CHAPITRE I
La goûte de sueur froide qui avait perlé un peu plus tôt sur la tempe continua sa lente course jusqu'à atteindre le haut du coup. Maxwell MacIntyre s'était vu refuser l'entrée de la chambre conjugale parce que sa femme était tout bonnement en train de donner naissance à leur enfant, leur premier enfant. L'homme était gagné par la crainte et l’excitation. Il avait peur que sa femme y reste, il savait à quel point elle avait eu des difficultés à garder un bébé, ayant fait plusieurs fausses couches dans le passé; cette fois il avait simplement peur que le nourrisson tue son épouse. Puis venait l'excitation, car il se disait que si sa femme avait été capable d'en garder un, elle pourrait certainement recommencer cet exploit !! Cet enfant serait donc le premier et il espérait secrètement que beaucoup d'autres suivraient. Sa femme, Dalya avait insisté pour accoucher chez eux, dans le manoir familial, alors que lui aurait préféré que cela se déroule à Sainte Mangouste; mais il n'avait pu que plier face à cette volonté de fer. Il n'avait jamais eu de sentiments profonds pour elle, leur mariage avait été arrangé et dès le départ, il avait su que jamais il ne pourrait l'aimer d'une façon semblable à celle décrite dans les romans victoriens, dépeignant cet amour pur et délicat. Non, leur relation était à des kilomètres de ça. Lorsque leurs regards s'étaient croisés, ils avaient ressenti un désir si puissant qu'ils n'avaient pas attendu d'être mariés pour consommer leur union, personne n'ayant été au courant de cet événement. Ils se désiraient, ardemment, et seulement physiquement. Cette passion qu'ils ressentaient l'un pour l'autre était la seule chose qui les unissait... Remarquez, on peut dire que c'est déjà pas mal !
Il fut ramené à la réalité par les portes de la chambre s'ouvrant, laissant passer une femme de petite taille. L'accouchement était enfin terminé et il allait pouvoir rencontrer son enfant. Ses mains tremblaient sous l'émotion, lui qui s'était juré de ne pas être sentimental. Quand il passa de l'autre côté, les cris du bébé se firent aussitôt plus puissants, il alla vers sa femme, allongée dans le lit et le cheveux trempés. Il lui sourit vaguement avant de jeter un coup d'oeil en direction de la sage femme qui tenait entre ses bras le nouveau-né qu'elle venait tout juste d'envelopper dans une étoffe. La Dalya se redressa à moitié, s'aidant de ses coudes:
-Qu'est-ce que c'est ? dit-elle d'une voix détacher.
Pendant neuf mois, elle avait prié pour donner naissance à un garçon. Elle espérait tellement donner un héritier mâle aux MacIntyre, car après tout, si elle avait épousé Maxwell, c'était en partie pour remplir ce rôle. Les lèvres de la sage-femme s'étirèrent en un franc sourire avant de répondre:
-C'est une merveilleuse petite fille !Dalya se laissa retomber sans grâce dans ses oreillers. 'Et merde !' pensa-t-elle. Maxwell allait sans doute la haïr pour le restant de sa vie à présent. Pourtant, lorsqu'elle vit le regard admiratif que son mari avait en prenant le frêle corps dans ses bras, elle se dit que la situation n'était pas aussi grave que cela et qu'il allait certainement aimer son enfant en fin de compte. L'aimer certes, mais à sa façon. Dalya savait qu'il ne pourrait inculquer une éducation différente de celle qu'il avait lui même reçu et dans ces moments là, elle se devrait d'être présente pour réconforter sa fille. Elle savait qu'il la briserait par les leçons harassantes qu'il lui donnerait dès son plus jeune âge. Sa gorge se serra alors qu'on amena son bébé jusqu'à elle. Lorsque la petit fille ouvrit de grand yeux et poussa un cri en voyant sa mère pour la première fois, Dalya ressentit directement cette vague d'amour se rependre en elle. La sage-femme s'avança doucement vers le lit où les parents étaient réunis autour de leur premier enfant:
-Comment comptez-vous l'appeler ?Maxwell ne laissa pas le temps à sa femme de répondre, il avait déjà tout décidé à l'avance, même si une résistance féminine avait été évoquée, il était intransigeant au niveau du prénom qu'il voulait donner à sa fille:
-Lilith... Un prénom à la hauteur de sa destinée au sein de notre famille. Dalya déglutit avec peine: pauvre petite... Elle était loin de douter dans quoi elle venait de mettre un pied, et le pire, c'est qu'elle ne l'avait même pas choisi ! Elle se contenta d'afficher un faible sourire, histoire de faire bonne figure, puis elle se retourna dans les draps, tournant le dos aux autres, prétextant ne pas se sentir bien. C'est seulement après cette manœuvre qu'elle laissait une larme couler le long de sa joue.
CHAPITRE II
Huit ans plus tard...Lilith était allongée sous le saule pleureur qui se trouvait non loin de la barrière délimitant la fin du terrain appartenant au clan dont elle était membre. Elle n'était pas seule; une petite fille rousse, du même âge qu'elle, se tenait à ses côtés. Depuis peu, les MacIntyre avaient de nouveaux voisins, voisins tout aussi riches qu'eux mais pas de si bonne compagnie. Lilith voyait sa petite voisine et toute fraîche amie en cachette, elle savait que son père était formellement contre, il avait manifesté son désaccord à ce que cette famille vienne s'installer non loin de chez eux, alors la blonde imaginait très bien ce qu'il pourrait penser de cette amitié. La rouquine roula sur son ventre et se mit à observer la MacIntyre d'un air sérieux. Lilith haussa un sourcil et finit par lui demander:
-Qu'est-ce qu'il y a ? L'autre fillette se mordilla la lèvre inférieure avant de jouer avec un brin d'herbe qu'elle venait d'arracher nerveusement. Lilith se releva, restant seulement assise sur son séant et répéta sa question une seconde fois; l'autre finit par rendre les armes, bien facilement:
-Bah... Je me disais... C'est bizarre... -De quoi ?-Ton prénom... Papa m'a lu des histoires sur une certaine Lilith, c'était pas joli joli... Mais toi, t'es gentille pourtant !La blondinette baissa la tête. Ses mains se crispèrent sur le tissus de sa jupe. Elle ravala des pleurs qui commençaient à la submerger en flèche. Ce n'était pas la réflexion de sa nouvelle amie qui lui faisait de la peine, c'était plus le fait qu'elle puisse la trouver gentille. Car elle ne l'était pas:
-Tu sais Sarah, je ne suis pas gentille...Sarah se releva vivement, ses épaules furent automatiquement caressées par le long feuillage du saule qui leur servait de cachette:
-Mais si ! Tu es mon amie ! Et mes amis sont tous gentils !Lilith leva vers elle un regard plein de gratitude. Elle n'avait que huit ans mais elle n'oublierait jamais cette phrase: 'toi t'es gentille pourtant !'. Cette phrase allait la changer à jamais, allait altérer sa vision des choses, serait sa conscience lorsqu'elle glisserait doucement vers la pente du vice que les MacIntyre allaient lui inculquer dans quelques années. Elle ne serait jamais la fille dont ses parents (et surtout son père) avaient rêvée à cause de cette simple phrase. Que quelqu'un puisse la trouver gentille, c'était quasiment inespéré. Elle en aurait pleuré toutes les larmes de son corps, elle aurait même hurlé de joie si elle n'avait pas une peur bleue de se faire attraper par son père. Elle avala sa salive avec peine, se leva en tremblant légèrement, chancelant lorsqu'elle se trouva debout sur ses deux jambes et alla serrer Sarah dans ses bras:
-Merci..., murmura-t-elle.
Elles se séparèrent suite à cela, se promettant de se rencontre le lendemain, puis le jour d'après et le jour suivant, de se revoir tous les jours tant que cela leur était accordé (ou non d'ailleurs). Quand elle avait passé la lourde porte du manoir des MacIntyre, elle avait eu le temps de cogiter malgré son jeune âge. Dans la soirée elle ne s'était en rien comporté comme une petite gamine capricieuse qui désirait un jour contrôler tout le monde, car les gentilles personnes n'agissaient pas comme cela, et elle était gentille ! C'est d'ailleurs cette toute nouvelle attitude que son père qualifiait de 'honteuse' qui mit la puce à l'oreille de ce dernier. Il se passait quelque chose avec sa fille et il n'arrivait pas à savoir quoi. Intérieurement, l'homme bouillonnait car la fillette lui échappait et c'était bien la dernière chose qu'il voulait !! Avoir une main mise totale sur les agissements de son enfant, c'était cela qui lui importait et quand tout allait de travers, il pouvait entrer dans une colère noire simplement parce qu'il n'avait plus le contrôle de la situation.
Deux mois plus tard...La sentence était tombée. L'amitié devait être brisée au plus vite, elle n'avait pas pu rester secrète bien longtemps. Maxwell MacIntyre marchait d'un pas décidé en direction du saule pleureur qui abritait les deux complices. A vrai dire, il était resté un moment à observer leur manège, tapis dans l'ombre avant de passer à l'action pour les prendre la main de le sac. Il avait choisi le moment qui lui semblait le plus opportun pour une humiliation, à savoir, le jour de l'anniversaire de la jeune voisine. Il pouvait à présent entendre leurs éclats de rire et cela le révulsait au plus haut point. Il pressa la pas, heureux de pouvoir en finir; lorsqu'il écarta le long feuillage du saule, il se planta devant les deux petite fille telle une ombre menaçante, telle la mort en personne. Les deux amies en restèrent baba, la fourchette qui devait amener jusqu'à leurs bouches le morceau de gâteau restant suspendue dans les airs sous la surprise. Pas un son ne réussi à sortir; c'est le père de Lilith qui rompit ce silence pesant en appuyant sur chaque mot qu'il allait prononcer:
-Lilith, sort de là immédiatement...La concernée déglutit avec peine. La voix de son père avait beau être posée, il avait pas du tout élevé le ton, mais elle savait qu'elle n'avait pas d'autre choix que de lui obéir. Si elle tentait une quelconque résistance elle le sentirait passer en rentrant et la dernière chose qu'elle voulait s'était de se retrouver face à une des punitions de son père, elle avait déjà donné il y a de cela un an. Elle abandonna fourchettes, assiettes, gâteau et amie pour attraper timidement la main inquisitrice que lui tendait son père. Il tira violemment dessus, ce qui obligea Lilith à se retrouver contre lui. Il passa jalousement une main dans les cheveux de sa fille, comme si elle n'appartenait qu'à lui. Puis il vit virevolter sa redingote et tourna les talons, emportant Lilith avait lui alors qu'on commençait à entendre les sanglots étranglés de la jeune Sarah.
Le coeur de la blondinette battait à tout rompre, elle savait qu'elle allait prendre une sacrée correction, elle ne pourrait pas y échapper. Et pourtant... Ce jour là elle se trompait. Avant qu'ils ne mettent les pieds dans le hall d'entrée, Maxwell arrêta son enfant, l'attrapa fermement par les épaules. Lilith ferma les yeux, les serrant très fort, s'attendant à recevoir la pire rouste de sa vie, rien ne vint. Au lieu de quoi, elle sentit la douceur des doigts de son père traîner sur sa joue. Elle osa un regard vers lui et dit d'une voix tremblante:
-Père... Vous... Ne me frappez pas ?MacIntyre père retint son souffle et posa un regard accusateur sur sa fille:
-Te frapper mon chou ? A quoi cela servirait-il ? Je ne souhaite pas te marquer physiquement... Non, ce que je veux, c'est que tu deviennes une personne forte et intransigeante... Te frapper ne ferait pas avancer les choses. Par contre... Si tu ne suis pas mes ordres je peux t'avoir mentalement à ma merci...Sa voix s’aggravait alors qu'il avançait dans son explication. Il marqua une courte pause avant de reprendre, un air méchant venait de s'afficher sur son visage:
-Je t'interdit de revoir cette jeune personne tu m'entends... Car si tu le fais, ce n'est pas toi qui je briserais... Mais elle... Le coeur de Lilith se serra dans sa poitrine. Elle venait de comprendre: son père utiliserait les gens auxquels elle tenait pour directement l'atteindre. Elle réalisa également que pour survivre au sein de cette famille, elle allait devoir agir comme eux, faire semblant d'être quelqu'un alors que son coeur lui dictait d'agir autrement, d'être une personne gentille... Comme l'avait dit Sarah. Mais serait-elle capable d'échapper à l'influence de sa famille ? Serait-elle capable de se dresser contre eux pour faire ressortir cette gentillesse ? Malheureusement, la réponse était non...
CHAPITRE III
Cinq ans plus tard...-Serpentard !!Lorsque la voix du Choixpeau retentit à travers la grande salle et que la applaudissement survenaient de la table des désignés, Lilith relâcha décompressa. Ses muscles, jusqu'alors tendus, redevinrent normales. Elle ouvrit les yeux, un sourire malicieux aux lèvres, promenant un regard froid sur l'assemblée qui s'étendait devant elle. Elle ne mit que quelques secondes à retrouver ses esprits puis elle se leva du tabouret alors qu'un professeur retirait le choixpeau de sa tête; il l'avait écouté. Elle avait prié si fort pour qu'il la place chez les Serpentard, elle était certaine qu'il l'avait su. Alors qu'elle descendait de l'estrade, elle soupira de soulagement: enfin une bonne nouvelle, enfin un point sur lequel elle ne décevrait pas ses parents. Si elle était allée ailleurs que chez les verts, cela aurait été la troisième guerre mondiale. Elle n'aurait pas pu supporter un énième affrontement avec ses géniteurs, du moins pas maintenant. Durant ces cinq dernières années, elle n'avait plus jamais revu Sarah, ou du moins vaguement alors qu'elle se trouvait avec ses parents. Mais à chaque fois, Lilith s'appliquait à tourner la tête, prenant un air faussement supérieur, comme le lui avait appris sa mère, alors que pendant ce temps, son coeur crevait d'envie d'aller serrer son ancienne amie dans ses bras. Elle pleurait quelque fois le soir, silencieusement, à l'abris des regards indiscrets et surtout pas devant ses parents. Et puis elle en était venu à résonner autrement; après tout elle devrait accepter les armes qu'on lui tendaient, elle aller devoir accepter les principes peu recommandables de sa famille et faire avec, parce que cela pourrait toujours lui servir. En l'espace de deux ans, elle changea réellement, son visage se ferma et son regard ne fut que froideur depuis, seul peu de gens sont actuellement capable d'y faire naître une lueur quelconque. Elle avait grandi bien trop vite. Cela ne l'avait pas dérangé; mais au fond d'elle, elle n'oubliait pas qui elle voulait être réellement...
Elle fut ramenée à la réalité alors qu'elle arrivait vers la table de ceux qui allaient composer sa seconde famille au sein de Poudlard. Elle serra quelques mains et sourit vaguement lorsqu'elle sentait des tapes amicales dans son dos. Elle s'assit en silence et alors qu'elle posait ses mains à plat sur le bois poli, elle planta son regard azure dans celui de l'autre nouveau venu en face d'elle. Le sourire mauvais qui étira ses lèvres roses n'alerta en rien ce dernier. Elle savait, elle se sentirait chez elle ici, bien plus qu'au manoir familial, entourée du clan MacIntyre.
Vacances de Noël, la même année...-Fichtre de foutre !! Tes professeurs sont donc tous incapables ?!-Père je vous en prie...Lilith leva vers Maxwell une main tremblante alors qu'elle espérait qu'il serait pris de compassion. Elle n'arrivait plus à se soulever et son visage restait en contact avec la pierre froide de la cave. Elle entendit les pas furieux de son père se rapprocher, il l'attrapa au col, la soulevant avec force et vint la replacer sur la petite chaise qui était au centre de la pièce:
-Tu es faible ma fille, et de cela, j'en ai honte ! Reprend toi bon sang ! Cela faisait à présent trois jours qu'elle était ici avec son paternel; il ne cessait de lui faire subir des assauts, laçant sortilège après sortilège; le but étant pour Lilith de riposter. Seulement, il y avait certains moyens de défense qu'elle n'avait pas encore appris. Elle était à présent à bout de force; tous ses muscles étaient engourdis. Elle avait mal à la tête, mal aux bras, mal partout. Aujourd'hui, c'était elle qu'il était en train de briser. Pour la première fois de sa vie, Maxwell MacIntyre avait physiquement blessé sa fille. Et pourtant, il avait trouvé un moyen de ne pas la toucher, du moins pas directement. Cela était trop pour la jeune fille; avant que son père ne puisse lancer un nouveau sort, elle bascula en avant de la chaise, la tête la première, se laissant tomber de tout son poids:
-LEVE TOI !! cracha l'homme.
-Je suis... Désolée père... Je ne peux plus...-Les MacIntyre ne sont jamais désolés, tu m'entends ? Ils n'accordent de répit à personne ! Ils ne pardonnent pas et ils ne font jamais preuve de pitié !! EST-CE QUE TU M'ENTENDS ?! Lilith n'avait plus la force de répondre. Un simple souffle s'échappa de sa bouche. La dernière chose qu'elle entendit fut la porte qui se referma dernière son père et les ténèbres l'envahirent. Lorsqu'elle se réveilla, la pièce était plongée dans le noir; elle était toujours au même endroit. Personne n'était venu la chercher. Quelle heure était-il ? Combien de temps était-elle restée inconsciente ? Elle se souviendrait toute sa vie de ce moment dans cette cave. Et même si après cela, la haine qu'elle vouait à son père était sans limite et pourtant il s'y mêlait toujours un sentiment d'admiration. Elle le trouvait inébranlable, telle un rocher au milieu de l'océan qui jamais ne se laisserait engloutir par les flots. Elle ne put s'empêcher d'admettre que lorsqu'elle sortirait d'ici, elle n'en serait que plus forte. Peut-être avait-il raison... Peut-être qu'elle ne méritait pas d'appartenir à cette famille... Ce qui lui faisait mal, c'était le fait que sa propre mère, elle qui aimait tant sa petite fille, ne s'opposait pas sa son mari quand ce dernier employait des méthodes radicales pour inculquer une leçon à son enfant. Dalya ne voulait pas attiser la colère de l'homme qu'elle avait épousé, surtout depuis que ce dernier s'éloignait d'elle suite aux nombreuses fausses couches dont elle avait été 'victime' alors qu'ils tentaient d'avoir un autre rejeton. Maxwell désespérait de voir son héritier mâle arriver un jour et c'était certainement pour cela qu'il se montrait de plus en plus dur avec Lilith, ayant l'impression qu'elle avait pris la place de son petit garçon si attendu. Une étrangère dans sa propre famille voilà le sentiment qu'elle avait.
CHAPITRE IV
Six ans plus tard...-Bravo Rendy, t'as fait fort cette fois !!Ce furent les paroles de Lilith alors qu'un membre de sa maison était en train de faire un sale coup à un pauvre nouveau. Le première année était totalement traumatisé alors que ses mains était collées contre le mur froid d'un des couloir de l'école, son pantalon se montant et se baissant à un rythme effréné à l'aide d'un sortilège, révélant ainsi son derrière aux élèves de passage.
La blonde alla se planter devant la victime qui pouvait à peine la voir lorsqu'il tentait de tourner la tête. Le regard qu'elle porta sur lui, s'attardant à observer son séant accentua la honte de l'élève:
-Regardez moi ça ! C'est que ça manque de couleur en plus ! Des rires s'élevèrent suite à cette remarque. Lilith s'approcha encore un peu, jusqu'à ce que sa poitrine vienne rencontrer le dos de l'élève. Là, elle tira doucement sur les cheveux, l'obligeant ainsi à pencher la tête en arrière. Elle lui murmura, tout contre son oreille:
-La prochaine fois, tâche de ne plus le contrarier... Lorsque tu croiseras mon ami Rendy dans un couloir, baisse les yeux. Tu as compris, sang de bourbe ?Il secoua vivement la tête et Lilith relâcha la pression de ses doigts autour des cheveux. Elle s'écarta rapidement lança un regard malicieux au fameux Rendy et s'en alla silencieusement, sans même se retourner une seule fois. Elle avait le coeur lourd; elle ne regrettait pas ce qu'elle venait de faire, elle se disait juste qu'elle aurait peut-être pu y aller plus doucement. Mais elle devait entretenir cette illusion parfaite, continuer d'agir comme une MacIntyre. Après tout, elle ne connaissait rien d'autre... Ce n'était pas de ça faute...
Vingt minutes plus tard, Lilith revint sur les lieux du 'crime'. Rendy avait beau agir, il n'en restait pas moins un trouillard de première classe, le sortilège n'avait donc pas duré bien longtemps, de peur de pouvoir se faire choper. Son pas était lent, assuré, ses talons claquaient sur le sol pavé alors qu'elle s'approchait une nouvelle fois. Elle trouva le première année, recroquevillé sur lui même contre le mur. Quand il réalisa qu'il n'était plus seul, il osa lever les yeux, mais ces derniers s'ouvrirent grand et se tintèrent de peur; peur qui se transforma en surprise quand il vit la blonde se poster devant lui et tendre une main compatissante. Il ne l'attrapa pas, pensant qu'il s'agissait certainement d'une autre mauvaise blague, que tout cela allait encore se transformer en une humiliation publique. Pourtant, il n'y avait personne dans le couloir. Lilith soupira d'exaspération en le voyant hésiter:
-C'est pas vrai ! Bordel, il faut tout faire soi-même en plus !Elle agrippa le garçon par les épaules et le tira du sol, l'aidant ainsi à se remettre sur ses deux pieds. Après quoi, elle l'aider également à épousseter sa robe de sorcier alors qu'il portait toujours sur elle un regard chargé de questions. Il finit par l'ouvrir:
-Je ne comprends pas... -Tu la fermes !, coupa Lilith.
Aucune question, d'accord ?Le gosse agita vivement la tête et la laissa terminer la mise en place de la tenue réglementaire de Poudlard. Elle l'examina un instant et hocha sa caboche faisant bouger en rythme ses longs cheveux blonds. Elle était satisfaite. L'élève allait déjà déguerpir quand elle le rattrapa par le col. Bon sang, il savait que tout cela n'était qu'une blague, il allait encore en prendre plein la figure !! Il se préparait déjà à recevoir un coup ou autre, mais c'était mal connaitre Lilith MacIntyre, car jamais elle ne s'attaquait physiquement à quelqu'un, jamais... Comme son père avait fait avec elle, elle jouait avec les autres mentalement, comme on le lui avait appris, comme on le lui avait montré, car elle avait subi. Encore une fois, rien de vint. Au lieu de quoi, la sixième année plaqua le petit contre le mur et le regarda droit dans les yeux:
-Ecoute moi bien attentivement, morveux: Si jamais tu répètes cela à quelqu'un, si jamais tu dis que je t'ai aidé, d'abord je nierai tout en bloc, te faisant passer pour le plus gros menteur de toute l'école, crois moi j'en ai les moyens... Ensuite, vu que je le saurai, je viendrai personnellement m'occuper de ton cas, à savoir que j'arracherai tes jolis petits yeux à l'aide de ceci !! En terminant sa phrase elle brandit sous le nez du garçon un doigt qui se terminait par un ongle bien long et quelque peu pointu.
-Pigé ?-Ou...Oui !-Bien, alors maintenant dégage !Il ne se le fit pas redire deux fois. Il se faufila hors de l'emprise de Lilith et s'élançait déjà dans le couloir. Mais ce qui surpris cette fois la blonde, ce fut qu'il revint sur ses pas et lui murmura:
-Merci...La réalité lui explosa en pleine figure et elle se revit, des années plus tôt, serrant son ancienne amie et voisine contre son coeur, prononçant ce même mot. Sa gorge se serra alors qu'elle suivait le première année des yeux qui cette fois détallait pour de bon. Lorsqu'elle se retrouva seule dans le couloir, elle se laissa glisser le long du mur jusqu'au moment où ses doigts rencontrèrent le sol froid. Sarah était comme lui, une sang de bourbe. Plusieurs fois, elle on l'avait embêtée, une fois même sous les yeux de Lilith. Mais elle n'avait pas bronché; elle repensa alors à la phrase qu'elle avait prononcé à l'époque où elles étaient encore amies: 'toi pourtant, tu es gentille'. C'était Lilith qui avait raison, elle ne l'était pas. En ce moment même, elle avait plus l'impression d'avoir agi de la sorte pour se racheter un consciente et non parce qu'elle désirait véritablement aider l'élève en détresse, sinon elle l'aurait fait dès le début et non alors que plus personne ne pouvait la voir. Elle avait honte d'elle même, voilà la vérité. Parce qu'elle ne savait pas qui être, elle était tout le temps tiraillé entre ces méthodes et agissements qu'elle connaissait si bien, ceux que ses parents et le reste du clan avaient choisi pour elle, ceux qu'elle avait connus depuis sa plus tendre enfance. Puis de l'autre côté de la balance, elle voulait devenir quelqu'un de bien, aider les autres, rire sans méfiance et ne plus user de combine plus dangereuses les unes que les autres pour obtenir ce qu'elle voulait.
Elle soupira et se passa les mains sur son visage. Mais elle était certaine d'une chose: ce qu'elle voulait c'était la fortune des MacIntyre. Alors elle devait rester celle qu'elle montrait aux yeux des autres: une fille froide, pas facile à approcher dans un premier temps, à la langue acérée, une petite manipulatrice en herbe, et une fille aimer collectionner les conquêtes. Pour ce qui était de l'autre partie de son âme, celle qui tentait peu à peu de prendre le dessus, celle qui lui permettait de faire le bien (de temps en temps) ou de prendre des décisions justes, elle devait rester encore cachée, pour un temps indéterminé. Elle n'aurait pas supporté que quelqu'un l'apprenne et qu'on se fiche d'elle. Car au fond, elle restait tout de même une fille MacIntyre, et on ne se payait pas la tête d'un MacIntyre sans craindre des représailles... Elle sourit faiblement en pansant qu'elle devrait continuer à agir dans l'ombre, discrètement. Résolu à garder son secret qui lui faisait si honte, elle se releva et quitta le couloir telle une ombre.