Well my baby she gone, she been gone two night I ain't seen my baby since night before last
Lullaby et Lumen
Assise sur un banc non loin de la cabane hurlante Lullaby regarde la neige tomber sans mot dire. Elle sait que cela fait déjà longtemps qu’elle est là. Elle le sait parce que ses joues sont brûlées et rougies par le froid. Elle le sait parce que ses mains sont glacées et que ses yeux ne voient que l’immensité blanche laissée par la neige. Mais ce n’est pas vraiment important. A vrai dire elle ne sait même pas pourquoi elle est venue à pré-au-lard aujourd’hui. Pour se détendre ? S’amuser ? Non … bien sûr que non. Elle ne sait plus s’amuser Lullaby. Ni rire. Plus vraiment en tout cas. Parfois ça lui arrive. Un léger éclat de rire franchit la surface de ses lèvres gercées et Lullaby s’étonne elle-même. Dès qu’elle comprend qu’elle rit le son s’arrête. Parce que ce n’est pas bien. Parce qu’elle ne devrait plus savoir comment faire. Et que chaque fois qu’elle rit elle trahit un souvenir.
Son souvenir … parce qu’elle aimait l’entendre rire … Elle.
Alors généralement elle se tait. Et même quand elle rit c’est avec difficulté. Le son sort cassé de sa bouche comme celui d’un instrument dont on n’aurait pas joué depuis bien trop longtemps. Et à peine quelques secondes plus tard elle se mord la langue. Fait comme si rien ne s’était passé. Comme on essaye de cacher une bêtise tout en sachant pertinemment que c’est vain. Un comportement un peu enfantin. Mais c’est tout Lullaby ça. Pourtant ça lui manque de rire. D’être insouciante. Mais sans Althéa ça sonnerait faux. Parce que même avant elle ne riait qu’avec elle. Il faut dire qu’elle avait quelque chose Althéa. Quand elle riait tout le monde l’accompagnait. Incapable de faire autrement. Parce qu’elle était solaire Althéa. Particulière. Et Lullaby baisse la tête renfonce son bonnet blanc sur ses cheveux bruns et serre ses genoux contre sa poitrine en posant son menton dessus.
Comme une enfant. Encore. Toujours. Elle penche sa tête sur le côté et laisse ses cheveux se répandre comme une masse de satin sombre. Elle voudrait rester encore un peu plus longtemps. Elle aime regarder la neige tomber Lullaby. C’est apaisant. Comme une promesse de pardon. Comme si les flocons blanc pouvait laver toute la laideur de ce monde pour la remplacer par une immensité de pureté. Bien sûr ce n’est qu’une utopie. Mais c’est tout de même une pensée agréable. Soudain Lullaby frissonne violemment. Il est temps de partir. A moins qu’elle ne veuille geler évidemment. Lentement Lullaby se relève. Et avec un soupire de regret part sans se retourner. Elle n’a pas envie de parler. Pas envie de voir du monde aujourd’hui. Mais si elle veut se réchauffer aux Trois balais elle le doit. Une grande partie des élèves sont de sortis. Normal un dimanche à la réflexion. Lullaby secoue la tête et rentre son menton dans son épais manteau d’hiver. Elle peut toujours prétendre de n’entendre personne. Ou bien ….
Un léger sourire se dessine sur le doux visage de Lullaby. Il suffit d’aller à la tête de sanglier. Une grande partie des élèves se refusent à aller là-bas à cause de la réputation malfamée de l’endroit. Sauf qu’elle s’en moque Lullaby. D’abord parce qu’Althéa l’y a déjà emmenée. Et ensuite parce que plus rien n’a d’importance. De toute façon ces derniers temps elle s’y rend de plus en plus souvent … Alors d’un pas plus guilleret elle se dirige vers le bar sinistre. Une fois arrivée elle se contente d’ouvrir la porte sans perdre de temps à s’intéresser à la crasse de l’endroit. De toute façon ici rien ne semble jamais avoir changé. Sans doute qu’il y a cinquante ans le bar était exactement le même ! Rapidement Lullaby va s’asseoir dans une table d’angle au fond. Juste dans l’obscurité. L’endroit ou elle appartient au final. D’un geste elle fait signe au serveur. Celui qui la reluque toujours. Lui elle s’en moque. Mais uniquement parce qu’il lui sert son alcool. Alors au bout d’un verre ou edux elle finit par ignorer son regard libidineux. Plus simple.
« Un verre de whisky pur-feu ». Ni bonjour. Ni merci. Mais ici Lullaby n’a pas besoin d’être polie ou de sourire. Elle juste besoin de mettre son argent sur la table en partant. Et c’est reposant. Enfin le serveur lui apporte son verre de liquide ambré et un mince sourire étire ses lèvres. Pas pour le serveur. Pour le verre. Elle boit sans doute trop Lullaby. Seulement voila l’alcool c’est simple. L’alcool permet d’oublier. Alors c’est bien non ? En tout cas elle n’a pas à réfléchir quand elle boit Lullaby ; Juste à ressentir la légère brûlure de l’alcool au fond de sa gorge et l’indifférence bienheureuse qu’il apporte. Seulement voila. Au moment ou elle commence à se détendre la porte s’ouvre et Lullaby soupire. Parce que la silhouette qui s’encadre dans la porte est celle de Lumen. Et elle aime beaucoup Lumen Lullaby. Mais aujourd’hui elle n’a juste pas envie de parler … est-ce si dur à comprendre ? Pourtant elle ne veut pas la blesser. Pas Lumen. Alors elle colle un sourire factice sur son visage Lullaby et plante ses grands yeux bleus dans ceux de Lumen. « Salut. Qu’est-ce que tu fais ici ? » Elle marque une pause soudain méfiante. « Après tout je n’avais pas vraiment l’impression que c’était ton genre d’endroit … je me trompe ? » Parce qu’elle n’aimerait pas que Lumen soit là à cause d’elle. Pas du tout.
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HJ : je suis partie du principe que Lumen a vu Lullaby dehors et l'a suivie ♥
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CŒUR DE LIONNE
+ SORCIER DEPUIS LE : 23/08/2012 + PARCHEMINS : 5770
Lullaby & Lumen L'illusion est la première apparence de la vérité.
Il faisait froid et Lumen tremblait. Elle regardait la neige tombait sur ses mèches brunes légèrement bouclées. Elle mit donc son écharpe autour de son cou et mit ses mains dans ses poches. Ses dents claquaient et le bout de son nez rougissait à cause de la température basse. Elle n'aimait pas tant que ça l'hiver, ni même les fêtes de fin d'année. Pour elle, noël n'était qu'une fête commerciale et non familiale. Elle aimerait parfois que cette saison ne se passe pas, que cette saison disparaisse du calendrier au même titre que le mois de décembre. Décidément, elle ne trouvait vraiment pas d'intérêt à cet hiver glacial, qui pourtant réchauffait le cœur de tant d'enfants , de tant d'adultes et de famille. En tout cas pour elle, ça lui passait totalement par dessus la tête. « De toute façon, l'hiver, c'est ignoble. » Murmura t-elle en avançant dans les rues et entrant dans différentes boutiques. Elle passa par la boutique de farces et attrapes, nommée Zonko, mais aussi une autre tout aussi incontournable, la boutique de friandises : Honeydukes. Elle prit deux ou trois paquets de chocogrenouille et trois ou quatre plumes en sucre. Elle ne raffolait pas des friandises, mais malgré tout ce qu'on pouvait le sucre ça plaisait toujours comme aux grands et petits. Elle ne croisa personne qui lui sembla important. Après tout, pourquoi l'idée d'aller à Pré au Lard lui était passée par la tête ? En sortant de la dernière boutique, son regard se posa sur une fille qu'elle connaissait bien : Lullaby, cette serdaigle qu'elle comprenait très bien. Elle aussi avait perdu sa sœur jumelle, seulement Lulla, c'était vraiment très récent et elle avait davantage besoin d'une confidente que la gryffondor. Elle arqua un sourcil tout en l'observant se diriger vers la tête du Sanglier. Drôle d'endroit dis donc. Lumen choisit donc de la suivre pour l'empêcher de faire une connerie. La tête du sanglier était un lieu peu fréquentable pour des élèves de Poudlard et elle doutait que le barman empêcherait une gamine de 18 ans de boire davantage. De toute façon, la confiance de Lumen en ces adultes viles et opportunistes était quasi nulle. la brune n'offrait pas sa confiance comme cela, hormis à l'égard de certains professeurs, comme Fox Selwyn, l'enseignante de défense contre les forces du mal, la matière préférée de Lumen, la seule matière dans laquelle Lumen ne dormait pas, n’embêtait par le cours ou faisait de bêtises. Eh oui, la gryffondor s'ennuyait rapidement. Bref, Lumen craignait pour Lullaby et sa capacité à tenir l'alcool. Elle l'imaginait déjà tomber la tête la première dans la neige ou une connerie comme ça. Bon maintenant, il suffisait de trouver une bonne excuse pour entrer dans ce pub mal famé, mais au pire elle improviserait au moment venu. Elle entra donc dans ce bar : la Tête du Sanglier et Lullaby était un peu l'une des seules clientes. Au comptoir, il y avait deux mecs, les cheveux en pétard qui la regardèrent style "voilà de la chair fraîche". Lumen haussa un sourcil, mais ça ne lui faisait pas si peur que cela. Elle éviterait juste soigneusement ces deux gars, n'ayant pas la moindre envie de montrer de quel bois elle se chauffait. Elle reporta donc son attention sur Lulla qui se força à sourire. Elle l'avait vu sourire et pour tout dire Lumen connaissait l'hypocrisie, depuis le temps. Ses parents avaient bien tenté quelques fois de se montrer ravis pour leur fille, ou fiers, sans grand succès. Elle pencha légèrement la tête sur le côté, plaça une mèche rebelle derrière son oreille et lentement, mais surement, s'approcha de Lullaby. Cette dernière la salua. « Bonjour Lulla. » Dit-elle alors en s'installa à côté d'elle. Elle lui fit un sourire quelque peu forcé. Elle eut ensuite un léger rire quand elle lui dit que ce n'était pas vraiment l'endroit où elle pensait la trouver. « Parce que tu crois que j'ai un genre d'endroit ? » Demanda t-elle tout en souriant, un faible sourire qui découvrit légèrement ses dent blanches. Elle planta son regard bleu dans les yeux de Lullaby. « C'est mal me connaitre. » Ajouta t-elle d'une voix douce, calme et basse. Elle avait dit cela dans un murmure, mais pas de manière à montrer sa crainte, c'était davantage un murmure sur d'elle. Oui, c'était ça, elle donnait sincèrement l'impression d'avoir confiance en elle . Pourtant, elle ne supportait pas cet endroit où les oreilles traînaient. Le barman vint vers elles pour demander ce que Lumen voulait. « Comme mon amie, s'il vous plait. » Il parut se figer, un peu perdu. Lumen arqua un sourcil. Il devait recevoir si peu de clients qu'il en restait toujours bouche bée. Lumen lança un léger regard au verre de Lulla. « Un whisky pur feu. » Fit-elle comme pour l'aider. Elle reporta son attention sur son amie et reprit toujours souriant doucement. « Comme tu peux le voir, il fait froid dehors, j'ai fait le tour des boutiques, mais je me voyais mal aller aux trois balais. C'est toujours plein là-bas et je ne supporte pas vraiment le bruit de ces endroits. D'ordinaire, je reste à l'extérieur, tu le sais bien. Mais je n'allais tout de même pas rester des heures dans le froid. Du coup, je me suis dit que la Tête du Sanglier, c'était mieux que rien. » Finalement, elle ne mentait pas tant que cela. Puis elle ajouta : « Je pourrais te retourner la question. Je ne pensais pas que tu fréquentais ce genre d'endroit toute seule. »
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Lullaby et Lumen
Lullaby laisse ses doigts courir le long de la surface froide de son verre de whisky. Une attitude faussement nonchalante qu’elle emploie de plus en plus souvent ces derniers temps. Pour faire semblant. Faire croire à ceux qui l’entourent que tout va bien. Mais évidemment en ce qui concerne Lumen c’est tout de même plus difficile de mentir. Parce que Lumen elle sait elle. Elle connait la douleur de perdre sa moitié. D’avoir une partie de son âme arrachée. Alors sans doute que Lumen comprends que Lullaby ment. Que Lullaby triche avec des sourires hypocrites et des regards pleins de faux-semblants. Ce n’est pas qu’elle veut être cruelle Lullaby. C’est même plutôt le contraire. Elle feint la joie et l’apaisement devant les autres parce qu’elle ne veut pas de questions indiscrète de la part d’inconnus, et pas non plus de regard de pitié de la part de ses amis. E lle aime les rares qui lui reste bien trop pour les ennuyer avec un deuil qu’ils ne peuvent ni comprendre ni porter à sa place. Ce n’est pas de leur faute. Parce qu’ils essayent. Mais ils ne peuvent rien faire. Pas même Lumen. Lumen qui comprends pourtant sa souffrance puisqu’elle à également perdue un jumeau. Mais la douleur est quelque chose que l’on ne peut enlever. Que l’on ne peut guérir. Seul le temps l’efface. Mais perdre sa moitié est quelque chose que même le temps ne peut apaiser. Elle le sait Lullaby. Alors c’est sa manière à elle d’être altruiste Lullaby. Faire semblant que tout va bien pour leur épargner la souffrance de la voir telle qu’elle est vraiment.
Comme une morte qui respire encore …
C’est le mieux qu’elle puisse faire. Sans doute n’est-ce pas assez. Après tout elle à bien trop souvent les yeux dans le vague et les lèvres tordues par une moue de douleur pour que quelqu’un puisse réellement croire en son petit mensonge. Mais même si Lullaby à toujours été bonne actrice lui demander de cesser de souffrir c’est lui demander d’effectuer une performance bien au-delà de sa portée. Même pour un instant. Même pour quelques secondes. Mais sans doute n’est pas plus mal. Sa souffrance lui rappelle qu’elle est en vie. Qu’elle doit continuer à avancer et surtout, surtout ne jamais oublier. Comme un serment marqué en lettre de feu dans sa chair frémissante. Une promesse faite de sang et de larme qu’elle ne pourra jamais briser. Sans doute est-ce triste de penser que Lullaby fait tout pour garder sa douleur intacte comme au premier jour simplement par peur d’oublier qu’Althéa existait. Sans doute est-ce également terrifiant … parce que c’est lorsque l’on sait cela que l’on comprends la véritable influence d’Althéa sur Lullaby. Une domination totale et sans merci.
Lullaby relève lentement la tête du liquide ambré et hypnotisant qui danse dans son verre pour poser ses immenses yeux bleus dans ceux de Lumen. Un petit sourire aussi faible que sincère vient se poser sur ses lèvres pendant quelques secondes. « Je dois avouer que oui. Quelque chose de convivial ». Elle tourne la tête et désigne du menton l’endroit qui les entoure. « Moins louche. Moins sale aussi à dire vrai. » Car l’endroit est répugnant de saleté. Sans doute est-ce également pourquoi LUllaby l’aime. Il lui rappelle la même salissure qui s’est emparée de son cœur et de ses rêves. De la crasse à l’état pur pour souiller son âme. Ici personne ne lui demande qui elle est. D’où elle vient. Alors oui quand elle vient ici Lullaby craint toujours les regards répugnants qui dessinent les courbes de son corps en oubliant soigneusement son visage et ses yeux pleins de souffrances. Mais elle finit toujours par les oublier dans les volutes d’alcool qui effacent tout sur leur passage. Et ici pas de chichis. Pas de questions. On ne lui demande pas pourquoi une jolie étudiante comme elle vide verre sur verre.
Non. On se contente de lui demander de l’argent avant qu’elle ne soit complètement ivre. Mesure de précaution instaurée par la direction. On paye avant. Plus simple. Lullaby lève un sourcil en voyant la commande de Lumen. « De l’alcool ? TU ne va pas donc pas me réprimander pour ma … « consommation excessive » ? » Les guillemets sont présents dans sa voix. Parce que Lumen ne serait pas la première à lui dire qu’elle boit trop. Et sans doute pas la dernière non plus. Mais Lullaby en marre des réflexions. Et puis Lumen peut comprendre non ? Lumen est toujours plus … plus quoi ? Calme ? Compréhensive ? Douce ? Tout ça à la fois certainement … en tout cas quand on vient à LUllaby du moins. Peut-être est-ce pour cela qu’elle prend soudain une gorgée insolente. Pour savoir combien de temps Lumen tiendra avant de l’abandonner … exactement comme tous ceux qui ont ensuite baissés les bras. Excédés. Lullaby hausse les épaules. Regarde Lumen. « C’est vrai … les trois balais est un lieu insupportable. D’autant plus qu’on ne s’entend pas parler. Le fond sonore est composé de piaillements. » Mesquine Lullaby ? Bien sûr. Dès qu’elle boit. Dès qu’elle est triste. Souvent. C’est la part d’Althéa qu’elle a pris à sa mort. Et elle la cultive. C’est un peu d’elle. Alors elle aime cette colère qui n’est pas la sienne comme un précieux cadeau.
Pourquoi venir ici ? Pourquoi pas ? Lullaby fait doucement glisser son doigt de long du verre. Mutine soudainement. « Il n’y a pas de bruits. Pas d’amis ». Elle se pince les lèvres en disant cela . Elle ne part de Lumen qui l’a déjà vue dans ses pires moments mais des autres qui ne connaissent pas vraiment sa part sombre. « Et puis on ne me pose pas de questions … c’est plus simple pas vrai ? ». Elle sourit soudain. Froidement. » Et surtout je peux boire autant que je veux sans difficulté. Pas mal non ? ». Un petit rire cynique lui échappe. « Donc … tu ne me suivais pas n’est-ce pas ? « . Vilain question … non. Lumen la connait. Lumen l’accepte. Lumen ne dira rien.
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CŒUR DE LIONNE
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Lullaby & Lumen L'illusion est la première apparence de la vérité.
Que Lullaby essaie de lui mentir avec ce sourire faussement ravi ne la dérangea pas plus que cela. Elle ne savait pas trop ce qui se passait dans la tête de son amie au moment précis où elle lui parlait, mais elle le saurait bien tôt ou tard. Pour le moment, Lumen voulait surtout l'empêcher de faire une connerie en cette douce journée d'hiver. Et connaissant suffisamment Lullaby, elle savait parfaitement que c'était le genre de chose qui pourrait arriver. Lumen eut un léger sourire quand elle lui répondit. C'était le moins que l'on puisse dire : chaleureux et propre, tout le contraire de ce bar dans lequel la gryffondor aurait aimé ne pas mettre les pieds. C'était le genre d'endroit qui lui filait des frissons rien qu'au nom, mais Lumen était courageuse, voire téméraire et n'avait peur de rien, enfin presque, mais là peu de personnes le savaient. « Hum, moins sale, ce serait un minimum. » Dit-elle comme si elle accusait le barman de ne pas faire attention à son enseigne. De toute évidence, le peu de clients ne poussait pas les propriétaires à faire un minimum d'effort pour avoir meilleure réputation. Et c'était pathétique, tellement pathétique. Et cette attitude lui donnait envie de vomir tellement c'était irrespectueux, autant auprès des clients que pour le matériel et pour eux mêmes d'ailleurs. Cela montrait le peu d'intérêt et d'estime qu'ils avaient pour leur pub.« T'en as pas marre de coller une étiquette à tout le monde ? Tu sais aussi bien que moi que je passe le plus clair de mon temps à l'extérieur. Alors que l'endroit soit chaleureux ou pas, ou fréquentable ou non, je m'en fous royal, tant qu'il y a des fenêtres et que je peux voir l'extérieur.» Par contre, il fallait reconnaître que la gryffondor venait de se montrer assez dure. Mais même Lullaby ne pouvait pas la juger, ni même se vanter de la connaitre un tant soi peu. Les gens n'étaient pas fait pour être dans tel endroit ou pour faire telle chose. Les gens pouvaient être surprenants, tellement surprenants et il ne fallait pas être surpris si Lumen n'acceptait pas le fait d'être jugée sur telle base. Car même si la saleté, la tête horrible du barman et le nom pourri du bar, elle serait venue un jour ou l'autre. Lumen haussa un sourcil quand Lullaby parla du taux d'alcool dans son sang et qu'elle continuait à boire comme un trou. Elle aurait tellement aimé l'aider, être capable de la tirer de là, de lui montrer que noyer son chagrin dans l'alcool ce n'était pas une bonne idée. Elle aurait voulu trouver les mots. Mais elle ne pouvait pas Lumen, pour la simple et bonne raison qu'elle comprenait. Elle comprenait mieux que personne la douleur qu'on pouvait ressentir d'avoir perdu une sœur jumelle. Elle savait exactement ce que la mort infligeait au cœur et à l'âme. A jamais, une vie était détruite après cela. Car après tout elles étaient quoi Lullaby et Lumen ? Juste l'ombre d'elles-mêmes. Lumen tentait de faire bonne figure, de mentir aux autres, de ne pas parler de sa souffrance, de sourire et de survivre. Elle essayait de connaitre la joie d'une adolescente normale. Pourtant, elle n'était qu'une façade et voilà les barrières tombaient immédiatement au contact de Lullaby. « Et si je te le disais, qu'est-ce que ça changerait ? » Demanda t-elle en arquant à un nouveau un sourcil, sceptique, peu optimiste à l'idée que cela aide Lullaby. « Aux dernières nouvelles, je ne suis pas ta mère, seulement ton amie. » Ajouta t-elle toujours sur le même ton tout en soupirant. Elle ne savait pas quoi lui dire, pourtant, elle parlait, elle trouvait des mots qu'elle alignait pour former des phrases. « Si tu savais le nombre de personnes que j'ai pu croiser qui boivent comme un trou et auxquelles je ne dis rien, parce que je sais pertinemment que malgré tout ce que je pourrais dire cela ne changerait rien. Alors non, je ne vais pas te réprimander, ni t'engueuler. T'es assez grande pour savoir ce que tu as à faire. » Et pas une fois, elle n'avait levé le ton. Elle n'était pas exaspérée, non, elle comprenait. Combien de temps, elle tiendrait ? Longtemps sans doute. Ce n'était pas la première fois qu'elle la croisait boire un verre. Elle pensa ensuite à Calixte qu'elle avait vu à deux reprises dans le même état, mais ces deux fois-là, elle n'avait rien dit sur l'alcool. C'était sur le fond qu'elle avait tenté de dire quoique ce soit. Alors du liquide qu'il y avait dans son verre, une première gorgée. Par chance, Lumen savait parfaitement se maîtriser.
Elle hocha la tête quand Lullaby parla des trois balais en ces termes. Lumen le pensait vraiment. Elle soupira une nouvelle fois avant de prendre la parole à son tour. « C'est en partie pour ça que je n'y vais pas et que je préfère rester dehors. » Mentait-elle ? Pas vraiment à dire vrai. Elle en avait marre de cette fiche claustrophobie. A chaque fois qu'elle avait suivi des amis dans cette auberge, ils l'avaient emmené quelque part loin des fenêtres et avec le monde qu'il y avait, elle avait eu cette impression d'être enfermée. Alors oui, sa claustrophobie entrait encore en ligne de compte là dedans. Cela l'empêchait aussi d'aller en boit de nuit comme les moldus de son âge et pire encore dans la bibliothèque de Poudlard si grande, dont les étagères touchaient presque le plafond. Lumen lui retourna alors la question. Ce n'était pas son genre d'endroit, ou du moins que trouvait-elle de si intéressant à ce pub mal fichu ? Calme... une manière neutre de dire sans vie, sans âme. Pas d'amis ? Lumen aurait pu le prendre pour elle. Elle aurait du peut être, mais elle ne s'en vexa pas. Depuis le temps, elle connaissait assez bien Lulla pour dire qu'elle était assez maladroite parfois quand elle voulait dire quelque chose. Elle la laissa continuer alors. Et Lullaby donna des arguments peu convaincants, pas de question et possibilité de boire à volonté. Oh génial, pensa t-elle. A croire que la serdaigle était devenue une alcoolique avec le temps. Et l'entendre dire des choses pareilles, c'était terrible. Et elle termina enfin sur la même question.... La suivait-elle ? N'avait-elle pas déjà répondu à cette interrogation ? Cela ne suffisait-il pas ? « Te suivre ? Tu me prends pour ton toutou ou quoi ? » Demanda t-elle en ouvrant grand les yeux comme si elle venait d'entendre la plus grande absurdité du monde. Cette question n'avait pas lieu d'être. Elle roula des yeux et avala une seconde gorgée de son verre. « Tu sais qu'à cette heure-ci, la plupart des élèves est en train d'acheter des friandises pour les bouffer gaiement dans leur dortoirs ? Tu sais qu'ils sont en train de faire une bataille de neige, ou à faire un bonhomme de neige ? Tu sais sans doute aussi qu'ils sont tous heureux et que nous... nous sommes là à partager un verre dans le pub le plus mal fréquenté de pré au lard ? Et finalement, tu sais que noël, c'est de la merde, que j'en ai rien à faire de la neige, des fêtes et des friandises ? Tu sais aussi que le bonheur, j'y ais pas le droit, tu le sais ça pas vrai ? » Pourquoi elle disait tout ça ? Lumen ne le savait pas elle-même, mais peut être l'agacement. Mais elle voulait en venir quelque part et elle allait le dire clairement. Elle poussa un soupir, passa machinalement une main dans ses cheveux et reporta son attention sur Lulla. Elle l'observa fixement, plongeant son regard dans ses yeux. « Et je t'assure que je préfère être là à échanger des banalités avec toi dans un bar miteux plutôt que de faire toutes ces conneries avec ces personnes qui ne connaissent que joie et bonheur. Alors arrêtes de penser que je suis là seulement parce que tu y as mis les pieds. » Elle marqua une pause avant de reprendre plus doucement « Je dois faire semblant avec eux. » Et elle en avait marre de faire semblant, tellement marre. Elle se cachait, même si elle était courageuse, mais dans le fond, c'était elle la fille souriante, rebelle, qui affrontait la colère de ses parents. Seulement lors des fêtes de fin d'année, elle se forçait à faire semblant. Le mois de janvier lui rappelait sans cesse que sa jumelle ne vivrait plus ça et qu'elle aussi d'ailleurs. Car cela faisait longtemps qu'elle ne faisait plus des batailles de neige avec des gens qu'elle aimait...« Donc, je bougerais mon cul de cette chaise juste lorsque tu en auras marre de boire ce whisky et que tu réaliseras que ce n'est pas le bon moyen. » Elle n'avait guère besoin d'en dire plus. Elle comprendrait très bien comme une grande.
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Lullaby et Lumen
Ses doigts tapotent doucement la surface de bois de la vieille table. Son regard dessine nonchalamment le visage de Lumen et ses émotions. Tout un monde. Quand elle est avec Lumen, Lullaby se sent bien. Généralement. Lumen est particulière. Si particulière. Elle a cette manière unique de comprendre Lullaby et pourtant de la secouer dans le même temps. D’accepter ses défauts mais de la pousser à être meilleure. Alors avec Lumen elle ne sait jamais trop à quoi s’attendre Lullaby. Parfois elle ne veut rien d’autre que se blottir contre elle. D’autres fois elle refuse et ne veut rien d’autre que la faire fuir. La pousser le plus loin possible. Etrange pas vrai ? Peut-être parce qu’elle sait qu’elle peut compter sur Lumen. Alors elle s’amuse de manière cynique à tenter de voir jusqu’où elle pourra aller avant que Lumen ne l’abandonne …
Comme les autres …
Un petit sourire se peint sur les lèvres de Lullaby. Mais sans atteindre ses yeux. Eux, restent mornes et froids. « Impossible … le nettoyer apporterait des clients autre que des alcooliques … le patron ne le supporterait pas enfin ! »Et d’un geste désinvolte Lullaby lève son verre vers le comptoir, s’attirant simplement des regards interloqués. Un minuscule rire lui échappe. Si stupides. Lullaby s’en moque de la saleté elle. Au contraire. Si cela fait fuir ses condisciples de Poudlard elle ne peut qu’en être heureuse. La paix est si compliquée à trouver lorsque l’on vit au château. Trop de monde. Trop de bruit. Trop de jugements aussi. Et Lullaby en a marre. Alors ici c’est un peu son havre de paix. Crasseux. Remplis de gens avec des regards lourds et de trop mauvaises intensions. De rire gras et de gestes malsains. Mais au moins elle est tranquille. Parce que personne n’ose l’ennuyer. On se contente de se moquer. De la regarder. Mais personne ne dit un mot. Et c’est tant mieux.
« C’est vrai …bien que finalement je doute que tu puisse voir vraiment l’extérieur avec la couche de crasse sur ces fenêtres … » Le ton est rieur. Presque léger. Bien loin de ce qu’elle ressent au fond d’elle-même. Mais elle essaye de ne pas penser en cet instant Lullaby. Parce que cela ne lui servirait à rien. Ressasser les mêmes souvenirs encore et encore jusqu'à ce qu’ils ne possèdent plus ni couleur ni substance ne parait pas vraiment utile. Alors encore une fois elle essaye de faire comme si rien ne se passait. Elle ne relève même pas le ton sec de Lumen. Elle est bien au-dessus de ça en cet instant Lullaby. Perdue dans propre douleur et son marasme intérieur. Elle parle. Elle bouge. Mais sans vraiment ressentir quoi que ce soit d’autre que cette peine qui la détruit de l’intérieur. Alors la tonalité de voix colérique de Lumen … elle s’en moque. Cruel de dire cela peut-être … mais si vrai. Elle se moque de tout Lullaby … et de tout le monde …
Elle prend une petite gorgée de whisky Lullaby. Laisse doucement le liquide ambré couler au fond de sa gorge et savoure la légère brûlure de l’alcool. Le doux étourdissement qui vient avec et la coupe un peu plus de sa réalité. Tellement plus simple. « Rien … ça ne changerait absolument rien. Mais soyons francs ce n’est pas parce que dire quelque chose ne changera rien que l’on se tait … tout serait bien plus simple dans ce cas. » Et Lumen ne peut pas jeter la première pierre après tout … qui n’a jamais tenté d’arrêter quelque chose tout en sachant pertinemment que cela ne serait pas possible ? C’est humain. Profondément. Mais si Lullaby veut se détruire cela ne concerne qu’elle pas vrai ? Et visiblement Lumen le comprends aussi. Du moins un peu. Elle ne peut s’empêcher de hausser un sourcil. « Comme ça je ne suis pas la seule de tes amis à apprécier un verre de trop ? Je suis curieuse… » En réalité elle ne l’est pas. Pas vraiment du moins. Elle dit cela pour ne pas laisser la conversation dériver. Mais elle s’en moque.
Elle flotte dans un monde d’indifférence Lullaby. Ne se concentre plus sur grand-chose. Mais elle relève tout de même ses grands yeux bleus pour les planter dans ceux de Lumen. « Certes pas … je ne te prendrais jamais pour un chien. Je pensais que cela partait d’une bonne intention … même si tu sais ce qu’on dit sur les bonnes intentions. » Que l’enfer en est pavé. Elle ne prononce pas la fin de la phrase Lullaby mais celle-ci flotte dans l’air comme un douloureux rappel du fait que Lullaby ne croit plus en personne. Qu’elle s’isole et déteste le monde entier parce qu’ainsi c’est plus simple de continuer à vivre. Lullaby renverse soudain sa tête en arrière , laissant couler ses longs cheveux châtains contre la courbe de sa gorge. Elle se rencogne dans son siège et retourne à Lumen. Un éclat de gravité dans les yeux. Comme si pour la première fois depuis le début de la conversation elle s’intéressait enfin à ce que disait Lumen.
« C’est faux … j’ai toujours pensé que peu importe ce qui arrivait on se construisait son propre bonheur. Mais tu es comme moi. Tu choisis de ne pas être heureuse … » Car oui c’est ainsi qu’elle voit les choses Lullaby. Un jugement cruel sans être mauvais. Mais Lullaby est consciente qu’il y a chaque jour des gens qui se relèvent des pires épreuves. Avec douleur et peine certes. Mais ils le font tout de même. Lullaby sait qu’elle n’est pas la seule à être née sans père. A avoir eu une mère au comportement destructeur. Qu’elle n’est pas la seule à avoir perdu un frère ou une sœur. Que d’autres arrivent à avancer et à être heureux avec des fardeaux bien plus lourds. Alors oui Lullaby tremble et s’effondre. Mais elle sait aussi que c’est en grande partie sa faute. Pour ne pas avoir su se relever. Lullaby hoche la tête. Lentement. « Faire semblant je connais … parfois je ne sais même plus reconnaitre ce qui est vrai et ce qui est faux dans ce que je dit. » Lullaby vide son verre lentement et fait signe au barman d’en apporter un autre. Ce qu’il fait avec empressement. Lullaby regrette un peu de s’être confiée de cette façon à Lumen. Mais un peu seulement. Car finalement cela fait du bien. Elle se sent quelque part soulagée d’avoir dit ce qu’elle pense vraiment.
Mais un petit rire cynique lui échappe quand Lumen murmure sa phrase. « Mais je le sais déjà … je ne suis pas idiote … seulement ... » Elle marque une pause Lullaby incapable de continuer, de la douleur pure au fond des yeux. Une détresse que l’on ne peut manquer. Presque belle dans toute sa pureté. Sa main vient doucement tirer une de ses mèches de cheveux comme pour se donner du courage. « Seulement donne-moi une seule bonne façon d’oublier … est-ce que tu le peut ? Juste une.» Elle sait que non Lullaby. Elle pense que non. Parce qu’il n’y a jamais aucun moyen d’oublier. On peut seulement vivre avec … mais voila elle ne veut pas vivre avec Lullaby. C’est là tout le problème.
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Lumen Macmillan
CŒUR DE LIONNE
+ SORCIER DEPUIS LE : 23/08/2012 + PARCHEMINS : 5770
Lullaby & Lumen L'illusion est la première apparence de la vérité.
Lumen éclata de rire. Ce n'était pas un rire amusé, mais forcé. Elle avait bien du mal à imaginer ce pub avec des clients, hormis quelques pèlerins par ci par là, des mecs à moitié bourrés, détruits par la vie, perdus dans leurs ténèbres, abandonnés de tous et hantés pour la plu part par les fantômes de leur passé, un peu comme Lullaby. Le souvenir de sa sœur jumelle la tourmentait, la tuait à petits feux, si bien qu'elle voulait oublier. Se noyer dans l'alcool n'était pas une solution, mais comment l'expliquer. « Même propre c'te endroit n'aura jamais d'autres clients. Le barman, le nom, la façade, rien ne donne envie d'entrer ici. Et même si des gens venaient ici, ils s'enfuiraient en courant. » Elle disait vrai. Les gens auraient du mal avec le barman et les habitués. Ce n'était pas agréable ici, les meubles affreux, dépourvus de charme faisaient la moitié du boulot de toute façon. « Mais c'est cette même poussière qui peut rendre malade pas mal de personnes. » Comme si cela justifiait son envie de voir ce lieu un peu plus propre. Passer le balai ne coûtait rien. Mais Lullaby se moquait de cela, comme ce qui pouvait dire Lumen. Elle donnait parfois l'impression que seule sa souffrance comptait, existait et que les autres disparaissaient petit à petit de sa vie. C'était dans ces moments-là que Lumen la trouvait, si souvent comme si elle était abonnée à cet état d'esprit. Peut être parce qu'elle même souffrait du même mal. « C'est déjà pas mal, je me sens pas enfermée ici et il n'y a pas trop de monde. » Pour ne pas dire personne, mais elle se retint de dire davantage. Fuir le monde était une chose qui lui arrivait aussi des fois, mais elle détestait ce qu'elle devenait dans ces cas-là. Elle haïssait le fait de vivre dans la douleur, ça faisait longtemps qu'elle vivait avec. Huit années. Huit années à se demander pourquoi elle ? Pourquoi est-elle partie ? Elle savait aussi que c'était la question qui hantait ses parents et ça lui faisait d'autant plus mal. Même en le pensant, ils ne devaient pas le montrer.« Mais je ne suis pas comme tout le monde. Je ne fais jamais rien comme tout le monde. Je sais me taire quand il le faut. » Humain de dire ce qu'on pensait dans l'espoir que cela changerait quelque chose ? Alors était-elle encore humaine ? Dans son cœur du moins. Pouvait-on encore la qualifier d'humaine ? « Alors, je ne suis plus humaine, depuis longtemps. » Cela ne semblait pas la déranger. Pas plus que l'indifférence de Lullaby à son égard. Pas plus que son habitude à boire un verre de trop et de dire les plus grands absurdités du monde. Elle tiqua ensuite sur le mot curieuse. Se moquait-elle encore une fois ? Lumen le pensait. « Je n'ai jamais parlé d'amis. » Et le quelqu'un en question n'était pas un ami, du moins, elle avait du mal à le ranger dans un groupe, à le mettre dans une catégorie. Elle dirait plutôt... une personne qu'elle apprécie. « Et même si tu voulais vraiment en savoir davantage, je ne te dirais rien Lulla. » Elle ne pouvait pas être sure que la serdaigle était curieuse, de plus, jamais elle ne trahirait quelqu'un qui s'était trouvé dans un piètre état comme celui-ci. D'autant plus qu'elle apprenait vraiment des choses moches quand elle le trouvait comme cela.
Une bonne intention ? Mais qu'entendait-elle par-là ? « Alors dans ce cas, ne me poses pas cette question et sois plutôt ravie que quelqu'un t'accepte comme tu es. » Eh oui, Lumen acceptait Lullaby comme cela. Pour sa part, elle n'avait pas eu la chance de passer par cette phase du deuil. Elle n'avait pas eu l'occasion de tenter d'oublier, ni de déprimer. On lui avait reproché de la mort de sa sœur et ainsi elle avait du à apprendre à vivre avec bien trop rapidement. Elle se souvenait des reproches, des soirs sans manger, des heures passées dans un placard à balai en guise de punition pour quelque chose dont elle n'était pas l'auteure. Il fallait un bouc émissaire aux Macmillan et voilà. Se construire son propre bonheur ? Lumen n'y croyait plus, depuis longtemps. Y avait-elle seulement pensé ? Elle se disait chaque jour que le bonheur n'existait pas, au même titre que l'amour. Elle ne croyait en rien Lumen. « Ce n'est qu'une douloureuse croyance Lulla. Qu'une croyance. » Dit-elle sceptique. Pessimiste, elle se montrait ainsi. Mais le bonheur, à ses yeux, n'était qu'une terrible illusion, quelque chose de terriblement accessible. « Le bonheur, ça n'existe pas. Personne ne peut mettre un mot là-dessus. Personne n'ose décrire ce sentiment. Les philosophes ont longtemps pensé qu'il s'agissait du bout de chemin, tout le monde le cherche. C'est une longue quête le bonheur. Et si finalement, ça n'était que du vent, du vide, rien du tout ? Ca n'existe pas Lulla, c'est une façade. » Elle roula des yeux. C'était sa réalité, la sienne. Elle aimerait croire de nouveau naïvement que le bonheur existait. Il y avait bien quelques passages, quelques moments. Un peu comme dans les fleurs du mal. Baudelaire décrivait dans ses poèmes le bonheur le plus total, mais aussi la pire des dépressions, jamais le bonheur était constant. Alors finalement, pour elle, c'était juste une illusion. « Se construire son propre bonheur, mais comment Lulla ? De quelle façon ? Dis le moi. » Surement une manière de la faire revenir à la réalité, mais Lumen voulait tellement espérer la même chose que Lulla, que le bonheur pouvait être accessible, mais jusque là, on lui avait toujours montré le contraire. Pourtant, elle aimait ces moments de joie avec ceux qu'elle considérait à présent comme sa famille, qui se limitait à une seule personne finalement. Elle appréciait ces moments où elle oubliait qu'elle n'était pas seulement la fille rejetée des Macmillan. « Parfois, en faisant semblant, j'ai l'impression d'oublier aussi. » Comme si elle partageait quelque chose d'extraordinaire. Elle arqua un sourcil comme Lulla rit. Elle soupira ensuite. Elle ne comprenait donc pas où elle voulait en venir ? On ne pouvait pas oublier... enfin pas longtemps. Une minute ou deux, mais la réalité revenait toujours en plein face. « Si tu savais comme je t'envie parfois. Cette naïveté. Cette possibilité de tenter d'oublier. Cette sensation qu'il n'y a que la douleur. Tu te montres si cynique, mais pourtant tu as encore cette naïveté qu'on m'a enlevé il y a si longtemps. » Parce qu'elle avait du apprendre à vivre avec. Elle avait du apprendre à refouler la culpabilité. La culpabilité du survivant dit-on. Lumen connaissait tellement ça. « On refoule la douleur, mais on ne l'oublie jamais. On ne peut pas. Regarde, même quand tu bois, tu y penses. Tu t'égards, tu te perds, mais tu ne peux pas oublier. Tu essaies, mais tu n'y parviens pas. Mais ce n'est pas faute de tenter. » Elle ne voulait pas la rendre d'autant plus malheureuse, de toute évidence, cela ne changerait pas grand-chose. « Ça ne lui rend pas hommage, Lullaby. Elle ne voudrait surement pas que tu te détruises pour elle, comme Aileen voudrait que je continue à vivre. » C'était l'une des premières fois qu'elle prononçait ce prénom en compagnie de la serdaigle. « C'est plus facile à dire qu'à faire... mais il faut apprendre à vivre avec. » Elle tentait de l'aider, mais si elle n'en voulait pas, que bien lui fasse. Mais un jour viendra où elle comprendrait, Lumen en était persuadée.
Well my baby she gone, she been gone two night I ain't seen my baby since night before last
Lullaby et Lumen
Elle penche la tête sur le côté Lullaby. Regarde Lumen. Franchement. Et quelque chose fait écho en elle. Un lien qui semble exister entre elle et Lumen. Issus de leur douleur. Car elles sont si différentes. Peut-être trop même. Et pourtant. Pourtant leurs blessures les unissent. En cet instant elles pourraient passer pour des sœurs tant l’expression de leurs visages est semblables. Entre cynisme et abattement. C’est presque drôle. Un sourire tordu se dessine sur les lèvres pleines de Lullaby. Un sourire laid. Trop sombre. Trop triste. Mais c’est ça Lullaby. Une poupée qui marche, qui rit mais qui ne vit plus vraiment. Et quelque part elle en est sûre c’est de sa faute. Elle croit en ce qu’elle à dit à Lumen tout à l’heure. On choisit de construire son bonheur. On est fort ou on est faible. Les forts survivent. Les faibles comme Lullaby s’enterrent.
Toujours plus loin … toujours plus profond en un vaine tentative de se voiler la face.
Lullaby hausse les épaules. « Peut-être … peut-être pas. Après tout il tient encore debout pas vrai ? C’est bien que quelque part il doit tout de même y avoir des clients. » Des clients comme elles. Alcooliques. Prêts à n’importe quoi pour se noyer dans un verre. En entendant la phrase suivante de Lumen ,Lullaby hausse les épaules. Ca elle s’en moque royalement. Parce qu’elle est égoïste sans doute. Se foutre de tout ça lui arrive souvent. Elle se moque des autres parce qu’elle ne pense majoritairement qu’a elle. Bien sûr il y a des gens qu’elle aime comme Lumen. Mais les autres … ils n’ont aucune importance. Des ombres fugitives dans l’immensité de la nuit. Ils peuvent souffrir et mourir sans que cela émeuve Lullaby. OU peut-être que si … mais pas longtemps. Elle reviendra toujours à sa propre douleur en oubliant celle des autres. C’est plus fort qu’elle. Fondamentalement égoïste Lullaby. « Je pense que les personnes fragiles ne sont pas assez sottes pour venir ici … et si elles le font c’est à leurs risques et périls »
Méchante Lullaby. Mesquine. Mais visiblement elle a l’alcool à la fois triste et mauvais. Un mélange explosif en somme. Elle ne fait que pousser un léger grognement d’approbation en entendant Lumen dire qu’elle se sent bien. Lullaby ne sait pas vraiment si elle veut que Lumen reste ou que Lumen parte. Un peu des deux sans doute. Quelque part elle veut être seule. Mais d’un autre côté elle aime partager sa peine avec la gryffondor. Parce que pendant quelques minutes elle se sent un peu moins seule … Lullaby fronce doucement les sourcils. Quelque part elle trouve Lumen un peu naïve. Naïve parce qu’elle se croit individuelle. Purement originale. Mais ce n’est pas le cas. On peut lutter comme on peut pour être différent on ne l’est jamais vraiment. D’ailleurs elle le lui dit. « On pense toujours qu’on est différent. Mais c’est faux. On ne l’est jamais autant qu’on le pense. Le croire serait stupide. « Prétentieux aussi. Sur les milliards d’êtres humains qui vivent en ce monde … comme se penser différent ? Lullaby sourit. « On est différents de l’idée qu’on se fait des autres. Mais pas des personnes en elle-même » Parce que les idées préconçues sont dans toutes les têtes. Sinon les gens reconnaitraient qu’on ne peut vraiment se différencier les uns des autres.
« Peut-être. Je ne peux pas le savoir mieux que toi ». Encore une fois l’humanité est un concept édicté par une masse. Mais peut-être que Lumen ne l’est plus. Trop froide ? Trop inconstante ? Qu’importe Lullaby ne l’aime que plus pour cela. Parce qu’elle n’a pas peur de ce qu’elle est. Parce qu’elle est forte Lumen et que cela se voit sur chacun des traits de son visage. Un peu jalouse Lullaby peut-être … parce qu’elle aimerait lui ressembler. Mais ça lui passera. Ses sentiments vont et viennent sans parfois avoir de sens. Souvent. Soudain de l’obscurité prends place dans ses yeux. Une lueur fugitive de colère et de désespoir. »Tu ne me connais pas assez pour m’accepter telle que je suis Lumen. » Le ton est presque menaçant. Mais les paroles si vraies. Même si elle se confie à Lumen elle ne lui dit pas tout. Lumen ne sait pas qu’elle est pétrie de ténèbres. Qu’elle s’est noyée dedans. La part la plus sombre d’elle-même seule Althéa la connaissait. Et ça restera ainsi pour toujours …
Un sourire cynique envie le visage de Lullaby. Elle est loin d’être sotte tout serait plus simple si c’était le cas d’ailleurs … on parlait bien d’imbéciles heureux non ? « Le monde existe grâce aux croyances. Il s’est bâti dessus. Continue d’exister grâce à elles. Tout est plus simple quand on croit. Mais il faut être fort pour y arriver. » Elle soupire. « Et c’est là tout le problème … » Parce qu’elle est faible LUllaby. Encore et toujours. « Je ne sais pas si je crois réellement au bonheur Lumen mais je peux te dire ce que j’en connait. Le bonheur c’était le sourire d’Althéa. Son étreinte. C’était l’entendre rire à travers de la cour. C’était la chaleur dans sa voix. Les secrets que l’on se disait. Les silences qu’on partageait. Ca c’était le bonheur. J’en suis certaine. Je l’ai perdu. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’existe pas. » Elle ne l’a plus. Ne le retrouvera sans doute jamais parce qu’elle n’a plus la force de se battre. Mais elle sait exactement ce qu’elle à perdue. Et c’est peut-être ça le plus dur. Elle étend ses bras en arrière. Soupire. Renifle son verre de whisky. « C’est bien le problème Lumen. Je ne sais pas. Sinon je ne serais pas ici pas vrai ? »
Un gloussement amer lui échappe en entendant Lumen. Eclate dans sa gorge comme un grondement avant de s’échapper dans l’air dans un gargouillement triste. « Je ne sais pas … je connaissais Althéa mieux que personne et je ne sais pas. » Elle baisse ses yeux qui s’embuent doucement. « Elle à toujours pensé que nous ne devions vivre qu’ensemble. Et mourir ensemble aussi. Que nôtre vie n’avait de sens qu’a deux. Alors je me demande parfois si ce n’est pas ce qu’elle souhaiterait. » Et c’est peut-être le pire. Parce que certains matins Lullaby y pense. En se demandant si chacune de ses respirations n’est pas la plus infâme des trahisons …
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Lumen Macmillan
CŒUR DE LIONNE
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Lullaby & Lumen L'illusion est la première apparence de la vérité.
Parfois, Lumen avait cette terrible impression que Lullaby venait d'un autre monde, d'une autre planète, qu'elle était déconnectée de la réalité, partie si loin qu'elle la perdait. Elle ne comprenait pas toujours le sens de ses paroles. Elle ne saisissait pas non plus toujours comment elle pensait, pour la simple raison que sa chance d'oublier ou du moins d'espérer oublier, Lumen ne l'eut pas. Et la gryffondor, elle vivait avec la mort de sa sœur depuis des années déjà et l'avait sur sa conscience. Elle-même ne parvenait pas à décrire la mort de sa jumelle avec précision, pourtant elle se souvenait de son sourire éternellement figé. Ce souvenir ancré à jamais dans les méandres de sa mémoire. «Ah tu veux parler des rares clients qui ne se posent pas la question de l'hygiène ? Il y a toujours des clients, mais jamais assez. Les fins de mois doivent être difficiles et même si ça tient debout... ça tient justement que debout. » C'était tellement facile de dire qu'un lieu tenait debout, mais même avec quelques personnes, le barman se devait d'entretenir un minimum ce lieu et un jour ou l'autre, il devrait se moderniser. Les habitués ne vivaient pas éternellement. Il fallait toujours s'adapter. Elle arqua un sourcil quand Lullaby parla des personnes faibles. Elle s'en moquait bien de ce qu'elle pensait. Les gens pouvaient bien mourir... qu'est-ce cela changeait ? Elle lisait cette même question dans les traits de Lullaby. Indifférente. Égoïste. Cruelle aussi. Un visage dur, un visage triste, un visage empli de douleur et de rien d'autre. Lullaby ne pensait qu'à elle, mais était si dépendante, depuis toujours. Elle le voyait tant. « Tu t'en fiches comme de tes premières chaussettes, mais pas la moitié du monde. On accuserait sans doute le barman de meurtre, on pourrait fermer son auberge. Et après ? S'il se fiche de ses clients, alors il devrait penser à lui, comme tu le fais si bien. » Elle ne l'accusait pas de quoique ce soit. Il s'agissait d'une simple constatation et Lullaby l'assumait pleinement, du moins, elle ne faisait rien pour changer quoique ce soit à ce fait.
La différence ? Était-on différent ? Lumen rit, tout simplement. La différence existait malgré tout ce que Lullaby pourrait dire. Elle ne croyait pas que tout le monde était unique, pourtant Lumen pensait sincèrement que chaque personne était différente par son parcours, ses relations. Le résultat pouvait être le même, mais pas la forme. Elle fit une grimace quand elle lui dit que ce n'était qu'une façade. Pas si différents que cela. « Jamais autant ? Tu le penses vraiment ? Sincèrement, je te mets au défi de me trouver quelqu'un qui est identique à tout point à toi. » Dit-elle en posant ses doigts fins sur la table et en dessinant un rond puis deux dans l'épaisse poussière recouvrant le bois. Puis elle porta son attention sur Lullaby en inclinant la tête sur le côté. « Etre unique... c'est possible. C'est tout ces petits riens qui font que tu es différente. De plus, ton parcours, ton histoire, tes relations... ça définit ta personne et ta différence. Peu importe que le résultat soit le même, le passé ne l'est pas. Tu peux très bien avoir une histoire similaire, pourtant, il y a des choses qui changent d'une personne à l'autre. Alors même si nous sommes très nombreux sur cette planète, je pense que tu ne trouveras jamais cette personne qui est comme toi, exactement comme toi. A moins que ce soit un clone. » Elle eut un doux rire à l'idée du clonage. C'était ridicule. La magie ne pouvait pas faire ça... du moins pas jusqu'à maintenant. Et la science chez les moldus ne parvenait pas à de telles prouesses. Quoiqu'elle aurait très peur, si quelque chose comme cela arrivait. Et même chez sa sœur jumelle, il y avait des divergences, des disputes, même si elles s'adoraient. « Et puis pour chaque personne qu'on aime, on est unique, c'est déjà beaucoup, tu ne trouves pas ? » Parce qu'aux yeux de Lumen, Lullaby était unique dans son genre, assez spéciale, quoiqu'elle pouvait penser. de son côté, la gryffondor aimait entendre que pour son meilleur ami ce ne serait pas pareil sans elle. Humaine ? Elle se posait parfois la question, surtout dans de tels moments comme celui-ci. Elle ferma les yeux et soupira. Pathétique... pathétique, c'était le mot. Lumen pensait cette réflexion particulièrement pathétique, mais ça ne changeait rien. Fallait-il connaitre tout d'une personne pour l'accepter ? Lullaby semblait le croire oui. « Faut-il vraiment savoir tout d'une personne pour l'accepter ? » Demanda t-elle en arquant un sourcil. Elle roula ensuite des yeux et écrivit ensuite un L dans la poussière, puis un o et un i. Dans un autre cas, elle aurait essuyé toute cette poussière avec une serviette, mais il y en avait beaucoup trop. « Je connais pourtant pas mal de tes vices pourtant je les tolère, je les accepte. Je ne serais plus là depuis longtemps si je ne t'acceptais pas. Je sais pertinemment que tu vis dans la douleur, que tu as un fort penchant pour l'alcool, que tu es douée d'un certain égoïsme, mais que dans le fond, tu n'es pas si méchante que tu as l'air, juste profondément perdue. » Ça lui suffisait amplement. Pourtant, elle pouvait aussi citer ses qualités, mais quelle importance ? Lullaby ne parlait surement pas de ses qualités. Elle voulait peut être insinuer qu'elle avait un côté sombre... et après ? Qu'est-ce que ça changeait ? Rien du tout. Lumen. Le gryffondor, courageuse, honnête et droite. La fille qui essayait de comprendre et d'aider les autres. Ouverte d'esprit ? Peut être pas tant que ça.
Le bonheur... Lumen n'y croyait pas, et ne se laissa pas séduire par les idées utopistes de la serdaigle. On ne se construisait pas son propre bonheur. C'était idiot. « Le bonheur ne devrait-il pas être éternel ? » S'étonna t-elle en entendant ce qu'elle croyait savoir sur le bonheur. Les gens disaient tous qu'on était en quête de cette noble fin. Un but ultime. Mais n'était-ce pas en le cherchant qu'on devenait indigne de l'obtenir ? La fin des fins. Lumen voudrait y croire, mais voilà qu'elle n'espérait plus un tel avenir. « De toute évidence, ce n'est qu'une esquisse. » Cruelle réalité. Elle ne voulait pas la démonter, l'enterrer six pieds sou terre, mais peut être que cela l'aiderait à justement d'arrêter de vivre dans le passé. A cette vitesse là, Lullaby serait encore à ce stade dans vingt ans, peut être plus. Elle imaginait déjà la serdaigle boire un bon coup de trop et s'évanouir à trente ans passé, réalisant que la vie n'était qu'une garce et qu'il fallait se battre contre elle. Douloureux passé que Lullaby portait là. Mais imaginait-elle un seul instant que d'autres vivaient dans de pires souffrances ? Non, surement pas, mais Lumen comprenait cette habitude à individualiser la douleur. Lullaby ne savait pas non plus quel chemin prendre. En même temps, c'était logique. Lumen se mordilla la lèvre inférieure quand son amie reprit la parole. Ce qu'elle dit n'était pas agréable à entendre. Elle doutait de ce que Althea aurait souhaité... Comment faire pour la convaincre alors ? « Tu sais, bientôt, tu sauras répondre à cette question, j'en suis sure. Et c'est tout ce que je te souhaites. » Nul besoin de préciser qu'elle voulait simplement qu'elle continue à vivre. Mais ses lèvres remuèrent, toutefois aucun son ne sortit de sa bouche. Tremblante, Lumen ne savait pas comment lui donner son avis, sans la vexer. Elle ignorait totalement comment formuler cela, elle d'ordinaire si cynique, si franche, sarcastique et ironique. D'habitude, elle ne s'embêtait pas à mettre la forme. Elle se contentait de dire le fond de sa pensée et peu importait que ça plaise ou non. « Alors vis pour elle, pour vous deux. Elle est encore là, dans ton cœur. »
Well my baby she gone, she been gone two night I ain't seen my baby since night before last
Lullaby et Lumen
Lullaby considère Lumen d’un œil torve. Et finalement, malgré la douleur incommensurable qui lui déchire le cœur se sent bien plus chanceuse qu’elle. Parce que même si Althéa n’est plus là Lullaby à eu la chance de vivre à ses côtés. La chance de savoir que sa sœur l’aimait d’une manière inconditionnelle. Qu’elle aurait tout fait pour elle. Althéa et Lullaby avaient toujours été seules contre le monde entier. C’est pour cela qu’être seule faisait si mal. Mais au moins … au moins Lullaby avait les souvenirs dans lesquels s’enfermer. LA douce tendresse d’images passées qu’elle avait vécu. Mais Lumen n’avait même pas ça. Seule elle avait été, seule elle resterait. Et c’était infiniment triste. Si Lullaby avait été moins tournée vers sa peine et sa douleur elle aurait peut-être même été capable d’apprécier l’ironie de la chose.
Mais ce n’était pas le cas …
Pauvre et triste Lumen qui porte le poids du monde sur ses épaules. Finalement quel est le sort le plus enviable ? Avoir connu le bonheur infini pendant quelques instants parfait et l’avoir perdu ou ne l’avoir jamais connu et vivre dans un monde de regrets ? Sans doute serait-cela une question à approfondir. Mais dans le cerveau embrumé par l’alcool de la jeune femme il n’y a pas de place pour la réflexion. « Ce sont ceux qui consomment le plus. Les ivrognes. Les piliers de bars. Tant qu’ils restent un bar tient. Ce sont eux qui font le fond de commerce de l’endroit. Et puisqu’ils boivent bien plus que n’importe quel client normal l’endroit tient. Et eux se moquent bien de la saleté tant qu’ils ont leur alcool a satiété. Qui plus est ils ne sont acceptés nulle part ailleurs. » Et ça elle le sait mieux que personne LUllaby. Personne ne l’autoriserait à boire autant dans un autre bar. La tête de sanglier est son repère parce que tout le monde se moque d’elle et qu’elle a besoin d’indifférence. Ici tout le monde lui ressemble. Solitaire. Perdus. Noyés dans leur breuvage. Et aucun bar respectable ne laisserait un client boire autant. Ce qui expliquait pour elle était là.
Un petit sourire moqueur se peint sur son visage. Moqueur pour elle-même … pour les autres. Elle ne sait plus vraiment Lullaby. Ou peut-être même pour Lumen qui sait. « Tu veux dire une fille perdue qui avait une relation bien trop fusionnelle avec sa jumelle aujourd’hui morte ? Avec des problèmes avec sa mère ? Ce serait si simple à trouver. Je ne suis pas assez prétentieuse pour me croire unique. On pense l’être mais on ne l’est jamais. Et c’est mieux comme cela. Sans ressemblance vivre ensemble serait bien trop dur. ». Elle croit ce qu’elle dit Lullaby. L’être humaine n’aime pas la différence. On se rassemble parce qu’on se ressemble. Qui plus est son profil n’est pas vraiment original. Elle n’est qu’une jeune femme trop vite grandie, perdue dans sa douleur et sa solitude. Un double sans jumelle. Et combien de personnes dans ce monde peuvent se vanter d’etre similaires ? Bien trop. Ceci dit pour Lullaby qui se sent si seule c’est une pensée réconfortante. Car ainsi elle n’est plus tout à fait abandonnée. Elle trouve réconfort dans le fait que d’autres ont vécu les mêmes choses de l’exact même manière. « Et puis ce n’est pas parce que le parcours change que l’être humain diffère. On peut avoir des histoires différentes mais être similaires. Et dans ce cas là … peut-on vraiment parler d’individualité ? Sans doute que non. » Et c’est bien vrai. On grandit de manière identique avec des histoires différentes. Et dès que quelqu’un nous ressemble on cesse d’être unique. Voila tout.
Elle penche la tête sur le côté et regarde doucement Lumen. « Je crois. Comment accepter quelqu’un si on ne le connait pas ? » . Lullaby hausse les épaules. Elle n’est pas très sûre mais elle le pense du moins. Lentement elle effleure du bout des doigts le bord froid de son verre. Regarde la lumière se refléter dans le liquide ambré. Pensive Lullaby. Perdue aussi. Fatiguée d’ouvrir les yeux. De faire semblant de sourire. Fatiguée de parler à Lumen. Elle s’enferme seule Lullaby sans même se rendre compte que la gryfondor ne fait qu’essayer de l’aider.
Pourtant il est temps que Lullaby l’endormie se réveille. Plus que temps …
Elle soupire. « Tu me comprends alors. Mais il y a une différence entre comprendre et accepter. Comme entre pardonner et oublier. On peut comprendre sans connaitre mais pas accepter sans savoir. Il y a une différence. Mais ce n’est pas grave. Ca n’a que peu d’importance au fond. L’acceptation doit être réservée aux personnes qui nous sont les plus proches. Pour moi la seule personne qui pouvait vraiment m’accepter c’était Althéa . Et c’est très bien comme ça. » C’est un refus de la part de Lullaby. Elle ne veut pas et ne tolérera jamais que quelqu’un s’approche aussi près d’elle. C’était la place d’Althéa et ça le resteras. Toujours. Puis Lumen continue à parler et Lullaby sourit. Doucement. Un sourire à la fois beau et éteint. Parce qu’elle se rappelle Lullaby. Et que cet instant est magique pour elle. Les images affluent dans son esprit et elle soupire lentement. Presque heureuse lorsqu’elle se perd dans le passé.
« Je ne pense pas. J’ai toujours pensé que le bonheur n’était fait que de fugitifs instants. Ceux ou l’on se sent si bien que l’on ne voudrait être ailleurs pour rien au monde. Alors non pour moi le bonheur est loin d’être éternel. Mais ça ne le rend pas moins précieux pour autant. » Elle renifle. « Le bonheur éternel n’est qu’une utopie. C’est impossible. Il faut savoir savourer les petits moments. Ils sont parfait mais souvent on ne s’en rend compte que trop tard .. ceux qui pensent que le bonheur est une fin sont des fous et ils ne le trouveront jamais. Trop occupés à le chercher pour apprendre à vivre et à le ressentir. » Elle se sent si triste pour Lumen Lullaby mais n’ose pas lui dire. Pourtant la gryffondor n’a visiblement jamais été heureuse. Sans doute est-ce même pour cela qu’elle pense qu’il n’existe pas. Il est beaucoup plus simple de se dire que quelque chose n’existe pas plutôt que d’admettre qu’on ne l’a jamais trouvé. C’est tellement plus simple. Elle en sait quelque chose Lullaby. De nouveau la tristesse pointe dans ses yeux. « Parfois j’ai peur de savoir la réponse. Et j’ai l’impression de l’avoir abandonnée … exactement comme je l’ai fait ce jour-là en refusant de l’accompagner. Mais il y a des choses que je ne peux pas faire. Que je n’ai pas envie de faire. Et j’ai l’impression d’être un monstre. De la laisser tomber. Encore. » Comme le jour de sa mort. Doucement Lullaby détourne les yeux. Parce qu’en vérité elle sait au plus profond d’elle-même qu’Althéa la voudrait à ses côtés. Et pourtant, pourtant Lullaby n’est pas prête. N’en a pas envie. Et cela lui fait si mal de trahir sa jumelle.
Mais est-ce véritablement un crime que de vouloir vivre ?
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Lumen Macmillan
CŒUR DE LIONNE
+ SORCIER DEPUIS LE : 23/08/2012 + PARCHEMINS : 5770
Lullaby & Lumen L'illusion est la première apparence de la vérité.
Lumen n'aimait pas cet endroit, mais s'en accommodait sans trop de peine. Elle avait appris avec le temps à vivre avec ces petites choses de la vie terriblement moches. Elle arqua un sourcil. Parler des ivrognes n'était pas un sujet qui lui plaisait tant que ça, mais elle s'amusait à voir comment Lullaby parlait d'eux. Les piliers du bar. Ouais, on pouvait dire ça comme cela. « Le barman devrait organiser des soirées rien que pour les ivrognes alors. Trois whisky pur feu pour le prix de deux. Mais ils ne bougeraient sans doute plus de leur chaise. » Un sourire ironique se dessina sur son visage tandis que la conversation tourna vers la différence. La serdaigle reprit la parole pour défendre son point de vue. Pendant ce temps-là, Lumen buvait une nouvelle gorgée de con breuvage et crut s’étouffer quand Lullaby décrivit sa situation. Elle toussota un peu en l'entendant. C'était impensable. Une relation trop fusionnelle avec sa sœur aujourd'hui décédée et un lien difficile avec sa mère ? Et c'était tout ? Oui enfin en surface. On ne se définissait pas seulement par cela, ce n'était pas possible. Consternée, Lumen reprit la parole d'une détachée, mais dont les paroles montraient clairement l'agacement : « Tu n'as donc aucun amour propre ? Aucune considération pour toi même ? Tu ne te vois que comme la sœur et la fille de ? » La gryffondor en oublia totalement leur sujet de conversation originel qui était la ressemblance des autres. A ses yeux, Lullaby était pathétique, pathétique de s'enfoncer dans cette dépendance constante. Le fait qu'elle boive pour oublier n'était que la suite logique de son passé. Et Lumen le comprenait mieux à ce moment-là qu'à un autre. Jamais, elle n'avait vu si clair. Quelqu'un qui perdait sa sœur jumelle ne finissait pas forcément à boire comme un trou comme le faisait Lullaby. « Il n'est pas question d'humilité, mais de manque flagrant de confiance en soi et de discernement. » Lullaby n'était ni modeste, ni réaliste, mais juste profondément perdue dans le passé, à tel point, qu'elle ne se voyait même pas comme une personne qui pouvait exister seule. Tellement dépendante. Voilà comment Lumen pouvait la décrire immédiatement. « Ah et une chose, ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit. » Reprit-elle sur un ton tranchant. Elle observa le fond de son verre et avala une nouvelle gorgée. Elle soupira. « Je n'ai jamais affirmé que la ressemblance n'existait pas. J'ai dit que la différence était possible. » On pouvait très bien ressembler à quelqu'un tout en ayant des différences. La preuve là, à l'instant. Lullaby et Lumen avaient perdu toutes les deux leur sœur et pourtant elles réagissaient différemment. Histoire similaire et pourtant caractère divergent. « Parce que tu crois que je comprends pourquoi tu picoles comme ça ? » Demanda t-elle en arquant un sourcil.
Non, elle ne comprenait pas vraiment pourquoi. Pas qu'elle ne sache pas le pourquoi. Mais elle ne saisissait pas pourquoi elle s'enfonçait tant dans l'alcool, surtout après tout ce temps et qu'elle ne voulait pas de l'aide. Lullaby refusait qu'on l'approche, qu'on essaie de l'accepter. Pourtant il n'y avait aucun mal à accepter quelqu'un. « Et pour toi, il n'y a que Althéa qui a le droit d'être proche de toi ? Je ne comprends pas pourquoi tu n'acceptes pas les autres ? Tu as le droit pourtant d'être amie avec d'autres, sans pour autant la trahir. » Dit-elle en haussant les épaules. On pouvait - devait même- avoir d'autres proches dans sa vie que sa sœur défunte. C'était fou comme Lullaby était dans le déni. Se raccrocher à un souvenir, c'en était malsain et à la limite du pathétique. Il fallait se ressaisir. Et Lullaby l'agaçait bien des fois, pourtant, elle restait. Elle ne perdait pas espoir de l'aider un jour. « Si le bonheur n'est pas constant, alors à quoi sert-il ? » La question était rhétorique. La réponse ? Rien du tout. La définition du bonheur selon Lullaby comme quoi il existait, mais volatile paraissait encore plus ridicule qu'un heureux happy end. Plus, elle écoutait Lulla plus, Lumen avait l'impression qu'elle souffrait d'une trop grande naïveté. « Je me souviens parfaitement de mes batailles de boule de neige avec ma soeur, des lectures de romans faites par Caleb et encore des dessins produits avec Freya. J'ai aimé tout ça. J'en rêve encore. Ils sont là dans mon cœur, mais s'estompent chaque jour un peu plus. Je me rappelle encore de ses éclats de rire, mais ce n'est rien en comparaison... » Elle marqua une pause et retint le regard de Lullaby avec une telle intensité que cela aurait pu ébranler quiconque, sauf peut être la serdaigle en question « Ce n'est rien en comparaison à son regard vide, à son teint livide et son sourire à jamais figé. Ce n'est rien en comparaison à ce moment précis où je l'ai vue mourir. La vie la quittait peu à peu, mais on espérait. Elle pensait que j'étais la plus forte... pourtant c'était elle qui vivait dans la maladie. Et l'eau l'a emporté, me l'a enlevée. » Oui, Aileen était partie. Lumen pouvait décrire cette scène avec précision, mais jamais elle ne le fit. Jamais, elle ne racontait cette vérité pesante. On aurait dit que tous les malheurs pesaient sur ses épaules. On aurait dit qu'elle était la personne la plus triste au monde. Elle ferma les yeux et dans un mouvement de colère, balaya la table, balançant par la même occasion le verre, qui s'écrasa sur le sol. Mais personne ne bougea. Personne. Tout le monde s'en moquait. Un verre de plus ou de moins. Qu'est-ce que ça pouvait bien faire après tout ? « Si t'as raison et que c'est ça le bonheur. Alors je préfère le rejeter. Je rejette l'idée qu'on puisse être heureux que à quelques moments de la vie. Le bonheur ne sert donc à rien. A rien. Il vaut mieux avoir vécu une existence de bohème, dans la douleur, dans la monotonie la plus constante et la tristesse et espérer que le bonheur toquera à notre porte. Il vaut mieux garder espoir que de savoir ce que nous avons perdu. » D'habitude d'un calme olympien, Lumen avait perdu son sang froid durant un instant. Mais se remémorer la mort de sa sœur... Il n'y avait rien de plus douloureux. Elle releva la tête, arquant un sourcil. Elle avait peur d'en connaitre la réponse. « Pourquoi tu ne sautes pas de la tour d'astronomie dans ce cas ? » L'interrogea t-elle enfin. On aurait dit que Lumen parlait avec sérieux, elle avait perdu l'ironie dans sa voix. En tout cas, il fallait voir les choses en face. D'après Lullaby, Althéa aurait souhaité qu'elle soit morte avec elle, qu'elle se suicide, qu'elle la rejoigne. Et plus Lumen entendait parler d'elle, plus elle pensait que cette jumelle avait été d'une cruauté sans borne avec sa jumelle. « Son souvenir n'a pas le droit de te hanter Lullaby. Arrête de penser que par elle. Il y a encore des gens qui comptent sur toi sur cette terre. Mais merde, ne vois-tu pas qu'elle n'est pas toi, que tu n'as pas besoin de montrer comme elle pour continuer à la voir ? Elle est dans ton coeur et sera toujours là. Et tu préfère vivre. C'est ton droit... Non, même plus que ça, c'est un devoir, une obligation. Tu dois vivre pour qu'elle survive dans ton cœur. Si tu pars avec elle, qui sera le mieux placé pour lui rendre hommage que toi ? Qui ira fleurir sa tombe ? Qui pensera à elle en bien ? Qui lui parlera encore ? Malheureusement, personne. » Et c'était la stricte vérité. La mère des jumelles Elmerald ne semblait pas s'intéresser davantage à ses filles et préférait regarder les hommes passer. Alors très bien. Lullaby devait continuer à vivre. Seule peut être, mais il le fallait. Et Lumen en était persuadée.
Well my baby she gone, she been gone two night I ain't seen my baby since night before last
Lullaby et Lumen
Elle soupire Lullaby. S’étend en arrière contre le dossier de sa chaise. Reprend une rasade de whisky. Cette conversation devient épuisante pour son cerveau qui se noie dans les remugles d’alcool, elle à trop de mal à réfléchir. A trouver des connections logiques. Elle à simplement envie de se lever en hurlant et de fracasser son verre contre un mur pour crier sa douleur. Stupide ? Peut-être. Sans doute. A cet instant il y a presque un sentiment féroce de haine qui vit en elle à cause de Lumen. Parce que celle-ci essaye de la réveiller du sommeil ouaté dans lequel elle s’est plongée. Du confort tranquille de l’oubli qu’elle s’est construit. Et c’est cruel. Plus raisonnable certes mais terriblement cruel aux yeux éplorés de Lullaby.
Un petit rire amer fleurit sur ses lèvres aux mots de Lumen. « Tu n’a pas tort. En réalité je suis sûre que cela aurait un franc succès. » Elle se tait et lève un sourcil, soudainement sarcastique. « Et je serais probablement la première au rendez-vous d’ailleurs. ». Après tout elle n’est pas sotte Lullaby. Elle sait pertinemment que son comportement n’est pas sain. Que ce qu’elle fait la détruit. C’est juste qu’elle ne peut pas s’en empêcher. C’est triste mais c’est plus fort qu’elle. A la prochaine question de Lumen, Lullaby ouvre de grands yeux. Sincèrement étonnée. « Mais bien sûr que oui ! C’est ce que j’ai toujours été. La sœur de … et ça m’a toujours suffit. J’en ai toujours été parfaitement heureuse à dire vrai. » Triste ? Pathétique ? Cette phrase est tout cela à la fois. Notamment parce qu’elle possède les relents aigres de la vérité. C’est tout simple comme vérité et pourtant cette phrase heurte comme un train lancé à toute vitesse.
Parce que oui Lullaby n’existe qu’à travers les autres … et que sans eux elle n’est rien …
Les yeux rivés dans le vide Lullaby écoute Lumen parler en fond sonore jusqu’au moment ou une phrase retient d’avantage son attention et ou elle lève la tête, lentement pour planter ses grands yeux perdus et noyés dans ceux si forts de Lumen. «Bien sûr que tu comprends pourquoi je bois. Tu es probablement l’une des rare à le savoir. Ça te parait sans doute stupide et futile mais au fond tu comprends pourquoi. » Après tout il y a une grande différence entre comprendre et accepter ; Alors peut-être que Lumen n’accepte pas de comprendre pourquoi Lullaby noit son chagrin dans l’alcool mais ceci dit elle le sait. Elle veut oublier. Elle veut moins souffrir. C’est de la faiblesse. Mais une faiblesse partagée par tant d’autres …
Lullaby ouvre de grands yeux. Comme ceux d’une biche apeurée. D’un hibou. » A ce point. Il n’y a qu’elle qui à le droit d’être proche de moi à ce point. Sinon oui ce serait la trahir. » Elle soupire. Elle qui utilise toujours le présent pour parler de sa sœur. Elle qui refuse de la laisser partir quoi qu’il lui en coûte. « Mais ça en revanche je ne m’attend pas à ce que tu comprenne. » Après tout la sœur de Lumen est morte bien trop tôt pour qu’elles aient le même genre de relation fusionnelle et indestructible que possédaient Lullaby et Althéa. C’est triste mais c’est ainsi. Et ce lien c’est quelque chose que même la mort ne peut briser. C’est amusant. Dans les livres le fait d’aimer quelqu’un même après sa mort et de refuser de le laisser partir est considéré comme une preuve de force. De loyauté. Mais au fond c’est simplement pathétique. La preuve qu’avancer n’est pas au programme. Qu’on se retient aux branches de souvenirs qui s’effritent déjà.
Mais il faut dire que dans les livres la mort elle-même est souvent contournée. Comme pour indiquer que si l’on aime suffisamment même la Grande Faucheuse ne peut que reculer. C’est faux. Quand on meurt les autres peuvent pleurer. Crier à en crever. Rien ne reviendra. La mort est définitive. Laide. Solitaire. Absolue. Et elle est juste pathétique Lullaby. A continuer de vivre pour quelqu’un qui n’est plus que poussière et pourriture. Un souvenir qui à déjà cessé d’exister. Soudain un rire grinçant s’extrait des mâchoires coincées de Lullaby. Racle l’air comme le râle d’un mourant. Aussi terrible que le vide dans ses yeux. « A donner l’espoir … l’espoir qu’il y aura quelque chose. Les moments fugitifs de ce bonheur te donnent l’impression que plus tard il sera durable et constant. Et tout le monde vit pour essayer de l’atteindre sans savoir que ce n’est qu’un jeu de dupe. Que ce sera seulement quand il sera trop tard qu’ils se rendront compte qu’ils ont été heureux. Mais n’ont pas su l’apprécier. » Elle prend une gorgée d’alcool. Sourit. « Délicieusement ironique pas vrai ? »
Pendant un instant Lullaby voit la souffrance de Lumen. Tend des doigts tremblants qu’elle laisse sur la main de la jeune fille sans rien dire. Un gage d’affection quelque part. Parce que même dans le brouillard de douleur qui l’entoure elle se rend compte que Lumen, elle l’aime. Et que la voir souffrir lui fait mal. « Moi j’essaye d’oublier. Qu’elle est morte en hurlant. En se débattant en espérant que quelqu’un vienne la sauver. Et que personne n’est venu. J’essaye d’oublier que durant les derniers moments de sa vie elle à du lutter désespérément tout en savant qu’elle n’y arriverait pas. Je préfère me rappeler des bons moments. Du temps ou on était heureuses. Jusqu’au jour ou peut-être j’arriverais à vivre avec sa mort et à être de nouveau heureuse." Inutile de préciser qu’elle ne croit pas vraiment que ce jour arrivera . Mais Lumen n’a pas besoin de ça. Elle n’est pas stupide non plus.
La question suivante de Lumen ne la heurte pas. Elle y a déjà pensé Lullaby. En est arrivée à la conclusion que ce n’était pas la solution. » Je ne l’ai pas fait parce que je pense qu’elle à toujours été et sera toujours une part de moi. Et qu’ainsi tant que je suis en vie elle est vivante … c’est tordu pas vrai ? Stupide peut-être … mais je trouve que quelque part c’est réconfortant … »
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Lumen Macmillan
CŒUR DE LIONNE
+ SORCIER DEPUIS LE : 23/08/2012 + PARCHEMINS : 5770
Lullaby & Lumen L'illusion est la première apparence de la vérité.
En posant ses bras sur la table, Lumen soupira. Cette conversation l'ennuyait. Peu importe ce qu'elle disait, Lullaby continuait à s'enfermer dans le déni. Voilà pourquoi cette discussion vide de sens commençait à l'agacer. Elle l'aimait bien Lullaby. Elle était gentille dans le fond. Un peu chiante. Un peu exaspérante. Un peu lâche, mais gentille. Pas bien méchante, pas bien menaçante. Perdue, peureuse aussi. Tout ça à la fois. Lumen ne comprenait pas pas comment elle pouvait en arriver là. A 10 ans, Lumen n'avait cessé de pleurer, d'hurler, mais elle affrontait. Ça faisait partie de son quotidien, alors forcément. « Je serais capable de venir aussi. » Dit-elle avant de rire. C'était ironique et pourtant si vrai. Elle ne niait pas son penchant pour l'alcool. Elle n'avait pas de problème avec ça. Mais ça n'en faisait pas une drogue pour elle non plus. Ce qui la différenciait beaucoup de Lullaby. Puis, elle haussa un sourcil en l'entendant dire qu'elle avait toujours été la fille de. « Toujours ? Pourtant là, tu crois que je te parle parce que tu es la sœur de ou parce que t'es une personne à part entière ? » Les répliques qui paraissaient réalistes aux yeux Lullaby n'attisaient ni la pitié, ni la compassion de Lumen. Elle ne cherchait pas à la rassurer. Pas besoin. Lulla dépendait des autres, alors elle ne souhaitait pas en entendre des choses rassurantes. Puis de toute façon, ça ne servait à rien. « Mais bon, tu arriveras un jour à dépendre de toi-même. »
Elle passa une main dans ses cheveux en écoutant une nouvelle fois la serdaigle. Elle pinça les lèvres. Elle la comprenait quand même ? Lumen en doutait. Elle savait uniquement. C'était déjà bien suffisant. Elle roula des yeux quand elles abordèrent le fait d'accepter ou non. Elle avala difficilement sa salive, se mordit la lèvre et dut faire tout son possible pour ne rien répondre. Cette discussion tournait en rond. Elles campaient toutes les deux sur leurs positions. Lullaby vivait dans le passé, tandis que Lumen prônait l'idée d'avancer. Comme dirait un moldu, il ne fallait pas être né de la cuisse de Jupiter pour voir que ces deux-là s'opposaient radicalement, sur tous les points. Toujours la bouche fermée, elle regardait le contenu de son verre. Le whisky avait beaucoup moins d'emprise sur la gryffondor que sur sa camarade. « Tu ne t'attends pas à que je comprenne ? » Elle avait du mal à le croire. Elle la scruta. C'était elle qui la soutenait, la supportait, qui s'efforçait de l'aider malgré elle. Alors rien ne lui permettait d'insinuer que Lumen n'avait jamais été suffisamment proche de sa sœur. Rien. Et elle eut bien du mal à contenir son mécontentement et sa colère. Mais voilà. Lumen opta pour une autre solution. Elle choisit d'aller dans son sens et d'arrêter de se comporter comme une amie le ferait. Elle n'avait pas le droit d'insinuer que Lumen n'avait jamais eu la chance d'être fusionnelle avec sa sœur. Tous les mois durant lesquels Aileen pleurait, criait de douleur, qu'elle vivait avec la maladie et qu'elle souffrait, c'était Lumen qui lui rendait le sourire. C'était Lumen qui venait la voir directement. Et rien que pour cela, Lumen avait été plus proche de Aileen que Lullaby de Althéa. Lumen avait été là lors des dernières heures de sa jumelle, pas Lullaby. Lumen avait vu sa sœur se mourir à petits feux, pas Lullaby. Lullaby ne savait rien. Elle n'avait rien vu. Alors non, elle n'avait pas le droit de sous entendre tant de choses. « Au final, t'as raison. » Siffla t-elle entre ses dents. Elle ne criait pas. Calme. Presque sereine. Pourtant son regard en disait long sur ce qu'elle pensait. Lullaby avait tord. « Elle vivait pour vous deux. Et maintenant qu'elle n'est plus là, tu n'as plus aucun repère. Mais ça ne prouve qu'une seule chose. » Tout ça dans un murmure, mais presque menaçant. « Tu n'es rien. » Autant renoncer à la pousser dans un autre sens, autant dire la vérité, celle de la serdaigle.
Elle préférait l'espoir au bonheur. Le bonheur, ça remuait, ça tuait de l'intérieur. Ca donnait envie de vomir, de se suicider quand il disparaissait. Il ne servait à rien alors. L'espoir quant à lui te maintenait envie. Elle haussa les épaules négligemment. Délicieusement ironique. Oui, on pouvait dire ça. « Regarde, tu as perdu ce que tu appelles le bonheur et tu te meurs à petit feu. L'avantage de l'espoir, c'est que te pousse à rester en vie, d'avancer. Non, l'espoir te garde en vie. » Mais Lumen n'avait ni l'un ni l'autre. Elle ne cherchait ni l'un ni l'autre. Elle ne voulait d'aucun des deux. Elle les refusait tous les deux. Et elle assumait totalement. Mais alors pourquoi diable tenait-elle debout ? Pourquoi avançait-elle ? Une famille, du moins ce qui s'en rapprochait le plus. Alisson et Olivier étaient ses deux échappatoires. Elle donnait l'impression d'être heureuse, d'aller bien en leur compagnie. Pourtant, elle ne souffrait ni du bonheur, ni du malheur. Elle ne se sentait pas heureuse, mais sereine. Elle avait l'impression que rien ne viendrait l'embêter quand elle était en leur compagnie. Voilà à quoi, elle se raccrochait, à la possibilité de ne plus rien ressentir à part le calme le plus total. Puis, elle reporta son attention sur Lullaby, cette dernière la ramenant durement à la réalité. Lumen était brisée. Triste peut être aussi. Mais Lullaby ne pouvait rester insensible à la détresse d'une des seules personnes qui pour elle la comprenaient un minimum. Lumen jeta un œil au cadavre de son verre. Personne n'avait bougé pour le ramasser. Cela ne l'étonna guère. « Lord Byron disait que les souvenirs de bonheur ne sont plus du bonheur. » Remarqua t-elle sur un ton détaché et absent, perdue dans sa contemplation. Quelque chose l'intriguait au pied de son mur, une moisissure ou l'épaisseur de poussière peut être. Quelqu'un éternua à ce même moment. Elle pencha la tête sur le côté et grimaça. « Beurk ! » S'exclama t-elle en voyant un rat qui sortit du mur et alla se cacher sous le comptoir. « Répugnant. » Marmonna t-elle avant d'en revenir à Lullaby. Un léger sourire naquit sur son visage, mais s'estompa presque aussitôt. « J'aimerais dire que je t'envie, mais finalement, c'est surement pire pour toi que pour moi. Pas parce que tu as perdu une sœur avec laquelle tu semblais être fusionnelle, plus que moi avec ma jumelle. Mais... » Bien sûr, ça lui était resté au travers de la gorge, alors elle le notait encore une fois. Lumen était imprévisible. « Parce que j'étais là pour la rassurer lors de sa mort. C'est mon visage qu'elle a vu en dernier. Alors que toi... que ta sœur est partie en voyant un autre que le tien. Et ça doit être dur de vivre avec ça. Bien plus dur que ce que je vis au quotidien. Mais ça ne te rend pas plus courageuse pour autant. » Elle ne se rendait pas toujours à quel point elle remuait le couteau dans la plaie.
Elle laissa échapper un rire sarcastique. Venait-elle sérieusement de lui répondre ce qu'elle pensait, ce qu'elle disait depuis le début de cette conversation ? Lumen avait dit à plusieurs reprises que Althea continuait à vivre en elle. Bien sûr que c'était une partie d'elle. Mais Lumen posait une nuance à cette affirmation. Althea et Lullaby n'étaient pas une seule et même personne, mais bien deux individus à part entière. Et de ce que la serdaigle décrivait, Althéa dominait le duo de jumelles. Alors, ce lien était malsain, juste profondément malsain. « Ce n'est ni tordu, ni stupide, juste profondément vrai. » Elle marqua une pause. « Mais ce ne doit pas être la seule chose qui t'empêche de te suicider. » Se demandant bien quelle heure il était, Lumen chercha des yeux une horloge. Par chance, elle en trouva une. Elle parut surprise, puis elle attrapa la vieille montre cabossée qu'elle avait volé dans le grenier des Macmilla, qui avait appartenu à sa grand-mère, et soupira. « Je crois qu'il serait temps qu'on rentre Lulla. Le temps court vite. »