Louise se sentait totalement stupide. Elle se mordilla la lèvre et se tourna vers la porte un instant, hésitante. C'était ridicule. Maintenant qu'elle était là, elle n'allait tout de même pas repartir aussi vite. Sans avoir au moins essayé. Venir ici avait déjà été suffisamment compliqué. Elle avait pesé le pour et le contre. Une fois. Deux fois. Cent fois. Elle s'était convaincue que vraiment, ça n'était pas nécessaire et que cela ne mènerait à rien. Mais dans le fond, il restait un petit espoir. Et si ça marchait quand même. Ça serait tellement simple, ça résoudrait tellement de questions. De toute façon, elle n'avait rien à perdre. Mais tout de même, elle ne se sentait pas très à l'aise. Son univers à elle, c'était le terrain de quidditch, la forêt interdite, les couloirs sombres et mystérieux, le parc immense et surprenant. Ici, elle ne se sentait pas à sa place. Rien que le nom, ce n'était pas fait pour elle. '' La salle du savoir '', ça ne sonnait pas bien à ses oreilles. Ça sonnait comme les professeurs, la bibliothèque, les Serdaigle et tout ce qui pouvait avoir un rapport avec les cours et l'enseignement. Elle n'était jamais venue ici. Pourtant, avec sa curiosité insatiable, elle aurait sans doute pu apprendre des choses dans un tel lieu. Mais l'idée de poser des questions à mur était un peu dérangeante. Et elle estimait que ce genre d'endroit était réservé aux érudits, aux gens studieux, à ceux qui passaient plus de temps dans les livres qu'ailleurs. Et pourtant, elle avait finit par venir jusque là. Quatre ans et demi, c'est le temps qu'il lui avait fallu pour trouver le chemin de cette salle. Cependant, elle était quasiment persuadée que la question qu'elle avait au bord des lèvres ne trouverait pas de réponse. Pas ici du moins. Mais elle pouvait tout de même essayer, qu'est ce que ça coûterait, finalement ?

Elle se retourna vers le mur, en face de la porte. S'humectant les lèvres, elle hésita encore un peu. Le problème, ce n'était pas tant la salle que la question finalement. Parce que formuler les choses ainsi, à voix haute, ne lui plaisait pas. Pas du tout. Même si son interlocuteur n'était qu'un simple mur grisâtre. Parce que la question en amènerait d'autres. Plus compliquées encore. Plus dérangeantes. Des questions auxquelles elle s'efforçait de ne pas penser, justement. Son cœur battait la chamade. Parce qu'elle avait peur. Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle espérait, en venant ici. Elle n'était pas certaine de vouloir une réponse. Ce qu'elle voulait, c'était être rassurée. Simplement. Mais elle n'allait pas rester devant ce mur toute la journée. Elle devait se jeter à l'eau. Elle se racla la gorge, prit une inspiration destinée à se donner du courage, et se lança :

'' Pourquoi … pourquoi est ce que je réagis de cette façon ? ''

Pas de réponse. Évidemment. Elle connaissait les règles. La question devait être claire, précise, pour que la salle puisse y apporter une réponse. Et son interrogation était beaucoup trop vague pour que ça fonctionne. Louise se gifla mentalement. Elle avait pourtant préparé sa question, l'avait répété, encore et encore, la connaissait par cœur. Mais les mots lui faisait peur. Elle tapa du pied, mécontente de se voir forcer la main par la magie elle-même. Elle avait cru, l'espace d'un instant, pouvoir s'en sortir simplement. Mais de toute évidence, ce ne serait pas le cas. Excédée, elle écarta les bras en signe de capitulation.

'' Très bien ! J'ai compris. ''

Elle avança d'un pas, planta un air de défi sur son visage. Elle était une Gryffondor, par Merlin, elle n'était pas censée avoir peur. Ni d'un mur, ni des mots, ni d'une vérité. Alors, son ego reprenant le dessus, elle posa sa question, brute, sans enjolivure, sans tourner autour du pot. Exactement comme elle le faisait si bien habituellement.

'' Pourquoi est ce que je ne me suis jamais intéressée à un garçon ? Pourquoi je n'aime pas l'idée qu'ils attendent de moi plus que de l'amitié ? Pourquoi je ne suis pas capable d'aimer ? Pourquoi l'idée d'embrasser n'importe lequel d'entre eux me dégoûte ? C'est quoi, mon problème, au juste ? ''

Elle tremblait. Elle avait beau crisper les poings pour calmer ses nerfs, elle tremblait quand même. Son regard était fixé sur le mur, hypnotisé, attendant la réponse qui tardait à venir. Elle voulait savoir. Elle voulait comprendre. Qu'est ce qui clochait, chez elle ? Qu'est ce qui ne fonctionnait pas ? Où était l'erreur, l'anomalie ? Et en même temps, elle avait tellement peur de la réponse. Tellement peur que la vérité soit celle qu'elle craignait tant. Son cœur s’arrêta de battre alors que des lettres se formaient sur le mur. '' La vérité est ailleurs ''

'' C'est pas fair-play, ça ! Saloperie de mur à la bouse de dragon ! Fais chier ! ''

Louise, dans toute sa splendeur. Dans toute sa frustration, surtout. Elle était déçue. C'était terriblement injuste. Elle s'était donné tant de mal, avait prit sur elle pour poser sa question, avait accepté de s'en remettre un mur pour trouver des réponses … et il ne se passait rien. Oh, elle s'en était douté, évidemment. Elle savait bien que la salle ne donnait pas de réponses aux questions trop personnelles. Mais quand même, elle avait espéré que, par un hasard quelconque, il accepte de fonctionner pour elle.

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