VLAN. La tête de la jeune femme heurte violement le coin de la table, tandis qu’un homme se lève précipitamment pour essayer de la rattraper. Peine perdue, il est trop tard pour cela, ses cheveux blonds se mêlent déjà au sang qui commence à maculer le sol. L’homme secoue la femme essayant sans succès de la réanimer. C’est trop tard elle est déjà morte. Le choc a été trop violent, au mauvais endroit. Il se relève et d’un mouvement attrape le bras de la fillette prostrée au sol les mains toujours levées au-dessus de son visage en signe de défense. Elle ne dit rien, ne crie pas, ne réalise tout simplement pas qu’elle vient de tuer sa propre mère. L’homme la force à s’agenouiller à côté de son cadavre plongeant ainsi les genoux de la fillette dans le sang de sa mère. Horrifiée par la vue e tout ce sang elle hurle enfin. L’homme l’a redresse de force et lui adresse une baffe magistrale qui l’a propulse contre la baie-vitrée.

« Monstre ! Tu n’es qu’un monstre ! » Hurle-t-il à l’intention de la fillette qui se cache le visage avec ses bras, la trace de sa main encore brulante sur joue. L’homme continue de lui hurler dessus mais elle n’entend plus rien, trop choquée pour que son esprit puisse accéder au réel de la scène qui vient de se dérouler sous ses yeux. Qu’a-t-il qui a bien pu se passer en ce dimanche matin ordinaire ? Kaitlin Cunnigham, trente-sept ans venait tout juste de rentrer de son travail. Danseuse dans un bar de striptease elle finissait souvent ses nuits de travail vers les huit heures du matin et rejoignait alors l’appartement où elle vivait avec sa fille de douze ans et son copain du moment. Souvent sujette aux gueules de bois, elle défoulait sa mauvaise humeur sur la gamine sans que celle-ci ne se défende face à elle. Elle savait que répondre à sa mère c’était la mettre dans une rage folle, et donc de risquer de passer la nuit dehors, de ne pas manger pendant deux jours où encore de se faire frapper. Mais cette fois-là, Kaitlin était folle de rage sans-même que la jeunefille ait eut à ouvrir la bouche. Son patron l’a trouvant trop vieille l’avait tout simplement remplacée par une jeunette la laissant ainsi sans travail, sans salaire pour nourrir le gros lard qui trainait sur son canapé et sa fille. Cette petite non désirée qui lui avait pourri la vie dès sa naissance. Elle dont la carrière de mannequin était si bien lancée et à qui tout souriait avait perdu tous ses contrats. Elle avait aussi perdu l’homme qui l’aimait. Un jeune homme riche qui ne voulait pas d’un enfant hors mariage et qui ne pouvait pour autant épouser Kaitlin de trop basse condition pour que cela soit acceptable. Alors il était tout simplement parti, la laissant seule avec cette gamine sans jamais plus donner de nouvelles. C’était à cause d’elle qu’elle menait une vie pourrie, un jour prostituée, un jour danseuse, avec des copains tous plus dégelasses les uns que les autres. C’était à cela que pensait Kaitlin en levant la main sur sa progéniture. Malheureusement un phénomène étrange s’était produit alors que sa main allait s’abattre sur le visage de la jeune fille. Elle s’était soudainement retrouvée projetée sur la table sans que personne ne la touche, puis sa tête avait malheureusement heurté la table causant ainsi sa mort. Quelle triste fin pour une triste vie.



« Tu veux savoir comment tout le monde t’appelles ici ? La bâtarde. C’est tout ce que tu es. Une espèce d’œuvre de charité pour père ! Il voulait…je sais pas, se donner bonne conscience ? Eviter un scandale trop gros ? Mais ici t’es rien, juste une fille de pute. Oui parce que tout le monde sait comment ta putain de mère gagnait son argent. Alors casse-toi de mon chemin et mieux encore quitte cette maison, laisse nous en paix. Tu ne feras jamais partie de cette famille, tu n’es que la cinquième roue, celle qu’on laisse toujours cachée dans le coffre dans l’espoir qu’elle serve à quelque chose un jour. »

Ces paroles ne me touchent absolument pas. Elles sonnent comme habituelles dans ma tête, les ayant entendues sans relâche ces dix dernières années. Je ne peux m’empêcher un rire froid, emplit de lassitude. La jeune femme qui me fait place ne semble pas comprendre ma lassitude et pense m’avoir touchée au plus profond de moi-même. Malheureusement pour elle il m’en faut bien plus pour me fuir, j’aime en plus de cela ma vie actuelle bien trop pour que cette petite peste pourrie gâtée ne m’atteigne. Ma vie a bien changé depuis que ma mère a perdu la vie. J’ai parfois l’impression d’avoir vécu deux vies. Que la première s’est arrêtée dix ans auparavant lorsque mon père a passé les portes du foyer dans lequel je vivais depuis six mois. Depuis le décès de ma mère, qui est resté dans le monde des moldus comme un simple accident domestique. Mais c’était bien plus que cela. Cela marquait l’apparition de mes pouvoirs, le début de ma nouvelle vie. Je ne vous cache pas que les premiers mois ont été durs dans cet espèce de foyer de tarés à la vie socialement instable. Je retrouvais des gosses qui comme moi n’avaient pas de projets d’avenirs. Qui finiraient mères au foyer, prostituées, à l’usine, ouvriers ou tout simplement à l’armée faute de mieux. La classe populaire de Londres, ces gosses délaissés, mis en marge de la société. Pire encore j’étais en marge de ces gosses. Ils ne comprenaient pas les phénomènes étranges qui se déroulaient parfois autour de moi et avaient fait de moi leur souffre-douleur favori. Ils étaient effrayés pas ce qu’ils ne comprenaient pas, se sentaient obligés de déverser leur propre souffrance, les coups qu’ils recevaient régulièrement sur quelqu’un pour se sentir mieux. Et j’étais ce quelqu’un. Au fond peut-être le méritais-je étant indirectement responsable de la mort de ma mère ? Jamais je ne m’en étais voulu pour cet accident. J’avais toujours haït ma mère espérant qu’un jour elle disparaitrait de ma vie. Elle faisait de mon quotidien un enfer aussi bien émotionnellement que physiquement si bien qu’au fond les gosses du foyer n’étaient qu’un petit trouble à ma vie. Ils ne m’atteignaient que physiquement.

Et puis un jour cet homme, bien habillé avec son costume trois pièces, sa façon très droite de se tenir. Il imposait le respect avec sa présence écrasante. Et il était venu pour moi. Pour moi ! La petite orpheline solitaire ! Je ne pouvais y croire. Comment se pouvait-il qu’un homme tel que ça soit mon père ? C’est en arrivant dans mon « nouveau chez moi » que j’avais découvert la magie. Jusque-là je ne croyais pas en les phénomènes paranormaux. Un truc de cinglés selon moi. J’y avais découvert un mode de vie totalement différent du mien, à la fois plus simple et à la fois plus compliqué. Mieux encore un monde de luxe s’était ouvert à mes yeux, moi qui n’avais connu que la crasse de mon ancien appartement et du foyer me voilà dans un appartement de plusieurs étages, avec ma propre chambre, ma propre salle de bain, un petit déjeuner, un déjeuner et un diner tous les jours avec à chaque fois des menus différents. Un luxe dont jamais je n’aurais osé rêver. Je serais éternellement reconnaissante à mon père d’avoir fait le sacrifice de me reconnaitre. Oui un sacrifice ! Pour un homme tel que lui, à la tête d’une fortune conséquente, ayant toute une famille très à cheval sur le sang pur et les traditions tels que la mariage, reconnaitre un enfant illégitime et plus encore conçut avec une moldue cela relevait du suicide social. Et pourtant il avait fait face sans jamais défaillir devant les critiques les tournant même au ridicule. Maintenant ce scandale été oublié par tous, sauf peut-être celle qui me servait de demi-sœur. Elle n’avait jamais pu accepter cette honte, ni le fait de ne plus être la seule petite fille chérie de son papa. Elle ne supportait pas la relation que j’entretenais avec notre père elle qui était vue par celui que comme une petite poupée bonne à mariée. Durant nos années à Pouldard elle avait tout fait pour ne pas avoir à me croiser dans les couloirs, ne pas reconnaitre devant ses amies de sang pur que nous étions de la même famille. Que nous avions le même père. La première année dans cette école avait été particulièrement étrange. Bien que vivant depuis une année dans une famille de sorcier je n’étais pas encore habituée aux bizarreries du monde sorcier. Mais enfin je n’étais plus la fille bizarre, au contraire je me fondais dans le moule. Poudlard avait été le complément à ma renaissance, j’avais enfin pu lier d’amitié avec certaines personnes, avoir des gens sur qui compter. Je n’avais jamais défrayé la chronique si ce n’est parfois par mes colères violentes ou les petites farces que nous faisions avec nos camarades. Cette école avait été ma chance, celle de réussir plus tard de ne pas finir comme ma mère avec un travail épuisant, avec un gosse à dix-sept ans. Durant toutes mes années à Poudlard j’ai travaillé pour atteindre un métier qui me plairait. En l’occurrence celui d’auror. Et voilà en j’en étais maintenant. L’école de magie terminée. Ma formation d’auror terminée et toujours face à cette peste rageuse. Attrapant une carotte qui étaient posée avec les autres fruits et légumes je la lui lançais. « Il parait que ça rend aimable. Essaye on ne sait jamais. »