Juillet 1964
Adrasteia cinq ans
Elle leva les yeux, observant le ciel se saturer de couleurs incandescentes, sursautant vivement alors qu'elle pouvait entendre une nouvelle fois la voix de sa mère résonner aux tintements d'une mauvaise note. Elle pinça ses lèvres, baissant les yeux pour éviter ceux de sa mère. «
Encore une fois. » - Elle hocha la tête, réajustant nerveusement sa petite robe qui se coinçait sous ses cuisses. Elle posa ses mains contre les touches d'ivoire qui se pressaient sous la finesse de ses doigts, se tenant aussi droite que possible, aussi droite que demandé. Sa mère afficha finalement un sourire satisfait, ses longs ongles tapant le rythme contre la queue du piano, écoutant attentivement chaque note qu'elle s'empressait de lui livrer jusqu'à la toute dernière. «
Ce sera suffisant pour aujourd'hui, maintenant va te préparer, nous sommes attendus à une réception ce soir. » - La fillette se redressa vivement, hochant silencieusement la tête pour indiquer à sa mère qu'elle comprenait parfaitement avant de s'élancer dans le couloir principal, passant brièvement devant le bureau de son père. Elle freina sa course, pinçant les lèvres alors qu'elle entendait des murmures s'échappant de la porte entrouverte du bureau du patriarche. La fillette s'approcha doucement de la dite porte au bois massif, glissant ses petits doigts contre celle-ci, observant secrètement les secrets qu'elle renfermait. C'était bien connu, personne n'avait le droit de franchir cette porte, pas même maman. C'était bien connu, personne ne savait ce qui se passait derrière cette porte, pas même maman. Elle inspira longuement, retenant son souffle alors qu'elle l'observait dans le silence des plus complet. Il se tenait droit, aussi droit que demandé, aussi droit qu'une tour qui s'élevait pour affirmer sa suprématie, ses yeux d'acier qui ne dérogeaient pas de sa cible. «
C'est malheureux Marius, mais je ne peux absolument rien pour vous. » Avait-il finalement soufflé d'un ton désinvolte avant de porter son verre à ses lèvres. Papa est un homme puissant qui ne sait pas aimer. Papa est un homme puissant que ne sait apprécier que la finesse et la valeur des objets qu'il possède. Papa est un homme avare qui ne sait désirer que ce qui n'est pas encore sien. Simplement parce qu'il est un roi qui aimerait posséder le monde au creux de ses paumes narcissiques. «
Mais Cyprian, nous avons un accord ! T-t-tu devait me protéger, mon ami, mon plus grand ami. N'est-ce pas trop te demander que de me faire une faveur ? » - Elle souffla lentement, aussi lentement que possible, soulageant ses poumons qui semblaient s'enflammer d'avoir gardé l'air trop longtemps. Son père leva son verre haut vers le ciel, s'esclaffant d'un rire bref. «
Tu as raison mon cher ami, nous avions bel et bien un accord. » -Il se redressa, homme tour qui faisait oppressant, qui se faisait divin, de sa voix séraphique jusqu'à son hégémonie démesurée qui lui dévorait l'ego. Il était à lui-même une forteresse que personne ne pouvait atteindre, simplement parce qu'il en avait envie. «
Mais ton premier fils n'étant plus ... Utile, notre accord ne tient plus. Il n'y a rien de personnel dans cette histoire mon cher Marius, comprends bien qu'il me peine d'en venir à de telles circonstances. » Avait-il finalement décrété, faisant face à la fenêtre de son bureau, il inclina lentement sa tête sous le fracas d'un verre contre le sol. La fillette hoqueta, ses petits doigts se resserrant avec force contre la porte, observant sans broncher le corps de l'homme épris de tremblements frénétiques. «
Mais tu en sais beaucoup trop. Beaucoup trop pour ta propre sécurité et pour la mienne. » - Il se retourna finalement, abordant un sourire dépourvut de joie, reprenant simplement place contre sa chaise avant de poursuivre. «
Vous comprendrez donc, mon plus cher ami, que notre alliance est maintenant à son terme. Évidemment, j'aurais aimé pouvoir faire affaire avec vous dans le futur, seulement, je crois que votre avenir est maintenant écourté. Nous n'avons malheureusement plus aucune raison de continuer cette relation si ce n'est que pour vous laisser m'emporter dans votre situation des plus précaires. » - Les tremblements devint soudainement plus lent, plus faible jusqu'à ce que les bras de l'homme ne retombent mollement contre la chaise. Elle pinça les lèvres, fixant longuement l'homme sans vie, l'homme de mort qui gisait silencieusement dans le bureau interdit.Elle leva lentement ses prunelles de lune pour observer son père qui lui souriait tendrement avant de hocher la tête. Elle poussa nerveusement la porte, entrant finalement dans le bureau, les épaules droites et le regard fuyant. Son père lui fit signe d'approcher plus près, attrapant la fillette pour la déposer sur le bureau, réajustant le pli de sa robe. «
Tu sais ma fille, notre vie sur terre ne se limitera toujours quant à la valeur de notre influence. Plus tu en sauras, plus tu seras utile. Jusqu'à ce que tu en saches trop et que ta valeur ne soit aussi indispensable qu'un grain de sable. » - La fillette inspira brusquement, levant le bout de son menton aussi haut que possible. «
Je suis une Lestrange, je ne serai jamais un grain de sable ! » Avait-elle déclaré, fronçant les sourcils sous l'écoute du rire de son père. «
Tu as raison. Une Lestrange est bien plus que de la poussière. Et pourtant, tu n'es qu'une enfant, une enfant qui en sait trop, une enfant de sable aussi indispensable que l'homme ici présent. » Avait-il soufflé en attrapant le bout de son menton entre ses doigts, forçant la fillette à observer le corps de l'homme qui se calait maintenant dans la chaise magnifiquement travaillée. «
Alors, ne t'avise plus jamais de regarder ce que papa fais dans son bureau, parce que tu n'es que du sable. »
Octobre 1965
Adrasteia six ans - Septimus naissance.
Elle pinça ses lèvres, resserrant ses doigts contre les barreaux du berceau tandis qu'elle fixait curieusement l'enfant qui bougeait à peine. Septimus le grand, Septimus le premier fils qui s'époumonait les tripes à chaque minute de la journée depuis maintenant quatre jours. Sept pour la chance, sept pour la magie d'un nombre premier. Sept pour venir remplacer le un qui n'était en fait qu'un une, sans valeur, sans grandeur face au sept qui gouvernait les vices et les péchés. Maman était fatiguée, mais passait ses journées à sourire en berçant tendrement le nouveau sept. Papa souriait également, envoyant de nombreuses lettres pour annoncer la bonne nouvelle, l'arrivée d'un messie qui n'avait rien de grandiose mis à part qu'il était si petit qu'il aurait facilement pu atteindre le soulier de sa poupée qui avait tombé derrière le grand meuble d'entrer. On lui disait que Septimus était un bébé capricieux et qu'elle devait se faire discrète lorsqu'il faisait la sieste. On lui disait que Septimus était fragile et qu'elle n'avait pas le droit de le toucher. Puisque le roi Septimus pouvait se briser aussi facilement que ses poupées, parce que le roi n'était pas invincible et qu'on ne pouvait pas le remplacer aussi facilement que ses poupées. Et pourtant, n'avaient-ils pas vu comment elle se faisait délicate avec ses précieuses ? Caressant la porcelaine comme le plus fin des cristaux, comme le plus important des trésors. Elle soupira longuement dans un dramatisme qui lui était propre, roulant des yeux alors qu'elle se dressait sur la pointe de ses pieds, pour mieux l'observer. Il n'avait rien de suprême, de ses petits cheveux blonds qui se bouclaient au sommet de son crâne jusqu'à sa peau aussi rose que les cochons. Et puis un jour Septimus s'écrirait de sa voix royale pour continuer la ligné des Lestrange et puis un jour Septimus porterait sur sa chevelure aux couleurs de sa mère, une couronne qui lui laisserait pleurer sa suprématie dans un monde qui n'attendait que lui, le sept qui se tordait pour boire et défequer dans son berceau impérial. Plus personne ne la regardait, plus personne ne lui brossait ses cheveux aux couleurs sombrales. Plus personne n'admirait ses dessins ou n'écoutait ses mélodies qu'elle avait apprises au piano. «
Mon Cher Septimus, comprenez bien qu'il n'y a rien de personnel dans cette histoire ! Il me peine d'en venir à de telles circonstances. Mais seulement, vous n'êtes autant utile qu'un simple grain de sable ! » Avait-elle soufflé de sa petite voix, reprenant fièrement les paroles de son père. Elle haussa les sourcils, accentuant ses paroles d'une grande importance. Elle se laissa retomber sur la plante de ses pieds, glissant ses bras entre les barreaux de bois, posant ses menottes contre le corps chaud de son petit frère, le secouant frénétiquement tout comme l'homme l'avait fait dans le bureau de leur père. «
Évidemment, j'aurais aimé pouvoir faire affaire avec vous dans le futur, seulement, je crois que votre avenir est maintenant écourté. » Avait-elle poursuivi, secouant avec force le plus jeune qui éclata brusquement dans des hurlements faisant ombres aux loups-garous des histoires de son elfe. La porte s'ouvrit brusquement, la faisant sursauter dans un hoquet de terreur. Sa mère s'approcha avec inquiétude, écartant Adrasteia avec force sans trop se soucier de ses bras qui se trouvaient encore entre les barreaux. Le craquement se fit sourd, faisant vibrer son corps d'une douleur aussi vive que puissante, hurlant de toutes ses forces alors qu'elle se laissait retomber contre le sol, recroquevillant ses genoux contre son torse. «
PETITE INGRATE QUE FAIS-TU ! » Avait hurlé sa mère, s'empressant de bercer le nouveau Lestrange qui brillait de ses frasques, entremêlant ses cris aux siens dans un chant des plus macabre. «
TA CHAMBRE PETITE SOTTE. JE NE VEUX PLUS TE VOIR. » Avait-elle pesté, pointant la porte de la chambre avec frénésie, perdant patience alors que la fillette ne faisait que pleurer contre le sol. Sa mère poussa un cri, agrippant le pied de sa fille pour la trainer contre le sol, vipère qui n'ondulait pas, chimère qui succombait à ses propres insanités sous les mélodies titanesques d'un sept premier.
Octobre 1975
Radariste seize ans - Septimus dix ans.
La jeune femme poussa un soupir de satisfaction, ajustant une dernière fois le nœud papillon sous le collet de chemise de son frère, affichant un faible sourire alors qu'il ouvrait grand les yeux, ses petites mains grattant frénétiquement le creux de ses paumes. «
Papa porte la cravate lui ! » avait-il protesté, fronçant les sourcils alors que sa soeur lui frappait le bout de ses doigts lorsqu'il avait voulu desserrer ce nouvel ornement qui lui faisait misère depuis des années déjà. «
Mais c'est trop serré Adra! » Avait-il pleurniché une nouvelle fois. «
C'est parfait Septimus. Ce n'est pas aux choses à s'habituer à toi, mais bien le contraire. Tu crois que la cravate est plus confortable !? Si tu continues de te plaindre comme une gamine, c'est pour te pendre que nous irons emprunter une cravate à papa. » - Il s'était finalement tû, baissant honteusement la tête alors qu'elle se levait finalement pour observer sa propre silhouette, abordant un nouveau sourire alors qu'elle admirait sa nouvelle robe aux couleurs d'or et de turquoise. Ce soir était un jour bien important, elle avait enfin 17 ans. Ce qui voulait dire qu'elle était désormais une femme, une adulte à qui l'on ouvrait la porte du grand monde de l'aristocratie. Elle n'était plus un grain de sable, elle n'était plus une enfant que l'on réprimandait pour un oui et un non. Ce soir, elle était spéciale, ce soir, elle était bien plus importante que Septimus. Elle passerait la soirée à recevoir des compliments et des présents. Les hommes les plus convoités viendraient se présenter à son père dans l'espoir d'obtenir la dernière femme des Lestranges qui n'était pas marié, soufflant de leurs charmes sous les lustres aux cristaux aussi dispendieux que son sang. Elle inspira longuement, attrapant la main de son frère pour finalement quitter sa chambre, rejoignant les invités dans la salle de réception. Son rire résonnait parmi les tintements des flûtes de champagne que les invités s'empressaient de consumer. Elle embrassa tendrement la joue d'une amie qui lui souhaitait un joyeux anniversaire tandis qu'une main se posait contre son épaule. «
Où se trouve ton frère Adrasteia ? Tu devais le surveiller ! » Avait demandé sa mère, pinçant ses lèvres sous une colère visiblement accusatrice. La brune haussa ses sourcils, tournant nerveusement sa tête pour observer à sa gauche, là où Septimus avait passé le plus clair de sa soirée. Elle haussa ses épaules, se ravisant quant à la culpabilité qui l'avait gagné quelques secondes plutôt. «
Il a 10 ans mère ... À son âge, je devais déjà m'occuper d'un gamin de cinq ans. Je crois qu'il est parfaitement apte à prendre soin de lui-même. Il est probablement parti jouer avec les autres enfants ou à manger quelques pâtisseries du buffet. » Avait-elle murmuré grossièrement avant de porter son attention sur la conversation de ses amies, ignorant volontairement la présence de sa mère. C'était sa soirée, sa réception, son anniversaire, son moment important. Pourquoi fallait-il encore que tout se rapporte à un gamin qui n'était pas foutu de se brosser les cheveux lui-même avant d'aller dormir ? Sa mère lui tapota une nouvelle fois l'épaule, poussant un soupir d'exaspération rivalisant à la colère même. «
Petite ingrate égocentrique. Comment oses-tu me répondre alors que nous avons dépensé une fortune pour t'offrir une si magnifique soirée. Tu n'es plus une gamine maintenant, trouve-le. » - La brune se retourna finalement pour observer sa mère, pinçant les lèvres avec force. Elle inspira longuement pour calmer sa frustration, «
Non. » Avait-elle soufflé avant de sursauter, une douleur vive se faisant ressentir contre la peau de sa joue. Elle se fit violence, offusquée par la gifle que sa mère avait décidé de lui offrir devant les invités. «
Trouve-le. » - Adrasteia hocha finalement la tête, s'empressant de chercher son frère parmi la foule qui se faisait soudainement si silencieuse, observant minutieusement la sorcière qui se frayait un chemin dans la salle pour finalement gravir l'escalier principal, s'approchant du couloir qui leur était réservé. Elle fronça les sourcils, poussant la porte de sa chambre pour le retrouver assis sur le sol, s'amusant sagement avec ses jouets. La Lestrange s'approcha brusquement du plus jeune, attrapant avec force son petit bras pour le traîner contre le sol. «
Tu crois que je vais me laisser humilier devant tout le monde parce que Monsieur désire jouer avec ces conneries ? Han ? Tu crois que je vais te laisser ruiner ma soirée ? Tu crois peut-être que parce que maman et papa te vantent à gauche et à droite que je vais te laisser me pourrir la vie comme si je n'étais qu'une moins-que-rien ? » Avait-elle dit d'un ton brusque, forçant le blond à se relever, le giflant avec force. Elle attrapa le bout de son menton pour le forcer à la regarder, furie du ciel qui faisait trembler ses mains. «
J'ai des nouvelles pour toi petit morveux. Le monde ne t'appartient pas et saches que le jour n'est pas encore venu que je m'agenouillerai devant toi. » Avait-elle pesté au petit roi d'or qui se faisait frayeur. «
Pardons Adrasteia. » - Elle se redressa, abasourdie par les piteuses excuses de l'enfant roi avant de pousser un long soupire. «
Allez ... Viens avant que maman ne pique une nouvelle crise. »
Octobre 1978
Radariste dix-neuf ans - Septimus treize ans.
Et du bout de ses doigts, elle effleurait les longues boucles aux couleurs d'ébène qui ondulaient dans la plus scandaleuse des danses sous ses yeux d'acier. Et du bout de sa langue, elle murmurait des paroles aux enchantements sinueux qui ne faisaient que proliférer des mensonges miroitant d'espoirs perfides. Elle inspira longuement son parfum qui faisait trembler ses lèvres d'un sourire conquis, qui faisait vibrer ses sens jusqu'à son corps qui se lovait contre le sien. «
Oleadra ... » avait-elle miaulé tandis que ses doigts s'aventuraient contre sa peau, entourant voluptueusement sa gorge aussi mince que le plus gracieux des cygne. «
Ma douce Oleadra, ma toute petite Nemesis. Ne comprends donc tu pas encore l'étendue de tes talents ? Ne sais-tu donc pas encore l'immensité de ton chaos ? » - Un rire brisa la barrière de ses lèvres alors que la plus jeune se retournait pour l'observer de ses grands yeux imprégnés d'admiration, pinçant ses lèvres charnues tandis qu'elle écoutait les paroles saintes d'Adrasteia. Elle se tenait droite, impératrice d'un monde qui se faisait apocalyptique, trônant dans sa chambre à charmer la naïveté d'une enfant aux rêves cauchemardesques, aux cauchemars rassurants qui se vêtissaient des couleurs de verts et d'argent. Parce qu'une enfant aussi fragile n'avait pas d'avenir, son futur se fracassant contre les murs de pierre dans une fatalité qu'elle seule connaissait depuis trop longtemps. Parce qu'une enfant aussi inconsciente peinait encore à comprendre pourquoi une Lestrange s'intéressait à elle. «
Je ne comprends pas Adrasteia ... les choses que tu dis ... » avait-elle finalement murmuré à bout de souffle. Elle souriait à nouveau d'une tendresse qui semblait volage, ses mains attrapant délicatement celles de la plus jeune avant de répondre enfin à ses questionnements. «
Tu ne vois donc pas ? Les ressemblances sont si flagrantes que j'en peine à blâmer le hasard. De tes longs cheveux aussi sombres que les limbes jusqu'à tes yeux aussi clairs qu'une lune sauvage. De ta peau basanée ensorcelante jusqu'au bout de ton nez insolent, il y a chez toi une grandeur aussi vaste que le plus profond de mes abysses. Ne vois-tu toujours pas ? Que même ton prénom se fait variante de mon second ? Un miroir qui me trouble, un miroir qui me fascine. Oleadra, ma douce petite Némésis, je ferai de toi une Lestrange qui brûlera sous mes envies, tes flammes lécheront mes ailes si c'est pour t'emporter avec moi dans un monde qui ne sera que cendre sous la fatalité de notre alliance. Oleadra, ils vibreront de tes frasques et s'enniveront de tes caprices simplement parce que j'en aurai envie, simplement parce qu'ils se feront aussi vorace que nos extravagances. Seulement si ... » - «
Si seulement quoi ? » avait-elle quémandé sur le qui-vive, resserrant ses mains contre les siennes. «
Seulement si tu te fais loyale. Oleadra tu ne seras pas une simple petite fille que je trimbale dans les couloirs. Tu seras ma confidente, tu seras ma conseillère. Tu seras non seulement ma plus grande force, mais également ma plus puissante faiblesse, le comprends-tu ? Partout où je serai, tu y seras. Tu assisteras aux plus grandes réceptions de l'élite et tu porteras des robes aussi somptueuses que les gens que tu rencontreras seront influents. Je te protégerai avec amour, je t'aimerai avec passion puisque tu ne t'opposeras jamais à mes idéaux et t'investiras toujours dans mes décisions. Et lorsque nous serons séparées, tu seras mes yeux, tu seras mon ombre et mes oreilles, parce que nous sommes liés par la fatalité ma moïra. Tu seras ma Némésis. » ...
«
Montre-moi Adrasteia. »
Septembre 1979
Radariste vingt ans - Septimus quatorze ans.
Son regard se posa sur le garçon qui se trouvait devant elle. Il se tenait droit, les mains derrière son dos sous des allures princières qui s'adonnaient parfaitement aux boucles blondes rebelles qui lui chatouillaient la nuque, observant le grand hall dans une adiaphorie qui lui était propre. Le prince se faisait roi, le prince se faisait transcendant de sa souveraineté dans un monde qu'il peinait à n'en comprendre les règles, vomissant sa désinvolture aussi bravement que dans le manoir familial. Elle pinça les lèvres, silencieuse petite vipère qui s'entêtait à enfoncer sa couronne rouillée qui perçait la peau sous sa longue chevelure d'ébène, analysant son frère qui entamait sa deuxième journée dans l'impressionnante académie de Poudlard. Elle fronça les sourcils, observant sa protégée qui arrivait au pas de course, agenda pressé contre son corps tandis qu'elle abordait une mine bien nerveuse. «
Nous sommes en retard ... » - «
Nous ? Je ne crois pas non. Peux-tu me dire Septimus, si nous sommes en retard ? » Avait-elle demandé, inclinant sa tête pour regarder l'intéresser qui étira des lèvres d'un sourire magnifiquement narquois, secouant sa tête pour faire bouger ses cheveux d'or. «
Il me semble que le nous désigne plus d'une personne effectivement, c'est une accusation blessante et inquiétante. » Avait-il finalement répondu à sa sœur, ne bronchant pas d'un pouce. Elle hocha la tête, son regard se tournant lentement vers le petit oisillon aux couleurs bleutées, dont les yeux se faisaient terreur, s'excusant à bout de souffle face aux prédateurs vêtus de vert et d'argent. Elle se redressa finalement, ouvrant nerveusement l'agenda qu'elle tenait entre ses mains frêles pour chercher quelque chose dans les pages aux bordures dorées. «
Nous avons une rencontre avec les nouveaux préfets de Serpentard en début d'avant-midi ainsi qu'une seconde avec ceux des autres maisons et le directeur. Ensuite, nous avons une rencontre pour le club de musique qui prendra lieux à 13h30 et celui des érudits qui débutait à 14h20. J'ai pris la liberté de faire déplacer cette dernière pour 15h20 pour que vous puissiez assister au thé de 17h avec les mesdemoiselles. Nous avons donc toute la matinée pour faire la visite de l'établissement avec votre frère. Nous avons d'ailleurs rendez-vous avec Monsieur Avery pour lui présenter Septimus à 11h15. » Avait-elle balbutié, ses yeux observant avec intérêt le livre entre ses mains. Adrasteia hocha la tête dans un remerciement silencieux, posant son regard sur son frère, sa main venant tendrement chercher la sienne. Il était prêt. Pas pour la grande cours, mais parfaitement prêt pour se présenter au reste du monde. Le roi Lestrange qui entrait en jeu après de nombreuses années de pratique. Elle aborda un doux sourire à son roi d'amour, son roi de haine. «
Mon Cher Septimus, souviens-toi de mes paroles, souviens-toi de tous ces noms que tu as méticuleusement appris au long de ta vie. Parce qu'ils sont l'élite d'aujourd'hui, mais pas l'élite de demain. Ceux que tu rencontreras dans ses murs seront la génération des influences qui sauront te combler lorsque tu seras prêt. Les visages que tu observeras cachent non seulement des forces, mais également des faiblesses, que tu devras apprendre le plus rapidement possible, car elles te serviront dans un avenir qui te semble si loin, et pourtant si proche. Ton ascension débute aujourd'hui mon petit prince. » Avait-elle finalement déclarer, levant la tête bien haute alors qu'elle prononçait les dernières paroles, sa voix suintant d'une fierté qui venait embrasser ironiquement la jalousie maladive qui la consumait depuis maintenant 14 ans. Son frère semblait avaler chaque mot, chaque syllabe qui s'échappait de ses lèvres, aussi avidement qu'un ivrogne qui se délectait de son premier whisky du jour. Elle jeta brièvement un regard à sa protégée, haussant les sourcils face à son manque d'empressement. Oleadra redressa ses épaules pour finalement effectuer un pas vers la gauche. Adrasteia lui emboîta le pas, entraînant gracieusement son frère pour suivre la jeune Serdaigle qui se faisait guide d'un jour. «
Nous débuterons par ton inscription à certains clubs. Il est très important pour toi d'avoir une vie active au château, soit pour la sociabilité ou encore pour tes dossiers scolaires. Parfois tu auras envie de tout lâcher et envoyer valser le reste du monde, parfois tu auras l'impression que la pression est trop forte et que les demandes sont trop élevées. Mais saches que tout ça n'est pas en vains et que tous tes efforts seront récompensés. Oleadra sera avec toi pour les cinq prochaines années et s'occupera de gérer ton emploi du temps ainsi que de te préparer aux prochaines étapes. Pour le moment nous visons le titre de préfet des Serpentards, qui ne te sera accessible qu'en cinquième année, et pourtant c'est dès maintenant qu'il est important de faire tes preuves. Il est donc hors de question que tu te laisses embobiner par d'autres petits frimeurs qui voudront t'entraîner dans des fêtes illégales ou encore des sorties nocturnes. Tu apprendras la charte de l'école sur le bout de tes doigts et tu ne dérogeras jamais de ces règles. Sois plus malin si tu souhaites faire des bêtises, il y a bien des façons de s'amuser sans attirer l'attention. Tu es un Lestrange, chacun de tes soupires seront observés, parce que tous vont se délecter de ta chute si tu ne parviens pas à soutenir la pression. » Avait-elle continuer, s'arrêtant finalement alors qu'Oleadra ouvrait une porte pour disparaître silencieusement. La brune observa sérieusement son petit frère, ses traits tirés par la fatigue et la nervosité. «
Septimus ... Peut-être crois-tu que je fais un drame avec toutes ces histoires ? ... mais maman et papa ont d'énormes attentes en ce qui te concerne. » - Ses lèvres s'étiraient faiblement dans un sourire compatissant, levant sa main pour parfaire quelques mèches rebelles qui cachaient ses yeux. «
Tout ça ... tu comprendras bientôt que ce n'est qu'une scène bien grotesque. Ce ne sont que des insectes que tu te dois d'écraser, les uns après les autres, sans quoi c'est eux qui t'écraseront. C'est un jeu vicieux, mais c'est ton propre enfer ... tu dois apprendre à connaître tes propres faiblesses avant celles des autres. » Avait-elle finalement murmuré.