Maxilynn poussa un nouveau soupir et tourna la page de son ouvrage. Le devoir de potions était particulièrement difficile lui semblait-il. Elle n'avait jamais été une excellente élève dans cette matière, mais elle doutait que sa moyenne s'améliore un jour. Ses yeux finirent par se fermer et elle se cala en arrière contre le dossier de sa chaise. Ses doigts se crispèrent sur son morceau de parchemin et elle finit par le rouler en boule et le jeter à l'extrémité de la table. Une petite Poufsouffle de première année lui jeta un regard noir et rassembla ses affaires avant de s'en aller. Maxilynn se retrouva seule à sa table, accompagnée de sa frustration. C'était la troisième fois qu'elle recommençait son devoir sans parvenir au résultat escompté. Elle prit une longue inspiration avant de reprendre sa plume entre ses doigts pour se remettre à travailler. La patience si légendaire des Poufsouffles n'était pas un point fort de son caractère malgré son appartenance à cette maison, mais elle arrivait de plus en plus à maîtriser son caractère de feu.

Alors qu'elle allait se remettre à écrire, elle vit quelqu'un tirer une chaise à côté d'elle et s'installer. Elle jeta un coup d’œil à l’intrus : un Serdaigle du nom de Daemon. Elle ne lui jeta qu'un regard de dédain, ne voulant pas lui prêter une quelconque attention. Il ne méritait rien de sa part. Lui et elle avaient été amis il y a quelques temps. Enfin, amis était peut être un terme trop exagéré pour définir leur relation, mais en tout cas ils s'appréciaient et se rapprochaient de jour en jour. Maxilynn ne doutait pas à cette époque là qu'un jour Daemon deviendrait l'un de ses plus proches amis. Mais elle avait réalisé qu'en fait le Serdaigle l'utilisait, la manipulait. Elle s'était sentit idiote et avait refusé tout contact avec lui depuis. Elle avait du mal à faire confiance depuis sa première année où ses ainés s'étaient montrés peu aimables avec elle, et elle avait encore plus de mal à pardonner. « Je sais que ma présence n'est pas désirée et que tu as tout compris. Voilà, ce que je te propose... Tu me laisses parler jusqu'au bout, jusqu'à ce que j'ai besoin de te dire et tu vois après... si tu trouves ça convaincant ou pas. Ce sera seulement ton avis et je n'aurais pas à intervenir dans ta décision, bien sûr. » Elle lâcha sa plume et croisa les bras, l'air septique. Elle n'avait pas envie de lui parler, mais plus vite il lui aurait dit ce qu'il avait à lui dire, plus vite il s'en irait. Si elle s'était attachée à lui, son affection avait disparue au moment où elle avait comprit que Daemon se servait d'elle pour essayer de retrouver sa demi-sœur dans une mare d'élèves inconnues.

« Si tu ne me crois pas, alors je te laisserais tranquille. Ça t'irait comme ça ? » Elle sentait à son ton qu'il ne voulait pas la brusquer et rester gentille. Malgré elle et sa volonté de rester forte et ferme, elle sentit son cœur se ressaisir et se calmer un peu. La gentillesse de Daemon avait raison d'elle. Elle avait beau essayer d'être hermétique, Maxilynn n'était qu'une jeune fille de seize ans facilement influencée par ses sentiments. L'affection qu'elle avait pour Daemon entrait en conflit profond avec le sentiment de trahison qu'elle éprouvait. « Je t'écoute, fais vite. » dit-elle d'un ton sec. Elle ne voulait pas perdre la face. Peut être qu'il se moquait encore d'elle, elle n'en savait rien. Elle préférait se méfier.

Son visage gardait une expression vide, un peu ennuyée mais au fond, elle prêtait une attention toute particulière à ce qu'il pouvait lui dire. « J'ai beau être un serdaigle, je t'avoue que pour le coup ma cervelle est devenue l'équivalent de celle d'un troll. Et quand, j'ai la cervelle d'un troll, bah, au final, je me rends compte à la fin de mes conneries. Les mecs, ça nous arrive comme ça, on est pas toujours malins, c'est la nature humaine mais ce n'est pas une raison et tu as raison de le penser. » Son excuse n'était ni valable, ni suffisante. Le regard qu'il lui fit parvint tout de même à ne pas la mettre en colère. Elle avait envie de le croire, mais elle était trop méfiante pour se laisser berner par quelques phrases. Elle resta donc indécise, incapable de savoir quoi lui répondre. Mais elle abandonna tout de même son visage impassible et se mordit la lèvre inférieure, signe d'hésitation. Daemon gagnait du terrain. Mais malheureusement pour lui, Maxilynn ne pardonnait pas si facilement, et elle ne tenait pas à oublier si facilement ce qui s'était passé. Daemon l'avait utilisé, c'était clair. Et même si il semblait réellement s'en vouloir, elle ne pouvait pas en être totalement sûre. Elle était partagée entre l'envie de retrouver leur relation, la trahison qu'il lui avait fait, et la méfiance quant à ses nouvelles intentions. Un casse tête relationnel assez tordu auquel elle avait dû mal à réfléchir. Dès que les sentiments et l'affection prenaient le pas dans une raisonnement, Maxilynn s'emmêlait les pinceaux.

« Tu souhaites peut être que j'abrège mon discours... » Elle repoussa ses affaires de l'autre côté de la table et attrapa la main de Daemon qui était posée sur la table. D'ordinaire Maxilynn était une fille assez peu à l'aise avec les contacts physiques et les démonstrations d'affection en général. Même avec ses amis, elle avait beau être sympathique, elle gardait une espèce de froideur. « J'apprécie ce que tu me dis, sincèrement... » Elle lâcha la main du jeune homme et se passa la sienne dans les cheveux, l'air gêné. La situation était difficile à gérer pour elle. Elle se sentait perdue. Pourtant tout aurait dû lui paraître logique et claire, il y avait peu de sujets et peu de personnes qui avaient à la chambouler à ce point. Son gros problème avec Daemon, c'était qu'elle savait qu'il n'était pas un mauvais garçon. Mais il avait fait quelque chose de mal. Et son libre arbitre lui soufflait que les choses étaient plus compliquées que bien ou mal. Maxilynn était une jeune fille de seize ans encore incapable d'être certaine de toutes les décisions qu'elle prenait, et pas du tout préparée à tout ce qui l'attendait. « Je ne sais pas quoi faire. » avoua-t-elle à voix basse.

La plupart des élèves voyaient en Maxilynn une ancienne victime devenue mordante. Elle ne se laissait pas faire et répliquait toujours avec force et colère. Elle était connu pour son caractère flamboyante, et sa rage prête à se montrer à chaque seconde. Mais la Poufosuffle avait aussi un visage plus doux, plus calme et c'était celui là qu'elle exposait au jeune homme. « T'es un vrai crétin. Pourquoi est-ce que je devrais te croire ? Tu cherches peut être juste à me manipuler encore une fois. » Elle fixait le Serdaigle, qu'elle trouvait à la fois si mignon et si innocent. Son regard avait le don de la faire fondre. « Beaucoup trop de gens se sont déjà moqués de moi. Je n'aimerais pas devoir inscrire ton nom une deuxième fois sur la liste. » Elle avait un regard suppliant. La seule chose qu'elle voulait, c'était qu'il arrive à la convaincre totalement.

Spoiler: