La petite Georgina est née en début d'année 1941 en plein milieu du Blitz, à Londres. Elle a poussé son premier cri dans une cave, pendant un bombardement extrêmement violent qui détruisit une bonne partie du quartier. Son père, Charles Caledon, patriote passionné, décida sans même consulter son épouse de donner à sa petite fille nouvelle-née des noms tirés de l'histoire de la famille royale anglaise, son prénom, Georgina, tiré du nom même de sa Majesté George, alors actuel roi d'Angleterre. Sa mère, Mary, gravement affaiblie, ne se remit jamais de cet accouchement, au grand regret de Charles qui espérait avoir une famille nombreuse comptant de nombreux enfants. La petite famille vécut chez le frère de Charles les trois années suivantes. Mary était constamment malade ou alitée, ne travaillait pas, tandis que Charles s'engagea dans l'armée pour défendre son pays. En juin 1944, Charles fut tué lors du débarquement de normandie et Mary succomba quelques mois plus tard d'une mauvaise grippe, laissant la petite Georgina orpheline. Celle-ci fut adoptée par son oncle et sa tante, qui déménagèrent dans la banlieue londonienne à la fin de la guerre.

Malgré la perte de ses parents, la petite Georgina ne fut jamais malheureuse. Elle grandit avec son cousin, alla à l'école, jouait avec d'autres enfants. Leur petite maison, située dans la campagne, était assez isolée, et ils n'avaient qu'une seule famille voisine, très amicale. Les enfants des deux maisons jouaient souvent ensemble, et quand Georgina eut huit ans, elle révéla sa nature de sorcière. Elle jouait avec le fils de ses voisins au ballon dans le jardin, en bordure d'un bois. Quelqu'un envoya le ballon dans un arbre, qui se coinça dans une branche. Tandis que son cousin allait chercher une grande branche, Georgina réussit, d'une manière inexplicable à décoincer le ballon sans le toucher. Elle ne se l'expliquait pas, mais elle savait que c'était-elle qui avait fait cela. Son voisin, lui, ne semblait pas vraiment surpris, il lui dit plutôt qu'elle était comme lui, une sorcière, et que ce serait leur secret. La petite fille ne comprenait pas vraiment ce que cela voulait dire. Son voisin, John, venait d'une famille de sorciers qui vivait en périphérie de la capitale anglaise, et entreprit de lui expliquer tout ce qu'elle devait savoir sur les sorciers. La fillette était peu sceptique, il dû l'emmener chez lui pour lui montrer la baguette de ses parents, ce qui finit de la convaincre. Il se créa entre John et Georgina un lien très fort et très particulier qui se prolongea jusqu'à l'âge adulte. A onze ans, Georgina entra dans une pension de banlieue avec son cousin et commença à ne plus croire à Poudlard, l'école dont lui parlait John à longueur de journée.

En 1955, elle reçut en août une lettre qui arriva par une voie des plus étranges. Durant le petit déjeuner, un immense hibou toqua à la fenêtre de la cuisine, porteur d'une lettre en parchemin. Voyant cela depuis chez eux car il se passait la même scène à leur fenêtre, la famille de John s'invita à la maison et expliqua devant un oncle et une tante médusée et une Georgina horriblement gênée, ce qu'était le monde de la magie et ce dans quoi leur nièce se trouvait embarquée. Bien sûr, Georgina était très heureuse de ce qui lui arrivait mais elle sentait que tout cela restait en travers de la gorge de sa famille adoptive. C'est John et sa famille qui l'accompagnèrent sur le chemin de traverse, et encore eux qui l'emmenèrent à King's Cross. Ses parents adoptifs lui demandaient encore un peu de temps pour digérer la nouvelle. Malheureusement, cela créa un fossé immense entre la jeune fille et son cousin moldu.

La vue de Poudlard lors de la traditionnelle promenade en barque sur les eaux du lac conforta Georgina dans la certitude qu'elle ne rêvait pas et qu'être sorcière était son destin. La vue de la grande salle l'émerveilla au plus haut point, et c'est peut-être durant ces instants, bien qu'elle ne connaisse encore rien à la magie, que se forgea son rêve d'enseigner la magie. Toute la durée du trajet depuis Londres, John avait été à ses côtés, protecteur, lui récitant le nom et la devise de chaque maison et se demandant avec excitation où ils seraient envoyés. Pour elle, qui entrait tout juste dans ce monde, cette préoccupation ne l'effleura que quand elle fut appelée à coiffer le Choixpeau dont John lui rabattait les oreilles. Elle était parmi les premières élèves appelées et c'est sous le regard d'une salle entière, rouge comme une pivoine, qu'elle alla s'assoir sur le tabouret. Déroutée et mal à l'aise tandis qu'une petite voix parlait dans sa tête, les délibérations mentales furent très rapides : une voix résonna dans toute la salle clamant "SERDAIGLE". Des applaudissements fusèrent d'une table et elle supposa qu'elle devait aller s'y assoir, ce qu'elle fit. La nouvelle Serdaigle suivit le reste de la répartition avec un intéret croissant : il était plus facile de s'y intéresser quand on y était soi-même passé. A son grand regret, John fut envoyé à Serpentard, ce qui ne les empêchèrent pas de rester très bons amis.

C'est dès cette cérémonie de répartition que la nouvelle vie de Georgina commença. Elle découvrit avec enthousiasme que la plupart des matières lui plaisaient, en particulier le vol et la métamorphose. Elle aimait apprendre à voler dans les airs car elle savait qu'elle réalisait ainsi l'un des plus vieux voeux des moldus et apprenait avec brio comment altérer la réalité en métamorphosant des objets. La maison Serdaigle, réputée pour l'érudition de ses élèves, avaient sans doute trouvé en Georgina une élève modèle. Le peu de temps qu'elle ne passait pas le nez dans ses livres ou sur un balai, elle le passait avec John. Les deux amis regroupèrent autour d'eux un cercle de garçons et de filles qui, dès leur troisième année, sortirent tous ensembles à Pré-au-Lard pour s'amuser ou boire un coup. Malgré cet emploi du temps chargé, la Serdaigle trouvait toujours le temps d'écrire à ses parents adoptifs et à son cousin. Heureusement pour elle, ils finirent par accepter sa nature de sorcière, ironisant sur ce qu'en aurait pensé son père, ce bon vieux Charles, si il était au courant. Ils étaient même curieux de sa vie là-bas et voulaient tout savoir dans les moindres détails. Son cousin, en revanche, ne faisait pas preuve du même enthousiasme, mais se montrait tout de même agréable pour ne pas perdre l'amitié de sa cousine. Elle rentrait à Londres pendant toutes les vacances pour les passer avec sa famille, et avec John, puisqu'ils restaient voisins en tous lieux. Arrivée au choix des matières optionnelles, Georgina prit toutes les options nécessaires sauf l'étude des moldus, matière qui ne lui serait guère d'une grande utilité. Ses résultats étaient excellents dans toutes les matières comprenant une dimension pratique, moins bons en histoire de la magie et en astronomie. Le temps passa extrêmement vite, et la jeune Serdaigle entra en cinquième année. Cette année là, elle postula dans l'équipe de Quidditch de Serdaigle, où elle entra au poste de gardienne. Elle passa également ses BUSES sans trop de difficultés, s'en sortant avec un Optimal en métamorphose et en sortilèges. L'année suivante marqua un grand changement dans sa vie. John, ami de toujours, confident, voisin, complice, bref, presque son frère jumeau, lui avoua qu'il ressentait pour elle des sentiments plus forts : il en voulait plus. Complètement déroutée, car jamais elle n'avait songé à l'amour, elle se montra hésitante et commença par refuser. Leur relation en pâtit énormément, ce qui la fit souffrir à tel point qu'elle finit par accepter de sortir avec lui, presque à contre-coeur. Ils restèrent ensemble cette année là et celle d'après. Elle passa ses ASPIC et émit le voeu de revenir à Poudlard pour y enseigner. Son professeur de métamorphose se montra bienveillant et lui promit une place quand il prendrait sa retraite dans quelques années. En attendant, elle trouva une place à Sainte-Mangouste, dans le département Pathologie des Sortilèges, en tant qu'assistante médicomage. Elle décida de rompre avec John à ce moment, lui avouant qu'elle n'était sortie avec lui que parce qu'elle le voyait souffrir et qu'elle voulait attendre d'avoir de vrais sentiments pour lui. Plus mûr, il commença par protester, puis décida d'attendre.

Dans les années qui suivirent, Georgina se sentit attirée par son métier, bien qu'elle n'ait aucune vocation pour la médecine. Elle gardait contact avec ses amis d'école, et bien sûr en particulier avec John. Se découvrant des sentiments pour lui, ils se marièrent chez leurs parents, dans la campagne londonienne, en 1966. Ils emménagèrent à Londres même, non loin du Chaudron Baveur. Deux ans plus tard, elle reçu une lettre de son ancien professeur de métamorphose qui lui proposait son poste, étant donné qu'il se sentait trop vieux pour continuer à enseigner. Malgré le fait qu'elle doive quitter sa maison, elle sentit qu'il s'agissait sans doute du meilleur jour de sa vie. Accomodant, John, qui travaillait à la poste du chemin de traverse en tant que guérisseur pour hiboux, demanda à être affecté à Pré-au-Lard. Commencèrent alors les années les plus heureuses de sa vie. La journée, elle enseignait à de jeunes sorciers, et le soir, elle rentrait chez elle dans la petite maison qu'ils avaient acheté à Pré-au Lard. Leur fille vint au monde en 1972 à Sainte Mangouste, sous la pression de John, qui craignait que comme sa mère Mary, Georgina ne soit affaiblie par un accouchement sans précautions. L'enfant, en parfaite santé, vécut avec eux à Pré-au-Lard et venait aux vacances chez les parents de John qui, étrangement, rechignait à visiter ses beaux-parents, ce qui accumula certaines tensions au sein du couple.

Leur fille avait huit ans quand elle réalisa une chose à propos de John. Encore une fois, il avait refusé catégoriquement d'emmener la petite chez ses grands-parents moldus, qu'elle adorait pourtant. Pour détourner ces prétentions ridicules, Georgina rendait visite en cachette à ses parents avec sa fille sous le nez de son mari qui finit bien par l'apprendre. Il la surprit une fois alors que l'enfant jouait avec le cousin de Georgina, qu'elle nommait affectueusement "Tonton". Hors de lui, il provoqua sa femme qui réagit en lui balançant tout ce qu'elle avait sur le coeur. Elle s'avoua alors ce qu'elle avait sous le nez depuis des années et des années : John détestait viscéralement tous les moldus et nés-moldus qui n'étaient pas sa femme. Ulcéré, le cousin de la principale intéressée prit sa défense et alla s'expliquer plus loin avec John pour soustraire la dispute aux yeux et aux oreilles de la fillette de huit ans. Assistant à l'altercation de loin, Georgina réagit trop tard quand son mari sortit sa baguette et la pointa sur le moldu. Aveuglé par la rage et la haine, il prononca l'un des trois sorts interdits, libérant tout ce qu'il avait comme ressentiment contre les moldus, et le tua sur le coup, dans un immense éclair vert. John regretta immédiatement son geste, ce qui n'empêcha pas le ministère de débarquer sur le champs pour l'incarcérer. Sous le choc, Georgina ne témoigna pas contre son mari mais demanda immédiatement le divorce et la garde de sa fille, ce qu'elle obtint sans peine puisqu'il fut directement envoyé à Azkaban pour meurtre de moldu en public.

Georgina ne se remit jamais complètement de ce drame, mais resta auprès de ses parents un long moment. Chez les moldus, la cause officielle du décès était un arrêt cardiaque, mais chez les sorciers, il ne faisait aucun doute qu'il serait considéré comme un meurtrier. Mais dans le même temps, une mouvance commençait à percer. Un mouvance anti-moldue qui se renforça au fil des ans, jusqu'à devenir violente et gagner l'esprit de certain de ses élèves. Entretemps, sa fille entra à Poudlard, ce qui fut une cause de tension pour elles-deux. Evidemment, avoir sa propre mère en cours n'est pas toujours aisé, mais leur lien mère et fille demeura fort, surtout à cause de l'absence totale de John. Dix ans plus tard, tout lui reste encore en travers de la gorge mais elle s'est isolée de ses sentiments envers son ex-époux, qu'elle aime toujours un peu, malgré tout.