Un vrai Bro ne rit pas quand un mec est frappé dans les bijoux de famille. ⊹ Je frotte énergiquement le bas de mon dos. Ça fait déjà trois jours que j’ai eu ma crise étrange et malgré le fort traitement que m’a donné Bony, il reste toujours un fond de douleur qui traine. Le réveil est toujours un peu difficile, je me sens raide, et en fin de journée, je suis vraiment fatigué, ça ne m’étais pas arrivé depuis longtemps de me retrouver si dérangé par mes douleurs, mais ce n’est pas une raison pour se laisser abattre. Le marché nocturne m’a vraiment laissé des traces. Pas visibles comme certains mais plus handicapantes que d’habitude au vu de mes antécédents personnels. Du coup, depuis trois jours, après chaque journée de travail – il était hors de question que je ne sois pas disponible pour mes élèves pour un truc aussi bête, j’ai toujours géré ça ne changera pas aujourd’hui - , je dois me rendre à l’infirmerie pour de nouveaux examens et une batterie de tests en tout genre : ordre de Nurse Bony. Attention à mes fesses si je ne suis pas ses consignes, elle serait capable de me poursuivre dans toute l’enceinte du château et me lancer un sort pour m’amener de force avec elle… Ne jamais sous-estimer une frêle jeune femme, jamais !
Du coup me voilà à me diriger tranquillement vers l’infirmerie du château. J’ai terminé de ranger les balais dont j’avais besoin pour mon dernier cours. Je suis assez content du travail accompli depuis le début de l’année, les élèves progressent, chacun à leur vitesse, mais à la limite on ne leur demande pas d’être tous égaux, on ne leur demande pas d’avoir tous la même passion, juste d’avoir un savoir général pour être de bons sorciers. J’aime à penser que je participe à leur éducation, que je partage mes connaissances et mes passions, et qu’ils repartiront de Poudlard avec j’espère des souvenirs heureux de leur enseignement, comme j’ai pu en avoir de nombreux ici.
Je foule l’herbe qui se renouvelle, les fleurs commencent à pousser par ci par là. Je regarde une dernière fois le ciel avant de passer les grandes portes. Le soleil est présent en cette fin de journée, ce qui remonte un peu l’humeur général après le climat de peur qui s’est instauré depuis le marché nocturne. Les beaux jours arrivent, c’est une période de l’année que j’affectionne particulièrement : j’aime la sensation du soleil sur mon visage, les jours rallongent, les nuits se font plus courtes, il y a plus de raisons de sortir et de s’amuser, la joie est toujours plus propice à la belle saison, et je peux aussi passer plus de temps dehors sans passer pour un voyeur, un manant ou une quelconque créature dangereuse. Je salue quelques élèves que je n’ai pas vus de la journée, je fais un sourire et un clin d’œil à Eden de loin qui semble bien occupé, la journée semble loin d’être finis pour lui. J’entame tranquillement l’ascension des étages vers mon lieu de rendez-vous tout en observant le monde autour. Les élèves sont bruyants, c’est la fin de la journée, ça se chamaille, ça rigole, j’aime cette ambiance, ça me rappelle tellement de bons souvenirs et tant qu’il n’y a pas de bagarre, ça ne fait pas de mal de se défouler un peu. La vie a repris son cours depuis quelques jours, l’insouciance revient chez certains, quand chez d’autres l’inquiétude est présente.
Finalement mes pas m’ont dirigé au bon endroit. Je pousse doucement la porte de l’infirmerie au cas où un élève malchanceux serait en train de dormir. Dans cette école, avoir une infirmière à plein temps n’est pas du luxe, tout est bon pour finir dans un de ces lits. Je regarde à droite et à gauche, aucuns rideaux tirés, il n’y a pas de petit malheureux ce soir : il n’y a pas eu de casse en sortilège, pas d’explosion en potion ou encore d’allergie en botanique, et aucun de mes élèves n’a fait une mauvaise chute. Bon bilan pour la journée. Sans plus faire attention aux bruits que je peux faire, je cherche mon amie du regard. « Bony ? » Pas de réponse. Personne. Elle a dû être appelé quelque part ou alors elle pourchasse un élève pour je ne sais quelle raison médicale, ce n’est pas son genre de déserter son antre. Je me dirige vers mon lit, celui qui m’a été attribué dès le début de cette surveillance. Je ne suis pas en colère contre Bony, à vrai dire je suis plutôt content qu’elle me force à venir tous les soirs. C’est sûr que ce n’est pas le rêve de venir s’enfermer ici chaque jour pendant plusieurs heures, mais ça me fait passer le temps et puis c’est rassurant de faire tous ces examens. Je n’aime pas du tout la réaction que j’ai eue l’autre nuit. Je n’avais pas eu de douleurs aussi vives depuis plusieurs années. Certes je teste de temps en temps de nouvelles potions plus efficaces, mais tout est toujours sous contrôle d’habitude. Je fais attention à ne pas en faire trop, j’écoute mon corps et je m’adapte à ses exigences tout en ne me reposant pas sur mes lauriers. Quand j’ai des douleurs un peu plus fortes, je prends une potion et je peux reprendre ma vie sans soucis. Mais l’autre nuit, je crois que j’ai eu une douleur aussi vibrante que lors de l’accident de voiture. Je ne sais pas exactement ce qu’il s’est passé au marché nocturne, mais ça ne m’a de toute évidence pas convenu, et j’aimerais tirer cela au clair. Si ces tâches bleues pouvaient disparaitre aussi ça ne serait pas du luxe. Je retire ma veste et déboutonne ma chemise avant de m’allonger sur le lit, dossier redressé. Quand Bony va revenir, je sais déjà qu’elle va vouloir examiner les fameuses tâches pour attester de leur évolution. Je n’observe pas de grands changements pour ma part, mais bon c’est son métier de surveiller. J’attrape sur la petite table à côté du lit un petit carnet où je dois noter les transformations que j’ai pu observer au niveau des plaques : coloration, grandeur… Mais aussi si j’ai eu à nouveau des douleurs, de quelle forme et en quelle intensité. Bref, faire un petit récapitulatif de ma journée en gros. J’entends la porte s’ouvrir, Ebony doit enfin être de retour. Je relève la tête un grand sourire affiché aux lèvres, sourire qui laisse rapidement place à de l’incrédulité et de l’étonnement. Ce n’est clairement pas mon infirmière qui vient d’arriver, où alors elle est devenue drôlement virile. «Qu’est-ce que tu fiches ici bro’ ? »
Cette journée, j’avais décidé d’aller voir un peu de monde, sortir des bureaux, de la chasse aux mangemorts. Je n’avais effectué que cela depuis cette fameuse soirée, soirée où j’étais à la base venu, juste pour écouter une amie qui avait besoin d’une oreille attentive l’espace d’un instant. La soirée avait pourtant bien commencé ce jour-là, elle était tranquille assez banale et puis soudain tout s’était transformé en chaos. Les cris, les sorts qui fusaient de partout, les gens qui couraient dans tous les sens, et des mangemorts qui apparaissaient à chaque coin de rue… et aussi des crétins qui partaient sauver des personnes qu’ils ne connaissaient pas. Bref, cela n’avait pas été la soirée à laquelle je m’attendais, je n’avais pas pu flâner dans les rues du pré au lard une soirée tranquille loin du boulot et à la place, j’avais dû aller au boulot.
Alors après avoir passé mes journées à travailler depuis ce jour, j’avais eu envie de sortir, de voir du monde, prendre des nouvelles des personnes qui avaient été présentes ce jour-là. J’avais besoin de savoir qu’ils allaient bien. Oui, assez étonnant que je ne me préoccupe que maintenant de leur sort, j’aurais du certainement aller les voir directement, prendre ma veste transplaner sans attendre pour les voir, avoir cette conviction qu’ils allaient tous bien. J’avais été en dessous de tout, je devais l’avouer, je m’étais à nouveau plonger dans mon travail, sans voir ce qui avait autour de moi. C’était là un de mes plus grands défauts, je le savais, me plonger corps et âme dans ce boulot. Parfois, j’en oubliais même presque le monde extérieur par moment, en de rares moments.
Donc, aujourd’hui, je prenais un jour de congé, revenais dans les mondes pour retrouver mes proches, parler avec eux, même rire avec eux qui sait peut-être que je vais avoir un fou rire, qu’on allait m’annoncer une nouvelle à laquelle je n’attendais pas. Je commençais donc par Ezra, qui était sans doute l’une des personnes pour qui je me faisais le plus de soucis. Il était mon meilleur ami, il était comme un frère pour moi, et ce, depuis le jour où nous nous étions rencontrés alors que d’autres s’en prenaient à lui. J’avais toujours eu ce sentiment protecteur envers lui, et je pense que je l’aurais toujours. Mais il était assez grand maintenant, il pouvait se débrouiller seul même avec ces soucis de santé. Alors confiant dans le simple fait qu’il allait être ravi de me voir, je me dirigeais vers poudlard, l’endroit où il travaillait, je le cherchais dans les couloirs demandais à des professeurs et des élèves s’ils n’avaient pas vu leur collègue, leur professeur de vol, et une personne me parla de l’infirmerie, je le remerciais.
Il était donc là-bas, parfait, j’allais faire d’une pierre deux coups, j’allais pouvoir voir Ebony, lui demander ce qu’elle voulait me raconter par la même occasion. Donc, j’avançais vers l’infirmerie, poussai les portes de la pièce, je le cherchais du regard et le vis sur un lit, chemise ouverte. Je le vis relever la tête avec un large sourire qui s’effaçait directement quand il me vit, je le regardais avec un air étonné « Oh. J’ai comme l’impression que tu es déçu. Moi qui espérais que tu serais content de me voir. Je suis triste.» Je tournais la tête en même temps que je lui parlais, regardais un peu partout pour voir si Ebo n’était pas là tout en continuant « Mais bon puisque c’est la jolie infirmière que tu veux, je vais sortir et te laisser en tête-à-tête avec elle. Au fait, sexy, la chemise ouverte. » Puis je me retournais vers lui, lui souriais tout en lui demandant et me dirigeant vers lui. « Alors comment tu vas. Pas trop mal ? » Je prenais une chaise pour m’asseoir près de lui.
Ezra Scodelario
LA BLESSURE DE L'INSOMNIE
+ SORCIER DEPUIS LE : 24/01/2013 + PARCHEMINS : 358 + LOCALISATION : Principalement dans l'enceinte du château de Poudlard depuis septembre dernier
Un vrai Bro ne rit pas quand un mec est frappé dans les bijoux de famille. ⊹ Trois jours que j’ai vécu l’une des pires nuits de ma vie, trois jours que ma routine a été modifiée pour en entamer une nouvelle, trois jours qu’après chaque journée de travail je me rends à l’infirmerie pour permettre à Bonie de pratiquer tous ses examens, trois jours que je me demande bien ce qui a pu se passer pour que j’en arrive à une douleur si insupportable, trois jours que je me sens épuisé physiquement mais que je n’arrive pas à lâcher prise intellectuellement pour réussir à dormir correctement et trois jours que je note dans un carnet toutes les sensations que je ressens dans la journée et que mon amie m’examine sous toutes les coutures. C’est donc avec l’habitude d’un patient de longue date que je m’installe dans l’infirmerie du château, à la place qui m’a été désigné en début de semaine et que j’attends la jolie infirmière que j’ai pour amie. Pour des personnes extérieures, je pourrais passer pour un sans gêne à m’installer ainsi de la sorte dans l’antre de Mlle Lancaster, mais en réalité, on est assez proches pour que je me sente à l’aise et puis je sais qu’elle préfèrerait que je fasse ainsi plutôt que d’attendre bêtement devant l’entrée qu’elle revienne.
En arrivant avec toute la décontraction qui me caractérise je commence à noter mes impressions du jour, assis au fond de mon lit, la chemise ouverte, prêt à être examiné quand mon amie reviendra. Les courbatures sont toujours bien présentes, la douleur à proprement parlé à elle disparut, mais les petits désagréments physiques sont toujours bien installés, sans parler de ces tâches vraiment super bizarres qui me recouvrent encore le corps. C’est d’ailleurs le détail qui m’ennui le plus. Mon corps a l’habitude de souffrir, plus par moment qu'à d’autres certes, mais les séquelles restent tout de même bien présentes, et là c’était vraiment une douleur peu commune, mais c’est du quotidien, alors que ces tâches sont un peu douteuses, surtout qu’elles semblent particulièrement inquiéter mon amie. J’allais pour noter qu’elles ne me semblaient pas avoir pris de l’ampleur par rapport à la veille quand j’entends un bruit de porte caractéristique.
Mon visage doit alors afficher simultanément ce qu’on peut appeler chez les moldus, un ascenseur émotionnel : je passe en une fraction de seconde de la joie à l’idée de revoir Bony et au soulagement de ne plus me retrouver seul dans l’infirmerie, à l’étonnement de voir mon meilleur ami entrer dans la pièce à sa place et à l’incompréhension de sa présence ici, pour revenir à la joie de le revoir. Tout cela mêlant ainsi une multitude de sentiments ambivalents ne m’empêchant pas de laisser sortir un authentique et incrédule : « Qu’est-ce que tu fiches ici bro’ ? » Et la réaction de mon meilleur ami face à ma question et à mon attitude ne se fait pas attendre. « Oh. J’ai comme l’impression que tu es déçu. Moi qui espérais que tu serais content de me voir. Je suis triste. » Je laisse échapper un petit ricanement en voyant son air de chien battu légèrement trop théâtralisé et je ne peux m’empêcher d’être réellement soulagé de le voir sain et sauf à mes côtés. Sa présence me fait un bien fou immédiat et sa petite taquinerie me détend aussitôt, ce qui ne m’était pas arrivé depuis quelques temps déjà. Le parfait remède pour apaiser ces derniers jours. C’est avec humour que je lui réponds : « Arrêtes ton char mec ! Ne va pas faire ton Calimero avec moi, ça n’a jamais marché et ça ne risque pas de commencer aujourd’hui. » Je le regarde passer au radar l’infirmerie, réflexe d’Auror certainement. Ou alors il cherche réellement quelque chose. « Et ne cherche pas Ebony, elle n’est pas encore arrivée. » Il confirme ce que je pensais un instant plus tôt en me parlant de notre amie commune. « Mais bon puisque c’est la jolie infirmière que tu veux, je vais sortir et te laisser en tête-à-tête avec elle. » Je laisse échapper un soupir, s’il savait j’en prendrais bien plus dans la tête. Je le coupe alors dans son élan pour glisser une phrase et me défendre par la même occasion, après tout ce n’est pas comme s’il était normal qu’il se trouve ici. « C’est vrai que je n’avais pas le droit d’être étonné de te voir toi plutôt que Bony… » Mais il ne semble pas m’entendre, ou alors tel que je le connais, je le soupçonne de continuer comme si de rien n’était, menant son interrogatoire comme il l’entend… « Au fait, sexy, la chemise ouverte. » Je baisse instinctivement le regard sur mon torse, constatant ses propos. Effectivement, j’avais déjà oublié ce détail, ça me fait penser que ce n’était pas une très bonne idée, n’importe quel élève aurait pu me trouver comme ça, pas très professionnel. Mais je ne manque pas de sentir la taquinerie dans sa phrase, alors je ne manque pas d’en profiter. « Tu t’attendais à quoi bro’ ! Avec un corps comme le mien, je n’ai pas d’autre choix que de l’exposer au monde. Je ne peux pas priver le commun des mortels de mon charme irrésistible. » J’appuie mes propos en faisant jouer mes muscles et mes sourcils espérant secrètement qu’il passe rapidement ce détail et que je n’ai pas le droit à la blague pendant les milles ans à venir. Je referme un peu les pans de ma chemise tout en le regardant s’approcher de moi avec un grand sourire et s’installer sur la chaise près de mon lit. Il reprend plus sérieusement surement car il nous sait seuls dans la pièce. « Alors comment tu vas. Pas trop mal ? » Je lui réponds continuant dans une attitude joueuse « Comme tu peux le voir je me porte comme un charme. J’ai passé l’une des pires nuits de ma vie dont je ne me rappelle d’ailleurs pas grand-chose et où je me transforme en schtroumpf. Du coup Bony cherche d’où ça peut venir. Que du bonheur ! » Puis je reprends un peu plus sérieusement : « Et toi vieux, pas trop de dégâts de ton côté ? Je suis content de te voir en pleine forme. Je sais que tu étais au marché l’autre nuit, ça n’a pas dû être simple à gérer pour toi. »