C’était dimanche matin et Lysander avait du mal à se réveiller. Grâce à un sortilège d’obscurité, aucune lumière ne pouvait atteindre le visage du jeune professeur, qui fut tout de même réveillé un peu trop tôt à son goût. La raison ? Son chat. En effet, le gros matou fut visiblement attiré par l’idée que le nez de son maitre devait être un endroit confortable où se blottir, lui bloquant ainsi toute possibilité de respiration. Après avoir – comme il en était coutume, remarqua-t-il – envoyé valser le chat à l’autre bout de la pièce, Lysander tenta de se lever, mais la flemme l’emporta. Il mit fin au sortilège d’obscurité et s’essaya à jeter un œil par dehors. Le temps était maussade : le ciel était gris foncé, le vent faisait plier les arbres… Lysander détestait ce genre de météo. D’humeur maussade lui aussi, il décida de se remettre au lit. Son chat vint se blottir dans son cou, abandonnant toute tentative de meurtre de son maitre pour le moment.
Vers quatorze heures cependant, son ventre criant famine, Lysander se résolut à sortir de ses appartements, la mine toujours aussi grisâtre que le matin même. Le jeune homme se dirigea lentement en trainant des pieds jusqu’à la Grande Salle, mais il découvrit une salle déserte, le déjeuner n’étant plus servi depuis plus d’une heure. Lâchant un soupir empli de mauvaise humeur, il fit venir à lui son blouson grâce à un sortilège d’attraction et se risqua dehors. Toujours affamé, il prit le chemin menant au grand portail de Poudlard puis suivit la route pour se rendre à Pré-Au-Lard. Cela lui changerait les idées et il pourrait satisfaire son estomac en famine.
Ce fut lorsqu’il passa devant la vitrine de la pâtisserie d’une brusque envie de sucreries toutes plus caloriques les unes que les autres s’imposa à lui : l’air soudainement jovial, il entra dans la boutique, le sourire aux lèvres. Il reconnut le pâtissier, avec qui il avait déjà pu échanger à propos de divers centres d’intérêts qu’ils avaient en commun, le Quidditch entre autres. Lysander sourit de plus belle à l’adresse du jeune Lucas Grimm en le saluant. Puis il s’approcha des vitrines joyeusement remplies de pâtisseries en tout genre et désigna de la main un gâteau plein de crème et plein de couleurs : c’était exactement ce qu’il lui fallait en cette journée d’apparence très triste.
- Je vais prendre celui-là, s’il te plait, dit-il toujours la main tendue.
Ce geste fit dévoiler le dos de la main du jeune professeur, laissant ainsi apparaitre une blessure visiblement récente puisqu’elle n’était pas encore totalement cicatrisée. Cela ressemblait à une morsure, d’abondants saignements en avaient sans doute résulté. L’incident s’était produit trois jours plus tôt alors qu’il nourrissait des bêtes à l’orée de la forêt interdite, là où il donnait d’ordinaire ses cours. Lysander avait tellement l’habitude de subir des égratignures à cause de son métier, si bien qu’il n’y faisait presque même plus attention, parvenant à contrôler la douleur. Aussi parut-il perplexe devant le regard inquiet du pâtissier et mit quelques instants avant de faire le lien entre ce coup d’œil et sa blessure à la main.
- Ce n’est rien, précisa Lysander, anticipant la question de Grimm. Les aléas de la domestication des bêtes sauvages !
Son sourire ne s’était pas évanoui. Lysander était un homme très fier et il était content de pouvoir jouer au héros en montrant ses blessures de guerre et en faisant comme si ce n’était rien, comme si la douleur n’était jamais aussi lancinante qu’elle n’y paraissait. Il passait pour un dur, et même si tout le monde ne le voyait pas de cet œil, Lysander était satisfait de pouvoir véhiculer cette image de lui. Cela entretenait une haute estime de lui-même.
Il y avait quelques jours, j’étais un loup. Je m’étais enfermé, mais pas aussi bien que je le pensais. Par chance, j’avais atterrie dans un endroit bien connu. Cette forêt où on nous envoyait parfois avec cet « ami » qui m’avait contraint à sa condition. Je ne me souvenais pas du chemin, je l’avais classé puis envoyé dans cette pièce de mon cerveau qui n’était pas même accessibles aux legilimens. Un refus total. Ou alors, par chance, je commençais à accepter que tout ça faisait partie de moi et la porte avait été entrouverte au bon moment. La conscience du loup ne récupérait rien de mes propres souvenirs, mais ils sont très fortement liés malgré tout. À la façon d’une intuition je présume. Bref. J’ai eu énormément de chance. Ça aurait pu être pire. J’avais déjà entendu parler de ces hurlements qui avaient été entendu dans la forêt interdite et je suppose ne pas être le seul de cette espèce à en avoir fait mon terrain de jeu. Mais je suis bien le seul qui n’aurait pas dû se trouver là… puisque j’étais sensé prendre ma potion.
Pourquoi est-ce que je m’interroge là-dessus ? Parce qu’un certain Lysander, professeur à Poudlard et passionné de Quidditch s’était retrouvé avec une blessure, une morsure vraisemblablement d’un animal qui était assez volumineux pour que ça fasse mal… très mal. Mais lui, quand il est entré tout sourire, nous nous étions salué. J’étais content de le voir jusqu’à ce que je regarde sa main et qu’il a suivi mon regard. Il m’a simplement indiqué que c’était habituel. Tranquille ? Rien de plus ? Pas de détails ? Non, mon gars, ça ne marchera pas comme ça.
« Le métier, le métier, ça ne fait pas tout quand même. Tu t’es fait ça quand ? »
Prendre des gants, oui, mais seulement pour préserver ce secret assez pénible, sinon, je n’ai pas à en prendre. J’ai même horreur de ça. Je me fais souvent taper sur les doigts pour ma personnalité très sèche, cela dépend avec qui bien entendu. Lysander apprendra rapidement qu’on voit au premier coup d’œil si je me porte bien ou non. La colère est un sentiment que j’essaie de réprimer le plus rapidement possible. C’est une façon d’intérioriser son mal qui est devenue une habitude. Je dois malheureusement faire attention de bien tourner autour du pot pour une fois, pour ne pas me trahir, pour ne pas faire cette erreur de mettre quelqu’un dans la confidence. Quelqu’un de plus en qui j’ai confiance, mais ais-je raison ou non ? Là est la question. Je ne pouvais pas avoir de problème comme élever un dragon ou être à moitié je ne sais quoi. Non, bien sûr, il fallait que ça soit tabou et dangereux de surcroit. Je me dépêche de lui servir, prend donc le relais en caisse et en service pendant que mon apprentie passe en cuisine pour quelques commandes.
Posé, pendant que la plupart des clients et clientes savourent leurs mets, je peux m’épancher un peu plus sur la plaie. Une grimace me prend. Mon cœur se serre à l’idée d’en être la cause. L’aurait-il dit avec le sourire ? Je ne sais pas… je dois en apprendre plus.
« Tu as désinfecté ? J’ai des potions à l’arrière-boutique, du moins je peux en préparer vu qu’on s’en sert pour les gâteaux magiques. Tu sais ce qui t’as mordu ? »
Ça m’arrangerait, mais j’ai dans la tête cette idée que non, il ne sait pas, parce que bien sûr, ce serait trop facile. Il suffirait que je le touche avec de l’argent pour savoir si oui ou non ce serait moi, mais je n’en ai pas sous la main. Ce n’est pas un restaurant cinq étoiles, juste une petite boutique avec des couverts faciles à nettoyer qui ne coûtent pas un bras à remplacer et qui ont une bonne résistance, difficile à user, en sommes. J’imagine que lui piquer la main, ou lui donner ce serait de toute façon bien trop facile de deviner ce que j’essaie de prouver. Et de toute façon, si le couvert venait à m’échapper je pourrais moi-même me faire mal. Je suis bête des fois. Puis quoi, je fabule là ! Bref, je fais comme si de rien était, j’espère être assez bon comédien pour ne pas paraître trop intéresser par le gros bobo de Lysandre. J’ai manqué une occasion de ne pas éveiller les soupçons. Bravo Lucas !
L’intérêt posrté par Lucas Grimm sur la blessue du jeune professeur le fit sourire. Non pas qu’il était satisfait que l’on se préoccupe de sa santé, mais parce que cela traduisait le fait que Lysander aimait vivre « dangereusement ». Il voulait que les gens le voient fort et fier, et non pas sensible au point de se laisser souffrir parc une petite blessure de guerre. Le sourire ne quitta pas le visgae de Lysander et il jeta un coup d’œil à sa blessure sanguinolente à la main.
- C’était il y a trois jours, répondit Lysander à l’addresse de Lucas. Mais ça ne fait pas tellement mal, j’ai l’habitude.
Toujours rester digne, jouer au dur, c’était le jeu favori du jeune professeur. Après que l’on ne lui eut donné le gâteau qu’il avait réclamé, Lysander croqua dedans comme s’il n’avait pas mangé depuis dix jours. Un instant plus tard, du sucre glace recouvrait ses lèvres pâles, mais il n’en tint pas compte. Mais Lucas continuait de lui poser diverses questions au sujet de sa main blessée. Lysander en fut d’abord légèrement surpris, mais finalement, il se dit que quiconque verrait quelqu’un arriver dans sa boutique avec une telle blessure poserait des questions. Et puis après tout, Lysander n’avait rien à cacher.
- Oui, j’ai désinfecté ne t’en fais pas. L’infirmière de l’école voulait me garder jusqu’à ce que ça cicatrise complètement mais j’ai préféré la laisser comme ça, ça guérira bien un jour de toute façon… Et puis tant que le venin est éliminé, je ne risque plus rien, expliqua Lysander en mordant une nouvelle fois dans sa pâtisserie. Donc ça va, merci, je ne pense pas avoir besoin de tes potions, garde les pour en faire un meilleur usage ! ajout-a-t-il avec un clin d’œil.
Encore quelques bouchées et le gâteau fut totalement exterminé. Lysander se lécha les doigts puis les babines. Ce pâtissier avait un réel donc pour son métier. Rattrapé par la gourmandise, Lysander se mit à lorgner les vitrines colorées à la recherche d’un nouveau met à se mettre sous la dent.
- Et puis ce n’est qu’un Doxy qui m’a mordu, c’est dans le programme que j’enseigne aux troisièmes années. Tu sais, ce sont ces sales bestioles qui pourrissent les rideaux des vieilles maisons. Je leur apprends à s’en débarrasser sans se faire mordre, mais tu vois – il releva sa main avec un petit sourire – c’est assez compliqué. C’est que ça a de sacrées dents ces bestioles-là !
Lysander termina son explication toujours tout sourire. Il aurait pu parler de ces animaux magiques pendant des heures – telle était sa passion – mais il était malheureusement conscient que peu étaient finalement les sorciers portant un réel intérêt pour ce sujet. Ainsi Lysander prenait-il du plaisir à discuter avec Lucas, car il sentait que ce dernier s’intéressait réellement aux créatures magiques. En cela, il appréciait beaucoup le jeune pâtissier.
- Ça cicatrisera vite, ne t’inquiète pas, le rassura Lysander. Et ces gâteaux sont tellement bons ! s’ecria-t-il aussitôt. Je crois que je peux avoir un orgasme en les mangeant, ria-t-il. Je t’en prends un autre !
Il tenta de ne pas trop saliver devant les mille pâtisseries étalées sous ses yeux et tendit quelques gaillons à Lucas pour régler ses achats. Il ne réalisait toujours pas qu’il avait encore du sucre glace sur le museau.
Il avait l’habitude, disait-il. Une vilaine habitude qui va avoir raison de moi, si tenté que je sois un loup cardiaque. La moindre éraflure pourrait suffire à me rendre dingue en sachant qu’elle a été faite à la même période que ma totale transformation en monstre. Je déglutis, l’observe, essaye de me renseigner mais n’obtient rien de plus que cela pour l’instant. Réfléchis Lucas, réfléchis, trouve comment aborder le sujet sans passer pour un fou. Ou pour un gay, au choix. Ah ! Les potions ! Sans trop tarder, je lui parle de désinfecter sa plaie et j’apprends que ça a déjà été le cas. Son gâteau servi, j’observe encore sa main. Je pourrais devenir livide à l’idée qu’il devienne comme moi, mais j’essaie au mieux de me dire qu’il n’aurait pas eu ce grand sourire, n’est-ce pas ? Je doute très sincèrement qu’il me le dise si tel était le cas et c’est ce qui me fait peur. Je gratte ma barbe, dubitatif.
« Du venin… l’infirmière voulait te garder ? C’est toujours aussi dangereux que lorsque j’étais élève alors. Sacré école. Tu es certain que le venin a été éliminé ? »
Je suis curieux de savoir ce que c’est comme bestiole. Je pense qu’une morsure de loup aurait été plus conséquente, mais en admettant qu’il ait pu se défendre à temps, il aurait pu éviter de se faire arracher un bras, ainsi, l’hypothèse de la morsure de loup reste toujours plausible. Je prierais ce Dieu auquel je ne crois pas si les chances que ça ne soit pas ça augmentaient…
Je fais le même trajet que lui derrière la vitrine. Ses yeux ne sont pas plongés dans les miens. J’ai beau le fixer tout en évitant de me faire remarquer et de paraître impoli ou trop impliqué, il dévore des yeux les parts de gâteaux. Flatteur en plus d’avoir une sérénité d’esprit à toute épreuve. Si j’avais été mordu par une créature mortellement, je crois que je serais tombé dans les pommes. Aujourd’hui c’est un peu différent étant donné que je suis condamné à me maîtriser au risque de faire des victimes, et pas qu’un peu, je n’ai pas vraiment peur de la mort, j’ai surtout peur pour les autres, comme aujourd’hui. Mais visiblement je m’en fais pour rien. Il me parle d’une créature que je n’ai jamais vraiment côtoyée pour le peu que je me rendais en cours. Je n’ai pas fait l’école buissonnière, puisque je n’aurais pas pu valider les deux années que j’ai passé dans le prestigieux pensionnat, mais je n’étais pas très attentif aux bêtes que l’on pouvait rencontrer, mes projets étaient déjà tout tracés. Jusqu’à aujourd’hui…
« Je ne connaissais pas, enfin, j’en ai jamais rencontré. Sacré mordant si je puis dire. Quel effet ça a le venin de Doxy ? C’est mortel ? »
On ne sait jamais, que je ne me fasse pas tuer non plus en étant dans les bois… ou tout simplement en faisant la poussière de mes rideaux. Ce serait une mort bête et un peu minable que je regretterais en devenant un fantôme. Il y en a, non ? La vie éternelle, je me tuerais des millions de fois pour essayer d’effacer de la mémoire des commères la pitoyable mort par morsure de Doxy. Enfin ! Au moins, je n’ai condamné personne à subir le même sort que le bon vieux loup que je suis, Dieu merci !
Mon sourcil arqué en dit long sur ma pensée au moment où il reprend pour changer de sujet. Promis, je ne m’inquièterais plus pour ça. En revanche…
« Tu vois, l’ami, j’ai presque plus peur de ton orgasme culinaire en pleine boutique que d’une morsure de Doxy. Enfin, je crois ! »
Je ris volontiers et lui sers un autre gâteau. Ça me fait plaisir cet entrain aussi rare soit-il malgré la côté de la pâtisserie. Autant dire qu’on ne manque pas de clients, mais qu’ils ne sont pas forcément portés sur l’art que représentent pour moi ces saveurs. Je sers quelques personnes puis retourne me pencher sur la table, ma joue enfoncée contre mon poing, une chaise coincée entre les jambes. Je suis appuyé sur le dossier et soupire.
« Franchement, tu m’épates. J’aurais fait deux fois le tour du stade de Quidditch en courant, la main ensanglanté si ça avait été moi. Il est peut-être temps que j’envisage des cours de rattrapage. Y’a d’autres bêtes dangereuses qu’on peut croiser chez soi ? »
Toujours souriant, Lysander répondait aux questions de Lucas avec entrain. Il était ravi que l’on s’intéresse à son métier à ce point, tellement ravi que le jeune professeur ne semblait pas perturbé par le fait que le pâtissier s’inquiète autant à son sujet. Selon lui, il ne s’agissait que de curiosité pure et simple et il pensait que Lucas vouait tout simplement un intérêt réel envers les créatures magiques qu’il ne pouvait réellement exploiter dans sa pâtisserie. Lysander était donc là pour répondre à ses questions, car il aimait ça, qu’on lui pose des questions lui donnant ainsi l’opportunité d’étaler son savoir.
- Oui l’infirmière s’inquiète souvent à mon sujet, je lui en fais voir de toutes les couleurs avec mes bestioles, mais la plupart du temps, ses inquiétudes ne sont pas fondées, je sais ce que je fais ! Je t’assure que tout va bien, si le venin était toujours présent dans mon organisme, je peux te garantir que je ne serais pas là en train de dévorer tes gâteaux ! rit-il.
En prenant la pâtisserie que lui tendait le jeune Grimm, Lysander s’essuya le bout du nez et enleva enfin le sucre glace qui était resté collé sur son visage, et reprit au sujet des petites créatures :
- Le venin de Doxy est dangereux s’il n’est pas éliminé au plus vite mais il ne tue pas, t’es juste K.O. pendant quelques temps et surtout malade comme un chien.
Lysander avait très tendance à minimiser les risques causés par les créatures magiques avec lesquelles il travaillait, de telle sorte qu’il aurait pu convaincre ses élèves que les Accromentules n’étaient que des petites araignées mignonnes et très gentilles, au caractère très proche de celui des agneaux. Il était comme ça Lysander, à minimiser le danger car il était plus apte que la moyenne à se défendre. Ainsi pour lui les Doxys pouvaient paraitre presque inoffensifs alors qu’ils causaient de grandes blessures chez le commun des mortels. Ce comportement était à double tranchant : soit ses élèves lui vouaient une admiration profonde genre « woah c’est un super héros cet homme ! », soit, à l’inverse, ils en avaient peur et le prenaient pour un fou, craignant d’être gravement blessé lors des cours que donnait Lysander. Mais ce dernier restait malgré tout très attentif et prévenant, garantissant une grande sécurité durant ses cours, même en présence des créatures les plus dangereuses.
La conversation entre les deux jeunes hommes continuait, et Lysander éclata de rire lorsque Lucas lui avoua avoir peur de son potentiel « orgasme culinaire », et accepta volontiers le nouveau gâteau qu’on lui apportait. Il rit encore lorsque Lucas, assis face à lui, lui expliqua la réaction qu’il aurait sans doute eue à la suite d’une telle blessure, et imaginer le jeune homme courir autour du terrain de Quidditch avec la main en sang faisait sourire Lysander.
- C’est à peu près la réaction que j’aurais face aux fourneaux si l’on me demandait de préparer de telles pâtisseries, confia Lysander toujours tout sourire. Je ne suis pas foutu de confectionner le moindre article culinaire !
Puis il mordit à pleines dents dans la pâtisserie, en faisant voler autour de lui quelques grains de sucre glace. C’était si délicieux qu’il ferma les yeux un instant, savourant ce qu’il qualifia d’œuvre d’art.
- Rien n’est dangereux tant qu’on sait comment combattre ! répondit Lysander à la nouvelle question de Lucas.
Encore une fois, il minimisait le danger que pouvait représenter les créatures magiques, mais Lysander était persuadé que cela ne servait à rien d’être effrayé par autre chose que des Mangemorts en colère (et encore), à ses yeux, même une mère dragon à qui on essayait de voler un œuf ne tenait pas lieu de donner peur. L’être humain était fait pour survivre à tout, et être effrayé par des bestioles n’était qu’une perte de temps et surtout preuve d’un manque de savoir.
- C’est sûr qu’il faut se tenir informé des risques, mais armé d’une bonne baguette magique et d’un minimum de jugeote, on peut échapper à tout danger !
Telle était la vision des choses de Lysander. Il ne se doutait pas un instant du lourd secret que pouvait cacher son camarade, et ne réalisait pas ce que ce dernier regard signifiait réellement. Lysander était seulement assis en train de dévorer de délicieuses pâtisseries et de discuter créatures magiques avec quelqu’un qui désirait en savoir plus à ce sujet, mais la curiosité était-elle la seule motivation des questions de Lucas ? Lysander était celui qui parlait jugeote, mais en cet instant, il se laissait surtout conduire par sa grande naïveté.