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J'AI OUBLIE COMMENT C'ETAIT AVANT QUE LE MONDE TOMBE A NOS PIEDS. ❞
Je ne savais comment j'étais atterri là. Ni pourquoi je m'étais arrêté devant cette salle de classe désinfectée. Et encore moins pourquoi j'espionnais, car c'était le bien le mot, j'espionnais les personnes qui étaient dans cette salle. Peut-être parce que l'une des deux personnes présentes était Lorenzo. Et que j'étais arrivée au moment où ils avaient parlé d'un secret que cachait le lionceau. Et vu certaines paroles, ça me concernait directement d'où ma présence ici. Ce n'était pas très glorieux d'écouter aux portes mais, ce n'était pas pour rien qu'on disait que les murs avaient des oreilles. C'était malsain d'écouter une discussion qui devait être sensée être secrète vu le choix de la salle. Mais malgré toutes ses raisons, j'étais là. Derrière cette porte qui était resté entre ouverte. Comme si elle me narguait d'écouter leur conversation. Narguer d'avoir le courage de le faire. Et je l'avais fait. La curiosité était un vilain défaut, je n'étais pas une serdaigle pour rien. Ainsi, je me trouvais là, à écouter leur conversation. D'après ce que je comprenais, Lorenzo me dissimuler quelque chose. Mais quoi ? L'une de mes mains posées contre le mur, je réfléchissais sur quoi il pouvait me cacher. La seule solution que je trouvais et qui était sensée était qu'il s'amusait avec moi et jouait sur plusieurs tableaux. Ce qui dans un sens n'était pas une surprise. On n'était même pas ensemble et il était connu pour être le Dom Juan de ses dames. Et de mon côté, j'avais Seth. A cette pensée, mon autre main s'amusa avec la bague que j'avais autour du cou. Ce n'était pas le moment de penser à
ça. Le silence qui apparut me surprit. Ils avaient sans doute fini et je devais me bouger pour ne pas me faire repérer. Au moment où je commençais à me relever, les voix reprirent. Ou plutôt celle de l'ami de Lorenzo qui ne semblait pas être content. Ayant du mal à écouter correctement la conversation, je me collai davantage à la porte et laissai leur voix atteindre mes oreilles.
« T’es un moldu ! Mets-toi ça dans le crâne ! » Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Son ami avait pété un câble. Lorenzo n'était pas un né-moldu, c'était un sang pur, il le clamait à tout le monde. Il me l'avait dit. Il se trompait.
« Je le sais ! » Mes yeux s'ouvrirent à ce constat. Pourquoi répondait-il ça ? Sans m'en rendre mon corps se rapprocha davantage de la porte. Mais je n'avais que faire. J'étais complètement scotché face à ses propos. Et c'est perdu dans mes pensées, que les voix reprirent de plus belles.
« Quand tu auras prononcé le mot moldu, ce sera fini de toi, elle déteste les gens de ton sang. » Ce n'était pas possible fut la seule pensée qui me traversa l'esprit. Avant que je n'aie pu faire quoi que soit, je glissais révélant ainsi aux occupants de la pièce que quelqu'un les espionnait. Avant qu'ils ne réagissent, je pris mes jambes à mon cou et me dirigeai à grandes enjambées vers l'escalier magique. Perdue. Blessée. Avec pleins de questions dans la tête. Avec le sentiment d'être trahi. Derrière moi, j'entendis la porte s'ouvrir à la volée en même temps qu'une salle de classe s'ouvrir. Ma chance était resté avec moi, donnant ainsi la possibilité que j'ai pu sortir de la salle de classe à côté et je bénis d'avoir gardé ma besace pour justifier ma présence ici. Dans tous les cas, je ne cherchais pas à me retourner pour voir s'ils m'avaient vu. La seule chose qui m'occupait l'esprit était de partir loin d'ici. Et en vitesse. Ce que je fis.
Marcher rapidement. Ne pas se retourner. Ne pas penser aux paroles que j'ai cru entendre. Faire comme si les mots "moldu" et "je sais" n'étaient que poussières. Partir loin de cette pièce désinfectée. Loin de ce doute qu'il m'avait mis. Loin de mon cœur qui hurlait de douleur. Loin de lui. Pourtant, malgré toute ma volonté, les mots que je ne voulais plus penser revenaient sans cesse dans ma tête. C'était limite si je ne les voyais pas danser sous mes yeux à chaque pas que je faisais, m'éloignant du quatrième étage. M'éloignant de Lorenzo Varetti. Paroles qui avait entrainé son lot de questions et même celles-ci, je ne voulais pas y penser. Ne pas y répondre. Tout en marchant à grande enjambée, je secouais la tête comme si ce simple geste allait me vider la tête. Peine perdue. J'entendais encore ses mots dans la bouche de la personne qui était en compagnie du lionceau. Et de ses réponses positives.
« Lorelei ! » entendais-je loin de là où je me trouvais. Aucun doute sur l'identité de la personne qui m'appelait. C'était lui. C'était Lorenzo. J'accélérais encore plus mes pas, faisant la sourde oreille à son appel. Comme si je n'avais pas entendu crier mon prénom dans sa bouche. Comme si je n'avais pas entendu les mots "je le sais" de sa bouche. Non, pas ça. Ne pas y penser. Vu la vitesse à laquelle je marchais, j'ai eu de la chance de rester debout quand j'arrivais aux escaliers magiques. Escalier que je descendais une marche par une ne voulant pas prendre le risque de me casser la figure en descendant trop vite les marches. Toujours est-il, que plus je descendais les marches plus je m'éloignais de la salle désinfectée. Et c'était tout ce qui comptait.
Ma chance disparue quand je sentis une main qui m'empoigna par le bras. Et je n'avais pas besoin de me retourner pour savoir qui était le propriétaire de la main. Je connaissais que trop bien cette main. Comme je connaissais que trop bien cette voix.
« Lorelei … » Il m'avait rattrapé. Je n'avais pas été si rapide ou alors c'était lui qui était plus rapide que moi. Peut-être que sa détermination était plus importante que la mienne. Va savoir. Dans tous les cas, il me tenait par le bras et attendait patiemment que je me retourne pour lui faire face. Respirant à grand coup, je me tournai vers la personne tout en prononçant son prénom.
« Lorenzo. » dis-je d'un ton qui se voulait joyeux. Puis plus rien. Un silence s'installa entre nous. Pesant jusqu'à que Lorenzo qui pensait devoir faire le premier pas, c'était lui qui m'avait attrapé quand même, le brisa en posant une question.
« Tu vas bien ? » Non, je ne vais pas bien. Non. Pas du tout même. J'avais comme l'impression qu'on m'arrachait le cœur à mains nues sans anesthésie. Que ma tête allait exploser vu la quantité de pensées qui y sont élues domicile. Etait-ce bien vrai ses paroles ou c'était qu'un jeu de comédie ? Pourquoi ? Et je remercie Merlin que ma mère m'est apprise à rester droite et de rien transparaître de mes émotions. Car sans ça, sans ça, je ne lui donnerais pas cher de sa peau à ce gryffondor. Qui attend avec espoir ou impatience que je lui réponde. Ce que je fis après avoir pesé le pour et le contre de comment agir face à ce que j'avais appris.
« Parfaitement bien et toi ? » mentais-je un sourire scotcher aux lèvres. Jouer la comédie. Ne rien laisser paraître de mon malaise alors que la seule chose que je souhaitais à cet instant était de poser mes mains autour de son cou. Pour l'étrangler. Ou de sortir ma baguette magique pour lui jeter plusieurs sortilèges pour le faire souffrir. Autant qu'il m'avait poignardé en me mentant. Car comme dirait les moldus, œil pour œil dent pour dent. Une petite voix dans ma tête me souffla l'espoir que j'avais mal interprété ses paroles. Que c'était qu'un mauvais jeu de comédien et non la vérité. Que c'était une vaste blague. Car si c'était la vérité, ça voudrait dire qu'il m'avait menti depuis le début. Qu'il s'était fichu de moi et avait préparé cette mise en scène pour me blesser. Et qu'il s'était joué de moi alors qu'il savait mon point de vue sur la question. J'eus la sensation que mon cœur saigna, douloureux, poignardé à ses pensées. Sensation que j'avais connu quand j'avais cru à la rumeur comme quoi Seth s'était fiancé dans mon dos. Et là, ça recommençait avec Lorenzo. Non. Ça ne pouvait pas recommencer. Je me faisais des films. Mon espoir diminua quand je me souvenais des paroles de Seth comme quoi Lorenzo était un né-moldu. Je secouais imaginairement la tête à ses propos. Lui aussi se trompait. Il fallait que je trouve la vérité sur cette histoire et je savais où la chercher. Il fallait juste que je trouve Néron pour qu'il me passe le grimoire sur les familles sangs purs dans le monde. Comme ça je serais fixé. Les grimoires ne mentent jamais, eux.
Mais avant ça, il fallait que je joue la comédie. Il fallait que je reste calme devant Lorenzo. Que j'oublie que j'avais cru avoir entendu de sa bouche. Que je fasse taire mon début de mal de tête et panser le début du saignement de mon cœur. Je ne remercierais encore jamais assez mes parents pour mon éducation de porter un masque dans toutes les situations possibles. Ravalant difficilement ma salive et gardant une apparence neutre et joyeuse, j'écoutai la question du rouge et or.
« Ça a été ton cours ? » Je vois. Il pensait que je sortais de la salle de cours qui se trouvait à côté de la salle désinfectée vu que je voyais des élèves de ma maison descendre les escaliers pour une destination inconnue. Surtout qu'avec ma chance légendaire, j'avais gardé ma besace renfermant mes affaires de cours d'où la prétendue question. Ou alors il espérait vu son regard appuyé sur ma personne. Comme il souhaitait vraiment que je n'aie pas écouté aux portes. Que la discussion que j'avais cru avoir entendue était un secret inviolable. Mon mal de tête et mon pincement au cœur doublèrent à ce raisonnement. Et d'un autre, l'espoir était toujours au garde-à-vous. Ils luttaient dans une guerre sans merci, se dominaient, se soumettaient l'un à l'autre. Et sans le savoir, Lorenzo m'avait donné l'issue de secours à son interrogation. Issue que je pris en lui répondant
« Ça a été oui. On a eu le droit à l'histoire des loups-garous. C'était plutôt intéressant de voir ce programme. Je suis quelque peu impressionné de voir à quel point la volonté des lycanthropes à mentir pour cacher leur véritable nature est conséquente. Et vitale pour eux. Pas toi ? » non sans un reproche voilé à son adresse. Allait-il voir le reproche que je lui faisais et comprendre que j'étais au courant ? Ou allait-il y avoir que du feu et être soulagé de mon mensonge. Car depuis tout à l'heure, je ne faisais que lui mentir. Moi, qui étais connu pour sa franchise voilà que je changeais de baguette d'épaule. Mais j'avais de quoi le faire. C'était pour ma survie et surtout de la sienne que j'utilisais le mensonge et la comédie. Je poussais même le vice jusqu'à moi aussi lui poser une question.
« Et le tien s'est bien passé ? Tu avais quoi comme matière ? » Allait-il lui aussi jouer le jeu du mensonge en prétendant avoir eu cours ou jouer le jeu de la vérité en disant qu'il était au quatrième étage ? C'est en réajustant ma besace sur mon épaule, et les mains plongées dans les poches de ma jupe d'uniforme que j'attendais sa réponse. Curieuse et plutôt impatiente de l'entendre tout en faisant la sourde-muette à ce qui se passait dans ma tête. Et surtout dans mon cœur.