- FERME-LA, DÉGAGE, VA VOIR AILLEURS ! JE VEUX VOIR PERSONNE ET ENCORE MOINS TA TÊTE, T'AS PIGÉ ?

Le concerné ne s'insurgea même pas. Depuis le temps qu'il connaissait Osana Misaki, Oswald savait que lorsqu'elle faisait ce qu'il nommait des « crises de rage », c'était comme si le démon s’emparait d'elle. Aujourd'hui, il avait eu le malheur de lui demander dans un laps de temps trop court ce qu'il lui arrivait en ce moment. Osana se renfermait sur elle-même, ne voulait voir personne et avait de plus en plus ces « moments d’absence », normalement si rare ,  qui précédait ses effluves de colère. Il savait son secret, il savait ce que c'était et s'inquiétait pour elle. C'était normal. Elle était comme une sœur pour lui, une personne très cher. Même s'il se prenait souvent le révère de ce caractère flamboyant, il ne pouvait lui en vouloir. Le don de voyance était quelque chose de dur à porter. Mais il se disait que des fois, être le seul élève à être dans la confidence l'était tout autant.
Voyant qu'elle ne répondrait pas de toute manière, il glissa dans sa chemise une cigarette avant de s'en aller sans demander son reste. Il savait également que fumer la détendait.

Osana, elle, tremblait dans son coin, tout en allumant sa cigarette. Maudit soit ce « don », qui apparaissait plus à ses yeux comme une malédiction. Maudit soit sa professeur de divination qui lui avait donné de vaines méthodes pour calmer ses visions. Et maudit soit ce monde magique qui avait fait d'elle une sorcière alors qu'elle n'avait absolument rien demander. Cela faisait sept années que ce vieil homme était venu lui annoncer, à elle et à sa famille, sa nature sorcière. Si à l'époque la joie l'avait étreinte, aujourd'hui elle regrettait de ne pas avoir écouté son aïeule. Rien ne se passait comme elle le voulait et voilà maintenant qu'elle gueulait sur son meilleur ami parce qu'il avait exigé la vérité. La 7e année lui accordait bien : en ce moment, elle avait l'humeur d'un hypogriffe mal brossé.

Mais comment réagir quand on prédisait la mort de quelqu'un et lorsque ce quelqu'un n'est autre que la petite sœur de son meilleur ami ?

C'était il y a deux semaines. Depuis, elle ne faisait qu'avoir des flash-back qui montraient toujours la même scène. Osana aimerait que cette fois, ça soit une simple divagation. Elle en a eu beaucoup après tout, des divagations. Mais une petite partie d'elle lui murmurait que son troisième œil n'avait jamais été aussi actif qu'en ce moment.
Elle prit une grande bouffée de fumée. Qu'importe. Elle n'avait jamais rien fait pour toutes les petites choses que Le Destin lui envoyait, parce qu'elle n'y avait jamais cru et parfois rien ne se passait alors elle n'avait pas de quoi s'inquiéter.

C'est ce qu'elle pensait, avant.

Osana ne s'en était jamais plus voulu qu'actuellement. Elle était à l'enterrement. L'enterrement de la petite sœur d'Oswald. Et elle avait l'impression de ne rien valoir, d'être nul à chier. C'est ce qu'elle était, en fait. Comme prévu, la jeune fille était morte noyée. La 7e année n'en savait pas plus, elle n'avait pas voulu en savoir plus en réalité. Le poids était déjà trop lourd. Alors elle se tenait juste là, à tenir la main de son meilleur ami, qui lui ne la regardait même pas. Ne la serrait même pas. Il ne lui avait pas non plus adressé la parole. Un comportement qu'Osana avait mit sur le compte de la tristesse.

La cérémonie passa incroyablement vite et bientôt, elle se retrouvait assise sur le banc du cimetière. Elle n'osait pas le regarder, lui, qui était en silence assit à côté d'elle. Osana savait qu'elle devait lui dire, ne serait-ce que par respect. Mais elle ne pouvait s'y résoudre.
C'est le Serdaigle qui prit la parole, d'un ton qu'elle ne lui connaissait pas et surtout pour lui dire quelque chose qu'elle ne soupçonnait pas.

- A-Alors, ça fait q-quoi d'être i-ici Osana ? Il lui avait demandé d'une voix sombre et entrecoupé par des sanglots persistants. L'asiatique ne comprit pas tout de suite. Non, en fait, elle eut peur de comprendre.

- Comment ça ? Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Comment ça… COMMENT ÇA QU'EST-CE QUE TU VEUX DIRE ? Avait-il explosé. TU SAIS TROP BIEN CE QUE JE  VEUX DIRE, NE ME PREND PAS POUR UN IDIOT, J'AI FAIT LE LIEN ! JE TE CONNAIS ! JE SAIS QUE TU SAVAIS ! Ce comportement… Comment tu la regardais pendant tout ce temps… Toi qui es grande gueule, POURQUOI TU L'AS PAS OUVERTE ?

Tous les deux s'étaient levés. L'une pour reculer, l'autre pour s'avancer. Osana n'avait jamais autant haït son don qu'actuellement.

- Calme toi… Os'… S'il te plaît…
- Que je me calme… Que je me calme…  Il eut un rire sardonique et continua d'un ton venimeux.  T'es qu'une pauvre conne Osana. Tu sais pas ce qu'elle représentait pour moi. Elle était mon échappatoire. Mes parents sont des putains de racistes contre les sorciers, elle était la seule à pas me regarder comme un aliéné. La mort me l'a enlevé et toi tu aurais pu l'empêcher. Les sanglots reprirent possessions de lui. Pourquoi tu ne m'as rien dit ?

Osana, elle, fondait sous les aveux. Elle n'avait rien jamais su de la situation familiale de son meilleur ami. En fait, il n'avait jamais voulu l'étouffer avec. Il avait toujours été là pour elle et elle venait de l'abandonner de la pire manière qu'il soit parce qu'elle n'acceptait pas ce qu'elle était. Et maintenant, elle ne savait pas quoi lui répondre. Elle n'avait pensé qu'à elle, depuis le début. Oswald la regardait comme s'il allait l'égorger, l'égorger pour son égoïsme, pour sa stupidité et il prononça les seuls mots qu'elle n'aurait jamais voulu entendre de toute sa damnée vie.

- Sors de ma vie, Osana.