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 I wanna play a game | Feat. Siobhán

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Message Sujet: I wanna play a game | Feat. Siobhán   I wanna play a game | Feat. Siobhán Icon_minitimeLun 18 Mai - 22:55

I wanna play a game
   Edelweiss Blackmoth & Siobhán Steers-Carter
Un mauvais sourire se dessinait sur les lèvres d’Edelweiss, tandis que son regard suivait la progression des veinules rosées dans son verre d’eau de vie. Muni d’une framboise, son doigt en traçait la courte circonférence, faisant naître d’autres traînées glissant vers l’alcool. Lentement. Lentement, l’idée se forma. Elle leva les yeux vers la femme assise de dos, au bar et semblant boire avec retenue.
D’ordinaire, Edelweiss évitait les Trois Balais. Préférant la Tête de Sanglier, satisfaisant en tous points son penchant pour l’alcool fort et la lumière tamisée. Les Trois Balais dégageaient un certain air guilleret, et la présence quasi constante d’adolescents boutonneux l’empêchait de savourer son vice. Mais cette fois-ci était une exception. Car penchée sur son verre et flanquée dans ce coin du bar le moins éclairé, Edelweiss se fondait dans le bruit des rires et conversations bruyantes. De là, elle avait une vue parfaite sur Siobhán Steers-Carter.


Elle repensa au regard dédaigneux que cette dernière lui avait jeté, mettant en doute la pureté de son sang. Oui, car la clé la plus sacrée pour entrer en ce cercle restreint, au nom tout juste murmuré, ne résidait que dans les veines. Alors comment faire lorsque nos propres veines sont scellées ? Edelweiss se mordit le bord intérieur de la lèvre, entamée à nouveau par la colère qui l’avait saisie face à cette femme. Qu’en savait-elle ? Que pouvait-elle bien savoir de plus qu’elle sur ses origines ? Rien, absolument rien. Qui sait ? Après tout, son sang était peut-être le fruit de l’union de deux sorciers. Oui.
Elle se laissa allée contre le mur derrière elle. Les doigts de sa main droite étaient souillés de rouge alors qu’elle tenait encore sa framboise, à présent recroquevillée.
Les yeux brillants, elle se délectait de l’idée de forcer cette harpie à dire ce qu’elle savait. Son petit secret avait été découvert. Edelweiss suçota le jus de framboise collant à ses doigts tandis que l’image de cette silhouette si « distinguée » maintenant assise au bar, se distordait, il y a quelques vingt-quatre heures à peine.

Qu’allait-elle donc faire dans les rues de Londres ? Alors que l’heure bleue annonçait déjà la nuit et donnait des airs de détraqueurs aux nuages. Cela avait éveillé l’intérêt de la jeune femme, qui fut loin d’être déçue. La rue dallée était déserte et encore humide de pluie. Seuls quelques poivrots, errant sans cesse ici et là, se trouvaient dans cette portion de Londres. A cette heure-ci, les gens se préparaient à sortir, laissant l’air des rues comme immobile, attendant.
De plus en plus intéressée, Edelweiss s’était évertuée à se dissimuler derrière chaque pan de mur, poursuivant l’ombre de Siobhán. Puis plus rien. Plus aucun mouvement. La mangemorte s’était arrêtée net, et pendant un instant Edelweiss crut qu’elle l’avait sentie. Car c’était ce qu’elle semblait faire, le menton levé. Puis, après quelques secondes, après un bref regard sur la rue déserte et silencieuse, elle plongea dans la flaque d’ombre créée par une ruelle. Là, Edelweiss ne put apercevoir que distorsions étranges tandis que ce corps semblait ployer sous un poids pour finir à quatre pattes.

Ça par exemple ! A la place de la svelte silhouette qui s’était glissée dans l’ombre, ce fut tout autre chose qui rasait les murs à présent. Deux prunelles perçaient  la semi-obscurité et rampait au sol, prudemment, souple et discrète. L’ombre se dirigeait vers une impasse, entre deux immeubles aux fenêtres béantes, sans nul doute abandonnés. Les jambes d’Edelweiss avait tout d’abord refusé de s’activer et son instinct lui hurlait de déguerpir.
Ce fut à cet instant qu’elle perçut un cri. Etouffé et bref, accompagné d’une sorte de bruit s’apparentant à quelqu’un versant de l’eau, éclaboussant le pavé.
Au bout de quelques minutes, l’ombre ressortit. Longeant les murs de la même manière féline, vers la ruelle. Le même rituel se produisit de nouveau, à la différence que l’ombre s’éleva, tendant les bras comme pour s’étirer.
Les yeux agrandis par la surprise et le cœur battant, Edelweiss observa Siobhán, resserrant les pans de son manteau autour d’elle. Mais pas avant qu’Edelweiss ne put voir une constellation opaque de rouge sur son chemisier. Et tandis qu’elle passait devant un homme plus bas dans la rue, illuminant les réverbères à l’aide d’une perche, Edelweiss s’adossa au mur derrière lequel elle était restée dissimulée. Un rire bref lui échappa, alors qu’elle jetait un dernier regard à la mangemorte.

A présent, dans ce bar, les veinules rosées s’étaient rassemblées dans son verre, formant un fond rouge carmin. Elle n’avait pas été voir l’homme qu’avait laissé Siobhán dans la ruelle. Elle savait que ce n’était qu’un cadavre, qui avait éclaboussé de sang le pavé. Rien d’intéressant à voir.
Cependant, il avait fait naître une idée, paraissant de plus en plus alléchante à mesure qu’Edelweiss y pensait. Elle allait les avoir, ces informations qu’elle désirait tant.
Les yeux fixés sur Siobhán, elle glissa la framboise entre ses lèvres puis, but d’une traite son eau de vie au fond rouge. Une brève grimace lui distordit les traits, tandis que le feu de l’alcool courut en elle tel un éclair de feu. Elle ferma les yeux un instant. Un délice.
Que le jeu commence. Brillants dans la presqu’ombre, ses yeux se rouvrirent tandis qu’elle se leva, se glissant entre les tables occupées. S’avançant vers le bar illuminé.

« Mets-moi une hydromel ! », elle posa son verre vide sur le bar et s’assit juste à côté de la mangemorte.

« Bonsoir ! », lui dit-elle d’un ton mielleux.
Elle ne s’attendait pas à avoir de réponse, mais elle ne s’en vexait pas le moins de monde. Pas ce soir.
Elle l’observa un moment.


« Vous devez être la seule personne que je connaisse qui boit de façon aussi coincée. C’est vrai, on dirait que vous prenez le thé. », elle ria brièvement, comme si elle avait gentiment taquiner une amie. Mais il n’en était rien.

« Très surprenant quand on sait de quoi vous êtes capable... », elle reprit son verre, à présent couleur de miel et une but une gorgée. Passant une langue sur ses lèvres, elle reprit de suite :
« Mais j’imagine qu’on peut difficilement en témoigner quand on a la gorge ouverte, et qu’on baigne de son propre sang, pas vrai ? », elle adressa un sourire faussement aimable à Siobhán et leva son verre vers elle, avant de reprendre une gorgée du délicieux hydromel.
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Message Sujet: Re: I wanna play a game | Feat. Siobhán   I wanna play a game | Feat. Siobhán Icon_minitimeVen 22 Mai - 1:48

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Elle pouvait encore se souvenir de la veille, lorsque le goût si délicieux du sang, humain de surcroît, avait éclaboussé son palais et avait totalement envahi ses sens. Elle ne pouvait s’en passer, et elle se doutait que ce n’était absolument pas normal. Mais après tout, elle n’avait jamais été très conventionnelle. Certains pouvaient la voir comme les conséquences même de l’inceste familial, et il était tout à fait possible que les gènes eurent leur implication dans sa maladie. Car c’était une maladie, après tout, de tous les points de vue. Personne ne devrait autant apprécier tuer des individus, et encore moins le goût de leur sang. D’ailleurs, remarquait-elle alors qu’elle sirotait son Firewhiskey, elle aurait largement préféré un verre du liquide pourpre et délicat, à la place. Mais c’était un espoir hors de portée, pour l’instant. Peut-être lorsque le Lord serait au pouvoir ; les moldus se seraient après tout que des parasites. La pensée la fit sourire, et elle reprit une fine gorgée de l’alcool, reposant son verre peu après. Elle soupira. Il n’était pas bon de penser à cela, sinon elle n’allait pouvoir s’empêcher de revêtir sa fourrure à nouveau, et cela devenait dangereux.

Elle ne savait pas exactement comment elle avait atterri — une nouvelle fois d’ailleurs — aux Trois Balais. Ce n’était absolument pas le genre d’endroits qu’elle fréquentait, et elle détestait autant la tenancière que les clients. Son égo démesuré la rendait très désagréable, bien sûr, et elle était persuadée qu’un tel établissement n’était pas à la hauteur de ses attentions. Cependant, c’était le seul bar fréquentable à Hogsmead, et elle s’était malheureusement rabattue sur le lieu pourtant extrêmement désagréable. C’était bruyant, trop lumineux, et trop peuplé. Il y avait trop d’étudiants, surtout, mais après tout, c’était pour cela qu’elle était là. Elle avait l’espoir de poser son regard sur la proie parfaite, qu’elle rêvait de retrouver pour la goûter à nouveau, Dawn Blackwood. Mais le rêve n’était que cela, pourtant, et même si l’idée d’avoir à nouveau son sang sur la langue la faisait saliver, elle savait qu’il ne fallait pas trop y compter. Alors, comme souvent, elle préférait se rabattre sur d’autres proies, moins délicieuses mais tout aussi satisfaisantes. Il n’y avait rien de tel que sentir la chair céder sous ses mâchoires puissantes, le sang éclabousser sa bouche et sa fourrure. Elle était toujours surprise, lorsque la bête ne prenait pas totalement dessus, et qu’elle arrivait à rendre sa proie en un seul morceau, ou presque, comme c’était arrivé la veille. C’était plus acceptable, pourtant. Moins de doutes.

La culpabilité n’était pas quelque chose qui concernait Siobhán. La seule chose qui lui posait problème était l’idée de se faire découvrir, et c’était pour cela qu’elle se forçait à prendre certaines précautions. Bien sûr, elle n’avait strictement aucune idée que son secret était découvert. Mais étant ce qu’elle est, elle n’avait nul doute de ce qui risquait d’arriver le jour où l’on mettrait sa sécurité en danger : mettre à mort l’imprudent, et ce, qu’importait son identité. Elle se savait parfaitement capable d’assassiner mari et enfants s’ils venaient à compromettre son futur, sans le moindre état d’âme. Il ne lui était jamais venu à l’idée de mettre en doute son système de pensée, mais d’un regard extérieur, un tel comportement n’était que très difficilement considéré comme ‘normal’. Quoi qu’il en soit, pour elle, son secret était sauf. Distraitement alors, elle continua à siroter son verre, souhaitant désespérément qu’il fût autre chose, et lâchant un profond soupir de temps à autre.

Elle se fit surprendre par la voix à ses côtés. Cela ne lui était plus arrivé depuis des décennies, et pourtant, elle ne peut retenir le sursaut qui agita son corps. En voyant qui avait osé lui adresser la parole, elle dut retenir son sourire méprisant, et préféra retourner ses yeux vers son verre. Peut-être qu’ignorer le sang impur qui s’était approché d’elle suffirait à le faire fuir ? Elle n’eut pas autant de chance, pourtant, puisque la brune à ses côtés ne se laissa pas démonter par son manque de politesse, et continua. L’Australienne retint à peine son roulement d’œil, ses doigts se crispant très légèrement sur le verre. Sa réflexion lui fit grincer des dents, et elle se redressa de toute son éducation, la supériorité sang-pur imprimée dans ses gènes — ou du moins le pensait-elle. Elle ne comptait pas la gratifier d’une réponse, pourtant, pas une provocation aussi grossière, et elle se contenta de lui sourire, la condescendance allumant son visage. La suite de ses mots faillit la faire s’étouffer, et elle lutta de tout son corps pour masquer toute réaction. Son cœur semblait accélérer alors qu’elle attendait avec une impatience parfaitement dissimulée la suite de ses propos. Elle ne pouvait pas être au courant, après tout, comment était-ce possible ?

Mais si. Clairement, l’impure avait été le témoin de quelque chose qu’elle n’aurait pas du voir. Plusieurs émotions parcoururent l’Australienne en même temps, et elle était partagée quant à sa réaction. Une partie d’elle était enragée, l’autre agacée contre elle-même, une dernière se plaignait de l’absence totale de contrôle, et c’était cette dernière qui avait la voix la plus puissante. Il était clair qu’elle venait de perdre tout avantage sur la situation, et elle pouvait déjà savoir quelle était la technique d’approche de la sale gosse à ses côtés. Ses mains en tremblaient presque, et elle dut s’accrocher au bar, jusqu’à ce que ses phalanges en soient blanches. Il ne fallait pas montrer de faiblesse, surtout pas. Elle força un sourire à apparaître sur ses lèvres, une expression toujours aussi condescendante sur le visage. Il y avait quelque chose de dangereux, pourtant, qui émanait du Mangemort, une aura inquiétante et meurtrière qui semblait l’envelopper. Elle préféra porter le verre à ses lèvres, et en prendre une gorgée tout aussi fine, l’alcool ne la faisant qu’à peine réagir. Elle pouvait revoir le cadavre de la veille, son sang éclaboussant les pavés, et elle se demandait si c’était celui-ci que la jeune brune avait vu ; cela n’avait aucune importance, pourtant.

« Vous devriez savoir, alors, qu’il n’est pas de bon ton de menacer, si vous savez de quoi je suis capable. »


Son sourire était tout aussi faux, et elle fit un mouvement pour se lever, ne voulant souffrir de la présence de la jeune femme plus longtemps. Elle devait reprendre le contrôle, elle devait paraître totalement aux commandes. Peut-être pouvait-elle réussir à l’attirer dans une ruelle déserte, ou même dans la forêt ? Lui trancher la gorge, ou quelque chose de similaire. Elle se rendit soudainement compte que ses idées de meurtres étaient très moldues, puisque l’idée d’un sort lui avait à peine effleuré l’esprit. Mais après tout, elle n’était pas forcément civilisée.

« Je ne sais pas ce que l’impure que vous êtes pense savoir, mais cela ne n’importe guère. Retournez donc dans le trou d'où vous sortez, et arrêtez de m'importuner. »


Les insultes coulaient délicieusement sur sa langue, et elle se réajusta finalement sur son siège, décidant que ce n’était pas à elle de partir. Elle ne savait pas ce à quoi faisait référence la brune — tout du moins elle se persuadait que ce n’était pas ce à quoi elle pensait — et elle n’avait rien à craindre. Elle lui était supérieure, elle pouvait la mettre à mort en l’espace d’une seconde. Pourtant, la brune ne bougeait pas, et inconsciemment, Siobhán commençait à s’agiter. Elle fixa la dresseuse de son regard bleu, cherchant à lui communiquer tout son dégoût par ce simple geste.

« Eh bien, qu’attendez-vous ? Que je vous jette dehors moi-même ? »


Elle parut scandalisée à l’idée, et elle finit son verre d’une traite, le reposant avec délicatesse sur le bar. Elle avait beau être perturbée, il fallait qu’elle préserve les apparences, coûte que coûte. Qu’elle préserve la façade, la mascarade, qu’elle continue à sourire, sans laisser penser une seconde que derrière les prunelles bleues, elle était déjà entrain de planifier à la seconde près comment se débarrasser du cadavre de la brune. Peut-être laisserait-elle la bête la manger. Mmh.

© Gasmask


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Message Sujet: Re: I wanna play a game | Feat. Siobhán   I wanna play a game | Feat. Siobhán Icon_minitimeMer 27 Mai - 0:16

I wanna play a game
  Edelweiss Blackmoth & Siobhán Steers-Carter
Ne pouvant réprimer un sourire lorsque la Mangemort retint de peu l’alcool s’apprêtant à exploser d’entre ses lèvres, Edelweiss humecta les siennes d’une autre gorgée d’hydromel. La robe dorée du breuvage fit instantanément briller sa bouche, et sa langue y vint récupérer la moindre goutte de délice. Et tandis que ses paupières ralentirent leur battement, le temps de savourer l’âpre douceur de son verre, elle pensa qu’elle ne se lasserait jamais de cette sensation. Car c’était bon d’avoir le dessus. C’était tellement bon, durant un combat, ce sentiment de toute-puissance lorsque l’on se retrouvait au-dessus de l’adversaire, le sachant à notre merci. Tellement excitante, cette étincelle que l’on pouvait lire dans un regard, traduisant un cœur sur lequel notre poing pouvait désormais se refermer à tout instant, selon notre bon vouloir.
Avalant le reste d’hydromel récolté sur ses lèvres, le sentiment jubilatoire persistait. C’était les mots qui avaient fissuré cette expression méprisante, qui tapissait la langue d’Edelweiss, lui apportant entière satisfaction.

Reposant son verre, elle passa un doigt rapide et inconscient en travers de la cicatrice gravé sur le côté de sa gorge. Le jumeau maléfique et contraire du sentiment de pouvoir contrastait de façon tranchante avec ce qu’elle ressentait à présent, et permettait de s’y abandonner avec ivresse.
Relevant les yeux sur Siobhán Steers-Carter, son plaisir, de s’être vue témoin de cette faille dans l’attitude maîtrisée de cette femme hautaine, était double.

Pourtant, le visage de la Mangemort avait rapidement absorbé toute trace, même infime, de réaction à ses paroles. Mais Edelweiss l’avait vue. Elle ne se laissa pas tromper par cette impassibilité, aussi convaincante soit-elle. Elle l’avait troublée. Continue.


« Vous devriez savoir, alors, qu’il n’est pas de bon ton de menacer, si vous savez de quoi je suis capable. », Edelweiss releva un sourcil mi-moqueur mi-dubitatif, face à ce qu’elle prit comme une menace implicite. Elle n’était pas de ceux qui tremblaient de peur face au danger. Si danger il y avait face à la Mangemort, car Edelweiss était bien décidée à la faire ployer pour de bon.
« Je ne sais pas ce que l’impure que vous êtes pense savoir, mais cela ne n’importe guère. Retournez donc dans le trou d'où vous sortez, et arrêtez de m'importuner. », le mot « impur » fit écho aux oreilles d’Eden, et éveilla le même bourdonnement de colère que lorsque cette femme détestable avait proférer ses doutes à propos du sang courant dans ses veines. Edelweiss enserra de nouveau son verre posé sur le bar, son pouce rentrant dans sa paume, et pendant un instant son expression fut assombrie par ce seul mot. Le reste de ses propos la laissa froide.
Elle but d’un trait le reste d’hydromel, qui eut un goût quelque peu altéré par la contrariété provoquée par le sujet sensible qu’était la pureté du sang. Néanmoins, elle devait rester calme. L’alcool une fois avalé, laissa dans son sillage acide comme un rictus ressemblant à un sourire sur ses lèvres. Elle avait difficilement avalé cette insulte, mais savait qu’elle tenait une corde autour du cou de Steers-Carter. Et qu’elle pouvait aisément  tirer dessus quand bon lui semblait. Et d’un coup sec si nécessaire.


« Eh bien, qu’attendez-vous ? Que je vous jette dehors moi-même ? », Edelweiss soutint le regard de la Mangemort, et ne put émettre qu’un rire sec face à cette manière pathétique et bourgeoise qu’avait toujours cette femme d’agir.
« Je ne savais pas que vous possédiez ce bar. Hé ! », elle interpella le barman qui leva les yeux vers elle, affairé à essuyer une chope de bière. « C’est ta patronne, elle ? », désignant d’un signe de tête Steers-Carter sans même la regarder. Un grognement répondant par la négative, après un coup d’œil jeté à l’intéressée, élargit le coin du sourire sarcastique d’Edelweiss.
« Vous vous prenez peut-être pour une espèce de reine ou je ne sais trop quoi. Seulement vous ne l’êtes pas. », elle reprit ensuite d’une voix moins forte comme sous la confidence, « Et je doute qu’à Azkaban, ils soient très folichons des bonnes manières. »
Elle savait très bien ce qu’un animagus non déclaré risquait, et c’était un plaisir de l’énoncer tout haut.

Elle observa quelques instants l’expression de la Mangemort, avant de se tourner de nouveau vers le bar. Mais le barman était occupé à l’autre bout, affairé cette fois à discuter avec l’une des serveuses. N’ayant que faire des convenances et désireuse d’un autre verre, elle se pencha au-dessus du bar et attrapa la première bouteille qui lui tomba sous les doigts. Elle se rassit sur son siège, examinant l’étiquette à moitié déchirée de la bouteille, à l’ombre du dessous du bar. Du vin rouge. Ce n’était pas vraiment son pêché mignon, mais après tout elle ne rechignait devant aucun verre. Elle prit donc le sien, déboucha la bouteille et y versa le liquide vermeil.
« Écoutez », commença-t-elle de façon à ce qu’elle seule entende et bien, de surcroît. Les yeux fixés sur l’alcool emplissant. « Je vous ai vue hier soir, d’accord ? Vous aviez l’air de vous être bien amusée, je me trompe ? », elle leva ses yeux bleu glacier comme pour sonder sa réaction, puis stoppa la coulée de vin. Une épaisse goutte rouge glissa le long de la bouteille, mais Edelweiss l’intercepta de son doigt et la déposa au bord de ses lèvres. Pas mal. Elle posa son verre plein sur le bar. « En tout cas quand vous êtes ressortie de cette ruelle, ce n’est pas le remord qui semblait vous étouffer. », elle sourit et repensa à l’expression contentée qu’elle avait lu sur ce visage à présent fermé.

La vaste pièce ne désemplissait pas, et le bourdonnement incessant des conversations allait bon train. C’est pourquoi celle se tenant au bar, entre les deux femmes, se confondait aisément avec le bruit environnant.
Edelweiss s’empara du verre de la Mangemort sans faire fi de l’avis de cette dernière, et y versa le vin qui coula de façon plutôt impétueuse, débordant même de quelques traînées sur les bords extérieurs. Se repenchant au-dessus du bar afin de replacer la bouteille, elle se réinstalla et s’assit de façon à faire face au profil de Steers-Carter. Ses doigts quelque peu entachés de rouge tenaient encore le verre de sa méprisante comparse, sous l’ombre du bar. Sous la confidence.  Elle regarda la robe rouge de l’alcool danser dans le verre, tandis qu’elle faisait légèrement tourner le verre dans sa main.

« Moi je m’en tape de ce que vous faites dans ces rues à la nuit tombée, vu ? Seulement là maintenant, je pourrais décider de me lever et aller voir ce type là-bas, avec la veste verte, » elle désigna d’un infime signe de tête un homme assis à quelques mètres du bar, à une table. Il discutait avec deux autres hommes, le nez rougi d’avoir déjà un peu trop usé de la bière. « Il travaille au ministère, comme vous, non ? », ses yeux vinrent à la rencontre du visage tendu, décidé à ne rien laisser paraître. Edelweiss tirait un peu plus sur la corde à chacune de ses paroles.
« Il s’occupe du département lié aux créatures magiques. Il m’apprécie assez pour mes connaissances sur les dragons. Et c’est une vraie pipelette… », elle rit d’un air doucereux comme si elle avait lancé une plaisanterie.
« Vous savez ce que c’est…ces personnes à qui vous dites une chose, qui le répète à une autre et à une autre, jusqu’à ce que vous perdiez totalement le contrôle de la situation. Une vraie traînée de poudre. », Edelweiss hocha la tête, énonçant une vérité. Puis elle s’empara de son propre verre sur le bar, et but la moitié du vin. Le breuvage lui râpa le palais mais en même temps, lui emplit les joues d’un parfum fruité à la sensation vivifiante. Elle leva les sourcils, surprise. Vraiment pas mauvais.

Enfin elle soupira de façon théâtrale
, « Jusqu’à ce que ça atterrisse là où vous ne vouliez pas surtout pas que ça aille. Mais pourquoi ? Pourquoi le cacher ? », elle se rapprocha un peu plus de Steers-Carter, les yeux rétrécis comme pour mieux la percer à jour. Mais elle coupa court à cette curiosité. Ce n’était pas pour ça qu’elle l’avait coincée après tout.
« Enfin bref, comme je vous l’ai dit j’en rien à foutre. Je reviens vous demander les mêmes informations pour lesquelles on s’est rencontrées vous et moi. Vous ne me les donnez pas et c’est bye bye minou à Azkaban, vu ? Parce que je ne pense pas que votre boss soit au courant de votre petit penchant. », elle commença à boire le reste de son verre, avant que le barman ne se rende compte de son contenu et ne se demande d’où il provienne. Elle  s’interrompit et considéra quelque peu ses dernières paroles. « A moins qu’il ne soit aussi timbré que vous. », elle haussa les épaules et finit son verre. Assez plaisant.
Puis se rendit compte qu’elle tenait toujours le verre de la Mangemorte, dans l’ombre. « Oh, tenez au fait. », elle le lui tendit d’un air affable. « Vous n’avez qu’à faire semblant que c’est autre chose, la couleur vous aide, non ? »

Aucun verre n’eut jamais été aussi plaisant.

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Message Sujet: Re: I wanna play a game | Feat. Siobhán   I wanna play a game | Feat. Siobhán Icon_minitimeJeu 4 Juin - 20:55

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Jamais n’avait-elle eu envie de tuer quelqu’un, de lui déchiqueter la gorge et de lui briser la nuque. A la réflexion, non, briser la nuque était beaucoup trop rapide. Elle commencerait par lui arracher les membres, un par un, et puis elle terminerait par sa gorge. Oui. C’était une bien meilleure idée. Le problème était qu’elle ne pouvait décemment pas commencer à la torturer ici, au bar, aux yeux et sus de tout le monde. Et parce qu’elle n’était pas non plus une barbare, elle ne pouvait même pas la menacer en lui racontant tout son joli petit plan ; d’ailleurs, il ne fallait pas qu’elle laisse penser que les mots, si intelligemment choisis par sa comparse, l’atteignaient. Elle pouvait déjà deviner où tout cela allait terminer. L’impure à ses côtés n’avait toujours été intéressée que par une chose, et Siobhán préférait mourir plutôt que le lui donner ; par ailleurs, elle doutait de sa sécurité si elle venait à introduire cette femme à Tom, et qu’elle se révélait être exactement ce que l’Australienne pensait : un parasite. Mais elle ne pouvait pas lui dire ça, pas directement, après tout elle avait bien joué ses cartes, et l’animagus s’était faite enfermer dans un coin. Elle devait bien avouer que les méthodes utilisées par la brune étaient, si tout à fait immondes, parfaitement justifiées. Siobhán n’aurait pas mieux fait. D’ailleurs, elle se dit à cet instant qu’il fallait qu’elle trouve quelque chose d’aussi dévastateur dans le passé de l’impure, pour contrebalancer ses tentatives de chantage.

Elle était exaspérée. Elle comprenait bien qu’elle avait perdu, momentanément, et le fait que l’affreuse fasse durer en longueur ses attentions l’agaçait. Elle pouvait déjà deviner ce qui allait lui être demandé, et elle n’avait pas envie de passer par tout ce qui se trouvait au milieu. Malheureusement, l’autre n’avait visiblement pas la même intention, et Siobhán ne put que grincer des dents, alors qu’elle se sentait enfoncer de plus en plus bas. Ses mots inutiles envers le barman la firent rouler des yeux, et elle se redressa alors, foudroyant du regard la dite personne. Elle pourrait acheter son bar minable en un claquement de doigts, si elle le souhaitait. Elle était indignée, et la menace d’Azkaban ne fit qu’augmenter ce sentiment. Le plus gros problème d’Azkaban était qu’elle ne pourrait plus tuer personne, et cette idée la chagrinait. Son seul véritable plaisir dans la vie, hormis la course au pouvoir et la magie, était de déchirer la peau avec ses crocs acérés, ce qui était clairement impossible en prison. Lorsqu’elle se servit par dessus le bar, l’Australienne haussa simplement un sourcil, et se tourna vers elle alors qu’elle commençait à lui parler — à nouveau, n’arrêtait-elle donc jamais ? — son visage fermé de toute expression. Cela lui avait pris des années à maîtriser, mais c’était nécessaire, pour elle. Pour prétendre avoir des émotions, encore fallait-il les maîtriser.

Elle lui rappela sa soirée, et Siobhán réprima un sourire. En effet, cela avait été plutôt pas mal, hormis l’insecte qui s’imposait maintenant à elle. Elle se demanda d’ailleurs un instant comment elle avait fait pour ne pas sentir la présence de la brune, dans la ruelle ; si elle l’avait vue elle ne devait pas être loin. Mais elle avait raison, car l’Australienne ne connaissait pas le remord, et c’était ce qui la rendait dangereuse. Son verre, vide, se fit rapidement happer par la main sale et elle fronça imperceptiblement les sourcils, fixant ses yeux sur le liquide rouge qui commençait à le remplir. Elle était vaguement hypnotisée par la couleur — si belle — mais sa posture ne trahissait en rien son intérêt pour l’alcool, à présent camouflé sous l’ombre de la table. Enfin, la menace était prononcée, en longueurs, et la blonde dut se retenir de lui couper la parole pour lui demander d’arriver à sa conclusion. Tout cela était bien embêtant, d’autant que l’Australienne savait quelle serait sa réponse, quoi que puisse être la question — même si les probabilités pour que la question soit celle-ci étaient fortes. Elle la regarda avaler la moitié du contenu du verre, et fronça son nez de dégoût ; même un mauvais vin ne se buvait pas de cette façon.

Ah ! Elle aurait pu donner sa main à couper que ce que souhaitait la plante, c’était des informations sur leur petit groupe encagoulé. Après tout, quoi d’autre ? De l’argent ? C’était bien risqué, de se laisser aller à de telles menaces pour quelques gallions. Non, bien sûr, cela ne pouvait concerner que quelque chose d’important, de vital, quelque chose que Siobhán lui avait refusé auparavant et lui refuserait encore. Elle était vulgaire, se rendit-elle compte soudainement, et la pensée la fit grimacer. Elle savait qu’elle n’aurait pas dû venir ici aujourd’hui, qu’importait de ses enfants, ou de cette délicieuse héritière qu’elle aurait voulu croquer. Tout était mieux que la compagnie de cette femme, qui ne valait pas plus qu’un rat galeux. Son visage ne laissait rien paraître de sa réaction, et elle cherchait encore les mots mordants qu’elle viendrait à lui répondre, mais elle décida d’attraper le verre tendu, offrant un sourire inquiétant, un rien sadique, à sa vis-à-vis, alors qu’elle en prit une fine gorgée. Effectivement, pouvait-on lire dans ses yeux, elle aurait souhaité du sang à la place, et si possible, celui de l’infâme.

« My dear » commença-t-elle, et elle sourit à nouveau, hypocrite. « Je crains que vous ne viviez dans des désillusions. » Elle but une autre gorgée, fermant à demi les yeux. « Si vous pensez que vos petites menaces vont délier ma langue. Voyez-vous, je ne pourrai jamais laisser quelqu’un comme vous souiller nos rangs. »

L’insulte était très claire dans ses mots, et elle rouvrit les yeux, fixant de son gris glacial les orbes délicates de la brune. Elle pensait ses mots, malheureusement, et c’était peut-être l’orgueil qui la poussait à les dire. Elle ne pouvait pas accepter que quelqu’un de la nature d’Edelweiss rejoigne leurs rangs, cela allait contre tous ses principes. La menacer de dévoiler sa forme ne changerait rien, elle massacrerait tout le bar, femmes et enfants compris, si elle venait à être danger, sans le moindre état d’âme. Ses doigts caressèrent le verre distraitement, comme si elle pensait, et elle releva finalement les yeux, un délicat sourire ornant ses lèvres.

« Mais je vais vous faire une proposition, puisque vous vous êtes donnée tant de mal pour essayer de m’atteindre. Battez-moi en duel, et je consentirai peut-être à vous dire ce que vous voulez savoir. »

Elle haussa un sourcil à la fin de sa proposition. C’était autant pour elle que pour la plante ; elle était persuadée qu’elle gagnerait, bien sûr, et elle en profiterait pour assassiner sa vis-à-vis dans le sang. Mais si elle venait à perdre, même si la possibilité semblait invraisemblable, alors cela voulait dire que la plante avait la puissance nécessaire pour rejoindre leurs rangs. Bien sûr, un sang impur ne pourrait jamais battre un sang pur, avec autant de talent que Siobhán, alors elle ne prenait pas de risques. Qui a dit que l’orgueil des sang pur finirait par les perdre ? Elle termina finalement son verre d’une longue gorgée, et le reposa avec délicatesse sur le bar, glissant ses yeux une nouvelle fois dans ceux d’Edelweiss. Il lui fallait trouver au plus vite des informations, pensa-t-elle, car il y avait toujours le risque que l’autre n’accepte pas — et cela ferait d’elle une lâche, aux yeux de l’Australienne. Bien sûr, tout cela n’était qu’une tentative, à moitié désespérée, de reprendre le contrôle sur quelque chose qui commençait à lui échapper totalement. Elle se força à penser à autre chose, car ses mains étaient déjà parties, instinctivement, agresser sa peau, et elle lutta pour les reposer sur le bar avant que ses ongles parfaitement manucurés ne fassent couler le sang. Sourire.

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Message Sujet: Re: I wanna play a game | Feat. Siobhán   I wanna play a game | Feat. Siobhán Icon_minitimeMer 17 Juin - 17:31

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Edelweiss Blackmoth & Siobhán Steers-Carter
Le sang du vin s’incrustait en chaque petit pli, pourtant plus qu’infime, de la lèvre d’Edelweiss. Tandis qu’elle l’en maquillait, presque inconsciemment, de son doigt encore maculé de rouge ; pensive, elle releva les sourcils en une expression faussement intéressée lorsque la Mangemort reprit la parole. De son « My dear » suintait une substance sardonique, avilissant plus encore son visage déjà quelque peu crispé.

L’ongle de son index se gava de vin, son dessous virant à l’écarlate aussi vite qu’un assoiffé remédie à son manque. Jaloux, ses quatre acolytes ne lâchaient prise en aucune façon, et dévoraient silencieusement, les restes de peau libre de la main de la jeune Autrichienne. De petites auréoles vineuses séchaient déjà sur ses phalanges. Témoignage à peine visible de ce qui semblait être un crime, dont les traces se seraient goulument résorbées sous son épiderme.
Sa langue vibra sous les échos d’un vin de plus en plus fade, tandis qu’elle venait cueillir les dernières traces écarlates sur ses lèvres. Mais elles lui échappaient.
Son verre était vide. Et il ne restait que des vestiges qui la narguaient.

Sa patience commençait à s’entamer.

L’espace d’une seconde, ses yeux se rétrécirent en deux fentes lorsque l’autre vipère se délectait de son verre en toute impunité.
Elle aussi, elle en voulait. Elle avait soif. Elle sentait qu’elle touchait au but. Le fond de l’air était rouge, et lui taquinait les sens progressivement, prenant possession d’elle. Jusqu’à cet instant, l’harmonieuse cacophonie régnant dans le bar et les entourant, était telles les pulsations du sang en pleine course à ses oreilles.
Sans qu’elle ne s’en aperçoive, elle se mit à mordiller l’ongle de son doigt gorgé de vin séché. Un goût de rouille semblait l’assaillir, bien qu’elle n’en fut pas sure.
« …je ne pourrai jamais laisser quelqu’un comme vous souiller nos rangs. », l’accent sur le « vous » était craché avec mépris.

La Mangemort l’horripilait de plus en plus. A chaque fois qu’elle ouvrait la bouche, les doigts ravalés de la colère rampaient avec de plus en plus d’audace du fond de la gorge d’Edelweiss. Menaçant de tout faire s’effondrer. De la faire lâcher la corde par laquelle elle retenait cette sale pédante. Qui croyait tout savoir sur elle.
Ses dents fendillèrent son ongle dans un bruit sec, rappelant sans appel celui d’un os cassé.
Elle observait le détail de chaque mouvement de la main qui tenait ce verre plein, les parois toujours humides. Jamais asséchées. Resplendissant comme un rubis dans la lumière, librement. Caressées par ces griffes devenues doigts.

Toutefois, elle ne voulait pas laisser transparaître l’agacement naturel qui revenait au galop à chaque parole mielleuse dégoulinant de la bouche de cette femme.
Elle n’avait jamais été patiente bien longtemps, mais en avait néanmoins fait preuve durant ces dernières vingt-quatre heures. Elle tenait Steers-Carter par la gorge. Et elle ne voulait pas lâcher. Elle voulait s’y tenir. Se tenir à quelque chose. Sérieusement. Pour une fois.
Et ce qui aurait pu jeter de l’huile sur le feu encore bleu de sa colère, fut bien la preuve évidente d’une tentative désespérée de la part de la Mangemort afin de gagner quelques misérables grains du sablier.

Les doigts noirs se rencognèrent dans sa gorge, déçus, alors qu’un rire franchement amusé et teinté de dédain la surprit elle-même. Explosant la ligne frustrée de ses lèvres, jusqu’ici dissimulées par son doigt délicieusement souillé.
Un duel ? C’était pour elle, chose ridicule. Une option qu’elle ne prit pas un seul instant en considération.
Non. Le vrai duel se jouait ici et maintenant, au bar. C’était un vrai rapport de force qui se jouait. Sans baguette. C’était à qui plierait le genou, jusqu’à toucher le sable de l’arène qu’était devenu les Trois Balais.
L’idée avait au moins eu le mérite de la requinquer un peu. Comme un bon verre. Car elle sentait se tendre la corde. Elle la sentait chauffer entre ses doigts. Le fauve résistait. Mais Edelweiss la sentait agitée, mal maîtrisée. Autant de signes qui rendaient sa proie plus facile à tirer vers le bas.
« En duel ? », son rire cessa presque, elle le prolongeait encore un peu. Histoire de faire gronder l’animal. Enfin elle put poursuivre.
« Mais je ne veux pas vous tuer ! Car sachez que moi, je ne joue pas quand je me bats. Il n’y a qu’une seule vraie victoire, et c’est celle-là que je veux. », elle posa sa main entachée sur le bar, dans un bruit métallique causé par ses bagues. « Le sang. »

Elle releva les yeux de ce qui semblait être un mirage de meurtre sur sa peau, afin de les planter dans ceux de la Mangemort. Elle mentait. Elle n’avait jamais été jusque-là. N’en ayant qu’effleuré les frontières, en brisant des nez, fendant des lèvres, marbrant de violacé des pommettes, et ouvrant la porte au sang dans un œil.
Mais jamais la mort. Toujours ses dérivés.
Oh, elle avait bien idée que cela viendrait inévitablement une fois qu’elle ferait partie de ce maudit cercle. Leur réputation commençait à être suivie de près par une odeur de putréfaction qui ne trompait personne. Ou du moins, pas ceux s’y penchant d’un œil intéressé.
Cependant, Edelweiss n’y avait guère pensé sérieusement pour le moment.

« A quoi pourriez-vous bien me servir, en barbotant misérablement dans votre sang soi-disant pur ? », un sourire sarcastique déforma le coin de sa bouche. Puis elle se mit à tracer de son autre main, les auréoles irrégulières et vermeilles, qui semblaient tatouées dans sa chair.
« Je vous trouve bien présomptueuse de douter de mes origines. », adoptant un ton désinvolte, elle traça le circuit de l’une de ses veines claires, « Je me demande qui a bien pu vous raconter ça… », son sourire se figea alors que ses yeux se perdaient l’espace d’une seconde. Ce fut comme si là, à quelques mètres du bar, dans l’ombre, se profilait la vision d’une horrible fillette aux cheveux sauvages, et au sourire effrayant.
Son regard resta accroché brièvement à la pensée de Ruth. Cette garce était une vraie cinglée, et n’avait sans doute pas langui longtemps avant de faire ses preuves. Car Edelweiss était persuadée qu’elle avait eu vent, elle aussi, de ces rumeurs de plus en plus sonores.
Ses yeux de glace se détachèrent de cette vision aussi soudaine qu’insupportable. Et Ruth retourna croupir derrière le pan de mur sombre, réservé dans l’esprit de la dresseuse.
La nausée que lui inspirait cette affreuse fillette devenue, sans nul doute, une femme encore plus atroce, enserrait sa gorge. Excitant sa soif.

Elle fixa de nouveau son attention sur l’autre lui faisant face, et décida de tirer sur le nœud d’un coup sec.
« Sachez que je descends d’une famille très pure, sans doute plus que la vôtre. Et que je finirai bien par savoir comment on y entre dans votre fichu cercle. », elle se leva brusquement, surplombant la Mangemort, et la toisant. Elle commençait à se lasser de se heurter à un mur, et exigeait que les choses avancent.
« Je crois que je me ferai un plaisir de vous imaginer, enchaînée comme un chat pathétique à Azkaban. Et encore, rien que pour m’avoir claqué la porte au nez. Pensez à moi, quand je vous aurais remplacée. A mon avis, ce ne sera pas une grande perte. »
Dans un sourire mauvais, elle fit mine de se diriger vers la table de l’homme qu’elle savait travailler au ministère.

Elle savait qu’elle pourrait débusquer un autre Mangemort si elle en prenait le temps. Mais elle avait l’impression de ne plus en avoir. Pas même un seul grain.
Elle sentait Steers-Carter trépigner sous son emprise, et comptait bien sentir les premières convulsions de la panique parcourir sa prise, en lui imposant l’ultimatum qu’elle lui agitait sous le nez depuis le départ.

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Message Sujet: Re: I wanna play a game | Feat. Siobhán   I wanna play a game | Feat. Siobhán Icon_minitimeJeu 18 Juin - 23:07

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Siobhán
feat.
Edelweiss


 

 



 

 

Whatcha gonna get
While you're moving round
To some other kind of thrill with the feeling's gone Δ Melody Gardot


Qu’est-ce qu’elle n’aurait pas donné pour une lame, une échappatoire, quelque chose pour occuper ses mains tremblantes, délicieusement camouflées sous le comptoir. Elle était à deux doigts, littéralement, de laisser ses ongles s’attaquer à la peau si fragile de ses poignets, mais elle ne pouvait se laisser aller à de telles sottises. Elle était piégée, elle pouvait le lire dans les yeux d’Edelweiss, elle pouvait le goûter sur sa langue comme elle savait savourer le goût du sang. Elle avait joué et elle avait perdu, elle avait été trop libre, trop reckless, et elle en payait le prix. Elle savait, pourtant, depuis qu’elle avait dévoré son maître, que son animagus devrait être caché à jamais et ses pulsions enterrées. Mais comment s’arrêter, une fois que l’on a goûté le sang, le meurtre, la chair ? Elle aimait le pouvoir et il n’y avait pas plus grand pouvoir que de sentir la peau céder sous ses canines, le sang envahir sa gueule et les vertèbres craquer sous sa mâchoire. Pourtant, cela lui coûtait tout, aujourd’hui, ou presque ; subir le chantage indécent d’une telle erreur était insultant, et elle blanchissait de honte.

Mais, pensait-elle soudainement, si le sang de l’inconnu était pur, alors plus rien ne s’imposait entre elles et les Mangemorts ; après tout, Siobhán n’était intéressée par rien d’autre que le pouvoir, une soif qui finirait par la perdre. Elle n’était nullement effrayée par l’Autrichienne, elle ne pourrait jamais lui faire de l’ombre. La blonde ne doutait pas de sa puissance, mais c’était surtout son manque de remords, son incapacité à regretter ses actes, qui la rapprochait énormément de leur Maître. Elle leur était supérieure parce qu’elle n’aurait jamais hésité à sacrifier ses deux enfants, de quelque manière que ce soit, si ça voulait dire qu’elle pouvait gagner en influence. Seule son ambition était importante, tout le reste n’était qu’un moyen pour arriver à ses fins. Ses enfants étaient une façade, un mime, pour que l’on soit incapable de découvrir quelle femme était réellement Siobhán. Cependant, inconsciemment peut-être, l’Autrichienne venait de découvrir l’une de ses facettes les mieux cachées, et cela ne passait absolument pas.

Elle pouvait sentir que la patience de sa vis-à-vis devenait courte. Elle ne pouvait s’empêcher de penser que c’était là un bien vilain défaut, que d’être pressé ; les choses arrivent en temps utile, et presser le destin n’était jamais une belle idée. Son ongle craqua sous ses dents et Siobhán lui lança un regard irrité. C’était tellement unladylike, et ça ne l’étonnait nullement de la part d’une rustre comme l’Autrichienne. Plutôt que de montrer son exaspération, pourtant, elle se détourna et but une nouvelle gorgée de son verre rouge sang, qui n’en était malheureusement pas. Et elle rit, et l’Australienne la détailla durement, la haine brûlant derrière ses pupilles ; personne ne se moquait d’un Steers-Carter et se relevait pour le raconter, jamais. Elle voulait l’étrangler, lui arracher la langue, la faire souffrir mille et une souffrances pour avoir essayé de l’humilier ainsi. Et elle rit, encore et encore, prononçant des mots qui firent sourire la blonde. Elles avaient au moins une chose en commun, finalement.

Mais elle ne vit pas à travers le bluff, et d’ailleurs la vérité de son statement ne la préoccupait pas. Qu’importait si elle avait effectivement tué quelqu’un auparavant — le Mangemort ne l’en croyait d’ailleurs pas capable, cette femme était all bark and no bite. Elle savait déjà comment elle pouvait la tuer, et elle savourait à l’avance. Elle ne l’avait jamais essayé, encore, mais l’idée lui avait traversé l’esprit : pourquoi ne pas transfigurer le fer présent dans son sang en lames de rasoirs … L’image la fit sourire, d’un sourire inquiétant, et elle dut se forcer à l’écouter. Elle rit, soudainement, suite à son affirmation. Elle ? Baignant dans son propre sang ? Ah ! Mais pour qui se prenait-elle, l’insolente ? L’insulte était saignante et l’Australienne se retint de grogner, le visage un instant transformé de rage avant de reprendre sa froideur caractéristique.

« Oh my dear girl, I fear you had too much to drink. If blood is spilled today, it will be yours. » Elle se pencha alors, et vient murmurer au creux de son oreille, d’une voix vicieuse. « And I can’t wait to taste how foul it is. »

Elle se redressa alors, un sourire pervers émergeant sur ses traits délicats. Mais déjà la jeune femme rebondissait sur son statut sanguin, et à nouveau, l’Australienne dut se retenir de rire. Ses accusations étaient hilarantes, car il y avait difficilement plus pur que les Steers-Carter ; leur passion était au point de l’unhealthy et ils n’en étaient plus au premier cas de débiles nés d’un mariage incestueux. Ils préservaient leur sang, comme jamais, mais elle ne ressentit pas le besoin de défendre l’honneur de sa famille. All bark, no bite. Quoique. La jeune femme s’était levée brusquement, ce à quoi elle avait répondu par un sourcil haussé. Se voir enchaînée à un mur dans cette prison froide ne la tentait absolument pas, par ailleurs. Elle la regardait, impuissante, alors qu’elle avait tourné les talons, visiblement prête à exécuter ses menaces. L’Australienne lâcha un soudain soupir, et reposa son verre lentement, se levant à son tour. Elle arrangea ses robes, et se dirigea d’un pas sûr vers la brune, qui était presque à hauteur de l’employé du Ministère. Alors, d’un geste souple, elle glissa ses doigts contre le dos de son ennemie, et son visage se métamorphosa, alors qu’un sourire tendre s’imposa sur ses traits, les yeux allumés d’une étincelle amicale.

« Keith, my dear, it’s been too long ! How is Amelia faring ? That spell was nasty business, I am so terribly sorry I didn’t figure it out sooner. »


La blonde semblait transformée, soudainement, mais Edelweiss pouvait parfaitement sentir la poigne de fer qu’elle avait sur ses vêtements, au niveau de ses lombaires. Ses phalanges étaient crispées à en devenir blanches, pourtant rien ne pouvait se lire sur son visage.

« Mrs Steers-Carter ! I didn’t expect to see you here. And please, if it weren’t for your team, she’d be dead. I’m forever in your debt. »


De nouveaux sourires furent échangés, et le regard de l’employé se porta sur l’Autrichienne. La blonde suivit le mouvement, et un nouveau sourire, presque joueur, étira ses lèvres.

« Ah, yes. Edelweiss Blackmoth. But I believe you met ? » Il répondit d’un hochement de tête et d’un sourire. « Ah, well, I’m afraid we were just leaving. Pleasure, Keith. Send my best to your lovely wife. »


D’un geste sûr, elle guida — força — sa compagne en dehors du bar, maintenant son expression amicale jusqu’au moment où elles passèrent la porte. Une fois dehors, elle s’écarta de quelques pas, commençant à marcher loin d’elle, un rire moqueur franchissant la barrière de ses lèvres.

« Oh you silly, silly girl ! You forget I work at the Ministry, don’t you ? Knowlegde is power, my dear, and I believe you’re going to have to try to do better. Now, shall we duel, or are you going to cower, like the weakling you are ? »


Ses yeux brillaient de la perspective, et elle pouvait déjà sentir l’adrénaline envahir son sang ; car si elle ne s’y trompait pas, la jeune femme semblait furieuse. Elle rit, une nouvelle fois, sortant sa baguette d’un geste souple, alors qu’elle s’engouffrait dans une ruelle déserte.

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Message Sujet: Re: I wanna play a game | Feat. Siobhán   I wanna play a game | Feat. Siobhán Icon_minitimeSam 4 Juil - 20:23

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Edelweiss Blackmoth & Siobhán Steers-Carter
Les ongles de la Mangemort semblaient vouloir se frayer un chemin au creux de ses reins. Elle aurait pu les sentir exercer une pression douloureuse à travers le tissu de sa veste, mais il n’en était rien. Les lèvres stoïques au-dehors, les dents d’Edelweiss s’étaient refermées comme un piège sur un petit morceau de chair au-dedans. Pareil à un mors sur lequel elle déchaînait son agacement croissant. Juste à l’emplacement au-dessous de cette bouche blasée, à moitié affable.

Toutefois, elle n’avait pu s’empêcher de lever les sourcils en une expression à la fois surprise et impressionnée. Les traits de cette femme aigrie s’étaient soudainement, et avec une facilité déconcertante, détendus en un masque aimable.

Quel abruti ce Keith…

Alors comme ça ils se connaissaient. Voilà qui contrariait beaucoup la jeune dresseuse. Steers-Carter avait fait échec à son plan. Et son faux air enjoué lui donnait envie de la gifler.
Lorsqu’elle se tourna vers elle, son sourire lui donna l’impression de ceux creusés dans les masques de carnaval. Faux. Effrayants. Fascinants. Grinçants…
Elle fourra sa main dans la poche de sa veste, étouffant dans l’ombre sa pulsion d’arracher ce qui n’était pas. A grands renforts d’ongles et de rage.
Et lorsque Keith la salua, un sourire parvint à craqueler ses lèvres figées, alors que les serres de la Mangemort resserraient un peu plus leur emprise dans son dos.
« Hi Keith ! I guess that Mrs Steers-Carter is your new heroine. I understand why. She can be so…agile…»
Frustrée, elle se laissa aller au plaisir du sarcasme, une grimace dédaigneuse mêlée à un maigre sourire. Elle ne pouvait s’empêcher de lui titiller un peu les nerfs.
« …like a cat. », dit-elle dans un presque murmure, comme on prononce une pensée. Tournant son visage face à celui de Steers-Carter.

Je le dis quand même, bien que dans l’ombre, sale garce.

C’était un échec pour ce soir. Et bien que la blonde porte son masque avec plus d’aisance qu’elle, Edelweiss parvenait tout de même à étouffer son impulsion première qu’était la colère.
Steers-Carter ne laissa rien paraître sur son visage factice, et coupa court à la petite conversation, entraînant sa comparse au-dehors.

La lumière bleue de la nuit remplaça celle du bar, se refermant sur elles. Là, Edelweiss se dégagea avec rudesse, comme piquée par la vipère. Inutile, car cette dernière s’éloignait déjà, raillant son échec.
Ses mains se crispaient sous la colère trop longtemps domptée, et maintenant folle furieuse. Les dents serrées, elle sentait sa baguette descendre le long de sa manche –là où elle la gardait presque toujours-.
Elle n’avait pas pensé une seule seconde que cette femme rigide puisse jouer la carte de l’aimable collègue au ministère. Cela ne rendrait la tâche que plus ardue à accomplir, le doute aurait plus de mal à germer mais il y parviendrait. Toujours. C’était ce que la jeune dresseuse s’était dit pour ne pas succomber à la furie en plein bar, et ainsi réduire en cendres la moindre chance qu’elle avait de tirer quoique ce soit de la Mangemort. Oui, les rumeurs étaient comme des ronces empoisonnées. S’épanouissant, d’une beauté terrifiante, s’incrustant petit à petit dans la chair. Et ce, de manière presque irrévocable.

Oui…

Pourtant, voir cette dernière reprendre le dessus, et afficher de surcroît son assurance sans vergogne, faisait bouillonner son sang. Ses doigts serrèrent sa baguette à en faire gonfler ses veines prêtes à exploser.

Mais, attends.

Alors qu’elle s’apprêtait également à s’engouffrer dans la ruelle sombre, une idée la revigora. Un mauvais petit rictus illumina ses traits. Au lieu de déchaîner maints sorts, à l’aveugle dans ce trou à rats, et ainsi laisser libre cours à sa rage comme elle en crevait d’envie, pourquoi ne pas entrer dans son jeu ? Et en agrandir le terrain ?
C’était une opportunité d’en finir pour de bon. Et prendre sa revanche sur cette garce.
Enfin, elle laissa l’ombre de la ruelle l’aspirer. Ses yeux ne distinguaient encore rien, et pendant un instant le bruit d’une éclaboussure sur le pavé lui revint en mémoire. Rendant sa détermination, déjà branlante, encore un peu plus lâche. Pourtant les mains de la colère tiraient sur les ficelles de sa marionnette, et elle ne faiblirait pas. Ses pas cessèrent, et elle parla aux ténèbres.
« What if we had more space than that rathole ?”, il n’y eut de réponse qu’un bruissement à quelques mètres d’elle, auquel elle ne put s’empêcher de frissonner. Elle ne savait plus si son cœur frappait de rage ou de peur.

Le grincement des rameaux calcinés.

Toutefois elle continua, comptant bien éveiller l’intérêt de la Mangemort invisible. Elle avança de quelques pas encore.

L’odeur de mal et de mort. Sournoise…

« What if I told you…I know a place, where nothing is forbidden ? », quelque chose comme du verre brisé crissa sous son pas, et sembla faire tressaillir le bruissement. Tout proche.

Le gémissement du vent.

L’Autrichienne s’arrêta, levant sa baguette en prononçant la formule Lumos. Le bout de sa baguette illuminée troua l’obscurité, découvrant les yeux brillants de Steers-Carter.
L’image qu’elle avait en tête plongea un peu plus ses racines en elle. Elle était prête.
Un sourire qui n’en était pas un, elle poursuivit.
« Though it’s forbidden. In the east. »
Puis elle disparut sans crier gare. Dans un craquement évoquant sans appel le transplanage.


Désorientée un instant, et prise d'un vertige, elle se stabilisa. Elle avait mis les pieds en plein silence. La lisière de la forêt interdite n’était que tableau noir. Une encre presque impénétrable, où l’on devinait ici et là quelques silhouettes aux angles étranges. Pareilles à des corps figés en pleine danse rituelle, les bras levés, exultant sous une transe inconnue. C’était glaçant. Et des lèvres d’Edelweiss, s’échappait d’ailleurs un petit nuage de vapeur. La nuit était froide et bien avancée.
Une fine nappe de brume, d’un banc opaque, stagnait au-dessus du sol, et léchait presque les bottes de la jeune sorcière. Comme une exhortation à s’enfoncer dans les ténèbres.

Cette partie de la forêt n’était sous aucune juridiction. Elle le savait depuis ses années à Poudlard, lorsqu’elle parcourait alors ces chemins tortueux lors d’heures de retenue nocturnes. Cela faisait des années qu’elle n’y était pas revenue. Mais aucun sentiment de nostalgie ne vint la bousculer. Si elle y avait pensé, ce n’était que par pure raison pratique. Car ses pensées étaient obnubilées par bien autre chose.
Le visage légèrement tourné sur le côté, elle guettait. Silhouette noire, semblable à un morceau d’obscurité détaché de l’immensité devant laquelle elle se tenait.

Encore quelques secondes.

De la manche de sa veste, sa baguette glissa entre ses doigts caressants et fermes. Une longue respiration fantôme s’évapora d’entre ses lèvres.
Un hululement presque agonisant se répercuta depuis le lointain, alors qu’elle fit un premier pas. Puis un deuxième, et un autre avant de se confondre dans le noir.
Quelques rayons de lune parvenaient vaillamment à percer la brume ambiante, ainsi que les rameaux crochus et entremêlés. Les quelques secondes s’étaient écoulées. Et soudain, un craquement se fit entendre sur la droite. La dresseuse se figea. Un fin sourire carnassier se profila sur ses traits.
« Here we are… », murmura-t-elle aux ténèbres.
Elle progressa un peu plus dans le tapis de brume poisseux.
Son cœur recommençait à accélérer sa course. Elles étaient seules au monde. Loin de tout. Et personne ne pourrait venir en aide à qui que ce soit. C’était comme une partie de chasse qui venait de s’ouvrir. Un risque cuisant pour les deux parties. Car ni l’une ni l’autre n’avait l’intention d’être tendre.

Tout à coup, le bruit d’une branche se brisant sous un pied se fit entendre de manière plus franche, et plus proche d’Edelweiss. Cette dernière se baissa rapidement, s’accroupissant derrière une épaisse souche renversée évoquant une silhouette massive. Étendue à la manière d’un cadavre.
L’air de cette forêt paraissait être chargé d’un poison entêtant, affolant l’instinct de quiconque le respirait.
A cet instant, elle se sentait plus à vif que jamais. Tressautant à la moindre expiration de la forêt. Ses yeux de glace scrutaient les ombres étranges tranchant dans la pénombre, guettant celle qui esquisserait le moindre mouvement.
L’issue était si proche. Elle le sentait. Elle remuait en elle. Elle l’entendait déjà, ce hurlement qui emplirait la forêt. Celui de cette Mangemort infâme.

Ne pas la tuer.
La faire souffrir.
La faire parler…
Et la voilà…

Les doigts de l’Autrichienne se refermèrent un peu plus sur sa baguette, tandis que son regard ne lâchait plus la silhouette qui venait de se démarquer.
Alors, elle se laissa aller à plat ventre dans la brume, une parcelle de peau découverte de sous sa chemise relevée embrassant les feuilles mortes. Puis, elle se mit à avancer, lentement, en rampant. Se fondant dans la forêt, sentant l’humus et quelques grouillantes créatures lui marquer la peau.
Elle y allait doucement, pour ne surtout pas faire le moindre bruit.

Elle n’avait jamais torturé personne. Dans son esprit, les bagarres de rue ne pouvaient guère en faire office. Non. La torture s’apparentait plutôt à quelque chose de langoureux, d’une douceâtre bestialité.
Elle devait le faire. Elle devait en être capable. Et là, elle aurait ce qu’elle voulait. Ça ne devait pas être si difficile après tout. Même aisé, lorsqu’on détestait quelqu’un autant qu’elle abhorrait l’autre pédante.
Oui… Des ronces se trouvaient déjà à sa portée…

Crac !

Elle s’immobilisa, le sang plombé dans ses veines. Distraite un instant par la découverte d’une potentielle arme, une branche venait de céder sous son coude. Et la silhouette s’était brusquement tournée vers l’endroit où elle se trouvait, à découvert.
Une microseconde s’attarda entre elles, immobile, empêtrée dans la toile de la brume, juste avant que n’éclate le premier assaut.
« Waddiwasi ! », et une volée de petites ronces acérées se détachèrent de leur branche mère. Sous l’ordre précipité d’Edelweiss, qui venait de cibler le visage de Steers-Carter.

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Les dés:
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LE MAITRE DU JEU

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+ SORCIER DEPUIS LE : 13/11/2009
+ PARCHEMINS : 1569

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Message Sujet: Re: I wanna play a game | Feat. Siobhán   I wanna play a game | Feat. Siobhán Icon_minitimeDim 5 Juil - 20:13

I wanna play a game
Siobhán
feat.
Edelweiss


 

 



 

 

Whatcha gonna get
While you're moving round
To some other kind of thrill with the feeling's gone Δ Melody Gardot


La ruelle était sombre, délicieusement sombre, et elle hésita un instant à utiliser sa forme plus utile dans l’obscurité. Cependant, les risques de se faire surprendre étaient beaucoup trop grands, et elle décida de rester humaine, un sourire carnassier éclairant son visage. Elle reculait lentement, son œil posé sur la silhouette fine de la détestable. Sa tentative, pourtant discrète, de révélation lui avait glacé le sang et elle en était encore irritée. Elle avait de la chance que ce cher Keith ne fût pas si dégourdi que cela, sinon il aurait pu entendre la pique, et peut-être même faire des liens insoupçonnés. Mais le risque était passé, pour l’instant, et elle pouvait se concentrer sur des choses plus affriolantes : le combat, le sang, l’adrénaline — qui commençait déjà être pompée par son cœur, inconditionnelle. Tout ce qu’elle adorait, en plus du pouvoir, et du contrôle. Lui mettre une raclée bien méritée lui permettrait de récupérer ce contrôle, qui lui manquait terriblement, depuis qu’elle avait rencontrée cette impure insupportable. Not for long, pensa-t-elle. Un sort bien calculé et la jeune femme se viderait de son sang devant elle. Elle n’attendait que ça, voir son sang souillé s’étaler sur le sol boueux. Elle ne méritait rien de plus, d’ailleurs, qu’une bonne dose de réalité ; et elle se ferait un plaisir de lui rappeler la supériorité des sang-purs.

Elle fit un pas en arrière, et marcha dans une flaque. Elle ne s’en formalisa pas, son regard fixé sur sa proie. Sa baguette glissa délicatement contre ses doigts, et elle en chérit le bois un instant, souriant en sentant les spirales connues, polies et noircies de sang. Sa silhouette commençait à disparaître sous l’obscurité, mais ce n’était pas grave. Peu après, sa voix résonna et Siobhán inclina la tête sur le côté, intriguée par sa proposition. Ne se doutait-elle pas qu’il était moins dangereux pour elle de rester là où l’on pourrait la sauver ? Enlever leur entourage, et l’Australienne déverserait toute sa perversité, sans aucune retenue. La sang-pur était une meurtrière, une tueuse, et pire : elle aimait ça. Si elle n’avait pas d’autres obsessions, il serait même juste de dire qu’elle ne vivait que pour cela. La satisfaction éternelle d’ôter la vie, de voir la lumière quitter les yeux de ses victimes et parfois, les dévorer jusqu’à ce qu’il n’en reste rien. Elle fit un nouveau pas, sa baguette délicatement tenue entre ses doigts, presque lascivement. Tous ses sens étaient en alerte, et elle avait fermé les yeux, se concentrant sur son ouïe alors qu’elle ne pouvait plus rien voir, à cause de l’obscurité. Elle entendait chaque pas, chaque mouvement, mais elle se lamentait une nouvelle fois que ses sens d’animagus ne s’étendent pas à sa forme humaine. Elle n’en aurait fait qu’une bouchée.

Son intérêt était acquis, évidemment, et elle attendait la suite avec impatience. Quel était donc ce lieu dont elle parlait avec tant de secret, où elles pourraient se laisser aller aux pires atrocités, sans être interrompues ? Elle était très proche d’elle, maintenant, et l’Australienne rouvrit les yeux, son regard fixé sur là où elle pensait que la jeune femme se tenait. Son souffle était court, contrôlé, calme, et son cœur battait lentement dans sa poitrine. Tous ses nerfs étaient tendus, mais pourtant elle se forçait à rester entièrement figée, contrôlant son adrénaline avec une habitude déconcertante. Il fallait être calme pour réussir les raids, et la Steers-Carter pouvait être fière de dire qu’elle n’en avait jamais raté aucun. Sa détermination était sans faille. Un mot prononcé, murmuré peut-être, ou simplement imaginé, et une baguette illumina son visage. La blonde ne broncha pas, ses yeux brillant de malice, et elle sourit même, carnassière. Elle eut à peine le temps de comprendre ce qu’elle avait dit que l’étrangère avait disparu dans un craquement sonore. Elle roula des yeux à son manque flagrant de compétence, et imprima une vision relativement similaire dans son esprit, disparaissant à son tour, dans un silence presque parfait.

Un simple ‘pop’, très discret, accompagna son arrivée, et elle se camoufla instantanément derrière un arbre, les yeux fermés. L’obscurité n’était pas aussi totale que dans la ruelle, la Lune parvenant à franchir quelques branchages, mais ce n’était toujours pas suffisant pour voir convenablement. Comme souvent, Siobhán préféra se reposer sur son ouïe, prêtant l’oreille pour savoir si elle avait atterri non loin de sa proie. Les bois étaient grands, et il y avait une chance qu’elles soient éloignées de plusieurs kilomètres. Elle rouvrit les yeux, et observant son environnement avec attention. Une fine couche de brume enveloppait le sol, et elle pouvait sentir le froid s’emparer de ses os. Elle n’avait qu’une envie, migrer sur quatre pattes. Mais pas tout de suite. Les plaisirs de la chasse étaient tels qu’elle ne pouvait la terminer aussi vite. Elle devait laisser une chance à sa proie, une petite longueur d’avance. Si elle revêtait sa fourrure, dans un environnement pareil, l’Autrichienne rencontrerait la mort dans l’espace d’une dizaine de minutes, maximum. Sous son autre forme, l’Australienne connaissait ces bois sur le bout de ses pattes, les ayant foulés tellement de fois auparavant, en quête d’un casse-croûte ou d’un étudiant trop aventureux.  

Elle quitta le couvert de son tronc, et s’enfonça dans la forêt, parfaitement en confiance, enjambant les souches avec élégance, la baguette toujours délicatement tenue entre ses doigts. Son apparence ne le trahissait pas, mais elle était sur ses gardes, prête à riposter à la moindre attaque. Elle ne voyait pas sa proie, n’était d’ailleurs même pas sûre qu’elle fût dans son environnement immédiat. Une branche craqua sous son pied, mais elle continua sa route. Du coin de l’œil, elle eut l’impression d’un mouvement dans l’obscurité, pourtant elle n’entendit rien, et décida que ce n’était probablement rien du tout. C’était une pensée dangereuse à avoir, dans ses contrées, mais sa confiance en soi était un vice, hautainement entretenu. Elle s’arrêta soudainement, et prit une longue inspiration, souriant lorsque l’odeur âcre de la forêt rempli ses narines. Cela sentait la mort, le désespoir, et elle ne pouvait qu’attendre avec empressement quand l’odeur du sang se rajouterait à ce mélange délicat. Elle voulut faire un pas en avant, une branche craqua sur sa droite et elle se tourna soudainement, écoutant avec attention. Les bois étaient trop sombres pour qu’elle puisse y distinguer qui que ce soit. Une voix fendit presque violemment le silence et la Steers-Carter rouvrit les yeux, ses pupilles fixant instantanément les ronces qui filaient sur elle. D’un geste de baguette, un Evanesco énoncé avec conviction, et les ronces disparurent instantanément. Elle eut envie de rire, mais l’attaque l’avait surprise, et elle fit un pas en arrière, son regard fixé sur la cachette de sa proie.

« Brambles ? Is that all you can do ? Well aren’t you pathetic. Tell me, child, have you ever killed anyone ? There is no place for the weak among us ! »

Lui cracha-t-elle avec mépris ; si elle avait été à sa place, elle lui aurait arraché la tête avec un sectumsempra bien placé. Mais elle n’allait pas s’en plaindre, bien sûr. Un sourire éclairant ses lèvres, elle pointa sa baguette et fit un pas en arrière.

« Confringo ! »


A sa grande satisfaction, le tronc explosa, et elle pouvait jurer qu’il avait touché la délicate demoiselle se cachant derrière. Elle pouvait presque sentir le sang, et elle fit un pas en avant sans flancher, enchaînant ses sorts de métamorphose avec une facilité déconcertante. Toujours connaître son ennemi, se dit-elle. Siobhán était une spécialiste en métamorphose, évidemment, et elle n’hésitait pas à s’en servir dans un combat. Profitant de la désorientation momentanée de l’Autrichienne, elle transforma son bras en marbre, jusqu’au coude. Elle enchaîna sans respirer avec un diffindo murmuré, et éclata de rire lorsqu’elle entendit le bruit caractéristique du marbre touchant le sol. Grâce à la faible luminosité, elle pouvait voir le blanc parfaitement, et elle pouvait garder un œil sur sa proie sans trop forcer sur sa vue. D’un geste souple, elle rabattit sa capuche sur sa chevelure blonde, et tendit sa baguette vers les arbres situés au dessus de l’Autrichienne. Dans sa hâte, pourtant, sa métamorphose rata et au lieu des pierres qu’elle avait souhaité, ce fut des gouttes d’eau qui s’abattirent sur le corps de la demoiselle. Jurant entre ses dents, elle continua pourtant à avancer sur elle, jusqu’à être à quelques pas d’elle. Prenant bien soin de la fixer, elle lui fit un clin d’œil.

« Run. »

C'était un ordre, donné avec une pointe de malice et de cruauté. Elle recula soudainement, un flou entourant son corps. Quelques secondes plus tard, perdue à moitié dans la brume recouvrant le sol, le monstre à 4 pattes, sa queue agile fouettant l’air.

Que la chasse commence.

© Gasmask




Spoiler:


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Message Sujet: Re: I wanna play a game | Feat. Siobhán   I wanna play a game | Feat. Siobhán Icon_minitimeDim 5 Juil - 20:13

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Message Sujet: Re: I wanna play a game | Feat. Siobhán   I wanna play a game | Feat. Siobhán Icon_minitimeDim 2 Aoû - 21:16

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  Edelweiss Blackmoth & Siobhán Steers-Carter
Son oreille bourdonnait suite à l’explosion trop proche, tandis qu’elle roulait sur elle-même, dans la brume, retranchée en une tentative infructueuse d’éviter la salve d’attaques tonnée par la Mangemort.
Les éclairs de lumière filaient si vite que leur sifflement lui vrillait les tympans, comme autant de flèches en plein vol.
Elle n’eut guère le temps de ruminer sur l’échec de son sort, ni sur la kyrielle de ce qui fut semblable à des dards rentrant dans sa chair ; qu’elle ne perçut d’ailleurs que vaguement, au niveau de son ventre et de sa hanche.
La jeune dresseuse tenait si fort sa baguette, que les motifs du bois finement gravé devaient s’être imprimés sur sa peau.

La riposte qu’elle envisagea un instant eut bien vite fait d’être avortée face à son assaillante. Steers-Carter énumérait sort après sort, comme si elle les avait répétés maintes et maintes fois dans l’optique d’un moment tel que celui-ci. Sa voix était forte et distincte, invoquant les tourments au cœur de la forêt.
L’autrichienne était furieuse de se retrouver ainsi démunie, et son cri de colère fut étouffé par cette voix qui semblait sans fin.
Étendue sur le dos dans la brume, Edelweiss semblait prise au piège d’une immense et épaisse toile d’araignée.
Et soudain, elle vit soudain s’abattre sur elle une averse brève mais terrible.
L’eau glacée lui provoqua une curieuse sensation de brûlure, néanmoins sûrement pire que tous les feux de l’Enfer.

Abasourdie, ce ne fut que lorsqu’elle fit mine de se redresser qu’elle sentit quelque chose l’entraver en plein mouvement. A sa gauche, reposait la réplique parfaite de son avant-bras, tout de marbre emprisonné. Une bouffée de panique l’assaillit, et comme se dépêtrant furieusement d’une toile filandreuse, elle força sur son épaule afin de soulever le poids qu’était devenu son membre. Un doigt avait été brisé et reposait juste là, irradiant sous la lune assortie. Elle le ramassa de sa main intacte ; et dans sa rage, emporta du même coup une poignée de feuilles mortes.
Ne lui prêtant pas plus d’attention, elle leva des yeux fous sur Steers-Carter. L’autrichienne pouvait clairement voir la jubilation remuer dans ceux de la Mangemort ; de la voir ainsi au sol, trempée, l’avant-bras statufié. Misérable. Un fin filet de sang, né d’une éraflure à son front, coula silencieusement le long de l’arête de son nez. Toutefois, pareille à un énième bras de rivière, une autre goutte glissa à son tour de la plaie fine et vint pailleter les cils noirs d’Edelweiss, de sang. Son œil gauche la fit voir rouge durant un instant, et elle l’essuya avec colère.
Rassemblant ses esprits et son souffle, Edelweiss levait déjà sa baguette, s’apprêtant à commettre l’irréparable. Toutefois, son impulsion fut compromise lorsque sa cible se fondit dans un vicieux brouillard, la réduisant à une vague silhouette.

Une ombre, qui sous les émanations vaporeuses, disparaissait et reparaissait.
« Run. », sa voix parut se multiplier en échos terrifiants et caverneux.
Puis, commença l’étrange distorsion qui fit ployer son corps entier ; et la métamorphose, à laquelle la jeune sorcière avait assisté la veille, s’opéra de nouveau par intermittence sous ses yeux. Lorsque les pans du brouillard s’écartèrent enfin, comme pour fièrement montrer son monstre créé, Edelweiss assista avec la même tétanie à cette vision d’un fauve gracile mais puissant ; et ses yeux brillaient dans la pénombre, tels deux charbons ardents enflammés par l’instinct galvanisant de la chasse.

Ce n’était pas tant l’apparence du léopard qui la glaçait, mais bien l’esprit qui habitait cette peau tachetée. La Mangemort était maintenant dotée de griffes acérées et de crocs humides d’écume brûlante.
Et de sens aiguisés.
Cette pensée frappa Edelweiss de plein fouet.
Cette bête pensait, calculait, et n’abandonnerait pas. Cette bête était Steers-Carter. Et cette dernière pouvait se targuer d’être pleinement avantagée.

Après quelques secondes, immobile, le fauve fendit sans bruit la brume, et disparut entre les arbres noirs, ne laissant rien d’autre dans son sillage qu’un trou en plein brouillard. Pareil à un spectre qui n’aurait jamais comparu, au milieu des silhouettes figées en pleine torture qu’étaient les arbres de cette forêt.

Mue par une adrénaline nouvelle, Edelweiss se hissa sur ses jambes, soutenant son avant-bras de son autre main comme s’il était blessé, et prit la direction opposée à celle de la Mangemort.
Elle se mit à détaler à travers bois, sans réfléchir. Fuir était pour l’heure le meilleur repli, et surtout le plus instinctif. La situation avait si vite dérapé. Elle la sentait presque encore, comme si la corde, qu’elle était certaine de tenir avec fermeté, lui avait glissé entre les doigts en lui brûlant la peau.
Elle avait été faible.
Elle était faible, là tout de suite.
Ce mot animait sa colère, et cette colère la possédait avec ardeur, annihilant toute réserve qu’elle aurait pu avoir quant à son désir de torture. Elle s’en sentait capable. Maintenant.
Son cœur battait la mesure de ses pas véloces mais néanmoins désordonnés. Les feuilles et les branches craquaient, et par deux fois elle trébucha sur les racines emmêlées.
Elle devait se reprendre.

Soudain, elle s’arrêta net dans sa course. L’eau glacée dégoulinait dans sa nuque telle une sueur froide, et des mèches de cheveux noires serpentaient en des boucles étranges, figées, sur ses joues et son front. Leurs ténèbres contrastant avec son teint livide.
Sa respiration était sifflante après l’effort, et elle ne pouvait que la regarder se la faire dérober à travers le nuage de condensation se déversant de sa bouche.
L’air glacial, complice avec sa peau humide, rendait chaque souffle douloureux en sa poitrine. Ses vêtements trempés semblaient attirer le froid aux aguets tout autour d’elle, lui donnant la sensation d’être mordue par des milliers de petits crochets déversant un venin coagulant le sang dans ses veines. Ses oreilles persifflaient, et une brève douleur éclata au niveau de son ventre lorsqu’elle s’inclina vers l’avant pour mendier l’air.

Toutefois son regard fut capturé par son bras gauche. La manche noire de sa veste était retroussée jusqu’au coude, pourtant la peau était trop blanche pour être humaine. La sorcière regarda, presque sans les voir, les veinules grisâtres parcourant son avant-bras changé en marbre. Étrange sensation. La pensée de son oncle et ses mains de bois s’imposa à elle.
Elle le sentait car le marbre pesait anormalement lourd à son côté, et pourtant elle ne le sentait plus. Une sensation de membre fantôme, propre aux estropiés, s’insinua alors en elle lorsqu’elle ne put remuer les doigts. L’un deux, où elle portait habituellement l’anneau d’argent rouillé de Paul, était sectionné ; et au lieu de sang, une poudre blanche parsemait ce que l’on aurait pu prendre pour une statue fêlée.

Lorsqu’elle ouvrit le poing, ses ongles avaient entamé la paume de sa main, et au milieu des morceaux de feuilles terreuses, à côté de sa baguette, son doigt orphelin était là. Mais pas l’anneau de Paul.
Elle se retourna, prête à rebrousser chemin, mais n’en fit rien. Inutile. Elle avait couru à en perdre haleine, sans vraiment faire attention où cela la mènerait. Et puis ce n’était qu’un bijou.
Une stupide bague, se persuada-t-elle, c’est tout.
Elle renifla en réponse à son cœur pincé à en saigner, et tourna le dos au chemin déjà parcouru.
Il n’y avait pas de temps à perdre.
En elle, elle admettait avec rancœur qu’elle était en position de faiblesse. De sa manche, elle essuya le peu sang qu’elle sentait encore couler de sa plaie au front.

Tout à coup, elle crut entendre sur sa droite un bruit de feuilles déchirées, effleurées par des pas. Ou des pattes.
Impulsivement et plus vite que tout, la dresseuse jeta un stupefix dans la direction incriminée, puis un autre plus à gauche.
Un grondement guttural monta lentement des profondeurs, et parut l’encercler avant de retomber dans le silence.
Ses yeux ne cessaient de rouler dans toutes les directions, les nerfs à vif, prête à parer n’importe quelle attaque. Mais elle savait que la Mangemort aurait pu aisément fondre sur elle, proie amoindrie et donc facile, et l’égorger d’un coup de croc.
Elle jouait avec elle, comme dans toute partie de chasse qui se respectait.

Elle se remit à avancer, en marchant vite cette fois-ci, trop essoufflée pour courir.
Rien ne se passait comme elle se l’était figurée. A présent, elle tiquait au moindre frémissement sur sa droite, à chaque craquement inexpliqué sur sa gauche. Il fallait vite reprendre le dessus afin d’avoir une chance d’accomplir ce qu’elle était venue arracher à Steers-Carter.
Elle y arriverait.

La tombe de Paul aussi est en marbre.

Elle se remit à essuyer la blessure à son front en une mimique nerveuse, alors qu’elle ne saignait plus. Seule une traînée grenat et craquelée séparait deux parties symétriques de son visage.
Elle avança encore de quelques pas, avant de s’adosser à un tronc noueux dans un soupir.
Des lambeaux de feuilles parsemaient la chevelure de l’Autrichienne, et son visage était souillé de terre charbonneuse. Elle avait l’air bancal, ainsi légèrement penchée sur la gauche, tirée par le fardeau de son propre bras. Pitoyable.
Non loin de là, une corneille ouvrit tout grand le bec et s’esclaffa dans la forêt mortifère. Son cri aux accents quasi mécaniques troubla l’air immobile, et le perpétuel grincement des rameaux semblables à des portes qui s’ouvrent doucement, laissant entrer le crime, à pas de loup.
Elle devait faire vite.

Ouvrant les doigts, elle laissa tomber celui de marbre au sol, et s’éclaircit la voix, s’efforçant de lui donner un ton résolu.
« Reparo », d’un geste, le doigt manquant de sa main inanimée lui fut rendue. Edelweiss fut une seconde envahie par le soulagement, mais ne put s’y attarder. Elle enchaîna tout de suite après avec un contre-sort, sa baguette pointée droit sur le marbre aux veines figées. Un grognement de frustration lui échappa alors que le marbre demeurait. Pourtant, son cœur bondit en sentant un petit fourmillement lui parcourir les doigts; et bien qu'encore engourdis, elle parvint à leur faire exécuter un léger tressautement. Avec impatience, elle tenta de remuer les doigts avec plus de vigueur alors que le grondement reprenait de nouveau, non loin d’elle.

Alors elle sentit quelque chose d’anormalement chaud ruisseler en une ligne fine, sous sa chemise collée à son corps par l’eau. Une écharde plus grosse, et plus acérée que les autres, s’était profondément fichée au creux de son ventre, forant un chemin de plus en plus douloureux au fil de ses mouvements. Bien que la blessure soit mineure, elle était située à un point sensible et tordait légèrement les traits d’Edelweiss.
Et l’odeur du sang devint omniprésente, et parut secouer les branchages de plus en plus intensément autour d’elle.

La dresseuse força un rictus qui se voulait sourire face à la douleur, et fixa les deux caillots de braise qui semblaient vouloir la transpercer du regard à travers la pénombre.
Puis dans un râle de souffrance et de rage, elle lança son bras armé de sa baguette en direction de la silhouette qui se déplaçait trop vite, et avec une agilité déconcertante. Les sorts se déchaînaient sur le néant, ratant la cible de peu.
« I’ll got you, bitch ! »
Son cri frisait l’hystérie.
Et à cet instant, sa voix rugissante se mêlait aux grognements agressifs du fauve.
Incarcerous
Les cordes sifflèrent, battant les airs vers la bête mouvante.

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Les dés:


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