Assis sur son lit, Daemon feuilletait un livre de sortilèges. Cela pouvait toujours se montrer utile pour les examens à venir. Il releva la tête, tendit l'oreille et serra les poings. Il eut à peine le temps de réagir que sa chouette s'écrasait contre la vitre. Il soupira profondément, toujours choqué du peu d'intelligence de celle-ci. Il bondit alors, ferma son livre et l'animal se posa sur son épaule. Il ouvrit donc la fenêtre et les ailes grises de la chouette bâtèrent. Ainsi elle s'envola vers la forêt interdite. Il la regarda s'en aller et sourit faiblement. Puis il baissa les yeux, une lettre traînait sur le sol. Il fronça les sourcils et la prit. Sur l'enveloppe , il était inscrit son nom. Il roula des yeux, il ne souvenait pas d'avoir reçu une telle lettre de ses parents depuis au moins trois semaines. Il haussa donc les épaules et s'appuya sur sa malle. Il déchira donc l'enveloppe et se retrouva face à un parchemin officiel de sa chère mère. Finalement, il ne faisait réellement pas attention à sa tendre mère. Il lut alors rapidement ce qu'il y avait décrit. Et on eut sûrement l'impression que son corps venait de perdre vie. En effet, le mouvement de son visage s'était figé et son regard restait fixer sur trois petits mots. Sang pur. Fiancée. Il se répétait ces trois mots comme s'il ne pouvait pas les assimiler. Comme s'il était impossible de lui faire une telle chose. Apparemment ses charmants parents lui cherchaient une fiancée. Bien sûr, Daemon prenait cela comme une guerre ouverte. Jamais, au grand jamais il n'accepterait une telle chose. « Alors cherche. Cherche vieille harpie. » Marmonna t-il comme si cela pouvait changer beaucoup. Il chiffonna donc le parchemin qui traversa la pièce la seconde suivante. La boule de papier vint s'écraser contre un mur et Daemon se laissa tomber sur son lit. Il ferma les yeux, il semblait réfléchir. Il songeait à sa mère qu'il détestait et l'indifférence qu'il avait envers son père à présent. Peut être se demanda t-il comment ils avaient pu arriver là. Cependant, il était évident que Daemon souffrait de ces nouveaux sentiments et que maintenant il ne rêvait plus que de liberté. Alors cette annonce se révélait être la faille du système, la porte ouverte à toute rébellion. Et ses parents ne savaient pas encore à quel point ils allaient perdre leur fils cadet. Néanmoins, se défaire de ses chaînes se montrait bien plus compliqué qu'il n'y paraissait. Alors lentement – et avec une détermination sans pareille dans l'expression de son visage- il releva la tête et roula des yeux. Par où il allait commencer ? Il n'en savait trop rien, peut être par écrire quelque chose du genre « alors la guerre ». Même s'il n'était pas habitué à ce genre de lettre si explicite, finalement, ça lui ressemblait bien. Depuis un moment, il enfonçait déjà le clou, alors ce n'était peut être pas des mots suffisants. Il se leva donc et rangea son livre dans la malle. Il était prêt à sortir du dortoir. Cependant, son visage se fit dénué d'expressions, ses traits redevinrent neutre, pour ne rien montrer, pour ne rien faire paraître. Tel était son choix, de tout faire seul.
Alors il choisit d'aller vers le lac, loin de la tour des Serdaigles, loin de son frère, loin de ses quelques amis, loin de tout. Il souhaitait se retrouver seul, il trouverait peut être l'inspiration de cette façon. Daemon n'avait pas besoin d'une « muse » pour écrire, c'était bien la seule chose qu'il faisait sans se fouler. Il prit donc son sac et sortit du dortoir. Il traversa la salle commune et passa le tableau de la porte d'entrée. Il descendit ensuite les escaliers qui se firent calmes. Il se faufila entre les gens telle une souris discrète. Il en bouscula certains et ne fit pas attention à ceux qui pouvaient vouloir l'interpeller. Il se retrouva donc dans le hall d'entrée en peu de temps. Il ne se faisait pas tard, en vérité, l'après-midi se terminait et Daemon finissait les cours plus tôt que d'habitude ce jour-là. Il regarda un instant dehors avant de se décider à y aller pour de bon. Il n'y avait pas grand monde, c'était un bon point. Alors il alla tout d'abord vers la cour pavée comme pour faire de l'éclairage. Il tourna la tête plusieurs fois et aperçut un lieu isolé un peu plus loin. Pas trop loin de la forêt interdite mais étrangement cette idée l'indifférait totalement. Alors il revint vers le château. Les gens se demandaient peut être ce qu'il avait. Les gens savaient que Daemon faisait des choses particulières, parfois étrangères au commun des mortels. Alors tranquillement, il prit le chemin du parc mais il ne fut pas au bout de ses surprises. Il se perdit dans la contemplation d'une chevelure de couleur châtain. Il cilla et ne mit pas longtemps à réagir. En effet, il accéléra le pas sans savoir ce qu'il allait bien pouvoir lui dire. Cependant au dernier moment, il ralentit, ne trouvant pas réellement le courage de lui dire un mot. Néanmoins, il ne put s'empêcher de dire quelque chose. Un mot sortit seulement de sa bouche. « Lilith. » Ce prénom résonnait dans son esprit comme un doux son. Elle était jolie Lilith. Des petits yeux oscillant entre le bleu et le gris. Il n'en fallait pas plus pour faire craquer le fils Buckley.
Je trouvais que les journées devenaient de plus en plus longues. Nous étions en plein hiver, les journées étaient courtes et maussades. Tous les habitants du château semblaient un peu moroses, tout dépendant des jours et de la période de la journée. Certes, c'était habituel, cette période revenait à chaque année, mais je ne semblais pouvoir m'y habituer, et à regarder l'allure des sorciers autour de moi, personne ne semblait y arriver mieux que moi. Nous avions tous l'air un peu fatigué, mais je me rassurais en me disant que le printemps allait finir par pointer le bout de son nez, tardivement comme à son habitude, mais tout de même. Nous étions en janvier après tout. Il nous restait encore au minimum un mois de grand froid. Je ne détestais pas l'hiver, là n'était pas le problème. C'était plutôt le fait que les heures de soleil était amoindries et que le ciel était plus obscur plus longtemps. Je manquais, comme tout le monde probablement, de ma dose de lumière journalière. Je ne pouvais le cacher, quand le soleil décidait de pointer le bout de son nez et que je n'étais pas en cours, je me retrouvais souvent dans le parc à marcher pour accumuler tout ce que l'astre pouvait me donner. On ne savait jamais combien de temps il allait rester caché après cette phase sans nuage. Cette fameuse journée était de celle que je ne pouvais manquer. Mes cours finissaient relativement tôt ce jour-là et mon regard allait régulièrement se perdre du côté des fenêtres, attiré par le ciel bleu contrairement à sa couleur gris acier habituelle.
Aussitôt mon cours d'histoire de la magie avec le remplaçant plutôt séduisant, j'ai filé vers les cachots pour me rendre à mon dortoir. J'avais quelques devoirs, mais je pouvais les faire plus tard, ça ne me stressait pas plus qu'il ne le fallait. Je savais parfaitement gérer mon temps, en temps normal à tout le moins, et j'étais en avance pour mes rédactions de parchemin. J'allais avoir amplement avoir le temps pour faire mes lectures plus tard, avant de dormir ou en pause. Peu importait pour l'instant, je désirais simplement profiter de l'air frais et du soleil qui semblait vouloir rester pour cette fin d'après-midi. Aussitôt arrivée dans mon dortoir, j'ai laissé mon sac sur mon lit et j'ai enfilé mon manteau moldu. Lorsque je retournais chez ma grand-mère à Liverpool, je ne me promenais pas dans les rues avec une cape, les gens auraient trouvé ça étrange. Il faut dire qu'ici c'était l'inverse. C'était mon manteau moldu qui était regardé de travers. Par contre, je ne pouvais m'en séparer, c'était beaucoup plus chaud qu'une cape, peu importait ce qu'en pensait les autres. Ce qui était reconnu comme moldu n'était pas très bien vu par les temps qui couraient, mais peu importait pour moi. Je désirais rester au chaud rien de plus. Qu'ils attrapent le rhume s'ils le voulaient, ce n'était pas mon cas. Je suis donc remontée du sous-sol et je me suis tranquillement dirigée vers l'entrée pour sortir dans le parc.
L'air frais sur mon visage m'a tout de suite fait du bien. J'ai pris une grande inspiration pour aérer pleinement mes poumons. Il faisait froid, certes, mais ce n'était pas glacial. C'était une belle fin de journée du mois de janvier à Poudlard. La neige était bien tapé par les pas des étudiants qui passaient par ici, mes pieds ne s'enfonçaient donc pas dans la neige. Je suis finalement partie tranquillement sans direction de prévue. Je marchais où mes pieds me menaient, sans plus. Certains n'appréciaient pas trop les balades en solitaire. Pour ma part, c'était plutôt l'inverse, je les aimais bien. Je pouvais me sortir de l'ambiance lourde et pesante de Poudlard. Plus le temps passait, plus je me rendais compte que l'école n'était plus ce qu'elle était. Les piques, les critiques ouvertes et même une certaine violence régnait au cœur de l'école. Les nés-moldus comme moi n'étaient pas très en vogue et étaient régulièrement pointés du doigt pour chaque problème du château. Le jus de citrouille est mauvais ? Un né-moldu y a probablement touché ! J'avais plutôt un tempérament de feu en ce qui a trait à cette nouvelle mode anti né-moldu. Je me réfugiais de plus en plus dans une bulle pour ne pas tenir compte de tout ça. Je ne pouvais vivre au sein d'une communauté qui ne voulait pas de moi à ce point-là. Je restais donc indifférente, la plupart du temps. Mes balades en solitaires me permettaient de me ressourcer et de recommencer à zéro à mon retour. J'étais toujours plus calme, plus posée à ces moments-là.
Je me retrouvais donc dehors à me promener autour du parc, mes mains emmitouflées de mitaine légères en laine dans les poches de mon manteau d'hiver moldu crème et au contour de la capuche en fausse fourrure. Je réfléchissais à ce qui se passait au château, à mes devoirs, à la fille bizarre qui m'avait piquée une crise devant la Grande Salle quelques jours plus tôt. Mes pensées se promenaient de tous les côtés et n'avaient pas de limite. Soudainement, quelqu'un dit mon nom derrière moi. Je me suis donc retournée vers la voix en question et mes cheveux se sont un peu pris dans une petite brise, les faisant voleter légèrement autour de ma tête. En voyant le jeune homme tout près, j'ai souris gentiment. C'était Daemon, personne que je devais redouter. Il était gentil et semblait n'avoir cure de ces idées de sang. Je n'aurais donc pas droit à une douche d'injure.
« Oh salut Daemon. Tu te promènes en solo toi aussi ? »
Je me suis immobilisée sur le chemin, laissant le temps au jeune Serdaigle de venir me rejoindre à ma hauteur. Je n'avais rien à craindre de lui, je pouvais bien terminer ma balade en solitaire accompagnée. Je me suis saisi de quelques mèches de cheveux qui se promenaient dans tous les sens dans la brise hivernale et je les ai doucement glissées derrière mon oreille, avec un petit sourire toujours présent sur mes lèvres.
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Dim 7 Juil - 20:24