Il fut un temps où notre famille était à son apogée. Jamais, ô grand jamais, un sang-impur n’était venu souillé celui des STANKOVIC, même si pour cela, l’inceste était parfois de bon ton. Ma famille s’est installée en Serbie – ou plutôt, Royaume de Yougoslavie, comme on la désignait – au cours de l’année mille huit cent quatre-vingt-quatre, lors du règle de Milan I
er, six ans après que le Congrès de Berlin accorde son indépendance au pays. Et depuis, elle n’a cessé d’accroître sa notoriété, s’imposant comme une véritable famille noble au sang pur. Mes ancêtres ont, ainsi, assisté à la Première Guerre Mondiale, aux attentats de Sarajevo, à la bataille du mont Cer, de la Kolubara, aux occupations austro-allemandes ainsi qu’à la Seconde Guerre Mondiale, dont plusieurs de ces conflits dissimulaient en réalité une lutte envers les moldus et nés moldus. Mes ancêtres ont toujours regardé de haut ceux qui n’avaient pas le sang pur, c’était devenu une sorte de tradition, et ceci, bien avant que Vous-Savez-Qui marque les années de terreur, peu de temps après ma naissance.
Mais mon père Ivan STANKOVIC, deuxième du nom, et seul héritier de notre lignée de sang pur allait cependant commettre l’irréparable. Tout comme ses prédécesseurs, il a étudié à l’école de sorcellerie Durmstrang, dans la maisonnée ***, forcé et destiné à un grand avenir. À la fin de ses études, il a obtenu une place au sein du ministère de la magie russe, dans le service de régulation des créatures magiques. Il contrôlait ainsi les échanges de créatures avec d’autres pays. Et c’est en mille neuf cent cinquante-neuf, à l’âge de vingt ans, lors d’une de ses expéditions dans les montagnes de Beljanica, qu’il rencontra ma mère, Naylind, une vélane. Il en tomba fou amoureux, et n’hésita pas une seule seconde à se marier avec elle, malgré les multiples avertissements de son père, qui connaissait très bien le pouvoir de ces créatures.
1967, Belgrade
Manoir des STANKOVIC.
Un éclair de lumière verte, et un bruit semblable à une rafale de vent, comme si quelque chose d’invisible et d’énorme prenait brusquement son vol. Les premiers flocons de l’hiver sonnaient comme la cloche des morts. Elle se trouvait là, sur le sol, son corps inerte, étendu de tout son long, à peine victime de l’un des sortilèges impardonnables. Ivan, qui se tenait quelques secondes auparavant au bras de son père, le suppliant d’arrêter, s’était maintenant jeté sur le cadavre de sa femme, les yeux emplis de larmes. Il venait de perdre sa raison de vivre en un jet. Mais Konstantin, était loin d’en avoir fini. Il abaissa sa baguette, et toisa son fils, tout en affichant un rictus, se délectant de la scène qui se déroulait sous ses yeux. «
Je t’avais prévenu Ivan. Je t’avais prévenu… Et maintenant je vois que tu as osé me faire une bâtarde comme petite fille !? » Ivan ne trouvait rien à répondre, et ses sanglots l’empêchait certainement de prononcer la moindre syllabe. Il savait que son père n’avait jamais caché son désaccord face à cette union. Il savait la honte qu’il avait mise sur le dos de sa famille. Il savait le déshonneur qu’il leur avait fait. Et, en un sens, c’était de sa main qu’il l’avait tué.
Milicàh, la dite petite fille, zieutait la scène du haut de sa tour, derrière les rambardes de l’escalier, tel un oiseau emprisonné dans sa cage suspendue, et ce, malgré les recommandations de sa mère quelques minutes plus tôt – lui disant de rester dans sa chambre quoi qu’il arrive – Mais, n’importe quelle personne, qu’elle soit enfant ou adulte, s’aventurerait dans l’interdit si elle entendait des hurlements étouffés au travers les murs, sans réellement saisir la situation dans laquelle elle se trouvait, ni même le danger qu’elle risquait alors d’affronter. «
Maman » laissa-t-elle échapper dans un souffle, sanglotante, saisissant alors tout le sens des évènements. En entendant ces mots, Ivan reconnu alors la voix enfantine de sa fille «
Milicàh, non !! » hurla-t-il. C’était de la pure folie, un moment où il pouvait voir sa vie défiler devant ses yeux. Mais c’était aussi le moment idéal. Celui où son père avait détourné le regard suffisamment longtemps pour qu’il récupère sa baguette dont il avait été désarmé. À présent déshonoré, il n’avait plus rien à perdre. Pris d’adrénaline, il se releva sans trop de difficultés. Des sueurs froides lui traversaient la nuque, et il sentait son sang taper contre ses tempes. C’est alors que pointant sa baguette vers son propre père il prononça «
Endoloris » À peine Konstantin s’était rendu compte des mots que son propre fils venaient de prononcer que des spasmes continus vinrent l’envahir de tout son corps. Tombant au sol dans un bruit sourd, le visage crispé, exprimant sa douleur. Ivan s’arrêta un instant et s’avança vers lui, d’un pas nonchalant. De nouveau le sortilège touchait sa cible, sans regrets.
* * * Nous avons quitté notre ancienne vie comme deux criminels en fuite pour nous réfugier dans une petite bourgade d’Angleterre située à l’ouest de Londres, nommée Wiltshire – qui regroupe le cercle de pierres d'Avebury, la plaine de Salisbury, et Stonehenge, ainsi que neuf chevaux gravés à la craie blanche à flanc de colline – C’est pour moi, mon point de départ, ma maison, mon chez moi. En effet, mon père, a jugé plus subtile de prendre la fuite dans un pays où un monde magique existerait pour moi aussi, et où les lois sont différentes des nôtres. Là où il n’y aurait plus cette histoire de famille et de sang. De moins, ici c’était toujours moins que là-bas… Je n’avais que cinq ans lorsque nous sommes arrivés sur cette nouvelle Terre, et mon cerveau était encore suffisamment malléable pour que je puisse apprendre facilement la langue internationale, même si pour moi, le serbe restait ma langue natale. Par ailleurs, il est vrai que mon père ne m’a jamais caché notre histoire, mais malgré les peines que nous avons dû ressentir à cette époque, c’est aujourd’hui avec cette cicatrice que nous nous en sortons tous les jours. Néanmoins, une partie de moi se sent énormément coupable à tout ce qui s’est passé. Je sais que je suis comme un fardeau pour lui. Je me suis toujours dis que, si je n’étais jamais venue au monde, mon père n’aurait jamais été exilé de la sorte. Je porte le déshonneur dans mon nom, et la honte sur mon front.
1975, Wiltshire
Maison des STANKOVIC
« Dear Mrs. STANKOVIC,
We are pleased to inform you that you have been accepted at Hogwarts School of Witchcraft and Wizardry.
Please find enclosed a list of all necessary books and equipment.
Term begins on September 1. We await your owl by no later than July 31.
Yours sincerely,
Minerva McGonagall
Deputy Headmistress »Ce fut l’année de mes quatorze ans que cette lettre m’offrit une toute nouvelle vie, et aussi la fierté de mon père. Même si je n’ai pas étudié dans la prestigieuse école de sorcellerie Durmstrang, tel que les choses auraient dû se faire, mon père n’en était pas moins joyeux. Je me souviens encore sa joie de m’emmener au chemin de traverse. Et ce fut sans compter les dépenses que j’achetais mes premières fournitures : trois robes de travail (noires), modèle normal ; un chapeau pointu (noir) ; une paire de gants protecteurs (en cuir de dragon) ; une cape d’hiver (noire avec attaches d’argent) ; le livre des sorts et enchantements (niveau 1), de Miranda Fauconnette ; Histoire de la magie, de Bathilda Tourdesac ; Magie théorique, de Adalbert Lasornette ; Manuel de métamorphose à l’usage des débutants, de Emeric G. Changé ; Mille herbes et champignons magiques, de Phyllida Augirolle ; Potions magiques, de Arsenius Beaulitron ; Vie et habitat des animaux fantastiques, de Norbert Dragonneau ; Forces obscures : comment s’en protégrer, de Quentin Jentrembble ; un chaudron (modèle standard en étain, taille 2) ; une boîte de fioles en cristal ; un télescope ; une balance en cuivre. Quant à ma baguette magique, obtenue chez Ollivander, d’une longueur de vingt-cinq virgule six centimètres, souple et rapide – idéal pour les enchantements – en bois de Saule (symbole de la nuit et des rythmes lunaires), elle contenait un cheveux de Vélane de ma mère. C’était comme un brin de fantastique. C’était magique ! Et comme cadeau de départ, je possédais maintenant une jeune Angora Turc “Black Tortie Smoke” d’à peine quelques mois, que j’avais prénommée Kristal. Enfin, j’étais prête pour mon entrée à Poudlard.
JE SUIS UNE SORCIÈRE UNIQUE
PRINCIPALES QUALITÉS . abordable ▪ affectueuse ▪ brillante ▪ charmante ▪ compréhensive ▪ créative ▪ débrouillarde ▪ disciplinée ▪ dynamique ▪ honnête ▪ joviale ▪ loyale ▪ rêveuse
PRINCIPAUX DÉFAUTS . ambitieuse ▪ capricieuse ▪ émotive ▪ fière ▪ impulsive ▪ maladroite ▪ narcissique ▪ nerveuse ▪ obstinée ▪ pointilleuse ▪ sensible ▪ timide ▪ vulgaire
CE QU’ELLE AIME . le porridge ♥ ▪ les fraises ▪ la gelée ▪ le gâteau de riz ▪ le jus de citrouille ▪ la bièraubeurre ▪ le vol sur balai ▪ l’astronomie ▪ la nuit ▪ la neige ▪ la technologie moldu – pour le peu qu’elle s’y connaisse – ▪ les mauvais garçons ▪ l’amour ▪ les blagues ▪ le rose
CE QU’ELLE N’AIME PAS . les povrebines (créatures) ▪ les personnes superficielles et lunatiques ▪ les machos ▪ les arachnides ▪ les insectes ▪ les coups bas
«
Il est raconté que les vélanes sont tirées de nombreuses sources décrivant un esprit légendaire de la nature venant d’Europe de l’Est. Dans les légendes serbes, les “ Vilas ”, sont des nymphes alpines, jeunes et belles, vêtues de blanc, avec de longs cheveux flottants. Il est dit que leur voix ressemble à celle d’un pivert. D’après les croyances populaires, elles décochent des flèches mortelles aux hommes, et parfois, elles enlèvent les enfants… On dit aussi qu’elles sont extrêmement jalouses des belles femmes, et qu’elles sont capables d’attirer tous les hommes grâce à un puissant sortilège. »
Jusqu’alors, aucun sang-impur n’avait souillé celui des STANKOVIC. Et, il n’y a rien de plus humiliant que de subir ce déshonneur. Milicàh doit vivre aujourd’hui avec ce lourd fardeau sur les épaules : celui d’être à demi-vélane. Exister avec cette particularité qui lui est propre n’est pas un cadeau du ciel. Disons, que ce n’est pas facile tous les jours. Et puis étant une jeune fille très sentimentale, elle est bien loin d’user de ses charmes pour inviter un garçon à sortir avec elle, ou même d’abuser d’un de ses professeurs pour s’approprier des mérites. Mais, à contrario, sa beauté naturelle en fait beaucoup d’envieuses, et il n’est pas rare de la voir déguster, ni même d’encaisser les sarcasmes de ces dernières. Elles l’a surnomment d’ailleurs « la Gorgone » – une monstrueuse créature féminine, dans la mythologie grecque, qui transforme en pierre tous ceux qui la regardent. [ … ] –