Ebony fixait avec une certaine appréhension la pluie qui s'écrasait avec violence contre les fenêtres. Elle grimaça à l'idée que des branches suivent le même chemin. Par chance, du travail elle n'en manquait pas ce jour-là. Avec un temps pareil, les élèves tombaient facilement malades. Des maux de têtes et de gorges se déclaraient. Certains, morfales comme pas deux, torturaient leur estomac et finissaient ici en quête d'un remède qui apaiseraient leur ventre. D'autres venaient encore pour des vérifications pour leurs plaies ou cherchaient après des philtres de paix.
Les dégâts du marché nocturne, songeait-elle. La météo semblait s'accorder avec la guerre qui couvait depuis quelques semaines. Ce matin-là, elle reçut la visite d'un hibou trempé avec à ses pattes deux paquets relativement important. Elle se doutait que son correspondant avait allégé le poids de ceux-ci pour le transport. Elle n'eut même pas le temps de s'attarder qu'un grand éternuement se fit entendre. Ebony releva la tête et son regard se posa sur une adolescente de 16 ou 17 ans portant les couleurs de serdaigle. Elle se dirigea d'un pas rapide vers elle pour l'installer sur le lit le plus proche. Elle constata rapidement une petite fièvre et les mouchoirs dans la main de la gamine signifiaient un écoulement nasal. Elle la fit s'allonger sur le matelas et s'en alla chercher la potion de pimentine dans son bureau. Elle ne l'aimait pas réellement et pour cause, l'effet secondaire touchait les oreilles qui fumaient durant des heures. Malheureusement aucune autre trouvaille avait été fait dans ce domaine.
Elle prit possession du flacon et un nouveau bruit retentit dans la grande pièce. Cette fois-ci, il s'agissait que d'une personne qui toquait à la porte. Elle parcourut bien plusieurs mètres avant de reconnaître une petite bouille familière. Elle afficha un sourire un tantinet inquiet, mais Christopher la rassura dés la première phrase. Elle l'écouta attentivement, avec quelques mouvements de tête ici et là. Décidément, le poufsouffle ne concevait sa vie que par le quidditch. Parfois, elle lui remontait les bretelles pour son manque flagrant de travail. Elle glissait parfois quelques remarques histoire de lui rappeler l'importance des autres cours. En tant qu'ancienne serdaigle, les études prônaient dans son existence. Et au contraire du jeune homme, elle n'appréciaient pas tellement le quidditch, ni même le vol sur balai. Mais cela ne l'empêchait en aucune façon de l'apprécier ou toute autre personne attachée à ce sport trop brutal à son gout.
« Tu n'as rien à faire ? » L'interrogea t-elle en arquant les sourcils. Elle ne croyait pas une seule seconde à cette histoire. Toutefois le "je m'ennuie" s'avérait tout à fait plausible à ses yeux.
« Pas même un devoir du métamorphose ? Ou un chapitre d'histoire à lire pour le prochain cours ? » Qui ne tente rien, n'a rien. Elle n'en démordait pas. Elle voulait vraiment le pousser un peu plus vers d'autres univers. Pour elle, le sport restait un domaine plutôt fermé, dans le sens où on ne pouvait pas en pratiquer toute sa vie, et qu'après une retraite amplementméritée, on finissait souvent au département des jeux et sports magiques. Alors, elle tenait à ce que Chris ait d'autres cordes à son arc, qu'il s'intéresse à d'autres choses si jamais, il ne trouvait rien "après" sa carrière professionnelle. Du talent, il en possédait indéniablement, tout comme la volonté. Mais elle préférait lui montrer que ça ne suffisait pas. Elle se conduisait parfois avec les collégiens comme si elle était leur grande sœur de substitution. Leur mère même parfois.
« Bon d'accord. J'aurais bien quelques petites choses à te mettre sous la dent. J'ai reçu ces paquets ce matin. Si tu pouvais les emmener dans mon bureau le temps que je porte ceci à la miss à côté, ce serait parfait. » Elle lui indiqua les dits paquets posés sur une table de chevet et bifurqua vers la droite pour rejoindre sa patiente. L'adolescente avait mauvaise mine et Ebony espérait que la pimentine lui ferait du bien après le passage des effets secondaires. Elle la prévint tout de suite de la fumée qui sortirait de ses oreilles. Elle lui conseilla chaudement de rester une bonne heure - voire deux- après l'avoir avalée. La jeune fille hocha la tête prétextant que rien ne l'effrayait. La Lancaster la contempla longuement s'assurant par la même occasion qu'elle buvait entièrement tout le liquide et l'aida à se réinstaller sa tête sur l'oreiller. Tout en se mordillant la lèvre inférieure, elle tourna les talons pour ce que contenaient ces deux colis apportés tantôt. Elle remercia Chris pour son aide d'un sourire et se posa sur la chaise. Elle tira à elle les deux ballots et justifia leur présence :
« J'espère que c'est ma commande de la semaine dernière. Il me fallait à tout prix un nouveau mortier et son pilon. Puis l'autre, ça doit être les fioles qui accompagnaient le lot.» Le souvenir du magazine comportant cette offre était encore vif dans son esprit. Cela ne remontait qu'à une petite semaine après tout. Puis elle affectionnait grandement la qualité de ce matériel. Elle se rendait beaucoup de fois dans cette boutique sans pour autant pouvoir se payer la plupart de ses articles. Le prix montait relativement haut, néanmoins, en bonne fourmi qu'elle était, elle économisait pas mal et savait faire preuve de patience pour obtenir ce qu'elle désirait. Elle se saisit d'un ciseau afin de découper l'emballage tout en continuant de discuter avec Christopher.
« Oh et n'hésite pas à te servir. Je les ai fait ce matin. Pour tout t'avouer, je pense que les elfes de maison ne m'aiment pas beaucoup. Ils aimeraient sans doute que je vienne moins souvent dans leur antre. » Elle lui désigna l'assiette de cookies juste le petit meuble contre le mur tout en riant doucement. Ces gentilles créatures cuisinaient pour tout Poudlard. Si les élèves qui mangeaient en pleine nuit ne les dérangeait pas, ils se mettaient souvent en colère en découvrant Ebony circuler dans la cuisine comme si c'était la sienne. Mais au bout de deux ans, ils se gardaient bien de dire leur ressenti et ne s'officialisaient plus vraiment de sa présence.
« Alors raconte moi comment se sont passés les derniers entraînements de quidditch. » © ACIDBRAIN