« J’ai appris par Jane qui a entendu une conversation entre Lucy et Roxanne qui elles-même le tiennent de … » « Accouche merde » « Ok ok, l’autre Macmillan est fiancée à … Flint ! » Entre les regards tout sauf discrets vers Freya, le ton de la voix bien travaillé pour faire éclore le suspense et l’accentuation sur les noms des protagonistes, Freya avait bien du mal à garder son sérieux. C’était ridicule l’influence qu’avaient les potins à Poudlard, comme si personne ne pouvait vivre sans, comme si c’était essentiel que tout le monde disserte sur les moindres faits et gestes des autres élèves. Seulement, Macmillan et Flint étaient deux noms célèbres de sang-pur, il fallait bien s’attendre à ce que la nouvelle prit de l’ampleur. Freya était, bien évidemment, déjà au courant. Mère lui avait envoyé une lettre des plus formelles pour qu’elle soit connaisse leur décision et qu’elle se prépare à recevoir une nouvelle similaire la concernant elle, mais jusqu’alors Freya n’avait pas su comment réagir. La Serdaigle s’est retrouvée partagée entre la compassion pour sa soeur et son éternelle ignorance. Elles ne se parlaient plus, ne se voyaient plus, s’évitaient… devait-elle vraiment aller la voir pour lui faire part de son soutien lors de cette épreuve ? Freya dut se retenir de rire, elle était à la table des Serdaigle et elle n’avait pas envie que tous les regards convergent vers elle, après tout, ils avaient parlé expressément fort pour qu’elle entende et ils souhaitent sûrement la voir réagir. Elle finit donc de manger son petit-déjeuner tranquillement avant de se préparer à aller en cours.
Deux heures plus tard, la même question lui retournait toujours la tête, la jeune brune n’arrivait pas à prendre une décision, elle était partagée entre l’envie de reprendre contact avec la soeur tant aimée jadis. Elle mourrait d’envie de la prendre dans ses bras et qu’elles redeviennent les amies qu’elles avaient pu être. De l’autre côté, elle préférait l’éviter jusqu’à la fin de sa vie plutôt que d’être déçue. Les ordres de Mère avaient été on ne peut plus clairs, elle ne devait pas s’approcher de la mauvaise influence de Lumen et surtout, elle devait redorer le blason de la famille. Un meurtre, un homicide c’était plus qu’assez. Freya n’avait jamais cru à la participation de Lumen, elle devait être au mauvais endroit au mauvais moment, malheureusement Mère lui en avait tant parlé qu’elle avait finit par l’admettre. La question ne se posait plus de la culpabilité ou non, Lumen était une meurtrière. Freya sentit son coeur de serrer. Non. Elle était plus forte que cela, elle devait pouvoir se battre contre cette injustice, Lumen ne s’était pas isolée et rebellée en vain, elle aurait pu accepter la punition si cela avait été réellement de sa faute. Aujourd’hui, Freya ferait un pas vers sa soeur, c’était décidé. La brune se lécha la lèvre, elle divaguait en ce moment, elle passait d’une question à une autre et revenant constamment à la mort d’Aileen. Elle regarda le calendrier et comprit pourquoi, c’était l’anniversaire de sa mort. Pour éviter de pleurer une si perdue depuis si longtemps, elle se leva brusquement et courra presque pour atteindre le septième étage.
Face au miroir elle s’exhorta à rester calme et elle répéta son discours, imaginant toutes les réponses que pourrait lui proposer Lumen, mais elle savait que c’était inutile et que, quoiqu’il arrive, elle serait surprise de ce qu’elle entendrait. Elle se força à respirer calmement, mis une ridicule barrette dans ses cheveux -au pire, elle pourrait servir d’arme- et descendit les escaliers. Arrivée au cinquième étage, une bouffée de panique la saisit et elle fonça regarder son visage afin de s’en recomposer un plus calme et plus maîtresse d’elle-même et but au robinet. L’eau était dégueulasse et lui enleva son rouge à lèvre qu’elle s’entreprit d’étaler à nouveau sur ses lèvres. Pendant qu’elle était occupée, la porte d’une des cabines s’ouvrit. Concentrée, elle ne regarda que son reflet magnifique et termina ce qu’elle avait commencé. Lorsqu’elle se retourna elle eut un haut le coeur. Sérieusement ? De tous les toilettes disponibles du chateau, c’était dans celui-là que Lumen venait ? Inspirant doucement, elle se força à dessiner un sourire compatissant sur son visage.
« Mère m’a dit pour tes fiançailles. » Le ton était encore trop dur, et directement dans le sujet. Pas besoin de s'embarrasser de formules de politesses, ça n'avait aucun sens. Pourtant elle n'était pas obligée de lui parler sèchement, elle essaya d’enrouler sa voix pour lui donner un ton plus doux. « Comment tu le vis ? » La voix était timide et elle baissa les yeux. Incapable de soutenir son regard. Depuis quand n’avaient-elle pas eu un échange cordial ?
black pumpkin
Lumen Macmillan
CŒUR DE LIONNE
+ SORCIER DEPUIS LE : 23/08/2012 + PARCHEMINS : 5770
Février 1981 - flashback Sur le tableau noir, le le professeur d'histoire de la magie écrivait le plan de son cours. La craie volait toute seule et traçait les différentes lettres avec une lenteur toute contrôlée. Lumen s'appliquait à recopier le tout mot à mot avec une propreté caractéristique et assurance calculée. Le professeur parlait en même temps, donnant de cette manière les idées essentielles de chaque partie. Si Lumen se concentrait tellement sur son parchemin et le cours, c'était pour éviter de penser à ce que cette journée représentait pour elle et sa famille. Surtout pour elle. Quelque part, elle se fichait bien de ce que ressentaient ses parents en ce moment. Elle était arrivée par un heureux miracle à ne pas ouvrir leur fichue lettre et s'en félicitait. Ses quelques amis au courant de sa situation familiale ne s'étonnaient même plus de la voir se crisper autant, se mordiller la lèvre inférieure et soupirer lorsque l'écriture légèrement penchée de sa mère se trouvait sur ces lettres d'un blanc immaculé. Ce jour-là, c'était toutefois un peu différent que d'habitude. Il s'agissait de l'anniversaire de la mort de sa jumelle et autant dire qu'il rappelait de trop mauvais souvenirs à toute la famille Macmillan, Lumen la première. Et cette journée donnait aussi lieu et à chaque fois le matin à quelque chose de plus matériel et de tout aussi désagréable : des insultes, des menaces dans une petite lettre. Mais cette fois-ci, la gryffondor s'était promis de ne pas s'attarder là-dessus, et elle comptait bien s'y tenir. Et pour maintenir son attention éloignée de tout cela, les cours demeuraient l'unique solution dans l'immédiat. Le professeur d'histoire abordait un sujet épineux sur la classification des créatures magiques se basant au XIV ème siècle. Il parla des chefs du conseil des sorciers Burdock Muldoon et Elfrida Clagg, pionniers dans ce domaine et qui avaient rencontré de nombreux problèmes avec les gobelins. A Poudlard, on expliquait en long, en large, en travers les tenants et aboutissant de leurs révoltes. D'une certaine manière, Lumen trouvait cela plutôt passionnait. Cela démontrait à quel point les sorciers ne respectaient pas les autres et s'enfermaient dans une logique de discrimination. Pour elle, les créatures magiques méritaient autant de considération que les êtres humains, mais ce discours ne trouvait pas que des adeptes, bien au contraire, dans sa propre famille par exemple. Il suffisait de remonter l'arbre généalogique pour découvrir d'anciens "propriétaires" d'elfes de maison. Ce qu'elle exécrait par dessus tout. Parfois, elle voudrait s’asseoir auprès d'un gobelin pour écouter l'Histoire de magie de son point de vue. Mais elle ne pouvait pas décemment débattre de ça avec un professeur. Elle ne les sentait pas tous concernés par sa personne et encore moins par les elfes, les centaures, les gobelins ou les loups garous. Voilà pourquoi elle ne se liait pas avec eux. Elle ne cherchait ni leur approbation, ni leur compassion et ni leur sympathie. Et comme à chaque fois que la cloche sonna, elle s'en réjouissait. Elle adressa un simple au revoir à l'enseignant et poursuivit sa route dans un silence de cathédrale.
Elle jeta un oeil à sa montre, constatant qu'une heure de libre s'offrait à elle. Décidant de suivre la voix de la raison, elle remonta vers la salle commune pour récupérer les livres de l'après midi. Un étage, puis le deuxième, tout se passa dans le plus grand calme jusqu'à ce qu'un événement vienne foutre le bordel dans ses plans. Alors qu'elle arrivait à la dernière marche du cinquième étage, les escaliers remuèrent violemment et la pauvre Lumen tomba sur les fesses, son sac s'ouvrant sous le choc. Elle serra les dents tellement fort qu'une douleur se fit sentir dans sa mâchoire inférieure et ferma les yeux rageuse. Qu'elle détestait ces escaliers. Elle sentit son estomac se retourner. Lumen n'était pas fragile : elle tenait l'alcool, elle réussissait des figures au quidditch qui lui donnaient des sensations fortes. Mais le magicobus et ces putains d'escaliers lui fileraient presque des nausées. Oh les autres s'amusaient beaucoup de voir Lumen Macmillan, la dure à cuire, blanche comme un linge après les tours des escaliers. Et autant le reconnaître, il fallait avoir le coeur bien accroché quand cela arrivait. Après plusieurs minutes - ce qui semblèrent être des heures - à subir les résultats du trop plein de magie de Poudlard, la gryffondor put enfin retrouver un semblant de consistance. Tout était redevenu normal - ou presque - et elle en profita pour se relever et rassembler ses affaires. Se sentant assez mal, elle prit la direction des toilettes au lieu de la tour des gryffondors. Ils se trouvaient quelque part entre la salle du savoir et la salle d'étude - là où elle se rendait quasiment jamais, préférant étudier en extérieur et surtout seule. Après quelques errances, elle atteignit la porte des sanitaires. Elle ne regarda qu'à peine son reflet et entra dans le cabinet le plus proche. Elle inspira profondément, souffla, essayant de retrouver toute sa contenance. Elle passa une main dans ses cheveux et tira ensuite la fermeture éclair de son sac. La tête posée contre la porte, elle observa le plafond tout en entendant quelqu'un faire couler de l'eau. « Reste pas là, faut y aller. » Se dit-elle pour se motiver. Elle ne pouvait pas rester ici pendant quinze plombes. Elle n'avait pas des heures devant elle après tout. Mais une autre surprise l'attendait devant ces lavabos... Sa sœur. A croire que Morgane l'avait maudite pour la journée, ces escaliers, Freya et après ? Elle pinça les lèvres et détourna lentement son regard de la serdaigle vers le robinet placé en face d'elle.
Désirant plus que tout éviter une entrevue ennuyeuse, elle trancha pour l'ignorance, comme le ferait tout membre de sa famille dans ces circonstances. On leur avait si bien appris à se mépriser l'une l'autre qu'aucun échange ne se produirait, encore moins dans ces lieux, décors ordinaires d'une vie étudiante, mais surtout peu appropriés pour une discussion quelle qu'elle soit. Elle se lava les mains, se rinça les yeux, et sortit une pince de la poche de sa robe de sorcière. Alors qu'elle allait attacher ses longs cheveux bruns, Freya prit la parole. Lumen se figea dans son geste étonnée d'entendre un son franchir la barrière de ses lèvres. Mère... La sorcière s'abstint de tout commentaire, préférant accueillir ses paroles sans démontrer son agacement. Ses fiançailles ? Elle lui adressait la parole réellement pour cela ou il s'agissait juste d'une manière de meubler ? Dans les deux cas, cela lui paraissait tout bonnement impossible, et pour cause, Freya dérogeait à la règle d'or : ne jamais - au grand JAMAIS - bavarder avec la cellule cancéreuse de la famille, ici Lumen. Elle se demanda un instant si elle ne se moquait pas un peu d'elle. Mais cette attitude lui semblait trop puérile, pas assez digne des apparences que sa petite sœur se donnait. Non, il y avait autre chose là-dessous. Et la réponse à sa question muette se retrouva sur la table bien plus vite qu'elle ne l'imaginait. « Oh. » Fut-ce la seule réaction de Lumen. Alors, c'était ça ? Elle voulait savoir ce que ça faisait d'être enchaînée à quelqu'un ? Oh pour cela, la gryffondor ne se faisait pas trop de soucis. Cela arriverait très prochainement. Freya le saurait dans les mois à suivre. Presque soulagée d'en venir à cette conclusion, Lumen enclencha finalement sa pince pour y coincer sa chevelure. Quand cela fut fait, elle avança son visage du miroir de quelques centimètres et inspecta sa peau... Pas un bouton d'acné à l'horizon. Fiouh. « Disons que mon rêve d'adopter dix chats et autant de chiens et de rats s'est envolé en fumée... Mais sinon ça va. » Répondit-elle avec plus de sarcasmes dans la voix qu'elle ne l'aurait voulu. Elle n'éprouvait absolument aucun besoin de s'épancher sur ce qu'elle ressentait. Elle n'avait ni envie de prévenir sa cadette de la souffrance que cela enclencherait chez elle ni la volonté de la rassurer sur la situation. Après tout, elle le découvrirait tôt ou tard et surtout ça ne la regardait pas. D'ailleurs, ça ne concernait qu'elle et Flint. Si quelqu'un méritait de foutre son nez dans cette affaire, ce n'était certainement pas Freya. « Tout ce que je te souhaite, c'est qu'ils te fiancent à quelqu'un de pas trop dérangé. » Sauf qu'elle ne voyait pas vraiment comment. Combien de sang purs étaient normalement constitués ? Le chiffre se rapprochait plutôt de zéro. Même si elle avait appris à apprécier Perseus, elle ne le trouvait pas forcément sain d'esprit. « A moins que tu n’aies une autre question en stock, je vais te laisser seule. Tu pourras te pouponner tranquillement comme ça. » Elle accompagna à ces dernières paroles un sourire forcé si symbolique de l'hypocrisie de leur conversation.