Navrée pour la MEP sommaire mais mon internet recommence à déconner, j'essaierais de rectifier ça quand il y a aura plus de débit !
black meeting. Nika Black & Gale Rosier-Nott. Mardi soir, début mars, cour pavée.
A mesure que les bûches se consumaient dans la cheminée, l’air de la salle commune se remplissait d’une chaleur agréable. Presque trop agréable. Installé dans un fauteuil, Gale relisait quelques notes inscrites dans un carnet mais l’air ambiant avait tendance à le déconcentrer, son estomac continuait à lui peser suite au dîner et le sommeil le guettait. Ce n’était sans doute pas l’endroit ni le moment idéal pour relire son carnet mais il ne pouvait s’en empêcher. C’était son petit rituel, au début de chaque mois, de reprendre ses notes pour voir ce qu’il avait inscrit de nouveau et aussi relire les inscriptions laissées par ses ancêtres. Ce petit carnet, regroupant une masse d’informations sur la magie noire assez conséquente dont certaines étaient devenues introuvables dans les ouvrages actuels, était son trésor. Et comme tout propriétaire d’un trésor il ne pouvait pas s’empêcher d’y jeter un œil régulièrement pour voir qu’il était toujours intact.
Ses yeux commençaient à se fermer et il commençait à étendre ses jambes lorsqu’une voix le sortit de la torpeur : « Gale. » Il mit plusieurs secondes à cause de l’étourdissement qu’il ressentait à discerner distinctement les traits du visage devant lui, et à les associer à quelqu’un. Il s’agissait d’un Serpentard du nom de Lewis. Sans être amis les deux garçons se côtoyaient suffisamment pour bien s’entendre et se respecter mutuellement. Néanmoins Gale gardait une certaine distance avec lui, gêné par certains aspects de son comportement. Lewis était connu pour être colérique et même violent : personne n’avait pu tenir le compte de toutes les bagarres dans lesquelles il était impliqué, particulièrement avec un certain Gryffondor du nom de Callaghan. « J’aimerais qu’on discute. J’ai entendu parler de… certaines choses. » L’expression de son visage ne laissait pas de place au doute : il faisait allusion à l’Alliance. Intérieurement Gale maudit celui qui avait fait l’erreur d’en parler à Lewis : il était précisément le genre de personne qui risquait de tout gâcher. Avec son caractère emporté et intrépide le dommage à venir - pour lui, pour l’Alliance et pour Gale lui-même - était quasiment certain. Néanmoins le rembarrer était aussi délicat : il risquait de se vexer et de s’énerver. Gale adopta donc une position neutre en attendant d’avoir plus de temps pour y réfléchir. « Très bien, mais pas ce soir. Je suis exténué, on pourra en reparler demain ou dans la semaine. » répondit-il, en pensant très fort intérieurement que le plus tard serait le mieux. Semblant satisfait de cette réponse Lewis s’éloigna.
Au cours des dernières semaines Gale avait complètement délaissé cette idée d’Alliance. Aucune ‘’réunion’’ n’avait eu lieu depuis un moment – en tout cas pas en sa présence – et il n’en n’avait parlé à personne depuis tout ce temps, évitant même le sujet avec Amadeus si ce dernier l’évoquait. Il avait d’autres soucis en tête, plus personnels et plus urgents. La lettre qu’il avait reçue de ses parents l’informant d’une future union arrangée avec la fille Croupton avait été un tournant dans son existence, il avait un nouveau but. Et ce nouveau but demandait du temps, de la patience, et de la subtilité. Gale doutait de parvenir à aimer celle que ses parents lui avaient choisie mais il était heureux d’avoir enfin une fiancée, quand même bien cela restait officieux pour le moment. Pendant longtemps il avait craint de devoir passer son existence seul, en marge de la société des sang-pur, sa société, celle qu’il aimait tant. Mais il semblait bien que progressivement il arrivait à se défaire de cette tare dont il s’était entaché plus jeune, malgré lui : sa bâtardise.
L’interruption de Lewis avait sorti Gale de sa transe, si bien que ce dernier décida de quitter la place qu’il occupait depuis plus d’une heure déjà. Il remonta dans son dortoir pour reposa le carnet dans sa valise, bien caché et protégé dans une poche secrète puis décida d’aller faire un tour dans le château. Le couvre-feu allait tomber dans un peu plus d’une heure et Gale aimait profiter de ces moments de tranquillité où la plupart de ses camarades étaient dans leurs salles communes respectives. C’est ainsi qu’il aimait le mieux le château : vide et silencieux. Les sous-sols ne présentant qu’un intérêt modéré Gale remonta jusqu’au rez-de-chaussée et se balada au hasard dans les couloirs. Ses pas le conduisirent non loin de la cour pavée aussi décida-t-il d’y faire un tour.
L’une des ouvertures menant à la cour étant non loin, il y parvint en quelques minutes et s’y engouffra. Il s’avança dans la cour pavée, ouvrant ses poumons à cet air si pur et si frais. A mesure que les semaines passaient l’atmosphère se réchauffait légèrement. C’était encore loin d’être la température idéale pour se balader toute la soirée dans le parc mais suffisamment supportable pour sortir du château de temps en temps. Gale commençait à étouffer entre les murs de Poudlard. Il aimait cette période la journée, où la nuit commençait. La lumière déclinante offrait ses plus belles couleurs, et la lune avait toujours eu quelque chose d’enchanteur à ses yeux. Pour l’heure la nuit était déjà tombée – il était plus de vingt-heure trente et la nuit tombait vite – mais la lune complétait à merveille la lumière des torches éternelles si bien que Gale y voyait assez bien.
Il resta figé quelques minutes avant de sentir la présence de quelqu’un d’autre. Ses yeux mirent du temps à trouver l’intrus, dissimulé dans une partie d’ombre de la cour. Nika Black se tenait à quelques mètres de lui. Leur dernier tête-à-tête s’était déroulé ici-même et avait fini sur une note très négative. Pendant des jours entiers Gale n’avait cessé de la maudire à chaque fois qu’il la croisait, ses yeux lançant des éclairs plus meurtriers que jamais. Il bouillait d’une haine intense à l’égard de l’héritière Black, une haine qui semblait ne jamais s’en finir de consumer. Mais maintenant que du temps s’était écoulé, Gale avait réussi à retrouver son sang-froid et cette haine si vivace qui lui avait empoigné le cœur s’était apaisée. Bien sûr elle restait Nika, et à ce titre il était incapable de l’apprécier qu’une quelconque façon mais au moins ne mourait-il pas d’envie de lui arracher la tête à cette seconde même. Sans doute qu’il aurait dû tourner les talons en l’apercevant mais il décida de rester. « Black, » salua-t-il d’un ton froid, « alors c’est vrai que tu ne sors qu’à la nuit tombée comme le prétendent les rumeurs. » Une provocation presque automatique. Gale se sentait en forme, prêt à l’affronter. Il était maître de lui-même et depuis leur dernière rencontre les choses avaient agréablement bien tournées pour lui, Nika ne devait pas l’ignorer. Il comptait bien profiter de cette position de force qu’il pensait avoir. « Je vais finir par croire que tu me suis. »
TLorsque le château se faisait envelopper de sa cape de noirceur, signe que la nuit prenait place en chassant les derniers rayons de soleil, l’atmosphère changeait. Tout devenait plus calme, plus serein. Comme un sentiment de plénitude, Nika Black adorait ce moment de la journée où toute l’effervescence écolière retombait. Les uns et les autres étaient retournés à leurs salles communes, vacant à leurs occupations puériles, s’agglutinant auprès de la cheminée en estimant qu’il faisait encore bien trop froid pour s’aventurer dans le château, voire dans ses extérieurs. Le diner avait été calme et silencieux pour la poupée de porcelaine. Installée à côté de Dawn, elle n’avait pratiquement pas touchée à son assiette, le menton calé dans sa main et le regard rêveur se perdant dans l’immensité du plafond de la grande salle. Elle se demandait ce qu’allait devenir sa vie. Du haut de ses dix-sept ans, la brune à la peau de nacre sentait que tout vacillait, que tout changeait autour d’elle sans qu’elle ne puisse faire grand chose. Le monde s’apprêtait de sa noirceur la plus tendre et l’impact s’en faisait également ressentir sur Poudlard et ses occupants. Prenant congé auprès des pairs avec qui elle s’était installée, la vipère quitta la grande salle de sa démarche princière et s’engouffra dans le froid du dehors. Le plus dur de l’hiver était passé mais une petite brise persistait et venait fouetter ses joues pour leur donner une teinte rose qui lui donnait un aspect encore plus prononcé de poupée de porcelaine. Mordillant doucement sa lèvre inférieure, elle hésita un moment sur l’endroit où elle irait quémander sa tranquillité. La cour pavée du château avait toujours été son endroit préféré bien que, la dernière fois qu’elle s’y soit trouvée, son altercation avec Gale Rosie-Nott avait considérablement fait perdre de son charme à cet endroit.
En arrivant, elle s’installa dans l’une des alcôves et ne pu s’empêcher de penser à l’héritier maudit qu’elle avait affronter ici même. Elle ne l’avait pas revu depuis le bal de la saint valentin. Elle avait sentie son regard glissé sur sa peau de nacre durant quelques secondes… C’est là qu’elle l’avait aperçu au bras de sa cousine Oberyn, alors qu’elle offrait le sien à Caleb Macmillan. L’idylle entre elle et le serdaigle n’avait d’ailleurs pas duré. Il était compliqué de se lancer dans une histoire sentimentale lorsque malgré soi, toutes ses pensées étaient tournées vers un autre qui lui inspirait, à la fois et aussi fortement, de la haine et du désir. « Black. Alors c’est vrai que tu ne sors qu’à la nuit tombée comme le prétendent les rumeurs. » Elle n’eu pas besoin de faire volte face, pas besoin de poser ses yeux noisettes sur son interlocuteur, pas besoin de réfléchir… Elle savait très bien à qui appartenait cette voix, ce ton, et cette façon de l’accoster. Comme un refrain mécanique qui se remet en marche en lieu et place leur ancien no man’s land, la poupée de porcelaine affrontait de nouveau l’héritier déchu Rosier-Nott. Il pouvait croire qu’il avait le dessus sur elle, il pouvait se leurrer. Le temps avait passé depuis leur altercation, et son cœur, son égo et son poignet s’étaient remis de la violence subie. Lors de ce dernier affrontement, des lignes avaient été franchies. Des lignes, des limites que jamais avant ils n’étaient venus ne serait-ce que caresser. Tout avait foutu le camp, tout avait volé en éclat pour qu’une guerre ouverte soit enfin déclarée entre les deux adolescents qui se détestaient d’aussi loin qu’ils puissent se souvenir. Tournant doucement son buste, elle fit face. Un regard mauvais et un demi sourire aux lèvres, l’héritière Black pouffa un instant avant de reprendre la parole dans un souffle. « Bien vu. Je ne peux t’accoster de la même manière, ton histoire de nom de famille n’étant pas toujours très bien réglée. » Elle n’avait pas besoin de parler fort, elle savait que ses mots étaient aller se fracasser contre ses oreilles, faisant saigner ses tempes et, peut-être, ravivant cette flamme de haine qu’elle avait pu voir danser dans son regard la dernière fois, à ce même endroit. « Pour ce qui est de ta rumeur, je n’y ferai pas très attention si j’étais toi sinon je n’ose pas imaginer l’image que tu as de toi. » Boum. Comme un instinct de survie, les coups étaient rendus à chaque fois. Il n’y avait pas d’autre issue possible pour la poupée de porcelaine lorsqu’elle se retrouvait en face de celui qui arrivait toujours à la faire sortir de son indifférence et de son calme légendaires. Depuis leur dernière rencontre, tout avait changé entre eux. La fêlure qu’il avait provoquée dans le cœur de la serpentard était toujours présente bien que celle-ci s’appliquait à puiser dans toutes les ressources dont elle disposait pour ne surtout pas le laisser s’en rendre compte.
« Je vais finir par croire que tu me suis. » Un rire franc et cristallin éclata de la gorge de la quatrième année et vint se propager dans les airs avant de mourir étouffé. Elle, le suivre, cela aurait été le comble. Est-il devenu aussi arrogant pour ignorer le dégoût qui se peignait doucement sur les traits délicats de la poupée de porcelaine ? Il se pensait dans l’avantage de la situation, mais c’était sous estimer son adversaire. La Black n’était pas prête d’abandonner la partie, surtout face à celui dont on arrivait pas à élucider la valeur du sang. Passant une main dans ses cheveux, elle bougea de sa place pour faire quelques pas. Passant devant le sixième année, elle alla s’asseoir sur un rebord de pierre à sa droite. « Je crois plutôt que c’est toi qui cherche à maintenir un lien avec moi… Après tout, c’est ma cousine. » Elle n’avait pas besoin d’en dire plus, elle savait qu’il avait compris où elle voulait en venir. Lorsqu’elle avait compris cette alliance, la poupée de porcelaine avait été prise d’un sentiment qu’elle ne pouvait décrire. C’était à la fois du dégout, de l’agacement mais aussi énormément de frustration. Elle luttait contre son corps qui se tendait à chaque fois qu’elle se retrouvait à une distance si proche de son corps. Plissant doucement les yeux, elle porta son regard noisette sur le serpent. La guerre était déclarée mais dans cet entremêlement de coups bas et d’insultes, il n’était pas certain qu’il y ait réellement un vainqueur. Comme pris dans leur haine sans limite, il était fort probable que les deux adolescents se retrouvent victime de toute cette tension qu’ils n’arrivaient pas à gérer. Haussant doucement les épaules, elle reporta son regard vers Gale. Gardant une distance de sécurité entre eux, elle ne voulait pas céder à ses pulsions mais surtout, elle ne voulait plus qu’il maltraite son corps comme la dernière fois qu’ils s’étaient affrontés. « Crois-tu que c’est ce qui te sauvera ? » Pour la première fois, il n’y avait pas de méchanceté dans la voix de Nika. C’était une vraie question. Une question qu’elle pouvait se poser un peu pour elle-même aussi. Dans tout ce tumulte de sentiments que provoquait Gale en elle, elle s’était perdue ces derniers temps, oubliant parfois qui elle était réellement. Finalement, il n’était pas toujours bon d’être enfant de sang pur, la pression était trop forte.