Teruki & Lumen

Assise au pied d'un arbre, elle les observait encore ces créatures invisibles aux autres, quelque peu effrayantes, sombres, déployant deux ailes immenses pour s'envoler. Les sombrals. Lumen les voyait. Il lui fallut du temps pour comprendre pourquoi. Longtemps, elle les regarda avec appréhension, se demandant si elle devenait folle. Longtemps, elle se demanda pourquoi elle les voyait et pas les autres jusqu'à comprendre... Ils apparaissaient aux yeux des gens qui avaient vu la mort. Et c'était très exactement le cas de Lumen. Alors étrangement, elle se sentait sereine à leur contact. Elle avait cette drôle de sensation d'être à sa place quand elle les approchait. Lors de ses après midis de libre, elle entrait dans les cuisines pour prendre du pain ou des fruits pour les donner à manger aux sombrals. Puis, elle les avait tellement contemplé qu'elle pouvait les décrire sans se tromper. Elle écrivait à leur sujet, parlait de leurs attitudes à son égard. A dire, ils étaient plus effrayés qu'autre chose au début. Mais Lumen avait fini par les apprivoiser  et les accepter. Elle faisait partie du décor maintenant. Et parfois il lui arrivait de s'essayer au dessin et bizarrement, cela rendait bien. Elle s'étonnait elle-même. Mais si, elle pouvait dire avec précision leur apparence et leur caractère, elle éprouvait aussi un grand besoin de connaitre leur histoire, comment les soigner, ce qui était bon ou non. Et tout ce qui lui passa par la tête fut d'aller voir le professeur de soins aux créatures magiques. Par chance, elle avait pris cette option et avait tout le loisir de lui poser tout un tas de questions à ce sujet. Mais ce jour-là, elle ne le verrait pas avant plusieurs jours et Lumen Macmillan n'était pas connue pour sa patience. Alors après les avoir admiré une heure durant, elle se leva rangea ses quelques dessins (d'ailleurs plutôt bien réussis) et certes beaux, mais peu réalistes pour des personnes qui ne connaissaient pas l'existence de ces créatures.    

En prenant le chemin vers le chemin vers le château, elle repéra un groupe de trois fille de quatrième années, visiblement de sa maison, qui parlaient de licornes. Bingo, pensa t-elle. Par chance, la tête de l'une d'elles lui était familier. Il s'agissait d'une fille qui avait tenté la place d'attrapeuse dans l'équipe justement, place que son meilleur ami Olivier avait eu. Heureusement, Lumen s'entendait avec cette fille.  « Amy ?  » L'interpella t-elle. La dénommée Amy se retourna presque aussitôt en entendant la voix de Lumen et un sourire se dessina sur son visage. La poursuiveuse la rattrapa alors satisfaite d'obtenir ce qu'elle souhaitait. « Vous ressortez du cours de soins aux créatures magiques, c'est ça ?  » Elles hochèrent toutes les trois la tête. Lumen hésita une seconde à leur faire part de sa demande. Mais elle se ravisa, pensant à autre chose qui semblait étonnamment logique et tellement crédible... Enfin pas tant que ça venant de la fille Macmillan, mais heureusement aucune d'elle pouvait témoigner de la paresse de Lumen. « Est-ce que vous savez où est le professeur ? J'aimerais lui poser une question sur un devoir. Seulement, il ne me semble pas qu'il soit là.   » Amy secoua bien sûr la tête, confirma par la même occasion ses doutes.  « Je pense qu'il est parti à la salle des professeurs, on a traîné un peu dehors après le cours.    » Répondit-elle dans un sourire, tout en haussant les épaules. Ouais, c'était normal en même temps. Il avait peut être envie d'un café ou de se poser à l'intérieur. Après tout, il faisait froid dans le coin, en plein hiver et ce même pour un professeur qui s'occupait des créatures magiques de Poudlard. « Très bien, merci.   » Dit-elle avant de se diriger vers l'imposant château.

En arrivant à l'intérieur, Lumen regarda toutes les directions possibles, histoire de ne pas se tromper. En vérité, elle n'allait pas très souvent vers la salle des professeurs. Vraiment très rarement. Ou alors juste pour parler au professeur de défense contre les forces du mal. La seule enseignante que Lumen respectait et appréciait vraiment. Alors forcément, pour elle, c'était carrément sa professeure préférée. Puis Fox Selwyn lui posait toujours des questions auxquelles elle était capable de répondre, sans surprise d'ailleurs. C'était sa matière favorite et pas seulement grâce au professeur qu'elle jugeait géniale. Donc la seule raison qui aurait pu la pousser là-bas était de poser des questions au professeur de défense contre les forces du mal. Mais une fois n'est pas coutume, Lumen allait changer quelque peu ses habitudes. Puis, cette fois-ci, ce serait pour sa recherche personnelle. Elle ferma les yeux, tentant de se souvenir de la route. Elle eut un sourire amusé. Des fois, elle avait vraiment une mémoire de moineau. Ses paupières se soulevèrent et alors, elle emprunta le bon couloir qui la mena à destination. Arrivée là-bas, elle inspira profondément, se demandant bien comment elle allait pouvoir engager la conversation. "eh bonjour, j'aimerais vous demander, vous pensez quoi des sombrals ? C'est quoi leur histoire ? C'est juste, je les vois contrairement aux trois quarts de l'école". Non et non, elle ne pouvait pas faire comme ça. De plus, ça sonnait tellement faux à son oreille. Il lui fallait une approche tout de même subtile. Quoique. Elle n'aimait pas vraiment prendre des pincettes et dire le tout avec douceur et délicatesse. De toute façon, elle ne savait pas faire comme ça. Alors comment allait-elle faire ? La solution était simple pourtant. Se présenter, poser la question et s'en aller. Elle finit par se décider. Elle n'allait tout de même pas rester plantée là toute la journée.

Elle toqua donc à la porte et quelques secondes plus tard, elle entendit un "entrez". Elle poussa donc légèrement la porte et glissa la tête pour voir les professeurs qui pouvaient bien être là. Elle vit un homme d'une quarantaine d'année qu'elle ne semblait pas avoir vu, seulement à la table des professeurs plusieurs fois depuis quelques jours. C'était peut être un remplaçant ou alors un professeur d'une autre option. Mais peut être savait-il où se trouvait l'enseignant qu'elle cherchait. « Bonjour monsieur.  » Dit-elle simplement. Elle ne voyait pas vraiment par où commencer autrement. Mais voilà, c'était le plus simple à faire. La politesse n'était pas l'une des plus grandes vertus de Lumen. De plus, elle ne portait pas une grande confiance aux adultes. Rares étaient ceux qui à ses yeux n'étaient pas pervertis par la cruauté et la violence. Puis les adultes essayaient de former les jeunes comme ils le voulaient, des véritables petits pantins, comme dirait Calixte. Si ça ne tenait qu'à elle. Tout le système actuel aurait explosé en quelques minutes. Elle ouvrit alors la porte complètement pour qu'il voit vraiment. Après tout, même si elle ne lui parlait que cinq minutes, le minimum serait qu'il parle pas uniquement à une tête cachée derrière un énorme bout de bois. « Je cherche un professeur, peut être l'avez-vous vu il y a peu.   » Assura t-elle. L'information était importante. Cela voulait dire qu'elle ne resterait pas ici longtemps et qu'elle ne comptait pas l'embêter. Elle fronça les sourcils, étrangement curieuse de savoir ce qu'il enseignait. C'était bizarre. Elle ne l'avait jamais vu avant. Et malgré des trous de mémoires, les visages... elle pouvait les retenir avec une certaine facilité. Elle gardait en mémoire que ce qui lui semblait important, mais là... quand même. Ça lui semblait gros de ne pas l'avoir repéré avant. Qui était-il ? Que faisait-il ici ? « Ma question risque de vous paraître peu anodine... Mais qu'est-ce que vous enseignez ? Il ne me semble pas vous avoir croisé auparavant. Alors je suis curieuse. Bon, après, c'est peut être déplacé, si c'est le cas, je suis vraiment désolée.   » Elle fit un bref haussement d'épaules. Mais avant même qu'il puisse répondre quoique ce soit, Lumen reprit la parole, ne souhaitant au final ne pas s'attarder plus que ça. « En fait, je cherche le professeur de soins aux créatures magiques. J'ai des informations à lui demander... sur les sombrals.   » Cette fois, c'est un mouvement de tête qu'elle fit, ne se doutant pas un seul instant qu'elle parlait à l'homme de la situation. Elle avait entendu dire que le précédent professeur était parti, mais dernièrement elle ne faisait plus vraiment attention à ce genre d'information. Ça rentrait par une oreille et ça sortait par l'autre. De plus, elle ne laissait pas vraiment les rumeurs envahir sa vie et elle ne posait aucune question aux autres. Elle se préoccupait davantage de ses problèmes et de ceux de ses amis. Pas le temps de s'intéresser à ceux des professeurs. Puis Lumen exploserait si elle y faisait attention. Elle n'était pas assez attentive par rapport aux inconnus. Puis le seul adulte de Poudlard qu'elle regretterait était seulement Fox Selwyn. Eh oui, on en revenait toujours à la même. Lumen était comme ça, adorable certes, mais avec des limites. Et on devait l'accepter ou non. C'était tout ou rien, point barre. Elle sourit faiblement, juste par pure courtoisie attendant les renseignements que cet inconnu pouvait bien lui donner.

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Teruki & Lumen

En arrivant à la salle des professeurs, Lumen pensait qu'elle ne s'y attarderait pas vraiment, étant donné qu'il n'y avait personne sauf... cet homme châtain, barbu, la quarantaine bien tassée déjà. Il était tout seul et la brunette ne savait pas vers qui elle pouvait se tourner vue qu'elle ne se sentait pas de tourner en rond dans le château très longtemps. Elle était courageuse, mais surtout paresseuse à un point tel qu'elle en surprenait beaucoup. Quand le professeur (elle le supposait en tout cas) lui répondit vaguement, Lumen arqua un sourcil. Elle fit un lent mouvement de la tête, se demandant bien comment elle allait pouvoir se sortir de cette galère. Il était déjà premièrement peu bavard, mais en plus, il était totalement à l'ouest. Elle avait l'impression de parler à quelqu'un complètement paumé, endormi ou que sais-je encore. Dans tous les cas, Lumen tiqua sur sa dernière phrase. Un professeur qui ne voulait pas se faire voir ? Sachant qu'ils se trouvaient en journée, il se devait d'être disponible pour ses élèves, pas se cacher. Mais à dire vrai, c'était davantage la formulaire qui lui semblait bizarre. Elle aurait davantage imaginé "peut être qu'il ne veut pas être vu " ou encore "peut être souhaite-il rester seul pendant un temps". Mais soit, elle n'était pas là pour refaire l'anglais de cet inconnu. N'empêche, elle se dit qu'il n'était pas d'une grande politesse. Si elle se montrait curieuse, il aurait pu au moins faire le minimum et lui retourner le salut. Et dire que les adultes se plaignaient du manque de politesse des élèves. Eh bien des fois, Lumen se demandait s'ils montraient le bon exemple. Non, en fait, elle ne s'interrogeait pas à ce sujet, elle en était certaine. Les professeurs n'avaient pas forcément de meilleures manières que les jeunes de Poudlard. Bref, elle ne le fit pas remarquer. Elle n'en voyait pas l'utilité.  

Toutefois, Lumen se demandait d'où il sortait, non pas seulement parce qu'il semblait un peu venir d'une autre galaxie, mais surtout parce qu'elle ne le connaissait pas. Et Lumy n'aimait pas l'inconnu. Elle détestait ça. Alors forcément, elle l'interrogea. Et peu importait au final que ça ait l'air déplacé, inconvenant ou trop curieux, finalement, c'était pour la forme. Et dans ses yeux, elle lut un certain mécontentement d'être ainsi ennuyé et embêté. Tant pis pour lui. Il était prof, fallait en assumer les conséquences. Mais peu l'importait. Elle aurait aimé savoir, point. Elle ne interrogeait pas non plus sur la couleur de ses caleçons. Ça n'avait rien de particulièrement personnel. Voilà pourquoi Lumen ne trouvait pas ses questionnements spécifiquement chiant. En plus, il pouvait expédier tout ça en deux ou trois mots. Mais elle enchaîna avec son information principale. Le professeur de soins aux créatures magiques. Où se trouvait-il ? Elle remarqua bel et bien qu'il fallait s’étouffer. Alors elle comprit. Elle avait en face d'elle le remplaçant de l'ancien enseignant. Après tout qui aurait réagi de la sorte s'il ne savait pas ce qu'étaient les sombrals ? D'autant plus qu'un professeur de potions et de soins aux créatures magiques n'avaient pas les mêmes compétences et connaissances.  « Vous pourriez quand même répondre à mes questions avant de m'en poser une autre.   » Releva t-elle en arquant un sourcil. Elle n'était pas désagréable disons qu'elle employait un ton détaché, neutre et qui dénotait d'aucun reproche. Car dans le fond, elle faisait très exactement la même chose pour le moment. Et elle ne comptait pas le faire avant d'être persuadée de pouvoir lui faire confiance. Car elle ne voyait jamais d'un très bon œil les nouveaux.  Alors elle le regarda fixement pour savoir ce qu'il entendait très exactement par ce qu'elle souhaitait savoir. Visiblement, il ne comprenait pas vraiment qu'elle pouvait les voir contrairement aux trois quarts de la population sorcière. Elle ne voulait pas savoir ça parce qu'elle avait lu dans un livre. Non Lumen les observait depuis des années, les dessinait même. Elle s'était d'ailleurs étonné elle-même de voir que le résultat était plus que convaincant et très réussi. Elle avait par la suite tenté de dessiner autre chose et étrangement, ça rendait toujours bien. Elle ne pensait pas avoir un quelconque talent pour l'art, mais elle devait se rendre à l'évidence. Les quelques cours de dessins qu'elle avait suivi durant son enfance avaient été bénéfiques, sauf qu'elle ne s'était jamais essayé à cet art.

Elle soupira et ouvrit son sac. « Je pense que des présentations sont de mises si vous êtes le remplaçant du professeur que je cherchais.   » Parce que forcément, elle ne voulait pas parler à un étranger. Elle trouvait que connaitre son nom était important. Et elle n'attendrait pas le premier cours pour le connaitre. Alors clairement oui, elle allait lui poser la question. Elle n'allait pas par quatre chemins. Elle détestait ceux qui tournaient autour du pot ou qui ne répondaient pas aux interrogations simples. Alors elle voulait le mettre face à la réalité. Elle souhaitait une réponse et la politesse voulait qu'il la lui donne. Elle trouvait sincèrement ce professeur quelque peu dénué de bon sens. « Je m'appelle Lumen. Mon nom est Macmillan, à mon plus grand malheur. Et je suis élève en cinquième année, à Gryffondor comme vous avez pu le remarquer.  » Elle faisait clairement référence à son écharpe aux couleurs rouge et or. Par contre, elle ajouta avec un sourire qu'elle voulait sympathique « Je dois admettre que j'aime bien savoir à qui je m'adresse, du coup, pardonnez-moi si vous me trouvez curieuse, mais on ne nous a pas dit votre nom quand on nous as transmis l'information sur le départ de votre prédécesseur.  » Elle laissa échapper un petit rire amusé en se rendant compte du détourné qu'elle utilisait pour une question d'une simplicité folle. D'ordinaire, elle interrogeait les gens de bout en blanc, mais comme il ne semblait pas très avenant, elle chercha à le prendre avec des pincettes. Puis finalement, elle se trouvait un peu froide et ce n'était pas ainsi qu'elle obtiendrait les informations qu'elle souhaitait. « Vous comptez nous faire étudiés les sombrals en cours ? A dire vrai, ça me semble un peu difficile vue que je dois être l'une des seules de mon âge à pouvoir les voir. Mais si vous avez une idée derrière la tête, je vous fais confiance.   » Elle se trouvait quelque peu bavarde, elle d'habitude concise. Mais elle ignorait comment mener la conversation. Alors, elle parlait énormément. Mais autant tout dévoiler tout de suite. Ça ne pouvait pas lui faire de mal. Puis la mort d'Aileen était un secret de polichinelle. Alors il pouvait surement savoir que les Macmillan avaient perdu une fille (la sœur jumelle de Lumen) il y a de cela plusieurs années. Elle fouilla alors dans son sac et trouva l'un de ses dessins les plus récents qui montrait un sombral avec son petit. Elle tendit alors son oeuvre au professeur puis l'informa de sa situation : « Comme vous pouvez le voir, je connais leur apparence. Je sais qu'ils sont gentils contrairement à ce que leur physique assez effrayant pour beaucoup démontre. Personnellement, je les trouve majestueux, mais soit. Je sais qu'ils tirent les carrioles après le poudlard express. Qu'ils sont surement plus effrayés par nous les humains que moi je l'ai été quand je les ai découvert durant ma deuxième année. Mais je trouve mes connaissances assez superficielles.    » C'était bien de pouvoir les décrire avec précision. De savoir qu'ils faisaient peur aux autres alors qu'ils étaient tout ce qu'il avait de plus adorables. De plus, quand elle se trouvait en leur compagnie, elle se sentait sereine et en paix. Peut être était-ce ce qu'ils représentaient qui lui faisait cet effet. Elle ne savait trop.

Mais lui apprendre ce qu'elle savait à leur sujet n'était peut être pas suffisant. Peut être que dans le fond, il était curieux de savoir ce qui pouvait l'intéresser. Mais le fait de savoir qu'elle les voyait sans le moindre problème changeait surement la donne. Lumen se disait que peut être remarquerait-il que c'était pour des recherches personnelles, qu'elle était vraiment fascinée et passionnée par ces créatures. Et qu'elle souhaitait en savoir davantage non pas par unique curiosité, mais parce qu'elle éprouvait le besoin de tout savoir. « Ce que je souhaite savoir est assez simple finalement : d'où viennent-ils, que aiment-ils, où vivent-ils, de quoi ont-ils besoin pour vivre ? L'important, l'essentiel et tout à la fois.    » Pour avoir une réponse claire et précise, c'était plus ou moins manqué. En tout cas, c'était une question large. Lumen se sentait proche de ces créatures pour la simple raison qu'ils étaient eux aussi rejetés, comme elle. De puis toujours, ils vivaient plus ou moins la même chose. Les sombrals étaient invisibles aux autres et peut être que cela leur rendait la vie plus facile. Lumen en doutait. Mais dans tous les cas, elle vivait avec la pression parentale, le regard de pitié, de compassion, de mépris ou de dégoût. Elle vivait aussi dans l'ignorance de ses parents. Tout ça, elle connaissait. Et peut être pas les sombrals. Mais la question était avaient-ils une conscience humaine ? Comme elle ? Surement, ils devaient souffrir tout autant qu'elle. « Par contre, ce n'est peut être pas la réponse que vous attendiez.  » Et qu'est-ce que ça changeait au final ? Rien.

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Teruki & Lumen

Il voulait prendre son temps. Et clairement, Lumen n'aimait pas l'idée. Elle préférait prendre ses clic et ses clac plutôt que de partager un  café avec un inconnu. D'autant plus qu'elle supportait mal l'odeur de cette boisson que les gens buvaient comme un jus de citrouille. Elle ne comprenait pas non plus l'intérêt d'en avaler entre deux cours, ou le matin au réveil. Il y avait bien d'autres choses que ça pour s'occuper. Puis fallait dormir la nuit. Alors oui, l'agacement de Lumen se transforma rapidement en frustration. Elle n'appréciait pas vraiment les habitudes de ce professeur qui n'était pas doué de politesse et qui n'allait pas droit au but. Elle lui posait des questions et il trouvait encore le moyen de détourner la conversation à son avantage. Elle inspira profondément, se demandant si elle devait rire ou pleurer.  « Vous savez, si vous ne souhaitez pas m'aider, inutile de prendre des détours. Je ne suis pas en sucre. Je suis tout à fait en mesure d'entendre un non d'un inconnu.  » Après tout, elle ne se vexerait sans doute pas de cela. Elle était assez grande pour comprendre qu'on n'ait pas envie de perdre son temps à expliquer telle chose à une élève hors des cours. Elle rechigna tout de même un peu à poser ses fesses sur cette chaise qu'elle ne voyait pas d'un bon œil. Elle n'avait pas envie de s'accrocher à un espoir vain. Toutefois, en voyant qu'il semblait plus lent à la détente, un peu perdu dans une autre galaxie, elle concéda à lui laisser une chance. Elle n'avait rien contre se montrer un peu patiente un peu, mais il ne fallait pas non plus qu'il mette quinze ans à lui répondre oui ou non. Elle ne supporterait pas qu'il la fasse tourner en bourrique. Toutefois quand il prononça son nom, du moins, il écorcha son nom, elle resta bouche bée par un tel manque d'effort. Et il ne semblait même pas moqueur. Il était véritablement sérieux.  Pas qu'elle le prenne mal, mais son attitude actuelle ne faisait que le faire descendre un peu plus dans son estime.  « Très bien monsieur sans nom.    » Elle ne prit même pas la peine de prononcer son nom puisque de toute façon de son côté, il ne faisait même pas l'effort de dire correctement le sien. Elle eut un rire ironique. « Juste, un petit conseil, Professeur sans nom, je vous conseillerais de vous déboucher les oreilles ou d'aller voir l'infirmière. Il semble que vous avez quelques problèmes pour avec les C et les M. A moins que ce soit des petits problèmes d'incompréhension.   » Bien sûr, elle se moquait de lui, pas méchamment bien sûr. Mais elle voyait évidemment qu'il ne l'avait pas fait exprès. En soit, ce n'était pas grave. Mais c'était l'une des très nombreuses choses qu'elle avait vu. En vérité, c'était un tout qui l'ennuyait. Son manque de politesse, son air absent, voire je m'en foutiste et maintenant ça. C'était beaucoup trop.  « Donc, je disais que je m'appelle LuMen.   »

Après avoir écorché son nom, il se permit de lui demander qui est-ce qu'elle avait vu mourir, quelqu'un qui lui était cher. Elle avala difficilement la salive. Se montrer curieux, c'était une chose, mais être déplacé c'en était une autre. Elle inspira profondément en pensant qu'il venait de réfléchir à la question. Malheureusement, c'était une chose qu'elle ne lui permettrait pas de savoir. Malgré qu'il soit adulte, majeur et vacciné, il n'avait pas le droit de méditer à ce sujet. Elle interdisait quiconque de réfléchir sur sa vie. « J'aime mes parents. Vraiment.  » C'était un mensonge particulièrement convaincant, car dans le fond, elle était tiraillée entre les deux. Entre l'amour et la haine, son cœur balançait. « Et je souhaiterais que vous ne me psychanalysez pas ! Je trouve ça particulièrement inconvenant.    » Dit-elle en le regardant fixement. Elle ne se permettait pas de lui dire ce qu'elle pensait alors, il devrait se taire. « Puis malgré tout le respect que je vous dois, ce que j'ai vécu par le passé ne vous regarde pas. » Et elle était sérieuse. Pour le coup, elle ne laisserait pas passer une telle chose. Si au début, elle trouvait amusant le fait qu'il écorche son nom, il n'avait pas le droit de lui poser des questions sur sa vie personnelle. Et s'il s'agissait d'une réflexion personnelle, autant qu'il la garde pour lui. Entre son questionnement sur le nom de monsieur et ça il y avait une grande différence. D'autant plus qu'elle s'était montrée particulièrement polie en s'excusant malgré tout. Et même avec ses remontrances, Lumen avait usé beaucoup d'effort pour rester calme. Elle ne s'énervait jamais pour un rien. Elle perdait peut être patience, mais jamais son calme.  Alors, elle choisit d'écouter la suite. Il y avait des connaissances dans la bibliothèque. « Oui, mais j'y mets jamais les pieds. Autant que j'aille dans une librairie dans ce cas.  » C'était officiel, il ne voulait pas l'aider. Tant pis. Elle prévoyait d'aller à la librairie de pré au lard. Elle attrapa son dessin qu'elle plia soigneusement pour le ranger dans son sac. Elle reporta son attention sur Teruki Tsuki. Elle lui posait une question simple pourtant. Rien de très compliqué. Pourquoi était-il professeur s'il ne souhaitait pas lui apporter la moindre réponse. Elle se figea ensuite quand il reprit la parole. Pourquoi il lui parlait de ça ? Oh bah c'était surement pas elle qui allait répondre à ça, puisqu'elle se demandait depuis le début pourquoi il tournait autour du pot depuis le début. Elle eut beaucoup de mal à comprendre qu'il disait très clairement qu'elle était dépendante des autres. C'était une belle claque dans la tronche. Et qu'on se le dise, c'était clairement désagréable à entendre. Professeur sans nom ou comment faire preuve de peu de diplomatie. Pourtant, elle voyait bien que ce n'était pas son intention de la blesser ou quoi. Mais là, il allait bien trop loin. Puis il parla de finir son café et qu'elle avait que trente secondes pour choisir si oui ou non. « Si c'est une blague, sachez qu'elle n'est pas drôle.  » Répondit-elle presque immédiatement. Impulsive, ça elle l'était. « Vous savez professeur, votre rôle c'est plutôt de rassurer un élève plutôt que de lui dire que ce qu'il fait n'est pas bien. D'autant plus que je ne suis pas dépendante des autres. C'est la première fois que je pose une question pour mes recherches personnelles à un professeur.  » Elle ne posait pas vraiment de questions d'habitude. Elle avait toujours cherché par elle-même, mais dans l'immédiat, elle n'avait pas trouvé d'autres solutions. Au moins elle saurait pour la prochaine fois que si elle souhaitait des réponses rapides, elle ne devrait pas venir le voir lui.   « Quant à la connaissance du terrain, ça fait plus de trois ans et demi que je les approche, les observe et essaie de découvrir un maximum de choses par moi-même. Et je n'ai toujours pas découvert en étant avec eux leurs origines, désolée, les sombrals ne parlent pas notre langue.  » Puis elle se leva, prenant son sac sur son épaule droite. « Mais je concède à vous suivre. Peut être connaissez-vous une solution pour qu'ils parlent la langue de Shakespeare. Ainsi, ils me diront peut être leur histoire.  » Bien sûr, elle était ironique et cela s'entendait dans sa voix. Finalement la réponse qu'il voulait qu'il lui apporte était celle qu'il donnerait à un cours. Où les avait-on vu pour la première fois ? Y avait-il des auteurs par le passé qui avaient suffisamment étudié ces créatures pour connaitre leurs origines ? Ils n'étaient pas tombés comme ça du ciel. C'était juste cela qu'elle demandait. Pas grand-chose finalement. Elle ne voulait pas faire de ce professeur sa béquille. Ils se connaissaient à peine qu'il insinuait déjà qu'elle voulait qu'il lui apporte tout sur un plateau d'argent.

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Teruki & Lumen

Lumen ne savait absolument pas sur quel pied danser avec ce professeur excentrique, complètement à l'ouest, qui lui proposait toute sorte de choses dont elle n'avait pas besoin. Perdre son temps. Un café. Discuter. Répondre à ses questions. Décidément, il lui demandait beaucoup trop de choses. Et Lumen en avait assez de prendre la tête avec quelqu'un d'aussi incompétent. Parce que c'était le cas au final. Il pouvait être une personne tout à fait sympathique, quand on enseignait, on faisait preuve de dynamisme. Lumen n'avait jamais aimé les limaces, les professeurs mous qui se perdaient eux-mêmes dans leurs discours dépourvus de sens. Pas qu'elle ne l'aimait pas, mais disons qu'il venait de faire très mauvaise impression. Et le fait qu'il ne soit même pas capable de retenir son nom n'arrangeait en rien sa situation. Elle alla même jusqu'à se demander s'il n'avait pas un problème quelque part.    « C'est donc un problème de concentration.   » Elle marqua une pause, disant ceci de façon très sérieuse. Elle le regarda de manière très neutre. Il était impossible de savoir à l'instant si elle le méprisait, l'appréciait ou était totalement indifférente. Lumen n'était pas terre à terre, ni même chiante, mais elle n'aimait pas qu'on se foute d'elle à ce point. Elle souhaitait quelque chose, elle l'obtenait, c'était aussi simple que ça.  « C'est malheureusement très fréquent.   » Puis elle haussa les épaules.

Lumen faillit se mettre en colère quand il pensa fort. Alors c'était ça, une réflexion personnelle. Qu'il soit désolée. C'était pas vraiment le cas visiblement. Elle sentait que même si elle lui disait que cette chose ne le regarde pas, il chercherait forcément à en trouver la cause. Elle l'observa fixement.  « Que vous pensez, c'est un fait  » Soupira t-elle comme si elle était habituée à ce genre d'allusions stupides.  « vous avez tout à fait le droit de vous dire plein de choses à mon sujet. Que j'aie mauvais caractère par exemple. » Lumen acceptait parfaitement l'idée qu'on la trouve chiante, arrogante, bornée, impulsive et parfois débile. Elle s'en moquait. Mais la pitié, il n'y avait rien de pire que ça. La curiosité, il fallait l'avoir à petite dose. S'il avait pensé à voix haute, ça voulait dire que la question l'intéressait vraiment et que dans sa tête, il avait surement repris sa réflexion intense. Et ça elle ne l'acceptait pas.  « J'aimerais juste que vous compreniez que vous n'avez pas à vous poser des questions à ce sujet. Que ce soit dans votre tête, dans une lettre ou en parole. C'est pourtant simple, la curiosité est un vilain défaut. Et il n'y a rien de pire que la pitié. Et si...   » Elle marqua volontairement une pause. Elle ignorait si ce qu'elle allait dire aurait un quelconque impact sur lui, mais il fallait que ça sorte.  « Et s'il y a de la pitié ou de la compassion dans votre regard, je le verrais. Et ça par contre, c'est impardonnable.    » C'était comme l’hypocrisie des gens quand ils lui disaient qu'ils étaient désolés pour sa sœur jumelle, elle avait cette drôle d'impression de venir d'une autre planète. Elle ne supportait pas d'être une bête de foire, qu'on l'observe, qu'on soit désolé pour elle. Voilà pourquoi elle ne disait rien, qu'elle restait mystérieuse sur son passé, parce qu'elle ne supportait pas le regard qu'on posait sur elle quand on savait. C'était plus horrible que tout ces regards pensants et lourds.

Puis, il lui proposa d'aller sur le terrain et lui dit même qu'elle n'apprenait pas grand-chose d'elle-même. Bizarrement, elle prit cela pour une accusation et non comme un test. Elle avait très mauvais caractère, légèrement orgueilleuse et susceptible, elle s'agaça rapidement en l'écoutant parler. On aurait dit qu'elle était coupable d'une chose affreuse et qu'il était son juge. La façon dont il avait de la comparer à une débutante était insupportable. Peut être exagérait-elle la situation. Mais elle pouvait dire sans se tromper qu'elle n'apprécierait jamais vraiment ce professeur qui au lieu d'aider ses élèves les pousser à bout et les rabaisser presque. Lumen Macmillan n'avait jamais été une dépendante de quelqu'un. Elle avait appris très jeune à se débrouiller seule. Et les seules personnes sur lesquelles elle se reposait étaient rares. Et là encore, Lumen n'avait pas tendance à les laisser la juger. Car si ses amis la jugeaient, alors ils n'étaient pas de vrais amis. Voilà longtemps qu'elle était arrivée à une telle conclusion . Willow, Alisson, Olivier ne la jugeaient pas, même Dawn avec laquelle elle avait encore peu causé ne la prenait pas en pitié. Pas qu'ils soient tous insensibles, non, bien sûr que non. Mais ils avaient compris que Lumen n'avait pas besoin de ça et qu’elle avançait malgré tout toute seule. Un jour, peut être, elle ne aurait assez de porter ce lourd fardeau sur les épaules et qu'elle parviendrait à partager ce poids avec quelqu'un d'autre. Mais ce n'était pas encore arrivé. Et elle pleurait rarement, ne se plaignait jamais. Elle restait Lumen, la fille forte visiblement, mais bouffée par sa fragilité. Elle arqua un sourcil, immobile quand il se mit à rire. Eh bien, ça c'était fait.  « Très bien.   » Articula t-elle. Visiblement, son rire n'était pas communicatif, car il ne parvenait pas à la dérider. Il parla ensuite d'une autre gryffondor et d'une poufsouffle. Son visage devint plus neutre, une lueur de curiosité apparut dans son regard.  Bien sûr qu'elle connaissait Faye. Elle savait sans aucun doute de quelle poufsouffle il parlait. Lumen était en cinquième année, elle commençait à mettre des noms sur tous les visages. « Faye a toujours été une gryffondor un peu spéciale, gentille, mais plutôt réfléchie. Mais surtout un brin lunatique.     » La théorie, Lumen n'aimait pas ça du tout. Ca ne lui apportait pas grand-chose.

Les choses sérieuses.. Elle ne dit rien, préférant voir s'il continuait sur sa lancée de professeur un peu taré ou qu'il allait vraiment devenir sérieux. Entre son manque de politesse, le peu d'effort qu'il faisait pour retenir un prénom, sa tendance à prendre son temps, les provocations et enfin le rire -peu contagieux - de ce professeur ne donnaient en aucune façon une idée positive de cet homme sorti de nulle part.  « Vous êtes en train de me dire que vous avez fait tout ce manège pour me pousser à bout et voir si je suis déterminée. Si je viens vous poser une question directement aujourd'hui, ça aurait été pour blablater ? Croyez-moi, il y a peu d'élèves qui perdraient leur temps pour ça. Ils attendraient leur cours de soins aux créatures magiques.   » Lâcha t-elle comme pour lui annoncer qu'il s'était trompé sur toute la ligne depuis le début. Puis elle reprit demandant d'une façon très polie : « Vous savez que c'est très désagréable d'avoir l'impression que quelqu'un se moque de vous, n'est-ce pas ? » Elle secoua la tête, passa une main dans ses cheveux, les désordonnant que davantage. Sa chevelure brune n'avait jamais été très ordonnée et maniable, bien au contraire. Elle croisa ensuite ses bras sous sa poitrine tout en le regardant fixement. C'est qu'il continuait avec l'idée d'aller sur le terrain. Finalement, il n'avait pas tant que ça cherché à savoir si oui ou non, elle était passionnée. « Très bien, je vous suis. » Finit-elle. Elle n'avait jamais été peureuse et ne reculait jamais face à une difficulté. Si elle ne lui faisait pas vraiment confiance, elle savait parfaitement se retrouver dans la foret interdite et dans Poudlard si jamais il ne savait pas où aller.

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