Le regard perdu au loin, Alek contemplait le coucher de soleil : un des moments de la journée qu’il affectionnait tout particulièrement. Ici, seul en haut de la Tour d’Astronomie, il se sentait bien. Comme au-dessus des autres, dévisageant plus bas les petites fourmis qui devaient être ses camarades entrain de rentrer dans le château. Le parc allait bientôt redevenir silencieux, prêt à endosser son manteau obscur pour la nuit. Une légère brise choisit ce moment pour se lever, ébouriffant les cheveux du Serpentard. Fermant les yeux, il profita de l’instant. Le jeune homme adorait cette sensation lorsque l’air entrait en contact avec son visage ; Un peu comme lorsqu’il était sur son balais durant un match des plus disputés. Tellement d’émotions se mélangeaient : la joie, la liberté, un sentiment de plénitude que trop rarement atteint. Les derniers jours avaient été riches en émotions. Entre ses cours, l’attaque de Pré-au-Lard, l’Alliance, ses fiançailles avec Lumen et cette diablesse de Seila Grey, le moins que l’on puisse dire était que le vert et argent n’avait pas eut un moment à lui. L’esprit préoccupé par la guerre et tout ces tracas, il n’arrivait plus à trouver le sommeil, restant des heures dans son lit à fixer le plafond tout en ruminant ses pensées. Seule une personne réussissait à l’apaiser véritablement : sa jumelle. Tanya. Enfants comme adolescents, ils avaient toujours été ensemble : deux êtres indissociables et complémentaires qui ne pouvaient se passer l’un de l’autre. Mais avec Poudlard beaucoup de choses avaient changé.
En digne Héritiers de la prestigieuse famille Dolohov, ils se devaient de garder une image irréprochable. Leur complicité, leur fusion et leurs émotions ne devaient pas être exposés en public. Personne ne pouvait les comprendre, Alek en était persuadé. Ils étaient l’élite, deux Sorciers aux compétences inégalables. Ensemble ils étaient tout. Invincibles. Ensemble ils n’avaient besoin de personne d’autre. Mais séparés… Aleksey sentait bien qu’éloigné de sa jumelle, il se sentait comme… Séparé de lui-même. Incomplet. Tout était si compliqué. Alek craignait un peu qu’avec l’annonce de ses fiançailles, Tanya ne laisse sa jalousie naturelle prendre le dessus. Il la savait déterminée, possessive et prête à tout lorsqu’il s’agissait de défendre ses intérêts. Leurs intérêts. Une vraie Dolohov. Une sorcière versée dans les arcanes noirs qu’il ne valait pas mieux sous-estimer.
Un bruit le fit sursauter. Main prête à se saisir de sa baguette, il se calma presque aussitôt. Les pas qu’il percevait étaient reconnaissables entre mille. Il la connaissait par cœur. « Tanya », la salua-t-il sans se retourner. « Tu viens admirer le coucher de soleil ? »
Alek tourna la tête vers elle, un sourire sincère aux lèvres ; Ce genre de sourire qu’il ne réservait qu’à elle. A elle seule.
« Je ne t’ai pas vu au dîner. Où tu étais ? »
Tanya avait beau être jalouse, son jumeau n’était pas mieux. Il se faisait un point d’honneur à surveiller les fréquentations de sa sœur et prêt à décourager quiconque se rapprocherait d’un peu trop près d’elle. « Pas entrain de… Faire des bêtises… N’est-ce pas ? »
La colère et la jalousie s'attaquaient sans relâche à sa raison, ne lui laissaient jamais de repris, l'empêchaient de trouver le repos, de rejoindre un autre monde bien plus doux ou les rêves sont de l'ordre du réel. Sa raison ne semblait pouvoir endiguer la colère qu'avait engendré sa jalousie, suivant ainsi le navrant mais véridique diction « le coeur a ses raisons que la raison ignore ». Tout son être l'a poussait à voir se tortiller de douleur à ses pieds cette espèce de gryffondor, tandis que son esprit ne cessait de lui répéter que ces fiançailles n'étaient qu'un conséquence logique à leur statut. Son éducation l'avait préparée à cette annonce, à l'importance de leur existence et surtout à la nécessité de la préservation du sang qui coulait dans leurs veines s'imposaient à eux ne leur ayant jamais que laissé une semi liberté. Quand bien même son héritage n'avait pas été la pureté de son sang, elle serait à jamais prisonnière des bonnes moeurs, de la vision si étriquée qu'ont les personnes du monde. Le cantonnement de l'amour fraternel, à un amour platonique, alors même qu'il était le plus beau des liens, le plus pur. Cette colère ne pouvait s'empêcher de la prendre aux entrailles, lui rendait impossible de le chasser de son esprit ne serait ce qu'une seule seconde. Elle souffrait de le savoir avec d'autres, de plus être la seule. Perdait son temps avec des crétins placés sur sa route pour l'occuper, dévier ses pensées vers d'autres horizons. Oublier qu'ils ne pourraient jamais comme ils l'entendaient, qu'ils seraient des paris aux yeux de tous, des hontes à leur sang, des exemples de la débauche de l'aristocratie face aux impurs. Enfant, elle pensait qu'elle se marierait avec son frère, qu'elle serait la belle épouse à son bras, qu'ils vivraient toujours ensemble quoi qu'il advienne. Tout lui semblait si simple à l'époque, dénué de tout obstacle, loin de yeux accusateurs de la société.
Son père lui avait annoncé les fiançailles de son frère dans un bref courrier, lui rappelant au passage qu'une nouvelle du même genre n'allait pas tarder à arriver à son tour pour elle. Il lui avait toujours laissé le choix de ses prétendants, n'y apposant comme seule et unique condition la pureté de son sang, ce qui allait de soit évidement. Mais elle n'avait jamais eut le coeur à choisir, trouvant tous les êtres qui l'approchaient insipides face à son ténébreux jumeau. Ensemble ils étaient un un tout, une évidence mais surtout une force qui semblait à ses yeux indestructible. Et pourtant ils étaient voués à prendre des chemins séparés, quand bien même l'évidence était là sous les yeux de tous. Cette nouvelle bien qu'attendue l'avait plongée dans un profond silence, la réalité l'ayant brutalement rattrapée. Son esprit nécessitait d'être occupé, comme c'était souvent le cas à l'évocation d'une fille dans la vie de son frère quand bien même elle lui était imposée. Trois cas se présentaient alors à elle ; la bibliothèque, la boisson, ou les hommes. Le seconde option entrainant souvent, et bien malheureusement pour son estime d'elle même, la troisième. Ce soir là elle avait préféré se murer dans les livres, laissant les mots envahir son esprit, remplaçant pour un temps l'image d'alek. Les minutes passèrent se transformant en heures sans qu'elle n'ait conscience de l'extérieur, oubliant même d'aller manger. Elle ne voulait se retrouver au milieu de la foule, avec cette majorité d’ignares qui composaient Poudlard, voulait être loin de tout le bruit qu'engendrait le repas du soir.
Mais elle ne pouvait pas sans cesse fuir ses états d'âmes, la bibliothèque n'étant qu'un refuge temporaire, à des lieues d'une solution. Ses pas la guidèrent sans hésitation aucune vers la tour d'astronomie, comme si un aimant invisible l'a reliait à frère.La silhouette de son frère se découpait dans l'obscurité, reconnaissable entre mille. Il provoquait en elle un tournoiement de contradictions, de sentiments qui affluaient sans qu'elle ne puisse départager entre sa colère, le bonheur de le voir, sa jalousie et son envie de le prendre dans ses bras. « Ah tu es là. Je pensais que tu serais avec ta nouvelle fiancée. A moins que tu ne penches toujours pour la sang de bourbe ? ». Une fausse surprise certainement décelable, un cynisme lui totalement apparent. « Je travaillais sur un devoir à la bibliothèque. » Ses yeux ne pouvaient quitter le visage de son frère, alors même qu'elle en connaissait parfaitement les traits, les expressions souvent semblables aux siennes. Un sourire loin de représenter un quelconque bonheur vint étirer ses lèvres, devant la jalousie à peine cachée de son frère. Deux êtres d'un même tout ... « Ce n'est pas moi qui fricote avec des impurs aux dernières nouvelles. ». Son corps lui imposait le contact, l'aimant les reliants plus puissant que ne l'est sa volonté. Ses doigts ne peuvent s'empêcher de parcourir le visage de son frère, de jouer avec ses cheveux alors même que la colère et la jalousie qui l'a ronge brillent encore dans ses yeux. « Une Macmillian gryffondor de surcroit. Tu aurais pu faire mieux. »
Alek dévisageait sa jumelle, l’accueillant comme s’il l’attendait. Comme si sa présence était normale et calculée. Hors ce n’était pas le cas. Mais quoi de plus étonnant ? Leur lien, aussi fusionnel que profond, leur permettait presque de « sentir » la présence de l’autre et anticiper ses déplacements. Ils étaient un seul être partageant deux corps différents. Le Serpentard réfléchissait souvent à leur relation. L’amour les liait ; Un amour qui dépassait les seuls liens du sang. Un amour que nul ne pouvait comprendre à moins de le vivre. Enfants, les deux Dolohov restaient la plupart du temps ensemble et n’avaient besoin de personnes d’autres. Les autres et le monde extérieur étaient une distraction ; Un simulacre de ce qui devait être. A chaque instant il fallait porter ce masque si ridicule qu’ils s’étaient construits, au risque d’être montré du doigt et calomnié… Quoiqu’il ait presque pitié du malheureux, ou de la malheureuse, qui aurait un jour l’audace de les attaquer. Car ensemble Tanya et Alek formaient un duo des plus redoutables. Personne ne leur faisait du tord sans le regretter amèrement.
« Ah tu es là. Je pensais que tu serais avec ta nouvelle fiancée. A moins que tu ne penches toujours pour la sang de bourbe ? ».
Le vert et argent tiqua un peu. En temps normal il aurait vite apprit le respect qui lui était dût si un de ses camarades émettait ce genre de réflexion. Mais Tanya n’était pas n’importe qui. Elle ressentait ce qu’il ressentait ; Devinait ses pensées et ses actes. Aucun secret ne pouvait lui être caché : ce qui pouvait être un peu agaçant par moment.
« Et toi avec le premier venu… » dit-il pensif.
Contre-attaquer, se lancer des piques… C’était un jeu. Un jeu auquel ils s’adonnaient depuis leur entrée à Poudlard. Côtoyer d’autres jeunes de leur âge avait cet effet. Si au manoir familial les tentations se faisaient rares, ici au collège de Poudlard, les hormones de chacun travaillaient. Leurs jalousies communes n’en avaient été que plus exacerbées. Il la questionna ensuite sur le lieu où elle pouvait se trouver lors du dîner. Tanya ne ratait presque jamais ce moment où ils pouvaient être ensemble. Quelque chose devait l’avoir profondément contrarié… Et il ne fallait pas être devin sur cette raison.
« Je travaillais sur un devoir à la bibliothèque. »
Évidemment. Quelques fois, Aleksey se demandait si sa jumelle n’aurait pas dût atterrir chez les Serdaigle tellement sa soif de savoir se faisait sentir. Quoiqu’en y réfléchissant bien… Elle restait une digne vipère.
« Ce n'est pas moi qui fricote avec des impurs aux dernières nouvelles. »
Le Serpentard grogna de mécontentement, vite étouffé par le contact des mains de Tanya sur son visage et ses cheveux. Ses yeux se braquèrent sur ceux de sa jumelle, froid. « Ne parle pas de ce que tu ne peux comprendre… Je m’amusais avec elle… Prendre ce qui lui était le plus cher n’en était que plus jouissif… Serais-tu jalouse ? » Lui demanda-t-il avec un sourire mutin.
« Une Macmillian gryffondor de surcroit. Tu aurais pu faire mieux. »
Ah. On y venait. L’annonce de ses fiançailles avait donc fini par arriver jusqu’à ses oreilles. Sans doute grâce à leurs parents. Il se mit à caresser les bras avec le dos de ses mains tout en observant son corps si parfait. « Quoique tu en penses… Lumen a tout d’une future Dolohov… Elle n’a pas sa langue dans sa poche… Est déterminée… Et est prête à tout pour la famille. C’est le meilleur choix possible à mon sens… Du moins pour la bonne société sorcière… »
Flirtant avec l’interdit, Alek prenait garde ne pas aller trop loin dans ses caresses… Pour le moment. Il se mit à effleurer sa joue tout en approchant sa bouche de son oreille. « Et toi alors… D’après ce que je sais… Il te presse de trouver chaussure à… Ton pied… Je vois beaucoup trop de garçons te côtoyer… Il faudra que j’y remédie »
Il ne pût s’empêcher de déposer un chaste baiser dans le creux de son cou avant de se détacher d’elle pour mieux voir son visage à la lumière vacillante du coucher de soleil. « Tu ne vas pas faire de bêtises… N’est-ce pas ? Je m’en voudrais de devoir… Te punir… » Finit-il d’un air malicieux. « La prochaine fois que tu ne viens pas au dîner… Préviens-moi… Tu sais que je n’aime pas te savoir loin de moi… »