Naître Black n’est pas souvent une bénédiction, croyez moi. Bien au contraire c’est une plaie. Fais pas ci, fais pas ça. Tiens toi droit, habille toi correctement. Parfois moi aussi j’ai envie de trainer dans les couloirs de Poudlard en survêtement et ne pas toujours être obligé de tenir une certaine droiture dans mes vêtements. Même dans on se coiffe d’un style assez décoiffer il faut faire attention à ce que tout se passe correctement et que ce ne soit pas trop anarchique non plus. Au moins quand j’étais dans le manoir Black je pouvais un peu relâcher la pression. Du moins un juste un peu. Car si Père me voit un peu trop courber alors il me le fait remarquer sèchement afin que je me redresse. Qu’est ce que je détestais lorsqu’il passait son point le long de ma colonne vertébrale lorsqu’il me faisait cours. Je devais toujours me tenir droit dans une position qui devenait totalement inconfortable pour moi. A la fin de la journée j’avais le dos en miette et les méninges en compotes. Ce n’était pas vraiment de tout repos et en un sens j’enviais un peu Briseis. Elle au moins n’avait pas à subir Père. Enfin d’une certaine manière. Parfois le silence de Père était des plus glacial. Du moins on dit souvent que l’ignorance fait plus de mal qu’une quelconque réponse négative, c’était pas faux. Durant les vacances de Noel ce n’était pas vraiment plus joyeux que d’habitude dans le Manoir. Mise à part le fait que Père recevait souvent des personnes de la haute. On devait tous se tenir droit comme des piquets devant l'entrée à accueillir les ‘’amis’’ de la famille. Alors que Briseis était totalement rejeté et cacher dans le fin fond de sa chambre. Secrètement, lorsque je me retournais et jetais un coup d’oeil vers les escaliers, je rêvais secrètement qu’elle débarque et se met à mettre totalement le bordel dans le manoir juste pour détruire l’image de Père. Alors dans ce moment là je pense que mes pulsions totalement gamines prendraient le dessus et je la suivrai totalement à fond dans ce délire idiot. Mais tout comme moi je pense qu’elle redoutait encore Père. Rêvassant de tout ça face à la fenêtre de ma chambre j’observais la neige qui accrochait les sapins de la forêt qui se tenait juste derrière le manoir de la famille Black. Quand soudain j’observe une jeune femme sortant du manoir en direction de la forêt, Briseis. Que foutait elle ? M’enfin elle faisait ce qu’elle voulait. Mais comme Père nous interdisait de lui adresser la parole alors je me disais, sur le moment présent, que c’était un bon moyen de pouvoir avoir un peu de sa compagnie sans qu’il le sache. Sortant à mon tours dans ces bois je suivis ses traces, traînant un peu du pied comme quand on se lève le matin et qu’on a encore du mal à lever la patte. Du moins là c’était surtout pour effacer nos traces. J’arrivais facilement en son dos. D’un air assez sournoisement je posais le bout de mon doigt en son dos afin de lui faire croire que c’était ma baguette. - Qu’est ce que tu fiche ici la rebelle ?! - Sortais je d’un air totalement taquin, comme lorsqu’on était plus jeunes. Du temps ou je pouvais jouer avec elle sans avoir le poid des Black sur les épaules.
Briseis Black
+ SORCIER DEPUIS LE : 31/08/2016 + PARCHEMINS : 107
C’était toujours comme ça : chaque fois qu’elle retournait au manoir des Black, Briséis n’avait qu’une envie, retourner à Poudlard parce que même esseulée dans le château, elle n’avait pas à être constamment subjuguée par la “parfaite Sienna”. Même les périodes de fêtes devenaient terriblement dénuées de charme alors qu’elle aurait aimé profiter des plaisirs d’un repas en famille, de moments de partage. Non ça ne marchait pas comme ça dans la famille Black. Elle admettait de plus en plus qu’elle n’était pas comme eux. Père avait toujours été d’une droiture sans faille, mère avait beau être moins rigide, elle avait une prestance remarquable en société. Sienna évidemment suivait les pas de son père et Callum était devenu un jeune homme qui prenait soin de l’image qu’il donnait. Il n’y avait qu’elle qui faisait toujours tout de travers, même en essayant de faire tous les efforts du monde. L’euphorie qui avait certains des élèves à l’idée de retrouver leurs familles semblait avoir partiellement effacé de leur esprit les changements qui se dessinaient dans le monde sorciers. Du moins pendant un petit moment. Elle avait vu des sourires se dessiner, d’autres comme elle n’avait pas grand chose à espérer de ces fêtes. Elle aurait bien voulu pouvoir avoir ce même sourire insouciant pendant un bref instant mais elle n’avait aucune raison de sourire. De toute façon, cela ne convenait absolument pas à l’image qu’elle renvoyait. Les réceptions de fin d’année rendait Briséis encore plus nostalgique. On ne lui accordait dans ces soirées qu’une place minime pourtant il était impensable qu’on dise des Black qu’ils ne sont pas une famille soudée mais à force, il était évident que les gens remarquaient la différence entre l’aîné et les deux plus jeunes. Faire bonne figure au manoir des Black, ne pas se montrer abordable à Poudlard… Briséis était rarement elle-même.
La neige avait envahit les alentours du manoir des Black et Briséis avait toujours adoré entendre la neige crisser sous ses bottines quand elle marchait sur ce blanc manteau. Elle adorait la façon dont cette petite poudre gelée changeait un paysage pleins de couleurs en des teintes monochromes. Soudainement tout semblait se fondre ensemble. Au loin, la petite forêt derrière la demeure familiale lui parut être une parfaite occasion de fuir la pesante ambiance qui régnait dans le coin et elle n’hésita pas longtemps avant d’aller marcher en direction des sapins. Au dessus d’elle, une toute petite chouette virevolte gaiement en ululant doucement. Pyrrha est comme sa maîtresse, ravie d’avoir un peu de liberté à portée d’ailes. Un peu de tranquilité songea-t-elle en marchant, parchemin et plume sous la cape. La chouette vint se poser sur son épaule et elle lui caressa doucement la tête tandis qu’elle passait sous les sapins enneigés. Elle s’apprêtait à sortir son parchemin et sa plume, histoire de voir si cette poudreuse blanche l’inspirait dans ses esquisses mais elle n’eut pas vraiment le temps d’attraper le matériel qu’elle sentit une pointe dans son dos et qu’elle se tendit instinctivement. Elle reconnut aussitôt la voix de son petit frère qui semblait l’avoir suivi jusque là mais au lieu de se sentir rassurée, elle parut encore moins à l’aise que possible. Elle ne savait plus quoi penser de lui depuis qu’il s’était retrouvé à Pouldard : il avait tellement changé. S’ils se parlaient souvent étant gamins, s’ils partageaient des moments de jeux étant petits, il n’était plus rien d’une complicité entre eux depuis quelques années. Elle s’y était résignée sans chercher à le retenir, acceptant de manière compréhensive qu’un autre encore la rejette. Sa présence ici dans les bois ne signifiait absolument pas pour Briséis, qu’il veuille partager un moment avec sa soeur comme autrefois. Non elle était persuadée qu’il s’agissait d’autre chose, au point peut-être d’être paranoïaque mais… et si Père avait demandé à Callum de surveiller les faits et gestes de sa soeur pour qu’elle ne ternisse pas leur réputation ? Tout était possible après tout. Il serait tellement mal avisé qu’elle fasse des faux pas maintenant. “... Callum ?...” La petite chouette ulula de surprise puis voleta jusqu’au plus jeune des Black, totalement inconsciente des tensions qui régnaient entre les deux et vient se poser sur la tête de Callum avant de lui pincer affectueusement les cheveux, comme pour consciemment le décoiffer. Comme si le voir ainsi ne convenait pas à la petite chouette. Briséis avait glissé les mains dans sa cape et elle se retourna très doucement pour observer le jeune homme.
Il avait grandi et elle s’en rendait vraiment compte maintenant. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas fait autant attention à lui. Oh bien sûr pendant les moments familiaux, ils étaient tous réunis autour de la table mais souvent elle se contentait de ne pas croiser un regard désapprobateur. Ensuite à Poudlard, ils s’évitaient par obligation et elle respectait les choix qu’on lui imposait. Briséis se pliait aux règles sans oser se rebeller alors se faire appeler la rebelle … il y a quelques années, de la bouche de Callum, ça l’aurait sans doute fait un peu sourire mais dernièrement, elle ne faisait plus vraiment la distinction entre le sérieux et ce qui ne l’était pas. “Je suis simplement sortie prendre l’air, est-ce considéré comme interdit maintenant ?” On sentait son agacement poindre derrière cette phrase. Elle n’avait déjà pas l’occasion de choisir ce qu’elle ferait de sa vie alors elle envisageait très mal de devoir rester cloîtrée au manoir sous prétexte qu’il serait sans doute mal vu de la voir traîner dehors. Elle étouffait de plus en plus dans cette vie trop étroite. “Et toi, que viens tu faire ici, mon frère ?” Très clairement, elle fait comme si elle lui demandait des comptes. A force de lui demander de toujours se montrer correcte, de ne pas paraître insouciante, douce et trop aimable, Briséis se comportait froidement même avec son propre frère. Elle savait qu’il avait suivi les leçons de père et à partir de là, même si elle n’était pas jalouse envers lui comme c’était le cas pour Sienna, une barrière s’était créée entre eux. Un mur qu’elle imaginait devenu infranchissable.
La neige était tellement belle en cette saison que je ne pouvais me retenir de suivre ma grand soeur au fin fond de ce petit bosquet. Surtout sans craindre la vu de quiconque, l’avantage de ce lieux est qu’on a rarement la visite de personnes inconnus ou même de la visite surprise. Je pense qu’avec le temps les gens on bien compris qu’il y avait une certaine dislocation dans la famille Black et j’ai souvent pu observer que cela mettait parfois nos convivent mal à l’aise. Je rejetais pas la faute sur Briséis, non ce n’était pas elle la fautive, mais Père. C’était lui qui l’avait voulu. Alors qu’il disait qu’on devait être une famille soudée, tu parle, c’était surtout quand ça l’arrangeait ouais.
Par contre il semblerait que ma petite blague ne plaise pas trop à ma grand soeur. A vrai dire je l’aurais sans doute parié, du moins il aurait fallu que je sois plus malin sur le coup. Pendant un certain temps je coupe les ponts avec elle sous la demande de Père et voilà que maintenant je viens lui parler comme si de rien n'était ? Pas très diplomate tout ça. Mais je n’étais pas vraiment un as de la communication non plus il faut dire… Ce qui me rassurait déjà c’était l’attitude de Pyrrha. Au moins elle, elle n’avait pas changée et ça faisait du bien. Riant lorsqu’elle me picorait le crâne je la poussait délicatement du bout du doigt contre le flanc de sa tête en jetant un oeil vers elle et la laissant reprendre son envol par la suite. Ayant toujours un léger sourire amusé par ce volatile je reportais mon regard sur ma soeur. Son regard croisa le mien et je compris parfaitement qu’elle ne savait pas vraiment pourquoi j’étais là et était clairement sur la défensive. J’avais un peu honte sur le coup. Surtout que sa réflexion n’était pas vraiment correct, enfin je veux dire par là que oui elle avait toujours le droit de sortir, du moins pas à ce que je sache le contraire… Mais c’était un peu bizarre l’atmosphère entre nous à ce moment là. Alors je fis une légère moue, comme si je n’étais pas vraiment content de mon effet de surprise. Mais j’aurais dû m’y attendre aussi…
Lâchant un léger soupire suite à ses paroles voilà qu’elle me ferait presque sursauter avec sa question. Ce que je faisais là ? Rien de particulier, j’avais envie de la voir, de lui parler, sans que Père ne le sache… Puis de toute façon Père… - Père est partit avec Sienna pendant un long moment. Maman n’est pas là non plus. Alors je me disais que ça serait bien de passer un peu de temps ensemble… M’enfin - Dis-je en me grattant l’arrière de la tête. Je ne savais plus vraiment où me placer sur le moment. Avais-je fait quelque chose de mal ? Je n’en savais rien, enfin du moins j’espérais qu’elle puisse m’accorder au moins le bénéfice du doute… Après tout même si j'obéissais un peu trop à Père j’étais toujours moi, Callum, son petit frère.
Briseis Black
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Elle ne sait pas pourquoi, en dehors de Poudlard et donc quand elle n’est pas en public, on ne lui laisse pas un instant de répit. C’est un peu ainsi qu’elle ressent l’arrivée non désirée de son jeune frère, tandis qu’elle espère se promener tranquillement sans tout le poids de la pression familiale sur le dos et pourtant… il y a quelques années, elle aurait accueilli Callum à bras ouverts. Ce qui est totalement impensable actuellement, depuis qu’ils ne se parlent plus, depuis qu’ils doivent se tenir à carreaux. L’un comme l’autre. Ils se sont irrémédiablement éloignés tous les deux mais elle sait parfaitement que c’est dans l’ordre des choses : ils vont finir par la délaisser, voire l’oublier et même si cela lui fait de la peine de perdre progressivement des gens qu’elle aime, elle s’est un peu résignée à ce destin. On lui a bien fait comprendre qu’elle n’a pas sa place dans cette famille ! Pyrrha, elle, ne semble pas avoir compris la tension qui règne soudainement entre sa maîtresse et le jeune homme, parce qu’elle aime beaucoup le sorcier. Il faut dire qu’il est le premier à connaître son existence. Elle se souvient l’angoisse ressentie quand elle a dû ramener la chouette chez elle alors que déjà la honte d’être une Gryffondor la suivait comme un fardeau. Personne n’aurait compris pourquoi ce choix, pourquoi un oiseau si minuscule, si joyeuse, incapable de porter des colis, ni les beuglantes dont elle a peur. Un animal aussi indigne de son rang : trop mignonne, trop fragile. Elle a eu la boule au ventre aux premières vacances, insonorisant toute sa chambre avec un sort, faisant rentrer la boule de plume par sa fenêtre. Elle ne parle pas d’un animal de compagnie, elle évite toujours le sujet, de peur que sa pauvre rescapée adoptée ne prenne pour elle. Callum n’a rien dit alors qu’il a vite découvert l’existence du petit oiseau dans la chambre de son aînée et il n’a jamais trahi les secrets de Briséis. Pour ça, elle lui en est reconnaissante mais aujourd’hui, elle ne sait plus du tout qui il est. Il a pourtant l’air le même qu’avant quand elle l’entend rire à cause de Pyrrha. Le sérieux retombe rapidement quand ils se regardent, quand elle lui fait remarquer qu’elle a droit de sortir. Lui paraît bouder sa réponse : mais à quoi s’attendait-il de sa part ? Il fait le fils parfait, il a trouvé sa place parmi les Black et ça change tout entre eux. Elle le sait bien.
Il s’étonne de la question de sa soeur mais elle a toutes les raisons de se la poser. Elle se demande bien pourquoi il est ici dehors dans le froid avec elle alors qu’il peut être tranquillement au chaud dans le manoir. Pyrrha semble soucieuse de les voir se regarder l’un l’autre dans le blanc des yeux et décide, lasse, de se faire un nid en se pelotonnant dans la chevelure de Briséis qui râle un peu mais qui, au fond, aime bien quand elle fait ça. Sauf que c’est totalement impensable encore qu’elle laisse une petite chouette la décoiffer comme ça. Heureusement ça n’arrive que quand il n’y a personne… sauf là. Callum se justifie par l’absence de tout le reste de la famille. Ils ne sont donc que tous les deux, elle ne l’apprend que de sa bouche. Il faut donc bien que quelqu’un reste avec elle ? ” Passer du temps ensemble ou me surveiller ?” demande-t-elle alors. Il a l’air mal à l’aise : parce qu’il sait qu’il fait quelque chose qu’elle n’apprécie pas ? Ou parce que depuis quelques années ils ne savent plus comment se parler ? ” Tu ne me parles plus au château et tu veux me faire croire que soudainement tu veux passer un peu de temps avec moi ? … Je ne fais rien, je profite juste de l’extérieur. Pas besoin de venir voir ce que je fais.” Cela lui brise le coeur mais s’il fait partie des Serpents, c’est qu’il a de l’ambition et s’il est comme leur père, ou qu’il le devient ? Elle fait partie des courageuses, elle n’est pas comme eux. Elle ne court pas après le prestige, le pouvoir ou la renommée. Elle veut une place parce qu’elle veut être aimée de sa famille surtout.