Tic tac, tic toc... Tic tac, tic toc... Le ''tic tac'' frénétique de l'horloge derrière nous résonnait dans mes oreilles depuis plus d'une heure maintenant. Le bout de mes doigts tapotait nerveusement sur la table. Mes jambes s'agitaient sous celle ci, tout comme mes yeux parcourant la salle. Bouger. Il fallait absolument que je bouge, que je parte d'ici... Je me retournais pour la centième fois vers l'horloge. Cela faisait exactement une heure et onze minutes que j'étais coincé dans cette bibliothèque, des livres étalés sur la table. La jeune fille assise a coté de moi soupira en me regardant d'un regard acide. Cette adolescente aux longs cheveux noirs n'était qu'autre que Alysson Mabel-Adams, ma prof particulier pour tout ce qui concernait les potions. Nous étions pour la énième fois réunis ici dans le seul but de remonter un tant soit peu mes notes... Car dans cette matière, elles étaient au plus bas, or si je voulais un jour devenir un puissant sorcier ayant de l'influence sur, au minimum, tout le monde magique, il me fallait réussir brillamment mes études a Poudlard. Ces cours particuliers hebdomadaires ainsi que toutes les autres heures passées en rattrapage étaient donc nécessaires. Je souris a Alysson de toute la splendeur de mon appareil dentaire. Le visage de ma soeur jumelle me vint a l'esprit. Mais ou pouvait donc être ce petit ange d'Anastasia? Sûrement en train de faire ses devoirs tranquillement dans un autre coin de la bibliothèque, comme l'élève modèle qu'elle est et qu'elle a toujours été. Maintenant que j'y pense, il me semble qu'Aly a également un frère jumeau... C'est notre seul et unique point commun. Car même si elle s'est dévouée à m'apprendre tous les secrets du cours de potions, absolument tout nous différenciait. Pour commencer, j'étais à Poufsouffle et elle a Serdaigle. J'étais un sang mêlé originaire d'un milieu modeste, elle une sang pure, une bourgeoise de la haute société. Ses attitudes et sa façon de s'exprimer en témoignaient. L'ennuie aidant, je ne pu m'empêcher de faire un commentaire sur sa posture trop parfaite, la coupant dans ses explications que je n'écoutais plus depuis un moment déjà.
« Hey dis moi, il ne te gêne pas? Le balai que tu as entre les fesses. »
Je me mis a rire, tel un imbécile heureux. Certes, ma blague n'était pas de toute finesse, mais on s'occupe comme on peu. Elle fit une pause dans ses explications avant de recommencer, m'ignorant totalement. Si il y a bien une chose que j'ai toujours admiré chez cette fille, c'est son sang froid. Moi qui a la moindre petite offense prenais la mouche, voir quelqu'un rester calme en toute situation m'épatait. Elle m'épatait. Depuis quelque temps, je m'étais fixé comme but de la faire craquer par n'importe quel moyen. Cela m'amusait. Je continuais de sourire, lui lançant de petites piques enfantines. Je préférais y aller doucement au début.
« T'en as pas marre d'être tout le temps parfaite? Ça doit être fatiguant à la longue.»
Je tapotais toujours mes doigts sur la table, attendant sa réaction.
'' Selon la loi de Shoppen, on ne peut pas mélanger n'importe quels ingrédients ensemble. Il faut prendre en compte la texture, la consistance bien sûr, mais aussi les propriétés magiques. En pratiquant des mélanges hasardeux, on a de grandes chances de produire une explosion. Il faut trouver un équilibre dans la magie … ''
Il arrivait toujours un moment où Alysson finissait par regretter. Et lorsqu'elle vit une nouvelle fois Axel se tourner vers l'horloge, affichant sans retenue son ennui profond, elle regretta. Elle regretta ce jour où, poussée par une générosité extrême, par un dévouement charitable, par une folle bonté, elle avait fait cette promesse au poufsouffle. La promesse de lui donner des cours particuliers, jusqu'à ce qu'il remonte suffisamment sa moyenne pour pouvoir prétendre à une future quelconque puissance sociale. Elle ne se rendait pas compte alors de la galère dans laquelle elle s'était embarquée. Axel n'était pas un élève modèle, mais il n'était même pas un élève intéressé. Il se comportait chaque fois comme si ces cours supplémentaires étaient une obligation, une corvée dont il se serait volontiers passé. Par Merlin, c'était un service qu'elle lui rendait, et elle s'exaspérait de voir l'indifférence et le manque de respect avec lesquels il la traitait. Si cela n'avait tenu qu'à elle, Alysson aurait depuis longtemps embarqué ses livres et son cerveau, le laissant se noyer sous ses notes catastrophiques qui brisaient son avenir. Mais une promesse est une promesse. Et la parole d'une Mabel-Adams n'était pas rien. Elle ne pouvait pas revenir là-dessus. Alors, elle prenait son mal en patience et tentait de tirer quelque chose de la paresse d'Axel Cartwright. Mais après une heure de travail plus ou moins intensif, la concentration du garçon avait atteint un point de non retour. Et Alysson avait finit par se résoudre à parler dans le vide. Elle était lasse de le rappeler à l'ordre sans cesse, lasse de répéter les mêmes choses en espérant qu'il finisse par imprimer les informations. Alors, elle faisait son cours, lui expliquait les choses et ne s'occupait plus de savoir s'il écoutait ou non. Et de toute évidence, il n'écoutait plus depuis un bon moment.
'' Hey dis moi, il ne te gêne pas? Le balai que tu as entre les fesses. ''
Alysson darda un regard meurtrier vers son camarade, se gardant bien de répondre à la provocation. Le tapotement des doigts sur le bois de la table, le rire idiot qui fit se retourner quelques élèves mécontents, l'agitation du garçon et la complexité de la leçon commençait à avoir raison de la bonne volonté d'Alysson. Un mal de crâne commençait à battre entre ses tempes. Pourtant, rien ne montrait sa lassitude, sinon le soupir irrité qu'elle ne pu retenir. Elle avait appris à faire face à toutes les situations avec la dignité imposée à son rang. Elle était parfaitement capable de supporter Axel encore une heure ou deux s'il le fallait. Elle reprit donc le cours de son explication sans plus se soucier de lui. Mais de toute évidence, ils avaient atteints la limite des capacités d'attention du poufsouffle.
'' T'en as pas marre d'être tout le temps parfaite? Ça doit être fatiguant à la longue. ''
Par tous les mages les plus cinglés de cette planète, est ce qu'il n'avait rien de plus intelligent à dire ? Des remarques sur ses manières sages de petite fille de bonne famille, Alysson en recevait quotidiennement. Mais elle ne s'en était jamais inquiété. Après tout, c'était une réaction normale de la part des jeunes issus de milieux modestes que de chercher à rabaisser ceux qui avaient eu la chance de naître dans des familles d'exceptions. Une histoire de jalousie sans doute. Alors s'il pensait l'atteindre avec ce genre de piques ridicules, c'était peine perdue. Alysson pensa un instant l'ignorer à nouveau purement et simplement, mais il semblait évident que Axel ne se recentrerait pas de lui même sur la leçon. Elle interrompit donc son explication, lançant un nouveau regard courroucé au garçon.
'' Ce qui est assez fatiguant, en ce moment, c'est ta dispersion. Je te rappelle que je prends du temps pour toi, sans rien te demander en retour. La moindre des choses serait de faire au moins semblant d'écouter ce que je dis. ''
Si une pointe de colère s'était glissée dans ses mots, elle gardait malgré tout un visage impassible, comme on lui avait appris à le faire. L'énervement n'était pas admis chez la haute société, moins encore chez les femmes. Un contrôle de soi était nécessaire, obligatoire. Une éducation qui poussait bien souvent jusqu'à l'hypocrisie. Mais Alysson n'irait pas jusque là. Elle savait manier l'hypocrisie, bien sûr, et s'en servait régulièrement face à tous les amis mangemorts de son père, qu'elle haïssait pourtant si fort et devant lesquels elle restait toujours aimable et agréable. Mais devant Axel, elle n'avait nul besoin de tant de simagrées. Un simple contrôle de ses émotions suffirait. Redressant les épaules et cessant de mitrailler le pauvre garçon du regard, Alysson jeta un coup d'oeil au livre ouvert face à elle et décida de poursuivre la leçon.
'' Reprenons veux-tu ? Alors, comme je le disais, une fois que tu as déterminé la qualité de la magie présente dans chaque ingrédient : blanche, noire ou neutre, il faut calculer la quantité de magie, ce qui est autrement plus délicat. ''
« Ce qui est assez fatiguant, en ce moment, c'est ta dispersion. Je te rappelle que je prends du temps pour toi, sans rien te demander en retour. La moindre des choses serait de faire au moins semblant d'écouter ce que je dis. »
Elle me fusilla du regard quelques instants avant de reprendre ses explications. Il est vrai que l’interrompre sans arrêt alors qu’elle essaye de remonter mes notes pourrait paraître impoli, voir irrespectueux… Mais mon corps avait atteint sa limite de stabilité, et il parlait de lui-même,sortant des mots que je n’aurais jamais prononcé une heure auparavant. Alors au lieu de faire profil bas comme j’aurais dû, je ris d’autant plus, remarquant la pointe de colère dans son visage impassible. Je suis sur que même si elle arrivait à s’énerver elle serait toujours aussi polie qu’une reine sur son trône… Mes rires m’attirèrent une remarque d’un professeur surveillant. Je me calmais tout de suite, préférant ne pas trop me faire remarquer. Je fis semblant de l’écouter quelques minutes avant de me retourner pour la millième fois vers l’horloge. Cela faisait une heure et quinze minutes que j’étais là… Seigneur Dieu, mon endurance à la concentration faiblissait de jour en jour. Je soupirai de désespoir avant de me rapprocher d’Alysson. D’après ce que j’en avais vu dans les films moldus de mon enfance, les bourgeois n’aimaient pas la proximité avec le petit peuple. Jouons sur ce terrain là… Je passais mon bras par-dessus ses épaules, et dis d’un air sarcastique :
« Non, sérieusement, tu devrais te relâcher un peu. Je suis certain qu’un sourire sur ton visage le rendrait beaucoup plus attirant. »
Je lui souris d’un air moqueur. Je ne voulais pas la mettre réellement en colère, même si c’est ce qui allait arrivé étant donné que je la coupais pour la centième fois dans son explication. Non, ce que je voulais, c’était voir sortir le monstre qui se cache derrière son visage parfait de petite fille sage. Après j’arrêterai et je me reconcentrerai… Ce n’était pas bien méchant au fond, si ?
En entendant le rire franc et définitivement indiscret de son camarade, Alysson commença à se demander s'il était vraiment nécessaire de s'acharner. Il semblait évident que Axel n'avait aucune endurance au travail et que plus aucune information ne pourrait entrer dans son petit cerveau d'adolescent immature. Certes, ce serait une défaite, un échec. Mais qu'est ce que ça pouvait bien faire, au final. Elle le laissait filer, il pourrait ainsi aller se défouler puisqu'il semblait clairement en avoir besoin. Et elle reprendrait cette leçon un autre jour. Sauf que Axel avait un devoir à rendre sur cette loi difficile, et si Alysson ne comptait sûrement pas lui faire sont devoir, elle tenait à lui donner toutes les clés de façon à le voir réussir de lui même. Elle devait bien avouer que la réussite d'Axel en potions serait une fierté personnelle plutôt agréable. D'autant plus que les potions n'étaient pas la matière fétiche d'Alysson, loin de là. Mais fort heureusement, si elle avait quelques difficultés avec son propre programme, elle maîtrisait tout à fait les notions vues l'année précédente. Alors oui, autant pour lui que pour elle, Alysson voulait aller au bout de son explication. Seulement, elle du une nouvelle fois s'interrompre, attendant avec une patience qui fondait peu à peu qu'il veuille bien reporter son attention sur ce qu'elle était en train de raconter. Le rire d'Axel avait attiré l'attention, autour d'eux, et alors que la plupart des élèves leur lançaient un regard clairement irrité, un professeur se chargea de rappeler les bonnes manières au garçon un peu trop dissipé. L'intervention de l'adulte eu au moins le mérite de faire taire Axel. Alysson attendit encore un instant, le temps de s'assurer qu'il ne recommencerait pas à ricaner, le temps de retrouver son calme, le temps de faire abstraction de ce fichu mal de tête qui lui vrillait les tempes. Elle finit par se persuader que la crise était passée et reprit donc ses explications là où elle les avait laissé.
Mais la crise était loin d'être passé et, après quelques minutes d'accalmie, Axel se dévissa à nouveau le cou pour jeter un regard à l'horloge. Mais Alysson continua vaillamment à parler. Elle avait l'impression de se débattre contre une tempête, de parler à un mur, de tenter de retenir de l'air. Pourtant, elle continuait, aussi inébranlable que possible. Il lui fallait toute sa force mentale pour ne pas envoyer sa main au visage de son cadet avant de le planter là. Elle fronça les sourcils alors qu'il se rapprochait d'elle. Merlin, qu'allait-il encore inventer ? Sans prévenir, il passa son bras autour de ses épaules, arrachant une expression de surprise à la jeune fille.
'' Non, sérieusement, tu devrais te relâcher un peu. Je suis certain qu’un sourire sur ton visage le rendrait beaucoup plus attirant. ''
Oui, elle devait bien l'avouer, la proximité du garçon la rendait mal à l'aise. Pas qu'elle ne ressente le moindre sentiment pour lui, entendons nous bien. Mais premièrement, c'était tout à fait inconvenant. Ce n'était nullement des choses qui se faisaient dans les hautes sphères de la société et, pour tout dire, personne ne s'était jamais permis de telles familiarité avec Alysson. Et puis, elle qui n'avait jamais eu la moindre histoire amoureuse, qui n'avait jamais embrassé personne, qui n'avait jamais eu la moindre expérience en ce sens, ne pouvait pas rester de marbre face à un tel contact. Le teint légèrement rouge, elle lutta néanmoins pour garder le contrôle d'elle même. D'un geste un peu brusque, elle se dégagea de l'étreinte du jeune homme et entreprit de s'éloigner un maximum.
'' Je te conseille de ne pas refaire ça, si tu ne veux pas te retrouver avec une citrouille en guise de tête. ''
Cette fois, elle avait laissé la colère transparaître dans ses mots. Trop occupée qu'elle était à ne pas trop montrer sa gène, elle en avait oublié de rester calme. Mais qu'importait, elle ne supporterait pas bien longtemps le manque de respect du garçon. Elle était une princesse, par Rowena, qu'il laisse ses sales pattes où elles étaient. Et qu'on se le dise, Alysson ne faisait pas de menaces en l'air. Elle était tout à fait capable de passer à l'acte, s'il la poussait à bout.
'' Je n'ai aucune leçon à recevoir de toi, Cartwright. Et je me moque de ton opinion. Je suis là pour te faire cours, rien de plus. Alors, s'il te plaît, rassemble le peu de concentration qu'il te reste et finissons-en. ''
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Dim 18 Nov - 2:07