrent du doigt et parlent de toi entre eux. Tu baisses les yeux, plus humiliée que jamais. Pourtant, tu as beau être loin de ceux avec qui tu as grandi, seule au milieu de gens que tu ne connais pas - à part quelques enfants de bonne famille que tu as déjà rencontrés dans le passé -, tu te sens à ta place. Et ça te fait peur. Tu as l'impression de ne pas avoir le droit de te sentir bien autre part que chez toi ou chez les Serpentards. Pourtant, ce sentiment qui t'enveloppe et qui prend le dessus sur ta peine et ta peur est si bon, si agréable que tu te laisses te submerger. Tu souries à tes nouveaux camarades, tu ries à leurs blagues stupides, tu oses même parler sans qu'on t'y invite, et tu ne t'efforces plus d'éviter les regards insistants des autres sang-purs, à la table voisine. Au contraire, tu les regardes tous dans les yeux, un par un. Et ils finissent tous par baisser la tête, avant de chuchoter entre eux. Mais en ce moment, tu passes bien au-dessus de ce genre de chose. Parce que pour la première fois en quatorze ans, tu te sens vivante.



Deux ans plus tard, c'est Nika qui s'est fait affubler du choixpeau. Et c'est Nika qui, sous les applaudissements et les cris de la table voisine à la tienne, a été répartie, sans aucune surprise, chez les Serpentards. Tu as alors seize ans et elle n'en a que quatorze, pourtant, elle, on la respecte et on l'admire de loin. Et pas toi. Plus le temps a passé et plus la haine et le mépris qu'on lisait dans le regard de la petite poupée de porcelaine est devenu réciproque. Vous aviez toutes les deux grandi et mûri, et Nika était devenue insupportable. Elle prenait tout le monde de haut, et toi la première, elle te menaçait si tu faisais quelque chose de travers, mais avec elle, tu ne t'es jamais laissée faire. Il n'a pas été rare d'entendre des cris et même quelques bagarres dans la demeure familiale, même si vous vous arrangiez toujours pour que le patriarche ne soit pas dans les parages - Nika parce qu'elle ne voulait pas le décevoir et toi parce que tu ne voulais pas te faire réprimander -, vos disputes sont devenues de plus en plus fréquentes, jusqu'à faire partie entière de votre quotidien. Nika utilisait sans cesse les mots justes pour frapper, des paroles qui faisaient mal, très mal. Autant parce qu'elles étaient méchantes que parce qu'elles étaient vraies. Toi, en revanche, tu te contentais de lui balancer tout ce qui te passait par la tête, en arrivant même jusqu'à l'insulter parfois. Tu te souviens que Caïn vous regardait souvent faire, et qu'il ne prenait jamais parti. Après ta répartition à Gryffondor, lorsque tu es rentrée chez toi, aux premières vacances, ils te regardaient tous avec dégoût, comme si, déjà que tu ne valais pas grand-chose, tu ne valais désormais plus rien. Il a été le seul à t'apporter un semblant de réconfort, même si tu n'es pas stupide et que tu sais bien que tous ses arguments n'étaient pas totalement vrais. Pourtant, tu lui en est reconnaissante. Toute personne ordinaire vous dirait que la fraternité entre frère et soeur, c'est tout à fait normal. Mais dans cette famille, c'est chacun pour soi et c'est à celui qui va le plus loin, quitte à marcher sur les autres si besoin, alors quand quelqu'un vous tend la main, vous êtes plus que content. Pourtant, un jour que toi et Nika rentriez chez vous pour quelque temps, le comportement de Caïn Junior changea du tout au tout à ton égard et plus encore à celui de Nika. Il s'éloignait petit à petit de toi et tu ne savais plus quoi faire. Encore aujourd'hui, tu sais qu'il ne lui arrive rien de bon, pourtant, tu ne le comprends pas et tu ne sais pas tellement comment réagir. Se tourner vers Mère ? Elle-même devenait de plus en plus distante, et qui savait ce qu'elle faisait avec ses amants. Ce détail n'importait pas à Père, qui se fichait pas mal de ce que faisait sa femme tant que ses actes ne nuisaient pas à son image ou à celle de sa lignée. Tout part dans tous les sens dans cette famille, et il n'y a manifestement que toi pour t'en rendre compte.

Une année plus tard, lorsque tu entames ta quatrième à l'âge de dix-sept ans et que Nika, elle âgée de quinze ans, commence sa deuxième, c'est le dernier membre de la famille Black qui se retrouve à Poudlard. Sa répartition à Serpentard et le fait qu'il ait presque complètement tourné le dos à sa vie de bon petit-frère très proche de sa grande-soeur te peine beaucoup. Pourtant, tu ne comprends pas son comportement, et petit à petit, tu sais qu'il choisit un camp. Un camp qui n'est pas le tien. Un camp que tu ne juges pas bon. Serait-il devenu, lui aussi, la chose de Père ? Cette idée te fait peur, parce que désormais, tu ne sais plus comment aborder ton propre frère. Tu ne sais plus quelle est ta famille et si tu en fais encore partie. Et entre ce nouvel ordre maléfique qui semble avoir emporté ton père, ton désir toujours plus fort de te forger une place dans ce monde, les fiançailles avec le nouvel héritier Webster et ta propre Maison que tu te refuses à trahir, tu t'obstines à rester totalement neutre, obéissant bien sagement à ton père sans pour autant prendre officiellement parti. Tu veux voir comment cela va évoluer, mais tu es sûre d'une chose : toute cette histoire de Mangemorts va mal, très mal finir. Et tu ne veux pas y avoir une place.