« Qui se lie d'amitié avec un porteur d'eau, se doit de le fréquenter été comme hiver. » .feat Nika Black.
La rentrée des classes était toujours quelque chose d'agréable, comme enchanteur. Comme la promesse d'une nouvelle année sous les meilleurs auspices possibles. Protégé d'Allah, que ses parents avaient prié avant de le laisser partir dans ce magnifique train rouge et noir, Abu avait retrouvé avec quiétude ces mêmes têtes qu'il fréquentait depuis maintenant cinq ans. Il avait retrouvé son dortoir, son lit, sa salle commune, et rapidement, toutes ses petites habitudes qu'il avait prise au cours de ses quatre dernières années, dans le château. Le passage secret sous la sorcière borne pour aller en douce à Honeydekus chaparder des confiseries et des bonbons dans leur réserve, les toilettes où Mimi Geignarde était afin de la faire ENCORE une fois péter un câble jusqu'à ce qu'elle ne disparaisse dans les conduits d'évacuation des toilettes, sa grande salle et la bonne odeur des œufs et du bacon (qu'il ne mangeait pas, mais l'odeur avait toujours été très agréable à sentir pour le jeune musulman), ... Bref, la vie à Poudlard comme tout le monde l'appréciait, même si certains jours, on souhaitait tous plus ou moins de ne jamais y avoir mis les pieds.
Mais il y avait quelque chose en particulier qu'il aimait encore plus que tout ces petits moments, c'était la bibliothèque. Et s'il y avait bien quelque chose qui pouvait lui afficher un sourire aussi large lorsqu'il était la bibliothèque, c'était bien l'astronomie. Assis au milieu de nul part, dans une des ailes les moins fréquentés de la bibliothèque traitant sur les divers étoiles, planètes, systèmes solaires et galaxies, Abu Bakr se tenait tel un maître entre tout un tas de grimoires, de compas, et d'autres appareils de géométries. Un long parchemin était étalé devant lui où l'on apercevait déjà des esquisses d'une planète sur le côté droit, dessinés visiblement à la plume et l'encre avec une main d'expert.
L'astronomie était une passion qu'il nourrissait depuis tout petit. Son père lui montrait et lui expliquait les phases de la Lune, astre fondamental dans sa religion. Il lui expliquait ses effets sur les plantes, sur les gens, sur les créatures dont il ne connaissait qu'au travers divers histoires que ses parents lui contaient les soirs d'Halloween - Une fête qu'ils avaient rapidement adopté tant elle était festive chez les anglais sorciers. La puissance et l'intensité que dégageaient un ciel noir éclairés de mille feux par une ribambelle d'étoiles lui intimaient la sérénité, l'empêchant de penser à tout autre chose. C'était quelque chose qu'il ne savait expliquer.
Beaucoup de ses collègues ne comprenaient pas cette passion. Seul son professeur d'Astronomie semblait partager son engouement. Il y avait cette même lumière dans ses yeux que celle que l'on retrouvait plafonnée sur la voûte céleste nocturne.
Il était là depuis bien deux heures déjà. Le temps filait à toute vitesse, et bien que la rentrée soit encore trop récente, il n'avait pas hésité une seule seconde à venir s'isoler directement après que le professeur d'astronomie est présenté son programme. Il n'avait donc pas vu arriver celle qui lui tapait sur le système depuis près de deux ans maintenant. Nika Black.
Elle était tout ce qu'il détestait au plus profond de son être, du plus profond de son âme. Petite princesse à la cuillère d'argent dans la bouche, tout lui était due. Elle claquait des doigts et tout le monde se prosternaient devant elle. Mais lui, il n'avait pas vu tout de suite ce caractère bien trempé qu'elle avait, ni écouté toutes ses rumeurs d'une réputation de garce qu'elle semblait fière de s'être bâtie. Non. Tel un serpent, elle avait su l'amener là où elle avait voulu. Elle avait eut besoin de lui, lui avait fait miroiter une potentielle amitié en se montrant sous son plus beau jour, avec un sourire plein de chaleur. Elle avait débarqué dans sa vie comme un rayon de soleil dans cette bibliothèque poussiéreuse, alors qu'il étudiait pour les examens de fin d'année. Il ne s'était pas méfié, et s'était même plié en quatre pour elle, pour qu'au final, elle l'ignore par la suite, comme si rien de tout ce qu'ils avaient vécu dans cette bibliothèque au cours de la rédaction de ce devoir - qu'il avait quasiment fait seul - ne s'était passé.
Alors lorsqu'il leva la tête et qu'il vit sa bouille se dessinait dans la pénombre de la bibliothèque, la sérénité qu'Abu arborait jusqu'alors, s'évapora instantanément. Son regard se fit assassin et son visage se referma aussitôt. Il n'avait qu'une envie, c'était de plier bagage, et d'aller étudier dans sa salle commune. Mais il n'allait pas abdiqué aussi vite, et surtout pas céder le pas devant cette fille qui n'avait de fille que l'apparence. D'un mouvement sec, il posa sa plume sur le bureau, et il croisa ses mains à hauteur de son visage, coudes sur la table, pour lui cracher : « Qu'est-ce que tu me veux ? »
On aurait pu faire difficilement plus sec et plus dur que ce qui venait de sortir de ses lèvres. Abu était loin d'être le jeune homme sociable et tranquille qu'il semblait être habituellement. Prêt à bondir, il n'attendait qu'une chose : Qu'elle ne se manque à nouveau avec lui. Sa baguette était à portée de main.
La rentrée des classes avait été brutale pour la poupée de porcelaine. A peine avait-elle été extirpée des problèmes familiaux que traversaient les Black, qu'elle avait du se replonger corps et âme dans ses devoirs afin de continuer à avoir des notes valsant avec l'excellence. La belle à la chevelure d'ébène était une élève sérieuse, studieuse et qui n'avait pas peur de la charge de travail qui pouvait s'imposer à elle. Voulant rendre fière Caïn, elle avait toujours travailler dur pour tenter de lui ramener les meilleures notes qu'elle pouvait, meilleures que celles obtenues par sa sœur aînée et son frère cadet. Désir inutile puisque le patriarche ne voyait que par elle. Pourtant, malgré sa bonne volonté, il y avait certaines matières où, elle avait beau tenter de comprendre quelque chose ou de les travailler, rien n'y faisait. En premier plan se trouvait la divination et l'astronomie. En parlant de cette dernière, elle venait d'écoper un sujet ardu qui lu prendrait sûrement tout le week-end pour, finalement, ne pondre quelque chose que de légèrement au-dessus du médiocre. Une moue boudeuse placée sur son visage, elle quitta la salle commune des serpentards pour prendre le pas en direction de la bibliothèque. Ce n'était pas forcément un endroit qu'elle affectionnait particulièrement malgré le temps considérable qu'elle y passait. Elle était toujours emplie de serdaigles névrosés qui n'avaient rien d'autre pour combler leur vie que de se lancer le défi de lire l'intégralité des ouvrages entreposés. L'éducation était pour eux comme une passion, sentant toujours l'envie d'en savoir plus, sur tout et sur rien. Nika ne comprenait pas cet état d'esprit. Soit, il était important de s'instruire pour avoir une vie future confortable et ne pas être une imbécile, mais cela ne servait à rien de partir dans l'excès de perdre sa vie à vouloir apprendre en oubliant de vivre les choses. Arrivant à destination, elle passa le pas de la porte et du faire face à l'air courroucé de la bibliothécaire. Vieille femme aigrie qui n'était jamais contente qu'un élève passe du temps ici, se plaignant toujours du bruit même lorsqu'il était possible d'entendre les mouches volées. Soulevant un sourcil, la serpentard à la peau de nacre lui lança tout le dédain qu'elle possédait. Elle était une Black et ce n'était pas une vulgaire bibliothécaire qui pourrait lui adresser un regard aussi emplis de jugement. Posant ses affaires à la première table qu'elle trouva de libre, elle bifurqua tout de suite pour atteindre le rayon consacré à l'astronomie.
Matière fastidieuse et inintéressante, les étoiles n'étaient bonnes que pour les rêveurs qui refusaient de voir la réalité du monde dans lequel ils vivaient. Cherchant dans les livres se trouvant sur les étagères du haut, elle n'avait pas tout de suite remarqué la présence de l'indésirable qui se trouvait assis par terre, entouré de bien trop de livres traitant de l'astronomie. Son regard de braise se posa sur l'élève et elle reconnu instantanément Abu Bakr El Hashem. Il fallait avouer qu'avec un nom et un physique pareil, il se démarquait plutôt bien dans la marée des étudiants de l'école de magie. La première fois qu'ils s'étaient adressés la parole c'était l'année dernière alors qu'il l'avait aidé pour un devoir portant, justement, sur l'astronomie. Si l'enfant élu de la famille Black n'acceptait aucune aide en règle générale, elle avait finit par répondre favorablement à la proposition sentant qu'elle n'y arriverait jamais d'elle-même et que cela risquait de lui porter défauts pour ses examens de fin d'année. Il n'y avait pas eu réellement de problème jusqu'au jour où il avait tenté de lui adresser la parole devant un groupe d'élèves de sang pur avec qui elle était. Pas foncièrement méchante Nika n'avait pas voulu l'humilier en public mais, d'un autre côté, elle ne pouvait pas être amie avec. D'une parce qu'elle avait très peu d'amis et ne se fiait à personne, et de deux parce que son sang n'était pas pur. Racisme primaire inculqué par une figure paternelle idolâtrée, elle n'avait pas forcément compris pourquoi celui-ci avait prit autant la mouche. Laissant les choses se faire, elle se fichait de ce que l'on pouvait penser d'elle ou qu'on lui en veuille. En réalité, elle ne tenait pas assez aux autres pour que cela la touche. Haussant les épaules, elle le toisa un instant du regard. Elle n’eut pas le temps de reporter son attention sur les livres que les hostilités venaient d'être lancées. « Qu'est-ce que tu me veux ? » Son regard se durci alors que ses sourcils se fronçait. Ce serdaigle avait décidément un problème avec elle. Faisant claquer son palais contre sa langue en signe d’agacement, elle ne comprenait pas comment un moment déjà aussi pénible venait de s’aggraver. L'association astronomie et Abu risquait vite de lui causer des problèmes de santé tellement les deux n'étaient rien d'autre que des nuisibles. Laissant de côté la recherche qu'elle était en train de faire, elle porta toute son attention sur le serdaigle. Il avait peut-être deux ans de plus qu'elle mais son sang était impur ce qui faisait que, suivant l'éducation donnée par Caïn, ce dernier était loin d'être son égal. De fait, il n'avait absolument pas à lui parler de la sorte.
« Je peux savoir qui tu es ? » La question avait claquée dans l'air sans qu'une réponse n'ait besoin d'être donnée. Passant une main dans sa chevelure d'un noir de jais, elle haussa doucement les épaules. « Je ne pense pas que nous soyons assez proche pour que tu te permettes de t'adresser à moi de la sorte. Si tu souhaites faire une fixette sur moi, à ton bon plaisir, mais surveille ton langage. » L'apprentissage de père Black avait parfaitement réussi sur sa fille. Enfant docile qui répétait ce qu'elle avait entendu durant toute son enfance, elle ne se rendait pas forcément compte d'à quel point ses paroles pouvaient être vexantes. Posant les mains sur ses hanches, elle attendait une réponse de la part du marocain avant de pouvoir repartir dans sa rechercher ennuyante sur la lune, le soleil et les étoiles.
« Je peux savoir qui tu es ? » Elle le regardait avec un air qu'Abu trouvait méprisant. Nika ne dérogeait pas à cette règle de conduite que les Serpentard semblaient s'être donné lors de leur première visite de leur salle commune après la répartition. Abu n'avait jamais comprit leur mode de pensé, et quand il les voyait faire, il ne pouvait que s'en féliciter. Plus il restait loin d'eux, mieux c'était. Elle haussa les épaules, comme s'il s'agissait de la pire espèce. Son père lui avait toujours dit qu'il ne servait à rien de rentrer dans le jeux de ce genre de personnes. Que de toute manière, il ne pourrait les changer, et que, quoiqu'il arrive, ce n'était pas à lui de les punir ou de les remettre dans le droit chemin, mais que seul Allah, en avait véritablement le pouvoir. Comme Jamaal disait : « Si tu arrives à les faire changer, c'est que, quelque part, il désirait changer. Auquel cas, seul Allah peut le faire. » Mais pour Abu, c'était difficile. Il ne savait resté passif face à ce genre de situations. Quand il se sentait insulter, rabaisser, ou qu'on le traitait autrement qu'avec le respect qu'on lui devait, il avait tendance à partir au quart de tour, à s'enflammer comme une de ces têtes brûlées de Gryffondor, et à envenimer la situation comme ces couards de Serpentard. Ce n'était très certainement pas chez eux que l'on pourrait y trouver quelqu'un de respectacle, ça, cela n'en faisait aucun doute. Les Gryffondor étaient ce qu'ils étaient, au moins, ils savaient se montrer digne, et droit.
« Je ne pense pas que nous soyons assez proche pour que tu te permettes de t'adresser à moi de la sorte. Si tu souhaites faire une fixette sur moi, à ton bon plaisir, mais surveille ton langage. » Les yeux d'Abu s'écarquillèrent instantanément. Était-elle... Sérieuse ? Non, ce n'était pas possible. C'était une mauvaise farce, ou quelque chose dans ce goût-là. Il tourna sa tête vers la droite, puis vers la gauche, ainsi que derrière lui, comme s'il s'attendait à voir un Serpentard jaillir de l'ombre pour le prendre en photo au moment même où il exploserait de colère. Personne. Elle posa ses mains sur ses hanches, comme si elle attendait une réponse. Abu sentait sa colère bouillir en lui, en son torse, lui brûlant le ventre comme si un sheitan lui consumait les intérieurs. Pourtant, il ne fit rien. Il ferma juste les yeux, tentant de conserver le plus possible son sang froid, avant d'expirer profondément toute l'air qu'il venait d'inspirer.
Abu El Hashem finit par les rouvrir tout en desserrant son poing sur la table. Il reprit sa plume qu'il trempa dans l'encrier, puis, tout en se remettant à dessiner, tenant de sa main libre une page ouverte, index posée sur ce qui semblait être Jupiter, il lui répondit, sur le ton de l'indifférence : « Si nous ne sommes pas suffisamment proche l'un de l'autre, je te conseillerais donc de me vouvoyer. Je ne suis pas ton ami. » Il accentua l'ombre qu'il était entrain de refaire sur son dessin avec une précision chirurgicale. Lorsqu'il eut terminé et qu'il posa sa plume avant d'effleurer sa baguette sur son dessin pour y sécher l'encre, Abu redressa vivement la tête, tout en conservant ce petit air indifférent qu'il était parvenu à adopter après avoir ouvert les yeux. « Puis arrête tes simagrées de petite bourge-là. Ta bonne éducation, tu peux te la mettre où je pense. Le fait que tu sois là, à te tenir devant moi, ne signifie qu'une seule chose : Tu as besoin de mon aide pour ton devoir. » Il posa sa baguette, avant de remettre le parchemin devant lui, l'immobilisant entre deux bouquins à ses extrémités pour l'empêcher de s'enrouler par mégarde. « Excuse-toi. » Lui ordonna-t-il, avant de baisser de nouveau les yeux sur ses travaux.
S'il y avait bien quelque chose qu'il savait bien faire, c'était de tenir tête. D'une part, parce qu'il ne se laisserait jamais marché sur les pieds, même s'il devait se faire éclater la tête. Après tout, ce n'était que des bleues et un peu de sang. D'autre part, parce qu'il ne laisserait jamais une fille avoir le dessus sur lui. C'était quelque chose de dégradant pour lui-même. Cela venait très certainement de son éducation. Cela n'en faisait aucun doute. Macho, quand il était comme ça, il donnait, le plus souvent, une envie irrépressible à son interlocuteur de le baffer. Cette petite moue sur ses lèvres, son regard indifférent dont les iris trahissaient une pointe de dédain, comme s'il se croyait supérieur à la gente féminine. Son paradis n'était que sous les pieds de sa mère, et c'était probablement la seule femme au monde qui lui ferait fermer sa bouche. Malgré ça, il se doutait qu'elle ne se laisserait pas faire. Nika, comme ses pouffes de copines, avait cette façon de toujours vouloir avoir le dernier mot qui tapait sur le système de tout le monde, avec leurs bonnes manières et leur ton acerbe, parfois moqueur.
Quelle était cette moue étonnée ? Elle n'avait rien dit d'exceptionnel et si le serdaigle n'était pas consciente de l'infériorité de son rang, cela se révélait très inquiétant pour lui mais ce n'était pas le problème de l'héritière Black. Le manque de respect n'était pas quelque chose chose de toléré. Prohibé de l'éducation parentale, sévèrement réprimé, il était le gage d'une bonne éducation et d'une personne de haut rang. Caîn le lui avait toujours rappelé : peu importait la bouse à qui l'on s'adressait, la courtoisie devait toujours être de mise. Et de l'appliquer, Nika n'avait cessé. La liste des personnes qui l’horripilait était longue ; bien plus longue que celles qu'elle appréciait ou juste tolérait. D'un caractère difficile, sauvage, peu enclin à la sociabilité, la jeune serpentard ne cherchait pas à se faire des amis et cela se ressentait dans son côté hautain et extérieur à tout ce qu'il pouvait se passer autour d'elle. On pouvait bien lui sortir les plus belles monstruosités, user de tous les stratagèmes pour tenter de lui faire du mal, tout cela ne serait qu'une perte d'énergie en vain. Rien ne faisait de peine à Nika tout simplement parce que Nika ne pensait pas avec son cœur. Elle était programmée pour satisfaire ce père qu'elle aimait tant et rien ni personne ne pourrait la détourner de ce but ultime pour lequel elle vivait jour et nuit. « Si nous ne sommes pas suffisamment proche l'un de l'autre, je te conseillerais donc de me vouvoyer. Je ne suis pas ton ami. » Un fin sourire vint se peindre sur le visage de nacre de la poupée de porcelaine. Ne se rendait-il pas compte qu'il se contredisait et se faisait passer pour un abruti fini ? Pour un serdaigle s'avérait un comble. De toute évidence, leur assiduité et leur réflexion ne marchait pour pour l'instruction scolaire. En dehors de ça, ils devaient être dépourvus d'intelligence et de logiquee. Levant les yeux au ciel pour montrer à quel point tout cela l'ennuyait au plus haut point, elle finit toutefois pour reposer son regard revolver sur le marocain. « Pour ta gouverne, sache que j'ai employé le ton que tu m'as adressé. Nous ne sommes pas assez proches pour que je te tutoies c'est vrai, mais tu n'as pas, non plus, assez de valeur pour que je te vouvoie alors que tu n'en fais pas de même avec moi. » L'explication était si censée à l'esprit de la vipère qu'il lui paraissait étrange qu'il ne l'ait pas compris lui-même. Néanmoins, elle savait que les sangs mêlés se révélaient être parfois aussi intelligents que des trolls et charismatiques que des gnomes. Le laissant à ses dessins futiles, la sang pur commença de nouveau ses recherches mais son esprit n'était plus au travail. L'astronomie était une matière ennuyante et le fait de se voir confronter par Abu Bakr avait usé le peu de patience qu'elle possédait pour les choses ennuyantes.
« Puis arrête tes simagrées de petite bourge-là. Ta bonne éducation, tu peux te la mettre où je pense. Le fait que tu sois là, à te tenir devant moi, ne signifie qu'une seule chose : Tu as besoin de mon aide pour ton devoir. » Elle n'eut pas d'autre choix de que de lui faire face de nouveau se demandant combien de temps celle plaisanterie de mauvais goût allait-elle encore durer. Jamais Nika Eiza Black n'avait eu besoin de personne. Son manque de confiance envers ceux qui l'entourait et sa nature distante faisaient qu'elle ne comptait que sur elle-même et si le sang-mêlé pensait le contraire, il se fourvoyait. Le coup du destin avait fait que l'année passée, il lui avait porté une aide précieuse pour terminer un devoir, aide acceptée dans un moment de faiblesse causé par la peur d'échouer à ses examens et de décevoir son père. Cependant, il fallait remettre les choses au clair ; il s'était proposé, jamais elle n'avait demandé. S'il osait dire le contraire, c'était que le mensonge était une nouvelle caractéristique des élèves de la maison de l'aigle. Nika n'était pas comme cela, ce n'était pas dans sa nature. Déjà, le fait d'avoir accepté une main tendue avait été un exploit mais l'on était encore loin du jour où elle demandait elle-même, avouant ainsi à demi-mots qu'elle était incapable de s'en sortir toute seule. « Excuse-toi. » C'est un rire sonore qui s'échappa de la gorge frêle de l'héritière Black. S'il avait cru à une blague quelques secondes plus tôt, elle se demandait bien ce qui était en train de se passer, se demandant un instant si elle ne se trouvait pas dans un monde parallèle pour qu'une punaise aussi insignifiante que le marocain ait l'audace de lui proférer un ordre. La plaisanterie avait assez duré. Attrapant le premier volume traitant de l'astronomie qu'elle trouva. Elle en regarda un instant l'index avant de le claquer d'un coup sec pour le refermer. Le serrant contre sa poitrine, elle reporta son attention sur Abu Bakr qu'elle trouvait bien trop insolent à son goût. « Premièrement, je pense que si tu critiques tant mon éducation c'est parce que la tienne laisse clairement à désirer. Tu peux penser que tu es bien élevé mais c'est une illusion. La vulgarité n'a jamais conduit personne au sommet mais je ne pense pas, de toute façon, que tu puisses te permettre de le viser. Retourne donc à ton monde de moldus, je pense qu'il est plus adapté à ta... personne. » Elle l'avait jaugé de haut en bas, comme s'il n'était pas grand chose, objet transparent que l'on ne voit même pas. Manque de valeur consternant, elle avait finit sa phrase en l'accompagnant d'un léger geste de la main comme dans l'espoir de chasser une mouche un peu trop collante.
« Deuxièmement, je serais toi je ne donnerai pas d'ordres aux autres. Je ne vois pas ce que tu cherches, si tu es en manque de reconnaissance ou de notoriété, mais ton comportement ne te mènera nul part. Tu as offert ton aide que j'ai accepté. L'accord a été passé et la transaction s'est faite. Je ne vais pas m'excuser parce que je n'ai pas fait pleuvoir sur toit un torrent de remerciement ou que je ne me suis pas mise à tes pieds. » Bien qu'elle ait gardé son calme jusqu'à présent, elle sentait qu'une pointe d'énervement était en train de s'installer en elle. Elle était fatiguée de toutes ces personnes qui lui réclamait des choses alors qu'elle n'avait jamais promis monts et merveilles sachant très bien qu'elle n'avait rien à offrir. Elle n'était pas là pour qu'on l'apprécie ou pour se faire des amis. Elle faisait son temps, gagnait en savoir et préparait son avenir pour suivre les traces de son père et, si possible, se trouver une bonne place dans la société magique afin que sa famille ait encore plus d'influence qu'elle n'en a déjà. Haussant doucement les épaules, elle pensait en avoir finit avec cette querelles de cour de récréation. Après tout, que voulait-il d'elle ? Qu'elle le salue dans les couloirs, qu'ils se parlent dans la cour pavée du château ? Elle aurait pu faire tout ça si son sang n'avait pas été impurs. Finalement, ce n'était pas à Nika qu'il devrait en vouloir mais plutôt à ses ancêtres qui, traites à leur sang, avaient finit par entaché leur prestiges en s'associant aux mauvaises personnes..
Abu ne comprenait pas la jeune Serpentard, et visiblement, elle-non plus. Ils étaient dans la même école, mais de deux mondes différents. L'ironie du sort, c'est que si ses parents n'avaient pas agi sous la fougue de la jeunesse et de leur tendre amour, Abu serait très certainement un de ces jeunes enfants de riche de Rabat, où il serait probablement allé étudier en Terre Sainte, dans les Emirats. Mais ce n'était pas le cas... Elle était fille d'une noble famille, et elle pouvait s'en vanter. Elle avait reçu une éducation adéquate, celle que l'on recevait en Europe. Abu, bien qu'éduqué à Londres, avait reçu une éducation orientale, et s'heurtait à bien des murs en dehors de la maison. Notamment avec les filles. Elles étaient trop libérées, et elles l'ouvraient trop. Elles avaient trop de droits, de droits qui nuisaient à l'ambiance qui régnait un peu partout ici. Il n'y avait qu'à voir le fait que ce soit une Reine à la tête du Royaume-Britannique, et, pourquoi pas, la montée des échelons de Margareth Tatcher.
Alors lorsqu'elle éclata de rire, Abu ne put retenir une moue blasée. Une petite moue qui s'afficha sur son visage doré, avant qu'il ne se mette à jurer comme Jamaal le faisait, en arabe. « Premièrement, je pense que si tu critiques tant mon éducation c'est parce que la tienne laisse clairement à désirer. Tu peux penser que tu es bien élevé mais c'est une illusion. La vulgarité n'a jamais conduit personne au sommet mais je ne pense pas, de toute façon, que tu puisses te permettre de le viser. Retourne donc à ton monde de moldus, je pense qu'il est plus adapté à ta... personne. » Une colère glaciale s'empara soudainement du jeune Abu. Décelait-il des propos racistes à peine voilé dans sa phrase bien tournée de manière à ce qu'il se sente tout petit face à elle ? Il serra sa mâchoire, et une petite veine fit son apparition au niveau de sa tempe. Qu'est-ce qu'elle cherchait ? Que voulait-elle prouver ? Voulait-elle l'écraser ? Le ridiculiser ? Le tourner en bourrique ? D'où critiquait-elle l'éducation de sa mère que son père avait supervisé toute son enfance ? Qui était-elle pour se permettre de la juger ? Il se mordit la langue. C'était ce qu'il avait fait. Oui, mais... A bout d'arguments, il ne rétorqua rien. Elle méritait deux claques et d'être enfermé dans sa chambre, cette hmar, pensa-t-il.
Il ne pouvait rien dire, prit à son propre jeu. Elle l'avait piégé. Nika était retord. Son éducation le lui permettait visiblement. Abu ne perdit pour autant pas la face. Il la défiait toujours du regard, comme s'il s'agissait d'un déchet, un léger sourire sur le coin des lèvres. Elle n'était qu'une femme. Abu ne put s'empêcher de lui souhaiter de continuer de se bercer de douces illusions. Quand elle serait mariée, que ses parents lui auront trouvé son fiancé, qu'ils ne lui demanderont pas son avis, elle finira dans son salon, avec des chats et une bande de marmots trisomiques tant la consanguinité semblait prévaloir en vue des choix des parents ici, pour les mariages. La pureté du sang de mes glawis, pensa-t-il. « Deuxièmement, je serais toi je ne donnerai pas d'ordres aux autres. Je ne vois pas ce que tu cherches, si tu es en manque de reconnaissance ou de notoriété, mais ton comportement ne te mènera nul part. Tu as offert ton aide que j'ai accepté. L'accord a été passé et la transaction s'est faite. Je ne vais pas m'excuser parce que je n'ai pas fait pleuvoir sur toit un torrent de remerciement ou que je ne me suis pas mise à tes pieds. » C'est ce qu'elle aurait dû faire, pensa-t-il. Il lui avait sauvé la mise. Et elle... ? Elle... Rien. Wallouh. Il eut un petit rictus mauvais.
Abu tourna la page de son livre en faisant tout l'effort possible de ne pas laisser sa main trembler comme si de rien était. La rage s'intensifiait dans le creux de son ventre. Que devait-il faire, que devait-il répondre pour se relever de ces paroles-là ? Des paroles qu'elle avait brandi comme une épée et qu'elle avait probablement apprit à manier aussi bien que sa plume ? Abu releva son regard arrogant vers la verte et argent, avec un petit sourire amusé. Un sourire qui transpirait la haine. « Tu manipules bien la langue de Shakespeare, ça on ne pourra te l'enlever. Par contre, ton arrogance, un jour, risque de te coûter plus que ce que ton père ne pourra payer. » Il se redressa pour s'approcher d'elle jusqu'à ce que leur visage ne soit plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, et il lui murmura avec son petit rictus moqueur : « Je serais là pour voir ça... Je serais là pour voir la petite poupée de porcelaine se brisait au sol, lorsque les autres grandiront. » Il colla presque son nez sur le sien, avant d'ajouter : « Pourquoi t'être arrêter à ma table si tu n'as pas besoin de mon aide, hein ? » Il leva la main pour lui effleurer la joue de l'index, avant de se reculer avec un air amusé pour aller reprendre sa place, derrière la table, afin de mettre un peu d'ordre dans tout ce qu'il avait étalé sur cette grande table. « Peut-être un peu de place ? Vas-y, assieds toi au bout, ma maigre éducation me permet de te prêter un bout de table. »
La discussion s'était envenimée à une vitesse flagrante, traduisant une incompatibilité de caractère entre le serdaigle et la serpentard. Nika se demandait bien pourquoi ils étaient en train de discuter alors que, manifestement, ils n'arriveraient jamais à se mettre d'accord sur le lien, ou l'absence de lien, qui les unissaient. L'argumentaire de l'héritière Black semblait avoir eu son effet. Naïvement, l'étudiante à la chevelure d'ébène pensait ainsi clore cette conversation qui devenait de plus en plus ridicule au fil du temps qu'elle poursuivait. « Tu manipules bien la langue de Shakespeare, ça on ne pourra te l'enlever. Par contre, ton arrogance, un jour, risque de te coûter plus que ce que ton père ne pourra payer. » Et le voilà qui repartait dans une valse d'accusations sans savoir un instant ce qu'était la vie de famille chez les Black. Etait-ce un crime d'avoir été choisie par son père ? Nika chérissait ce choix chaque jour qui passait mais cela ne voulait pas dire qu'il était aisé de l'assumer pour autant. Être celle sur qui tout était mis était une place difficile et épuisante. En plus du poids de l'espoir de son père, elle avait été dans l'obligation d’enquiller une mère trop envahissante et creuse ainsi qu'une sœur aînée noyée dans une jalousie mal placée. La découverte de l'infidélité de sa mère avait été un nouveau coup porté à l'insouciance de la poupée de porcelaine qui se retrouvait dans une position délicate à vouloir régler des problèmes d'adultes qui la dépassait complètement. C'était épuisant de se prendre des réflexions à longueur de journée parce que tout le monde pensait qu'elle avait une petite vie rêvée de princesse parfaite. L'enfance de Nika avait été écorchée, rythmée par des apprentissages intensifs et des relations délicates avec sa fratrie qui lui en voulait de l'amour que leur père lui donnait. Les chagrins d'enfant avaient été nombreux puis elle avait finir par tirer un trait sur l'idée de se trouver entourée. Elle n'était pas faite pour être une fille populaire, elle était une sang pur, une Black, avec une mission a exécuter et la vie d'adolescente légère ne pouvait s'additionner à cela. Abu pouvait dire ce qu'il voulait, ce n'est pas parce qu'il avait côtoyé Nika le temps de rédiger un devoir qu'il la connaissait pour autant. Le jugement était facile mais personne ne prenait le temps de regarder chez soi avant de critiquer le voisin. « Je serais là pour voir ça... Je serais là pour voir la petite poupée de porcelaine se briser au sol, lorsque les autres grandiront. » Le fait de venir coller sa tête de sang mêlé à la sienne était-ce une méthode d'intimidation ? La poupée de porcelaine, comme il l'avait appelé, soutenait son regard sans ciller une seule fois. S'il pensait qu'il pouvait lui faire peur ainsi ou réussir à la faire plier aussi facilement, il se mettait sa baguette dans l’œil. L'intimidation n'était pas quelque chose qui marchait chez la vipère, et il pouvait continuer à se rapprocher et lui caresser la joue, ce n'est pas pour autant qu'elle baisserait les yeux ou qu'elle bougerait d'un millimètre. « Pourquoi t'être arrêter à ma table si tu n'as pas besoin de mon aide, hein ? » Elle éclata de rire, et de bon cœur. Comment pouvait-il penser qu'elle avait envie de passer du temps avec lui et quémander son aide ? Jamais, elle ne ferait ça, quand bien même elle devrait passer la nuit sur son maudit devoir d'astronomie.
« Peut-être un peu de place ? Vas-y, assieds toi au bout, ma maigre éducation me permet de te prêter un bout de table. » Ne s'arrêtait-il jamais de parler et de débiter autant de bêtises ? Elle n'avait pas besoin de place, ni même de lui. Le hasard avait fait qu'il se trouvait à une table placée près de l'allée qui contenant les ouvrages dont elle avait besoin pour son devoir, rien de plus. Il l'accusait de narcissisme mais elle aurait pu lui rétorquer qu'à côté, lui, passait passait pour un véritable mégalomane. Passant une main sur sa joue comme pour retirer la saleté qu'il y avait déposé avec index, elle soupira de lassitude un instant en le regardant faire de la place à ladite table. Posant son livre sur la table, elle appuya ensuite ses deux mains dessus avant de pouvoir de nouveau fixer le serdaigle qui semblait amusé par son ânerie plutôt que de s'en désoler ce qui aurait été une attitude plus logique selon la quatrième année. « Crois-tu réellement tout ce que tu es en train d'affirmer ? Le fait que tu penses que je cherche autant à rentrer en contact avec toi est assez inquiétant. Je te rappelle, pour mémoire, que ton sang te fait défaut et que bien que tu ne sois pas quelqu'un de mauvais, tu n'as aucune valeur. Je n'aurais jamais du accepter l'offre que tu m'as faite puisque, de toute évidence, tu penses à présent que je te dois quelque chose, ce qui n'est pas le cas. Ne t'as-t-on jamais appris dans ta famille, le concept de la générosité ? Lorsque tu fais une offre à quelqu'un, tu n'attends pas forcément quelque chose en retour ou alors c'est que tu es un personne égoïste. Penser le contraire et agir comme tu le fais, te fais passer pour bien plus narcissique que moi malgré ce que tu dépeins. » Passant sa langue sur ses lèvres, elle afficha une moue consternée sur son visage parfait de beauté mais vide d'expression. La réaction d'Abu lui confirmait que les relations sociales n'étaient qu'une perte de temps pure et dure. Le fait de devoir se plier pour contenter les désirs d'une autre personne qu'elle-même ou son père était un travail qu'elle ne souhaitait pas faire. Seule exception à la règle, Dawn Blackwood semblait être celle pour qui Nika serait prête à soulever vents et marées afin de lui apporter toute l'aide dont elle pourrait avoir besoin. Soufflant avant d'afficher un léger sourire sardonique sur son visage, elle récupéra son livre. Le montrant à Abu, elle mit un terme à ses suspicions une bonne fois pour toute. « Si ma route a croisé la tienne, c'est simplement parce que tu trouves près de l'allée qui concernent les ouvrages dont j'ai besoin pour un devoir. Si jamais par la suite, je ne te vois plus, sois rassurée, aucune peine ne viendra me frapper. Maintenant, suite à cette délicieuse conversation, je pense que l'on peut affirmer que l'on s'est tout dit et arrêter le supplice. » Un dernier regard, et l'enfant élu de la famille Black lui tourna le dos, n'attendant même pas une réponse, estimant qu'elle avait déjà assez perdu son temps. Faisant quelques pas, elle reporta son attention sur l'étalage de livres afin de trouver celui qu'il lui fallait pour son devoir d'astronomie.