T'avais complètement oublié qu'avec Lysander il fallait préserver une certaine distance physique. Tu te collais à lui comme si ça ne lui dérangeait pas. Il ne semblait pourtant pas t'en tenir rigueur avant que tu n'étouffe un rire dans son cou, pour éviter de vous faire pincer par tes éclats de rire. Tu sentis son corps se tendre sans pour autant comprendre pourquoi. Tu ne comprenais pas ce que tu avais fait de mal, toujours accrochée à son cou alors qu'il lève ses mains comme pour t'arrêter dans tes élans de tendresse que tu lui vole par votre ivresse. « Ok. Juste... Relax. » Dit-il sans que tu ne comprennes vraiment. Tu le regardes, ses mots passant au travers de toi comme s'il n'avait rien dit. Tu mords ta lèvre inférieure pour étouffer tes rires à venir. C'est difficile de te calmer, mais tu fais un effort. Attendant que tes fous rires soient morts avant de ne clamer ton état misérable te rendant invalide pour la mission. Lys rit et ça te rassure déjà, t'entraînant avec lui dans son rire qui que fait que grandir encore alors que tu lui demandes la distance qu'il vous reste à parcourir. Tu tentes de ne pas rire trop fort, de ne pas alerter tout le château, mais c'est peine perdu.« Diable mais quel est donc tout ce bruit ! » Quand la voix s'élève, c'est à ton tour de te raidir d'anxiété, te collant et t'aggripant à Lys comme s'il pouvait te protéger de la personne qui venait de se manifester. Tu ne cherches pas d'où viens la voix, tu cherches à te cacher derrière Lys. « Êtes-vous toujours aussi loquace mademoiselle ? Vos babillages m'empêchent de dormir. » Il s'adresse à toi, mais tu ne comprend toujours pas, tes yeux remontent vers le visage de Lys pour voir où il regarde. Pourtant, lorsque ton regard semble suivre le sien, tu ne trouves personne. C'est un fantôme ou merde ? Lys tourne son visage vers toi pour te murmurer doucement : « Hey. Tu vois que t'es pas inutile. T'as réveillé le vieux. » Le vieux ? Ton regard se relève de nouveau pour enfin remarquer le tableau. Tu te calmes soudainement, respirant déjà mieux, prête à continuer ta route s'en t'en soucier, mais le viel aigri en a long a dire sur vous deux. « De mon temps, on ne recueillait la virginité d'une jeune fille qu'après le mariage... » Tu fronces tes sourcils, mais de quoi il parle avec son mariage ? T'arrives difficilement à comprendre de quoi il parle tellement tes gestes envers Lysander avaient étés innocents comparativement à d'autres beaucoup plus sensuels que tu avait pu lui offrir avant. Tu regardais Lys, comme pour qu'il t'expliques, mais le tableau se chargea d'enfoncer le pieu. « Et bien sûr on ne pratiquait pas le dépucelage au milieu d'un couloir, au vu et su de tous. Quelle étrange coutume vous avez là... » Alors que tu captais soudainement les allusions sexuelles, tu ne pouvais t'empêcher de rigoler de nouveau. Bordel, c'était certainement pas Lysander que tu allais te taper dans les couloirs. « On cherche juste le bureau du concierge. » Avait rapidement répondu Lysander, peu à l'aise. Tu n'aimais pas qu'une tableau le rende aussi mal. « Oh, mais de mieux en mieux ! Monsieur, vous êtes un goujat. » Ton rire était mort, ton regard noir se figeant sur l'imbécile de tableau. Personne n'insultait ton Lysander, surtout qu'il n'était pas du tout un goujat. « Non, rien à voir. » Lysander est mal, grognant quelques insultes qui se meurent dans sa gorge. Il tente de se séparer de toi, mais tu restes accrochée. L'une de tes mains remonte jusqu'à sa joue sur laquelle elle se pose doucement, tandis qu'à ton tour tu lui murmures. « Laisses le faire ce viel orchidoclaste... » Tu souris à Lysander, tentant de le calmer avant qu'il ne décroche ce tableau et ne le brûle. Puis, c'est à ton tour de te faire insulté. « Mademoiselle, je ne donne pas cher de votre vertu. » Dit-il, te faisant serrer tes dents, ta main retombant de la joue du jeune homme, ton poing se serrant. Lys ne te laisses pourtant pas le temps de répondre quoi que ce soit. « On a simplement quelque chose à récupérer. » Le tableau ne nous laisses pas le temps de placer d'autres cartes sur la table. « Mais puisque je n'aspire qu'à dormir et vous voir partir... Tournez à droite au bout du couloir, et deuxième porte à gauche. Par Merlin qu'est-ce donc que cette époque. Pas même capable de demander la main de sa promise avant de lui compter fleurette. » Tu t'exaspères, prête à te remettre à insulter le tableau, mais Lysander t'en empêches. « Viens. » Il prend ta main et t'entraîne déjà avec lui, non sans que tes pas soient difficiles. « Quel vieux con. » Râle encore Lysander alors que vous êtes arrivés devant la porte du bureau. « Il a de la chance d'être encore en un morceau ! » Ajoutes-tu à ton tour avant que le jeune homme n'ouvre la porte d'un sortilège informulé.
Tu suis le gryffon à l'intérieur, refermant délicatement la porte derrière vous. C'est incroyable le bordel d'objets confisqués qu'il y a ici. Peut-être qu'avec un peu de chance, tu pourras retrouver quelques un de tes propres objets à toi. Le jeune homme se sépare de toi pour commencer à chercher une bouteille semblable à celle déjà bien entamée restée dans la salle de bain des préfets. Tes yeux glissent sur divers objets, ta main t'avançant vers un drôle de truc en verre. « On cherche juste une bouteille. Ne touche à rien d'autre. » Dit-il alors que ta main se relève après avoir simplement effleurer l'objet de verre que ton ivresse maladroite aurait bien pu briser.
« Pourquoi ? T'acceptes seulement le titre de voleur d'alcool ? » Le nargues-tu gentiment, tes yeux continuant de courir sur le reste des objets. C'est une mauvais idée de te dire quoi faire, ne te donnant envie de de faire le contraire. Lorsque t’aperçois un paquet de clopes, tu ne peux t'empêcher de le prendre dans tes mains. « On peut prendre des clopes aussi, non ? OH ! Et du chocolat ! » Dis-tu alors que tu aperçois la petite boite. Tu ne te demandes pas une seconde pourquoi ses chocolats se sont retrouvés ici. Peut-être que ce sont les friandises du concierge. Tu t'en fiche bien, le prenant avec toi, sans pour autant voir de bouteille. Lys sera mieux que toi pour la trouver, tu ne sais même plus trop quel marque de whisky vous buviez, même si t'as hâte de retrouver votre salle de bain pour continuer la dégustation.
Le regard s'accroche, ici et là, partout en vérité, cherche ce qui peut ressembler à un objet contondant sans pour autant trouver son butin. Alors le jeune homme commence les fouilles, soulève autant d'objets incongrus que de bibelots intéressants. Néanmoins si la tentation peut s'avérer grande par moments, l'intégrité de Lysander ne s'étiole pas : il se refuse à mettre main basse sur ce qui ne lui appartient pas (hormis la bouteille valant son précieux vinyle bien sûr). Et quelle ironie est-ce là que de le trouver bien honnête, quand quelques années plutôt Lysander ne pouvait se targuer d'être un garçon des plus recommandables : jouant les pickpockets aux abords des quartiers touristiques de Londres en compagnie de sa bande de loubards, s'improvisant voleur de rue ou à l'étalage. Le temps a passé et a entraîné dans son sillage des évolutions marquantes qui changèrent à jamais le cours de sa vie : l'amour d'un oncle suffit à Lysander pour qu'il ne gomme ses mauvaises attitudes et ne se rachète une conduite. Aussi, lorsqu'il entend Majkalena contester ses dires, le jeune homme paraît quelque peu irrité. « On peut prendre des clopes aussi, non ? OH ! Et du chocolat ! » « Mais putain repose ça, réfléchis deux minutes. » Le Gryffondor se retourne vers la jeune fille avant d'embrasser les lieux du regard, sa pupille ambrée accrochant enfin un paquet de cigarettes qu'elle détient dans la paume. « Plus des choses disparaissent, plus il va se rendre compte d'un truc. Et avec le vieux con qui fait office de tableau merdique dans le couloir, on est bons pour être chopés. Aide moi plutôt à chercher. » Lysander ne cille pas, pénètre le regard de la jeune fille sans jamais s'en détourner et pourtant, malgré cette assurance patentée, il se demande s'il a été suffisamment clair. Car hélas l'alcool ne l'aide guère à construire un laïus assez solide et net, ou du moins en a-t-il l'impression. Qu'importe finalement, car le quidam reprend sa recherche, toise avec curiosité la glace à ennemis posé sur le bureau (et il ne verra aucun danger se miroiter dans l'étrange objet, sans doute parce que sa marâtre de mère est décédée depuis quelques années déjà), et enfin ressort triomphant d'une armoire désordonnée une bouteille de whisky pur feu. Un soupir soulagé glisse alors sur sa lippe comme il fourre son butin dans son sac, avant de se retourner vers la Serpentarde : « Bon. C'était bien sympa, mais on m'attend. » Bref haussement de sourcils tirant les traits pâles de son front, et Lysander s'extirpe déjà du bureau sans même traîner la jeune fille dans son sillage. La semi ivresse le rend aussi spontané que rétif, puisque c'est sans un regard derrière lui qu'il quitte les lieux. L'instinct de survie peut-être (bien que Majkalena ait abandonné depuis de longues minutes déjà sa sensualité outrageuse), l'illogisme entraîné par l'alcool sans doute, le poussent à s'extirper d'ici et de s'engoncer dans les couloirs. Du moins jusqu'à ce que le jeune homme ne se stoppe net et ne fasse demi-tour.
« Viens. J'te raccompagne à ta salle commune. » Réapparu sur le seuil de la porte, Lysander observe cette jeune fille éméchée. Il se souvient de ses jambes tremblantes et de ses bras quémandeurs autour de sa nuque, sa façon de tituber entre deux rires puis d'apposer sur sa joue les doigts tendres du réconfort. Elle ne parviendra jamais à retrouver son chemin, ou du moins y parviendra-t-elle à force de persévérance. Alors sa culpabilité le travaille ; il ne peut concevoir de la laisser partir seule. Que risque-t-il après tout ? Un baiser volé, ou un dégueulis de whisky sur ses pompes pas si propres. Le jeune homme lui tend alors la main afin de l'entraîner dans son sillage ; qu'elle le suive sans s'offusquer, et qu'il ne la perde pas en cours de route.
C'est non sans peine qu'ils arrivent enfin aux abords de la salle commune. Les langues ne se sont pas beaucoup déliées, car sans doute abattus par une fatigue soudaine voilà que les deux jeunes gens ont préféré se taire ou parler peu. Leurs pas vacillants ont également nécessité toute leur concentration : converser ou réfléchir, le dilemme est cornélien et n'est pas aisé à composer lorsque les cerveaux s'enlisent dans l'ivresse. Viennent alors les moments des salutations, et si Lysander ne sait que dire, s'épanche quand même dans quelques mots sincères soufflés avec amusement : « J'penserai à toi quand j'écouterai les Rolling Stones. » qu'il dégoise alors, pas peu fier de finalement récupérer son butin initial. Les yeux encore brillants d'une hilarité éteinte mais qui fut bien présente.
Lysander était pas très marrant lorsqu'il s'agissait de voler des trucs. Comme s'il allait sincèrement remarqué les trois objets manquants dans tout ce bordel. Il ne tenait tout de même pas un inventaire des trucs confisqués. Ils en faisaient quoi de toutes façons ? Ils les revendaient ? Ou encore ils en profitaient. Ce vieil alcoolique de concierge. « Mais putain repose ça, réfléchis deux minutes. » Te grondes-t-il alors que tu prend ta moue de petite fille déçue de se faire dire non avec ses grands yeux brillants, mais Lysander ne te regarde pas vraiment, son regard glissant sur la pièce, puis sur ta main. T'aurais pu glisser le paquet de clopes dans ta poche qu'il ne l'aurait même pas remarqué. « Plus des choses disparaissent, plus il va se rendre compte d'un truc. Et avec le vieux con qui fait office de tableau merdique dans le couloir, on est bons pour être chopés. Aide moi plutôt à chercher. » Là dessus, il n'avait pas tord, mais c'était pas la fin du monde trois babioles, t'étais certaine que personne ne capterait. T'abandonnes le paquet de cloppe en faisant ta mine boudeuse, cherchant sans grand effort dans le tas d'objet. Pendant un seconde, tu te dit qu'un accio serait bien plus facile. Lysander est pourtant plus rapide. Brandissant une bouteille de whisky pur feu. Maintenant la fête peut continuer... Ou pas. Il met la bouteille sans son sac, puis se tourne vers toi. « Bon. C'était bien sympa, mais on m'attend. » Ton visage se déconstruit littéralement devant la fin de votre aventure. Putain, mais il vous reste du whisky plus haut et un bain, plus très chaud, mais quand même. Il te brise durement le coeur alors qu'il part. Ton regard triste glisse sur le paquet de clopes et de chocolats que t'es bien décidés à t'approprier en compensation. Pourtant, à peine tes doigts ont-ils glissés sur les clopes qu'il réapparaît. Tu caches ta main dans ton dos, vide, l'air de rien. « Viens. J'te raccompagne à ta salle commune. » Ton visage s'éclaire d'une lumière nouvelle. Tu vacilles jusqu'à lui sans sans te faire prier, t'accrochant à sa main chaude comme à une bouée en pleine mer. Tu glisses tes doigts dans les tiens, décidé à ne jamais t'en libérer. Jamais jusqu'à la salle commune, du moins.
Il y eut quelques défaillances dans votre parcours, surtout dans les nombreux escaliers, mais c'est en un seul morceau que vous arriviez à la porte de ta salle commune. Heureuse également de ne pas être tombé sur des préfets. Il était donc déjà le temps de vous quittés ? Cette soirée t'avais parue si agréable que tu aurais voulu qu'elle dure toute la nuit. Il te soufflait ses adieux avec amusement, mais peut-être que ce n'était pas tout à fait terminé, en fait ? « J'penserai à toi quand j'écouterai les Rolling Stones. » Tu lui renvoie un grand sourire, tes yeux se perdant dans les siens pendant un moment avant que tu ne décide de faire ta capricieuse. « Et moi, j'ai rien au final ? Et pourtant je t'ai aidé, c'est vraiment pas juste. » Grognes-tu, faussement mécontente de toute cette situation. Enfin, quelque part, oui, c'est injuste quand même. Ton air boudeur se transforme pourtant en un sourire avant que tu ne fasse l'irréparable. Sans lui laisser la moindre chance de se dérober, tu t'empares de ses lèvres, tes mains glissant dans ses cheveux bruns pour s'y nicher. Tu colles doucement ton corps contre le sien, ta bouche s'entrouvrant pour aller caresser sa langue avec la tienne. Tu l'embrasses jusqu'à ce qu'il te repousses ou que vous n'ayez plus de souffle. C'est à lui de décider alors que ton estomac se noue sous le contact du jeune homme.
« Et moi, j'ai rien au final ? Et pourtant je t'ai aidé, c'est vraiment pas juste. » La moue boudeuse de la jeune fille n'accroche que les traits quelque peu étonnés du garçon. Car son esprit mélomane ne peut que réfuter les dires de Majkalena : à son sens, la savoir liée à de tels maîtres de la musique n'engendre qu'une consécration sans précédents. Le summum, c'est d'associer son image à She's a rainbow ou autre Paint it Black, poser sur ses traits quelques notes de musique, une harmonie et des mots chantants. Ainsi lève-t-il les épaules, aussi dubitatif qu'amusé, lorsque commençant son laïus il ne peut prévoir la spontanéité de la vipère qui avortera son discours. « T'abuses quand même. Si j'pense à toi en écoutant les Rolling Stones, c'est déjà... » Les lèvres se scellent et éteignent la clameur passionnée du jeune homme. Il retient d'abord son souffle, surpris, sent contre son buste la pression d'un cœur sous ecstasy. Car le palpitant s'agite et tambourine vainement, en proie à une peur qui ne saurait être tolérée ; est-ce du dégoût envers lui-même que Lysander éprouve à l'instant ? Ce toucher pourtant chaud et délicieux se perd dans les méandres de ses démons voraces, prend la forme d'un cauchemar en demi-teinte étreignant sa culpabilité. Et ces visions d'une mère abusive et pressante le tourmentent et l'obsèdent, quoiqu'elles s'étiolent sous le feu de l'ivresse. Le whisky brouille son cerveau et endort sa lucidité au profit de l'éveil de ses sens ; Lysander finit par se détendre, rasséréné par ce baiser au goût fruité. C'est nouveau et délicat (malgré les haleines capiteuses embaumées de whisky), ravive les désirs endormis qu'un adolescent peut couver mais qu'il ignora trop longtemps. Et ce myocarde perplexe enfin s'agite non plus de stupeur mais d'appétence ; c'est cette faim de tendresse, d'émotions fortes et de découverte du corps de l'autre qui l'habitent à mesure qu'elle s'approche. Le brun ténébreux garde pourtant ses bras le long de ses flancs, ose à peine l'effleurer et se contente d'apprécier l'expérience. Entre plaisir sain et plaisir coupable, c'est avec peine qu'il parvient à dissocier les deux. Les langues pourtant se découvrent et s'effleurent doucement, sous couvert d'une embrassade qui se passera sous le joug de la langueur.
Quid de Calixte, par ailleurs, qui s'avère être l'ancien petit ami de la vipère ? C'est cette pensée impromptue qui rallume en son cerveau les lumières de la lucidité et le poussent à mettre un terme au baiser : Lysander enfin réagit et repousse doucement la prétendante. Ses grands yeux satinés reflètent une satisfaction qu'il partage mais garde tout contre lui, se sentant à la fois coupable et gêné. « C'était... » Mal, délicieux, surprenant ? « Intéressant. » Diable qu'il se sent con soudain, à déjouer ses sentiments par quelques palabres maladroites. Mais le jeune homme, usant pourtant d'assurance au quotidien, s'ébranle sous ce rapprochement qu'il ne saurait décrire. Majkalena n'est ni une demoiselle farouche ni même ne se targue d'être tendre ou romantique. Lui, a besoin de temps et de confiance afin de nourrir une relation sur le long terme. Leurs attentes sont différentes, n'en déplaisent aux hormones qui les assaillent. Il en déduit par ailleurs que la jeune fille n'est qu'une prédatrice, soumise aux plaisirs infâmes du sexe et du baiser quand lui refrène ses ardeurs et les ensevelit sous les cendres de la honte. Il n'y a rien pourtant, qu'il ne parvienne à renchérir tandis qu'il la toise sans mot dire : lui parler de sa gêne ou du plaisir qu'il put partager avec elle ? Ah diable non, elle le prendrait pour un fou ou pire, viendrait fouiller dans ce passé qu'il s'évertua à verrouiller trop longtemps. Alors évoquer ses appréhensions quant aux véritables attentes de la jeune fille ? Certes non, car l'alcool trop présent enraie son cerveau et décrasse son inconscience. « Je dois y aller. » Enfin quelques mots perlent à sa lippe, un peu secs mais salvateurs, car Lysander ne sait comment s'en sortir autrement.
Ainsi tourne-t-il les talons et laisse-t-il Majkalena devant le nid des vipères. Ses pieds martèlent les marches avec véhémence tandis qu'il accroche de ses pupilles fielleuses les pierres glacées des couloirs. Le jeune homme, à cet instant précis, s'exècre et s'en veut. De ne pas se laisser aller à la normalité et d'ériger ce mur de ronces autour de lui. C'est pourtant avec un sourire feint qu'il gagnera sa salle commune, dans laquelle quelques amis l'attendront et clameront avec amusement : « Alors ? Dix minutes, hein ? », tout en sous-entendant une aventure entre deux portes avec une jolie demoiselle des environs. Ce rouge à lèvre bavant sur sa lippe le trahira volontiers, et Lysander viendra affirmer ces propos sans entrer dans les détails, jouant avec les mots. Feindre sa normalité, plutôt que de la vivre. Eternelle condamnation.