Depuis la rentrée, Zephir avait méticuleusement évité tout contact humain. Pas même Augustine n'était parvenue à l'approcher, sachant sa meilleure amie éprise de liberté depuis maintenant quelques mois. En dépit de tous ses efforts, elle n'avait pas réussi à briser cette carapace de froideur et d'agressivité que la Yaxley se plaisait à revêtir quand ses pensées s'assombrissaient. Bien trop d'évènements combinés alourdissaient son fardeau de monstre. Venait s'ajouter aux habituels tourments le dernier passage au manoir familial. Corvée obligatoire dont les échanges redondants faisaient comme partie du décor. Un calvaire qu'elle s'auto-infligeait sans réellement savoir pourquoi. La haine qui la liait à cet homme et ce qu'elle ne nommait que du bout des lèvres comme sa famille semblait n'être que l'infime connexion existant encore entre eux. Un lien dont se passerait bien Zephir mais la force lui faisait défaut. Encore victime des sévices de son père, elle se débattait en vain pour échapper à son emprise.
À l'heure où la majorité des élèves remplissaient les bancs de la grande salle, l'héritière Yaxley préférait se repaitre de l'air frais bien que mordant qui s'engouffrait en de violentes bourrasques dans la volière, fouettant son visage au teint laiteux. Les yeux humides et les joues rougies par le temps peu clément, elle guettait avec obstination le ciel chargé dominant les environs. Si les bribes de conversations qu'elle avait interceptées étaient véridiques, un hiboux ne devrait pas tarder à arriver avec une lettre pour son jeune demi-frère. Après une bonne demie-heure, le grand duc au pelage cendré appartenant à son père fendit l'air. Un sifflement et le voilà déviant sa trajectoire pour se poser sur un des perchoirs. L'animal avait toujours été particulièrement attaché à Zephir. Un comble quand on connaissait son possesseur. Gratifiant l'oiseau d'une caresse puis d'une musaraigne, elle détacha le parchemin accroché à sa patte et en parcourut avec frénésie son contenu. Les échos qui lui étaient parvenus n'avaient donc rien d'un mauvais cauchemar. Ils étaient tout ce qu'il y a de plus réel, pour son plus grand malheur. Déterminée, l'héritière Yaxley fourra ce papier porteur de mauvaises nouvelles dans sa poche et descendit en hâte les marches.
Comment, par la barbe de Merlin, pouvait-il ne serais-ce qu'envisager une telle horreur ? Révoltée, bouillonnante de rage et d'indignation, elle dévalait les marches, réduisant avec toujours plus de rapidité la distance qui la séparait des cachots. Zephir était déterminée, elle refusait de laisser cette infamie se produire. C'est telle une furie, les volutes blondes de ses cheveux gonflées par le vent, les joues et le nez rosies ainsi que le regard agité, qu'elle déboula dans la salle commune. Scannant rapidement la pièce avant que ses iris ne s'accrochent à Nika, la Yaxley s'en rapprocha d'un pas déterminé et se plaça face à elle, interrompant la conversation qu'elle avait avec une sixième année. « Il faut que je te parle... Tout de suite ! » Un dernier regard vers l'autre jeune femme avant que cette dernière ne s'excuse, intimidée par la réputation de la blonde impétueuse. Enfin seule, Zephir s'empara de la main de son amie d'enfance et l'entraîna avec elle dans un coin plus tranquille de la salle commune, là où elle serait sûre que même les oreilles les plus indiscrètes ne s'attarderaient pas.
La jeune louve s'assit sur l'un des fauteuils dans un soupir sonore d'épuisement. Sa cape rejoignit bientôt le sol, suivi de son pull avant qu'elle ne sorte le parchemin pour le présenter à Nika. « C'était destiné à mon demi-frère. » dit-elle tout en le lui tendant. Son contenu était clair, Rory Yaxley voulait marier sa première fille, source d'embarras, traître à son sang, à un fils de bonne famille. Il n'était en rien fait mention de son nom, un détail auquel Zephir comptait bien remédier. La voix tremblante de rage, elle guettait les réactions de celle qui pouvait se targuer de la connaître depuis son enfance. « Non mais tu y crois toi ? Comment il peut espérer me faire ça ?! Il va amèrement le regretter, tu peux me croire. » Si elle s'était doutée qu'un jour ce type de nouvelle tomberait comme un cheveux sur la soupe, la vipère ne s'attendait pas à ce que cela se produise si vite et surtout maintenant. Modérant de son mieux sa rage, la blonde poussa un nouveau soupir de résignation avant de demander, l'agacement s'atténuant. « Tu connaîtrais pas des fils de sangs-purs qui sont à marier par hasard ? Faut que je règle ça au plus vite... »
La rentrée n'avait pas été de tout repos pour celle qui endossait le rôle d'héritière de la famille Black. L'altercation avec Gale Rosier-Nott avait été le point le plus traumatisant que la poupée de porcelaine avait du vivre depuis qu'elle avait revêtue son uniforme d'écolière. D'une haine enfantine qui durait depuis des années, elle s'était rendue compte que les proportions avaient radicalement changées ce qui avait eu le don de la plonger dans une certaine torpeur, un gouffre de peur et de nausée lorsqu'elle pensait à l'attirance inavouée et malsaine qu'elle entretenait secrètement pour lui. Forte que la semaine se soit terminée, la brune à la peau de nacre n'avait pas fait grand chose de son jour de repos, flânant dans la salle commune de sa maison et discutant allègrement avec quelques personnes triés sur le volet et jugées comme méritant son attention. Les discussions étaient futiles, parfois ennuyantes aux yeux de la quatrième année mais peu lui importait, il fallait que son esprit soit occupé pour qu'elle ne pense plus à tout ça, qu'elle ne pense plus à lui. Jetant un rapide coup d’œil à son poignet, celui-ci ne la faisait plus autant souffrir qu'avant mais un bleu distinct était encore bien présent sur sa peau de pêche. Heureuse dans son malheur, elle avait pu user de l'altercation qu'elle avait eu par la suite avec Néron Lestrange pour expliquer sa blessure auprès de ses comparses et surtout auprès de Dawn qui avait voulu connaître le fin mot de cette histoire dans un désir ardent de protéger celle qu'elle considérait comme sa sœur, la seconde moitié de son cœur. Cependant, depuis cette rentrée, la poupée de porcelaine, forte des fissures qui étaient venues la briser lentement, était en proie à un ennui que rien ne semblait combler, que rien ne pouvait combattre. Lasse, elle s'étira doucement dans le canapé dans lequel elle était installée alors que la sixième année qui lui faisait face continuait à parler, encore et encore, heureuse et satisfaite d'avoir obtenu l'attention de la poupée de porcelaine Black. « Il faut que je te parle... Tout de suite ! » L'arrivée inopinée de l'héritière maudite des Yaxley fut accueillie comme une véritable bénédiction par la Black y voyant une délivrance face à cette conversation inutile et la promesse d'un moment plus agréable en compagnie de son amie d'enfance. Appuyant le regard de Zephir afin que la sixième prenne congé, elle se laissa prendre la main et se faire entraîner dans un coin un peu plus reclus de la salle commune où les deux adolescentes pourraient parler tranquillement sans que l'on vienne les déranger. C'était une Zephir révoltée qui lui faisait face et une certaine impatience était en train de naître chez Nika ; elle voulait savoir ce qui pouvait bien être en train de se passer pour mettre son amie dans un tel état. « C'était destiné à mon demi-frère. » S'emparant de la lettre froissée qu'elle lui tendant, la poupée de porcelaine ne s’embarrassa pas de formule de politesse et commença directement a lire le contenu avec minutie. Relevant la tête lorsqu'elle eu finit, elle jeta un œil inquiet à la septième année sachant l'effet qu'une telle bombe pouvait avoir.
Le patriarche Yaxley avait décidé de la marier et vu leurs rapports n'avait même pas prit la délicatesse d'en informer la principale concernée. Le mariage arrangé était une pratique courante au sein des familles de sang pur mais l'effet sur leur progéniture était toujours néfaste d'une façon ou d'une autre. En plus d'avoir la désagréable sensation de n'être qu'une transaction, l'alliance parfois choisie sonnait comme une ignominie aux oreilles de leurs descendants. Ce fut le cas pour Nika lorsqu'elle eut vent des fiançailles de sa sœur cancéreuse avec ce bon à rien de Calixte Webster qui ne jouait que le second rôle d'une famille meurtrie par la mort précoce de leur héritier. Froissant un peu plus le papier entre ses mains, elle décida de chasser ses sombres idées pour se concentrer de nouveau sur Zephir qui avait besoin de son appui en ce moment. « Non mais tu y crois toi ? Comment il peut espérer me faire ça ?! Il va amèrement le regretter, tu peux me croire. » Un léger sourire pointa sur le visage de l'héritière Black. Malgré l'annonce de la mauvaise nouvelle, la louve n'avait rien perdu de son mordant et cela était bon signe. Dans les moments à venir, elle devrait découdre de cette histoire avec son père et le reste de sa famille et cela s'avérait être une mission des plus compliquée. Posant une main sur le genoux de l'héritière Yaxley qui lui faisait face, elle tenta de calmer ses ardeurs. « Calme toi Zephir, tu ne sais pas encore de quoi il est question. La lettre est courte et vague. N'agis pas sous l'impulsion de la colère cela ne servirait à rien. Il faut penser calmement pour établir une ligne de défense. » Du Nika tout craché, toujours calme, toujours réfléchie, comme si aucune émotion ne traversait jamais son cœur. Le père Black avait bien fait son travail et l'étudiante restait toujours de marbre n'arrivant pas à montrer réellement ce qu'il pouvait bien se passer à l'intérieur de son corps. Soufflant doucement, elle renvoya sa longue chevelure d'ébène en arrière pour ne pas être gênée et continuait de fixer Zephir, d'une part pour lui montrer son soutien mais aussi pour vérifier qu'elle ne se laisserait pas emporter par son impulsivité qui ne la mènerait à rien d'autre que de faire une erreur qu'elle regretterait amèrement par la suite. « Tu connaîtrais pas des fils de sangs-purs qui sont à marier par hasard ? Faut que je règle ça au plus vite... » La question était censée mais la réponse sans fin malheureusement. Dans le cercle très fermé des sang pur, nombreux étaient les garçons qui n'avaient pas encore été promis à une femme. Grattant doucement son front pour faire un rapide récapitulatif des héritiers de sangs pur de leur âge, elle finit par donné une liste incomplète à l'héritière Yaxley. « Et bien... il y a mon frère, Néron Lestrange qui m'a dit que son père voulait modifier son comportement pour qu'il soit bon à marier... Je pense que Gale Rosier-Nott aussi, vu le scandale ses parents vont chercher une bonne alliance... » Le fait de prononcer sur nom de Gale à voix haute eu l'effet de provoquer un frisson chez la poupée de porcelaine qui ne put le contrôler. Baissant légèrement les yeux, elle chercha rapidement un autre nom pour changer de sujet et ne plus parler de celui avec qui elle s'était querellé en début de semaine. « Il me semble que Caleb Macmillan n'a toujours pas de fiancée non plus... » Mordant légèrement sa lèvre inférieure, elle savait que ses réponses étaient plutôt maigres et peu complètes mais dans la hâte seuls ces noms lui venaient en tête. Agacée de ne pas pouvoir plus aider son amie, elle se promit de faire attention à la prochaine soirée mondaine de sang pur où elle serait invitée et d'en faire un rapport complet à celle qui était son amie depuis sa plus tendre enfance.
Ces derniers mois, l'accumulation d'évènements et les sentiments assaillant Zephir malmenaient son esprit fragile. Sa réputation de grand méchant loup gagnait en puissance à mesure que ses actes inconsidérés se multipliaient. La jeune femme perdait progressivement pied, laissant la bête annexer progressivement ce qu'il lui restait d'indépendance. Une victoire facile et peu glorieuse qui suffisait à satisfaire l'animal assoiffé de vengeance. Cette alliance imposée aux profits quasi-inexistants commençait à peser sur les frêles épaules de la Yaxley. Un cauchemar sans fin, une lente descente aux enfers de laquelle aucune échappatoire se profilait à l'horizon. Condamnée, maudite, irrécupérable. Voilà quels adjectifs tournaient en boucle dans son esprit tandis qu'elle se laissait aller à la colère bestiale grondant en son sein. Lâcher prise était tellement plus facile. Toutes les barrières tombaient et elle pouvait s'abandonner à lui. S'emporter, pester contre les injustices peuplant ses journées était alors bien plus facile que de trouver une solution de façon calme et posée. Voilà pourquoi la louve s'était tournée vers l'héritière Black. Nika et son bon sens légendaire. Sa vivacité d'esprit et sa capacité de réflexion qui faisaient tant défaut à Zephir allaient lui être utiles pour régler ce nouveau problème.
Face à cette sentence, loup et hôte avaient réagi de la même manière. Une nouvelle qui ne l'étonnait en rien mais dont la précipitation couplée à la trahison à peine voilée révoltait ses deux identités. Il semblait presque impensable que son père se soit privé de cette joie. Voir sa fille aînée, son héritière, s'emporter avec une facilité déconcertante à son annonce. La marier au premier venu. À un fils de sang-pur, un adepte du mage noir. Encore un vulgaire avorton qui à la simple mention du terme lycanthrope retrousserait son tarin de dégoût. Elle ne les connaissait que trop bien avec leurs iris vitreux où seul le dédain avait élu domicile, le teint blafard habité par une continuelle grimace satisfaite. À cette simple pensée, Zephir en avait la nausée. Ce fut donc tel un ouragan qu'elle débarqua dans la salle commune et sans grande cérémonie extirpa son amie d'enfance d'une conversation assommante pour lui exposer sa situation. Comme à son habitude, la brune sut faire preuve d'un calme olympien, détonnant avec l'agitation constante de sa comparse. Son impatience se traduisait par de nombreux tics nerveux, tous plus caractéristiques les uns que les autres. Ainsi, quand Nika vint poser sa main sur son genoux, l'aînée des deux remarqua avec quelle frénésie ses membres étaient agités. Dans un très faible soupir elle tenta alors de reprendre le contrôle sur son corps, suivant de son mieux les conseils de son amie. « Calme toi Zephir, tu ne sais pas encore de quoi il est question. La lettre est courte et vague. N'agis pas sous l'impulsion de la colère cela ne servirait à rien. Il faut penser calmement pour établir une ligne de défense. » La belle avait toujours réponse à tout. Comment diable faisait-elle pour garder son calme en toute situation ? Si l'aînée Yaxley se pensait forte, il n'existait pas le moindre doute que comparée à la Black, elle n'avait aucune chance. Ses facultés d'analyse dépassaient presque l'entendement. Ses prunelles pâles vinrent accrocher celles ambrées de sa camarade, y trouvant un réconfort si singulier à la jeune poupée de porcelaine. En dépit de la bête grondant avec toujours autant d'animosité, Zephir eut un nouveau soupir avant de souffler pour toute réponse. « Tu as raison... »
Se calmer et réfléchir étaient deux choses bien particulières qui allaient demander des efforts considérables à la louve mais avec le soutien de Nika, ces qualités oubliées ne semblaient plus si inaccessibles. Il ne lui restait plus qu'à savoir quels pourraient être les pauvres âmes susceptibles d'avoir à subir son courroux. Si Zephir avait conscience que son nouveau caractère était loin d'être des plus agréables, l'élément qui ferait le plus grincer des dents à son futur époux serait bien sa nature lupine. Après tout, connaissant son père, il ne lui aurait certainement pas choisit le premier sang-pur des environs ouvert d'esprit et pro-moldus. Bien au contraire. Il allait falloir s'attendre à une certaine animosité entre les deux promis mais qu'importe, la jeune vipère était loin de douter de ses capacités quand on en venait aux joutes verbales, magiques comme physiques.
Ce fut donc avec le plus grand intérêt qu'elle écouta la liste des prétendants, un peu courte à son goût. Les familles au sang noble étaient peu nombreuses dans le monde sorcier mais elles étaient toutes deux bien placées pour savoir que la quantité des descendants s'allongeait dangereusement. Impossible donc de savoir quel serait le triste élu. D'autre part, Zephir était mal placée pour avoir un aperçu de ceux qui n'avaient pas encore la corde au cou, son père l'éloignant avec grand soin de toutes les soirées mondaines réservées à l'élite. Après tout, une fille aînée maudite entacherait le tableau de la famille parfaite qu'il avait toujours si ardemment désiré. Tous deux y gagnaient au change. Cependant, dans la situation actuelle, elle se surprenait à envier son amie et sa position privilégié. Que n'aurait-elle pas donné pour avoir un bref aperçu des cas risquant de subir la tornade Zephir. Tout en regagnant l'étreinte du dossier de velours, un profond soupir d'exaspération perça ses lèvres closes, dissimulant habillement un faible grognement. « C'est à n'y rien comprendre. Lui qui a tellement honte de moi, qui me méprise ouvertement voilà qu'il veut m'associer à une autre famille. Moi : ce déshonneur tel qu'il ose à peine poser ses yeux froids sur mon ombre. » Oh bien sûr elle avait une explication à tout ceci mais comment y mettre des mots sans avouer l'exactitude des plus folles rumeurs courant à son sujet. L'héritière Yaxley avait beau apprécier son amie, elle ne pouvait se résoudre à lui avouer la triste vérité. Mentionner la bête en son sein était au dessus de ses forces. Ainsi, Nika n'avait qu'une vision partielle du tableau, ignorant tout du réel motif de la haine et de la crainte qu'éprouvait le patriarche Yaxley envers son aînée. Tout ceci n'était qu'une punition, un habile stratagème pour faire sortir Zephir hors de ses gonds. C'était sans compter sur la présence de son amie. Après quelques secondes de réflexion à ce sujet, la blonde revint accrocher ses prunelles à celles de la brune et souffla. « Ton père n'a pas encore cherché à te fiancer ? Je vous ai toujours connus proches, s'il décidait de te marier il t'en parlerait avant... Non ? » Dans ce monde où tout n'était que calculs pour garder un sang le plus pur possible et où les alliances entre familles se faisaient en fonction des intérêts et avis politiques, eux, pauvres pions sur l'échiquier, subissaient ce balais de l'ombre.
C'était face à une Zephir en pleine révolte interne qu'elle se trouvait. Bien évidemment, elle la comprenait. La poupée de porcelaine n'était pas à sa place mais cela serrait son cœur de voir son amie dans un tel état de détresse. Même l'antipathie et l'indifférence avaient leurs limites et pour l'héritière Black il s'agissait de voir la septième année en proie à tant de doutes quant à son avenir. Personne ne méritait cela et encore moins une amie si proche qu'elle affectionnait tant. Dans le peu de personnes qui pouvaient se targuer d'être appréciées par la poupée de porcelaine, Zephir Yaxley avait réussi à se hisser en haut de la pyramide s'assurant ainsi le soutien, la protection et la dévotion de la quatrième année. Cherchant à calmer la tempête qui était en train d'infecter le raisonnement et le sang froid de la jolie blonde qui lui faisait face, Nika s'était penchée pour poser sa main sur le genoux de son amie. Presque instantanément, les tremblements qui provoquaient des soubresauts dans le corps de la septième année cessèrent et le calme revint à la surface, du moins pour l'instant. Prenant cela comme une légère victoire face à la crise qui se laissait dessiner au loin, la poupée de porcelaine enchaîna pour lui délivrer conseil, réconfort et espérait-elle un peu de sagesse. Il n'y avait pas grand chose à faire dans ce genre de situation qui était le lot trop commun des filles de famille de sang pur. Soupirant en chœur avec la Yaxley, l'enfant élu de la famille Black continuait de retourner le problème dans tous les sens pour tenter de trouver une idée d’échappatoire, une solution si minime soit-elle.
« C'est à n'y rien comprendre. Lui qui a tellement honte de moi, qui me méprise ouvertement voilà qu'il veut m'associer à une autre famille. Moi : ce déshonneur tel qu'il ose à peine poser ses yeux froids sur mon ombre. » La relation entre l'aînée de la famille Yaxley et son patriarche avait toujours eu une part d'ombre que la poupée de porcelaine n'avait jamais compris. Sentant le sujet délicat, elle n'avait pas posé de questions et n'avaient recueilli que les quelques bribes que son amie consentait à lui confesser de temps à autre. C'était d'autant plus incompréhensible pour Nika qu'elle avait été l'enfant choisi, celle qui avait surplombé sa sœur aînée et son frère cadet par le simple choix de son père. Une relation forte et inébranlable s'était installée entre le géniteur et la progéniture qui lui vouait un amour et une admiration sans condition, n'hésitant pas à se plier en quatre pour tenter de combler les moindres de ses désirs et ses volontés avant même qu'il n'ait besoin de les formuler. Passant une main dans sa longue chevelure d'ébène, elle fronça les sourcils d'agacement. Elle ne comprenait pas. Elle n'avait pas tous les éléments, toutes les pièces du puzzle et pour son esprit rationnel et calme, cela l'empêchait de trouver une idée, une ébauche de plan pour tenter de venir en aide à cette amie qui avait l'air au bord de la rupture tant elle était bouleversée par cette découverte inopinée. Le seul exemple de fiançailles arrangées qu'elle avait était celles de sa stupide sœur avec ce bon à rien de Calixte et c'était aussi l'une des rares choses qui avaient réussi à la faire sortir de ses gonds et de son indifférence continuelle. La colère s'était emparée d'elle si bien qu'elle avait traînée sa sœur de la grande salle en la tirant par les cheveux pour l'amener jusqu'au cachot ou dans l'atmosphère humide et feutrée des lieux, elle lui avait planté sa baguette dans le nez. Geste ultime pour manifester son mécontentement, elle continuait depuis de tenter de trouver une solution pour empêcher ce qu'elle qualifiait d'association du diable.
« Ton père n'a pas encore cherché à te fiancer ? Je vous ai toujours connus proches, s'il décidait de te marier il t'en parlerait avant... Non ? » Ce n'était un secret pour personne que la fille chérie et le patriarche de la famille Black partageaient une relation intime et qu'ils en étaient bien plus proches que la plupart des enfants de sang pur ne pouvaient l'être de leurs parents. Pourtant, Nika n'en était pas certaine pour autant que face à ce genre de manœuvres vicieuses et calculées, elle aurait le droit à un traitement de faveur, quand bien même elle soit la poupée de porcelaine. Pinçant ses lèvres pendant qu'elle réfléchissait, elle ne savait pas quoi répondre à son amie. Elle ne voulait pas lui mentir mais l'idée d'évoquer les fiançailles de sa sœur avec Calixte Webster avait un goût amer dans le fond de sa gorge, lui donnant envie de vomir toutes ses tripes. Seulement face à la détresse de son amie, elle se devait être honnête sinon elle finirait par culpabiliser de lui avoir menti, même si cela n'aurait été que par omission. La quatrième année n'avait pas énormément d'amis selon elle, mais elle développait une fidélité et une sincérité envers eux qui faisait qu'elle en devenait le meilleur chien de garde et qu'il lui paraissait impensable de pouvoir se servir d'eux ou de leur mentir simplement pour sauver les apparences comme elle le faisait avec tout le reste des étudiants de Poudlard. « Je ne sais pas... Pour l'instant la règle est toujours de ne pas s'intéresser aux garçons et de continuer à travailler à l'école pour avoir des notes excellentes et préparer mon futur. Mais tu sais... » Une hésitation. Un coup d’œil à la belle blonde et un soupir, puis le cœur lourd malgré tout, la brune à la peau de nacre consentie à reprendre la parole pour terminer sa phrase. « Je viens d'apprendre les fiançailles de ma sœur avec Calixte Webster. » Une grimace sur son faciès. C'était plus fort qu'elle, mais prononcer ce nom avait la faculté de lui écorcher la bouche comme si elle venait de se faire un gargarisme au cyanure. Haussant doucement les épaules, elle rassembla ses mains sur ses genoux avant de planter de nouveau ses prunelles dans celle de la dernière année. « Je me dis maintenant que tout est possible et que mon tour devrait arriver rapidement. Par contre, tu peux être sûre que je ne me laisserais pas faire, quitte à ce que je me dispute avec mon père. » Cette idée ne l'enchantait pas énormément vu l'amour qu'elle lui portait mais son ton restait ferme et définitif. Il était hors de question qu'elle se retrouve prisonnière d'une relation qu'elle ne souhaitait pas pour ne devenir qu'un meuble et un accessoire au bras d'un sang pur qui serait, sans doute, plus ignare qu'elle.
Les ténèbres gagnaient du terrain. Lentement mais sûrement elles annexaient chaque petite partie de son être jusqu'à exercer un contrôle irrévocable. À quoi bon résister. Pour qui ? Pour quoi ? Aucune raison valable d'opposer la moindre once d'une vaine résistance ne lui venait à l'esprit. Son oncle était mort par sa faute, son meilleur ami écarté pour qu'il ne soit pas le prochain sur la liste et tous ses amis proches, la jeune Black y compris, étaient tenus à une distance raisonnable afin que l'épouvantable vérité ne soit pas dévoilée. Voilà quel était son fardeau, ce qui l'agitait au quotidien, la maintenait éveillée par les nuits sans lune. Comment pouvait-elle espérer agir naturellement quand le parasite libérateur restait là, tapis dans l'ombre, prêt à imposer sa loi dès que bon lui semblait ? Question piège. Ainsi, non sans une certaine culpabilité, Zephir évoqua à demi-mots la situation complexe dans laquelle elle se trouvait. Prisonnière de sa situation, de ses mensonges pour dissimuler l'abominable vérité. Celle-là même qui, elle en était persuadée, éloignerait ses amis les plus proches. Paradoxal quand on savait combien la jeune louve mettait un point d'honneur à être un modèle d'honnêteté. Certaines choses sont mieux cachées. Ce fut donc face au bref froncement de sourcils venant de Nika qu'elle comprit que la situation revêtait une part de mystère pour la cadette. Comment pouvait-elle comprendre la totalité de ce contentieux quand elle n'en avait qu'un bref aperçu. La partie submergée de l'iceberg s'avérait plus gargantuesque qu'on ne l'imaginait. De plus, la désignée héritière Black, forte de sa complicité avec son père ne pouvait que moins comprendre les confrontations incessantes entre père et fille Yaxley. Comment en serait-elle capable ? Elle que son patriarche chérissait tant, pour qui elle était prête à tout. Zephir ne pouvait que se sentir étrangère à ce sentiment. Quand aux yeux de tous elle avait revêtu l'habit de l'aîné parfait, exécutant la moindre de ses excentricité, cela n'avait été motivé que par la frayeur qu'il lui inspirait. Ainsi, en l'interrogeant sur la situation au sein de la famille Black, elle cherchait à comprendre comment ce monde pouvait bien fonctionner.
Si la jeune blonde s'attendait à une réponse qui n'aurait fait que confirmer l'étrangeté de sa relation filiale, elle était loin d'imaginer l'horreur que prononcerait son amie d'enfance. Une fois les banalités énoncées, celles-là qu'elle entendait son père répéter à sa demie-soeur et son demi-frère, soucieux que l'honneur de la famille soit au moins préservé par une partie de ses enfants, la bombe fut lâchée. Aussi redoutable qu'inattendue. « Je viens d'apprendre les fiançailles de ma sœur avec Calixte Webster. » Cette phrase tournait en boucle dans sa tête et avec elle, la terrible sensation que le sol se dérobait sous sa frêle carcasse. La chute faramineuse dans laquelle avait été lancé les lambeaux de son esprit prit fin aussi brutalement qu'elle avait débutée : par l'inexorable fracas de son maigre espoir. Calixte Maverick Adriel Webster. Son Calixte. Lei. Le soleil de son enfance. Celui à qui elle s'était raccrochée pendant des années. La seule et unique personne qui pouvait prétendre la connaître par cœur. Le premier homme qu'elle ait jamais aimé, bien que cela se soit fait de façon inconsciente. Comment une telle horreur était-elle possible ? Zephir ne parvenait pas à y croire. Son ancien meilleur ami, celui-là même qu'elle observait dans le plus grand secret, mourant un peu plus chaque jour de ne pouvoir partager avec lui le plus infime de ses secrets allait être uni à l'aînée Black. La mine décomposée, elle n'écouta que d'une oreille distraite les derniers propos de son amie, le regard vide, mer morte où se reflétait le désespoir qui l'avait à présent envahie.
Malheureusement, l'héritière Yaxley savait que son amie ne pourrait compatir à sa peine. Après tout, aux yeux de tous, Zephir haïssait le fils Webster. Ils étaient connus pour se prendre le bec dès que leurs chemins se croisaient, s'insultant de tous les noms et se crachant avec mépris leur nom de famille comme s'il s'agissait de la pire infamie. Comment auraient-ils pu, ne serais-ce que l'espace d'un instant, imaginer l'amitié exceptionnelle qui les avait liés jusqu'à ce que la jeune adolescente devenue louve n'y mette un terme brutalement. De plus, Nika n'était pas en reste. Elle aussi nourrissait une haine sans nom pour Calixte, sans que la blonde n'en connaisse la réelle raison. Ainsi, lui avouer que cette annonce, sûrement banale pour la belle brune, avait pu la perturber n'était tout simplement pas envisageable. Pas dans ces conditions du moins. Ainsi, avec beaucoup de difficulté et surtout très peu de crédibilité, Zephir tenta de se reprendre. Affichant un sourire forcé, plus proche de la grimace qu'autre chose, elle prit enfin la parole d'une voix cassée, trahissant le désarroi dans lequel elle pouvait se trouver. « Je suis sûre que si ton père te choisit un prétendant de force tu lui feras vivre un véritable enfer ! Un faible rire perça la barrière de ses lèvres avant qu'elle n'ajoute. Remarque, si mon père décide vraiment de me lier avec une de ces misérables larves je pense qu'il regrettera le jour où ses parents ont fait l'ignominie de le concevoir. » Nika était bien placée pour savoir que Zephir avait tout le potentiel requis pour une telle entreprise. Avec les années, elle avait pu admirer la belle blonde se rebeller et anéantir l'image de l'enfant timide et soumise au profit d'une jeune femme affirmée et sans pitié. Oui, l'héritière Yaxley était en mesure d'exécuter ses menaces. Elle jugea bon d'ajouter afin de distraire la poupée de porcelaine de sa précédente réaction. « Parmi ceux que tu m'as cité, c'est lequel le pire pour toi ? » Détournement d'attention plus ou moins hasardeux qui n'avait que très peu de chance de réussir mais qui ne tente rien n'a rien...
La bombe venait d'être lâchée. Loin de soulager la poupée de porcelaine, la confession à son amie se transformait en cauchemar lui jetant au visage toute la réalité de cette alliance. C'était plus fort qu'elle mais la quatrième année refusait toujours d'y croire, ne comprenant pas comment sa mère avait pu porter un coup de poignard pareil à leur famille. Pire, elle s'énervait de cette passivité affligeante que revêtait sa sœur aînée, Faye. Cette file n'avait donc aucun amour propre pour elle-même. Au delà du respect et de la réputation de sa famille qui ne semblaient pas lui tenir autant à cœur qu'à l'enfant élu, elle ne semblait pas se préoccuper que son nom et sa personne soient traînés dans la boue à cause de cette association des plus douteuses. C'était une des rares fois où la brune à la peau de nacre avait perdu son sang froid, offrant un spectacle riche en violence à tous les élèves présent dans la grande salle ce matin là. Et rien que d'y repenser, elle sentait le dégoût poindre au niveau de ses lèvres, et ses mains instinctivement qui se resserraient sur ses genoux jusqu'à ce que la douleur de ses ongles s'enfonçant dans sa chair la sorte de sa torpeur colérique. Elle porta ses yeux aux couleurs de la terre sur son amie et su déceler l’agacement que venait se peindre doucement sur le visage de la septième année. Ne sachant pas tous les petits secrets de l'héritière déchue du clan Yaxley, la poupée de porcelaine se méprit sur la nature de cette contrariété et ne fut que confortée dans son idée que ces fiançailles n'avaient absolument rien de bon pour sa famille et qu'il était de son devoir de tout mettre en place pour les empêcher. Pensant un instant à son père, son cœur se serra en imaginant son énervement et sa déception de voir le nom des Black traîné dans la boue, lui qui avait voué toute sa vie à redorer l'image de cette famille si noble et ancienne.
« Je suis sûre que si ton père te choisit un prétendant de force tu lui feras vivre un véritable enfer ! Remarque, si mon père décide vraiment de me lier avec une de ces misérables larves je pense qu'il regrettera le jour où ses parents ont fait l'ignominie de le concevoir. » Un faible sourire se dessina sur les lèvres pulpeuses de la poupée de porcelaine. Zephir avait le don de la sortir de sa torpeur, par sa fraîcheur et son impulsivité ; deux choses qui manquaient cruellement au caractère de la Black. Elles étaient si différentes que leur amitié leur apportait tant. Bien que l'écart d'âge soit important et que cette année sonnait la fin des études de la Yaxley, Nika s'était promis de toujours garder le contact avec la jolie blonde peu importe comment et tous les efforts qu'il faudrait qu'elle entreprenne pour cela. Les véritables amitiés avec la Black étaient une denrée rare qu'elle protégeait et gardait jalousement en son sein, empêchant quiconque de venir les altérer et encore moins un facteur aussi dérisoire que l'espace et la notion stupide d'éloignement. Un instant, elle pensa à ses propres fiançailles. Bien qu'elle est dix-sept ans et soient en âge de fréquenter des garons, cet aspect de sa vie n'avait pas encore été décidé par le patriarche Black qui semblait plus intéressé par la formation magique de sa petite protégée. Du moins, c'est ce que Nika pensait naïvement ignorant tout encore des plans incestueux de son père que partageait, dans le plus grand des secrets, son mégalomane de frère. « Mon futur mari aurait bien du souci à se faire car je resterai toujours une Black avant d'être son épouse. » Il n'y avait rien de plus important pour la belle brune à la peau de nacre que son nom de famille et le prestige qu'elle s'appliquait à lui redonner, suivant ainsi les traces de son paternel. Souriant doucement à l'idée d'une vie conjugale, elle imaginait les trépas dans lesquels sa future moitié serait forcément plongée. Cela aurait sûrement pour effet de vite lui faire regretter d'avoir été associé à la vipère, aussi parfaite pouvait-elle paraître en surface. Toutefois, dans un constat totalement paradoxal, la serpentard se disait également que le fait d'être plongée dans une telle relation l'aiderait probablement à oublier cette attirance interdite qu'elle éprouvait à l'égard de Gale Rosier-Nott et qu'elle avait de plus en plus de mal à contenir.
« Parmi ceux que tu m'as cité, c'est lequel le pire pour toi ? » Gale. Le nom avait fusé dans son esprit sans que la poupée puisse se protéger. Cependant, elle se garda bien de l'avoue à voix haute. Avouer la peur que lui inspirait l'héritier bâtard de la famille Rosier-Nott serait avoué à demi mot qu'il se passait quelque chose entre eux, et la Black refusait tout bonnement d'en parler. Elle n'avait eu le courage de le faire qu'une fois, auprès de Dawn, et même là, elle avait du attendre que tout parte en vrille et que les choses deviennent incontrôlables pour qu'enfin la confession fasse son apparition. Portant une main à ses cheveux, elle joua un instant avec l'une de ses mèches brunes pour se donner le temps de la réflexion. Les fils de sang pur ne valaient pas mieux les uns que les autres. Le seul qui pouvait trouver grâce aux yeux de la belle était sans conteste Caleb Macmillan avec qui un jeu de séduction s'était installé depuis un petit moment et avec qui elle avait accepté de se rendre au bal. Neron Lestrange était, comme tout le reste de sa famille, bien trop névrosé pour ne pas devenir une plaie pour sa future femme. Ne parlons même pas de son frère, Caïn, dont l'arrogance et le besoin maladif de reconnaissance avaient transformé peu à peu en un automate cruel et sans le moindre sentiment. Webster décrochait sans doute la palme, cela dit. « Je ne vois pas de pire possibilité de Calixte Webster... Mais au moins, soit rassurée, le pire lot de mariage n'a pas été attribuée à ta personne mais à ma stupide sœur et c'est mon nom de famille qui va se retrouver dans la bouse de dragon. » Portant une main à son front comme pour tenter de se laver de toute cette fatigue que lui apportait cette union, elle ne souhaitait que changer de sujet. Portant un œil distrait au reste de la salle commune, elle constata que celle-ci s'était notablement désemplie depuis que les deux amies avaient commencé leur discussion dans un petit coin reculé de la pièce commune des serpents du château. « Nous ne devrions pas parler de tout cela. A part nous plonger dans une colère sans nom, cela ne nous apportera rien. Soyons futile un peu et parlons de ce fameux bal. Quel est l'inconscient qui va te prêter son bras de manière chevaleresque ? » Un léger sourire fit enfin de nouveau son apparition sur le visage de la poupée de porcelaine. Elle ne doutait pas un seul instant que la jolie blonde pétillante qui lui faisait face avait réussi à trouver un cavalier pour l’amener à cette mondanité formelle organisée par le directeur facétieux qui dirigeait de manière étrange leur école. Néanmoins, elle mourrait d'une certaine impatience que le nom de ce brave et stupide homme soit révélé à ses oreilles.
Aux yeux de beaucoup de sorciers la pureté du sang vous assure des avantages non négligeables. En revanche, si vous demandez à Zephir, elle tiendra un discours bien différent. Qu'il s'agisse de la pression sociale de rigueur pour ne pas entacher la réputation de sa famille ou encore les traditions l'obligeant à se lier avec un autre fils de sang-pur, les contraintes sont multiples. Jalousant sangs-mêlés comme nés moldus pour la légèreté avec laquelle ils pouvaient appréhender leur vie, l'héritière Yaxley gaspillait temps et énergie à combattre les démons de son enfance. Son existence s'alourdissait avec les années et il semblait qu'elle n'irait pas en s'allégeant avec ces fiançailles que son père prévoyait. Une contrainte à laquelle seuls les sangs-purs semblaient devoir se plier. Cruelle injustice. Même pour une souillure comme elle, impossible d'échapper à cette « tradition ». Par chance, le cercle des prétendants était plutôt restreint bien que les spécimens peu engageants. Si pour la favorite des Black le pire parti pouvait être Calixte, Zephir avait un avis tout autre sur la question. Si on lui demandait, l'héritier Beurk détenait la palme. Le jeune homme était la personnification de son pire cauchemar. Lui refusant tout répit, le sorcier excellait dans l'art de la mettre hors d'elle. Aussi loin qu'elle se souvienne, il lui avait toujours mené la vie dure, multipliant les actes de cruauté par pur plaisir sadique. De plus, bien que cela demeurait de simples soupçons de sa part, Zephir était persuadée que c'était le jeune Beurk qui avait répandu la rumeur qu'elle était un loup-garou. Compte tenu de l'amitié liant les deux patriarches, il était évident que le secret avait été partagé. Ainsi, bien qu'elle ignorait tout de la relation liant son amie au fils Webster, elle imaginait mal le jeune homme aussi grossier que pouvait l'être Beurk. Calixte et elle avaient pratiquement été élevés ensemble et rien ne présageait un tel comportement de sa part. Les griefs de la belle brune devaient relever d'autres paramètres dont elle n'avait pas connaissance. Toutefois, bien que le sujet était désagréable, la louve se sentait comme possédée par la nécessité d'obtenir plus d'informations. En dépit du malaise apparent de la jeune Black, la question qui lui brûlait les lèvres jaillit sans grande peine, obtenant une réponse à laquelle elle aurait dû s'attendre compte tenu des circonstances. « Je ne vois pas de pire possibilité de Calixte Webster... Mais au moins, soit rassurée, le pire lot de mariage n'a pas été attribuée à ta personne mais à ma stupide sœur et c'est mon nom de famille qui va se retrouver dans la bouse de dragon. » Rien n'était moins sûr. Comme quoi, en fonction de leur histoire et convictions personnelles, leur avis sur la question pouvait être diamétralement opposé. Une légère grimace anima ses traits avant qu'elle ne marmonne, une mine écoeurée souillant son visage. « Y a Beurk aussi. Dans son style cet immonde cloporte bat tous les records ! Je te jure que si mon père ose me coller avec un troll pareil il regrettera sa misérable tentative de redorer le nom des Yaxley. » Car oui, bien qu'aux yeux de tous cette union arrangée n'était rien de plus qu'une tradition, pour le chef de famille, c'était avant tout une façon comme une autre de laver l'affront qu'était sa fille aînée. Un loup-garou dans la famille était la pire chose qui pouvait leur arriver. Par conséquent, en la mariant à un autre sang-pur, il pouvait espérer réparer la tare qu'elle représentait dans l'arbre généalogique.
Tout comme son amie, cette conversation lui portait sur les nerfs. De plus, tous savaient que l'agacement ainsi que la frustration pouvaient provoquer des réactions assez explosives chez la jeune femme à la nature passée sous silence. Les paroles de Nika furent donc accueillies comme une certaine délivrance, bien qu'assez maigre. En dehors de son tempérament de feu, Zephir était également célèbre pour son côté très garçon manqué et peu portée sur les romances. On ne lui connaissait que peu de petits amis et rares étaient ceux qui l'avaient déjà vu revêtue d'une tenue féminine. Alors, quand elle avait entendu parler d'un bal de la saint valentin, la jeune héritière s'était promise de ne surtout pas y participer et ce en dépit des ordres de son père. Un des rares évènements sociaux auxquels elle pouvait assister et il fallait que ça soit une futilité de la sorte. Toutefois, et afin de s'éviter toute nouvelle surprise désagréable, la louve s'était vue contrainte d'accepter l'invitation amicale d'un élève. Un profond soupir anima sa lippe tandis qu'elle se laissait aller contre le dossier du large fauteuil aux couleurs de leur maison. « Callaghan. Tu sais, le né moldu en quatrième année à Gryffondor. Il a une énorme mâchoire et une gueule de fauteur de troubles. Le prof de sortilèges m'a désigné comme sa tutrice et comme il est pas trop chiant j'ai accepté d'être sa cavalière. C'est pas comme si les prétendants se bousculaient au portillon et puis... J'ai besoin d'un moyen pour prouver à mon père que je suis capable de me débrouiller en société seule sans l’embarrasser. » Cette dernière phrase fut suivie d'un long grognement roulant contre son palais, témoignant l'agacement que cela provoquait en elle. Qu'il s'agisse du loup ou d'elle, la perspective de revêtir une robe, des chaussures à talons et coiffer sa chevelure dorée l'exaspérait. « Quand je pense que je vais devoir me ridiculiser en public en portant une de ces ignobles robes aux couleurs pastels, massacrer mes pieds avec ces instruments de torture qu'on ose appeler « chaussures » ou encore me peindre le visage comme un vulgaire clown... Ça me révulse. » Contrairement à son amie, Zephir était tout sauf féminine. Sa beauté indéniable transparaissait parfaitement même vêtue d'un pull oversize et d'une paire de jeans sans artifices aucuns. Privée de toute présence féminine, elle n'avait jamais compris ce besoin d'avoir recours à tant d'accessoires qu'elle jugeait superficiels. Une perte de temps et d'énergie grotesque. Cependant, et pour tenter de poursuivre la conversation, la louve demanda à son tour à son amie. « Et toi ? Je suis certaine qu'ils ont fait la queue pour venir te séduire. Tu as dû crouler sous les cadeaux, non ? Qui est l'heureux élu ? » Si Zeph' ignorait tout de son charme, elle était tout à fait capable de voir la beauté chez les autres. Nika n'était pas en reste. Sa carnation laiteuse, sa chevelure chatoyante et ses prunelles ambrées devaient les attirer indéniablement. La Black avait tout d'une vraie demoiselle. Elle ferait le bonheur de son futur époux, c'était indéniable.
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Mar 16 Sep - 21:04
