- Et c'est donc comme ça que la jolie princesse a réussi à vivre avec sept nains, et ce sans risquer le moindre problème diplomatique entre leur monde et celui des moldus. On peut aussi voir que la sorcière a le mauvais rôle, mais encore une fois les scénaristes ont tout faux, enchanter une pomme et annuler un sort par un baiser, c'est pas du tout réaliste ! Aaronson qu'est-ce qu'un scénariste ? - Heu, c'est hm, ça doit être, celui qui... écrit le film ? - Bien ! Dix points pour Poufsouffle ! - Je suis chez Serdaigle... - Ahah Oups ! Dix autres points pour Serdaigle alors !
Hector était assis sur son bureau et, laissant en arrière l'erreur, continua son cours sur l'animation au cinéma. Si au départ les élèves furent moqueurs, défendant qu'ils étaient capables de faire bouger un dessin en moins de cinq secondes avec un simple sortilège, quand les personnages commencèrent à chanter, ce fut une réelle surprise. Le professeur expliqua que, peu importe le type de nouvelle invention, les moldus ont la capacité d'en faire quelque chose d'incroyablement stupide avec une facilité déconcertante. Dans ce cas, des nains chantant sur la joie de travailler dans les mines. Evidemment l'étape suivante, après utilisation stupide, est d'en faire une arme de guerre. Si les humains normaux n'ont pas encore trouvé comment tirer parti de l'animation pour combattre, Hector leur donne grand maximum dix ans. Pour quelqu'un qui les étudie, il est toujours surprenant de voir avec quelle facilité les moldus peuvent trouver de nouveaux moyens de s’entre-tuer.
Alors que le cours commençait à prendre des tournures philosophiques sur la destruction humaine, la cloche sonna et -presque aussitôt- une bonne partie de la classe, tel un condamné à mort se jetant sur son avocat, se précipita vers la sortie. A son tour le soixantenaire se mit à ranger ses affaires, sa trousse Star Wars, ses notes inutilisées -il préfère improviser le cours sur le moment- avec l'impression désagréable qu'il aurait Heigh Ho ! dans la tête pour le restant de la journée. Phisbiz aime les cours. Enseigner relève plus de l'hobby que du travail pour lui, si en plus il peut être nourri et logé pour le faire, c'est parfait. Notre héros apprécie cependant toujours les pauses. Pouvoir quitter la petite pièce renfermée qui lui sert de salle. Aller causer avec ses collègues, perturber les élèves timides de première année ne s'attendant pas à discuter avec le vieux directeur de maison. Faire un saut aux cuisines s'ils arrivent à se souvenir de leur emplacement. Dans les donjons ? Hm. C'est un peu triste de ne toujours pas savoir s'y retrouver après trente ans à vivre dans le château.
C'est avec l'esprit plein de questionnement existentielle sur ce qu'il y aurait à manger ce midi que notre protagoniste se leva. D'un coup de baguette il déplaça le projecteur, armé d'une vieille pellicule de Blanche Neige, dans l'armoire et se décida finalement à chasser la cuisine. Ça lui prendrait peut-être du temps mais le jeu en vaut la chandelle. Ou une métaphore alimentaire plutôt. Du genre "le jeu en vaut la côte de porc". Alors que le vieillard se dirigeait vers la sortie il remarqua une dernière élève faisant le même parcours. Le cerveau du sorcier commença à se mettre en marche. Vingt ans à enseigner, à voir passer des centaines de visages, à devoir retenir autant de noms. Ses yeux se plissaient, essayant tant bien que mal d'associer la jeune femme avec un souvenir. Alors qu'Hector comptait abandonner, s'en remettre à la liste d'élèves de sixième année, l'éclair -que l'on ne qualifierait pas de génie dans son cas, faut quand même pas exagérer- lui traversa l'esprit. Une Pouflsouffle, une mère disparue il y a quelques années.
- Alors... Il hésita une seconde. Le professeur n'est déjà pas capable de se souvenir des dates essentielles à son cours, alors les noms des élèves. Dans un effort surhumain il continua Calloway, qu'est-ce que tu as pensé du film ? Une princesse, des nains, une méchantes sorcières, y a tout pour plaire !
Comme à mon habitude, je ne rentre pas la première dans la salle, ceux qui se placent devant le bureau du professeur s’en chargent à ma place, mais pas non plus la dernière car j’aime choisir où me placer. Le dernier rang a été toujours été mon endroit fétiche dans une salle, de préférence si je suis dans un coin, là au moins je suis sûre de ne pas me faire remarquer. Une fois toute la classe installée, nos affaires sorties et une plume dans la main, le cours commence. Aujourd’hui le prof nous passe une vidéo, un classique, Blanche Neige. Je regarde autour de moi, enfin devant moi, et je vois que certains regardent la vidéo comme si c’était la première fois de toute leur vie qu’ils la voyaient. Je suis hébétée de voir que certains de mes camarades n’aient jamais vu un classique comme celui-ci. C’est comme être un sorcier sans connaître Beedle le Barde. D’un autre côté je me dis que certains ont grandi avec ces familles mondaines, qui ne savent plus quoi faire de leur argent et qui ont élevé leurs enfants dans la pure tradition des sangs purs, loin du monde impur qu’est celui des moldus. Autant dire que je suis aux antipodes de ces gens là. Moi, Blanche neige ça me parle, je sais aussi que pour l’homme normal, l’invention de la vidéo est une réelle révolution qui a rendu beaucoup de chose magique. De leur côté les sorciers savent faire bouger une image depuis bien plus longtemps. Le monde moldus je le connais bien. J’ai peut être grandi dans un petit village au milieu de l’Ecosse, mais j’ai aussi grandi avec un père né-moldu. J’ai donc une partie de ma famille qui n’a aucune idée de ce que peut être le monde dans lequel je vis au quotidien. Mais moi je connais leur monde, mon père ayant toujours voulu que ma cadette et moi connaissions tout du monde dans lequel lui il a vécu et grandi, une part importante dans sa vie. J’ai donc grandi au milieu de deux mondes, et les moldus n’ont jamais eu de secret pour moi.
Le prof continue de débiter un flot de paroles dont je n’arrive pas à noter la moitié. Il nous explique notamment que l’homme devrait prochainement utiliser l’animation dans des buts totalement différents que pour leur simple divertissement. Puis il commence à parler comme un professeur de philosophie. Ma cousine m’en avait parlé et honnêtement c’était la facette des moldus la plus énigmatique pour moi.
La cloche finit par sonner. Tout le monde remballe ses affaires le plus rapidement possible. De mon côté, je préfère noter la fin de mon cours. Même si je connais bien les moldus, je préfère avoir noté tout ce que dit le prof pour le réviser pour le prochain cours et pouvoir avoir des bonnes notes. La seule chose que je veux vraiment c’est devenir indépendante en sortant de Poudlard. Travailler est donc la meilleure solution pour y arriver dans la vie. Alors que je range finalement mes affaires, le prof s’approche de moi avec l’envie de discuter je pense. « Alors… » Comme d’habitude, il avait du mal avec nos noms. Toute la classe avait l’habitude depuis le temps qu’il nous faisait cours. « Calloway, qu'est-ce que tu as pensé du film ? Une princesse, des nains, une méchantes sorcière, y a tout pour plaire ! » Je me dis que le mien doit passer un peu mieux que les autres. Une bonne et une mauvaise nouvelle. Je me dis que c’est peut être grâce à mes notes, mais d’un autre côté, si le prof connaît mon nom, il sera plus difficile de passer inaperçu par la suite. Je réfléchis quelques instants à la question, mais la réponse ne tarde pas trop à me venir en tête. « Irréaliste et prévisible… C’est pas trop mon genre. » Je ne voulais pas froisser le prof, mais à mon âge, ce genre de dessin animé ça ne m’attire plus. Les classiques comme celui-ci je les ai vu beaucoup trop de fois pour être encore attirée par tout ça. Blanche neige n’a plus de secrets pour moi désormais.
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Ven 21 Aoû - 17:03