Vendredi 22 Décembre 1961, Borris-in-Ossory, Irlande.

C'était un tout petit enfant aux yeux verts clairs, elle ressemblait déjà à ses parents. Elle venait juste de naître, dans son petit village d'à peine 800 habitants, chez elle, dans sa maison. Sur le canapé, devant la cheminée, elle tétait le sein de sa mère.
"Elle s'appellera Helena."



Mercredi 17 Mars 1971, Dublin, Irlande.

Une petite fille de neuf ans, blonde, comme les deux adultes en face d'elle, assise dans une brasserie moldue. Elle n'avait jamais vu de restaurants de ce type, mais elle était amusée par les serveurs et la musique festive de l'endroit. Elle regardait autours d'elle avec des yeux rieurs sous le regard bienveillant de sa mère, Queen Ravenwood, et de son père, Asher Ravenwood. Soudain, la petite fille éclata de rire, un gâteau venait d'être servi sans prévenir sur sa table. Le dessert était parsemé de faux papillons roses. Le rire de la blondinette se calma, pour reprendre de plus belle quand les insectes s'envolèrent pour aller sur sa tête en se transformant en pétales de roses.

"Maman, rit l'enfant, recommence !
- Je ne fais rien ma chérie."

L'homme regarda sa femme, avec une certaine inquiétude.
La petite ne comprenait pas trop, elle était juste heureuse. Niant l'évidence, Asher fit un scandale auprès du directeur de l'établissement. Il menaça de porter plainte pour attentat et si fit rembourser son repas. Furieux, il prit fermement la main de sa fille, qui s'était mise à pleurer de frayeur, et ils quittèrent l'endroit au pas de course.



Lundi 26 Août 1974, Borris-in-Ossory, Irlande.

Trois coups.Trois coups à la porte qui allaient changer sa vie. Au beau milieu des vacances d'été, un homme vint frapper à leur porte. Trois coups.

« Helena, va ouvrir. »

La voix de son père, sèche comme à chaque fois qu'il s'adressait à elle. Sèche depuis ce fameux jour de mars où, trois ans plus tôt, des papillons fait de sucre s'étaient transformés en couronne de pétales. La sécheresse de sa voix, depuis ce jour, asséchait aussi le cœur de sa fille, petit à petit. Sa mère, autrefois douce et compréhensive, s'était métamorphosée en une sorte de duchesse hautaine même, et surtout, avec sa propre fille.
Espérant une bonne nouvelle, Helena ouvrit la porte.
Un homme, vieux, très vieux. Avec une robe verte, un chapeau pointu, une longue barbe blanche et une lettre. Une lettre cacheté qu'il lui tendit.

« Ouvre-la Helena Krysthal Ravenwood. Puis-je parler à tes parents ? »

La courtoisie et l'élégance des paroles de l'homme lui firent croire qu'il s'agissait du directeur d'une quelconque école privée qu'elle allait devoir côtoyer des années durant. Elle n'était pas si loin de la vérité.
Conduisant cet homme à ses parents, elle s'éclipsa dans sa chambre pour en ressortir, deux heures plus tard, obéissant aux cris de son père. Elle avait ouvert la lettre. Elle avait peur.

« Helena. Dorénavant tu n'es plus notre fille. Par respect pour nous, tu ne reviendras que durant les vacances d'été, le temps minimum nécessaire. Cependant, comme notre famille, famille dont tu ne fais plus partie, est une famille honorable, je m'engage personnellement à te donner de quoi subvenir à tes besoins, à savoir la somme de mille livres irlandaises par semaines. N'essaie pas de nous contacter. »

Pleurant toute les larmes de son corps, la jeune fille essaya en vain de s'accrocher à sa mère qui pinça des lèvres, offusquée.

« Ne me touche pas, monstre. »

"Monstre". Reculant comme si on l'avait frappée, Helena sortit définitivement de ce qui fut sa maison sur les paroles de son père :

« Adieu. »

S'asseyant dans le jardin, sous un cerisier feuillu, elle pleura jusqu'à ce que ses larmes se tarissent. Et puis elle se mit en colère. Une colère sourde, noire, monta en elle. Contre ceux qui l'avaient rejetée.

« Je suis désolée, je ne pensais pas que ça se passerait aussi mal. »

Se relevant rapidement, observant les alentours, Helena vit que le vieil homme, qui se nommait Dumbledore selon la lettre qu'il lui avait donné, n'était pas parti. Le fixant dans les yeux avec toute la colère qu'elle éprouvait, elle le toisa, cet homme d'au moins cent ans son aîné, et parla d'une voix aussi froide qu'elle le pouvait.

« Emmenez moi dans cette école.
-La rage n'est pas la solution, Helena. »

Elle l'observa. S'abstenant de lui dire de se mêler de ce qui le regarde. Il paru comprendre le message car il n'insista pas.

« Tu dois d'abord acheter toutes les affaires dont tu as besoin. Je vais t'emmener au Chemin de Traverse, c'est une rue, à Londres, où tu pourras trouver les objets de ta liste. D'ordinaire j'accompagne les élèves dans ton cas mais j'ai beaucoup à faire.
-Ne vous dérangez surtout pas pour moi, lui dit-elle d'une voix sarcastique, je pourrais certainement me débrouiller.
-Je n'en doute pas. Prend ma main. »

Oubliant sa nouvelle rébellion, habituée à obéir, elle prit le bras de et inconnu et se retrouva...ailleurs.
Ne pas vomir.
Ouvrir les yeux.
Respirer.

«Chemin de Traverse. Je t'ai loué une chambre dans cet hôtel pour les deux semaines qu'il reste. Tu demanderas à Tom, le propriétaire, comment te rendre à King Cross. On se revoit à la rentrée. »

Et il disparu.



2 Septembre 1974, Gare King Cross, Londres, Angleterre.

Là. C'était le jour le plus important de sa vie. Elle allait bientôt à Poudlard, l'école de sorcellerie. Elle allait commencer son apprentissage et devenir puissante, forte. Suffisamment pour se venger. Quoi qu'il arrive.



Lundi 9 Septembre 1974, Poudlard, quelque part en Angleterre.

Ses parents lui manquait, c'était horrible. Jamais elle n'avait eu si mal au coeur. Sa semaine c'était bien passé, sa toute première semaine. Elle avait été répartie, elle s'était fait quelques amis, tout se passait bien. Mais ils lui manquaient. Seule dans son lit, elle n'arrivait pas à dormir et fixait le plafond du dortoir jusqu'aux premières lueurs de l'aube.



Dimanche 22 Décembre 1974, Poudlard, quelque part en Angleterre.

Son anniversaire. Elle savait qu'elle n'avait rien à attendre de l'Irlande. Ça ne l'empêcha pas de passer toute la journée à la Volière, espérant voir arriver quelque chose, n'importe quoi, de la part d'un membre de sa famille. Rien ne vint. Elle fit une croix définitive sur ses parents. Elle était riche grâce eux. Très riche. Elle ferait en sorte d'acheter tout ce dont elle avait besoin, y compris des gens, pour se venger.



Lundi 6 Janvier 1975, Poudlard, quelque part en Angleterre.

"A qui est cet abruti d'animal ? fit une voix énervée dans la salle commune.

Agacée car elle travaillait, Helena tourna la tête juste à temps pour voir sa chatte se jeter sur une de ses camarades de première année. En soupirant, Helena l'appela. Le félin releva la tête et vint de mauvaise grâce aux pieds de sa maîtresse.

"Excuse-moi, dit Helena, j'espère qu'elle va devenir plus sociable.
-Tu ferais mieux de surveiller tes animaux..."

Levant les yeux au ciel, Helena se remit à travailler, tout en gardant un oeil sur sa chatte qui, comme elle le découvrira plus tard, n'aimera que les véritables amis de la jeune sorcière.



Vendredi 5 Novembre 1976, Poudlard, quelque part en Angleterre.

"Ouvrez votre esprit, qu'y a-t-il dans votre tasse de thé ?
- C'est elle la prof, c'est à elle de nous le dire, bougonna la voisine d'Helena."

Celle-ci étouffa un rire et se concentra sur sa tasse puis soupira.

"Selon ces feuilles je vais me casser une jambe, glissa-t-elle à sa camarade qui gloussa.
- Vous avez quelque chose à dire Mademoiselle Ravenwood ?"

Zut, la prof. Elle regarda dans la tasse et lança un regard scrutateur à Helena. Trois jours après, elle se cassa la jambe.



Jeudi 20 Avril 1978, Poudlard, quelque part en Angleterre.

"Eh, poupée, qu'est-ce que tu fais ici toute seule ?"

Elle se retourna et sourit. Elle cherchait quelqu'un, justement, quelqu'un qui pourrait l'aider pour le devoir qu'elle n'avait pas fait et qu'elle devait rendre le lendemain. Elle fit un sourire en coin au sixième année qui lui avait parlé et s'avança en se déhanchant. Elle se pendit à son cou et lui fit un léger baiser sur la joue, puis encore plus léger dans le cou. 

"Dis-moi, tu peux me rendre un service ? demanda-t-elle tout en l'embrassant dans le cou."

Il avala de travers et répondit d'une voix mal assurée, et quelque peu essoufflée.

"Bien sûr, pas de soucis."

Elle eut un O à son devoir.