Sebastian se mit à rire. Bon, ça va. Il ne l’avait pas vexé, ce qui était une bonne chose. Il parlait trop mais il l'aimait bien ce petit. Il était mignon comme tout - bien moins que son pote à kilt *clin d'oeil* *clin d'oeil* - et intéressant. ça aurait été con de le braquer.
Ce n’est pas la pire des prédispositions je pense.
Soudain, il le fixa d’un air curieux. C’est vrai ça. Il avait peut-être de vraies dispositions pour ça. Et vu les relations avec le monde Moldu et même entre les différents ministères, Benedict pourrait se voir offrir une carrière prometteuse et faite de voyages et d’aventures. Il savait parler, bien en plus. Trop sans doute. Mais tout s’apprenait. Et puis il serait capable de déclencher une attaque soporifique parfaite pour faire signer n’importe quoi à n’importe qui, juste pour le plaisir de le faire taire. En tout cas, cette idée extirpa un sourire à Sebastian, qui regardait l’élève, les yeux pétillant d’une malice qui n’avait rien de professorale.
Deux sœurs ! Ah mais vous avez de la chance de n’en avoir que deux ! J’ai trois demi-sœurs. Et si on compte les enfants de mes ex-beaux-pères, je dois avoir quoi… 5 demi-frères et 8 autres demi-sœurs ou un truc du genre.
Il avait cessé le compte quand il avait 22 ans et que sa mère s’était mariée en 5è noces avec un sorcier qui avait déjà quatre enfants de quatre mariages précédents. Ils avaient réussi à avoir un enfant ensemble et s’étaient séparés quand sa mère avait rencontré un Cracmol qui lui avait fait une cour des plus assidue, à grand renfort de potions Moldues supposées aider à la joie, au bonheur, au plaisir et autres trucs débiles. Bref, un 6è mariage pour sa mère.
Bref, tout ça pour dire que je vous assure que dans la grande majorité des cas, les femmes sont pénibles et le restent durablement. Il convient de s’en méfier profondément et je vous conseille aimablement de ne pas trop leur tourner le dos. C’est vite fait de se voir administrer une potion qui les aide à parvenir à leurs fins.
Comment croyez-vous que Sebastian ait perdu sa virginité avec une fille ? Bon, la première fois c’était très mal passée. La potion d’amour, mal dosée, avait certes rendu Seb très mordu mentalement, mais alors physiquement, pas du tout. Et la jeune femme en avait été si vexée qu’elle avait raconté bien des horreurs à son sujet. Sauf que, fort heureusement, son petit ami de l’époque s’était vite chargé de rétablir la vérité, enfin plutôt les vérités. La jeune Griffondor s’en était trouvée moquée durablement et Sebastian sorti manu militari du placard, ce qui, en fin de compte, ne l’avait pas traumatisé outre mesure. On était à l’époque de l’amour libre et les gens se montraient alors bien plus ouverts d’esprit qu’aujourd’hui Bon du coup c'était pas sa première fois, première fois avec une fille. Mais il y avait eu échange de salive et de microbes avec une femme, ce qui, pour un homo convaincu était déjà bien amplement suffisant. Ceci dit, Sebastian estimait nécessaire, parfois, de se rassurer sur ses goûts. Et quand une dame ne le rebutait pas trop par son verbiage, ses tenues, ses allures féminines ou pire que tout, sa voix de crécelle, il se laissait aller, environ tous les deux ans, à des assauts contre la vertu de la dame en question.
Une fois Bénédict relevé, Sebastian lui offrit un sourire gentil en rigolant et le suivit en courant et riant. Il avait l’impression d’avoir de nouveau 16 ans, d’être poursuivit par une des horribles siamoises qui tentait alors de le taper à l’aide de tout ce qui se trouvait sous sa main, y compris des livres – un comble quand même ! – et se laissa conduire sans sourciller. La bibliothèque avait été d’ailleurs réaménagée visiblement, parce qu’il y avait plus de rayonnages et dans des sens et des organisations différentes. Il bifurqua à la suite de Benedict, se demandant pourquoi ils s’éloignaient soudain de la sortie. Spontanément, lui, il aurait été se planquer dans un couloir, derrière une armure. Bon, c’était oublier sa robe de sorcier crachotant des fils bien sûr. Il se serait fait choper de toute façon.
Hey ! Super ! La réserve !
Oui, c’était un semi cri de joie. Sebastian avait l’air foncièrement heureux d’être là.
Il chercha quand même un petit moment son souffle, gagné par le plaisir de la course et des bêtises qu’il pouvait faire encore à 31 ans. Finalement, il n’avait pas bien fini son adolescence.
Il corrigea ensuite son sort raté, cessant immédiatement la confusion dans la bibliothèque. En même temps, les murmures se multipliaient. Du coup, il y avait de grandes chances que les responsables cherchent à rétablir le calme.
Puis il relança l’assurdiato, histoire de ne pas se faire repérer. Sebastian regarda dans les allées. Il n’y avait personne, fort heureusement. Finalement, il s’abstint de lancer un Lumos.
J’espère que vous n’avez rien contre les recoins sombres avec des inconnus.
Il eut un petit rire de gorge.
ça va ? Je ne vous ai pas fait mal en vous tirant par le poignet ? Vous voulez que je regarde.
Ah mais depuis le temps, ils ont enfin planqué les bouquins à combustion spontanée. Si on les touchait sans dire la bonne phrase, pouf. Ils prenaient feu. J’ai failli faire cramer la moitié de la bibliothèque et depuis la réserve m’est interdite.
Sebastian trainouilla dans l’allée en regardant les ouvrages, caressant certains sur la tranche avec un air nostalgique.
Vous croyez que l’interdiction a été levée à la fin de ma scolarité Monsieur O’Carley ? J’aimerais bien pouvoir revenir ici pour… pour… de plus amples recherches. Evidemment !
Evidemment voyons. Il ne venait ici que pour lire, c’était l’évidence même. Qu’il se laisse tripoter dans un recoin sombre par un élève mignon – et Serpentard, comme quoi – ne lui viendrait même pas à l’esprit. Ça remontait à beaucoup trop loin voyons et il était désormais sage et posé.
Hummmm… Est-ce que Chris avait ses accès ici ? Il lui montrerait bien une ou deux petites choses. Huhuhuhu.
Benedict O'Carley
+ SORCIER DEPUIS LE : 02/01/2016 + PARCHEMINS : 1057 + LOCALISATION : Serdaigle, 7ème année, Poudlard
«Et bah dites-donc ! Ca c’est ce que l’on appelle une famille nombreuse ! Et moi qui pensais qu’avoir quatre enfants, c’était déjà beaucoup ! » Du côté de mon oncle Edern, ils étaient quatre. Nous n’étions que trois enfants, côté Alaric, mais c’était déjà amplement suffisant à mon sens ! Et il avait fallu que je sois l’ainé ! Bonjour la pression ! Et encore, je pouvais m’estimer heureux de ne pas avoir des parents obsédés par la pureté de leur sang. Contrairement à d’autres garçons de mon âge, je ne subissais pas la pression sociale familiale, hormis celle d’être un exemple pour mes sœurs et de ne pas ternir le nom de ma famille, mais je n’avais pas le souci du mariage imposé par exemple. Ce qui était en soit, un grand soulagement. Je ne pu que sourire et acquiescer aux conseils du professeur concernant la gente féminine, même si je n’étais pas fondamentalement d’accord avec lui. Il avait très certainement plus d’expérience que moi en la matière. Normal, il était plus âgé et sans doute était-il… « Vous êtes marié Monsieur Keller ? » Bah oui ! C’est tout à fait le genre de question normale qu’un élève se doit de poser à son professeur ! Signe que je n’avais absolument rien compris de ses allusions pourtant fortement appuyées. Quant à moi, les filles ne m’effrayaient pas particulièrement car je les considérais comme des individus à part entière, même si je reconnaissais à Keller qu’elles ne pensaient pas comme des mecs. Mais bon. Il apparaissait que je ne pensais pas non plus comme la majeure partie des garçons de mon âge très portés sur leurs hormones, pour certains. Les livres avaient tendance à plus requérir mon attention que le reste. Au moins, c’était une valeur sûre, les livres ! Non pas que la chose ne me titillait pas parfois, mais je n’étais pas prêt pour ça et je n’étais pas pressé d’y être confronté. J’avais bien essayé, une fois, de sortir avec une fille, mais notre histoire s’était soldée par un échec avant même d’avoir commencé. Et c’était pas plus mal !
***
Notre folle course poursuite se termina dans la réserve. Du moins temporairement. Je reprenais mon souffle, adossé contre le mur tandis que Keller s’amusait encore à lancer des sortilèges. Je l’attrapai par le bras et l’entrainai dans le recoin in-extremis. « Vous êtes dingue ! » Quelqu’un passa devant l’entrée de la réserve. C’était sans doute le dragon ! Sa robe me cracha une boulette de fil dessus et je relâchai aussitôt ma prise. C’était inconvenant. « Pardon ! » Et Sebastian qui en rajoutait une couche avec son histoire de coin sombre avec un inconnu. Heureusement qu’il faisait sombre, parce que je sentais le feu irradier mes oreilles. Je ne sais ce qui me mettait le plus mal à l’aise, sa proximité, mon comportement franchement déplacé vis-à-vis de lui, ou son attitude qui n’avait rien de celle d’un prof, sans compter qu’il était plutôt agréable à regarder… Tu t’égares Benedict ! Bref, un subtil mélange de tout ça ! Qu’il regarde ? Quoi ? Mon poignet ? « Non… ça va. J’ai l’habitude. » dis-je en prenant sur moi pour contrôler le timbre de ma voix. « J’en ai vu d’autres ! Et des bien pires ! » Etre poursuivi dans la bibliothèque par la bibliothécaire était de loin la plus saine connerie que je puisse faire. Enfin… avec mon futur professeur d’étude des moldus remarquez… je ne sais pas si tout le monde trouverait cela très saint, mais ma naïveté légendaire me poussait à penser que si ! Monsieur Keller était un jeune prof, allemand, qui plus est, aux mœurs différentes, de toute évidence et il était plutôt cool !
« Ils les ont déplacés un peu plus dans le fond de la réserve, oui. J’y ai laissé ma robe de sorcier une fois. C’était…très gênant. » Mais pas aussi gênant que de devoir retourner au dortoir de Serdaigle dans le plus simple appareil. Heureusement qu’il faisait nuit ! Je chassai de mes pensées ce souvenir un peu humiliant pour me re-concentrer sur la conversation. « Oh vous savez, la réserve m’est aussi interdite ! » avouais-je en riant. « Elle m’a définitivement été interdite en cinquième année. Je suis désormais obligé de demander l’autorisation écrite d’un professeur lorsque je veux y faire une recherche. Ce qui veut dire que je suis là en toute illégalité. » vue que j’avais déjà fait usage de l’autorisation du professeur de DCFM tout à l’heure.
La remarque de Keller failli me faire éclater de rire. « Oh ! J’imagine que oui. Les professeurs ont le droit d’aller ou bon leur semble, donc je ne vois pas pourquoi la réserve vous serait interdite. » Des bruits de pas retentirent à l’entrée de la réserve. « Vous pourriez même… lui tenir tête vous savez ! » ajoutai-je avec espièglerie.
« Oh ! Vous voilà ! » commença la bibliothécaire en apercevant Sebastian, « Vous avez deux secondes pour me dire qui vous êtes et ce que vous faites ici avant que je n’en réfère au professeur Dumbledore ! » Je sortis de ma cachette afin d’aller à l’encontre de la femme et elle se mit à hurler de plus belle : « O’CARLEY ! J’AURAIS DU M’EN DOUTER ! »
« Attendez m’dame. Calmez-vous ! Je suis avec le professeur Keller et…. »je m’interrompis car elle continuait de hurler des insanités sans même se rendre compte que j'essayais d'argumenter, comme quoi elle allait en référer à la directrice de Serdaigle, que ça ne se passerait pas comme ça, et Dumbledore et ci et là… Mais bien-sûr, avec l’assudiato que monsieur Keller avait lancé, elle ne m’entendait pas.
Dernière édition par Benedict O'Carley le Lun 4 Avr - 19:01, édité 2 fois
Nan mais… mais c’est trop ! Enfin je m’en fiche. Je suis l’ainé alors j’suis parti en premier. En plus tous les autres ont fait l’école de magie en Allemagne. Sont tous 100% allemands. Que moi, à moitié rosbeef, bah… J’ai un peu pris la fuite. J’adore la mère hein. Mais elle est… Bohème comme disent les moldus. Et moi je suis pas trop comme ça.
Pas du tout. C’est pas parce qu’il se roulait un joint de temps à autre qu’il allait fêter l’amour, croire aux licornes et passer son temps dans des orgies psychédéliques. N’empêche que les années 60 avaient fait du mal à sa mère mais elle était heureuse comme ça. Il ne devait pas se plaindre. Elle était bien plus épanouie que dans ses souvenirs avec son père. Et puis il aimait beaucoup sa graaande famille recomposée mais il s’y était toujours senti un peu étranger. Difficile de faire son trou dans cet espèce de clan. Et avoir choisi Poudlard n’avait fait qu’élargir un peu plus le fossé.
La question de Benedict le surprit. Il écarquilla un instant les yeux, cherchant ses mots, avant d’éclater de rire. Heureusement qu’il y avait le sort d’Assurdiato sinon il aurait alarmé toute l’école. Sebastian essuya les larmes qui perlaient au coin de ses yeux, se remettant difficilement de son fou rire. Il avait un sourire large, incapable de contenir son hilarité.
C’est bien la première fois qu’on me demande ça.
Bah oui. Faut dire que quand on voyage seul ou en petits groupes de sorciers, on demande rarement si on est marié. Ça pue les gens sans attache. Quant à sa mère, collectionneuse invétérée de maris, elle semble imaginer que son fils ne suivra jamais son exemple. Des fois il se demande si elle est autrement que stone pour comprendre que même s’il voulait, il ne pouvait tout simplement pas se marier.
Non. Je ne suis pas marié. Non.
Il fit une pause, réfléchissant à cette idée et fixant son annulaire d’un air songeur.
Marié, des gosses, la maison et l’animal magique dans le jardin c’pas pour moi. Pas que je veuille pas mais…
Il haussa un instant les sourcils, tirant ses propres conclusions silencieuses.
J’peux pas. Pas le droit. C’comme ça.
***
Moi ? Dingue ?
Les doigts posés au cœur de sa poitrine, l’air faussement et théatralement scandalisé, Sebastian souriait, malgré un essoufflement latent.
Non. J’aime juste le risque et l’adrénaline.
Un clin d’œil furtif. Jouer avec les règles, les dépasser à peine voire carrément outrepasser les limites. Ça lui plaisait. C’était parfois comme une came. Bien sûr, c’était mal pour un prof. Bouh ! Pas bien. Honte à lui. Raison de plus de s’en amuser. Et ce petit Benedict qui « en a vu d’autres ». Oh ! En voilà un fabuleux aventurier. Ses yeux se font un peu moqueurs, mais il se garde bien de toute remarque. Loin de lui de vouloir le vexer. Non. Il l’amuse ce serdaigle. Il a tellement à apprendre encore. Pourquoi il n’était pas étonné qu’il soit interdit de Réserve ? ça semblait être un sport international à Poudlard. Un peu de liberté d’esprit, d’audace et d’intelligence et hop là ! On était bridé. Interdit de Réserve. Fin des grandes découvertes. ô rage, ô désespoir, ô frustration ! Il allait répondre quand ils se firent surprendre.
Sebastian laissa bafouiller Benedict sans un mot, levant le sort par un sortilège informulé, avec un sourire en coin.
Ah madame ! Bien le bonjour. Poussez vous O’Carley.
Il dégagea d’un geste visiblement ferme, mais en réalité bien plus sympathique, l’élève pour aller saluer la bibliothécaire. Il avait gardé son sourire en coin mais nettement plus charmeur. Ses yeux bleus firent mine de papillonner alors qu’il attrapa le bout des doigts de la bibliothécaire pour les serrer.
Ah j’ignore les coutumes de Poudlard. Serrer la main ? Faire la bise à la française ? Ou un baisemain peut-être ?!
Il s’exécuta sous l’air incrédule de la femme avec un air fort fort satisfait.
Je suis Sebastian Keller. Le nouveau professeur des études Moldues. On ne vous a donc pas fait part de mon arrivée ?
Il avait soudain un air affreusement sérieux et contrarié, un pli entre les deux yeux, lui donnant l’air plus âgé et nettement moins cool, voire limite pas cool du tout. Il se redressa, se faisant soudain plus grand qu’il n’en donnait l’impression. De mec sympa, il était devenu aussi aimable qu’un détraqueur.
Je me sentirais offensé qu’il n’y ait eu aucune note concernant mon affectation ici. J’en parlerai au Professeur Dumbledore pour une explication de rigueur.
La femme, à son nom, bredouilla des excuses mais les lèvres de Sebastian se pincèrent. Pire que sévère. On aurait dit un juge.
Monsieur O’Carley venait m’aider à me souvenir de l’organisation de la réserve. Il m’a fait part de son interdiction d’y mettre les pieds, bien sûr. Mais il est sous ma surveillance. Veuillez nous excuser, Madame, mais avant d’aller à mon cours suivant, j’aimerai que nous finissions. Si vous permettez.
Des deux mains, il lui fit un geste pour lui dire de circuler, ce qu’elle fit avec un air de perruche outragée. A peine avait elle tourné les talons et disparu que Sebastian se mit à rire avec le plus grand mal pour rester silencieux.
Bon. Je crois que nous allons devoir en rester là, Monsieur O’Carley, avant qu’elle ne tente de m’arracher la langue, les yeux, ou pire. Allons. Sortons d’ici. Nous avons des livres à emprunter par ailleurs. Sebastian sortit en premier d’un air très digne, que ses yeux démentaient fabuleusement. Il se retourna soudain, coupant net l’avancée de Benedict.
J’oubliais.
Il avait un sourire victorieux et plongea sa main dans son sac. Il en sortit Brigitte d’un air négligeant, ainsi qu’un tricot qui se tricotait tout seul. Avant d’en sortir une liasse de parchemins. Il en roula un et le tendit à Benedict.
Une autorisation pour la Réserve. J’en avais commencé quelques modèles d’avance. Pour les élèves comme moi.
Benedict O'Carley
+ SORCIER DEPUIS LE : 02/01/2016 + PARCHEMINS : 1057 + LOCALISATION : Serdaigle, 7ème année, Poudlard
Monsieur Keller était plutôt brute de pomme et malgré sa familiarité un peu inattendue de la part d’un professeur, il m’amusait beaucoup et j’avais tendance à me laisser glisser moi aussi, sur le terrain de la franche camaraderie. C’était sans aucune gêne que je m’étais enquis de savoir s’il était marié et visiblement, la question l’amusa beaucoup au point de l’en faire pleurer de rire. Je ris aussi, sans vraiment savoir pourquoi. Un fou rire communicatif sans doute. Etait-ce si drôle de l’imaginer marié ? Ou si inconcevable ? « Ah oui ? Et c’est très… drôle ? »
Certes, il m’avait l’air plutôt atypique et sans doute que s’il tenait les propos qu’il m’avait tenu, devant une femme, celle-ci aurait-elle pu avoir envie de s’enfuir mais… ici, en grande Bretagne, la tendance était aux mariages arrangés et cela rendait soucieux bon nombre d’élèves. Du coup, si des gamins de vingt ans étaient franchement concernés par le mariage, un homme expérimenté comme Sebastian devrait déjà avoir trouvé chaussure à son pied non ? « Les allemands ne sont pas tenus de se marier ? Je veux dire, vous ne subissez pas de pression sociale dans votre entourage ? »
Mes parents s’étaient mariés par amour ; ce qui était beau, en soit ; et ils s’aimaient toujours. Je savais donc qu’ils ne m’imposeraient pas d’épouser la fille de je ne sais quelle grande famille de sorcier. Cependant, il semblait que le mariage était dans leur esprit, un passage obligé et je savais que tôt où tard, je ne couperais pas à la question. Mais pour moi, cela relevait d’un futur très lointain encore, que je n’avais pas envie de voir arriver de si tôt. Et décidément, la réponse de monsieur Keller me satisfaisait. Elle me rassurait même. Une voix en moi me murmurait que ça me laissait le temps de voir venir, jusqu’à son âge ! Au moins ça ! Un sourire naïf étira mes lèvres avant de s’estomper progressivement. « L’animal magique, vous l’avez déjà ! » fis-je remarquer. « Pourquoi n’auriez-vous pas le droit ? » demandai-je, incrédule.
***
Mon sourire angélique flatta le clin d’œil du professeur. L’adrénaline était aussi ma drogue préférée. C’était généralement ce qui me poussait au delà de mes limites et qui me sortait le nez de mes bouquins. Rat de bibliothèque, mais pas que ! Je pouvais me vanter de connaître l’école comme le fond de ma poche ou presque, car j’avais passé des années à essayer de la cartographier. O bien-sur, je n’avais pas la prétention d’avoir tout découvert ! Les fondateurs de l’école était retords et je ne doutais pas qu’il existe encore de nombreux passages inexplorés qui n’étaient pas encore prêts de se dévoiler. Disons que je connaissais mieux les recoins de l’école que le péquin lambda et que l’idée d’explorer des endroits interdits était fichtrement excitante ! Quand bien-même ils puissent être truffés de pièges, de fantômes, de monstres magiques ou de plantes terriblement féroces ! Bref, l’aveu de Sebastian n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd !
Je laissais monsieur Keller régler le différend avec la bibliothécaire. Je me laissai docilement mettre à l’écart sans broncher. « Oui M’sieur ! » Je croisais les mains dans mon dos, affichant un air de premier de la classe bien sage. Ce qui n’était pas très difficile à faire, soit dit en passant. Mais intérieurement, je jubilais dans mon coin. Je peinais à garder mon sérieux et à m’empêcher de sourire, voir même, de rire en voyant Keller minauder face au dragon. Mais je me calmai bien vite en découvrant soudainement son air sévère. Il était donc capable d’être sérieux ! J’étais stupéfait devant la mine de pigeon vexé de la bibliothécaire mais je n’osais laisser libre court à ma liesse que lorsqu’elle fut sortie de la réserve. « Dites donc ! Vous l’avez calmée ! C’était brillant ! »
J’emboîtais le pas décidé du professeur et manquait de le heurter de plein fouet. Je me raidis en le voyant sortir sa mangouste qui émit un petit bruit contrarié. Je pinçais les lèvres face au tricot et retins ma respiration lorsqu’il me tendit le parchemin. « M…merci ! » balbutiai-je sous le coup de la surprise, mais mon sourire angélique ne tarda pas rayonner de nouveau. Je crois que j’aime ce prof !
Je m’en retournai à la suite de Keller, à la table où nous avions laissé nos livres, puis le dossier de la chaise où j’avais laissé ma robe de sorcier que j’enfilais négligemment par-dessus ma robe de sorcier. Le temps d’aller ranger tout ça, et il serait bientôt l’heure du cours d’étude des modlus. J’avais hâte d’y être ! « Heu… Monsieur Keller ? » l’interpellai-je avant qu’il ne quitte la bibliothèque : « Vous oubliez votre tasse à café. » Dumbledore agitait toujours sa main de porcelaine à l’intention de son propriétaire entre mes mains.
Je franchis le seuil de la bibliothèque avec lui et ajoutai, lorsque la porte claqua derrière nous : « Merci beaucoup. Pour… l’autorisation, le drag…. Euh, la bibliothécaire et… pour tout quoi. J’espère que vous vous plairez beaucoup à Poudlard ! J’ai vraiment hâte d’assister à votre cours ! » Fayot moi ? Si peu ! Sauf que cette fois, j’étais on ne pouvait plus sincère. Et je me trouvais un peu idiot, d’exprimer des choses de manière sincères. Il était plus facile de minauder. « Bon et bien… A tout à l’heure ! » Je lui fis un signe de la main et tournais les talons pour déguerpir précipitamment.