NOM : Grimm, un nom que l'on connait tous pour ces contes merveilleux... ou pas. La jolie cendrillon aura bien fait payer ses sœurs. Et je peux vous dire qu’elles étaient moldu contrairement à la belle cendrillon. PRÉNOMS : Lucas, mon premier prénom, Lewis est mon deuxième, tous deux en hommage à des personnages illustres ou non de cette même famille. AGE : 24 ans  POSTE : Je suis pâtissier à pré-au-lard, une vocation toute à fait banale, qui n’en demeure pas moins importante qu’un fabricant de baguettes. Un peu de douceur parmi les temps qui courent ne fait de mal à personne, surtout si elles sont offertes par quelqu’un de sympa. ÉTAT CIVIL : Je suis célibataire malgré mon entourage essentiellement féminin. Je dirais presque à mon plus grand regret, mais c’est un décision que j’ai prise pour épargner l’implication de ceux que j’aime dans  cette situation qui n’a rien de confortable pour moi. PURETÉ DU SANG : mêlé, et je me porte bien. ANCIENNE MAISON : Poufsouffle ORIENTATION SEXUELLE : Hétéro CAMP : neutre, mais peut flancher à tout moment pour l’un ou l’autre. PARTICULARITÉ : Je suis ce qu'on appelle un loup-garou, quelle chance, n'est-ce pas ? Je bénéficie d'une double discrimination, je cache ma nature le plus possible.

✎ Votre personnage trouve par hasard la pierre de résurrection, l'une des reliques de la mort ! Que décide t-il de faire ? Pas grand-chose. Ce petit caillou, j’en aurais entendu parler en cours, très succinctement. Ou plutôt, ma mémoire auditive étant très sélective, je ne m’y serais pas intéressé, à moins que ça se mette dans une potion et qu’il soit possible d’utiliser ses pouvoirs mystiques à des fins plus que nécessaires à notre société. Seulement, je doute qu’il soit raisonnable de ramener les morts à la vie. Et de la garder entre mes pattes de loup mal léché est encore pire. Je ne l’aurais pas enterré au fond du jardin, rassurez-vous. Encore que ce ne serait pas une si mauvaise idée. Je l’aurais confié à quelqu’un de confiance, quelqu’un qui aurait perdu un être cher. Je n’ai perdu personne à l’exception d’un père dont j’ignore presque tout, jusqu’au moindre signe de vie. En clair, je n’en ai aucune utilité et je préfère faire un heureux sans attendre en retour de cette bonne action, ou peut-être un « mon héros » mais ce titre ne me conviendrait vraiment pas.
✎ Votre personnage tombe sur un moldu malmené par des sorciers au détour d'une rue, que fait-il ? Si j’avais eu affaire à ce genre de mésaventure plus tôt, j’aurais juste ignoré, parce que ça aurait pu être moi. J’aurais à la limite fait diversion en essayant de ne pas me retrouver à la place de la pauvre victime. Actuellement, je crois que j’avancerais en direction du petit groupe en jouant les sombres crétins puisque ça semble aller avec mon faciès, ça pourrait limiter les dégâts magiques, notamment les plus conséquents comme les sortilèges impardonnables. Je suis plus du genre à rassurer les victimes après coup qu’à être utile dans ce genre de cas. Pour ne pas dire que je peux empirer les choses en prêchant le mieux. Et il faut prendre en compte le moment durant lequel cela arrive, du moins dans mon cas. Même si, de toute façon j’interviens parce que j’ai une sainte horreur qu’on s’en prenne à quelqu’un en bande.
✎ Le Ministre de la magie propose à votre personnage de tout quitter pour devenir son conseiller personnel. Accepteriez-vous la proposition ? Ça dépend s’il est sain d’esprit ou non. Non, parce que j’imagine qu’une personne aussi importante doit savoir qui est quoi et je doute que sa cote de popularité augmente avec un loup à ses côtés. Trop de risques. Puis même, ça sent mauvais ces histoires-là, je n’y crois pas. Quand bien même ce serait vrai, le défi est un peu trop risqué pour moi, j’ai déjà un tas de défis à relever quotidiennement sans me rajouter celui d’être l’assistant d’un parfait bureaucrate. Et n’étant pas le genre à faire une psychose sur le pourquoi du comment… je ne vais pas m’étaler plus que cela sur ma réponse.
✎ Amour, richesse, célébrité ou sagesse : qu'est ce qui intéresse le plus votre personnage ? L’amour, je le fuis depuis cette satanée morsure. La richesse, je vis très bien de mon commerce, je n’ai besoin de rien de plus que cela et l’avantage c’est que je peux l’exercer où je veux. La célébrité c’est juste impossible. Je ne suis pas quelqu’un de très extraverti, il faut limite me torturer pour obtenir des réponses et encore, ça ne fonctionne qu’à certaines conditions, on se lasserait vite de ma petite vie bien rangée ou on s’acharnerait parce que j’entretiens le mystère. La sagesse, je l’ai déjà. Non, bon, d’accord, c’est simplement que je la souhaiterais pour tous. Parce qu’il en faut un minimum pour se rendre compte qu’un combat mené contre les sangs impurs, c’est la chose la plus stupide au monde pour la raison suivante : les sangs purs doivent bien démarrer d’une même branche pour ensuite s’éparpiller et quand bien même ce ne serait pas le cas, au bout d’un moment, s’il n’y avait que ça, on finirait par fricoter entre cousins voire pire. Alors, au final, ce que je souhaite pour moi-même ? Avoir le contrôle sur mon monstre intérieur, c’est simple non ?

PSEUDO : krow AGE : 25 ans PRÉSENCE : 7/7 AVATAR : Boyd Holbrook COMMENT AS TU DÉCOUVERT LE FORUM : je le zieutais depuis longtemps ~ et je refais ma fiche au propre en fait UN PETIT MOT POUR LA FIN : un forum qui me tente depuis bien trop longtemps, alors attention je risque de m'y installer pour toujours héhé ~

Grimm. Un nom de famille qui inspire pas mal aussi bien chez les moldu que les sorciers et à juste titre. Exploiter le monde magique à la merci de l’imagination, ce n’est pas la première fois. Mais au moins, ça a le mérite d’être efficace, même si parfois cruel. C’est celui de ma mère, cette femme qui a sacrifié sa vie pour moi et qui a toujours couru après les chimères que mon père avait laissées pour seul lot de consolation à son départ. Elle est cracmol, rejetée elle-même par sa famille, celle qui conte ces magnifiques histoires emplies de morales. Tu parles, quelle belle preuve de maturité. C’est ce nom-là que je porte pour une raison que j’ignore toujours, car, plus têtu que moi il y a ma mère. Et contrairement à elle, je n’ai aucun moyen de pression au risque que ces derniers ne se retournent contre moi.

J’étais enfant quand il est parti, je ne me souviens pas de lui, trop petit pour avoir un quelconque souvenir, pas même la couleur de ses cheveux. Il paraîtrait que je lui ressemble physiquement. D’autres se moquaient lorsque j’étais enfant, en associant mon corps à celui d’un poulet et clamant que c’était bel et bien celui de ma mère. Dieu, ou qui que ce soit d’autre, merci, j’ai changé depuis ce temps-là. J’y ai été forcé par mon quotidien. L’absence de l’homme de la maison m’a rapidement forcé à être cette aide précieuse. Il est mieux vu qu’un homme travaille plutôt qu’une femme. Je ne parlerais pas des conditions de femmes célibataires qui, bien que plus souples aujourd’hui restent les mêmes et les font passer pour ce qu’elles ne sont pas. J’ai accepté mon rôle très tôt pour elle, pour celle qui a choisi de me garder dans ses pattes plutôt que de me laisser à la porte d’un orphelinat comme il était plus fréquent de le faire. Les femmes qui accouchent dans la souffrance et le silence inquiétant lorsqu’elles déposent leurs marmots pour être certaines d’avoir un avenir est une de ces images que je refuse totalement de voir.

Je n’ai pas eu d’enfance à proprement parler, mais rassurez-vous, ça ne m’a pas empêché d’être un petit crétin à courir les rues de cette ville minuscule pour faire crier les voisins de rage et de me réfugier dans les jupons de ma mère. J’avais besoin d’un bon repas et d’exercice, pas très exigeant comme garçon.

Arriva ce fameux jour, entre l’enfant et l’homme, où une lettre me fut adressée. Une lettre que je n’ai pas prise au sérieux et qui m’a rapidement rappelé à l’ordre.


J’ai frôlé la beuglante pour l’entrée à Poudlard. Refusant totalement d’y croire, car considéré comme impossible à mes yeux. J’avais seulement 14 ans et ce n’était pas évident de retomber dans ces doux rêves bercés d’illusions. Ça n’avait rien à voir. Lorsque je suis entré pour la première fois et que j’ai arpenté les couloirs, bien sûr que mes yeux se sont arrondis et que j’ai été surpris par la présence même de cette bâtisse, mais l'envoûtement a cessé de faire effet les quelques jours suivants.

J’ai été choisi dans la maison des poufsouffle. Peu réputée en comparaison des autres, mais qui me convenait tout à fait, au moins pour ce que j’entretenais avec les autres élèves de cette même demeure. Je ne pourrais pas appeler cela « maison » puisque je ne m’y suis jamais vraiment senti chez moi. Mais je m’y sentais bien parce que j’avais réussi à me faire quelques amis. Un petit groupe de personnes sur qui je pouvais compter et qui avait l’air plus à même d’accepter les personnes de tous horizons. Pouvait-on en dire de même des autres drapeaux ? Je ne sais pas, et je ne veux pas savoir, je ne m’y suis plus intéressé à partir du moment où les chuchotements se sont avérés trop persistants pour mes pauvres oreilles sensibles.

Ah que c’est beau la naïveté d’un enfant. Ah que ça l’est moins quand on a 14 ans et qu’on est partagé entre l’envie de se découvrir et celle de ne pas être repérés par les autres parce qu’on est trop grand, trop maigre, trop blond, trop blanc, trop ou pas assez d’ailleurs. Trop-plein de conneries surtout. Où pas assez pur. C’était ce sur quoi portaient les échos que j’entendais parfois par bribes ou directement de la part de ces sangs purs ou sangs mêlés tout comme moi, néanmoins beaucoup plus proche des sangs purs que des autres. Pour moi qui n’ai pas l’habitude de m’en soucier, j’ai eu du mal à encaisser. Quand il s’agissait de mots, je pouvais aisément passer outre, même si, je serrais les dents. Quand on en vient aux mains et aux baguettes, c’est autre chose.

Je n’étais pas franchement bagarreur, si vous aviez vu mon gabarit, à l’époque, c’était très peu flatteur. Je ne paye toujours pas de mine, mais j’ai plus de muscle et une barbe mal rasée qui ne donne pas envie aux autres de se frotter à moi, en plus d’une taille avantageuse. En somme, quelque chose qui aurait pu m’être utile quelques années en arrière. Je suis assez calme et introverti, je longeais les murs au possible pour ne pas me faire remarquer et attaquer. C’est une période de ma vie qui n’était pas très glorieuse et que j’assume très mal, mais dont je ne peux pas faire l’impasse parce que c’est également là que tout a commencé.

Découvrir que l’on n’a pas sa place dans un monde, ne pas trouver la sienne dans celui qui est apparemment prédestiné à être le mien, n’était pas assez suffisant. Mais pour expliquer cette merveilleuse tuile qui m’est tombé dessus et qui s’acharne depuis, il faut que je résume un tant soit peu le contexte de ma vie scolaire.

J’avais des notes lamentables dans des matières que j’ai jugées moi-même inutiles à mon développement. Et plutôt bonnes dans d’autres qui me paraissaient intéressantes sans pouvoir me l’expliquer. Mes professeurs non plus n’en revenaient pas. C’était les prémices d’un caractère bien trempé et plus que têtu que je conserve encore aujourd’hui. Je commençais à peine à trouver ma voie au milieu des insultes et des menaces verbales, physiques. Je n’avais que 16 années et je savais que j’allais bientôt pouvoir quitter ce monde pour celui auquel j’ai toujours appartenu selon moi : le monde moldu. La raison était une évidence, je n’avais pas ma place. On ne m’acceptait pas et je ne m’y sentais pas chez moi pour une raison claire : le rejet de la plupart de mes camarades. Si certains n’étaient pas de cet avis concernant ma décision, j’étais tout de même en droit de penser qu’une poignée ne pourrait pas rivaliser face à tout un monde. Les mentalités devaient changer et ce n’est pas un petit étudiant comme moi qui pouvait aider, j’attendrais que quelqu’un de plus important le fasse pour moi, pour nous tous les sangs considérés comme impurs. En attendant, subir les discriminations quelles qu’en étaient les formes m’était de plus en plus insupportable malgré l’habitude et le peu de soutien reçu. J’avais peu d’amis, mais j’en avais tout de même. Ensemble on refaisait ce monde. Si certains aspiraient à devenir ministres, d’autres voulaient inventer tout un tas de formules, potions ou objets divers destinés à faciliter les échanges entre pays. De beaux rêves très naïfs, mais réalisables dans un monde comme dans l’autre bien qu’il soit plus facile de le concevoir quand on possède un don.

C’est dans cette perspective de quitter mes bourreaux au détriment de mes amis avec lesquels je voulais rester en contact quoi qu’il arrive, que j’ai découvert la vérité sur celui que je considérais comme mon meilleur ami. Cette personne en qui j’avais une confiance absolue et qui ne l’a pas trahie une seule fois peu importe son sang, peu importe son origine. Certains soirs, il n’était plus présent dans le dortoir et je n’avais pas cherché à en savoir plus. Jusqu’à ce que ce remède qu’il prenait constamment ne fonctionne pas ou plus.

Spoiler:

. En ce soir de pleine lune, j’ai appris que plus magique qu’un monde, il y avait ces êtres métissés entre l’homme et la bête.


Je crois que si mon sang ne s’était pas figé et que tout mon corps m’avait répondu convenablement, je me serais pissé dessus. J’ai eu la peur de ma vie en voyant cette carrure aussi frêle que la mienne se changer en une chose que je n’avais jamais vue auparavant si ce n’est dans les petits écrans télévisés. Je n’ai pas eu ce réflexe de reculer quand je l’ai vu se transformer, croyant à un mal bien moins dangereux que celui-là. J’étais celui qui était le plus proche et qui croyait pouvoir y faire quelque chose. Avant même que je ne me rende compte, j’avais été mordu, j’avais perdu connaissance au milieu des cris, d’élèves, de professeurs et des grognements de celui qui ne me reconnaissait pas.

En ouvrant les yeux, c’est un bandage au bras qui m’a d’abord inquiété et le peu de personnes à mon chevet. J’ai eu droit à un discours un peu particulier d’un médicomage. J’avais été mordu. Il était possible que je sois à mon tour cette chose que je craignais de recroiser un jour et qui avait pris la place de mon meilleur ami. Il était possible que je sois comme lui.

Bien sûr, pour ne pas affoler l’école tout entière, c’est un fin sortilège d’oubli qui a été lancé pour transformer les souvenirs de la plupart de mes camarades présents lors de l’incident. À l’exception de lui et moi qui étions à présent les seuls à nous souvenirs des faits. Bien que lui n’en avait pas la moindre idée avant de finir à mon chevet. J’ai prié pour la première fois pour ne pas être cette chose. J’ai attendu patiemment la pleine lune suivante sous les yeux inquiets de mes professeurs. Et ce jour est arrivé. Une douleur que l’on ne contrôle pas, qui dure une éternité en apparence jusqu’à ce que le cœur semble lâcher. Ce n’est qu’à ce moment que la bête se réveille et prend le contrôle total sur l’humain dont il se sert. C’est cette chose qui a passé la nuit à ma place et me fait encore angoisser aujourd’hui. J’ai pleuré comme un enfant quand j’ai réalisé que je ne serais plus jamais le même et qu’il était préférable que je sois suivi, que le monde magique garde ma trace,  peu importe l’endroit où je serais.

Je lui en ai voulu à lui, celui qui m’a trahi une seule et unique fois et que je ne pardonnerais jamais, plus parce qu’il me faut un coupable que parce qu’il est responsable. Ce n’est pas quelque chose qu’il contrôle, je suis bien placé pour le savoir. Ce n’est pas non plus volontaire, mais je l’ai soupçonné de m’avoir retenu à ses côtés…

Cela n’y a pourtant rien changé, j’étais résolu depuis un certain temps déjà, ne me sentant pas à ma place. Pour moi, le monde moldu avait toujours été ma délivrance, mon monde, plus que celui-ci. Le seul problème était à présent de trouver comment concilier ma nouvelle nature animale et mon intégration au monde moldu. Ça n’a pas été une mince affaire.

J’ai néanmoins trouvé ma solution. Celle d’avoir la visite régulière d’un médicomage ou d’un adulte capable de me maîtriser en cas de danger. Ils devaient d’ailleurs me procurer cette potion que j’ai demandé par la suite à faire, pour avoir un stock permanent et régulier. Telle a été le plus gros changement de mon existence. Cette école ne m’a rien amené de bon, à l’exception d’un peu de magie bien vite effacée par tous les risques que de tels pouvoirs pouvaient engendrer. Bien plus grands que n’importe quel risque dans ce monde sans le moindre surnaturel dans lequel j’ai décidé de vivre. Car, oui, je ne voulais plus de ce monde.


Pour ma mère, ça a été la grosse colère. La peur en premier, mais ce courage qu’elle a eu de m’accepter avec ce défaut imminent. Je n’ai pas mâché mes mots pour qu’elles nourrissent des espoirs sans garantie. J’ai dit ce que j’avais à dire, avec énormément de mal, parce que je suis loin d’être bavard. Mais j’avais besoin de savoir si la seule personne qui a mes yeux était tout allait me renier. Et parce que ma mère est beaucoup plus coriace qu’elle en a l’air… elle m’a accepté, bien que difficilement.

J’ai fini par m’accoutumer à ces visites régulières pour mes soins. Puis, elles furent de moins en moins fréquentes à mesure que les années passaient, j’avais l’impression d’être enfin en paix. La seule chose qui me préoccupait était mon emploi du temps. J’étais apprenti, je passais un CAP pâtisserie, me spécialisant dans la confiserie, chocolaterie et glacier. Ces deux années ont été sans doute les meilleures de ma vie. Est venue ensuite ma dernière année, un supplément qui m’a permis d’être l’expert que je suis aujourd’hui.

J’ai peu de choses à dire sur ces études, parce que rien n’a été meilleur pour moi que ce choix-là, celui qui vient de moi et que j’ai pris pour personne d’autre. C’est une passion dont je me suis doutée par l’intermédiaire d’un cours de potion. Un fait improbable puisque j’oublie juste la magie dans un coin de ma tête sans renier qui je suis. Il m’a toujours été impossible d’ignorer le passé, ne serait-ce que pour ce qu’il apporte au présent. Sans le ressasser constamment, je me suis rendu compte avoir appris beaucoup de certains cours et m’en servir encore aujourd’hui. La précision par exemple, et la minutie, dans le temps, dans les dosages. Tout m’a été appris durant ces deux années de cauchemar.

Vers l’âge de 20 ans, j’ouvre ma petite boutique moldu. Une pâtisserie tout ce qu’il y a de plus. J’ai pour habitude de ne pas me prendre la tête, ça n’a toujours pas changé, et je compte bien entendu rester comme je suis, peu importe l’endroit. La seule façon que j’ai de relativiser sur mes problèmes c’est cet humour étrangement dérisoire, presque mauvais, mais qui reste de l’humour. Je peux également avoir ce genre de réaction plus ou moins déjanté, imprévisible qui a tendance à déstabiliser injustement et détendre l’atmosphère, peu importe l’état critique de cette dernière. C’est cet aspect plus enjoué de mon caractère qui a repris vie et me donne l’impression de récupérer mon enfance perdue par toutes les bêtises que je peux faire aujourd’hui.

C’est notamment grâce à cela que j’ai pu comprendre que faire la paix avec mes racines magiques était nécessaire. Au fond, l’émerveillement du petit gars que j’étais en arrivant les premiers jours me manquait et ma soif de rattraper ce passé défiguré me rongeait doucement de l’intérieur. J’ai longtemps pesé le pour et le contre, traîné la patte pour prendre une décision qui finalement s’est profilée. Reprendre mes études était impossible et je n’en ai pas exprimé le souhait. J’ai déménagé à Pré-Au-Lard et obtenu difficilement un vieux salon de thé asiatique que j’ai rénové pour en faire une pâtisserie. Je n’aurais jamais cru en être capable et pourtant, si j’en suis là aujourd’hui.

J’ai toujours eu ce problème d’acceptation. Cette peur bleue d’être celui qui blesse et qui fera couler les larmes sur les joues d’une fille qui ne le méritera pas ou de mordre, tuer des personnes sans en avoir le souvenir au petit matin. Je ne dirais pas être un ange totalement innocent, mais je ne suis pas non plus le démon que chaque père souhaite trouer à coup de plomb, même si je peux l’être en oubliant le Tue-Loup, ce qui m’est arrivé une seule et unique fois. À défaut d’entretenir une vie normale, j’ai décidé de ne pas l’imposer à une autre, mais ça ne semble pas ravir tout le monde et heureusement pour moi.

J’ai pensé à partager mon fardeau poilu avec une autre, pour le grand bonheur de ma mère qui se posait des questions sur ma sexualité. Mais je n’ai pas trouvé celle en qui j’aurais suffisamment confiance pour cela et qui aurait suffisamment de force pour me neutraliser si j’en venais à m’oublier un peu trop à ses côtés. Oui, quelque part, j’y crois, c’est juste que je ne préfère pas espérer. Une contradiction qui me fait souvent sourire, car le simple fait d’imaginer apaise ma solitude. Seul ? Non…

J’ai toujours ces deux familles que je n’ai pas mentionnées. Celle de mon père, qui se fiche royalement du pauvre petit que je suis, et qui a bien raison, et celle de ma mère qui a appris récemment l’existence d’un Grimm qui leur est lié par une cracmol de leur propre sang. Une honte qui aura sans doute bien fait d’enfanter avec un sang-pur à leur yeux, et qui fait de moi, peut-être, l’indigne successeur qui pourrait entraver leurs petits projets. Désirent-ils ma mort, désirent-ils me voir reprendre le flambeau ? C’est une chose que j’ignore, mais je peux vous dire ceci : le jour où nous nous croiserons, je me ferais une joie de leur réciter toutes les valeurs auxquelles ils ont prétendus et se sont détachés au fil du temps jusqu’à ma génération.

Alors, maintenant que tu connais l’histoire, est-ce que les sucreries tendues par une patte pleine de griffes et de poils te tentent, mon enfant ?