La salle commune de Serdaigle était bondée et l’ambiance était studieuse. La fin de l’année approchait à grands pas et les examens aussi, et tout cela, dans une ambiance tendue et peu saine avec les derniers évènements qui s’étaient déroulés à Poudlard. Je n’étais pas d’humeur à discourir aujourd’hui, comme j’avais l’habitude de le faire d’ordinaire. Dans la salle commune, on n’entendait généralement que moi, car j’avais toujours des tas de choses à raconter à qui voulait bien m’écouter car j’adorais partager mon savoir avec mon auditoire. Je ne faisais pas partie du club des érudits pour rien. Mais aujourd’hui, je n’avais aucune anecdote passionnante à raconter - quoi que, si je cherchais bien, je finirais par trouver, mais je n’avais pas envie. Tout simplement - et aucun livre n’avait su se montrer suffisamment digne d’intérêt à mes yeux. Je saturais des révisions, incroyable mais vrai ! Et j’avais envie d’aller faire un tour, de partir à l’aventure. Clarence m’avait interdit de faire usage du Livre des Possibles dans l’enceinte de l’école, il était occupé à faire réviser des élèves de notre maison d’ailleurs, et à mon grand damne, Nocturnus était aux abonnés absents. Tant pis, j’avais besoin d’aller m'aérer. J’étouffais.
Seul, c’était pas mal aussi. Je descendis de la tour des bleus et argent et flânai un moment dans les couloirs. Perdu dans mes pensées, je fredonnais sans m’en rendre compte, l’air de la chanson que Scodelario me faisait travailler en atelier de chant. Je commençai à être obnubilé par une idée fixe. Dans moins de deux mois, ma scolarité serait terminée. Je n’en montrais jamais rien devant les autres, mais j’appréhendais plus que jamais ma sortie définitive de Poudlard. Quel serait mon avenir une fois dehors ? J’avais une idée bien précise de ce que je voulais faire. Je n’avais pas eu le choix que de faire un projet d’orientation professionnel et j’avais opté pour un poste au ministère. Mais bien plus que mon avenir professionnel, c’était la conjoncture qui m’inquiétait. Celui dont rien que le nom me faisait frissonner d'effroi était une réalité et personne ne semblait en mesure de lutter contre lui. Et cela m’effrayait. Pourquoi Dumbledore ne faisait-il rien ? Lui qui avait pourtant défait le plus grand mage noir que l’histoire ai connu ?
J’ignorais encore quel était le parti de monsieur Hamilton mais une chose était sûre, si je travaillais au ministère, je serais probablement confronté aux mangemorts, tôt ou tard. Et je ne pourrais me montrer couard. Ô, je connaissais bien les sortilège rudimentaire de défense contre les forces du mal, mais personne ne nous enseignait jamais à les utiliser en situation réelle. Et j’avais été interdit de duel pendant près d’un an à cause de l’accident avec la préfète de Gryffondor.
D’ailleurs, sans m’en rendre compte, mes pas m’avaient conduit jusqu’à la salle de duels. Ce n’était pas l’heure pour un atelier puisque aucun professeur n’était présent. Je franchi le seuil de la porte. La salle était vide. Je restai un moment planté au milieu de la pièce à réfléchir. Expérimenter. Voilà ce que j’avais retenu du court séjour du professeur Keller à Poudlard. Je sorti ma baguette magique et fis approcher les mannequins d’entraînement. Je commençais avec des sorts faciles, que je maîtrisais depuis longtemps. J’avais rapidement appris à les lancer sans remuer les lèvres depuis que nous avions étudié les sortilèges informulés.
Je sentais ma magie irradier mes veines et l’adrénaline monter. J’étais seul. Sans témoin. L’endroit et le moment étaient idéal pour se laisser aller à quelques sortilèges offensif que j’étais sans doute le seul de l’école à savoir lancer. Tout d’abord : “ Expecto Picturus!” ; une variante du Patronus que nous avions mis au point, Nocturnus et moi - enfin, surtout lui - afin de nous permettre de surveiller les alentours en se fondant dans les tableaux de l’école et de nous avertir de toute approche d’indésirable, lorsque nous nous apprêtions à faire quelque chose d’interdit par le règlement. La fumée argentée sortant de ma baguette pris rapidement la forme d’un furet et se fondit dans le tableau que comportait la pièce.
Je pointai ensuite ma baguette sur la porte de la salle qui se ferma sans même que je n’eusse à prononcer la formule, puis, je retournai la pointe de cette dernière sur ma gorge pour lancer un “Assurdiato”, mieux valait prévenir que guérir. Quand bien même mon patronus m’avertirait de l’arrivée d’un intrus, je préférais éviter qu’il m’entende. La baguette rivée sur le mannequin, le cœur battant la chamade, je risquai pour la première fois depuis deux ans un “Fluxo exsugo”.
Lancé de dé 1 : Le sortilège réussit : le mannequin se décompose à vue d’œil et finit en un tas de poussière 2 : Le sortilège échoue et laisse juste des traces d'usure sur le mannequin. 3 : Le patronus revient donner l’alerte, le surprend et le sortilège est dévié.
Je tremblais d'excitation et maintenant, j'étais frustré. De toute évidence, l'appréhension m'avait fait échouer, à moins que je ne sois plus capable de le lancer. Non ! Impossible. Le sort ne fonctionnait peut être que sur des êtres organiques. Un éclat argenté attira mon œil et me fit sursauter. Mon patronus était revenu dans le tableau et paraissait agité, et pour une bonne raison. Je croisai aussitôt le regard du préfet de Gryffondor. Un frisson désagréable me parcouru l'échine. Depuis quand était-il là ? "Sonorus" lançai-je sur moi-même afin de retrouver l'usage de ma voix. Je me composai rapidement un sourire radieux pour faire comme si de rien n'était et lui lançai aussitôt un "Salut !"enjoué en priant pour qu'il n'ai pas vu ce que je venais de faire.
Dernière édition par Benedict O'Carley le Lun 27 Juin - 16:44, édité 5 fois
Daily Prophet
LE MAITRE DU JEU
+ SORCIER DEPUIS LE : 13/11/2009 + PARCHEMINS : 1569
J’avais beau retourner la situation dans tous les sens, je me demandais comment était-ce possible. J’avais étudié les plus grandes histoires, les règnes et les dictatures, les guerres et les manipulations de la foule. Mes précepteurs étaient sévères mais pourtant source d’un savoir que mon ambition ne saurait refuser. Il m’était nécessaire de connaître et surtout comprendre les rouages de l’homme. Comprendre comment il réagit face à la peur, comprendre comment il se défend et comme la masse réagit face à un leader. J’avais besoin d’avoir des clefs pour créer des nœuds et les défaire. Poudlard n’était probablement que le commencement : apprendre, me faire la main. Je savais qu’il y aurait des gens pour me défendre, des gens pour m’éloigner des aurors si un jour je devais tomber. La Suède m’ouvrerait ses portes tel un Prince, si je devais fuir ce pays. Mais fuir serait avouer un échec et je ne me permettrais pas d’échouer. Ma famille était derrière moi pour y veiller et me soutenir. Le fantôme de ma sœur était source de promesse. Elle était toujours là, cette sensation, cette certitude qu’elle planait et me suivait où que j’aille. Parfois, je regrettais le fait qu’elle n’ait pas choisi de rôder dans le manoir, j’aurais pu continuer à lui parler, à jouer avec elle. Mais il était probablement plus sage de continuer à m’ouvrir à ce monde à refaire que de m’enfermer auprès d’un fantôme…
J’avais beau essayer de comprendre comment quatre simples mannequins avaient autant mettre le feu au poudre… Je ne comprenais pas. Etait-ce l’agression passée qui les avaient convaincus que la menace était sérieuse ? Ce n’était pas ce que j’avais décidé. Il avait incroyablement adoucis nos plans. Ce n’était pas le feu mais du sang, dans mon esprit la mise en scène était bien plus glauque, bien plus lugubre. Mais le message était identique, simplement moins fort. Allaient-ils simplement prendre cette menace au sérieux ? Avais-je simplement le cœur à mener mon rôle correctement ? Pourtant la danse ne faisait que commencer. C’était enfin le début… D’une nouvelle ère. Je veillerai à cette terreur constante au sein de Poudlard. Il me fallait simplement continuer dans cette voie, garder mon poste de préfet pour me laisser la possibilité de rôder… Ou faire d’un professeur un allié incontestable.
Je me perdais dans les méandres de mon esprit avant de me rendre compte que mes pas me guidaient tout droit dans la Salle des Duels. Ma baguette était une association complexe qui n’était probablement pas fait pour la violence… Du moins, pas une violence spectaculaire et tape à l’œil. Tout ce devait d’être raffiné, d’être parfait, d’une élégance presque artistique, voir aristocratique. J’avais su tirer un peu plus de puissance de cette baguette au fils des entraînements de mes parents ou de ces collègues qui portaient eux aussi la Marque. C’était loin d’être facile. Etant un des anciens élèves du club de Duel, ayant plus d’expérience que les plus jeunes, j’étais force de conseil et d’ajustement. Pourtant, il m’était difficile de cacher mes prédispositions pour les duels, tant ma fierté et mon envie d’écraser étaient fortes. Mais je m’autorisais à fauter face à ceux que l’on considérait les plus forts. Il ne fallait pas être vu telle une menace. Être brillant pour être respecté, mais ne pas faire peur… Non. Jamais. Pas avec ce masque-ci, bien trop précieux.
Véritable ombre silencieuse dans la salle, je voyais bientôt une silhouette. La tienne. Je la reconnaissais entre mille et je t’observais faire. Bientôt, l’un de mes sourcils s’haussa. Qu’étais-tu en train de faire… ? Je m’approchais, curieux, mes lèvres s’étirant dans un sourire narquois. Tu n’étais décidément pas normal. Mon sourire s’effaçait et mon air semblait presque soucieux. Il était presque délicieux de voir à quel point tu étais dépendant de cette puissance qui pouvait s’écouler de tes veines. Simplement fou d’user de la magie noire entre les murs de Poudlard, lorsque la sécurité est renforcée et que les professeurs et le directeur veillent, tous. « Salut ! » Tant de joie, tant d’entrain. Et pourtant je restais froid, te détaillant un instant. Je m’approchais légèrement. Toi et moi, cela avait toujours une relation d’entraide de compétitivité fraternelle. Une distance respectable entre nous, que l’un et l’autre ne franchissait jamais. Nous ne parlions jamais de choses personnelles. Il n’y avait que sortilèges, duels et devoirs dans nos conversations. « Tu joues avec le feu… » Ce sortilège je l’avais reconnu pour avoir vu quelques heures les dégâts sur une élève de ma maison. Une alliée. Je te détaillais encore, avant de froncer les sourcils. « Tu devrais éviter de t’isoler… Surtout pour pratiquer de tels sorts. » Surtout après ce qui s’était passé à la Salle des Trophées. Certains viendront s’en prendre probablement à toi à plusieurs, ou te faire des coups bas pour te pourrir la vie. Qu’ils fassent, tant qu’ils se tiennent loin de Gale, de moi, et des autres.
Je restais à une distance raisonnable. Tu avais ta baguette à la main, la mienne était rangée, pourtant je restais sur mes gardes. Peut-être pourrais-tu devenir fou. Un allié. Un ennemi. Une victime.
Le silence s’imposait un instant. J’inspirais lentement.
J’ajoutais enfin : « Mais ce n’est, évidemment, que mon avis, Benedict. » Assez familier pour t’appeler par ton prénom, pas assez pour user d’un surnom. Entre deux eaux, entre deux états. Un entre-deux qui pourrait basculer de l’un à l’autre… Il suffisait simplement les modeler, les conduire. Emprunter la bonne direction. Mais j’étais moi-même ignorant de ce qui me semblait le plus probable avec tout ça.
Devais-je te demander comment tu encaissais tout ça ? Te demander ton avis sur cette mise en scène ridicule ? Probablement tout et rien à la fois. Probablement. « Est-ce que ton directeur t’a parlé à ce propos… ? » Soucieux de ta sécurité. Regarde-moi. Je suis si à l’aise dans ce personnage : je lui ai donné vie depuis tant d’années. Ce ne sont plus des mensonges. Ils sont moi. Je suis eux.
Benedict O'Carley
+ SORCIER DEPUIS LE : 02/01/2016 + PARCHEMINS : 1057 + LOCALISATION : Serdaigle, 7ème année, Poudlard
Mon sortilège avait lamentablement foiré et ma frustration n'avait d'égal que la gifle que venait d'encaisser mon égo. Mais tout cela n'était rien que d'insignifiantes et puériles broutilles et j'en pris pleinement conscience lorsque je croisais ce regard inquisiteur qui m'était familier. Le contrecoup de mes actes risquait d'être bien plus pénible à encaisser qu'un simple problème d'égo. Espérons juste qu'il n'avait rien vu de plus que ce que j'avais voulu laisser voir.
Je ne savais ce qui m'avait pris. Je choisissais toujours le pire moment pour faire mes expériences. Mais cette fois, personne n'avait été blessé et tout compte fait, mon échec pouvait me servir d'alibi pour démentir ce que Windsor croyait avoir vu. Ce qui n'était pas plus mal. Qu'avait-il vu au juste ? Je ne tarderais pas à le savoir mais en attendant, restons naturel !
Mon sourire enjoué se mua en un rictus. Ok, il avait tout vu. "Non, pas vraiment. Tu me sous estimes ! Incendio est un sortilège de niveau un que je sais lancer depuis ma première année. Si j'avais voulu mettre le feu à ce mannequin, il n'en resterait que des cendres." Jouer au plus malin avec le préfet de Gryffondor était un jeu que j'affectionnais particulièrement, mais qui pouvait s'avérer dangereux et me vanter sur mes capacités magiques alors que je venais de lancer un sortilège douteux, n'était sans doute pas la meilleure idée que j'avais eue de la journée. Brillant Benedict ! Ça je l'étais, brillant ! En sortilèges mais aussi dans ma bêtise !
Sans me défaire de mon sourire, je m'étais mis à tapoter ma cuisse en rythme, avec ma baguette magique. Son regard me dérangeait et me rendait nerveux. Il fallait toujours que je batte la mesure ou que je fasse les cents pas quand j'étais nerveux, ou quand je réfléchissais, ou quand j'étais excité et dans bien d'autres cas de figures d'ailleurs. Difficile de savoir ce qu'il en était réellement. Je n'étais pas facile à appréhender car moi aussi, je jouais beaucoup sur les apparences, dans un souci de préservation.
Je ne tenais jamais en place et je n'aimais pas sa manière de me fixer et encore moins de froncer les sourcils. " Pourquoi ? Quel sort ? Un sort de défense, dans une salle dédiée à la pratique de la magie ? " répliquai-je avec véhémence, niant l'évidence. Mais j'entendais le double sens de sa remarque et je jouais moi aussi sur plusieurs tableaux. " Allons, allons. Tu as peur qu'il m'arrive quelque chose ?" Il était vrai qu'avec cette histoire sordide, il n'était pas très prudent de se balader seul dans les couloirs. J'ignorais qui étaient ces détraqués qui s'amusaient à terrifier toute l'école, mais ils avaient parfaitement réussi leur coup si leur objectif était d'instaurer un climat de psychose. Moi qui pensais que l'école était le dernier rempart contre cette folie qui sévissait à l'extérieur, mais voilà que la dernière pomme encore saine commençait à pourrir de l'intérieur. Il n'y avait plus aucun endroit safe, nulle part et cela me pesait. Autant pour moi, car je n'étais pas prêt à être confronté à cette dure réalité, que pour mes sœurs. Le simple fait de penser que je ne serais pas là à la rentrée prochaine pour veiller sur elles m'était insupportable. Mais je cachais bien mon jeu. La preuve ! J'étais encore là, à marauder seul alors que tous les autres se terraient dans leurs salles communes ou ne se déplaçaient que par petits groupes.
"Et puis regarde... je ne suis pas seul ! " ajoutai-je avec un sourire espiègle.
Je laissai le silence s'installer. Nous en étions à nous jauger mutuellement du regard et il me coutait de garder le silence car déjà, une multitudes de questions et de remarques se bousculaient à la barrière de mes lèvres. J'attendis qu'il parle le premier, qu'il me précise qu'il ne s'agissait là que d'un avis. Soit ! J'avais donc affaire à l'ami et non au préfet venu me dicter ma conduite. "J'entends bien ! Mais je pourrais te retourner la remarque. On ne va pas arrêter de vivre pour si peu !" Et voilà que je minimisais les choses. C'était ma façon à moi de dédramatiser et aussi une manière de m'auto-convaincre.
Je lâchai finalement le préfet du regard et me tournai vers les mannequins. J'en repoussais un avec un expelliarmus parfaitement exécuté. "De quoi veux-tu qu'il me parle ? Il nous a servit un speech se voulant rassurant. Soit disant que les professeurs et Dumbledore avaient la situation bien en main. Que les Aurors présents dans l'école sont là pour nous protéger, bla bla bla. Tu as du avoir le même baratin à Gryffondor, non ? A moins qu'ils n'aient d'avantage informés les préfets que les autres élèves." dis-je en l'interrogeant du regard. Mais je connaissais déjà la réponse du fait d'avoir pour meilleur ami le préfet de Serdaigle. Cependant, j'étais curieux de recouper les différents sons de cloche.
"Si tu veux mon avis, ils maîtrisent que dalle !" Je fis un nouveau moulinet du poignet en direction d'un deuxième mannequin " Expulso ! " et le renvoyait contre le mur. Puis je traversai la salle afin de me rapprocher d'Amadeus. "Et toi ? T'en penses quoi ?" La baguette toujours en main, je me plantai à moins d'un mètre de lui. "T'es venu là pour combler un mal de sensations fortes ou tu me cherchais ?" Si j'avais voulu juste me montrer plaisantin, mon ton était plus provocateur qu'escompté. Là je jouais avec le feu.
Amadeus H. Windsor
PREFET
+ SORCIER DEPUIS LE : 16/06/2016 + PARCHEMINS : 103 + LOCALISATION : Dans ton ombre...
Jouer au plus malin avec moi, était un jeu qui m'exaspérais toujous autant. Surtout venant de toi. Cette fausse naïveté, teintée d'arrogance... Tu étais pourtant un Serdaigle, cela en était presque étonnant, venant de ta part. Alors je ne répondais rien. Absolument rien. Je restais silencieux face à toi, face à tes bétises, qui n'avaient pas plus de sens que ton innocence. Le silence. Pouvoir insolent, pouvoir grisant. Trop peu de personnes apprécient le silence. Beaucoup se sentent obligés de le combler lorsqu'il n'est pas de leur oeuvre.
Ton corps trahissait ta nervosité : ta baguette s'agitait entre tes doigts, tapant un rythme invisible contre ta cuisse. Ton sourire était si faux. Tu transpirais quelque chose de divin. Une agitation palpable, incontrôlable. Pauvre fils de sang-pur mal éduqué. Incapable de contrôler son corps et ses émotions. « Nions la réalité, de toute évidence... » Faisons comme si je n'avais rien vu, rien entendu. Certains traits de ton caractère m'amusaient comme pouvaient m'agacer rapidement. Je bougeais alors un peu pour m'appuyer contre le praticable des duels. Je croisais doucement les bras et t'observais. Est-ce que j'avais peur qu'il t'arrive quelque chose ? « C'est probablement le cas, oui. » Jamais réellement une affirmation. Jamais vraiment un mensonge. L'on jugera cela comme une émotion à demi assumée, comme de la pudeur masculine, de la pudeur aristocratique, une inquiétude à demi-soufflée.
J'échappais un léger soupire lorsque tu ajoutais, si espiègle que tu n'étais pas seul. Tu étais une véritable anguille qui glissait entre mes doigts. Etait-ce un déni de la réalité ? Un tempérament qui ne cessait de voir le bon côté des choses ? Ou bien te jouais-tu seulement de moi ? Cette question traversait mon esprit et commençait légèrement à m'agacer. Pourtant, je laissais une légère moue glisser sur les traits fins de mon visage. « Sans vouloir t'offenser, Benedict... Je ne suis pas sûr que nos situations soient comparables. » Des pincettes. Avec délicatesse. Une piqûre de rappel. Un succulent rappel. Je n'ai pas peur. Mais je vais faire comme si. Pour te l'insuffler, glisser dans ton cœur cette gêne palpable, cette haine, cette peur qui sévit dans les murs de l'école.
« Je n'en sais rien... Tu n'étais pas à la Salle des Trophées ? Ton nom a été cité plusieurs fois. »
Couperet immaculé. Il tombe comme une vérité saisissante. Si tu ne daignais parler de cette réalité, j'y apposais les mots. Je remettais sur le tapis ce que tu avais fais à ma douce et délicieuse Vesper. Cet oiseau rare, perdu dans ses fréquentations mais devenue finalement inestimable. Une victime. Ta victime. Pas la mienne. Mais la tienne. Je n'étais pas seul. Si seulement Gale pouvait s'hisser à cette même hauteur... Si seulement il ouvrait les yeux et pouvait goûter à cet interdit. Plus rien ne saurait l'arrêter. Plus rien ne saurait nous arrêter. Il comprendrait alors ce que je ne peux souffler tout bas. « J'imaginais que ton directeur aurait pu te mettre en garde... Les gens sur réagissent souvent après ce genre d'épreuve... » Je supposais. Je m'inquiétais. Je regardais ailleurs un instant avant de me redresser, laissant mes bras retomber le long de mon corps. Une mise en garde ? Je n'avais rien prévu pour toi. Mais j'espérais profondément que quelqu'un le fasse. J'espérais que cette folie conduise un groupe d'étudiants à te chahuter, s'en prendre à toi... Te demander des comptes. Cela serait parfait. Et si cela nécessite un peu plus de poudre... Nous la trouverons.
« Evidemment qu'ils ne maîtrisent rien... » Je donnais un peu plus de poids à tes paroles, avant de suivre tes mouvements. Les sortilèges que tu lançais. Mes prunelles si froides accrochées à toi. J'observais quelques longues secondes les mannequins tandis que je laissais le silence retomber. Tes pas te menant à moi. Quel beau silence. Quel doux silence. Mes yeux se reposaient sur toi. Mes orbes de glace se plantaient dans les tiennes, si perçant. J'étais si calme. Si doux. Si neutre. « J'en pense que nous sommes censés rassurer nos cadets pour ne pas céder à la panique... Et j'espère sincèrement que tu n'as rien à voir avec ceci... Toutes les idéologies peuvent être entendues, mais vouloir semer la peur de cette manière... Je trouve cela ridicule. Mais ca marche. » Des pantins. Des mannequins. C'était si peu ! La frustration me brûlait tout entier. Y penser m'agaçait. Mes doigts me démangeaient, ma baguette était impatiente. Je pourrais tellement faire ce que Gale n'a pas soufflé de faire, tout réparer, là, maintenant, tout de suite avec toi. De ma baguette. De ton sang. « Ni l'un, ni l'autre, je ne faisais que passer. La curiosité est mon vilain défaut. » Un léger sourire amusé se glissait sur mes lèvres.
Benedict O'Carley
+ SORCIER DEPUIS LE : 02/01/2016 + PARCHEMINS : 1057 + LOCALISATION : Serdaigle, 7ème année, Poudlard
Je n’aimais pas du tout le ton avec lequel le préfet de Gryffondor s’adressait à moi, ni même ses insinuations. Je ne savais pas si c'était du lard ou du cochon. Et il était déjà en train de me faire culpabiliser. Cependant, je ne relevai pas, me contentant d’un sourire pour toute réponse; le plus agaçant, celui qui me donnait cet air hautain et si sûr de moi. Un leurre ? Possible. Mais ce n'était même pas intentionnel. J'étais à la fois très expressif et à la fois très difficile à cerner. Surtout lorsqu'il s'agissait d’afficher mes propres émotions. Même moi je n'y comprenais rien, pour tout vous dire ! Je n’étais pas très doué pour ça. Il prendrait mon sourire comme il voudrait. J’avais conscience qu’argumenter ne ferait que m’enfoncer et que j’avais encore perdu une occasion de me taire. Je regrettais déjà amèrement de m’être montré si peu prudent. J'étais presque sûr qu’il m’avait vu et je ne voulais pas lui tendre en plus un bâton pour me faire battre. Je n’étais pas complètement idiot non plus.
Je préférais détourner la conversation et attirer son attention ailleurs. Mais je n’avais pas l’impression qu’il m’y suive vraiment, ou alors je ne comprenais pas les raisons de sa retenue. « Probablement ? » relevai-je en arquant un sourcil. « C’est une manière subtile et détournée de répondre par l’affirmative ? » Ou de noyer le poisson plutôt. Enfin, moi j’interprétai les choses comme cela, et je mis involontairement les pieds dans le plat en le provoquant de plus belle sur le ton de la boutade. C'était l'hôpital qui se foutait de la charité ! Surtout quand on savait à quel point j'étais handicapé des relation sentimentales.
Je fus assez content de moi lorsque je le vis sourire, mais ce qu’il lâcha ensuite avait un je ne savais quoi qui me piqua au vif dans mon amour propre et me fit l'effet d'une douche froide. Je détestais vraiment ses foutues insinuations ! Mais je pris considérablement sur moi pour garder un air de rien et ne pas me renfrogner. Je ne voulais pas qu'il voit que cela m'affectait bien plus que je voulais le montrer. Après tout, ce qu'il disait, pouvait vouloir tout et ne rien dire. Je haussai nonchalamment les épaules comme si je prenais la situation avec philosophie ainsi que pour me décharger un peu du poids qu'il venait de rajouter sur mes épaules. Mais il accentua mon malaise avec la tête qu'il fit ensuite. Je m’apprêtais à répliquer qu’il ne fallait pas dramatiser lorsqu’il appuya sur ma plaie mal cicatrisée. Un frisson désagréable me parcouru l’échine et je m’arrêtai soudainement de jouer des percussions avec ma baguette. Je souriais toujours mais mon regard s’était éteint. Non, tu ne vas pas t’y mettre toi aussi !
Coupable. Je plaidais coupable. En mon fort intérieur, tout s'effondrait. La sensation était sans doute semblable à celle qu’aurait provoqué un détraqueur en passant à proximité de l’école. Mais j'essayais de ne pas me décomposer et de ne pas perdre la face. J'y arrivais plutôt bien d'ordinaire.
« Si, j’y étais. Et après ? » dis-je sur un ton léger qui me fit moi-même froid dans le dos. « Toi aussi non ? » Étrangement, je ne partis pas dans un monologue long et ennuyeux comme j’avais coutume de le faire, alors que j’aurais eu matière à argumenter si je l’avais voulu. Mes proches diraient que lorsque je gardais le silence, ce n’était jamais bon signe. A juste titre. Je n'avais pas un tempérament sanguin, il en fallait beaucoup pour me faire sortir de mes gonds. Windsor n'y était pour rien dans toute cette affaire. Il ne faisait que me rapporter les faits que je connaissais déjà, qui plus est. J'y avais été. Je m'étais pris des remarques mesquines et outrageuses en pleine figure. Mais je n’avais pas riposté. Et puis il y avait eu Scodelario qui avait calmé le jeu. Ce n’était pas la première fois que j’étais montré du doigt et que j’étais accusé à tort pour quelque chose que je n’avais pas commis. Ça m'aura pourri une bonne partie de ma scolarité !
Je pensais arriver plus facilement à me détacher de toute cette histoire avec le temps. Mais je me fourvoyais. Si je n’en montrais rien à priori, Amadeus avait obtenu l’effet désiré. Il m’avait porté un coup bas qui avait m'avait bouleversé et réveillé mes vieux démons. Voilà ce qui m’avait coupé le sifflet. Car en plus de rappeler mes erreurs à mon bon souvenir, il venait de me prendre en flagrant délit de pratique de magie noire au cœur même de l’école. Ce même sortilège qui avait failli tuer sa petite amie deux ans auparavant. Riens que de faire le lien entre d’Orléans et lui, je me sentais mal.
Je rebondis toutefois sur sa question qui me tira de mon mutisme, après avoir lâché un peu de pression en repoussant un mannequin d’un sort maîtrisé mais plus puissant que je ne l'aurais voulu. « Me mettre en garde ? » Je laissai échapper un rire nerveux pouvant se confondre à s’y méprendre avec de la désinvolture. « Contre quoi ? » Contre les qu’en dira-t-on ? J’ai le regret de ne pas t’annoncer que le mal était déjà fait. « Oui, ça je sais. Pourquoi moi plus qu’un autre ? On a tous été mis en garde, non ? Les débordements… c’est à prévoir. Il y aura toujours des imbéciles pour crier au scandale et se monter les uns contre les autres. Mais qu’est ce que tu veux que ça me fasse ?» lâchai-je avec un sourire forcé et pour m’éviter de céder à mon nouvel afflux de nervosité, j’avais renvoyé le deuxième mannequin à sa place et j'avais recommencer à battre la mesure. J’essayais de m’auto-persuader que je n’avais pas peur et que tout cela m’indifférait. Cela aurait du m’indifférer. Mais je savais où il voulait en venir et je ne pouvais lui en vouloir d’avoir des doutes à mon sujet. Après tout, j’avais blessé sa copine. Cette histoire n’en finirait donc jamais ? Sauf que cette fois encore, comme pour Carter, je n’avais rien à me reprocher.
« Rassure-toi, j’avais autre chose de bien plus intéressant à faire que jouer à la poupée et j'ai passé l'âge pour ces conneries. » Même si je mesurais très bien le volume de ma voix, je m'étais empressé de l'interrompre. Cela m’avait échappé. Mon agacement était palpable. « Ridicule, ça tu l’as dit ! » Mais je devais lui reconnaître qu’il avait malheureusement raison. Il n’y avait qu’à voir les débordements qui avaient succédé à tout ce bordel. « Les idéologies hein ! Je suis d’accord avec toi, chacun a le droit de penser ce qu’il veut, personnellement, ça m’est égal. » mentis-je. « Je pense que ce sont juste des petits malins qui cherchent à attirer l’attention. Faire ça sous le nez et la coupe des Aurors, c’était sévèrement gonflé, je dois l’admettre. Mais avoue que leur goût pour la plaisanterie est particulièrement douteux. » Si seulement s’en était une… « Fort heureusement, il n’y a pas eu de blessés cette fois. C’est déjà ça. Ils ne sont peut-être pas aussi dangereux qu’ils le prétendent. Après tout, ce ne sont que des menaces. Rien de plus. » C’était encore une tentative d’auto-persuasion et de relativisation. Si j’essayais de m’appliquer mes belles paroles, j’étais bien loin de les penser. Moi aussi, je redoutais ce qui allait suivre. Pas pour moi. Mon sort serait scellé dans moins de deux mois et j’allais affronter une menace bien plus grande à l’extérieure. Une vraie. Qui passe à l’acte. C’était d’avantage pour mes sœurs que je m’inquiétais.
« Après tout, nous verrons bien ! » Puis je changeais de sujet pour savoir ce qui l’avait amené ici. Mon sourire fit écho au sien. « Tiens donc ! C’est drôle, c’est quelque chose que j’ai souvent entendu aussi. Et maintenant que tu es là, ça te dirait de... me tenir compagnie ? » Dis-je en désignant l'estrade de duel d'un signe de tête. Qui ne tente rien n'a rien.