Une écharpe aux couleurs de sa maison ornait fièrement le cou de la candide ; le blason qui y trônait était sublimé par un soleil un peu timide. Il ne faisait pas chaud : il ne faisait pas froid. Un vent agressif cependant tressaillait lorsqu’il se mêlait aux branches de quelques conifères trop robustes. Et la mélodie qui résonnait aux oreilles de la belle lui rappelait cette comptine enfantine. Cette comptine qu’autrefois lui chantait son père le soir pour l’apaiser, pour rendre son sommeil léger, profond. Elle adorait ça, Moa. Les rêves qui suivaient étaient toujours purs, toujours chastes. Elle ignorait la peur et en oubliait parfois le manque. Non, il s’en allait sans dire qu’elle n’avait pas vécu une enfance malheureuse malgré l’absence de sa mère. Pour compenser ; elle avait vu la mer. Celle qui dansait, se balançait. Chaude. Dangereuse. Envoutante. Celle qui éclaboussait les frimousses de quelques gamins qui, téméraires, osaient s’en approcher de trop près. Elle avait dansé sur le sable chaud de l’Italie, une fois. Elle avait goûté leurs glaces à en couper le souffle, à en ôter le vocabulaire. Elle avait vu l’écume de ses souvenirs se briser sur les rochers de sa mémoire. Elle avait vécu, Moa ; elle avait ri. Beaucoup ri. Aujourd’hui encore, elle riait. Un peu trop, peut-être. Jamais elle ne cessait de rire. Parfois, elle se surprenait à se demander si elle n’agaçait pas son monde à être toujours de bonne humeur mais elle se ravisait bien vite car il n’y avait rien de plus agréable que de profiter. Profiter simplement. Profiter justement. Profiter du bonheur volatile d’un instant de magie. Parce qu’elle adorait ça, Moa : la magie. Parfois, elle lançait un Lumos juste pour voir cette lumière pâle –cette lumière pure- jaillir au bout de son artefact. Oh, elle n’avait jamais été douée en sortilèges – et ce encore bien moins en duel- mais ça l’émerveillait et elle se perdait à rêver un jour devenir une grande sorcière bien qu’elle n’en avait certainement pas l’étoffe. Non, elle n’était pas érudite et souvent bien malhabile quand il s’agissait de se défendre à coup d’étincelles. Alors, elle savait sa carrière ailleurs que dans ce monde aux milles couleurs ; elle y avait sa place, mais pas ainsi. Sûrement pas ainsi. Sur un balai, à deux mille lieux d’une Terre trop aride, une Terre qui peu à peu lui brulait les pieds ; elle toucherait le ciel à s’en cramer les ailes. Et elle volerait encore, profiterait de cette liberté récemment retrouvée. Cette vieille amie. Cette lâche amie qui s’évadait dès lors que l’on tâchait de lui passer des chaînes. Et pourtant elle la cherchait ; ils la cherchaient tous. La liberté. Certains rebelles au cœur valeureux se fichaient des règles pour feindre une fausse liberté qui leur collait à la peau. Et pourtant, eux non plus n’étaient pas libres. Eux aussi souffraient de ces maux dont les humains avaient le secret. Eux aussi, un jour, redeviendraient poussière et ne laisseraient derrière eux que quelques soupirs trop vite étouffés par le capharnaüm continu d’une Terre abîmée. Si seulement ils savaient qu’elle se trouvait ailleurs, la liberté. Elle résidait dans de petites choses quotidiennes ; la tolérance, l’altruisme, la complicité. La vie. Un bonheur un peu trop brut pour être compris, peut-être. Ses longues pensées philosophiques prirent fin lorsque, inattentive, elle manqua de s’écraser de tout son long sur les pavés froid de Pré-au-Lard. Un seau mal rangé ; il aurait pu suffire, elle se rattrapa de justesse. L’excitation ne cessait de croître en elle. Aujourd’hui était un grand jour. Elle allait pouvoir passer quelques instants avec la belle Nika. En vérité, Moa ne savait pas trop dans quelle case placer la vipère aux cheveux noirs. Elles n’étaient pas vraiment amies, certainement pas ennemies non plus. Elles étaient deux adolescentes coincées entre certains idéaux trop complexes pour laisser naître entre elles une réelle complicité. Ces rares rencontres à Pré-au-Lard étaient devenues leur petit secret. Quelques confidences glissées parfois dans l’entrevue d’une Bière au beurre ou d’un café. Elles ne restaient jamais longtemps ensembles, par peur de quelques rumeurs qui auraient pu s’avérer déplacées. A vrai dire, Moa ne comprenait pas toujours cette manie qu’avait Nika a toujours vouloir sauver les apparences lorsqu’il s’agissait de la pureté du sang, mais elle n’abordait jamais le sujet. Après tout, elle était l’une des rares Née-Moldue que tolérait la sirène, alors ; elle ne s’en plaignait pas trop. Elle faisait table rase. Elle l’aperçut, au loin, et pleine d’entrain elle vint déposer ses mains sur les yeux de la brunette, par derrière, avant de la défier au jeu de reconnaissance : « Devine qui c’est ! » Oh, elle ne voulait pas risquer de l’énerver, alors, elle ôta bien vite ses mains pour sauter à pieds joints et se retrouver face à elle : « Tadaaaam. » Elle était comme ça, Moa. Toujours pleine de vie. Toujours pleine d’envie. Là où les gens battaient les temps forts de leur marche, de son côté ; elle en sautillait les apostrophes. Elle regarda Nika un instant et elle savait lire dans son regard une certaine inquiétude, celle que quelqu’un l’aperçoive en sa compagnie ; elle avait une réputation à tenir. Loin de s’en offusquer, la jaune et noir préféra penser à l’instant présent, mais surtout, en profiter. Par un sourire, elle essaya de rassurer sa camarade mais ce n’était pas chose évidente. « Alors, c’est quoi le programme ? Taverne, café ? On va où ? Je te suis ! » Elles avaient de la chance car, en ce samedi après-midi, Pré-au-Lard n’était pas grandement fréquenté et, là où normalement gisait l’effervescence de nombreux adolescents excités à l’idée de rafler quelques babioles, les rues aujourd’hui étaient relativement désertes. Moa espérait que ça suffirait à épargner la belle Black des rumeurs quant à ses fréquentations. Oh non, elle n’avait pas honte d’être Née-Moldue, pas le moins du monde et, à vrai dire, elle en était même plutôt fière. Quelle honte y’avait-il à avoir lorsque l’on avait eu en tant qu’enfant tout ce qu’il était possible de donner lorsque l’on aime ? Car malgré l’absence de sa mère, son père a su combler le vide et, à y penser, elle était même plutôt fière de ses origines, Moa. Plutôt fière d’être la fille d’un héros. Son héros.
Le soleil n'était pas encore tout à fait levé quand la poupée de porcelaine ouvrit un œil, puis deux, émergeant doucement de son sommeil. Le froid de janvier venait l'attaquer alors qu'elle n'avait même pas encore oser sortir de sous sa couette. Si en temps normal, un signe comme celui-ci lui aurait donné envie de rester lovée bien au chaud toute la journée, il n'eut pas cette importance aujourd'hui ; quelque chose de bien trop réjouissant l'attendait au delà des murs de l'école de sorcellerie magique. Dans quelques heures, dans le plus grand des secrets, elle irait retrouver Moa Keegan. Moa. Élève du même âge qu'elle mais dans la maison honteuse de Poufsouffle et dont le sang était aussi impur que possible puisqu'elle venait d'une famille de moldus. Si la nature avait bien fait les choses, les deux adolescentes n'auraient jamais du s'adresser la parole, chacune restant dans son monde loin de l'autre. Pourtant, les coups du destin étaient nombreux et les deux quatrième année avaient été frappées de plein fois par l'humour étrange de ce que l'on appelle la destinée. Un peu de curiosité se mélangeant à une impression de voit être redevable et voilà qu'elles étaient devenues amies, s'appréciant sincèrement malgré toutes les barrières qui pouvaient se placer entre elles deux. En réalité, il n'y avait que la brune à la peau de nacre qui voyait ses barrières. Éduquée dans la tradition du sang pur, elle avait du mal à assumer son attachement envers la jaune. Ce n'était pas normal et elle n'osait même pas imaginer ce que dirait son père si, par malheur, il finissait par apprendre son secret. Voyant Moa comme une personne ayant réussie à causer une faille dans l'allégeance qu'elle avait pour le patriarche Black, la belle vipère avait eu énormément de mal à se laisser aller, à être réellement elle-même en présence de la née moldue. Tomber le masque n'était pas chose aisée lorsque l'on ne savait plus où se plaçait le masque et où se cachait sa véritable âme. Torturée par ce cas de conscience, elle n'avait pas eu le courage d'aller en parler à Dawn, ne voulant pas prendre le risque de laisser s'insinuer un quelconque nuage dans leur ciel si parfait. Finalement, elle avait décidé de prendre les choses comme elles venaient, tout en prenant certaines précautions pour son secret soit bien gardé et n'éclate pas au grand jour sans qu'elle l'ait décidé. Voilà pourquoi, aujourd'hui elle irait à Pré-au-Lard rencontrer son amie alors que tous les élèves de Poudlard n'oseraient pas s'aventurer dans le froid et resteraient dans le confort de leurs salles communes respectives.
Quittant son uniforme scolaire habituel de la semaine, elle enfila un jean délavé et un pull noir qui faisait ressortir le nacre de son épiderme. Laissant ses cheveux tombés en cascade sur ses épaules, elle compléta sa tenue d'une paire de tennis et d'un manteau d'hiver pour ne pas attraper froid. Prenant son argent, elle sortie de son dortoir, puis de la salle commune, sur la pointe des pieds pour ne pas attirer l'attention. La curiosité mal placée de ses congénères avait toujours été une source d'agacement pour l'héritière Black, en particulier lorsqu'elle ne voulait pas que l'on s'intéresse à ce qu'elle faisait. Arrivant au village sorcier, personne n'encombrait encore les rues ou les boutiques et elle profita pour aller se prendre en café en toute tranquillité. Jetant un coup d’œil à sa montre, l'heure du rendez-vous n'était plus très loin. Les deux jeunes filles se voyaient tellement rarement que lorsque c'était le cas, elles tachaient d'en profiter un maximum en se réservant leur journée entière. Prenant place sur un banc, elle gardait ses mains posées sur le gobelet de café pour continuer de réchauffer son corps qui, malgré l’accoutrement, souffrait du froid violent de ce début d'année. « Devine qui c’est ! » La surprise fut telle qu'elle en lâcha son café. Le liquide chaud et noirâtre se répandait sur le sol alors qu'elle sentait ses yeux se délivrer de l'emprise et la poufsouffle se placer devant elle. « Tadaaaam. » Il n'était pas certain qu'en temps normal, Nika ait apprécié ce genre d'entrée en manière qu'elle trouvait un peu trop familière à son goût. Cependant, à force de fréquenter Moa, elle avait finit par comprendre que cela faisait partie d'elle sans qu'elle puisse rien n'y faire. Alors que l'une était froide et distante, l'autre se révélait chaleureuse et sociable. Laissant un léger sourire percer au coin de sa bouche, elle continuait de regarder son amie de son regard couleur terre. « Alors, c’est quoi le programme ? Taverne, café ? On va où ? Je te suis ! » Il était étrange que les deux adolescentes se soient trouvées et s'apprécient autant lorsque l'on voyait à quel point elles pouvaient être différentes, aux antipodes l'une de l'autre. Passant une main dans sa longue chevelure d'ébène, Nika sortie un mouchoir de son sac pour essuyé ses mains où quelques gouttelettes de café étaient venues prendre refuge dans leur chute. « Bonjour, Moa. » Un léger sourire puis, elle remit le mouchoir dans son sac en attendant de trouver une nouvelle où elle pourrait le jeter plus tard. « Je ne suis pas contre un café vu le destin tragique qu'a connu celui que j'avais. »
Il n'y avait pas de reproche ou d'agressivité dans le ton employé par l'enfant élu de la famille Black mais simplement une constatation dans ce qu'il venait de se passer. Détendue par l'absence de monde dans les rues pavées du village sorcier, Nika allait pouvoir souffler et redevenir une adolescente insouciante le temps de quelques heures, juste pour un peu, juste pour se rappeler ce que c'était de vivre. Et il fallait avouer que pour un programme comme celui-ci, il ne pouvait pas y avoir de meilleure compagnie que Moa Keegan qui apparaissait comme un rayon de soleil, constamment de bonne humeur et joviale lorsque tout autour d'elle, les autres étudiants affichaient des mines grises en raison du temps et de leur problèmes dans leurs familles démembrées. Aujourd'hui, la poupée de porcelaine voulait tout oublier. Elle voulait souffler de tout ce qu'elle savait, de tout ce qui venait briser son âme d'enfant. Elle voulait revenir à ce jour à Londres où elle avait eu l'impression d'être une fille comme tout le monde.
Même si encore les quelques rayons de soleils qui dardaient à travers les nuages restaient timides, la Poufsouffle tâchait d’en profiter. Même si l’hiver restait sa saison préférée, elle avait bien du mal à cacher son amour pour le printemps –et surtout pour l’été- et ses couleurs. L’été était synonyme de grandes vacances et, même si elle pouvait jouir de quelques semaines de quiétude dans son Londres natal en hiver, l’été était aussi une promesse de retrouvailles. Ensembles, tous les trois. Les trois : papa, Marcus, Moa.. Mais quel beau trio. Malgré l’absence pesante de sa mère, Moa ne pouvait qu’admettre que pour rien au monde elle n’échangerait sa famille. L’air pesant qui régnait à Pré-au-lard ne faisait qu’amplifier la lourdeur de l’atmosphère qui régnait au château ces derniers temps. Les tensions s’étaient accrues, les sourires s’étaient éteints et l’anxiété peu à peu faisait son nid. De son côté, l’autodidacte tâchait de son mieux d’offrir un peu de légèreté à ceux auxquels elle tenait. Ainsi, elle avait permis à Magnus d’oublier son échec au poste de batteur l’espace d’une après-midi, elle avait couvert les fugues de Marcus quand celui-ci sortait, tard le soir, elle avait passé la nuit avec Majkalena au sommet de la tour d’astronomie à parler de tout et de rien, mais surtout de rien. Ce jour-là ; elle s’attaquait à Nika. Princesse des glaces. Celle que tout destinait à ne jamais être son amie. Celle qui pourtant en cette matinée avait bravé le froid pour la rejoindre suite à son dernier hibou. Certes ce n’avait pas toujours été aussi simple que ça ne l’était à présent. L’héritière Black fût longtemps réticente à l’idée de véritablement se lier d’amitié avec la jeune Moa. Pourtant, la persévérance de la brunette aux yeux clairs avait eu raison de son allégeance totale à son patriarche. Du côté de la Keegan, jamais d’obstacle il n’y avait véritablement eu. A vrai dire, elle n’avait jamais eu honte de son sang, ne s’était jamais considérée comme inférieure à ce niveau là, loin de là. Comme toutes les jeunes filles ; il lui était arrivé de douter. Peut-être n’était-elle pas aussi belle que celle-ci, ses cheveux pas aussi brillants que celle-là, mais jamais ses complexes n’avaient outrepasser les barrières du sang. Il n’en était pas de même pour Nika qui avait des idéaux bien tranchés. Mais il n’était pas évident que de résister à Moa et nombreux avaient été ceux à en payer les frais. Arrivé à hauteur de son amie, elle fût satisfaite de son entrée : fracassante, étonnant. La surprise eût lieu et fit même glisser la tasse de café que tenait la vipère au sol. Un instant Moa en fût désolée mais la joie de revoir sa belle amie refit bien vite surface pour qu’elle ne s’en inquiète plus longtemps. Si elle comptait dans le cercle restreint de ses amies proches deux vipères aussi cruelles –d’apparence- l’une que l’autre, la relation qu’elle avait avec Nika était bien différente de celle qu’elle avait avec Majkalena. Si elle s’était liée d’une amitié profonde avec la suédoise, elle ne s’en cachait pas. Avec Nika, elle essayait de rester discrète afin de ne pas attirer d’ennuis à celle qu’elle considérait aujourd’hui comme une amie. Toutes deux avaient beau jouir du même blason ; elles étaient finalement bien différentes l’une de l’autre. Les différences entre ses nombreux amis avaient toujours impressionné Moa. Y avait-il seulement quelques critères qui permettaient la sélection de telle ou telle personne sur la base d’indices de compatibilité ? Elle n’en croyait rien. Tous étaient tellement différents et elle avait pour eux tous ce même attachement qui allait au delà de quelques différences, de quelques ressemblances. Sa relation avec la Serpentard était plutôt excitante, au fond et elle en appréciait chaque instant. « Oh, Nika… je suis désolée pour ton café. Je t’en repaie un, ça te va ? Même deux ou trois s’il le faut. » Et pourtant, là où elle aurait pu lui reprocher sa maladresse ; elle le fit en plaisantant et Moa savait qu’elle faisait partie de ces rares personnes qui pouvaient jouir de la clémence de Nika Black. A vrai dire ; elle en était même plutôt fière. Si quelqu’un n’avait osé un jour qu’émettre l’hypothèse de cette improbable amitié, certainement aurait-on su le convaincre de son horrible fourvoiement. Et pourtant, elles étaient là, aujourd’hui. Somptueuses, radieuses par le sourire que toutes deux arboraient. Pleine de fougue, Moa vint placer son bras sous celui de son amie et la tira un peu en avant tout en répliquant : « Les Trois-Balais ? » A vrai dire, il n’y avait pas mille possibilités différentes dans l’enceinte de Pré-au-Lard où il était recommandé aller boire un café et la tête de sanglier était loin d’être un choix raisonnable, et respectable, pour deux jeunes femmes comme elle. Si elle avait été seule, sûrement aurait-elle sautillé pour rejoindre le vieux pub mais à force de la fréquenter, elle avait appris que Nika n’était pas habituée à trop d’effusions de joie à la fois. Oh, elle ne perdait pas espoir. Moa savait que, peu à peu, elle l’aurait, à l’usure. Du moins s’en faisait elle une ambition certaine. « Raconte Nika, t’as l’air tracassée. T’es pas dans ton assiette ? Enfin… sans vouloir être indiscrète, hein, tu me connais… » Elle se tût un instant tout en étant consciente que sa bonne volonté pouvait aussi bien être mal interprétée. Dire qu’elle n’était pas curieuse aurait été mentir car il n’y avait au monde plus curieux que Moa Keegan, mais ce n’était pas de la curiosité désintéressée quand il s’agissait de ses amis. Car elle oeuvrait, Moa, elle oeuvrait pour leur bonheur et ce toujours avec beaucoup d’assiduité et de bonne volonté. Elle se serra un peu plus à Nika pendant quelques instants : « En tout cas, je suis trop heureuse que t’aies accepté de venir à Pré-au-Lard avec moi aujourd’hui, ça fait tellement longtemps. Enfin… je sais on s’est vue il y a quelques semaines mais ça me semble déjà faire une éternité. Je suis sûre qu’on a pleeeein de choses à se raconter toutes les deux. » De son côté en tout cas, elle en avait et ce en commençant par sa récente sélection dans l’équipe de Poufsouffle. Certes, il y a de cela déjà quelques années qu’elle était attrapeuse, Moa, mais c’était à chaque fois une nouvelle surprise pour elle. Une très belle surprise.
Le sourire que s'était échangé les deux adolescentes laissait entendre qu'il n'y avait pas de malaise entre elles, que l'incident était clôt et qu'il n'était même pas la peine d'en parler réellement. Normalement, Nika Black était beaucoup moins patiente pour ce genre de choses. Elle n'était pas du genre à s'énerver et à jurer que la vie de l'imprudent serait à présent un enfer grâce à ses soins... Non, elle était plutôt du genre glaciale ; poupée de cire se levant avec un regard voulant tout dire et snobant celui qui aurait eu le malheur de renverser son café, son ignorance le renvoyant alors plus bas que terre sans qu'elle n'ait réellement besoin de fournir le moindre effort. Oui mais comment avoir ce comportement avec Moa Keegan ? C'était impossible. On ne pouvait pas ignorer le sourire qu'elle lui adressait, sa réelle gentillesse qui émanait de tout son corps. Même la poupée de porcelaine si froide et distante avait finit par être touchée par les petites attentions de la poufsouffle. Toujours un sourire, toujours une parole réconfortante. Elle ne se plaignait jamais et parlement rarement d'elle. En fait, elle était un ange. Le petit ange de la Black qui gardait jalousement le secret de leur amitié aussi bien pour que sa réputation de sang pur soit préservée, que pour jalousement conserver Moa rien que pour elle et ne pas avoir à la partager lorsqu'elle la voyait. Loin d'être fille unique, l'héritière de la famille Black agissait pourtant tout comme, étant trop possessive avec ce qu'elle considérait être à elle, que ce soit un objet ou un humain.
« Oh, Nika… je suis désolée pour ton café. Je t’en repaie un, ça te va ? Même deux ou trois s’il le faut. » Et voilà que tout était oublier. Moa n'avait pas mauvais fond et la vipère en était consciente. Desserrant les traits de son visage si fermé d'ordinaire, elle se laissait aller à se décontracter un peu plus en présence de la jaune. Acceptant l'offre avec un léger sourire au coin de sa bouche, elle laissa la jeune Keegan attraper son bras et toutes deux se mirent à marcher en direction des Trois Balais, taverne phare de ce petit village de sorciers. Voilà la véritable magie entre elles ; alors que Moa prenait sur elle pour devenir plus sage et moins excentrique, Nika elle tentait de rompre ses chaînes pour se dérider l'espace de quelques heures. Juste quelques petites heures, car à la fin de cette journées, lorsqu'elles pénétreraient dans l'enceinte de l'école de magie Poudlard, chacune retournera à ses activités personnelles, gardant le souvenir de cette petite entrevue secrète. « Raconte Nika, t’as l’air tracassée. T’es pas dans ton assiette ? Enfin… sans vouloir être indiscrète, hein, tu me connais… » Tracassée, c'était le mot. Un léger coup d’œil à son poignet la replongea directement dans ses tourments. Elle n'avait plus rien physiquement, mais psychologiquement elle restait marquée au fer rouge par l'altercation qu'elle avait eu avec l'héritier Rosier-Nott. Toutes les barrières étaient tombées pour laisser une haine sans nom se propager entre les deux adolescents. Toute cette violence, cette frustration, cette envie interdite... Tout ça était en train de consumer la vipère à petit feu et elle en avait conscience, cependant, elle ne se sentait pas encore prête à en parler. Elle n'en n'avait pas touché un mot à Dawn non plus, connaissant le caractère impulsif de sa meilleure amie, elle savait qu'elle n'aurait pas hésité une seule seconde à envoyer Gale à l'infirmerie et aurait eu des problèmes par la suite. Jetant un bref coup d’œil à Moa, elle ne voulait pas aborder ce sujet avec elle. Ce n'est pas qu'elle ne lui faisait pas confiance mais plutôt qu'une certaine honte émanait d'elle lorsqu'elle repensait à cet épisode. Elle soupira un instant tout en passant une main dans sa longue chevelure d'ébène. Elle savait que Moa n'était pas dupe et qu'il fallait quand même qu'elle lui avoue quelque chose pour ne pas passer pour une menteuse effrontée.
« Tu sais Moa, la vie c'est un peu compliqué parfois. Des fois, je me dis que je n'aurais pas du revenir à l'école, prolonger un peu mes vacances. Entre ma cancéreuse de sœur qui se lance dans des fiançailles honteuses pour ma famille et Neron Lestrange qui me fait une leçon de machisme... Non, rester un peu plus de temps avec mon père était vraiment ce que j'aurais du faire ! » L'hésitation n'avait pas sa place dans la voix de cette petite fille dans un corps de femme qui aimait encore son père bien plus que de raison. Seul pilier de sa famille qui avait l'air de la comprendre, elle lui vouait amour, admiration et dévotion sans se poser trop de questions, ce qui avait tendance à faire ricaner ses camarades, même ses amis comme par exemple Magnus. Reportant son regard couleur terre sur la poufsouffle, elle haussa un instant les épaules avant de laisser un sourire se tracer ses ses lèvres pulpeuses afin de balayer toutes ses pensées négatives. Elle voulait profiter de cette journée, profiter de son amie et surtout ne pas se morfondre. Sa vie était ce qu'elle était ; c'était ainsi lorsque notre sang était pur comme le cristal et que l'on avait été choisi pour être l'élu de sa famille.
« En tout cas, je suis trop heureuse que t’aies accepté de venir à Pré-au-Lard avec moi aujourd’hui, ça fait tellement longtemps. Enfin… je sais on s’est vue il y a quelques semaines mais ça me semble déjà faire une éternité. Je suis sûre qu’on a pleeeein de choses à se raconter toutes les deux. » Le contact rapproché avec le corps de la jeune Keegan eu un effet apaisant sur la Black. Souriante, elle pénétra la première dans le célèbre établissement, étant suivie de près par son amie. Trouvant une table un peu à l'écart où elles seraient tranquilles de discuter librement, elle partie s'installer tout en commandant les cafés. Posant ses fesses sur le siège encore froid de l'établissement, elle retira sa cape d'hiver et prit ses aises pour être confortablement installée et écouter les nouvelles de son amie. « Je ne sas pas pourquoi, mais mon petit doigt me dit que tu meurs d'envie de me raconter certaines choses. Vas-y ne te retiens plus ou tu vas t'étouffer ! Je t'écoute. » Un air malicieux dans le visage, la belle poupée de porcelaine attrapa son café lorsque le serveur le lui tendit et laissa Moa s'emparer du sien. L'insouciance était de mise pour cette rencontre impromptue qui avait un inspirait la fraîcheur et la détente à la vipère de quatrième année. Peu importait que ces rencontres soient irrégulières et trop peu nombreuses, la qualité de chacune hissait l'amitié qui liait la sang pur à la née moldue, au rang des plus belles amitiés qu'elle possédait et qu'elle souhaitait protéger envers et contre tout.