La douce odeur du printemps m'enivre alors qu'allongée dans l'herbe mon regard se fige dans le ciel si envoutant et libre de tous nuages en cette magnifique journée. Un léger sourire se dessine sur mes lèvres alors que le rire cristallin de ma petite sœur arrive mes oreilles tout en me berçant doucement sous sa douce mélodie si chère à mon cœur. Je m'épanouis seule dans mon coin loin de cette famille qui me ronge peu à peu jusqu'au sang. Le mot pureté raisonne sans cesse dans ma tête et ce malgré mon jeune âge. J'aimerais l'espace d'un instant m'échapper loin de ce monde qui me semble si hostile. Rapidement le calme apaisant qui était mien prend fin sous les cris de Cassandre mon ainée. Me relevant sur mes coudes, sa chevelure de feu ne tarde pas à attirer son attention alors qu'un rictus malsain étire ses traits si caractéristiques de père. Aucuns de ses traits ne sont merveilleux, ni aucuns de ses pas sont délicats. Elle reste pour moi l'image parfaite de l'homme qui m'a mis au monde. « Maman ! Isi a encore laisser échapper mes canaris ! » Je ne peux retenir l'immense sourire qui est mien alors qu'elle croise les bras sous sa poitrine avant que mère ne vienne la rejoindre, la mine éteinte comme toujours. Naguère, elle devait être une femme merveilleuse et souriante. A présent elle n'est plus que l'ombre terne et sans aucune émotion de sa beauté passée qui ère sans but dans l'immense demeure qui est devenu sa prison dorée. Épousée pour son sang par un jeune sang pur riche et imbu de lui même, elle a perdu cette petite étincelle dans le regard qui la rendait si belle. Rapidement son regard se pose sur moi et ma tenue négligée qu'elle a tant mit de temps à préparer pour préserver l'image de prestige de notre famille. J'entends son soupir qui me serre la poitrine alors que soudainement le temps semble se suspendre sous ses lèvres. « Ton père t'attends dans son bureau Isibeal. » Et voilà la sanction est tombée alors que je retiens ma respiration pour ne pas hurler. J'aimerais tant pleurer pourtant je me relève la tête haute avec ce sourire si insolent sur mes lèvres qui met hors d'elle Cassandre. Je sautille même en chantonnant jusqu'au bureau de père pourtant dès que ma main se pose sur la poignet de la porte, un souffle d'effroi envahit mon être. Un léger tremblement agite mes doigts alors que la porte s'entrouvre pour me laisser passer. « Mon ange, quel plaisir de te voir. Tu es merveilleuse, viens mon ange. » Immobile je regarde sa main se tendre dans ma direction alors que j'avale difficile ma salive tout en m'approchant de lui. Comme la poupée que je suis, sa main s'enroule autours de ma taille alors qu'il me pose sur ses genoux. Le regard lointain je prend bien soin de ne pas croiser ses prunelles de flammes. Sa main glisse alors lentement dans ma chevelure brune pour y déloger une herbe. « Mon ange tu sais qu'il ne faut pas embêter ta grande sœur. » Sa main se fige dans mes cheveux avant de tirer un coup sec alors qu'une vague de douleur me submerge. Sans aucune douceur malgré le miel qui découle de ses paroles, sa main s'accroche à mon menton pour me forcer à le fixer. « Tu es pourtant si belle mon ange, mais tu sais combien papa déteste quand tu es vilaine. » Ses doigts se referment sur ma peau tout en laissant échapper un gémissement de douleur de ma bouche. Il soupire enfin tout en relâchant sa main tout en me permettant enfin de reprendre ma respiration. Je me crois sauve pourtant la seconde d'après son coude heurte ma joue tout en me faisant quitter ses genoux pour laisser mon corps atterrir lourdement sur le sol. « Tu sais que cela met très en colère papa quand il croise des joies vilains ! » J'aimerais tellement hurler alors qu'impuissante, la joue contre le sol je le vois s'approcher de moi. Les coups pleuvent alors comme à son habitude. Combien de temps dura cet instant ? Je ne puis le dire alors que la douleur envahit chacun de mes membres. Il me soulève enfin du sol pour me scruter et soupirer. Comme toujours il a prit bien soin d'éviter mon visage du moins cette fois-ci ma joue garde la trace de sa violence. « Mon ange combien de fois papa t'as dit de ne pas jouer dans son bureau. Un accident est si vite arrivé. » Un large sourire se dessine sur ses lèvres alors qu'il me lâche sans aucune délicatesse. Enfin seule je laisse les larmes couler sur mon visages alors que bouger le moindre membre me fait gémir de douleur. Je déteste cette famille … Cassandre payera ces coups, je le promet sur ma vie.

Assisse dans le train qui m'emmène dans ma nouvelle école, je goute au doux goût de la liberté. Je m'enivre de cet instant dans l'espoir qu'il puisse durer des heures alors que mon regard se perd dans le paysage qui s'offre à moi. Les rires et cris des élèves de mon âge arrive à mes oreilles tout en gâchant cet instant. Cet instant qui a tout pour être parfait sauf le regard accusateur que ma rousse de sœur porte sur moi. Je ressens clairement que ma présence la gêne au plus haut point. Mais loin du tyran qu'est notre père, je soutiens son regard avec cette insolence que j'ai tant de fois refouler. C'est mon frère ainé qui réchauffe l'atmosphère en me donnant une petite tape innocente sur mon épaule. Un simple geste qui fait vibrer mon corps de douleur en repensant aux coups qui ont été miens hier soir. Une dernière entrevue, des derniers ordres accompagnés de coups pour s'assurer de ma docilité. Mais loin de lui, je vais enfin pouvoir vivre ma vie et ce malgré la rousse qui me sert de sœur. « Je suis sur que tu vas nous rejoindre chez les serpentards. » Je sens la fierté vibrer dans la voix de mon frère alors qu'un large sourire étire ses lèvres. Malgré le fait qu'il soit le jumeau de Cassandre, je me suis toujours bien entendu avec lui. Il est surement le seul dans cette famille à comprendre le drame qui se trame dans l'ombre depuis ma naissance. Il n'avait jamais rien fait mais il était là pour m'encercler de ses bras pour me promettre que demain sera meilleur. A-t-il seulement remarquer l'ampleur du monstre que mon père à forger sous ses coups. Car oui je suis un monstre de chair et de sang à l'apparence des plus agréable. « Ou pas ! » La brusquerie dans la voix de Cassandre surprend mon frère dont le regard sombre se pose sur elle. Les jumeaux sont proches et alors qu'ils se jugent du regard, je peux lire la discussion échangé entre eux. Dans un sens j'ai toujours jalousé leur relation … Car oui j'ai toujours été seule dans sa famille et cela c'est renforcé après le départ de mon ainé. Mais l'heure n'est plus à la nostalgie mais bel et bien à l'émerveillement alors que je rentre dans la grande salle. Ma bouche s'ouvre pour ne plus se refermer. La magie ne m'est pas inconnu cependant chaque centimètres de cette salle est gorgée de magie alors qu'à la maison, il existe une restriction. Prisonnière du flot des nouveaux élèves, leur tension devient mienne à l'énonciation des noms. Voilà enfin mon tour … « voilà un choix cornélien … SERPENTARD ! » Je cherche du regard mon frère qui ne peut cacher sa joue en se levant alors qu'assisse à ses côtés je peux entendre les soupirs de ma sœur. Je ne sais si je suis heureuse de quitter ma prison dorée pour une autre argenté et verte.

« Et je gagne quoi , moi, dans cette histoire ? » Un sourire malsain se dessine sur ton visage alors que ton regard longe les courbes de mon corps avec un œil appréciateur. Ici les gens t'admirent et te détestent pour ta cruauté et ton charisme qui rend les filles fiévreuses sur ton passage. A la différence des autres, je te voue une haine sans fin pour ce que tu représente pourtant tu es pour moi le meilleur moyen d'atteindre Cassandre pour la toucher en plein. Car oui, elle est folle de toi comme tous les autres … Bizarrement je jalouse ces filles qui te trouvent tant de qualités alors que je ne vois que ton côté sombre et malsain qui n'a qu'une seule hâte, m'engloutir. Je me délecte d'avance de voir Cassandre tombé des nues alors qu'elle serait toute proche de la jouissance totale dans tes bras. « Ma reconnaissance est amplement suffisante ! » Un rire à me donner la chair de poule sort de ta bouche alors que tu t'approche un peu plus de moi pour effleurer mes bras. Avaler ma salive devient douloureux alors que je perds la tête. Je ne peux nier l'attirance qui coule dans mes veines tout en rendant ma peau électrique en ta présence mais tu es toi, et cette simple pensée suffit à me donner la force d'oublier. Je ne serais pas comme toutes ces filles que tu séduis pour les jeter le lendemain sans même un regard en arrière. Je ne serais cette fille mais Cassandre le sera ! « Toi, tel est mon prix. » Je m'offusque sous tes paroles alors que tu me colle contre le mur pour t'approcher encore plus de moi. Coincée, je ne peux échapper à ton souffle brulant qui caresse mon visage alors que tes lèvres s'approchent dangereusement des miennes. Mais tu t'arrête à quelques centimètres à croire qu'une barrière invisible t'empêche de commettre l'irréparable sur ma bouche entrouverte. Je subis tes foudres alors que ta main glisse lentement dans ma chevelure brune. « Plutôt crever ! » Je me débats tout en crachant ces paroles qui j'espère auront la chance de t'atteindre mais j'en doute. Tu ne réagis pas alors que ton index se pose sur mes lèvres pour laisser le loisir à tes prunelles de plonger dans les miennes en silence. Je tente d'échapper à ton emprise en vain. Je suis ta prisonnière. Mais heureusement pour moi tu semble te laser de notre entrevue. « Un marché est un marché, ma douce Isibeal. » Tu me lâche sans aucune douceur tout en me forçant à pousser un léger gémissement. La seconde d'après tu n'es plus qu'une ombre au bout du couloir alors que je me retrouve seule. Cassandre payera mes coups mais à quel prix. Je viens de vendre mon âme au diable mais à présent il n'est plus question de faire demi-tour. J'aurais ma vengeance même au prix de ma dignité.