Ma vie ? Que dire d'elle ? Si ce n'est qu'elle n'est pas à la hauteur de mes espérances ? Quoique, elle n'était plus à la hauteur de mes espérances devrai-je dire. A présent, je n'attendais plus grand-chose d'elle. Certes, je n'avais pas perdu l'espoir d'une vie meilleure à venir, mais j'étais si las de l'attendre que savoir qu'elle n'arriverait jamais ne me surprendrait même pas. Je n'aime pas vraiment me faire passer pour une victime de la vie, une victime de la mort ou une victime tout court. J'aime d'ailleurs à penser que l'on est maître de son destin, même si j'en doute quelquefois. Le fait est que ma vie n'est pas très attrayante et même si je sais que d'autres personnes en ont une bien pire que la mienne, je ne peux m'empêcher de me plaindre. Bien sûr, je ne me plains qu'à moi-même. Personne à Poudlard n'a conscience de ma vie lorsque je ne suis pas à l'école. Enfin je crois... 'Fin bref, vous êtes là pour que je vous raconte ma vie, pas vrai ? Bande de petits veinards... Commençons par le commencement. Je naquis le trois février mille neuf cents soixante-deux de l'union de Carolyn Eileen Hepburn, une jeune sorcière de sang-pur et d'Ulrich Joseph Hepburn, un riche moldu tout ce qu'il y avait de plus moldu. Vivants dans la célèbre ville de Liverpool, ils filaient le parfait amour depuis déjà quelques années. L'arrivée au monde du fruit de leur amour - c'est-à-dire moi - fut donc très attendue de leur part. Revenons quelques années en arrières, dans un hôpital moldu de Liverpool.
Flash-back
J'avais l'impression de flotter. Cette sensation ne me quittait plus depuis un certain nombre de jour. Quoi de mieux que cette sensation ? Peut-être le paradis ? Et encore, je ne parierai pas là-dessus ! Mais là, à cet instant, j'étais bien. Heureuse. Ce noir omniprésent était d'une extrême douceur, tout comme la chaleur bienveillante qui régnait dans cet espace clos. Je me sentais apaisée, sereine. Je n'avais pas peur de ce qu'il allait arriver parce que cette délectable chaleur me donnait l'impression que quoiqu'il arrive, je serai toujours dans cet état de béatitude. Je fus dérangée par un petit déchirement sonore. J'aurai pu ne pas y prêter l'attention, si cela n'avait pas été suivi d'une sensation étrange. Celle de perdre cette impression de flotter. C'était particulièrement désagréable d'ailleurs. Mon corps bougeait tout seul, sans mon consentement. Je me déplaçais de quelques centièmes par périodes assez régulières. Pourquoi ? Pourquoi étais-je en train de bouger ? Je n'en avais pas envie pourtant. Puis je senti une pression sur le haut de mon crâne, comme si on voulait l'attraper. Le toucher était surprenant, je n'en avais pas l'habitude. Puis on réussit à m'agripper et je senti qu'on me tirait pour m'éloigner loin de mon nid douillet. Soudain, le froid m'envahit commençant par la tête pour arriver jusqu'à mes pieds. Il me mordait méchamment la peau et je ne pouvais qu'essayer de me débattre. La lumière aussi, aveuglante malgré mes yeux encore clos. Des bruits assourdissant résonnaient dans le lieu et des cris. Mes cris. Ceux à s'en déchirer les cordes vocales. Puis, au loin, une sonorité assez grave et régulière ainsi qu'un son plus fluet. Je ne comprends pas...
« Oh Lily ! Notre première petite fille ! Comment allons-nous l'appeler ? » Un court silence, suivi d'un
« Pandore. Pandore Nox Hepburn ! Ça sonne bien, n'est-ce pas ? »Fin du Flash-back
Ma naissance fut accueillit avec joie, principalement de la part de ma mère. Elle rêvait d'avoir une fille depuis sa plus tendre enfance et son rêve se réalisait enfin à vingt-cinq ans seulement. Mon père était heureux lui aussi, mais peut-être moins que ma mère. Surement avait-il réalisé qu'il vieillissait du haut de ses trente ans. Nous vivions dans la banlieue de Liverpool, vous savez, là où toutes les maisons de quartier se ressemblent ? Notre habitation était d'ailleurs assez petite, mon père préférait dépenser son argent à nous nourrir plutôt qu'à acheter une belle maison étincelante dans le centre-ville. Il aurait très bien pu nous l'acheter grâce à l'héritage de ma mère grâce à ses parents qui étaient des Sang-purs plutôt aisés. Mais il préféra malgré tout une petite maison à deux chambres. Cela ne nous a pas empêché de vivre correctement. Lorsqu'Ulrich et maman étaient au travail - Lui travaillait dans une banque moldue et elle au ministère de la magie en tant que chercheuse en potion - j'étais soit gardée par ma nourrice, soit à l'école. Le soir, elle me racontait ce qu'il fallait savoir du monde sorcier, tel que Poudlard, les lois du ministère de la magie ou quelques-unes de ses anecdotes d'enfance. Elle était à Poufsouffle et disait toujours qu'Ulrich avait tout à fait sa place à Gryffondor même s'il était d'une loyauté inégalable envers elle. Mon père aimait ma mère plus que tout au monde. Voilà, pourquoi, lorsqu'elle eut un accident dû à une explosion de chaudron, mon père en fut dévasté. J'avais alors neuf ans lorsque c'est arrivé.
Flash-back
Comme tous les jours depuis un mois, il fessait de la pluie. Nous étions en plein mois de novembre, du coup, maman ne me laissait pas sortir jouer dans le jardin, parce qu'il fessait trop froid. Pourtant, je voulais jouer dehors, en plus lorsqu'il neigeait, j'avais le droit de sortir. Pourquoi je ne pouvais pas sortir alors qu'il fessait plus chaud que lorsqu'il neigeait ? C'est pas juste ! Je soupirai en regardant à travers la fenêtre de la classe. Toute la journée, la maîtresse nous avait parlée de grammaire et nous avions dû faire tous pleins de divisions de nombre décimaux. En plus, j'aime même pas les mathématiques... Heureusement, il était bientôt l'heure de rentrer à la maison. Je senti qu'on me donna un coup de coude dans le bras et je tournai la tête à droite. Mary, une de mes amies de classe, me regardait en mordant sa lèvre supérieure. Elle avait les cheveux de couleur blond et les yeux bleus. Tout le contraire de moi.
« Pandy ? »« Quoi ? » Lui répondis-je en murmurant.
« T'as fait l'exercice vingt-six ? » Je fronçais des sourcils.
« Non, pourquoi ? » Elle souffla de désespoir :
« J'y arrive pas et la maitresse va encore m'interroger. Pourquoi tu ne les as pas faits ? » « Pas envie, j'en ai marre » Mary me regarda, mi- étonnée, mi- admirative
« Mais la maitresse va te disputer ! » Je haussai les épaules
« Tant pis, de toutes façons, c'est bientôt l'heure de rentrer chez nous » Lui ai-je répondu sur le ton de la confidence puis elle retourna à son exercice de mathématiques. Au bout de quelques minutes, la maitresse nous donna nos devoirs et nous dit que la journée était finie. Je rangeai mes affaires précipitamment. Aujourd'hui, maman m'avait promis que c'était elle qui allait venir me chercher à la place de la nounou. J'allais pouvoir lui raconter ma journée et le B+ que j'avais eu en histoire. Arrivée devant l'école, je cherchai maman de regard et fronçai des sourcils lorsque je vis qu'elle n'était pas là. A la place se trouvait tante Nyla, la grande sœur de papa. J'avançai vers elle, incertaine. Lorsque je fus devant elle, elle me sourit d'un air triste
« Bonjour Pandore » elle me prit la main
« Bonjour tante Nyla... Où est maman ? Elle devait venir me chercher à la fin de l'école. » Elle renifla, comme lorsque j'étais enrhumée et me dit sans répondre à ma question
« Viens, la voiture est par là » en m'emmenant vers sa voiture noire, de l'autre côté de la rue. Papa en avait une presque pareille - pour moi, elles se ressemblaient toutes -. Quand nous fumes à l'intérieur, tante Nyla ne démarra pas la voiture. Bizarre, normalement on le fait directement après avoir attaché sa ceinture et puis, pourquoi maman n'était pas venue me chercher ? D'habitude, lorsqu'elle le disait, elle le faisait ! Tante Nyla prit une grande inspiration et tourna la tête vers moi.
« Ma chérie, je dois te dire quelque chose de vraiment très important. C'est à propos de ta maman. » Je la regardais en penchant la tête, signe chez moi d'interrogation
« Elle a été retenue au travail ? » Tante Nyla ferma elle yeux quelques instants avant de les rouvrir
« Non Pandore. Elle... Elle est montée au ciel, avec les anges. » M'avoua-t-elle. Pas possible, pas maman...
« C'est pas vrai. Maman ne serait jamais partie sans moi ou papa ! » « Je suis sincèrement désolée.. Elle a eu un.. un accident à son travail, mais ton papa n'a pas voulu m'en dire plus. » Non ! Pas maman, elle ne peut pas partir comme ça, sans nous ! Elle n'a pas le droit de faire ça ! Je regardais encore la sœur de mon papa et lui demandai
« Elle va.. Elle va revenir, pas vrai ? Dans quelques jours, elle sera là, avec moi, hein ? Comme lorsqu'elle fait ses longs voyages ? » Lui ai-je demandé, la voix suppliante. Tante Nyla pinça ses lèvres en secouant négativement la tête.
« C'est un long voyage là aussi.. sauf qu'elle n'en reviendra pas.. » J'eus une leurre d'espoir
« Et si je l'attends ? » « Ça ne fonctionnera pas Pandore » « Et si je l'attends très très très longtemps et que je suis sage avec papa durant son absence ? » « Quoique tu fasses elle ne reviendra pas Pandore, ce n'est pas elle qui décide, ma puce » Cette leurre d'espoir apparue il y a peu s'était à présent éteint. J'assimilai le fait que je ne reverrai plus ma maman. Pourquoi ? Qu'est-ce que j'avais fait ?
« Tante Nyla ? C'est... C'est à cause de moi qu'elle est partie ? » Lui ai-je demandé, la lèvre tremblante. Je vis une larme roulait le long de sa joue pâle.
« Bien sûr que non. Ta maman t'aimait et elle t'aime encore. Tu n'as peut-être pas encore l'âge de savoir ce que tout ce qu'il s'est passé signifie, mais tu comprendras bien assez tôt » M'a-t-elle dit d'un air compatissant et triste à la fois.
Fin du Flash-back
Elle avait raison, je n'avais pas mesuré l'importance de la mort de maman et je n'en avais pas compris sa signification. Comment comprendre qu'on ne reverrait plus jamais sa mère en une toute petite annonce de quelques minutes ? C'est simple, on ne peut pas. Mais je crois que j'avais commencé à comprendre quand j'ai vu mon père une dizaine de minutes après l'annonce. Ses yeux étaient rouge d'avoir trop pleuré, ses yeux étaient dans le vague, comme s'il n'était plus avec nous. Le lendemain, tout était redevenu comme avant, comme si maman n'était pas morte la veille. Ce petit manège à durer une semaine, le temps que tante Nyla retourne vivre en Australie, là où son mari vivait. Là mon père à commencer à couler, lentement mais surement. Je ne le voyais pas vraiment, étant donné qu'il me mettait plus souvent chez la nourrice qu'avant. Je ne savais pas ce qui se tramait. J'ai commencé à m'en apercevoir quatre mois après la mort de maman, j'avais alors dix à cette époque. Au début, je le voyais oublier beaucoup de choses, de plus en plus fréquemment, il s'énervait aussi plus facilement, il ne sortait plus et les rares fois où il le faisait, il revenait très tard en trébuchant sur le sol et en zigzaguant. Eh oui ! Mon père était devenu un alcoolique... Super, pas vrai ? J'ai commencé à comprendre en grandissant ce que cela impliquait réellement. Même si je savais qu'à mes quatorze ans, j'allais me retrouver à Poudlard, je ne savais pas ce qu'allait devenir ma vie. Mon père s'occupait de moins en moins de moi et il décida que la nourrice était trop cher, du coup je me gardais moi-même. J'allais bien évidemment à l'école mais je ne fessais plus mes devoirs, à la place je m'amusais dans ma chambre ou je jouais devant la maison. Mes résultats scolaires en avaient donc pris un coup, mais je ne changeais pas de comportement vu que mon père ne me disait rien. Puis un jour, je suis allée me balader dans Liverpool même, je devais avoir onze ans, je me souviens que nous étions en mai. Ce n'est pas bien pour une fille de mon âge, de se promener dans une grande ville, mais j'avais le goût du risque ! C'est là que j'ai découvert une petite boutique de piano tenue par un pianiste hors-pair d'une cinquantaine d'années. J'étais en admiration face à un piano à queue laqué noir, alors le pianiste, nommé Zane, amusé par ma réaction, s'était mis à jouer devant moi. Je suis restée toute l'après-midi à l'écouter jouer du piano pour ensuite rentrer à la maison la tête pleine de notes de musique. Je suis revenue à la boutique tous les jours durant une semaine. Puis Zane a décidé de m'apprendre les bases du piano, mais il s'avérait que j'apprenais assez vite. Du coup, il a essayé de m'apprendre le plus de choses possible. Tous les jours, je venais jouer du piano sur ce magnifique piano laqué noir. C'était une parenthèse dans ma vie, grâce à Zane, j'avais trouvé une réelle passion et j'essayais de progresser au plus vite. Lorsque je rentrais à la maison, je m'exerçais, encore et toujours. J'évitais au maximum Ulrich, qui n'avait plus grand-chose d'un père pour moi, seuls mes souvenirs me faisaient encore espérer, telle une enfant, cet enfant que j'étais encore, malgré tout. L'espoir qu'il se rende compte qu'il allait mal, que l'alcool ne réglerait pas ses problèmes et qu'il fallait continuer à vivre. Mais il n'avait toujours pas fait le deuil de maman. J'ai essayé de grandir par moi-même, entre la boutique nommée « Zane's piano », les cours que je ne suivais pas vraiment et la vie à la maison. Mais plus je me rapprochais de mon entrée à Poudlard, plus mon père devenait virulent dans ses propos. Pour lui, je devais « arrêter d'être une sorcière »... Comme si cela se commandait ! De vraies paroles de moldues ! Ils ne pouvaient pas comprendre ce que c'était d'être sorcier... Pour Ulrich, c'était notre monde qui avait tué maman. Comme si le fait d'être moldue aurait pu la sauver, la rendre invincible ! Pensé idiote ! Être moldu est bien plus dangereux qu'être sorcier, tout le monde le savait. Du coup, dès qu'il me voyait, il se mettait à me parler de mes pouvoirs magiques et à ressasser la mort de maman. Je faisais tout pour l'éviter, principalement la dernière année avant mon entrée à Poudlard. Je pense que Zane était au courant de mes problèmes familiaux - si on pouvait encore considérer mon père et moi de la même famille - mais il ne disait rien. D'un côté, je lui en étais reconnaissante, même si je n'aime pas ma vie à la maison, je ne voulais pas me retrouver à l'orphelinat. Mais je pense que malgré cela, je lui en ai toujours un peu voulu. Je n'avais plus personne pour me protéger des autres et de moi-même et j'avais pensé que lui aurait pu m'aider. Mais il n'a rien fait. Et je suis restée seule. Puis la rentrée à Poudlard est arrivée, je suis allée acheter mes fournitures scolaires au chemin de traverse, la première fois que je quittais Liverpool depuis la mort de maman. Heureusement, maman avait ouvert un coffre à la banque de Gringott au cas où elle et Ulrich venait tous deux à mourir. Elle n'avait surement pas deviné qu'Ulrich allait dépenser la presque totalité de la fortune de ses parents en alcool divers... J'arrivai à la gare King Cross après avoir prévenu Zane que j'allais dans un internat et que je rentrerai que durant les grandes vacances. J'ai pris la célèbre locomotive rouge dont maman m'avait tellement parlé et je me suis retrouvée à Poudlard. Durant le trajet, je m'étais posée un certain nombre de questions. Bien plus mûr qu'à la mort de maman, j'ai décidé que si je voulais m'en sortir et réussir ma vie sans le peu d'aides que me donnait Ulrich, il fallait que je me mette à bosser en cours, à mon grand déplaisir. Car j’étais tout de même réaliste, ce n’était pas sans buse que j’allais avoir une vie décente. Je me lançais dans une nouvelle vie, il me fallait donc de nouvelles habitudes ! Ensuite, je me suis faite répartie à Serpentard. Je devais avoir rudement changé étant donné que ma mère croyait que j’avais ma place à Poufsouffle lorsque qu’elle était encore en vie.. Puis la vie a suivi son court. J’aimais bien Poudlard, elle me permettait de vivre en dehors de Liverpool et c’était déjà pas mal. Malgré ça, je n’étais pas vraiment fan des cours, principalement celui de métamorphose et de botanique. J’étais vraiment nulle dans ses matières mais je n’avais aucune idée du pourquoi. Je ne faisais pas grand-chose pour m’améliorer d’ailleurs, mais mes notes en Potion et en Sortilèges et Enchantements devaient surement compenser le tout. De toutes manières, on ne pouvait pas être bon en tout, pas vrai ? De plus, je ne voyais vraiment pas l’intérêt de la botanique. Franchement, qu’est-ce cela pouvait m’apporter plus tard ? Malheureusement, mon professeur de botanique ne pensait pas comme moi, du tout il n’est pas super heureux de me voir écrire sur des feuilles de partition au lieu d’écrire mon cours. J’avais donc quelques retenues, par-ci par-là, rien de grave. Avec les autres élèves, ça allait plus ou moins bien. La plupart ne me parlaient pas et je ne faisais rien y changer quoi que ce soit. J’aimais ma solitude. De plus, ma maison n’était pas celle qui avait la meilleure réputation à Poudlard, de ce fait, les rares personnes qui me parlaient étaient soit de ma maison, soit de Serdaigle. Au fil des mois, je commençai à dénigrer à mon tour les Gryffondors et les Poufsouffles. Pourquoi devrais-je m’abstenir alors qu’ils s’en donnaient à cœur joie ? Mais il a bien fallu que cela cesse durant quelques mois étant donné l’année que nous étions en juillet. Je n’étais pas revenue à Liverpool avant la fin de mon année scolaire. Mais lorsque j’y ai remis les pieds, la petite gué-guerre entre les maisons me paraissait bien futile. Pourquoi ? Ulrich n’avait pas vraiment apprécié ma fuite – car oui, je m’étais enfuit de chez moi au matin de ma première rentrée scolaire à Poudlard – et il me l’a bien fait comprendre.
Flash-back.
Je traînai ma valise derrière moi tandis que je marchais le long de la rue de banlieue. J'avais quitté cette ville sans remords quelques mois auparavant et y revenir ne me faisait pas plaisir. Loin de là. Certes, Zane m'avait manqué, mais il était bien le seul. J'avais remarqué que plus Ulrich et ses manies alcooliques étaient loin de moi, mieux je me portais. Ce n'était pas forcement juste de parler de lui de cette manière, mais je n'arrivais pas à lui pardonner son attitude envers moi et je suis sûr que si maman avait été encore là, elle l'aurait désapprouvé aussi. J'arrivai dans ma maison. Elle n'avait pas changé elle non plus. Si ce n'est la façade qui devenait de plus en plus terne, si cela était encore possible ! J'ouvris la porte le plus silencieusement possible et entrai de la même manière. Vu l'heure, Ulrich devait être déjà soul et je n'avais vraiment pas envie de le voir en ce moment, principalement parce que le voyage m'avait épuisé. J'enlevai mon blouson et l'accrochai au porte-manteau. Alors que je m'apprêtai à retirer mes chaussures, Ulrich déboula dans l'entrée. Je le regardai attentivement. Ses cheveux en bataille et sa barbe de quatre jours - si ce n'est plus - me prouvait qu'il ne s'était pas occupé de lui depuis quelques jours. Trop occupait à boire, sans doute... Vêtu d’une chemise sale et un pantalon troué, il me faisait plus pitié qu’autre chose. Lorsqu’il me reconnut, son visage prit immédiatement une teinte rouge et ses yeux se plissèrent sous la colère.
« Enfin re.. revenue ? » Me demanda-t-il, la voix vacillante à cause de l’alcool qu’il avait ingurgité plus tôt. Je haussai des sourcils
« Ah ! Parce que tu t’es aperçu de mon absence ? Etonnant… »« De quel droit te permets-tu de me p..parler sur ce ton ? » Je plissai des yeux à mon tour
« Et toi, de quel droit te permets-tu de me faire la morale ? Je n’ai pas souvenir que tu sois mon père ! » Ce que je disais été vrai. Tous mes bons souvenirs d’enfance le concernant s’effaçaient peu à peu pour laisser à un ivrogne qui ne pensait qu’à lui et à son malheur. Qui est l’idiot qui a dit que seuls les meilleurs souvenirs d’enfance restaient gravés à jamais ? Je vis sa mâchoire se contracter.
« Pour qui te prends-tu gamine ? » Me demanda-t-il, la voix tremblante de rage contenue. De toute évidence, la colère lui permettait de parler sans bégayer.
« Surement pas pour toi ! J’aurai trop peur de ressembler à un ivrogne qui ne sait que dépenser de l’argent et ouvrir des bouteilles d’alcool sans penser aux conséquences de ses actes ! » Il avança d’un pas rageur vers moi en hurlant
« Fait attention à tes paroles ! Tu pourrais les regretter ! » Je ricanai sombrement. Regretter ? La seule chose que je regrettais était d'avoir un père tel que lui !
« Regretter ? Mais regretter quoi ? De te dire la vérité ? Jamais ! C'est plutôt toi qui devrais regretter ton comportement ? Que dirait maman si elle te voyait ? » Je n'eus pas le temps de voir son poing gauche arriver sur la joue que j'étais déjà effondrée sur la porte d'entrer, me tenant la joue devenue endolorie et hypersensible. Putain ! Ça faisait un mal de chien ! Tandis que je massais ma joue - qui allait prendre une jolie teinte bleue durant la nuit - j'entendis Ulrich gronder
« Ne t'avises plus de reparler de Carolyn devant moi ! Sale monstre ! Comment oses-tu en parler alors que tu as rejoint le monde qui l'a tué ! Hein ? Dis-moi ! » Moi ? Un monstre ? Qui venait tout juste de frapper sa progéniture, à l'instant ? Certainement pas moi !
« T'as rien à répondre hein ? Tu me dégoûtes à me reprocher mon comportement alors que tu t'es acoquinée avoir ses meurtriers. » Il empoigna ma chevelure brune et tira dessus pour que je me redresse. J'essayai de me débattre et pour me punir, il me donna un coup de genou dans l'estomac. Je m'effondrai à terre.
« C'est toi qui aurais dû mourir à la place Carolyn ! C'est toi qui le méritais ! » Me cracha-t-il avant de s'en allait aussi vite qu'il était revenu. Moi, je restai pendant quelques minutes au sol, sans pouvoir bouger. Qui aurait pu croire qu'il lui restait autant de force. Pas moi... C'était un menteur pas vrai ? C'est pas notre monde qu'il l'a tué.. Putain, il m'avait fait bigrement mal ce sale moldu...
Fin du Flash-Back
C'est à ce moment-là que j'ai commencé à le haïr. En plus de son agression et de ses paroles, il avait détruit la petite parcelle d'espoir qui restait au fond de moi. Vous savez, celle qui me disait que tout aller changer, qu'il allait redevenir comme avant et que j'aurai enfin une vie normale. Il avait détruit cela et je savais à présent que rien ni personne ne pouvait de changer. Durant ces vacances, je l'ai évité au maximum, comme au bon vieux temps. Soit j'allais jouer dans la boutique de Zane, soit je passais mon temps à trainer dans les rues avec d'autres personnes de mon âge. Ce n'était pas très bien, mais je voulais à tout prix ne pas me retrouver dans la même maison qu'Ulrich. Et j'ai réussi, sauf la réveille de mon retour à Poudlard, où il a tout fait pour ne pas que j'y aille. Heureusement que j'avais gardé le maquillage de maman. Cela avait pu cacher aux autres l'oeil au beurre noir que je m'étais trimbalée pendant plusieurs jours. Puis j'ai repris mon train de vie quotidien à Poudlard. Ça m'a fait beaucoup de bien avec les évènements précédents. Puis les mois ont passé, ainsi que les années. A chaque fin d'année scolaire, Ulrich se vengeait du fait d'avoir passé une année de plus à Poudlard et la veille de la rentrée, il se re-vengeait encore une fois. C'était devenu une sorte de rituel pour lui. Sympa, pas vrai ? Il y eut ensuite un nouveau coup dur, en novembre mile neuf cents soixante-dix-huit - il y a deux ans - lorsque Zane décida d'aller vivre en Irlande. Je pris ça malgré moi comme un nouvel abandon.. Une fois de plus, sauf que cette fois, la personne était consentante, contrairement à maman. Je lui en ai voulu et je lui en veux encore. Mais après tout j'aurai dû m'en douter, ce n'est qu'un moldu... Après Ulrich et Mary, c’était forcément au tour de Zane de me trahir. J’aurai du m’en douter. C’est à cette époque que j’ai commencé à vouloir me venger d’Ulrich, au début je pensais que c’était mal. Mais c’était d’autant plus mal de me frapper. Il n’y avait donc pas de mal à lui rendre l’appareil. Ce n’est que justice après tout. Rien d’autre. Puis cette idée de vengeance a grandi tout comme les nouveaux camps politiques. Je me retrouvais de plus en plus dans l’idéaux des Sang-purs, même si je n’en étais pas vraiment une. Je n’avais plus foi dans les moldus comme lorsque j’ai encore une enfant. Pour moi, ils étaient foncièrement mauvais et donc les né-moldus aussi – peut-être un peu moins -. Grâce à maman, j’avais pu être épargné, mais ce n’était pas le cas que tout le monde. Cette année, je me retrouvais en quatrième année et bientôt, je pourrais vivre comme je l’entends. Et pour être franche, j’attendais ce moment avec une réelle impatience !