Les journées semblaient longues en hiver. En effet, il faisait nuit avant que nous n'eûmes terminé notre journée, et ce jusqu'après que nous commencions la suivante. C'était ainsi. L'hiver se lisait sur les visages. Les traits des visages des sorciers étaient plus tirés, les cernes étaient davantage marquées, les sourires se faisaient plus rares, et surtout ils étaient plus tendus. Oui, la saison influait de manière évidente sur le moral des gens. Ce phénomène m'avait toujours intrigué, et de toute manière il ne m'épargnait pas. Le soleil matinal me rendait de bonne humeur, tandis que braver la pluie de bon matin pour me rendre dans la serre de Botanique m'insupportait au plus haut point.
Mon visage s'illumina, cet après-midi là, lorsque je vis les premiers flocons tomber du ciel. La neige avait toujours exercé sur moi une certaine fascination. J'étais très enfantin à certains égards, notamment celui-ci. Les paysages enneigés m'avaient toujours fait rêver. Ils représentaient la magie, et non pas celle que je pratique au quotidien ; mais la magie de l'hiver, de Noël, de l'enfance. J'adorais marcher sous la neige, si bien que je ne pus résister à la tentation. C'est ainsi que j'enfilai un épais pull de laine couleur bordeaux et substituai à mes baskets une paire de chaussures montantes de même couleur. J'enfilai également mon ample écharpe noire, dont la couleur rappelait celle de mon Jeans dont la coupe prenait la forme de mes fines jambes. Mes slims ne faisaient sans doute pas l'unanimité, mais j'aimais jouais de cette minceur dont j'étais fier.
Il était temps pour moi de descendre de la tour des Serdaigles pour me rendre à l'extérieur. Je ressentis un malin plaisir à pousser la grande porte d'entrée du château pour enfin pouvoir observer le spectacle qui s'offrait à moi. Il avait fait froid au cours de ces dernières heures, si bien que le sol était gelé, et la neige semblait tenir au sol, pour l'orner peu à peu d'une pellicule blanche. Le sourire aux lèvres, je m'avançai un peu dans le parc.
Je croisais quelques élèves, certains en groupe, qui pour la plupart riaient et jouaient avec la neige ; je n'étais visiblement pas le seul grand enfant du château. D'autres, jugeant sans nul doute la situation romantique, se promenaient main dans la main. Tout était visiblement prétexte à afficher son couple et son prétendu bonheur aux yeux de tous. J'étais fatigué de voir des couples, si bien que j'avais décidé de ne plus leur accorder d'attention. Enfin, certains, comme je l'avais fait, avaient opté pour une promenade solitaire. Je ne connaissais pas la plupart des personnes que je croisais, et n'étais pas spécialement dans l'optique de discuter, de toute manière. Il y avait ces moments où je n'avais nul besoin de communiquer, et où le silence me convenait parfaitement.
C'est alors qu'en avançant dans le parc, j'aperçus une jeune fille de dos un peu plus loin. Sa chevelure ondulée, sa frêle silhouette et son style rebelle m'étaient familiers. Cette adolescente, c'était Lumen. Une étudiante de Gryffondor que je connaissais de vue depuis des années, mais avec qui j'ai fait connaissance assez récemment, lors de l'une de mes promenades nocturnes. Nous nous sommes en effet rencontrés il y a de cela quelques mois, totalement par hasard, par une collision au détour d'un couloir sombre. Nous avons alors du courir ensemble pour fuir le concierge qui l'avait repérée. Suite à cette péripétie, nous avions un peu discuté. Lumen était quelque peu mystérieuse. Elle semblait différente de moi sur beaucoup de points, mais cela ne me dérangeait pas, bien au contraire. En sa présence, j'étais animé d'émotions plutôt positives, ce qui était assez étrange d'ailleurs, étant donné que nous ne nous étions réellement parlés que quelques fois.
Il est vrai que la plupart du temps, on se croisait au détour d'un couloir. On se contentait alors de se saluer, de s'adresser un bref sourire. Ces moments étaient frustrants, c'est vrai, mais je les appréciais néanmoins à leur juste valeur. Cet après-midi était peut-être l'occasion d'engager la conversation avec elle. Je n'avais pas pour habitude d'aller aborder les gens, même lorsque je les connaissais. Je n'étais pas quelqu'un de sociable, mais peut-être était-il temps pour moi de faire une exception. Je restai immobile un instant. L'hésitation fut brève. Je me dirigeai vers elle, d'un bon pas, afin de la rattraper. La jeune fille se dirigeait vers la forêt interdite, cela me fit sourire. Lumen me semblait être une vraie tête brulée, et j'appréciais ce côté rebelle même si, de mon côté, j'étais loin d'être un exemple de courage.
« 10 points de moins pour Gryffondor. Comme son nom l'indique, l'accès à cette forêt est interdit ! » lui dis-je en arrivant à son niveau, sur un ton faussement hautain. La visée de ma réplique était humoristique. Rien ne me donnait le droit de retirer des points, et même si j'en avais eu le pouvoir, je ne l'aurais pas exercé à l'encontre de Lumen, que je savais pourtant réfractaire au règlement de l'école. J'adressai un sourire à la jeune fille, comme pour lui confirmer qu'il s'agissait d'une plaisanterie.
« Tu vas bien, depuis le temps ? » ajoutais-je sur un ton plus amical. Je lui souris de nouveau. Cela faisait en effet un moment que nous avions discuté pour la dernière fois. Je venais donc aux nouvelles, même si au final, nous ne connaissions que très peu nos vies respectives en raison de nos personnalités relativement secrètes.
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Lumen Macmillan
CŒUR DE LIONNE
+ SORCIER DEPUIS LE : 23/08/2012 + PARCHEMINS : 5770
Après le repas, Lumen remonta à son dortoir. Elle avait son après midi de libre. En vérité, elle s'octroyait ces heures. Elle avait seulement un cours d'histoire de la magie d'une ou deux heures. Et à part dormir, elle ne voyait pas l'intérêt de cette matière. Les révoltes des gobelins, les combats de géants, tout ça l'intéressait peu. De plus, la pratique des sortilèges la passionnait davantage que leur création et tout le tralala. Voilà pourquoi, elle n'alla pas en cours ce jour-là. Elle tentait le diable certes, mais elle rattraperait sur quelqu'un d'autre qui suivait bien les tirades du professeur Grayson -elle retenait ce nom depuis peu seulement. En arrivant près de la fenêtre, un très joli spectacle s'offrait à elle. La neige tombait et malgré tout ce que l'hiver représentait, Lumen l'observa pendant de longues minutes. Son regard fixa alors la lisière de la foret interdite. En bonne gryffondor, elle ne respectait pas vraiment le règlement, malgré les dires de certains professeurs comme quoi elle était surement la plus sage de sa maison. Mais finalement, elle cachait juste très bien son jeu. Elle regarda ensuite sa tenue, se demandant bien si elle était appropriée pour marcher dans ces flocons blanc immaculés. Elle se mordit la lèvre inférieure, tentée par l'idée d'y aller directement, mais la peur d'avoir froid s'insinua en elle. Et aussitôt, elle enfila des baskets. Elle entoura ensuite le cou d'une écharpe et c'est plutôt ravie qu'elle partit en directement du parc. On disait de Lumen qu'elle évitait la bibliothèque le plus possible et qu'elle passait le plus clair de son temps à l'extérieur. Elle l'admettait elle-même sans honte.
Elle dévala les escaliers à une vitesse folle, souhaitant ne pas en être prisonnière comme l'autre fois pour aller en cours de je ne sais plus quoi. Elle ne se retrouvait pas vraiment seule dans les couloirs, certains avançaient pour rejoindre leur salle commune ou peut être même les toilettes, ou alors comme elle le parc. Mais elle ne mit pas longtemps pour se frayer un chemin jusqu'au rez de chaussé. Elle n'avait plus qu'une idée en tête, marcher auprès des nombreux arbres qui peuplaient le parc. Peut être croiserait-elle des centaures (dans ce cas, il faudra qu'elle se fasse très discrète) ou même des licornes pourquoi pas, ou ce qui pouvait s'assimiler à un mauvais présage les sombrals. Lumen les voyait, mais ne disait rien. Les voir signifiait qu'elle connaissait quelqu'un qui était mort. Et bizarrement la disparition de sa sœur, c'était un peu un secret dont on ne parlait pas, mais que tout le monde savait indirectement. Du moins, parmi les sang purs, ce n'était pas un mystère. On savait pertinemment que le couple Macmillan avait perdu la perte de leur fille adorée. En sortant, elle réalisa qu'il ne faisait pas aussi froid que cela. Le soleil était là, caché derrière les nuages, mais il ne faisait qu'acte de présence. La température n'était pourtant pas la plus basse et elle remercia Merlin pour ce temps tout à fait convenable. Sans plus attendre, elle se dirigea vers ces bois si obscurs de loin. Après tout, on y trouvait toute sorte de créature plus ou moins dangereuse.
Plus elle s'en approchait, plus son sourire s'agrandissait. Elle arrivait à son but, quand soudain une voix interrompit sa route. Elle sursauta. Dix points en moins pour gryffondor. Elle eut peur, même si elle eut du mal à l'avouer. Ces quelques mots voulaient dire tellement de choses. Une promenade avortée, mais aussi des points en moins pour sa maison. Même si dans le fond, elle savait qu'elle faisait perdre plus de point que qu'elle emportait. Pourtant cette voix... Elle la connaissait vaguement. Elle lui était familière. Elle lui rappelait quelqu'un, mais pas un préfet. Elle aurait tout de suite pris ses jambes à son cou si ça avait été vraiment un élève représentant la loi à Poudlard. C'est alors que son cerveau se connecta enfin, la surprise et la frayeur passées. Elle tourna donc la tête vers le garçon qui venait de lui adresser la parole. Shawn. Un serdaigle d'un an son aîné. Elle le connaissait, pas vraiment comme elle l'aurait souhaité, mais elle l'appréciait beaucoup dans la mesure qu'elle lui avait parlé vraiment que très récemment, suite à une escapade nocturne. Elle n'eut même pas le temps de lui parler qu'elle l'avait déjà entraîné dans une de ses frasques, ils furent poursuivis par le concierge. Quelle idiote aussi de s'être faite repérer par le concierge. Mais finalement tout s'était bien fini, avec une connaissance à la clef. Elle ignorait si elle pouvait le qualifier d'ami, mais en tout cas, c'était une amitié naissante. « Tu sais que tu serais presque convaincant ? » Demanda t-elle en lui souriant. C'était une blague de toute évidence. Et cette attitude la faisait sourire. Si le garçon en question n'avait pas été Shawn, elle l'aurait sans doute mal pris. Allez savoir pourquoi. Mais elle l'aimait bien. Alors oui, elle en rit de cette blague qui aurait été peu amusante dans d'autres circonstances. Instinctivement, elle posa sa main sur le bras du serdaigle et reprit la parole : « Par contre, ne me refais pas ce coup-là, j'ai vraiment eu peur. » Elle lui sourit de plus belle alors qu'il semblait vouloir engager une conversation. Ce qui ne lui déplut pas si bien qu'elle en oublia son plan d'origine. Parler avec quelqu'un, ça faisait toujours du bien.
Puis il lui demanda comment elle allait. Plutôt bien. Mais elle s'imaginait mal répondre seulement ces deux petits mots. Elle ressentait le besoin de lui communiquer davantage d'informations. Premièrement, elle pouvait zapper l'idée de lui raconter qu'elle allait en foret, de toute façon, il l'avait remarqué comme un grand. « Ça va bien oui, comme tu vois, je profitais de ce temps pour mettre le nez dehors. » Dit-elle simplement. Pas qu'il faisait extrêmement beau, mais la neige donnait une certaine beauté au paysage dénudé de feuilles et d'herbes. « J'aime bien le lac sous la neige, il est magnifique, tu ne trouves pas ? » Ajouta t-elle comme si c'était tout ce qui avait attiré son attention dans le coin. Toutefois, elle ne cachait pas pour autant le fait qu'elle s'était dirigé vers la foret interdite. Elle montrait tout de même plus d'entrain, de naïveté même que d'habitude en parlant de cet effet assez basique de l'hiver. « Et toi comment est-ce que tu vas ? » Elle ne savait pas tant de choses que ça de lui et étrangement, ça ne la dérangeait pas. Elle pensait qu'elle en apprendrait davantage sur lui avec le temps.
Je souris en voyant Lumen sursauter. J'avais, vraisemblablement, réussi mon coup. Et pourtant, il ne m'avait pas semblé avoir été convaincant. La jeune fille resta immobile un court instant, sans doute pour s'interroger sur mon identité, avant de se retourner, m'adressant l'un de ces jolis sourires lorsqu'elle me reconnut finalement. « Tu sais que tu serais presque convaincant ? » me répondit-elle, visiblement amusée par cette plaisanterie pourtant simpliste. Je lui souris à nouveau.
Je n'étais pas préfet, Lumen devait bien s'en douter. J'avais toujours été un bon élève, pourtant, mais je n'avais pas la personnalité pour endosser ce rôle. A vrai dire j'avais toujours cherché à fuir les responsabilités. Ces dernières m'effrayaient. Et puis, passer le plus clair de son temps à surveiller les moindres faits et gestes de mes camarades, non merci.
« Par contre, ne me refais pas ce coup-là, j'ai vraiment eu peur. » ajouta-t-elle alors avec son habituel sourire angélique. Elle n'était en rien menaçante, elle semblait juste quelque peu effrayée. Je la soupçonnais par ailleurs d'accentuer volontairement sa peur. « J'ignorais avoir un quelconque talent de comédien... », lui répondis-je en riant. Et c'était vrai. Si je parvenais aisément à mentir sur certaines choses car j'en avais toujours eu l'habitude ; j'avais, la plupart du temps, beaucoup plus de difficultés à être crédible dès lors que je m'éloignais de la vérité. « Promis, j'éviterai la prochaine fois. Je ne voudrais pas être porté responsable d'une crise cardiaque ! », lui dis-je finalement, toujours sur le ton de la plaisanterie, en accompagnant mes paroles d'un sourire amusé, un de plus.
J'avais ensuite veillé à poursuivre la conversation de manière plus sérieuse, imaginant que mes plaisanteries douteuses finiraient par lasser la jolie jeune fille de la maison Gryffondor. C'est ainsi que je lui avais demandé quelques nouvelles, ce à quoi elle ne tarda pas à me répondre « Ça va bien oui, comme tu vois, je profitais de ce temps pour mettre le nez dehors. » Je lui souris. De toute évidence, nous avons eu la même idée. L'émerveillement pour la neige semblait être l'un de nos points communs, ce qu'elle ne tarda pas à me confirmer. « J'aime bien le lac sous la neige, il est magnifique, tu ne trouves pas ? » Je lui souris à nouveau. Nos conversations avaient d'original cette part de naïveté qui les caractérisaient, et qui m'aurait sans nul doute agacé si je l'avais constaté chez les autres. Et pourtant, dans le cas présent, je ne m'en rendais même pas compte. En compagnie de la jolie brune, mes réactions étaient bien différentes de ce qu'elles pouvaient être habituellement. C'est alors que j'acquiesçai les dires de celle-ci par un signe de tête. « La neige rend tout tellement plus magique. Je vois que je ne suis pas le seul à être resté un grand enfant. », ajoutai-je enfin, en lui adressant un sourire complice.
Lumen ne tarda pas à me retourner la question. « Et toi comment est-ce que tu vas ? » Cette question, j'y répondais toujours par la positive, si bien que je lâchai un simple « Je vais bien ! » de manière presque instinctive, avant de cacher ma bouche derrière mon ample écharpe noire comme j'en avais l'habitude. Ainsi j'avais chaud, et puis je me sentais comme protégé du monde extérieur. Je souris à Lumen pour appuyer mes propos. Elle ne le perçut évidemment pas mais pût le deviner aisément à travers l'expression de mon regard. Seulement cette fois c'était vrai, mon moral était au beau fixe. Certes mes problèmes restaient présents mais à l'heure actuelle je les laissais de côté. Le temps hivernal, la beauté du paysage, cette rencontre inattendue avec Lumen ; tous les éléments étaient réunis pour égayer cette journée qui pourtant s'annonçait des plus banales.
Un silence s'installa quelques instants. Je me rendis alors compte que je m'étais peut-être montré expéditif. On me reprochait parfois de ne jamais parler de moi. Là était l'un de mes défauts, j'en avais conscience. Je savais qu'il pouvait me porter préjudice car je renvoyais, de ce fait, l'image d'une personne froide et indifférente, ce qui était pourtant loin de la réalité. De manière habituelle je vivais avec cette carapace, que cela plaise ou non. Après tout je ne devais rien à personne, alors je ne m'en préoccupais pas. Seulement l'avis de Lumen et l'image de moi que je lui donnais me préoccupaient, sans que je ne parvienne réellement à l'expliquer.
C'est en ayant cette réflexion que je songeai à poursuivre la conversation, comme pour prouver, aussi bien à Lumen qu'à moi-même, que je n'étais pas totalement sauvage et que je pouvais même me montrer sociable à mes heures. Je posai alors timidement mon regard sur celui de la jolie brune, avant de sortir la bouche de mon écharpe afin de prendre de nouveau la parole, mettant fin alors à cet instant de silence qui me mettait presque mal à l'aise. « C'est agréable de ne pas avoir cours le jeudi après-midi. » Je lui souris alors. Il ne s'agissait pas là d'une réflexion piégeuse. Je pensais simplement que tout comme moi, Lumen disposait de son après-midi pour vaquer à ses occupations. Remarque ô combien banale. Bien que je ne sois évidemment pas prêt à l'avouer, et que je fasse tout pour ne pas le laisser paraître, la présence de la jeune fille me troublait, si bien que j'en cherchais parfois mes mots.
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Dernière édition par A. Shawn Nicholson-Powell le Lun 10 Nov - 1:22, édité 1 fois
Lumen Macmillan
CŒUR DE LIONNE
+ SORCIER DEPUIS LE : 23/08/2012 + PARCHEMINS : 5770
Sa rencontre inattendue avec Shawn ne contrariait en rien ses plans. Même si au départ, elle souhaitait juste se promener dans cette forêt interdite, elle ne s'en vexait pas. Elle oubliait presque sa pensée de départ et accueillait la présence du serdaigle avec plaisir. Sa première véritable discussion avec lui était très récente, mais elle l'avait tout de suite apprécié. Comme quoi le hasard faisait parfois bien les choses et qu'il réunissait deux personnes qui s'entendaient bien au bon moment. Mais voilà, il l'avait vraiment effrayée en l'accostant. En effet, Lumen ne s'était pas attendu à rencontrer quelqu'un en cet après midi, ni même à être surprise dans une de ses promenades allant contre le règlement. Elle sourit quand il la contredit. Pas de talent de comédien ? Bah la preuve que si. Ou alors non, c'était la surprise qui lui avait fait un choc. « On a tous des talents insoupçonnés. » Dit-elle dans un haussement d'épaules avant d'ajouter plus sérieusement : « Puis, je m'y attendais pas. » Et ça comptait dans la balance. Elle avait entendu une fois quelque chose comme ça "la bouche pouvait mentir, pas le corps". Elle trouvait cette réflexion assez juste en fin de compte. Pour forcer un sourire ou un regard, un geste à dire autre chose que la réalité, il fallait de l'entrainement. Être comédien, ça ne s'apprenait pas en un claquement de doigt. Lumen était bien placée pour le savoir. Elle haussa un sourcil, puis dans un ton amusé, elle ajouta : « Tu m'en fais vraiment la promesse ? D'accord, je te fais confiance. » Comme si cela pouvait l'engager à quelque chose. Lumen n'était en rien menaçante et ne souhaitait en aucun cas qu'il ne vienne plus lui parler parce qu'elle avait montré beaucoup trop de zèle à dénoncer la blague dont elle avait été victime. Petite plaisanterie qu'elle trouva drôle d'ailleurs. Cela aurait été vraiment dommage et finalement Lumen en aurait été attristée.
Lumen ne se rendait pas compte de l'insouciance et de l’innocence dont elle faisait preuve en compagnie de Shawn. D'ailleurs, elle ne réalisait pas encore qu'il avait un quelconque impact sur son humeur. Et même si elle le voyait, elle ne comprendrait pas pourquoi. De plus, elle ne parvenait pas à saisir toute seule pourquoi elle se montrait parfois enfantine. Après tout, dans la plupart des cas, elle était tellement plus réaliste, plus mature, défaitiste et lasse que les autres filles de son âge, et pourtant il lui arrivait bel et bien de s'émerveiller devant la beauté de la neige et de rêver de la toucher. Et quand il lui fit la remarque, Lumen s'immobilisa, un sourire complètement figé sur le visage. Pas qu'elle était vexée, oh non, mais comme dit plus haut, elle ne se voyait pas comme une fille bien trop mure pour son âge qui pouvait avoir des réactions encore rêveuses. Car Lumen ne rêvassait que très rarement. Il lui fallut donc bien plusieurs secondes de méditation pour que tout se connecte dans son cerveau. Mais son sourire s'agrandit grandement. Elle inclina légèrement la tête sur le côté. « C'est la magie de la neige alors. » Finit-elle par répondre avant d'ajouter en fronçant les sourcils « Même si ce n'est pas vraiment une expression qu'on utilise, je trouve que ça sonne bien. » Et tellement mieux que la magie de noël. Puis noël à ses yeux n'était qu'une fête commerciale pour les marchants de jouets et de cartes, un peu comme la Saint Valentin ou Halloween. Elle ne comprenait pas vraiment l'intérêt de ses fêtes. Peut être simplement parce qu'elle n'était pas habituée à s'y amuser.
Lumen ne fit même pas attention quand il expédia la question de "comment tu vas". S'il allait bien, c'était tout ce qui l'importait après tout. Elle ne demandait pas vraiment à ce qu'il s'étende et s'il n'en avait pas envie, alors elle ne l'y forcerait pas. Habituée à délier les langues, elle se disait qu'avec un peu de patience, il finirait bien par lui donner plus d'informations à l'avenir. Après tout, ils ne se connaissaient que depuis peu, elle ne pouvait pas se permettre d'espérer qu'il lui raconte sa vie. Et elle ne pouvait pas juger quelqu'un qui désirait garder une sorte de jardin secret. Car elle était surement aussi mystérieuse que lui à ce sujet. Elle ne parlait que très rarement de son passé, de ses sentiments et tout ce qui touchait à sa famille. Les Macmillan étaient un sujet plus que sensible à ses yeux et elle ne supporterait pas de détruire une conversation à cause de ça. Mais quand il reprit la parole, elle revint durement à la réalité. Eh oui, c'était un jeudi après midi. Lumen s'interrogea. Devait-elle lui avouer qu'elle était en train de sécher un cours justement ou se contenterait-elle de simplement approuver ? A dire vrai, elle ne se voyait pas simplement faire un hochement de tête alors qu'il faisait l'effort d'engager une conversation amicale. « Tu as bien de la chance oui. » Admit-elle souriant malicieusement. Pourtant elle savait pertinemment que ne pas aller en cours ce n'était pas vraiment une très bonne décision. Mais elle accordait vraiment peu d'importance à l'histoire de la magie, si bien qu'elle lâcherait la matière l'année suivante, elle se le promettait chaque jour en allant dans ce cours si peu intéressant. Elle s'autorisa un froncement de sourcil, avant de choisir de faire de son erreur une plaisanterie. Bien sûr, elle n'imaginait pas Shawn lui dire que c'était mal, mais elle préférait en rire qu'en pleurer. Après tout si elle se mettait une tonne de travail en plus, c'était son problème à elle. Puis elle avait choisi délibérément de le faire. « Oui, c'est vrai que de sécher des heures de cours, ce n'est pas la meilleure idée que je puisse avoir. D'ailleurs, tu aurais bien raison de me le dire, mais bon... » Elle marqua une pause, se rendant bêtement compte qu'elle était réellement en train de justifier devant lui, alors que quelques semaines plus tôt, elle ne pouvait que le qualifier d'illustre inconnu. Elle ignorait totalement ce qui lui arrivait, mais ne se posa pas plus de questions que cela.
« Mais entre suivre un cours d'histoire de la magie et mettre les pieds dans la neige, il n'y a pas photo. » Elle appréciait l'idée de se promener et de regarder le lac sous la neige, ou même les arbres d'ailleurs. Dans le cours, elle aurait dormi, là au moins, elle avait les yeux ouverts et faisait quelque chose de productif. Enfin du moins le croyait-elle. Puis, elle n'accepterait pas qu'on la contredise. Elle n'aimait pas ça du tout, même si elle prenait les critiques toujours avec un certain amusement ou alors avec une indifférence totale. Tout dépendait de son humeur. Lunatique, peut être l'était-elle. Son humeur était changeante, une fois cynique, une autre blagueuse, l'autre incroyablement désespérée et ainsi de suite. Elle n'était jamais vraiment la même si bien qu'on la décrivait toujours imprévisible. « Sincèrement, je pense que je ne suivrais pas les cours après les BUSES. Je ne suis pas faite pour l'histoire de la magie. Je m'intéresse davantage aux sortilèges et au quidditch qu'à l'histoire. Puis, au final, ça n'a pas de grande importance pour ce que je souhaite faire après Poudlard. » Lumen était poursuiveuse dans l'équipe de gryffondor et l'histoire était un domaine à mille lieues du sport sorcier. Elle était aussi une duelliste hors pair, une élève brillante en sortilèges te même en métamorphose, mais une historienne... Ce n'était pas demain la veille que cela arriverait, ainsi qu'un possible talent pour s'occuper des plantes et des potions. Elle n'avait aucune passion pour ces trois domains. Et l'intérêt qu'elle portait au reste était déjà bien suffisant pour lui ouvrir quelques portes pour son avenir. Puis, elle avait encore jusqu'au bout de l'année pour y songer. L'avenir... Lumen y pensait rarement, mais à ce moment-précis, elle se demanda bien à quoi Shawn aspirait plus tard. Que souhaitait-il faire ou n'avait-il pas la moindre idée ? Ça lui semblait important à présent. Puis c'était une manière comme une autre d'en apprendre plus à son sujet. Et poser la question... serait-ce déplacé ? Lumen ne voyait pas vraiment pourquoi. Il s'agissait d'un sujet de conversation des plus communs, il fallait bien l'admettre, mais ça paraissait important. Puis Alisson lui avait parlé une fois qu'elle pourrait faire une bonne journaliste, car elle avait d'assez bonne idées à défendre et un petit côté engagé aussi qui demandait qu'à s'extérioriser. Elle n'avait jamais tenté d'écrire un article tout entier, mais vue que celle qu'elle considérait comme sa grande sœur lui proposait de le faire, alors elle s'y essayerait tout en ne promettant rien de très fabuleux. Elle reporta alors son attention sur le serdaigle et lui fit un nouveau sourire lumineux avant de lui poser cette petite question « Et toi ? Tu as une idée particulière de ce que tu souhaiterais faire après Poudlard ? J'imagine que tu as plusieurs possibilités, mais peut être as-tu une préférence ? » Parce qu'elle l'imaginait avoir un certain talent pour plusieurs matières. Bien plus qu'elle déjà. Car elle se passionnait finalement pour peu de choses et excellait dans des matières assez restreintes. Dans ses deux options, elle arrivait à maintenant un bon niveau seulement en soins de créatures magiques, pour ce qui était de l'étude des runes, elle s'en lassait au fil des cours.
Je n'étais définitivement pas convaincu de cette prétendue faculté que me concédait pourtant Lumen, à savoir d'être crédible lorsque je me faisais passer pour quelqu'un d'autre. Je préférais me persuader que le contexte avait joué en ma faveur. Mon manque de confiance en moi m'incitait sans cesse à trouver des prétextes à mes réussites, aussi infimes soient-elles. La jolie brune campait néanmoins sur ses positions. « On a tous des talents insoupçonnés. » me répondit-elle en haussant les épaules. Cela n'était d'ailleurs pas pour me déplaire. En quelques sortes, elle me complimentait. Je restais cependant conscient que la jeune fille avait prononcé cette phrase sur le ton de la plaisanterie. Je lui souris alors, amusé par la situation.
« Puis, je m'y attendais pas. » ajouta-t-elle, comme pour trouver un prétexte à sa surprise. « Ça je l'ai vu, oui ! » m'exclamai-je en lui adressant un sourire malicieux. Evidemment, je cherchais par cette intervention à taquiner Lumen, en aucun cas à me moquer d'elle. J'espérais d'ailleurs qu'elle l'avait compris.
Lorsque je lui promis de ne plus recommencer, là-encore davantage pour la chiner que pour réellement la rassurer, la jolie brune haussa un sourcil, avant de me demander « Tu m'en fais vraiment la promesse ? D'accord, je te fais confiance. » Cette plaisanterie m'avait certes amusé, je n'envisageais effectivement pas de la réitérer. Il fallait savoir se renouveler. Et puis, mon but n'avait pas été de réellement effrayer Lumen, j'avais surtout voulu la faire rire par mes bêtises, aussi stupides soient-elles. Pour toutes ces raisons je lui avais fait cette promesse, et j'allais la tenir. A mes yeux, ce genre d'engagement avait beaucoup d'importance, si bien que je m'efforçais de systématiquement les respecter. Et même si celle-ci n'avait rien de capital, je ne comptais pas la briser. « Tu peux. » lui répondis-je alors simplement. J'espérais, au fil du temps, gagner la confiance de Lumen.
Si j'accordais la mienne assez difficilement, je fonctionnais beaucoup à l'instinct, ce qui me jouait parfois des tours. J'avais toujours été ainsi, à suivre davantage mes émotions que tout ce qui était de l'ordre du rationnel. J'avais une image très positive de Lumen. Avais-je raison ? Il était trop tôt pour le dire. J'étais néanmoins certain d'une chose. Elle ne m'inspirait pas la méfiance que j'éprouvais généralement envers les inconnus, et même beaucoup de personnes que je connaissais déjà depuis un certain temps pourtant. Je ne me sentais ni jugé, ni dévisagé lorsque nous discutions. Au contraire, elle m'adressait ces regards malicieux que j'appréciais tout particulièrement.
La jeune fille sembla perdue dans ses pensées un court instant, lorsque nous abordions le sujet de la neige, et de cet émerveillement qu'elle suscitait chez nous, comme si nous étions restés de grands enfants. C'est lorsque je fis ce parallèle que Lumen parût troublée, un sourire figé sur les lèvres, sans que je ne comprenne vraiment pourquoi. Cela m'intrigua un instant, mais par politesse je me tus et fis comme si je n'avais rien remarqué. Nous avions tous le droit d'avoir notre petit jardin secret. Et cela était tout à fait légitime en ce qui concernait le contenu de nos pensées. Chacune de nos réflexions se rapportait à des faits vécus, à des émotions ressenties, à des souvenirs propres à chacun, et dont je ne pouvais espérer de si rapides confidences de la part de la mystérieuse jeune fille qui me faisait face.
Celle-ci sembla sortir finalement de ses pensées et me sourit de plus belle, pour me répondre « C'est la magie de la neige alors. », ce à quoi elle ajouta « Même si ce n'est pas vraiment une expression qu'on utilise, je trouve que ça sonne bien. » en fronçant les sourcils. Il est vrai que l'on attribuait généralement le terme de magie aux fêtes de Noël. J'ignorais si Lumen avait soigneusement contourné cette expression ou si elle en avait juste oublié les termes exacts. Je connaissais plusieurs personnes qui ne manifestaient aucun intérêt pour ces festivités de fin d'année, pour des raisons tout-à-fait légitimes, souvent familiales.
Pour ma part, je ne recensais pas que de bons souvenirs de Noël, surtout lors de mon adolescence. Et pourtant, je restais attaché à ces festivités. Pour tout ce qu'elle avaient représenté durant mon enfance. Pour les sourires qu'elles suscitaient généralement sur le visage des gens. Pour tous les tracas qu'elles permettent d'oublier, le temps d'une soirée, ou tout au plus de quelques semaines de préparatifs. Pour ces moments familiaux qu'elle permettait de partager, même si les miens n'avaient pas toujours été gais. Pour toute cette magie qui l'entourait et qui me permettait de rêver encore aujourd'hui, comme tout grand enfant digne de ce nom. Je souris à Lumen. Qu'importe que l'expression qu'elle venait d'employer ne soit pas celle qui soit communément utilisée. « Je trouve aussi. Et puis, le principal c'est qu'elle nous corresponde. » lui répondis-je sur un ton bienveillant, avec un sourire un peu timide.
C'est en cherchant à poursuivre la conversation après que nous ayons respectivement de nos nouvelles que j'avais fait part à Lumen de ma satisfaction quant au fait de ne pas avoir cours en cet après-midi neigeux. Sa réponse me fit comprendre que ma remarque n'était peut-être pas tellement adéquate à sa situation. « Tu as bien de la chance oui. », me répondit-elle en effet.
C'est après quelques instants de réflexion et en considérant le sourire malicieux qu'elle joignit à ses propos que j'en compris le sens. Je lui répondis alors par un sourire, un peu gêné de l'avoir, malgré moi, poussée à cette demie-confidence, qu'elle ne tarda pas à expliciter. « Oui, c'est vrai que de sécher des heures de cours, ce n'est pas la meilleure idée que je puisse avoir. D'ailleurs, tu aurais bien raison de me le dire, mais bon... » J'avais certes tendance à être moralisateur sur certains points, mais j'aurais trouvé malvenu de tenir de tels propos. J'avais beau être un élève plutôt assidu, Lumen opérait ses propres choix et je n'étais pas en posture de lui reprocher quoi que ce soit. Je ne faisais partie ni de sa famille, ni de ses proches amis.
Elle ne tarda pas à poursuivre en m'expliquant les raisons qui avaient motivé sa décision « Mais entre suivre un cours d'histoire de la magie et mettre les pieds dans la neige, il n'y a pas photo. » C'est avec un sourire compatissant que je lui répondis, cherchant surtout à la rassurer. « Je ne juge pas tes choix, le principal c'est que tu t'en sortes. » Je n'étais pas parfait, j'avais des avis sur beaucoup de choses et même sur les choix des autres, mais avec le temps je m'efforçais d'être ouvert, car j'aspirais à ce que les autres le soient avec moi. Surtout sur un sujet comme celui-ci, je n'avais aucun jugement à porter. Ce qui m'importait surtout c'était que Lumen réussisse sa scolarité et n'ait pas de problèmes suite à ses absences.
La jolie brune ajouta enfin « Sincèrement, je pense que je ne suivrai pas les cours après les BUSES. Je ne suis pas faite pour l'histoire de la magie. Je m'intéresse davantage aux sortilèges et au Quidditch qu'à l'histoire. Puis, au final, ça n'a pas de grande importance pour ce que je souhaite faire après Poudlard. » Je lui adressai un sourire compréhensif. J'avais moi-même des disciplines préférées, et d'autres qui me paraissaient être beaucoup plus pénibles. « C'est vrai qu'il y a des matières qui nous plaisent, d'autres qui nous semblent dépourvues d'intérêt... Courage, il faut t'accrocher ! A la fin de l'année tu en seras débarrassée. » D'après mes souvenirs, Lumen était en effet en cinquième année. Elle allait donc passer les BUSE dans quelques mois, à la suite desquels elle pourra faire un choix parmi les disciplines qu'elle souhaitera continuer à suivre. Il serait néanmoins dommage que Lumen soit sanctionnée à cause de ses absences, qui parfois font l'objet de retenues chez les élèves les moins assidus.
C'est alors que je réagis à ce qu'elle venait de dire. L'histoire ne l'intéressait pas pour ce qu'elle souhaitait faire après sa scolarité au château. Cette phrase suscita ma curiosité. « Donc tu as déjà une idée de ce que tu veux faire après Poudlard ? C'est super ! De quoi s'agit-il ? »
J'étais assez admiratif devant de telles certitudes alors qu'elle n'avait que dix-huit ans. J'étais, pour ma part, très indécis en ce qui concernait mon avenir, sur les plans personnel comme professionnel d'ailleurs. Et pourtant j'étais plus âgé qu'elle. Il fallait s'y attendre, la jeune fille ne tarda pas à me retourner la question, accompagnant ses paroles d'un regard lumineux, presque angélique. « Et toi ? Tu as une idée particulière de ce que tu souhaiterais faire après Poudlard ? J'imagine que tu as plusieurs possibilités, mais peut-être as-tu une préférence ? »
Je lui souris à mon tour. J'étais touché du compliment. Lumen avait vu juste. J'avais réussi la plupart des mes BUSE, ce qui m'avait permis de suivre un nombre important de cours cette année, me donnant ainsi plus de possibilités pour l'avenir. Etait-ce vraiment un atout ? Au final, j'avais parfois l'impression que cela me donnait surtout plus de raisons de douter, d'hésiter. J'avais toujours éprouvé des difficultés particulières lorsqu'il m'avait fallu faire des choix, surtout lorsque ceux-ci avaient une certaine importance. Celui-ci était donc un véritable casse-tête pour moi. Fort heureusement, j'avais encore du temps pour y réfléchir. Il me restait plus d'une année pour me poser toutes ces questions. Je savais néanmoins que le temps passait vite, et surtout lorsqu'il s'agissait de réfléchir à ce genre de choses.
J'avais toutefois quelques ébauches d'idées dont je parlais finalement peu, étant donné qu'il ne s'agissait en rien de certitudes et que j'en étais toujours au stade de la réflexion. Cependant, je pensais pouvoir les partager avec Lumen. C'est d'ailleurs dans cette optique que je lui répondis « Pour tout te dire je ne suis pas encore vraiment fixé... Il y a plusieurs domaines qui m'intéressent. Tout d'abord la psychologie, j'aimerais bien être psychomage... Je suis également intéressé par le droit et la justice. On verra ! » Je souris alors à Lumen, croisant timidement son joli regard.
Les deux branches que j'avais citées me semblaient être les plus cohérentes au regard de mes aspirations personnelles et professionnelles. Je cherchais avant tout un métier où je pourrais aider les autres, essayer de les comprendre, ce qui fait partie intégrante du métier de psychomage. En ce qui concernait le droit, cela m'intéressait également de connaître les libertés que nous avions tous pour pouvoir ensuite les défendre afin d'assurer une certaine égalité entre les individus. Je détestais l'injustice, si bien que je pensais pouvoir m'impliquer dans un métier lié au droit. Tout cela n'était néanmoins qu'au stade d'hypothèses, de réflexions. Je n'étais par ailleurs pas certain d'avoir les capacités pour exercer ces professions. Je comptais sur l'avenir pour répondre à mes questions.
by .soulmates
Lumen Macmillan
CŒUR DE LIONNE
+ SORCIER DEPUIS LE : 23/08/2012 + PARCHEMINS : 5770
Lumen ne doutait pas une seule seconde qu'elle pouvait avoir confiance en Shawn. Elle ne se méfiait pas vraiment de lui. Jusqu'ici, sa bonne étoile ne l'avait jamais trompée et si son instinct ne lui disait pas de se défier de lui, alors, elle ne voyait pas l'intérêt de se montrer soupçonneuse. Puis, il se présentait sous un bon jour. Alors, elle associait Shawn avec future amitié sans le moindre problème. La petite blague du serdaigle eut son effet, peut être pas celui escompté, mais au moins, elle avait le mérite d'avoir été convaincante. Elle le regarda fixement, cherchant quelque chose dans son regard sans vraiment savoir quoi. Elle se contenta de hocher lorsqu'il usa deux petits mots. Elle avait envie d'y croire, vraiment. Alors, elle lui concédait ce fait. Lumen se perdit dans ses pensées quand elle songea à son émerveillement. Dans un sens, elle se trouvait dans un tel état qu'à de rares occasions. Elle ne se renouvelait presque jamais. Elle se bornait à voir le monde sous ce réalisme parfois défaitiste et cynique. Car même si elle riait aux éclats, au fond de ses yeux, on ne voyait que le néant, le vide, le rien. Elle se fondait dans la masse, mais elle était dotée d'une certaine mélancolie qu'elle montrait que très rarement, peut être autant que cette insouciante ou naïveté dont le sixième année avait parlé. C'était surement pour ça qu'elle ne le voyait pas. Elle employa ensuite une expression peu commune, mais qui sonnai bien don esprit. Et le jeune homme ne semblait pas en désaccord avec elle à ce sujet-là. Elle appréciait qu'on l'approuve, car dans un sens, ça lui montrait qu'elle ne parlait pas inutilement. Elle disait parfois des choses qui n'auraient aucun impact et étaient totalement dépouillées de tout sens pour son interlocuteur. Une nouvelle fois, elle ne voyait pas à quoi ajouter, hormis un simple « Oui. » qu'elle prononça. Elle ne chercha pas non plus à reprendre la parole tout de suite. Le silence ne la gênait pas, au contraire, ça lui semblait productif parfois. Ça permettait d'imaginer une future discussion. Puis un mot banal pouvait déclencher toute une série d'affirmations, de questions ou de suggestions. Il ne fallait jamais se résoudre à l'idée d'une pause vaine et inutile. Elle avait appris avec le temps que ceci pouvait montrer une facette de la personnalité de quelqu'un, bien plus que quelques misérables mots échangés.
Dire qu'elle avait séché les cours ne fut pas une difficulté particulière pour elle. Dans un sens, cette révélation instaurait un climat de confiance, ou tout du moins, elle montrait qu'il ne la dérangeait pas grâce à cette confidence peut être ordinaire aux yeux de beaucoup, mais exceptionnelle quand on la connaissait à peine. Après son absentéisme en histoire de la magie n'échappait sans doute à aucun cinquième année. Alors peut être que ça se répandait comme rumeur. A dire vrai, elle ne pouvait pas répondre à cette question. Elle ne faisait pas attention aux potins qui couraient à Poudlard. Elle se justifia auprès de lui, en soit, ça n'avait rien d'étonnant, car on avait toujours peur du regard des autres sur certain sujets, à moins que ce soit plutôt le regard de certaines personnes. Car au final, Lumen disait sans problème à ses amis ou non qu'elle séchait quelques cours de temps en temps, sans se prendre le chou avec des explications superflues. Sans le souhaiter, elle articula quelques mots « Les personnes qui ne jugent pas se font rares. » C'était impulsif, peut être un peu bête. Cette affirmation donnait peut être l'effet d'une accusation. Et pourtant... Elle lui était reconnaissante. Car elle était habituée à ce qu'on la condamne, qu'on lui fasse la morale, ses parents n'étant pas connus pour leur tolérance ou leur ouverture d'esprit, les personnes comme Shawn la ravissaient. « Alors, ça fait toujours plaisir de rencontrer des gens qui ne sont pas comme ça. » Une fois de plus, elle le complimentait, sans s'en rendre compte. Elle était douée pour lancer des perches pour se faire battre. Mais cette fois-ci, c'était purement contrôle, puisque pour elle, il s'agissait simplement de la triste vérité. Être débarrassée de l'histoire de la magie ? C'était son grand rêve, son désir actuel le plus marquée, le seul qui lui était vraiment accessible pour le moment. Alors oui, elle se préoccupait davantage de ce qui se passerait dans quatre mois que dans dix ans. Déjà concevoir qu'elle serait joueuse de quidditch plus tard était déjà un véritable miracle, mais elle ignorait ce qu'il y aurait « après ». Entrerait-elle au département des jeux et sports magiques ? Deviendrait-elle journaliste sportive ou entraineuse ? Ou choisirait-elle une branche totalement différente ? Tout était possible, tout réalisable. Eh bien pourtant, elle ne pensait pas sur le long terme. « Oui, c'est vrai, bientôt fini, je deviens grande maintenant. » Puis elle rit. Elle ne se sentait pas grande, mature ou quoique ce soit d'autres, juste différente et paumée. « Par contre, pour ce qui est des examens, il faudra que je rassemble toute ma bonne volonté. Je n'ai jamais montré beaucoup de convictions pour ce qui est d'étudier l'histoire ou de réviser les potions. Heureusement que ma meilleure ami, Willow, est travailleuse et que nous sommes dans la même année. Sans elle, je n'aurais aucune motivation. » Elle marqua une pause se rendant compte qu'une fois de plus elle s'épanchait sur sa vie. « Heureusement de mon côté, je ne le suis pas totalement inutile. J'ai l'impression que je l'aide un peu à prendre confiance en elle. » Puis, elle se figea, rougissant légèrement avant de laisser échapper un nouveau rire. Bon sang qu'on la décapite sur place avant de passer pour une pipelette puissance dix. « Si je continue, je crois que je serais capable de raconter ses plus sombres secrets. Alors, je vais te laisser parler hein ? » Se tourner en ridicule, ça ne semblait plus être un problème pour elle. Elle assumait totalement ses penchants pour la causerie inutile ou ses tendances à la dérision. Car sa signature, c'était un peu son humour bien pourri qui faisait grincer des dents.
A travers ce qu'elle disait, Shawn devina sans peine qu'elle avait une idée assez précise de ce qu'elle désirait faire plus tard. Toutefois, elle préféra d'abord lui retourner la question, plutôt que d'y répondre tout de suite. Elle avait envie de connaitre ses projets à lui avant. Pourquoi ? telle était la question. Elle voulait assouvir une certaine pointe de curiosité. Elle passa une main dans ses cheveux, tout en affichant un sourire, le même que précédemment, un qu'on voyait peu, sincère, et angélique aussi. Car dans cet état, on donnerait le bon dieu sans confession à cette petite gryffondor. Il était indécis sur son avenir. Il se posait sans doute quelques questions, mais dans un sens, cela révélait en effet une partie de sa personnalité, comme elle l'avait pensé en l'interrogeant à ce sujet. Elle inclina légèrement la tête sur le côté, peu surprise de ces deux idées qui avaient un point commun : l'entraide, l'utilité. Certes, il ne pourrait sans doute pas lier les deux, mais ces deux emplois démontraient d'une certaine ambition doublée d'une générosité. En l'écoutant répondre à sa question, elle lui attrapa doucement le bras. Quand il eut fini, elle parut songeuse. Elle hocha la tête et garda le silence. Tout ça lui semblait prometteur. Elle scruta un flocon de neige qui vint s'écraser sur son bras et un sourire émerveillé se dessina sur son visage. Elle releva la tête et porta son attention sur le serdaigle. « Puis tu as encore le temps de choisir. » Elle marqua une pause. C'était vrai ça. Un an et plusieurs mois. C'était important à savoir. Elle fronça les sourcils. « Et si à la fin de ta scolarité tu n'as pas de choix, alors tu pourras tenter l'un et s'il ne te plait pas, tu pourras toujours embrasser l'autre branche. Et si encore cette fois, tu ne te sens pas à ta place, tu auras surement découvert quelque chose qui te passionnera. » Oui, dit comme ça, c'était si simple, mais ça pouvait tout à fait être une option. « Certains te diront sans doute que tu n'as pas le droit à l'erreur, parce que la vie est courte. » Elle roula des yeux, réalisant qu'elle parlait à présent comme une experte dans ce domaine. En soit, elle ne donnait que son opinion. Et chaque avis était bon à prendre. « Dans le fond, c'est vrai, on n'est pas éternels. Mais l'avantage de la jeunesse, c'est de pouvoir douter, hésiter, se tromper, réussir, s'égarer. Je pense sincèrement qu'on apprend plus de nos échecs que de nos réussites. » Puis elle vint se placer face à lui, histoire de ne pas se faire un torticolis à force de le regarder de côté. Elle lui offrit un nouveau sourire qui se voulait rassurant. Elle ne le jugeait pas. A dire vrai, elle ne se le permettrait pas. « Personnellement, je t'imagine bien en avocat ou en juge au magenmagot, même si psychomage t'irait aussi très bien. » Voilà, c'était dit. Elle ne l'aidait surement pas des masses, d'autant plus que sa réflexion n'était pas forcément appropriée. Peut être était-ce même inconvenant. Elle se le demandait maintenant. « Comme je le disais tout à l'heure, je m'intéresse beaucoup plus au quidditch. D'ailleurs je suis poursuiveuse pour ma maison. Et ça me semble être une option plus que crédible. J'ai toujours rêvé de jouer en professionnel. Alors, je me dis que je pourrais toujours tenter, qu'est-ce que j'y perds ? » Pas grand-chose. A défaut de s'en sortir en histoire, elle était une poursuiveuse talentueuse. Elle prenait très au sérieux le sport des sorciers et passait plus de temps sur son balai qu'à étudier.
« Mais je ne compte pas faire du quidditch toute ma vie. » Elle savait pertinemment qu'il y avait des retraites sportives, un peu comme les moldus. La plupart des joueurs de quidditch était jeune. « Je ne sais pas si tu connais la journaliste Alisson Whelan. En fait, je la connais depuis des années... genre depuis que j'ai 11 ans. Elle est un peu comme une sœur pour moi. Et elle me fait souvent lire ses articles, je lui donne parfois mon avis ou je l'aide un peu. » Oui, elle ne se rendait pas du tout compte de tout ce qu'elle racontait sur elle. Dans tous les cas, son amitié avec Alisson et sa passion pour le quidditch n'étaient un secret pour personne. Elle avait essayé de s'intéresser au futbal, le sport des moldus. A dire vrai, elle n'avait pas vu de véritable ressemblances. « En fait, j'avais dans l'idée de m'engager dans la politique après, enfin le journalisme politique. Je me vois mal au ministère, ça me ferait bizarre de passer ma journée dans un bureau. Mais, j'ai envie de donner mon avis. Je sais que par exemple les sang purs ont bien des vices et pas seulement la haine pour les moldus et nés moldus. Ils sont d'une cruauté sans pareille avec leurs elfes de maisons. Cet esclavage me révolte. Et quand j'étais petite, j'ai vu un homme en maltraiter un. Puis, il y a aussi tout ce qui a un rapport avec les enfants qui ne sont vus que comme des pions à placer et si l'un d'eux avait le malheur de poser des questions. Eh bin, la violence est de mise. » Elle se figea et se mordilla la lèvre inférieure. Elle allait faire fuir, c'était évident. Et elle ne pourrait s'en prendre qu'à elle-même. Elle rit légèrement nerveuse tout à coup. C'était le genre de choses qui lui arrivait rarement. Elle parlait excessivement. Elle haussa les épaules, puis ajouta dans une petite grimace : «Quand je te disais que j'étais un moulin à parole. » Ses pieds devinrent tout à coup particulièrement passionnants. Elle observa donc ses chaussures, légèrement enfoncées dans la neige. N'étant pas fana des silences gênés, elle releva la tête, mais fixa ensuite le terrain de quidditch. Elle eut une vague idée, rien d'exceptionnel, mais ça lui semblait pas mal. Comme à son habitude, elle changerait de sujet de bout en blanc, sans trop poser de questions. Elle faisait souvent ça quand elle ne savait plus quoi dire ou faire. Puis, elle n'aimait pas cette drôle d'impression de parler pour deux et de forcer en conséquence quelqu'un à lui répondre quelque chose. « Dis moi tu aimes le vol sur balai et/ou le quidditch ? » Demanda t-elle finalement, retrouvant ce sourire malicieux qu'on lui connaissait si bien.