Merida Aileen Eisenberg est née dans une famille de sang pur dont bon nombre de personnes ont oublié la pureté, ou tout simplement l’existence, comme si ses membres n’avaient pas de véritable existence. Ils sont là, présents, mais sans importance au fond. Mais c’était sans compter sans la nouvelle génération qui était apparue, celle qui se comptait sur trois êtres… un garçon et deux filles. Le premier était prévu, désiré depuis tellement longtemps, et s’avérait même être l’espoir de la famille Eisenberg, mais quelques temps plus tard, Isalyne vint au monde, suivie, une année plus tard de Merida… L’une était aussi blonde que l’autre était brune. L’une avait les yeux aussi bleus que le ciel, quand l’autre les avait couleur d’ébène… brun délicieux, reflet de miel. Elles avaient rapidement montré leurs différences physiques, mais bientôt ce fut leurs caractères qui les rendirent unique chacune à leur manière. Tout comme l’apparition de la magie… car la brune en fit preuve du haut de ses trois ans alors qu’elle voulait une poupée et que celle-ci vola dans les airs… quand la blonde laissa ses capacités se faire attendre. Comme s’il y avait le jour, souriant, fougueux, impulsif, franc ; et la nuit, farouche, posée, rusée, manipulatrice. Mais l’un ne va pas sans l’autre, tout le monde vous le dira. Pour que le jour puisse exister, il faut que la nuit paraisse, et réciproquement. Même si Isalyne aurait pu exister sans Merida, les deux demoiselles, une fois existantes, étaient pour ainsi dire inséparables malgré leurs différences. Tout comme elles s’entendaient parfaitement avec leur aîné. Mais il y avait sûrement quelque chose de plus entre elles, car après tout, la blonde prenait le temps de lire des histoires à la petite brune qui avait appris à lire en regardant ces lignes dansantes et joueuses, elles partageaient la passion de la nature, cette curiosité qui les amenait à dormir dehors, ou à s’intéresser aux diverses créatures du monde magique. Merida retenait avec une facilité déconcertante toutes ces histoires qui semblaient prendre vie dans son esprit. Et ses yeux voyaient toutes ces constellations qui s’érigeaient dans ces ciels qu’elles observaient tandis qu’elles passaient la nuit à l’extérieur…

Quant à leur famille ? Elles en restaient proches… et Merida n’avait nullement à se plaindre de son existence, ses parents accédant facilement à ce qu’elle pouvait désirer, n’en faisant pas forcément une personne aimant partager, à l’exception de ses proches. Elle grandissait simplement dans un univers où il fallait savoir se tenir, bien présenter… petite fille modèle à qui l’on avait appris à être calme, à démontrer une élégance, une prestance, une douceur… fardée de cette arrogance qui seyait si bien aux sangs purs qu’ils étaient. Elle a vu sa sœur commencer à se détacher petit à petit… il fallait apprendre à vivre l’une sans l’autre, c’était une évidence et tout le monde était d’accord avec ça. Isalyne, plus sociable qu’elle ne l’était, semblait se fondre dans les soirées organisées par leurs parents, s’y plaire, sourire, faire preuve d’une envie de rencontrer et de découvrir d’autres personnes que le cercle et l’univers qu’elles s’étaient crées. Même si… Merida n’y tint pas forcément, plus discrète, plus sauvage, plus distante également. Elle semblait être l’archétype des sangs purs, la digne héritière d’une famille trop longtemps oubliée. Elle présentait bien, souriait pour faire bonne figure, faisait preuve d’éloquence et d’intelligence, mais n’appréciait que trop peu de voir sa sœur s’éloigner au profit des autres… la jalousie fit ses premiers pas en son cœur. Ses premiers, qui pourtant ne l’empêchèrent pas d’avancer à son tour, à sa manière, à sa façon… sans forcément penser avec l’ambition qui palpitait pourtant au fond d’elle, comme sa sœur pouvait le faire. Mais elle se fit des connaissances et accepta plus facilement qu’il puisse y avoir d’autres personnes dans son petit univers privilégié qu’elle n’avait partagé qu’avec Isa.

Ainsi, lorsqu’un soir, à un dîner avec les Buckley, elle apprit pour les fiançailles de sa sœur, elle assista sans un mot à l’affrontement des deux futurs époux, esquissa un sourire moqueur en voyant Daemon se prendre l’assiette de sa jolie blonde d’aînée, tout en restant d’un calme qui lui fit garder le silence durant le reste du repas. Et même si elle comprenait pourquoi Isa n’était pas des plus heureuses dans cette histoire, elle était bien contente de ne pas être l’aînée sans ressentir la moindre jalousie, de ne pas être celle que l’on liait à ce jeune homme… mignon, mais… Merida restait Merida. Celle qui aurait affirmé positivement si elle avait reçu l’accusation d’Aiden d’être une gamine, sautant sur ses mots pour tenter de se soustraire à une telle parodie d’alliance. Mais ce n’était pas elle que l’on mariait, aussi, durant le reste de la soirée, elle observa leurs parents, sa sœur, ce futur beau-frère et le dernier fils à marier par des œillades discrètes, mais également méfiantes. Allait-on lui annoncer une chose aussi incroyable prochainement ou la laisserait-on en paix ? Comment réagirait-elle si on venait à lui faire le même coup ? Durant un dîner… avec un garçon sang pur également… car c’était presque inévitable. Les mariages arrangés tombaient du ciel dans les valeurs qui étaient les leurs pour veiller à la préservation du sang. La lave palpiterait sous sa chair, tandis qu’elle demanderait calmement à parler avec son père. Merida ne voulait pas se marier, elle voulait être libre, elle voulait faire carrière, elle voulait… réaliser ses rêves sans être bridée par un époux qui l’étoufferait à coup sûr.

Puisqu'on est fou, puisqu'on est seul, puisqu'ils sont si nombreux. Même la morale parle pour eux. On rêvait de Venise et de liberté.

Puis elle vit sa sœur partir pour Poudlard un an plus tôt qu’elle le ferait par la suite. Une année où elle vécut vraiment séparée d’elle pour la toute première fois. Mais les efforts de cette dernière à leur offrir une certaine indépendance avait porté ses fruits, et la petite fille était même allée voir son père pour lui demander à brûle pourpoint si elle aussi, elle serait à son tour prochainement fiancée… « Pourquoi cette question Merida ? » avait répondu son père en arquant un sourcil. « Parce que je sais que je peux redorer l’image de notre nom, mais que je ne pourrai jamais le faire si je porte le nom d’un autre. » répondit-elle avec simplicité, mais la fougue brûlait ses lèvres, son amour impétueux pour la liberté transparaissait dans ses paroles, tout autant que cette ambition qui palpitait au fond d’elle. « Oh Merida… » soupira son paternel en observant attentivement la petite fille de treize ans qui le jugeait de ses prunelles aussi sombres que celles de sa sœurs pouvaient être claires. « Tu sais qu’il n’y a pas que ça, et que tu nous ferais honte si tu ne prenais pas d’époux, et n’en trouvais pas un digne de ton rang. » Mais les mots, au lieu de la laisser en percevoir la sagesse, firent pincer les lèvres de la jeune fille. « Alors trouve quelqu’un capable d’éveiller mon intérêt assez longtemps pour m’approcher ! » lâcha-t-elle avec une brutalité à cent lieux de ce calme légendaire qui qualifiait l’enfant qui n’était plus aussi capricieuse que lorsqu’elle était toute petite. Sans même attendre la réponse de son père, contredisant toute la bienséance et les bonnes manières qu’elle avait pu apprendre jusque-là, Merida quitta la pièce d’un pas vif et rapide. Elle détestait cette maudite manie de devoir préserver ce sang… dont elle était pourtant si fière ! Mais devoir se marier… pour redorer le blason de son nom lui donnait envie de hurler à l’injustice. Elle ignorait si ce qu’elle avait dit porterait ses fruits, si son père ne la promettrait pas au premier abruti venu… mais elle espérait que non.

L’année passa… sans mauvaise nouvelle du genre qu’avait pu avoir Isalyne et elle intégra Poudlard. Ecole où malgré son caractère… elle bénéficia de la protection de son frère, de sa sœur, mais où elle sût se faire des ami(e)s, une place, une position et un nom. Elle n’avait pas la carrure d’un souffre-douleur, ni même l’esprit en fin de compte. Elle était distante ? Parce qu’elle était sang pur voyons. Au diable ce côté sauvage qui la caractérisait tant lorsqu’elle était enfant, cela ne devenait qu’une froideur, une distance digne de son rang. Pourtant, les plus intelligents se doutaient bien que la demoiselle n’était tout simplement pas très à l’aise avec ces gestes… d’affection ? L’arrogance peut-être la laissait juger qu’aucun n’était digne de l’esquisser. Peut-être également n’avait-elle pas envie de jeter aux orties une pureté qui ne lui donnait que plus de valeur à monnayer le jour de ses futures fiançailles. Peut-être aussi en venait-elle à se dire que si sa conduite était irréprochable, on lui permettrait de jouir de sa liberté plus longtemps encore. Cet enchevêtrement de peut-être auxquels elle ne réfléchissait pas véritablement. Au diable les raisons de ses gestes, elle agissait simplement selon ses envies, ses désirs, ses besoins, ses valeurs. Mais lorsqu’elle rejetait un garçon… souvent affirmait-elle qu’il était tout simplement indigne d’elle. Mais elle craignait ces maudits sentiments qui pourraient porter ombrage à son avenir, l’attacher, et finalement la faire souffrir. Peut-être finalement qu’Isa avait plus de chance qu’elle n’en aurait jamais à savoir déjà où la conduirait le choix de leurs parents. Alors qu’elle… ignorante, ne pouvait qu’appréhender cette décision, qui, elle en était certaine, ne la conduirait jamais à un garçon digne d’intérêt. Ou même capable de contrôler la sorcière qu’elle devenait tandis qu’elle grandissait.

Elève intelligente et populaire… qui savait pourtant être discrète ou désobéir aux règles avec une facilité parfois totalement déconcertante lorsqu’on ne la connaissait pas. Tout comme cette maudite arrogance qui ne pouvait supposer qu’elle puisse un jour prendre votre défense. A part peut-être en ce qui concernait sa famille… Si Isalyne bousculerait tout le monde pour venir la protéger, Merida… manipulerait son monde pour s’offrir des alliés dans un hypothétique affrontement. Même si même sans protection extérieure, la petite Esméralda, comme un certain garçon trop audacieux l’avait un jour qualifiée, lorsqu’elle avait plaqué un couteau sous la table à hauteur de ses bijoux de famille, serait à même de protéger sa famille coûte que coûte. Depuis ce fameux jour… position indigne d’une sang pur sûrement, Merida conservait toujours sur elle un petit couteau, version miniature d’un poignard… dans le cas où sa baguette ne serait pas utile ou inaccessible. Elle avouait elle-même avoir trouvé l’idée dans le livre d’Hugo… auteur moldu dont elle avait apprécié la prose à partir de la 201ème page.

Mais la question n’était pas vraiment-là, non… la parfaite sang pur qui savait jouer du piano, danser, chanter, bien présenter, se taire lorsqu’il le fallait, était juste jolie. Elle enviait la blondeur parfaite de sa sœur, et ne comprenait pas que l’on puisse s’intéresser à elle en contrepartie, malgré sa propre popularité au sein de Poudlard, sa manifeste arrogance. Et elle se méfiait de ce qui secourait le monde sorcier, même si son sang devait la protéger. Peut-être.