Là, au milieu d'un chapitre d'histoire de la magie, brillait le nom de celui qui devait être son père. Le coeur de Cleo se fit soudain lourd quand elle réalisa la vérité. Elle chercha frénétiquement dans d'autres livres et finit par trouver son père dans un ouvrage dédié aux grandes familles de sang pur. Son père était un sorcier. Il était même un sang pur. Et à en croire ces ouvrages, pas l'une des familles les plus respectables : ils avaient plusieurs fois été accusés de crimes affreux au cours des siècles et prônaient une haine claire envers les Moldus. Les Moldus comme sa mère.

Ce soir-là, Cleo alla vomir son dégoût d'elle-même, de ce patrimoine génétique qui coulait dans ses veines. Elle qui avait enfin réussi à accepter et être fière de sa magie en était maintenant dégoûtée. Cette magie, c'était de lui qu'elle la tenait. Elle n'était sorcière que parce que ce monstre qui avait le sang de ses ancêtres sur les mains avait brisé le coeur de sa Moldue de mère, sans doute en voulant simplement prendre plaisir avec elle comme il l'aurait fait avec une prostituée de bas étage. Cleo ne voulait pas être associée à un tel homme, jamais.

[...]

La découverte de la jeune femme ne fut pas sans séquelles. Cleo se rendit tellement malade et accumula tellement de dégoût envers elle-même et ses origines sorcières que sa magie en fut ébranlée. À chaque fois qu'elle réussissait un sort, elle augmentait son ressentiment, si bien que sa baguette finit par ne plus vouloir obéir à un maître aux émotions si complexes. Petit à petit, Cleo devint incapable de jeter de nouveaux sortilèges, ce qui frustrait ses professeurs mais la rassurait elle. Elle ne voulait pas être comme son père, elle le refusait. Elle voulait que tout en elle soit un héritage de sa mère. Or, sa mère n'avait jamais fait la moindre magie. De toute façon, Cleo ne voulait plus de ce monde qui la dégoûtait. Elle voulait pouvoir choisir, que sa génétique ne l'oblige pas à suivre une voie qu'elle ne désirait pas emprunter. Si c'était pour finir comme les Selwyn, non merci. D'autant plus que l'un des professeurs de Poudlard était, elle le savait, son demi-frère. Elle s'abstint bien de divulguer cette information, mais développa une haine sans précédent pour cet homme qu'elle ne connaissait pas. Elle ne voulait plus le voir, lui non plus.

Alors l'été qui suivit sa troisième année, Cleo annonça à sa mère qu'elle ne voulait plus retourner à Poudlard. La scolarité n'y était pas obligatoire et elle n'avait de toute manière eu son année que grâce à ses notes de début d'année. Elle rangea sa baguette, ses grimoires et son chaudron pliable sous leur lit où ils prirent la poussière pendant des années. La seule chose qu'elle conserva fut sa chouette hulotte, Muse, pour continuer d'écrire à Ethan et quelques amis avec qui elle avait gardé contact. Elle ne pouvait pas se résoudre à tout abandonner.