Un mal de tête, un trou noir épouvantable et des bleues un peu partout sur le corps inexplicables, voilà ce que j’avais droit ce matin. Je passai doucement ma main sur ma tête, j’ouvris les yeux avant de les refermer brusquement en marmonnant. Le soleil était déjà très fort, il devait être midi. Je soupirai, il fallait que je me lève. J’entendis des voix, par Merlin ! Elles parlaient fort, je marmonnai un petit
" - Fermez-là ! "
Un silence, un petit gloussement et une porte qui se refermait. Qui avait dit que tous les Serdaigles étaient intelligents ? Au bout de trois, je me lèverai, un… deux… trois… Oula… Assise, c’est bien aussi. Maudit tournis. Je sentis une remontée acide arriver dans ma gorge… Respirer, oui c’est ça. Ce n’était pas la forme, mais personne ne le saura. Après tout, on m’a toujours appris à sauver les apparences, c’est un don inné chez les Assetan. Je fis un tour dans la salle de bain, histoire de vérifier les dégâts. C’est devenu un rituel chez moi, j’ai toujours eu énormément de bleues à la fin des soirées, des maquillages sur le visage étranges, des habits ou bijoux inconnus au bataillon. Là à part un maquillage digne d’un chef indien, un collier en cuivre sur mon poignet fin et un gros bleu sur la cuisse, rien d’affolant. J’ai dû tomber un moment.
L’opération renaissance pouvait alors commencer. J’ai toujours adoré la douche les lendemains de soirée. Cette impression de propre après une nuit d’enfer, c’est le mieux. Après avoir séchée mes cheveux, je les ai attachés dans un chignon grossier. Ca ira pour traîner dans la salle commune avec un bon livre. En ressortant de la salle de bain en sous-vêtement, j’attrapai mon uniforme sauf qu’un objet me capta l’attention. Pourquoi mes habits de la veille étaient sur la commode d’Alysson ? Je fronçai les sourcils avant d’avoir une vision… Une vision d’horreur, enfin c’est selon les avis.
Flash-back
"-Chuuut, tu vas alerter les professeurs ! "Gloussai-je à un homme qui était visiblement un serpentard qui me tenait par le bras. J’ai passé une super soirée avec lui, il connaissait un passage secret pour aller à Pré-au-lard. "-Crois-moi tu aurais préféré que ça soit un professeur que moi Roks. Tu devrais y aller Noah" répondit Alisson "-Oups… Je crois qu’on a un tout petit problème" répliquai-je
Visiblement il s’appelait Noah et Allison le connaissait. Vu la réputation de la jeune fille, le serpentard n’a pas cherché à la contredire, il était parti en direction de la salle commune des Serpentard sans ronchonner. J’ai essayé de me retenir de rire, rien de voir la tête de ce fameux Noah devant une Alisson assez en colère fallait bien le détour. Cette dernière râla tout au long du chemin jusqu’au dortoir des Serdaigles pendant que moi, je lui racontais ma soirée de folie ! Alisson savait très bien que ça ne servait à rien de me faire la leçon quand j’étais dans cet état-là, ça ne me touchait pas. Elle m’a aidé à me coucher. Alisson pouvait avoir beaucoup de défauts, mais c’est une excellente amie qui savait prendre soin de ses proches
Fin du flash-back
Je soupirai, elle ne m’a pas fait la moral hier soir, mais je savais très bien qu’aujourd’hui j’aurai le droit à la leçon habituelle. La seule chose à faire c’était de l’éviter. Tant pis pour ma journée à la salle commune, je vais aller au lac, il y a toujours pleins de monde, elle ne pourra jamais me retrouver. Je mis mon uniforme, je me regardis dans le miroir en souriant, je paraissait bien sage comme cela. Je descendis doucement dans la salle commune sauf que je n’avais pas prévu d’Alisson m’attendait dans un fauteuil. Je soupirai, je ne pouvais pas décidément pas l’éviter. Je m’assis alors en face d’elle
« - Il est gentil hein Noah... »
Pitoyable, ce n’était pas comme ça que j’allais réussir à m’en sortir
Alysson avait mal à la tête. La faute au manque de sommeil sans doute. Comme chaque matin, elle s'était levée tôt, bien plus tôt que ne l'exigeait un week end ordinaire. Mais elle était ainsi. Chez les Adams, les grasses matinées étaient choses rares. Il faut dire que les jumeaux avaient longtemps eu un emploi du temps bien chargé, qui nécessité le sacrifice de quelques heures de sommeil. Cours de théorie magique, de violon, de peinture, de français et de mathématiques. Un rythme soutenu qu'ils avaient bien été obligés d'intégrer. Les habitudes sont tenaces et, désormais, Alysson ne pouvait plus sortir du lit après sept heures et demie. Huit heures tout au plus. Un comportement incompréhensible pour ses camarades de chambre qui dormaient aisément jusqu'à midi. Mais après tout, Alysson ne dérangeait personne. Elle se levait en silence, récupérait ses affaires, se rendait dans la salle de bain où elle pouvait faire tout le bruit qu'elle voulait puisque la porte était insonorisée grâce à quelques sortilèges. C'est d'ailleurs à cet endroit qu'elle se trouvait, cherchant dans le placard qui lui était réservé et dans lequel devait se trouver quelques potions curatives simples. Juste ce qu'il faudrait contre cette fichue migraine. Mais Alysson avait beau fouiller et trifouiller, elle ne trouvait pas la minuscule fiole bleue que son frère lui avait donné, elle même ne maîtrisant pas assez les potions pour tenter un tel mélange, qui pouvait s'avérer dangereux s'il était mal réalisé. Enfin, entre un pot de crème anti-cernes pour sorciers et un flacon de parfum de la marque Phoenix, le numéro 1 sur le marché, elle dénicha la petite boite en bois contenant ses potions. Dans un soupir de soulagement, Alysson s'en saisit, récupéra deux potions de soins, fit sauter le bouchon de l'une d'elle et avala l'unique gorgée contenue dans la fiole. L'effet fut quasiment immédiat et, le temps de remettre de l'ordre dans son placard et de glisser la deuxième potion dans sa poche, la douleur avait entièrement disparu. Alors, pour la dixième fois depuis le matin, elle maudit Roksiann Assetan. Car si Alysson était si fatiguée qu'elle en avait mal au crâne, ce n'était pas parce qu'elle s'était levée tôt. C'était parce qu'elle s'était couchée bien tard. Et que l'énervement l'avait empêché de bien dormir.
La veille, alors que Alysson terminait son devoir de potion et que la salle commune se vidait peu à peu, les Serdaigles allant se coucher les uns après les autres, elle s'était rendue compte qu'elle n'avait pas vu Roksiann depuis un bon moment. En vérité, elle l'avait vu s’éclipser de la salle commune bien avant le couvre feu, mais n'avait pas remarqué son retour. Et le couvre feu était désormais passé depuis bien longtemps. Elle s'était assurée que son amie ne se trouvait pas dans son dortoir et avait alors décidé de l'attendre de pied ferme, préparant déjà le sermon qu'elle lui servirait une fois encore. Mais Roksiann n'était pas revenue. Braver le règlement et sortir dans les couloirs froids de Poudlard au beau milieu de la nuit n'était pas très attrayant, Alysson était loin d'être une aventurière. Mais elle ne pouvait pas laisser son amie faire elle ne savait quoi avec elle ne savait qui. Alors, prenant son courage à deux mains et priant pour qu'aucun professeur n'ait la bonne idée de la surprendre, elle était partie à la recherche de Roksiann. Elle l'avait retrouvé au bras d'un Serpentard, qu'elle renvoya illico presto dans sa salle commune, et avait eu vite fait de la ramener, plus de force qu'autre chose, jusqu'à la tour des Serdaigle, pestant sans relâche contre son comportement inconscient et immature. Mais Roksiann empestait l'alcool, et les mots de son amie avait glissé sur elle sans la toucher. Alysson avait estimé qu'il valait mieux la laisser décuver avant de lui faire une leçon de morale, et l'avait racompagné dans son dortoir, l'avait couché et avait verrouillé la porte derrière elle. Précaution inutile puisque Roksiann s'était mise à ronfler à l'instant où sa tête avait touché l'oreiller.
Alysson voulait bien être gentille et compréhensive, mais le comportement de Roksiann l'exaspérait. Elle en comprenait les raisons, bien sûr, mais cela ne voulait pas dire qu'elle cautionnait ce genre d'attitude. C'était une preuve de faiblesse, de se laisser aller ainsi. Et elle aurait tant voulu que Roksiann soit forte. Alysson secoua la tête, légèrement désespérée. Elle ne savait pas quoi faire, pour rendre à Roksiann le goût de vivre, et de vivre bien. Les innombrables discutions qu'elles avaient eu s'étaient soldées par des échecs cuisants. Mais elle continuait, elle s'entêtait, se disant que peut-être ne suffisait-il que d'un mot, d'une phrase pour que le déclic se fasse. Elle réessaierait aujourd'hui, comme les autres jours. Elle sortit donc de la salle de bain, récupéra un livre d'histoire de la magie et quitta le dortoir sur la pointe des pieds. En passant devant le dortoir des quatrièmes années, elle faillit y entrer, pour aller réveiller Roksiann à coups de pieds aux fesses, histoire de lui faire partager sa douleur et sa mauvaise humeur. Mais elle se ravisa. Ce n'était pas digne d'elle, et ce n'était pas ça qui lui permettrait une discussion calme et constructive. En plus, elle risquait de réveiller toute la tour si Roksiann se mettait à lui hurler dessus, ce qui était fort probable si elle la tirait ainsi du lit. Bon. Elle l'attendrait. Mais elle prendrait soin de ne pas la louper. Elle s'installa donc dans un fauteuil de la salle commune, près de la cheminé, son livre sur les genoux, surveillant l'escalier menant aux dortoirs des filles du coin de l'oeil. Elle resta ainsi deux bonnes heures, observant les Serdaigles qui se levaient un à un, les saluant avec un sourire charmant. Et puis, alors qu'elle se demandait s'il ne lui faudrait pas rester là toute la journée, Roksiann fit son apparition. Alysson leva la tête vers elle et, à vrai dire, Roksiann ne pouvait pas vraiment la louper. Leurs regards se croisèrent et Roksiann estima sans doute qu'il valait mieux ne pas tenter de fuir comme une voleuse. Elle s'installa donc en face d'Alysson.
'' Il est gentil hein Noah... ''
Alysson leva les yeux au ciel devant cette pitoyable remarque d'une utilité douteuse et, sans prendre la peine de répondre, sortit la potion bleue de sa poche avant de la tendre à son amie.
'' Prends ça, ça devrait te faire du bien. Ce n'est pas du poison, rassure toi, juste une potion curative de premier degré. ''
Elle avait esquissé un sourire, tentant de briser la tension qui s'était installée, mais c'était peine perdue. Roksiann savait exactement à quoi s'attendre et Alysson n'avait nulle envie de la laisser s'en tirer comme ça. Bien. Ça ne l'amusait pas vraiment de faire la morale à son amie, mais il fallait bien que quelqu'un s'en charge. Alors, dans un soupir, elle se jeta à l'eau.
'' Je ne sais pas vraiment si Noah est 'gentil', mais en tout cas, ce n'est certainement pas avec lui que tu devrais passer tes soirées. Il est instable, débauché, dépravé, alcoolique et dévergondé. Il a une mauvaise influence sur toi. ''
Comme si Roksiann avait besoin de la moindre influence pour faire ses conneries. Mais il était plus simple d'accuser ce Noah que Alysson ne connaissait que de réputation plutôt que de s'en prendre directement à son amie.
Poudlard avait pour réputation de créer une deuxième famille à l’élève. Beaucoup de personnes sortant de cette école sont entourées de ses amis et d’un petit copain qui allait surement lui demander d’être sa femme. Après tout c’était normal. On était 24 heures sur 24 ensemble la plupart du temps pendant 7 ans. Cela créait forcément des liens. Poudlard formait des sorciers, mais aussi leurs futurs avenirs. Poudlard était l’avant-vie, un entrainement. Le problème c’est que tout ces élèves, on les verrait toutes notre vie. Et dieu que c’est ennuyant de penser qu’on voit très peu de nouvelles têtes après Poudlard.
Mais, contrairement aux sangs mêlés et aux nés-moldus, nous, les sangs purs, notre carnet d’adresse, nous l’avons commencé dès notre naissance. Notre réputation, notre deuxième famille, notre avenir, ça se jouait pendant les réunions mondaines. Au début, je ne comprenais pas pourquoi ma mère était stressée à chaque réunion, elle voulait qu’on ait les plus belles robes, les plus jolies, les plus intéressantes. Pour moi, c’était juste un moment de plaisir, où ma mère allait partager avec ses amis un petit moment. Je ne comprenais pas pourquoi elle se mettait dans tous ses états. Bien que je ne connaisse pas énormément ma mère, j’ai toujours admiré sa qualité de bonne actrice. Elle était toujours stressée, c’était une boule de nerfs, mais en public, elle avait un masque froid, charismatique et paisible. Je n’ai jamais pu l’imiter parfaitement, bien que j’aie un talent certain de la dissimulation de mes sentiments.
Ce qui était sûre, c’est qu’Alysson et son frère faisait partie intégrante de ma deuxième famille. Je savais qu’ils seraient toujours présents. C’était des sangs purs fiers certes, mais les Adams étaient loyaux. Quand on faisait parties de leurs entourages, on pouvait être sûre qu’ils feraient tout pour vous sortir de l’embarras. Et c’est ce qu’ils essayent de faire à leurs manières. Ils essayent de me prendre conscience de mes gestes, que je pourrais perdre ma réputation si je continuais à faire n’importe quoi. Mais comme je ne semblais pas vouloir changer ou comprendre, j’ai cru voir qu’ils ont prit des rôles. Theo me surveillait pendant les fêtes et Alysson me faisait la leçon.
Je suis consciente que c’est mal ce que je fais, que je suis faible de me laisser vivre comme ça, que Mademoiselle M aurait honte de me voir comme cela. Mais je n’arrivais pas à arrêter. Je n’arrivais pas à sortir la tête de l’eau. C’était plus facile de jouer l’autruche, de laisser mon père réparer mes bêtises, car après tout à mes yeux, il ne sert qu’à ça et peut être aussi un portefeuille sur pattes… Enfin bref, je suis perdue oui, je fais n’importe quoi oui. Mais jamais je serais méchante avec ma deuxième famille, ça s’est sûre. D’ailleurs Alysson me tendit une fiole bleutée. Comme je regardais cette potion d’un air suspicieux Alysson a rajouté
« -Prends ça, ça devrait te faire du bien. Ce n'est pas du poison, rassure toi, juste une potion curative de premier degré. »
De toute manière, si c’était du poison, je n’avais pas d’autres choix de la boire, vu l’humeur d’Alysson. Elle essaya de me sourire sûrement pour détendre l’atmosphère. Mais la jeune Serdaigle savait autant que moi que c’était à peine perdu. Alysson était encore et toujours me faire la leçon. Les Serdaigles présents partiront aux pas de courses pour ne pas avoir à écouter une énième fois les disputes des filles. Je répondis alors un petit
« -Merci »
Mais sachant très bien qu’Alysson n’allait pas se satisfaire d’un petit merci, elle commença à critiquer Noah, de mes fréquentations et enfin mes soirées à sa compagnie. Je soupirai, avant de m’enfonçai dans le fauteuil profond et confortable. Je croisai les bras en attendant.
«-Je ne sais pas vraiment si Noah est 'gentil', mais en tout cas, ce n'est certainement pas avec lui que tu devrais passer tes soirées. Il est instable, débauché, dépravé, alcoolique et dévergondé. Il a une mauvaise influence sur toi. »
J’hésitai à jouer l’humour ou non… Elle n’avait pas l’air d’avoir dormi énormément et devait me détester pour cette courte nuit, mais je ne pu m’empêcher de répliquer
« -L’homme parfait en soi. »
Puis je regrettai tout de suite mes paroles. Mais je suis comme ça, j’ai toujours été impulsive et depuis quelque temps provocatrice. Je la cherchai, la testai, je voulais voir jusqu’au où elle pouvait aller. Mais je continuai à m’enfoncer, car elle avait raison sur toute la ligne
« - Arrête Aly. Tu sais très bien que je n’ai pas besoin d’influence pour faire des bêtises. Qu’il soit là ou non, j’aurais fais la même chose avec quelqu’un d’autre c’est tout. Noah est juste…. de bonne compagnie. Il est peut être instable, débauché, alcoolique et tout ce que tu veux, il est aussi amusant, de bonne famille, intéressante et sans compter que physiquement, il est bien. »
Puis je la fixe, avec un air innocent. Oui, avec mon petit uniforme bien repassé et mon visage d’ange, je paraissais bien sage
« - Sérieusement, je veux juste m’amuser Aly… Qu’est ce qui a de mal à ça ? »
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Mer 7 Nov - 21:58